Sur l’origine des signes cycliques chinois
Quelques implications cosmologiques et mythologiques
p. 51-85
Texte intégral
Le problème : des signes sans signification
1Au nombre des inscriptions divinatoires sur os des Shang 商, nous rencontrons souvent un ensemble de dix symboles servant à noter les dix jours de la décade des Shang. Nous trouvons parfois un autre ensemble de douze symboles qui se combinent avec ces dix symboles. La combinaison de ces deux ensembles (le premier symbole du premier ensemble avec le premier symbole du second ensemble, le deuxième symbole du premier ensemble avec le deuxième symbole du second ensemble, et ainsi de suite) donne un cycle de 60 jours. Les souverains des Shang étaient également identifiés par le même système. Le système des dix et des douze symboles dut avoir une importance et une signification fondamentales pour la société des Shang. Toutes les tentatives pour découvrir cette signification ont cependant, jusqu’ici, échoué. Ceci est d’autant plus surprenant que ce système a été utilisé en Chine jusqu’à nos jours, le seul changement depuis la dynastie Han 漢 étant son utilisation pour noter les années.
2De nombreuses études ont été entreprises par des chercheurs chinois et japonais pour sonder l’origine et la signification de ces signes mystérieux1. Comme toutes les tentatives de les expliquer à l’aide des caractères chinois n’ont donné aucun résultat, l’on a aussi envisagé la possibilité d’une origine étrangère. C’était l’opinion de Guo Moruo 郭沫若, qui soupçonnait une source babylonienne2, et de Joseph Needham, qui examine avec soin la possibilité d’une origine babylonienne, principalement en raison du cycle sexagénaire et de soixante en tant qu’unité babylonienne de complétude, comme on la trouve encore aujourd’hui dans notre calcul du temps en soixante minutes et en soixante secondes. Anu, le dieu babylonien du Ciel, est identifié à 1 et 60, c’est-à-dire, la totalité3. D’autres savants ont mis en avant la thèse que les 22 signes du cycle avaient pour origine l’alphabet phénicien (Edwin G. Pulleyblank et Victor H. Mair ; Pulleyblank, après avoir proposé sa thèse, la répudia immédiatement), ou étaient un alphabet proto-chinois autochtone (E. G. Pulleyblank)4.
3Par ailleurs, ces symboles semblent être fortement enracinés dans la mythologie et dans la vision du monde des Shang. Comme Sarah Allan l’a montré dans son ouvrage The Shape of the Turtle, les Shang ont dû entretenir l’idée de dix soleils. Ces soleils s’élancent à tour de rôle à travers le ciel chaque jour de la décade, d’un arbre cosmique à l’est à un autre arbre cosmique à l’ouest. On pensait que les soleils étaient des oiseaux (ou étaient portés par des oiseaux), probablement des corbeaux5. En outre, il existait un mythe voulant que dix soleils apparurent en même temps, brûlant à mort tout sur la terre. Cet événement se serait produit au temps de l’empereur mythique Yao 堯6. Des mythes comparables relatifs à l’apparition catastrophique de plusieurs soleils sont courants jusqu’à ce jour chez les minorités chinoises méridionales7 (et quelques minorités nordiques et sibériennes8), le nombre de soleils variant de 2 à 36.
4On peut ainsi déduire l’ensemble de dix signes dénotant la décade des Shang à partir du contexte mythologique. C’est là la thèse de Sarah Allan, qui lie l’ensemble de douze signes avec douze lunes, présentées, dans le Shanhai jing 山海經 (ca. ~IVe s.) comme les enfants de Changxi 常羲, les dix soleils étant, de manière comparable, les enfants de Xihe 羲和9.
5Mais ceci n’explique pas la raison d’être du cycle de 60 jours ni le chiffre 60 comme une unité totalisante. On n’explique pas non plus pourquoi les soleils et les lunes sont mis en rapport avec des signes mystérieux (un alphabet étranger ou autochtone ?). On doit aussi remarquer que les minorités mentionnées plus haut connaissent plusieurs soleils seulement comme un événement catastrophique, non comme une partie de leur système de calendrier. Chez les Shang, le système combiné des soleils et des lunes formait un sous-système, une « micro-année » de leur calendrier, qui s’ajoutait à l’année « normale » de 12 mois et 360 (+5) jours. À première vue, ce calendrier semble avoir été soigneusement calculé et arrangé par des spécialistes de la « voie » du ciel et du calendrier. Ceci a probablement été suspecté par Sarah Allan, quand elle écrit que « les dix soleils sont un concept culturel plutôt que naturel »10. Mais quelle influence culturelle il a dû jouer pour avoir façonné la culture Shang comme il l’a fait !
6Avant de poursuivre l’étude de ces questions, examinons d’abord les signes cycliques et leurs liens possibles avec les formes d’écriture du Proche-Orient. Ce travail n’a pas encore été fait d’une manière systématique. Ensuite, nous envisagerons l’hypothèse d’un alphabet chinois autochtone. De simples considérations graphiques et phonologiques sont cependant insuffisantes pour comprendre le problème et reflète probablement notre manière moderne de concevoir l’alphabet plutôt que celle des anciens. J’attirerai donc l’attention sur le contexte cosmologique des alphabets. Finalement, je comparerai la cosmologie et le calendrier Shang avec leurs contreparties dans l’Orient ancien.
7Des problèmes bien différents sont impliqués dans l’expression de l’époque Han tiangan dizhi 天干地支 (« troncs célestes et rameaux terrestres »), qui, comme je l’ai découvert, se réfèrent à la cosmologie et à la mythologie indiennes. À la fin, j’examinerai brièvement des modes de diffusion possibles sur la base de données archéologiques.
