1 John Maraldo affirme ce qui suit: « At times Nishida is more discriminating than the translation. His distinctions between the grammatical subject (shugo), the epistemological subject (shukan), and the embodied subject (shutai) were muddled by translating these termes “subject”, “subjectivity”, and “subject”, res-pectively » (John C. Maraldo, « Translating Nishida »: Philosophy East and West 39 [1989, no 4] 465-496; 475). Quant à Elmar Weinmayr, il dit ceci : « Das Japanische kennt mehrere Worte für “Subjekt”. Shutai (Bedeutung der Zeichen : Herr-Leib) meint weder das logische oder das grammatikalische Subjekt (shugo, Herr-Wort) noch ein Subjekt im einschränkenden Sinne des neuzeitlichen Erkenntnissubjektes (shukan, Herr-Sicht oder Herr-Blick), sondern ein Subjekt im positiven Sinn eines Handelnden » (dans Ōhashi Ryōsuke (dir.), Die Philosophie der Kyōto-Schule, Freiburg/München, Alber, 1990, p. 133, note 21).
2 Nous aimerions toutefois apporter une précision : il nous semble incorrect de parler de l’absence du sujet grammatical dans la langue japonaise. Le locuteur japonais a, bel et bien, besoin de savoir si on parle de lui, de l’interlocuteur ou d’une tierce personne. Il y a donc utilité d’un sujet grammatical, mais celui-ci n’est pas toujours exprimé par un pronom ; il peut se faire entendre autrement, de façon détournée (par exemple par la forme verbale humble ou respectueuse) ou comme le milieu qui s’exprime (les formes verbales « passives » que nous traduisons souvent en ajoutant le pronom « on »). En conclusion, le sujet n’est pas absent dans l’esprit de celui qui parle, même s’il n’a pas besoin d’être concrètement mentionné dans la phrase.
3 Nishida Kitarō (c) (1923), dans (Nishida Kitarō zenshū, Œuvres complètes de Nishida Kitarō) (NKZ), Tōkyō, Iwanami shoten, vol. 2, chap. 8.
4 Voir « Le monde de l’action », 1933.
5 Takanashi Tomohiro a bien retracé cette évolution en expliquant que Nishida, en creusant encore davantage sa pensée sur l’auto-aperception, et par le fait d’établir le « lieu du rien absolu » qui est le lieu où se trouve la volonté absolue, se soustrait à une tendance psychologique et volontariste qu’il n’avait pas entièrement balayée avant. Voir Takanashi Tomohiro (Sekai haaku no keishiki toshite no geijutsu – Nishida no Fiidoraa ni taisuru kankei kara, L’art en tant que forme pour saisir le monde. Vu à partir du lien de Nishida avec Fiedler) (manuscrit de la conférence donnée le 6 sept. 1992 à Kyōto), p. 5.
6 « It was the Buddha’s doctrine of “non-self” that laid the foundation for subjectivity within Buddhism, because the theory of a Universal Soul that prevailed before the Buddha’s time left no room for establishing a real, actual, individual existence due to the fact that the “self” was dissolved in the Universal. Even though the âtman-theory demonstrated a height in human thought, it did not have the depth of absolute subjectivity implied in the “True Man” or of existential self-consciousness implied in the “Sinful Man” » (Nagao Gadjin, Mâdhyamika and Yogâcâra, Albany, SUNY Press, 1991, p. 9; trad. Kawamura L. S.).
7 Augustin Berque, Le sauvage et l’artifice, Paris, 1986, p. 276.
8 Ibid.
9 NKZ 3, 321, chap. 3-4.
10 « Dem kleinen Kind sind anfangs alle Sachverhalte, Programme und Probleme, die ihm […] vorkommen, subjektiv : das Erwachsen (beginnend gegen Ende des ersten Lebensjahrs) besteht darin, dass von einem Teil dieser Masse die Subjectivität abgeschält wird, wodurch sich die Subjektivität auf einen Rest zurückzieht, aus dem sich die persönliche Situation bilden kann, indem die Person in diesem wechselnden Rest eine Domäne, einen Stützpunkt gewinnt » (Hermann Schmitz, « Gefühle als Atmosphären und das affektive Betroffensein von ihnen », dans Zur Philosophie der Gefühle, Hrg. H. Finkel-Eitel, G. Lohmann. Frankfurt a.M., Suhrkamp 1993, p. 53).
