1 Cet article a été repris et considérablement développé, jusqu’à devenir un livre. Voir Jacynthe Tremblay, Auto-éveil et temporalité. Les défis posés par la philosophie de Nishida, Paris, L’Harmattan, 2007, 229 p.
2 À propos de la logique du basho (, bashoteki ronri), voir surtout Augustin Berque (dir.), Logique du lieu et dépassement de la modernité, vol. 1 : Nishida : La mouvance philosophique, Bruxelles, Ousia, 2000, 390 p. ; Jacynthe Tremblay, Nishida Kitarō. Le Jeu de l’individuel et de l’universel, Paris, CNRS Éditions, 2000, 334 p. ; Jacynthe Tremblay, Auto-éveil et temporalité (en trois volumes).
3 Nishida Kitarō, (Basho), dans (Nishida Kitarō zenshū, Œuvres complètes de Nishida Kitarō) (abrév. NKZ), Tōkyō, Iwanami Shoten, 1965 ; NKZ 4, (Hataraku mono kara miru mono he, De ce qui agit à ce qui voit), p. 208-289.
4 Nishida Kitarō, (Ippansha no jikakuteki taikei, Le système des universels conformément à l’auto-éveil), NKZ 5.
5 La meilleure traduction française du mot basho () est une expression que Nishida utilise par ailleurs abondamment, à savoir le « ce en quoi » (, oite aru basho). Basho peut aussi être traduit par « lieu » (, tokoro), mais au risque d’être dépouillé de ses significations les plus originales. C’est pourquoi il est préférable de le présenter en translittération et sans italiques, afin d’en laisser paraître la polysémie au fil de ses différents contextes d’apparition.
6 Nishida Kitarō, (Mu no jikakuteki gentei, La détermination du néant conformément à l’auto-éveil), NKZ 6.
7 Parmi tous les essais consultés, voir surtout Nishida Kitarō, (Eien no ima no jiko gentei, L’autodétermination du maintenant éternel) (1931), dans NKZ 6, 181-232 ; (Jikanteki naru mono oyobi hijikanteki naru mono, Le temporel et l’intemporel) (1931), dans NKZ 6, 233-259 ; (Jiai to taai oyobi benshōhō, Amour de soi, amour de l’autre et dialectique) (1931), dans NKZ 6, 260-299 ; (Watashi to nanji, Je et tu) (1932), dans NKZ 6, 341-427. Pour la traduction française de ces essais (sauf le premier d’entre eux), voir Nishida Kitarō, L’éveil à soi, Paris, CNRS Éditions, 2003, 298 p. ; p. 55-70 ; 71-93 ; 95-144 (trad. Jacynthe Tremblay).
8 (subete aru mono ha nanika ni oite aru) (NKZ 6, 223).
9 (« aru mono » ha nanika ni oite aru to ihanuba naranu) (NKZ 6, 223). L’axiome exact de Platon s’énonce comme suit : « Mais évidemment il faut aussi que ce qui est se trouve toujours quelque part » (Platon, Parménide [GF 688], Paris, Flammarion, 1999, 333 p. ; p. 183 (151a3-4). Voir aussi p. 157 [145d6-e1]).
10 Voir ibid., p. 38-39 (138a3-138b1) ; p. 93 (150e5-151a1,4-5).
11 Ibid., p. 157 (145d5).
12 NKZ 6, 223.
13 Nishida entend également par « universel » chacun des niveaux de la structure englobante élaborée à partir de 1926 qui, partant du niveau épistémologique, le dépasse en même temps. Il suffira ici d’en mentionner les trois principaux : l’universel du jugement (, handanteki ippansha), qui englobe le monde de la nature, l’universel de l’auto-éveil (, jikakuteki ippansha), qui englobe le monde de la conscience, et l’universel de l’intelligible (, eichiteki ippansha), qui englobe le monde intelligible (à propos de la logique du basho et de sa subdivision en différents degrés d’universels, voir Jacynthe Tremblay, Nishida Kitarō. Le jeu de l’individuel et de l’universel, p. 27-92).