Les signes cycliques et l’écriture phénicienne, proto-sinaïtique et hiéroglyphique
8Durant la seconde moitié du deuxième millénaire avant J.-C., on peut observer dans la région qui comprend maintenant le Liban, une partie de la Syrie, la Palestine, Israël et le Sinaï (Phénicie, Palestine, Canaan et Sinaï anciens) l’émergence de plusieurs alphabets composés de consonnes. Même si le processus de formation et l’ordre chronologique ne sont pas encore entièrement clairs, les savants s’entendent sur le fait que « l’origine des lettres phéniciennes à partir des écritures proto-canaanites et protosinaïtiques, et l’emprunt de la grande partie sinon de la totalité des ces dernières aux hiéroglyphes égyptiens sur la base de l’acrophonie, s’avèrent maintenant être des faits hors de tout doute »11. Même s’il existait aussi un alphabet hiéroglyphique égyptien basé sur les consonnes, les alphabets proto-sinaïtique et proto-canaanite signifiaient quelque chose de nouveau. L’alphabet hiéroglyphique fut toujours utilisé avec d’autres hiéroglyphes représentant des groupes de consonnes ou des idéogrammes, mais le proto-sinaïtique et le proto-canaanite utilisèrent l’alphabet exclusivement pour représenter le langage.
9Un exemple primitif de l’alphabet phénicien est fourni par le ‘Izbet Sartah ostracon (~1150 environ), qui reproduit toutes ses 22 lettres12. Comme on trouve une correspondance entre le nombre de lettres et les 22 signes cycliques et en raison de certaines ressemblances graphiques, l’alphabet phénicien fut favorisé comme le modèle occidental possible des mystérieux signes cycliques chinois. C’est l’hypothèse avancée par E. G. Pulleyblank, qui trouva « de nombreuses ressemblances » entre les deux systèmes ; il finit cependant par la rejeter13. V. H. Mair trouva même « une correspondance complète un à un avec l’alphabet phénicien ». Il soutient toujours cette thèse et a annoncé un ouvrage volumineux sur les anciennes écritures et sur les relations culturelles Orient-Occident14. Il est regrettable qu’aucun des deux savants n’ait encore publié une liste comparative ou exploré ces « ressemblances ». Ce fut cependant l’optimisme de V. H. Mair qui m’encouragea à entreprendre une comparaison systématique entre les deux ensembles graphiques.
10L’alphabet phénicien est, d’une certaine manière, à mon avis, trop « moderne » pour expliquer adéquatement l’origine des signes cycliques. Cet alphabet, comme nous le savons par les plus anciennes inscriptions du ~XIIe siècle, est, sous l’angle graphique, beaucoup plus simple, asymétrique et « abstrait » que les signes cycliques chinois dans leurs formes les plus anciennes ; et celles-ci, plus pictographiques, ornementales et complexes que les lettres phéniciennes. Ceci implique, à mon avis, ou bien un prototype très ancien de l’alphabet phénicien, encore très proche des formes hiéroglyphiques, ou bien un autre alphabet de 22 lettres, aussi très proche des hiéroglyphes. C’est aussi la date des os divinatoires (~XIVe et ~XIIe siècles) qui suggère une date correspondante beaucoup plus ancienne que le ‘Izbet Sartah ostracon. De tels specimina de l’alphabet phénicien de 22 lettres sont, cependant, inconnus. Nous ne connaissons que les textes pseudo-hiéroglyphiques de Byblos (~XVIe siècle ?). Cependant, ils ne sont pas considérés par la plupart des savants comme des prototypes de l’alphabet phénicien de 22 lettres15.
11En ce qui regarde les correspondances avec les signes cycliques, je suggérerai les remarques suivantes (voir les tableaux 1 et 2, pages 56 et 57).
12Sous l’angle chronologique, les signes cycliques devraient être au moins 200 ans plus anciens que ‘Izbet Sartah ostracon, version la plus ancienne de l’alphabet phénicien. Au nombre des signes cycliques, nous trouvons plusieurs caractéristiques pictographiques, pointant en partie dans la direction des hiéroglyphes, mais aussi dans celle des formes proto-sinaïtiques et sémitiques du sud (qui partagent une origine commune avec les alphabets sémitiques du nord16) caractérisés par leurs formes archaïques.
13On pourrait trouver là des preuves qu’un alphabet phénicien archaïque, encore largement hiéroglyphique, était déjà en usage dans une version abrégée de 22 lettres, environ 200 ans avant le ‘Izbet Sartah ostracon (l’alphabet de 22 lettres présuppose un processus de simplification du système de consonnes sémitique, mis en place par l’akkadien). Ceci correspondrait à l’étude de A. Lundin, qui inscrit le proto-sinaïtique au nombre des alphabets de 22 lettres et corrige la datation beaucoup trop ancienne du proto-sinaïtique17.
14Une telle vue favoriserait la filiation directe de l’alphabet phénicien à partir des inscriptions « pseudo-hiéroglyphiques » de Byblos. Depuis le ~IIIe millénaire, Byblos entretint des rapports culturels très étroits avec l’Égypte. En fait, certains savants, comme, par exemple, A. R. Millard, soutiennent que ce sont dans ces rapports qu’on trouve l’origine de 1’écriture alphabétique18. Notons à ce propos que selon la mythologie phénicienne, c’est le dieu Taavt (le Thot égyptien) qui créa l’écriture19.
