Faut-il étudier les femmes en science politique ?
p. 35-42
Texte intégral
1La science politique doit-elle encore s’intéresser aux femmes ? En ce début de XXIe siècle, l’actualité politique peut laisser penser que ce champ d’études n’a plus lieu d’être. Jean Charest n’a-t-il pas nommé, en 2007, un Conseil des ministres respectant la parité – 50 % des ministères allant à des femmes ? Ségolène Royal n’a-t-elle pas, la même année, affronté Nicolas Sarkozy dans le duel pour l’élection présidentielle française, et Hillary Clinton n’a-t-elle pas eu à sa portée l’investiture du Parti démocrate pour les élections présidentielles américaines de 2008 ? Les temps ont sans aucun doute changé depuis les années qui virent la première nomination d’une femme au Conseil des ministres à Ottawa (1957) ou la première élection d’une femme à l’Assemblée nationale (1961). On peut donc légitimement se demander si les femmes et les rapports entre les sexes présentent encore un intérêt pour la science politique.
2La réponse que nous apportons dans ce texte est claire : les inégalités et les enjeux qui furent à l’origine de l’intérêt des politologues pour la question des femmes n’ont pas été éliminés, pas plus qu’ils n’ont perdu leur importance analytique et politique. La reconnaissance égale des droits de la personne pour les hommes et les femmes : voici un principe universel depuis 1948, réaffirmé par 171 États à travers la Déclaration et le programme d’action de Vienne adoptés par la Conférence mondiale sur les droits de l’homme en 1993. Et pourtant, cette égalité de principe est loin d’être effective. Aussi l’étude scientifique des relations de genre n’est-elle pas un sujet simplement digne d’intérêt : elle est absolument essentielle. Si les politologues veulent pouvoir comprendre les fondations politiques des relations économiques et sociales, et dans la mesure où celles-ci sont modelées par les institutions et les actions politiques aux niveaux locaux, nationaux, et – de plus en plus – transnationaux, la question de genre ne peut pas être mise de côté.
3L’analyse scientifique de la participation politique des femmes et la connaissance des moyens permettant de contrôler ou d’influencer le comportement des femmes par les politiques publiques ne datent pas d’hier. L’une des premières études importantes sur le comportement électoral des femmes a été publiée par le politologue français Maurice Duverger dès 1955. D’un autre côté, les décideurs publics ont, tout au long du XXe siècle, cherché à influencer le comportement des hommes et des femmes : les politiques sociales soutenant « l’homme pourvoyeur » et les législations régulant l’accès à la contraception et à l’avortement ont été mises au point pour influer sur les formes et les pratiques des familles, et pour encadrer le comportement reproductif des femmes.
4Au Québec, la seconde moitié du XXe siècle a été marquée par la naissance, avec la Révolution tranquille, d’une puissante seconde vague féministe – vague qui déferlait alors dans plusieurs autres pays. À partir de ce mouvement, la Fédération des femmes du Québec (FFQ, créée en 1966) a pu exercer une pression sur le gouvernement du Canada, avec l’appui d’associations et de groupes anglophones, pour obtenir la création d’une Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, mandatée pour évaluer et faire des recommandations à ce sujet. Créée en 1967, la Commission royale a rencontré, lors d’une tournée pancanadienne, des groupes du nouveau mouvement de libération de la femme aussi bien que des organisations traditionnelles de femmes. Les recherches entreprises par la Commission royale ont fourni certaines des premières données sur les conditions sociales, économiques et politiques des Canadiennes. Un rapport a été rendu en 1970, qui insistait notamment sur la création d’un noyau de recherche à l’intérieur de l’État, à la fois dans les provinces et au palier fédéral. Ainsi, plusieurs institutions importantes ont été créées au début des années 1970 sous la pression du mouvement des femmes, notamment, à l’échelon fédéral, le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, et au Québec, le Conseil du statut de la femme (CSF).
5La création de ces institutions de recherche au Canada n’a pas été un acte isolé. En 1975, première Année internationale de la femme, l’ONU a fait du 8 mars la Journée internationale des femmes, et a initié une série d’importantes conférences mondiales, reconduites tous les cinq ans. De ce fait, l’ONU est devenue un nouvel espace politique pour les femmes. Ces nouveaux espaces politiques nationaux et internationaux ont d’ailleurs permis d’institutionnaliser de nouveaux lieux d’analyse des rapports sociaux de genre.