14 NKZ 6, 223.
15 Pour d’autres types d’interprétation de la reprise par Nishida de la khôra, voir Augustin Berque, « Basho, chôra, tjukurrpa, ou le poème du monde », dans Augustin Berque (dir.), Logique du lieu et dépassement de la modernité, vol. 2 : Du lieu nishidien vers d’autres mondes, Bruxelles, Ousia, 2000, 294 p. ; p. 274-292 ; Thorsten Botz-Bornstein, « Eight Western Paradigms of Dreamlike Spatial Perception », dans Thorsten Botz-Bornstein, Place and Dream. Japan and the Virtual [Studies in intercultural Philosophy 12], Rodopi, 2004, 216 p. ; p. 171-193 ; Rolf Elberfeld, « “Lieu”. Nishida, Nishitani et Derrida » : Revue philosophique de Louvain 92 (1994, no 4) 474-494 ; Bernard Stevens, « “Basho” et “Khôra”. Nishida en son lieu » : Études phénoménologiques, 21 (1995) 81-109 ; Bernard Stevens, Invitation à la philosophie japonaise. Autour de Nishida, Paris, CNRS Éditions, 2005, 233 p. ; p. 115-132.
16 Voir NKZ 4, 208-209.
17 Nishida déplorait que peu de gens eussent remarqué l’importance de ces thèmes. Il semble toutefois que Derrida l’ait fait dans son essai intitulé Khôra, sans pourtant être allé jusqu’à élaborer une logique du lieu. Voir Jacques Derrida, Khôra, Paris, Galilée, 1993, 103 p. ; p. 18.
18 NKZ 6, 188.
19 Ibid.
20 NKZ 6, 235.
21 NKZ 6, 357.
22 Voir NKZ 6, 200-201, 222.
23 Voir NKZ 6, 205.
24 NKZ 6, 341. Du point de vue syntaxique, cette formulation est strictement identique à l’affirmation fondamentale à l’effet que « tout ce qui est se situe dans quelque chose » (, subete aru mono ha nanika ni oite aru) (NKZ 6, 223). Comme cette dernière, elle peut être décomposée en trois parties : (1) « Tout ce qui est réel » (, subete jitsuzaiteki naru mono ha) ; (2) « se situe dans » (, ni oite aru) ; (3) « le temps » (, toki).
25 NKZ 6, 341-342.
26 Voir à ce propos NKZ 9, 156-157, 166 ; 10, 483, 499, 518. Voir aussi Kant, Critique de la raison pure, Paris, PUF, 1984, 584 p. ; p. 77.
27 Cette notion d’auto-identité contradictoire décelée entre le temps et la réalité n’est pas limitée au niveau d’englobement de la réalité par le temps. Elle se retrace également entre tous les éléments constituant cette réalité. Tout « ce qui est réel » et se situe dans le temps est déterminé sous le mode de l’auto-identité contradictoire et entretient de ce fait des relations avec autre chose.
28 Le terme désigne tant les individuels matériels et biologiques que l’individu (, kojin) humain.
29 NKZ 6, 341-342.
30 Ibid.
31 NKZ 6, 182. La même question sera reprise au début de la troisième section de l’essai intitulé « L’histoire », où Nishida effectuera une synthèse de sa conception de la temporalité. Voir NKZ 12, 39-43.
32 Augustin, Les confessions [GF 21], Paris, Garnier-Flammarion, 1964, 380 p. ; p. 264.
33 En réalité, Augustin enchâsse la question du temps dans la méditation sur ses rapports avec l’éternité. Je l’examinerai toutefois d’abord pour elle-même afin de ne pas anticiper sur la problématique de l’éternité, déterminante chez Nishida également. Paul Ricœur opère lui aussi une séparation entre le temps et l’éternité au début de Temps et récit (voir Paul Ricœur, « Les apories de l’expérience du temps. Le livre XI des Confessions de saint Augustin », dans Temps et récit, tome 1, Paris, Seuil, 1983, 319 p. ; p. 19-53). Il justifie son procédé en précisant qu’Augustin lui-même réfère à l’éternité pour insister sur la déficience ontologique dont est grevé le temps humain et pour faire ressortir les apories inhérentes à la conception du temps.