Les signes cycliques — un alphabet proto-chinois autochtone ?
15E. G. Pulleyblank a abandonné 1’idée que les signes cycliques sont d’origine étrangère et soutient plutôt qu’ils sont un alphabet chinois indigène. Afin de prouver cette thèse, il s’est attaque à la difficile tâche de reconstruire les valeurs phonologiques proto-sinitiques des consonnes initiales des noms des signes cycliques. Les résultats obtenus sont remarquables, puisqu’il trouve un système phonologique parfaitement symétrique caractérisé par 1’opposition palatalisation/labialisation pour toutes les consonnes, c’est-à-dire, mj, mw, pj, pw, lj, lw, et ainsi de suite20.
16Cette thèse n’exclut certes pas la possibilité d’une origine étrangère des signes cycliques et permettrait même de supposer une impulsion qui aurait conduit la Chine des Shang a créer son propre alphabet. Nous n’avons néanmoins aucune preuve que ce soi-disant alphabet proto-chinois fut jamais utilisé.
17Mon scepticisme quant à l’utilisation des signes cycliques comme un alphabet proto-chinois autochtone repose principalement sur les raisons suivantes. Si nous disposons les valeurs phonologiques reconstruites du proto-chinois dans l’ordre des signes cycliques, nous obtenons la configuration suivante : ʔw, ʔj, pw, tj, nw, kw, kj, sj, mj, tw — pj, hw, nj, mw, γj, lj, nj, nw, hj, lw, sw, γw. On ne trouve, en tout, que trois paires d’opposition labiales/palatiales : ŋw, ŋj et kw, kj dans l’ensemble de dix signes et nj, nw dans l’ensemble de douze signes. Je ne perçois aucune régularité dans le reste des sons dans l’ordre indiqué. Ceci laisserait penser qu’il y eut un autre alphabet qui servit de base au modèle chinois.
18Il n’y a pas de voyelles dans l’alphabet reconstruit par Pulleyblank. Il suppose deux voyelles de base ə et a pour le proto-chinois, comparables à ce qu’on trouve dans certaines langues du nord-ouest du Caucase, ce qui est remarquable si l’on accepte l’idée d’une macro-famille linguistique paléoeurasienne incluant les langues sino-tibétaines et nord-caucasiennes21. Quoi qu’il en soit, un inventaire des sons du proto-chinois semble plutôt incomplet sans voyelles Alors que la structure des langues égyptiennes et sémitiques révèle quelque chose comme un « squelette consonantique » du mot auquel les voyelles ajoutent seulement une spécification plus exacte (il n’y a habituellement aucune voyelle courte écrite en arabe et en hébreu à ce jour), la structure mot/syllabe des langues sino-tibétaines est entièrement différente, l’absence de voyelles rendant le mot pratiquement inintelligible.
19Les alphabets de l’Asie occidentale sont le résultat d’un long processus de développement. Les différents alphabets prirent forme par le truchement de l’acrophonie, souvent, au début, avec plusieurs signes pour un seul phonème et ne prenant une forme systématique qu’après une longue période d’usage. L’histoire n’atteste pas d’alphabets qui furent créés ex nihilo par une parfaite analyse phonologique (même pas l’alphabet coréen, « inventé » sous le règne du roi Sejong au XVe siècle de notre ère22). En Chine, nous ne trouvons nul processus qui pourrait avoir conduit à un alphabet (sauf l’usage des idéogrammes comme phonogrammes, comme déjà dans l’écriture hiéroglyphique) ni non plus des traces de ce soi-disant alphabet.
Le contexte cosmologique des alphabets en Eurasie occidentale
20Pour importantes que soient ces considérations graphiques et phonologiques pour clarifier l’origine des signes cycliques, elles ne doivent pas nous distraire du fait qu’autant que nous le sachions, les signes cycliques n’ont jamais été utilisés pour écrire la langue chinoise. Leur fonction fut différente : ils furent utilisés pour ce que nous pourrions appeler « des fins de classification cosmologique », comme nous l’avons vu dans l’exemple des dix soleils et douze lunes et leur combinaison. Une question se pose immédiatement : comment les lettres d’un alphabet en vinrent-elles à jouer le rôle de classification cosmologique ?
21Il serait tout à fait inadéquat de considérer les lettres des anciennes cultures sous l’angle exclusivement pratique d’un médium d’écriture. On croyait que les hiéroglyphes égyptiens (« gravures sacrées ») possédaient le pouvoir magique de rendre présentes les choses dessinées. Ainsi les centaines d’hiéroglyphes représentaient le cosmos entier et les scribes — souvent en même temps prêtres — étaient considérés comme les représentants du dieu Thot sur terre23. De manière comparable, à Babylone, le scribe était étroitement lié au prêtre et considéré comme le représentant du dieu Nabû, l’inventeur de l’écriture cunéiforme24.
22L’apparition de l’alphabet instaura une nouvelle situation : il était maintenant possible de décrire le cosmos tout entier avec quelques lettres. L’idée que le ciel étoilé est en correspondance avec l’organisation de la terre est aussi typique de l’Orient ancien que de la Chine ancienne. Dans le ciel on trouvait l’écriture et les signes des dieux (cf. tianwen 天文 en chinois) et l’alphabet lui-même était conçu comme une « écriture céleste »25. Il va de soi que le caractère sériel, séquentiel de l’alphabet était idéal pour représenter les phénomènes séquentiels du ciel, comme le parcours de la lune et du soleil parmi les étoiles.