6Quel est le thème central de ces analyses ? Comment les rapports de genre ont-ils été conceptualisés dans ces institutions ? Ce court chapitre tâchera de répondre à ces questions en distinguant deux problématiques. La première est celle de la place des femmes en politique, et particulièrement dans le jeu électoral et dans la politique des partis ; la seconde touche aux conséquences des politiques publiques sur les femmes et de leurs effets structurants sur les rapports entre les sexes.
Les femmes en politique : élections et représentation
7L’une des premières questions ayant attiré l’attention des politologues est la participation politique des femmes. Les premières études du comportement électoral ont révélé deux grandes différences : les femmes avaient tendance à être plus conservatrices que les hommes ; les femmes avaient tendance à moins voter que les hommes.
8Cependant, ces deux différences ont rapidement évolué dans les pays occidentaux. Dès les années 1980, les politologues remarquent que les femmes votent autant, sinon plus, que les hommes. Ils expliquent ce retournement à la fois par la pénétration massive des femmes sur le marché du travail et par les revendications féministes pour une autonomie économique ainsi que pour un accès égal aux responsabilités politiques et aux services publics. Ils révèlent également que la préférence des femmes ne se porte plus sur les partis de droite : les femmes votent plus à gauche que les hommes. Ce déplacement a pu être attribué aux positions des partis sur des questions de politiques sociales, de droits reproductifs, de paix et sécurité, et de politiques macro-économiques.
9Dans la mesure où les taux de la participation électorale des femmes ont égalé ou surpassé ceux des hommes, les politologues se sont ensuite intéressés au problème de l’accès des femmes aux mandats électifs. Sur ce point, les variations entre les pays sont importantes. Dans les pays nordiques, la présence des femmes à des fonctions électives ou ministérielles s’est rapidement accrue. Au Canada, aussi bien au fédéral qu’à l’échelle provinciale, on a pu constater des différences entre les partis politiques dans leur volonté d’ouvrir leurs groupes aux femmes afin d’atteindre la parité. Si, à l’Assemblée nationale du Québec, 31 % des députés sont des femmes, le pourcentage à la Chambre des communes d’Ottawa est inférieur de dix bons points. Selon l’Union interparlementaire, cela place le Canada à la 47e position d’une liste de 189 pays pour l’année 2007. Qui plus est, la tendance est à la baisse : en 1997, le Canada occupait la 23e place de cette même liste. La France et les États-Unis sont moins bien classés, se situant respectivement aux 55e et 65e rangs. En France, les deux chambres ont encore une composition très masculine – 81 % des députés et 83 % des sénateurs sont des hommes – et ce, malgré l’amendement constitutionnel de 1999 qui a accompagné les lois sur la parité qui promettaient une représentation à 50/50. Il ne fait guère de doute que la promesse de l’égalité n’a pas encore été tenue.
10Le Rapport mondial sur le développement humain de 1995 intitulé La révolution de l’égalité entre les sexes a de plus révélé que, dans 55 pays, aucune femme ne siégeait au parlement ou que la présence des femmes était inférieure à 5 % de l’ensemble des membres. Certains de ces pays sont pauvres, comme le Bhoutan ou l’Éthiopie, mais d’autres connaissent un développement économique rapide, comme la Grèce ou la République de Corée. Ces deux derniers pays ont amélioré leur situation en 2007, mais avec respectivement 16 % et 13 % de femmes dans leurs chambres basses, la Grèce était encore derrière le Turkménistan et la Corée à la traîne du Malawi, toujours selon le classement fourni par l’Union interparlementaire.
11Ces variations, stagnations ou retours en arrière, qui interviennent en dépit des nombreux discours prononcés et promesses annoncées durant les 40 dernières années, montrent que la question des femmes en politique reste cruciale, et qu’elle est de celles qui demandent à être mieux étudiées et comparées. Le rôle de « cerbères » des partis politiques, qui restreignent l’accès à la candidature des femmes, la présumée disponibilité des femmes pour concourir à des postes électifs au regard de leurs responsabilités traditionnelles et les effets structurants des régimes électoraux (comme la représentation proportionnelle) sont autant de facteurs qui doivent encore être disséqués et débattus par les politologues afin de comprendre pourquoi certaines institutions sont, mieux que d’autres, parvenues à une meilleure ouverture à « l’autre moitié du monde ».