11 « Dieses Angegangenwerden im Sinne des Spürens, dass es sich um einen selbst handelt — tibi res agitur, wie Horaz sagt —, ist das Urphänomen der Subjektivität im affektiven Betroffensein. Subjektivität ist in diesem grundlegenden Sinn nicht etwa eine Eigenschaftvon Subjekten (d.h. Bewussthabern), sondern die Eigenheit oder das Milieu von Sachverhalten (spezielle Tatsachen), Programmen (z.B. Wünschen) und Problemen (z.B. Sorgen oder Rätseln), wodurch etwas in anderer Weise der Fall ist als in der Weise objektiver Tatsachen » (ibid., p. 51).
12 « 55. Die personale Emanzipation (d.h. die Entfaltung der Subjektivität, des Ich-Moments der primitiven Gegenwart) setzt die Emanzipation des Dieses — genauer die Vereinzelung von Sachverhalten, wohl auch Programmen und Problemen, aus der Verschmolzenheit in primitive Gegenwart — der Sache (nicht der Zeit) nach voraus. Sie besteht in Abschälung der Subjektivität von in Objektivität entlassenen Sachverhalten, Programmen und Problemen, einzeln oder in ganzen Massen » (Hermann Schmitz, « Thesen zur phänomenologisch-philosophischen Fundierung der Psychotherapie », Psychotherapie & Philosophie. Philosophie als Psychotherapie ? Hrg. R.Kühn, H. Petzold. Paderborn, Junfermann. 1992, p. 567, § 55).
13 Ibid., p. 568, § 58.
14 Encore une expression si proche de l’éternel présent : le déploiement du présent qui donne simultanément existence au monde et à la personne.
15 « Das personale Subjekt und die Welt, die aus identifizierbaren Objekten […] besteht, entspringen miteinander durch Entfaltung der Gegenwart ; das erkenntnistheoretische Problem, wie ein Subjekt den Weg zu Objekten findet […] ist daher falsch gestellt » (ibid. p. 567, § 54).
16 NKZ 3, 529, chap. 13.1.
17 Voir ibid.
18 NKZ 3, 248, chap. 1.2.
19 C’est par son livre La révolte des masses, publié en 1930, que José Ortega se fit connaître du public européen, et notamment en France où la traduction parut en 1937, avec une « Préface pour le lecteur français » dans laquelle il écrit qu’il faut se reporter aux années 1926-1928 pour les premiers chapitres qui ont le plus vieilli. Le propos de l’œuvre est « de faire l’analyse du type humain dominant à notre époque ». La foule est devenue visible ; l’être humain vit plus longtemps ; la population d’Europe a grandi de manière fulgurante depuis 1800. Le citoyen de cette époque est l’homme de la masse et ignorant ; face à lui se trouve une petite élite de gens conscients.
20 Yamazaki Masakazu Yawarakai kojinshugi no tanjō, Naissance d’un individualisme souple), Chūkō bunko, 2001, p. 189.
21 Miguel Benasayag, Le mythe de l’individu, Paris, 2004, p. 13.
22 Ibid., p. 25.
23 Ibid., p. 33.
24 Ibid., p. 81-82.
25 Le Japon est la deuxième puissance économique en terme de PNB après les États-Unis, et cela depuis 1969. L’augmentation de la valeur du Yen par rapport au Dollar dès 1985 (, endaka) a contribué à un enrichissement encore plus spectaculaire, ce qui a valu des titres de livre tels que « Le Japon achète le monde ».
26 Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Denoël, 1970.
27 On pourrait à juste titre critiquer Yamazaki et faire remarquer que la société de consommation ne peut exister sans un volet de cette même société consacrée à la production.
28 Il est indispensable de préciser que la notion d’« atmosphère » (ou « ambiance ») dont il est question chez Schmitz est loin de la vision négative que nous propose Baudrillard : « On arrive au point où le groupe s’intéresse moins à ce qu’il produit qu’aux relations humaines en son sein. Son travail essentiel peut être en quelque sorte de produire de la relation et de la consommer au fur et à mesure. À la limite, ce processus suffit à définir un groupe en dehors de tout objectif extérieur. Le concept d’“ambiance” résume assez bien la chose : l’“ambiance”, c’est la somme diffuse de la relation, produite et consommée par le groupe rassemblé — présence du groupe à lui-même. Si elle n’existe pas, on peut la programmer et la produire industriellement. C’est le cas le plus général » (ibid., p. 274). De cette citation il découle que le terme « atmosphère » est clairement plus proche de la notion de « situation » de Benasayag que de la définition de l’« ambiance » par Baudrillard.