23C’est ainsi que l’alphabet comme exprimant la totalité (« de A à Z », « d’alpha à oméga », « d’aleph à tau ») et une « connaissance » complète du monde est évidente dans la tradition germanique, selon laquelle les « runes », « les plus puissants des signes », furent créés par les dieux et reçus par Odin alors suspendu à l’arbre cosmique Yggdrasil afin de connaître les secrets du monde26. Dans la tradition iranienne, on rapporte que Mazdak, qui fut l’instigateur d’un mouvement de réforme contre le mazdéisme aux Ve et VIe siècles, soutint que les rois du monde supérieur gouvernent par le moyen des lettres de l’alphabet, dont la somme donne le nom de l’être suprême. À quiconque peut former une conception de ces lettres est révélé le plus grand des mystères ; mais quiconque est exclu demeure dans l’ignorance, l’oubli, l’insignifiance par rapport aux quatre pouvoirs spirituels27. Cet enseignement remonte peut-être à Mani, le fondateur du manichéisme, dont le « Grand Évangile d’Aleph à Tau » est disposé selon les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu-araméen-syriaque (et aussi phénicien)28. Plus tard, le moine palestinien Sabas (439-531) écrivit un traité sur « Le Mystère des lettres grecques », dont la traduction copte nous a été conservée29.
24Les Grecs, qui reçurent leurs lettres des Phéniciens (cf. le mythe du Phénicien Kadmos, qui apporta les lettres à la Grèce) appelèrent les lettres, en plus de γράμματα et σήματα, aussi στοιχεῖα. Cette dernière expression se réfère au gnomon et aux différentes longueurs de l’ombre30. Ceci correspond à l’ancienne tradition proche-orientale selon laquelle les lettres étaient corrélées avec la trajectoire de la lune et du soleil, l’alphabet servant de préférence à noter les phénomènes séquentiels du ciel.
25La question cruciale pour notre argumentation est cependant la suivante : les Phéniciens anciens établissaient-ils déjà une corrélation entre l’alphabet et les phénomènes cosmiques ? On peut difficilement le prouver à partir des documents existants, même si les traditions grecques et hébraïques (cf. également l’acrosticha grec et du Proche-Orient très ancien) rendent la chose possible31. On trouve cependant un indice allant dans le sens de ce postulat, à savoir que l’ordre rigide de l’alphabet depuis les tout-débuts a résisté à toutes les tentatives d’explication. Il a cependant été démontré qu’au moins une partie des alphabets arabes et hébreux se réfèrent aux stations lunaires ainsi qu’au zodiaque32. L’ordre de l’alphabet refléterait donc, depuis son commencement, un ordre cosmique.
La cosmologie Shang et le cycle de soixante
26Retournons à l’époque Shang. Les éléments de la culture Shang les plus indiscutablement admis comme provenant d’une d’origine étrangère sont le char, l’inhumation des chevaux, parfois avec le char, et le cycle sexa gésimal.
27Dans les inscriptions des Zhou 周 anciens la notation d’une date ressemble souvent à ceci : 惟二月旣望越六日乙未 « Au sixième jour, yiwei, dans la période ji-wang du deuxième mois »33. Assez souvent l’année est également indiquée comme suit : 惟王二十又五年 « dans la 25e année du wang 王 ». On trouve ainsi une manière plutôt détaillée d’indiquer la date, c’est-à-dire, le jour à l’intérieur d’une année, d’un mois et d’une période donnés. Les jours n’ont pas de noms particuliers, mais sont indiqués selon le système des signes cycliques hérité des Shang.
28Assez étrangement, même si les Shang connaissaient aussi les unités de l’année, de la saison, du mois et de la décade, la grande majorité des dates est donnée seulement en signes cycliques. Ces signes cycliques, comme on l’a vu, désignaient différents soleils de la décade. La plupart du temps, on trouve une combinaison des deux ensembles des signes cycliques utilisée pour les dates, c’est-à-dire, une combinaison avec les douze lunes. Cette manière de noter les dates reflète sûrement l’importance dominante des nombreux soleils et lunes dans la cosmologie des Shang, une idée absente des documents Zhou34.
29L’idée de plusieurs soleils brillant successivement durant une décade est sans doute, comme nous l’avons vu, très archaïque, la mère des soleils et celle des lunes pointant vers une ascendance matrilinéaire. En même temps, nous apprenons que les soleils sont des corbeaux ou sont portés par des corbeaux35. Les corbeaux jouent un rôle manifestement semblable dans la cosmologie de plusieurs peuples sur la côte de l’Asie Pacifique, comme les Coréens et, en particulier, les Paléoasiatiques de la Sibérie du nord-est, où le corbeau est le créateur ou le héros culturel. Cette zone s’étend jusqu’à l’Alaska et la côte du nord-ouest canadien, avec la mythologie du corbeau des Inuit et d’abord et avant tout, les peuples de l’Athabascan-nord en Alaska, ainsi que les Tlingit et les Haida36.
30Conscients de ces idées archaïques profondément enracinées dans leur culture, les spécialistes Shang du calendrier devaient s’attaquer à la tâche de les intégrer dans un calendrier de décades, de mois et d’années. Les différents soleils pouvaient idéalement former une unité de décade, mais dans un tel système, les jours de chaque décade seraient identiques. Pour préciser davantage les jours (et les dates), on combina les soleils et les lunes dans une « micro-année » de soixante jours.
31Les dix soleils et douze lunes furent combinés dans un système pour former une micro-année de 60 jours, chaque jour étant désigné par des signes mystérieux et sans signification : voilà qui ressemble peu au calendrier d’une société aborigène « naturelle », mais plutôt au résultat du travail de spécialistes du calendrier. On aurait pu combiner ou « apparier » les soleils et les lunes d’autres manières, donnant d’autres cycles qui n’auraient pas formé une unité de 60.