Femmes et politiques : les politiques publiques et les rapports de genre
12Les politologues, contrairement aux acteurs politiques, ont mis du temps pour comprendre que les relations de genre pouvaient être influencées par les politiques publiques. Toutefois, l’émergence au milieu des années 1980 du néo-institutionnalisme, de la new Canadian political economy, et de nouvelles approches en administration publique a conduit les chercheurs à prendre en compte cet aspect des politiques publiques.
13Aussi existe-t-il aujourd’hui un grand nombre d’études portant sur la manière dont les institutions de gouvernance façonnent, à travers leurs interventions, les rapports entre les sexes. Une description de ce type d’analyses, fournie par l’Union européenne, peut être utile aux scientifiques comme aux décideurs publics : « “Intégrer la dimension de genre”, c’est tenir compte de cette dimension dans toutes les étapes des processus politiques – élaboration, application, suivi et évaluation… Il s’agit en conséquence d’évaluer la manière dont les politiques influent sur la vie et le statut des femmes et des hommes. »
14Le rôle joué par les femmes dans la construction des politiques publiques, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de l’État et des organisations internationales, a été au cœur de plusieurs travaux. Les insiders, également appelées fémocrates, sont des fonctionnaires féministes qui se comportent souvent comme des alliées des mouvements de femmes. Les outsiders sont les militantes qui composent les associations de femmes et leurs alliés, comme les syndicats et les mouvements sociaux : leurs stratégies ont aussi fait l’objet de travaux de recherche. Dans les deux cas, les politologues ont été attentifs à des sujets variés : l’activité économique des femmes et leurs revenus, les services à la petite enfance, le droit à l’avortement et la démocratisation des structures régionales, nationales et supranationales.
15On trouve par ailleurs dans ce courant d’analyse une position plus subtile que celles théorisées par les études traitant des femmes en politique, qui mettent de l’avant le seul objectif d’une présence égale des femmes et des hommes. En effet, certains travaux qui adoptent le point de vue « femmes et politiques » rappellent que, au début, de nombreuses féministes radicales ne faisaient pas confiance à l’État ou aux organisations internationales comme les Nations Unies ou la Banque mondiale, qu’elles décrivaient comme patriarcales ou « mâles ». Elles craignaient que ces institutions ne cherchent à récupérer les efforts des femmes pour mieux les contrôler. Elles redoutaient que certains projets féministes (appartenant, par exemple, aux domaines des soins de santé ou de la violence conjugale), projets qui avaient mûri de façon autonome, ne soient absorbés par l’État ou par les organisations internationales et vidés de leur substance dès lors qu’ils seraient financés par des fonds publics.
16Une autre position sur le lien entre les rapports entre le genre et l’État a toutefois été mise au point depuis. Elle est bien synthétisée ici par Dominique Masson dans la revue Recherches féministes en 1999 :
La question, on l’aura compris, n’est plus d’être « pour ou contre l’État », mais de déterminer sur quels terrains plus particuliers les femmes veulent s’engager collectivement, à propos de quelles questions et avec quels objectifs […] S’il y a des inégalités dans ces rapports de forces, si elles doivent compter avec les discours hégémoniques et le poids des représentations et pratiques déjà institutionnalisées, si, en bref, « tout n’est pas possible », les limites à l’action politique des femmes, bien qu’elles soient souvent imposantes, ne sont pas données ni fixées une fois pour toutes. Elles sont le produit de l’histoire et du politique, et donc ouvertes à la contestation.
17Les développements historiques récents, dominés par le néolibéralisme, ont des conséquences paradoxales sur les relations entre les politiques publiques et les rapports de genre. D’une part, l’idéologie néolibérale prescrit une limitation du rôle de l’État et une réduction des dépenses publiques et affiche une préférence pour la « responsabilisation » du privé, y compris des associations à but non lucratif. Sous l’influence de cette idéologie, plusieurs États et de nombreuses organisations internationales proposent le transfert des responsabilités et des services vers le tiers secteur, l’économie sociale et le secteur communautaire en général. Cette stratégie entraîne un certain soutien aux associations qui offrent de l’aide aux femmes, par exemple dans leur recherche d’emploi ou pour le microcrédit. D’autre part, ces transferts de responsabilité interviennent précisément au moment où les dépenses publiques sont drastiquement réduites. Le paradoxe est dès lors que les nouveaux espaces d’action pour les associations de femmes s’ouvrent alors qu’elles ont moins de financement pour agir.
