1 Voir Yves-Marie Allioux, Cent ans de pensée au Japon, Arles, Philippe Picquier, 1996, surtout le tome II pour quelques traductions de penseurs japonais modernes et en particulier, sur le rôle du marxisme, les essais de Yoshimoto Takaaki et de Maruyama Masao .
2 Dont les essais suivant sont traduits en anglais : Origins of Modern Japanese Literature, Dusham, Duke University Press, 1993 (trad. Brett de Bary); Architecture as Metaphor, Cambridge, the MIT Press, 1995 (trad. Sabu Khodso) ; Transcritique. Kant and Marx, Cambridge, the MIT Press, 2003 (trad. Sabu Khodso.
3 On peut lire en anglais : What is Modernity writings of Takeuchi Yoshimi, New York, Columbia University Press, 2005 (trad. Richard F. Calichman).
4 Nihon ideorogii ron (), 1re éd. Tōkyō, Hakuyōsha, 1935, éd. augmentée 1936. TJZ 2, 223-438. On peut dire que ce recueil d’articles constitue au Japon un classique du genre « critique du fascisme » à lire impérativement de par sa cohérence théorique, sa rigueur argumentative et sa lucidité. Il occulte quelque peu le reste des œuvres de Tosaka qui ne comprend que six volumes, une production limitée qui n’a pourtant attiré que peu de chercheurs, y compris au Japon. Un retour sur la logique de Tosaka ouvrirait cependant d’autres perspectives sur des questions comme le tenkō (, changement d’orientation ou conversion idéologique), centrale pour comprendre le Japon d’avant et d’après-guerre. Concernant les études et traductions anglophones, on peut citer David Dilworth et al., Sourcebook for Modern Japanese Philosophy, Westport, Greenwood Press, 1998, et les travaux récents de Harry Harootunian (voir la bibliographie). Du côté français, le no 2 de Actuel Marx dédié au Japon apporte des informations utiles de base. Tosaka y est, de manière compréhensible, comparé à Althusser. Il faudrait cependant, pour commencer, confronter le statut de la théorie et de la pratique chez les deux auteurs.
5 Kagaku hōhōron (), TJZ 1, 3-114.
6 Essai sur la méthode des sciences, TJZ 1, 14. Dasein dans le texte.
7 TJZ 1, 14. Italiques de l’auteur. Da dans le texte.
8 Ou matérialisme dialectique, dans sa version canonique du Manuel de l’histoire de PC (b) de l’URSS de 1932.
9 À ce titre, il faudrait comparer systématiquement, dans le cadre de la compréhension médiatisée ou non, certains concepts de Kant comme l’intuition, le schème ou la construction des concepts en mathématique avec le caractère comme principe de compréhension rationnelle chez Tosaka. En terme plus général, le passage du criticisme kantien à la critique marxienne chez Tosaka peut se rapprocher de la pérennité qu’eut l’idée kantienne d’impossibilité d’un savoir de la totalité de toute expérience possible (ou système) dans le marxisme posthégelien en Europe.
10 Telle l’interprétation de Maruyama Masao dans La pensée japonaise (, Nihon no shisō), Tōkyō, Iwanami shinsho, 1961. Pour un résumé en français du double rejet des intellectuels japonais (rejet d’une carrière bureaucratique et rejet d’une position populaire), voir Alain-Marc Rieu, Savoir et pouvoir dans la modernisation du Japon, Paris, PUF, 2001, en particulier le chap. 5. On notera que ce projet est d’abord dans la droite ligne de celui de Marx de l’époque de la Rheinische Zeitung, puisqu’il s’agit de poser les véritables questions comme activité théorique spécifique, mais qu’il mènera aussi à la constitution d’une nouvelle théorie (ou logique pour Tosaka).
11 Qui divisa, de 1927 à 1937 environ, les marxistes en deux grands courants sur la nature du capitalisme, de l’État japonais et de la période d’ouverture et de modernisation (période Meiji 1868-1912). Ce sont les groupes appelés Kōzaha () et Rōnōha (). Le premier, attaché aux définitions du Komintern, insistait sur les rémanences féodales de la période en question et sur l’absolutisme du tennō (, empereur), le second la définissait comme une révolution de type bourgeois. Ce débat fut à l’origine d’une pléthore de publications extrêmement riches et spécialisées sur l’histoire du Japon d’avant la modernisation, période d’Edo ou des Tokugawa (1603-1867), notamment sur le statut des manufactures. Pour un présentation détaillée et synthétique de ce débat, voir Germaine A. Hoston, Marxism and the Crisis of Development in Prewar Japan, Princeton, Princeton University Press, 1986.
12 Voir De l’idéologie japonaise, TJZ 2, 227.
13 Forme de nationalisme qui prône, à travers son histoire et sa culture la prééminence de la Nation et du peuple japonais.
14 Ce qui sépare le marxisme du libéralisme. Voir la version anglaise de l’ouvrage de Maruyama : Thought and Behavior in Modern Japanese Politics, Tōkyō, Oxford/New York, Oxford University Press, 1969.
15 Fondé avec, entre autres, Oka Kunio (spécialiste de l’histoire des sciences naturelles) et Saigusa Hiroto (spécialiste de philosophie et d’histoire des sciences et techniques). Il interrompit ses activités après une raffle de la police en 1938 connue sous le nom d’affaire du Groupe d’étude matérialiste (, Yuibutsuron kenkyūkai jiken).
16 Nous pensons à Miki Kiyoshi, TJZ 5, 103-110 ou Fukumoto Kazuo , que Tosaka critique selon son habitude du point de vue de la méthode. Voir TJZ 1, 301-309.
17 Fukumoto Kazuo et sa lecture du jeune Marx en sont le stéréotype. Il n’existe, à notre connaissance, pas de présentation synthétique en anglais de son intervention en 1924-1926 dans les débats du PCJ, de son succès puis de sa disgrâce au Japon pour sa proximité avec le Komintern. À défaut, voir Beckmann George et Ōkubo Genji, The Japanese Communist Party 1920-1945, Standford, Stanford University Press, 1969; Germaine A. Hoston, Marxism and the Crisis of Development in Prewar Japan, ainsi que : The State, Identity, and National Question in China and Japan, Princeton, Princeton University Press, 1994.
18 C’est le cas en 1933 du discours des anciens membres du comité central du PCJ que furent Sano Manabu et Nabeyama Sadachika . Leur exemple fut à l’origine d’une vague de conversions et est toujours considéré comme un archétype. Voir Germaine A. Hoston, Marxism and the Crisis of Development in Prewar Japan, chap. 8.
19 Tosaka le dit explicitement : « Je pars de Kant » (TJZ 1, 365).
20 Possibilité qui exclut finalement l’idée d’avant-garde révolutionnaire et rejoint l’effort critique du jeune Marx portant sur la philosophie de Hegel, lorsqu’il chercha comme médiation à la réalité les « masses » puis le « prolétariat », afin de construire sa théorie générale de la compréhension de la société.