32L’arrangement continu par paire des soleils et des lunes dans un cycle de 60 jours est, à ma connaissance, spécifique à la Chine. 60 était cependant l’unité fondamentale de la chronologie et de la mesure babyloniennes37. Le chiffre était écrit comme 1 et signifiait la totalité38. Il y avait aussi les unités de 60 ans (1 soss), de 3600 ans (1 sar) et de 60 × 3600 ans (1 grand sar)39. L’existence d’une « micro-année » semble au moins plausible40. Comme dans plusieurs autres cultures, l’homologie entre différentes unités chronologiques (une heure = un jour = une année = une année cosmique) était également caractéristique de la pensée babylonienne41 (cf., par exemple, le chinois zi 子 pour minuit et le solstice d’hiver).
33Nous ne trouvons pas, cependant, en Eurasie occidentale un système combinatoire comparable à celui des Shang et on n’en avait pas besoin, puisqu’il n’y pas l’idée de plusieurs soleils et plusieurs lunes. La spécification des jours de la décade était faite en rapport avec les planètes qui, à la lumière des inscriptions divinatoires, ne jouèrent aucun rôle significatif dans la cosmologie Shang.
34Dans la cosmologie de l’Eurasie occidentale, on a vu que le zodiaque et les stations lunaires étaient corrélées avec l’alphabet. Alors que l’unité de 12 mois (les périodes d’une nouvelle lune à l’autre) formait déjà la base de l’année sumérienne42, le nombre des signes du zodiaque ne semble pas avoir été fixé dès le début. Nous n’avons des preuves de l’existence du zodiaque de 12 signes seulement depuis environ 500 avant notre ère43. Une liste d’étoiles babylonienne du ~XIIIe siècle ne fait état que de 10 signes44. Y a-t-il un lien avec les 10 soleils et les 12 lunes du calendrier Shang du ~XIVe siècle45 ?
35Dans le chapitre précédent, j’ai fourni certaines données sur le contexte cosmologique de l’alphabet en Eurasie occidentale, qui n’est pas différent du contexte des signes cycliques des Shang. Prenant en considération les arguments proposés ci-dessus et le caractère incomplet des études des signes cycliques, je pense qu’une origine occidentale de l’ensemble du complexe culturel Shang est probable.
L’expression tiangan dizhi et l’arbre cosmique inversé ; la cosmologie Han et l’influence indienne
36Ci-dessus, nous avons constaté que sous les Shang 10 soleils et 12 lunes étaient dénotés par les signes cycliques. Le contexte cosmologique des signes cycliques devient, cependant, encore plus évident à partir de l’époque Han, quand ils en vinrent à être appelés tiangan dizhi 天干地支, « troncs célestes et rameaux terrestres ».
37Nous trouvons l’expression zhigan支干, « rameaux et troncs » pour la première fois dans le Lunheng 論衡 LXXIV, p. 242 (« Jieshu pian »)46, par Wang Chong 王充 (27-ca. 100). Comme tiandi 天地 dénote le cosmos tout entier en chinois, le contexte cosmologique est clair. Les troncs (ou le tronc) et les rameaux suggèrent l’image d’un arbre, manifestement de l’arbre cosmique. On s’attendrait, bien sûr, à ce que les troncs soient liés à la terre et les rameaux au ciel. Ici, on les trouve inversés, les troncs étant liés au ciel.
38En fait, nous avons là la forme la plus archaïque de l’arbre cosmique47. Un tel arbre, avec ses racines dans le ciel et ses branches pendant vers le bas, est omniprésent dans toute la philosophie indienne depuis l’époque védique ; cf. Rig-Véda, I, 24, 7 : « C’est vers le bas que se dirigent les branches, c’est en haut que se trouve sa racine, que ses rayons descendent sur nous ! ». Plus tard, il est identifié au brahman48. Nous trouvons cet arbor inversa dans les traditions arabe et hébraïque et aussi chez Dante (« il albero che vive della cima », Divina Comedia, « Paradiso », XVIII, 28 sq.)49. Il apparaît également en Europe du nord, dans les traditions islandaises et finlandaises50 ; des traces pourraient en être repérées dans les coutumes de l’Europe centrale jusqu’au dernier siècle51. E. G. Kagarov a fourni d’intéressants exemples du chamanisme sibérien des Orochi et des Udehe de la région côtière russe extrême-orientale de Primor’e. Il cite de plus des passages pertinents de Platon et du manichéisme52. Dans la tradition kabbalistique hébraïque, l’arbre inversé Ilan, représentant l’absolu, est divisé en dix sefirot, les racines étant le dixième53. L’arbre cosmique iroquois, Onodzha a ses racines dans le ciel, au-dessus de l’ouverture qui unit le ciel et la terre. Onodzha signifie la fleur Erythronium americanum, avec ses brillants pétales jaunes, suggérant ainsi un arbre de lumière et d’étoiles, (cette image a des parallèles plus étroits dans l’Eurasie occidentale que dans la majeure partie de l’Amérique du Nord54).
39L’origine de cette image cosmique est encore sujet à débat, mais il se pourrait bien que la vue magnifique de la Voie lactée se dressant dans le ciel au moment de l’équinoxe du printemps vers ~6000 à ~4000 (avec Gemini comme la constellation de l’équinoxe du printemps), et connaissant peu de changement au cours des deux mille ans suivants, puisse être la source de cette image55.