18De même, parce qu’elle implique des changements économiques, politiques, culturels et idéologiques, la mondialisation a des effets contradictoires sur les droits des femmes et sur les relations de genre. D’un côté, la mondialisation des communications et la montée en puissance des mouvements sociaux transnationaux ont permis aux femmes de travailler en solidarité aux niveaux nationaux, régionaux et internationaux. La Marche mondiale des femmes, initiée par la Fédération des femmes du Québec en 2000, est un exemple patent du potentiel de ces actions transnationales de solidarité sociale.
19Mais de l’autre côté, les femmes paient aussi le prix de la mondialisation. Les associations internationales de femmes sont nombreuses à souligner que les accords de libre-échange régionaux et bilatéraux contreviennent souvent à la lettre des conventions internationales sur les droits de la personne, les droits du travail et les droits des femmes. Dans de nombreux cas, les droits sociaux, représentés par les services publics et l’éducation, par exemple, sont réduits. Le retrait de l’État social, sous l’influence néolibérale, a caractérisé non seulement les pays d’Europe et d’Amérique du Nord mais également les États du Sud sous l’influence du consensus de Washington, et a signifié une stagnation, sinon un recul, des acquis sociaux et économiques des femmes et des filles. De plus, les fondamentalismes religieux et les conflits militaires qui traversent la planète valorisent souvent des rapports extrêmement inégalitaires, et encouragent souvent explicitement la domination des femmes par les hommes.
20Enfin, il y a eu une conséquence inattendue de la modernisation, liée à la mondialisation, des modèles sociaux : la transformation des régimes de citoyenneté s’est opérée en mettant davantage l’accent sur les enfants et sur les « futurs citoyens ». Ce tournant oriente l’action des gouvernements nationaux, des institutions supranationales comme l’Union européenne, et des organisations internationales comme la Banque mondiale ou les Nations Unies. Or l’un des effets de ce tournant est que les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes face au chômage ou à l’accès aux services publics sont de moins en moins visibles. De tels changements ont donc des répercussions prévisibles sur la possibilité que les femmes accèdent un jour à une citoyenneté à part entière.
21C’est dire l’importance, sur le plan scientifique, de continuer à analyser la façon dont les changements dans les conditions sociales et économiques, ainsi que dans les politiques publiques, structurent les rapports de genre. Il est d’autant plus important de poursuivre cet effort que, si les analyses portant sur les femmes et les politiques publiques pouvaient, il y a une trentaine d’années, se concentrer sur les institutions nationales, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, les accords économiques régionaux, qu’ils aient été signés dans les Amériques ou ailleurs, et les initiatives des organisations internationales ont une portée considérable sur la capacité des femmes à obtenir une citoyenneté pleine et entière et sur la promotion de l’égalité dans les rapports de genre.
22Il nous semble enfin que ce devoir scientifique se double d’un impératif citoyen. L’égalité des hommes et des femmes est un des droits fondamentaux sanctionnés par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dont l’article 7 stipule que « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination […]. » Ce droit à l’égalité et la promotion d’une citoyenneté pleine et entière sont également présents dans la Charte québécoise des droits et liberté de la personne, ainsi que dans la Charte canadienne des droits et libertés. On a vu les dangers que font peser sur ces textes les accords commerciaux régionaux ou encore les nouveaux paradigmes de politiques publiques à l’œuvre dans les institutions nationales et supranationales. Si la critique citoyenne doit rester vigilante face aux inégalités, et il ne fait aucun doute qu’elle le doive, le rôle des scientifiques est d’éclairer cette critique par l’analyse des causes et des conséquences des inégalités entre les sexes.
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Pour aller plus loin
10.1111/j.1540-6237.2007.00496.x :Dufour, Pascale et Isabelle Giraud, « Globalization and political change in the women’s movement. The politics of scale and political empowerment in the World March of Women », Social Science Quarterly, vol. 88, no 5, 2007, p. 1152-1173.
Jenson, Jane et Mariette Sineau, Mitterrand et les Françaises. Un rendez-vous manqué, Paris, Presses de Sciences Po, 1995.
10.3917/scpo.lepin.2007.01 :Lépinard, Éléonore, L’égalité introuvable. La parité, les féministes et la République, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.
Auteur
Professeur de science politique - Université de Montréal
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