34 NKZ 6, 182. Voir NKZ 6, 234.
35 NKZ 12, 39. Voir NKZ 10, 525.
36 Voir NKZ 6, 240, 262, 290.
37 NKZ 6, 182.
38 Augustin, Les confessions, p. 264.
39 Voir NKZ 4, 31.
40 NKZ 6, 182.
41 NKZ 6, 183.
42 NKZ 6, 132.
43 Voir NKZ 9, 149, 150, 152.
44 Augustin, Les confessions, p. 267-268.
45 Voir NKZ 4, 31, 85 ; NKZ 6, 39, 183.
46 Augustin, Les confessions, p. 269. Voir NKZ 4, 31, 42 ; NKZ 6, 182, 195.
47 NKZ 6, 185.
48 Voir NKZ 6, 234.
49 NKZ 9, 149.
50 NKZ 4, 42-43. Voir NKZ 4, p. 31 ; NKZ 6, 185, 195.
51 Augustin, Les confessions, p. 277-278.
52 Ibid, p. 269. Voir NKZ 4, 31, 42 ; NKZ 6, 182, 195.
53 Augustin, Les confessions, p. 269.
54 Voir par exemple ibid., p. 209-210 ; 268.
55 Voir NKZ 6, 220, 229, 406 ; NKZ 7, 350 ; NKZ 11, 345.
56 Voir NKZ 5, 311 ; NKZ 6, 139, 229, 406 ; NKZ 7, 350.
57 Nishida ne développe pas le thème de la prévision pour lui-même. Il mentionne simplement que de même que chez Augustin le passé se trouve dans la mémoire, le futur se trouve dans l’attente ou dans l’espoir (voir NKZ 4, 31, 43).
58 Voir Augustin, Les confessions, p. 268.
59 NKZ 6, 182.
60 Voir NKZ 4, 29.
61 NKZ 4, 31.
62 NKZ 2, 126.
63 Voir NKZ 2, 128. Un autre lieu important pour penser les relations entre le soi et le présent au cours de la première période de la pensée de Nishida est l’essai « À propos de la perception intérieure » (mars-octobre 1924) (NKZ 4, 76-134).
64 NKZ 6, 185.
65 NKZ 6, 187.
66 Ibid. Voir aussi NKZ 6, 277 ; NKZ 12, 79.
67 NKZ 12, 40. Voir aussi NKZ 6, 190, 212, 266.
68 NKZ 9, 166. Voir aussi NKZ 9, 171.
69 Voir par exemple NKZ 3, 452 ; NKZ 4, 9-37.
70 NKZ 5, 311.
71 Voir NKZ 6, 341.
72 Voir NKZ 6, 343.
73 Voir NKZ 6, 358.
74 NKZ 9, 165.
75 Voir NKZ 9, 171.
76 Voir NKZ 6, 377.
77 NKZ 6, 138.
78 Ibid.
79 Voir par exemple NKZ 1, 178-179, 184 ; NKZ 2, 331 ; NKZ 3, 453 ; NKZ 4, 9-37.
80 Voir par exemple NKZ 6, 234.
81 Le terme « automodification » n’est pas de Nishida. Lui-même parle plutôt de l’apparition de « quelque chose de nouveau ».
82 Voir à ce propos Jacynthe Tremblay, « Introduction de la traductrice », dans Nishida Kitarō, L’éveil à soi, p. 9-51 ; p. 42-44.
83 NKZ 6, 366.
84 Voir NKZ 6, 195.
85 Voir NKZ 6, 361. Toute la théorie nishidienne de la temporalité est marquée par ce caractère spatial. Voir NKZ 9, 150, 152, 170, 235 ; NKZ 10, 484, 501 ; NKZ 11, 149, 152, 171, 177.
86 NKZ 6, 234.
87 (zettai mu no jikakuteki gentei). Cette expression est vraiment malaisée à traduire en français, car rendre par l’adjectif « auto-éveillée » ne pourrait que créer des contresens. Des difficultés de traduction similaires se présentent aussi dans le cas de ces autres expressions : « détermination-basho du néant » ( mu no bashoteki gentei) ; « détermination-instant » ( shunkanteki gentei) ; « détermination-milieu » ( kankyōteki gentei). Par cet usage du tiret, je vise à marquer qu’il ne s’agit pas de « déterminer » le basho, l’instant ou le milieu, mais plutôt d’une détermination qui est le fait du basho, de l’instant ou du milieu.
88 NKZ 6, 186.
89 NKZ 6, 189.
90 « L’instant. En effet, l’instant semble désigner quelque chose comme le point de départ d’un changement dans l’un et l’autre sens. En effet, ce n’est certes pas à partir du repos encore en repos que s’effectue le changement ; ce n’est pas non plus à partir du mouvement encore en mouvement que s’effectue le changement. Mais l’instant, qu’on ne peut situer, est sis entre le mouvement et le repos, parce qu’il ne se trouve dans aucun laps de temps. Et tout naturellement, c’est bien vers l’instant et à partir de l’instant que ce qui est en mouvement change d’état pour se mettre au repos, et que ce qui est au repos change son état pour se mettre en mouvement » (Platon, Parménide p. 207 [156d2-e3]. Voir NKZ 6, 376).
91 NKZ 9, 160.
92 NKZ 6, 377.
93 Voir NKZ 6, 281.
94 NKZ 6, 187.
95 Ibid.
96 NKZ 6, 188.