40Dans le système chinois tiangan dizhi de l’époque Han, la couronne de l’arbre est appelée « terrestre » et consiste en douze rameaux. Ceci devient intelligible à partir de l’ancienne tradition astronomique du zodiaque compris comme la résidence des divinités planétaires dans l’océan céleste, formant ainsi une sorte de « terre » céleste56, mais (1) cette idée semble inconnue dans la tradition indienne. (2) En plus, le modèle mésopotamien pose trois zones cosmiques, les « voies/chemins d’Anu, d’Enlil et d’Ea » (souvent avec Anu comme zone centrale). Ces trois zones sont analogues au Ciel, à la Terre et au monde aquatique souterrain. L’existence de ce modèle cosmique aurait aussi été postulée pour l’Inde et pour la Chine.57 (3) L’astronomie ancienne concevait le plan formé par les étoiles-repères des solstices et des équinoxes sur l’écliptique comme une « terre » (cf. les quatre coins du monde du cosmos mésopotamien et les quatre étoiles-repères du Yao dian 堯典). C’est là l’explication du concept de la « terre carrée » (ou de la « terre rectangulaire ») dans plusieurs cultures (dont la Chine). En raison de la précession issue du mouvement circulaire de l’axe de la terre, les étoiles-repères d’une telle « terre », c’est-à-dire, d’un plan cosmologique, changent continuellement, culminant dans une « nouvelle terre » environ tous les 2 200 ans58. La « terre » forme alors un plan avec l’écliptique, celle-ci représentant la « zone terrestre » du cosmos. On aurait là « les branches de la terre », inscrites dans l’image de l’arbre cosmique inversé.
41Ayant identifié les douze « rameaux terrestres » avec le zodiaque, on pourrait facilement les identifier avec la trajectoire du soleil le long du zodiaque au cours d’une année. Dans l’astronomie Han, les « rameaux terrestres » sont, cependant, clairement corrélés avec douze ans, signifiant ainsi le temps nécessaire à Jupiter pour compléter son orbite autour du soleil, ou, plus exactement, onze ans et 315 jours, douze ans étant l’équivalent de presque onze périodes synodiques de Jupiter. Je pense que cette « lacune » explique le fait que Wang Chong dans son traité Lunheng, « Jieshu pian », donne seulement onze rameaux en corrélation avec les animaux du cycle de douze ans. On trouve la même chose sur les tiges de bambou de l’époque Qin du site no 11 de Shuihudi 睡虎地, préfecture de Yunmeng, province du Hubei59. La cosmologie Han se préoccupait moins de la trajectoire réelle de Jupiter que de celle de 1’anti-Jupiter, taiyin ; 太阴 ou suixing 岁星, qui était anti-cyclique par rapport à la Jupiter réelle. Cette trajectoire anti-Jupiter était représentée sur les cosmographes. La raison expliquant l’introduction de cette planète fictive demeure obscure, autant que je sache, jusqu’à ce jour. John S. Major, dans son étude des chapitres astronomiques du Huainan zi ? 淮南子 cite 1’explication de D. Hawkes. Selon Hawkes, 1’anti-Jupiter fut introduite parce que Jupiter était jadis « 1’étoile de 1’année », mais elle se déplaçait en contre-mouvement par rapport aux étoiles fixes. Ceci rendait malaise de noter sa position au moyen des signes cycliques60. Parce que toutes les planètes se déplacent, cependant, la plupart du temps, en contre-mouvement par rapport aux étoiles fixes, 1’explication de Hawkes suppose que Jupiter fut la première planète qui attira 1’attention des cosmographes. Il pourrait bien en avoir été ainsi, mais la raison de ce « nouvel intérêt » pour Jupiter demeure inconnu. Ce qui est encore plus mystérieux, c’est le fait que les douze années de 1’anti-Jupiter portent des noms non chinois. La même chose est vraie pour le noms de ses stations61. Major pense qu’« il vaut la peine de souligner que ces noms impliquent des contacts soutenus et sérieux entre la Chine et une culture non chinoise (possiblement l’Inde) », et il regrette que cette question ait été jusqu’ici négligée par la sinologie62.
42Je présume qu’il doit y avoir au moins une correspondance partielle entre les noms du cycle jovien et les noms des nakṣatras (loges lunaires/mansions) et le zodiaque (dans la culture d’où proviennent les noms). Le nom de la première année est shetige 摄提格 À l’origine, les nakṣatras commençaient par kṛttika « les Pléiades » (vers ~2200 les Pléiades étaient dans l’équinoxe vernal)63. Même si ceci avait changé depuis longtemps en raison de la précession, kṛttika fut préservée comme constellation initiale par certains peuples de l’Asie centrale, comme les Kharezmiens et les Soghdiens64. Nonobstant la possibilité que 摄提格 (EMC śiaptieikak) puisse être une transcription de kṛttika la plupart des noms ne semblent pas correspondre aux nakṣatras ou noms indiens du zodiaque : on doit également s’attendre à des modifications (ou substituts) des noms originaux par une certaine langue intermédiaire (Asie centrale ? Tokharien ? Iranien moyen ?).
43Toute la question de l’anti-Jupiter fictive requiert des recherches plus poussées. Qu’il suffise de noter ici que l’astronomie indienne connaissait deux planètes fictives : Ketu et Rāhu (formant ainsi un système de neuf planètes). Plus que tout, la divination et l’astrologie indiennes regorgent de planètes invisibles, obscures, comme par exemple, la noire et invisible candra-sakha, « compagne de la lune », ou arka-ripu, « l’ennemi du soleil »65, et des phénomènes comme Ketu et Rāhu se multiplièrent66. Voilà pour les « rameaux terrestres », l’année jovienne, le cycle jovien et le problème de l’anti-Jupiter. Mais qu’en est-il des « troncs célestes » ?
44Comme Marcel Granet l’a déjà souligné, les 10 troncs célestes ne sont pas, comme les rameaux terrestres, disposés sur un cercle67. Ils sont habituellement représentés en cinq paires, comme une croix et corrélés avec les cinq phases, comme dans le Huainan zi68. Ceci pourrait référer à la combinaison indienne originale des années joviennes et des cinq éléments, donnant un cycle de 60 années ; voir, par exemple, Maitri-Upanishad, VI, 7, où les rameaux de l’arbre cosmique inversé sont dits être les cinq éléments, l’éther, l’air, le feu, l’eau et la terre69 70.
45En Inde, chaque année du cycle de 60 années avait un nom particulier. En Chine, cependant, la manière traditionnelle de noter les jours dans un cycle de soixante jours en combinant les deux ensembles de signes cycliques a été corrélé avec le décompte des années dans le cycle jovien de 60 années.
46On peut résumer cette section comme suit : l’arbre cosmique inversé (arbor inversa), dont la croissance se fait à partir du ciel, est un motif courant dans les mythologies du monde, mais il n’est sûrement pas un motif universel ou même « archétypique » de l’arbre cosmique « normal », Plusieurs peuples ne connaissent pas l’arbre cosmique, comme, par exemple, la plupart des aborigènes de Taiwan, les paléoasiatiques de l’Asie du nord-est et tout aussi bien, certains groupes amérindiens Na-Déné de l’Amérique du Nord. L’arbre cosmique inversé est un trait caractéristique de la tradition indienne, mais il est absent de la tradition chinoise, sauf dans le cas mentionné ici.
47En plus d’une nouvelle importance du cycle (jovien) de Jupiter dans l’astronomie de l’époque Han, nous trouvons un anti-Jupiter fictif avec des noms définitivement non chinois et probablement indiens pour les années et pour les stations de son orbite. Les planètes fictives sont bien connues dans l’astronomie et, en particulier, dans l’astrologie indiennes.
48Le cycle jovien et ses stations (non pas celles de l’anti-Jupiter) pourraient remonter à une époque antérieure aux Han, même au commencement des Zhou71, mais ceci n’est pas pertinent pour le problème discuté ici. À mon avis, le cycle de 60 années, résultant de la combinaison de 12 stations joviennes avec les 5 éléments, et inscrit dans le symbolisme de l’arbre cosmique inversé, a été emprunté à l’Inde à l’époque des Han. En Chine, il fut alors corrélé avec le cycle traditionnel chinois des 60 jours et des signes cycliques.
49Le cycle des 60 années, appelé en Inde une « saison des dieux » (l’une des 6 « saisons de l’année des dieux », qui, ensemble, comptaient 360 années), existait peut-être déjà dans la culture Mohenjo-Daro de la vallée de l’Indus (vers ~2500)72.
50W. Eberhard a déjà attiré notre attention sur les influences indiennes à l’époque Han sur la médecine et l’astronomie, comme, par exemple, sur le Huangdi suwen 黃帝素問 et le Lingshu jing 靈樞經73. Il souligne le fait que l’astronomie chinoise avant la dynastie Han était purement équatoriale, c’est-à-dire, orientée en fonction de l’équateur céleste et l’étoile polaire, alors que l’astronomie indienne était écliptique. À l’époque Han, nous trouvons les deux systèmes dans l’astronomie chinoise74. Il soupçonne qu’une grande partie de la géomancie et de l’astrologie chinoises d’être d’origine indienne75, même antérieure au Huainan zi76.
Les voies de la diffusion : La route de la soie du Sud-Ouest et le rôle de la culture Andronovo
51Les anciennes connexions entre la Chine et l’Inde antérieures à la route de l’Asie centrale ou contemporaine avec elle devinrent évidentes à la suite de deux décennies de recherches poussées de la soi-disant route de la soie du Sud-Ouest, menant du Yunnan au Sichuan77. Il semble que le Sichuan joua un rôle crucial dans la médecine de l’époque Han78. En outre, il existait des contacts maritimes anciens. Mais qu’en est-il de contacts entre la Phénicie et la Chine d’Anyang 安陽 au ~XIVe siècle ? N’est-il pas absurde de supposer de tels contacts ?
52On trouve une quantité appréciable de commodités apparaissant soudainement sur la scène culturelle d’Anyang sous les Shang, mais qui sont absents des couches plus anciennes, comme le char, l’écriture chinoise sur les os divinatoires et l’inhumation des chevaux.
53Un tel véhicule comme le char avait déjà été utilisé dans les pays du Proche-Orient au ~IIIe millénaire. Il présupposait une connaissance spécialisée de la chevalerie, qui avait été développée par les tribus indo-européennes dans la région des steppes de l’Europe de l’Est. L’expansion et la diffusion du char vers l’est peuvent être étudiées à partir des pétroglyphes. Ainsi, sa diffusion peut être suivie à la trace à travers le Kazakhstan, la Kirghizie, le Touva, le Khakas, continuant par la Mongolie occidentale et l’actuelle Mongolie intérieure pour atteindre le Henan par le nord79.
54À peu près à l’époque des premières années d’Anyang nous trouvons au Kazakhstan et dans les régions limitrophes orientales la culture indo-aryenne ancienne d’Andronovo, qui eut des devanciers en Europe de l’Est. Des bijoux en or (l’or ne fut jamais utilisé pour des bijoux en Chine) de type Andronovo et des flèches et des couteaux de style typiquement Andronovo ont été découverts à Anyang80. Au temps d’Anyang, le char avait été en usage chez le peuple d’Andronovo depuis plusieurs siècles.
55Une invasion armée semble probable et une aristocratie militaire de conducteurs de chars comme on en connaît dans les groupes indo-européens pourrait avoir joué un rôle dans la formation de la société stratifiée des Shang81.
56Une littérature abondante existe déjà sur le sujet, à peine corroborée par les sources littéraires chinoises. À la lumière des matériaux disponibles, on devrait supposer une assimilation et une synthèse culturelles assez rapides, ce qui est évident, je pense, dans le cas du cycle sexagésimal et des signes cycliques que j’ai décrits plus haut82. Un bon exemple d’un tel « compromis culturel » est, en particulier, la figure de Xihe 羲和 la mère des soleils — à l’origine un oiseau ! — qui vint conduisant le char du soleil, semblable au dieu-soleil indien Sūrya, au Helios grec, au Mithra iranien ou à l’Ishtar babylonien.
57Au Proche-Orient, à l’époque de l’Anyang ancien, on trouve l’empire hittite, l’Assyrie, le Mitanni et plusieurs petits États. Tous étaient liés par des relations commerciales et culturelles. Est-il impossible que des prêtres, possédant une connaissance de la cosmologie, de l’astronomie et de l’alphabet ancien, vinrent dans la région d’Andronovo — peut-être en compagnie des marchands, qui n’étaient pas différents de l’aristocratie militaire, toujours en quête de protecteurs spirituels ? Ils auraient pu séjourner là, puis accompagner plus tard un groupe de guerriers conduisant des chars plus loin vers l’Est. Les matériaux archéologiques sur l’Asie centrale qui ont été amassés jusqu’ici, rarement pris en compte par les sinologues, suggèrent certainement une telle possibilité.
Post-scriptum I
Les symboles du cycle sexagésimal
58Ce n’est pas l’arbre cosmique, mais un autre symbole, la tortue cosmique, qui explique l’origine du cycle de 60 années dans le mythe mongol Zurxajn sambar (« La planche de l’astrologue »).
59La tortue (cosmique) est atteinte par un chasseur, se renverse sur le dos et se désintègre dans les cinq éléments : le bois de la flèche qui l’a atteinte devient l’élément ‘bois’, le fer de la tête de flèche l’élément ‘fer’, le souffle de la tortue mourante l’élément ‘air’, la boue sous les pattes de la tortue l’élément ‘terre’, et la dernière urine de la tortue l’élément ‘eau’. Les douze sections de la carapace de la tortue signifiaient que l’animal était corrélé avec le cycle de douze ans. Il y a une analogie avec le carré de l’astrologue, dont la disposition est comparable à la carapace d’une tortue. Sur la planche, les cinq éléments sont dessinés (D. Cerensodnom, Mongol ardyn domog ülger, p. 166).
60Il y a des parallèles tibétains et bouriates de ce mythe qui, en toute probabilité, remontent à un modèle indien (cf. S. Dulam, J. Vacek, « A Mongolian Mythological Text » (Studia Orientalia Pragensia XX), Prague, Charles University Press, 1983, p. 136 sq.). De plus, un mythe au sujet d’une grenouille tuée à la chasse dans un contexte cosmologique semblable est fondamental dans la mythologie naxi.
61Ce genre de mythe corrobore l’idée que le cycle sexagésimal indien fut une combinaison du cycle (jovien) de douze ans et des cinq éléments, tous compris dans un cadre cosmique symbolique. On trouve également un cycle de cinq ans en Inde, corrélé avec cinq éléments (cf. M. F. Al’bedil’, « Protoindijskoe ‘koleso veremeni’ », p. 92 sq. ; S. N. Sen and K. S. Shukla, History of Astronomy, p. 128, 132). Sur le cycle (jovien) de douze ans, voir S. B. Dikshit, « The Twelve-Year Cycle of Jupiter », p. 161-176; S. N. Sen and K. S. Shukla, History of Astronomy, p. 303-307.
62On ne peut que noter la correspondance entre l’importance fondamentale de l’unité 60 dans le système chronologique babylonien et l’idée indienne de l’année à six saisons de 60 jours (et une « année des dieux » équivalant à 360 années). Ceci suggère que l’unité chinoise de 60 jours des signes cycliques (ce que j’ai appelé une micro-année) repose également sur l’idée d’une saison de deux mois, manifestement d’origine étrangère, car l’année Shang n’avait que deux saisons (cf. S. Allan, The Shape, p. 102). Comme je l’ai mentionné plus haut dans la section « La cosmologie Shang et le cycle de soixante », une saison de deux mois et de 60 jours ne peut pas être prouvée à partir des matériaux babyloniens, mais peut être acceptée comme probable sur la base de la tradition proche-orientale plus récente. Sur les correspondances Babylone-Inde en cosmologie, en astronomie et dans le calendrier, voir W. Kirfel, Die Kosmographie, p. 28 sq. ; G. E. Gibson, « The Vedic nakṣatras » ; A. Jeremias, Handbuch, p. 303 ; S. N. Sen and K. S. Shukla, History of Astronomy, p. 95, 108-109.
63Ci-dessus, j’ai suggéré une connexion entre l’anti-Jupiter invisible et fictif, Suiyin 岁阴 ou Taisui 太岁) d’une part, et les planètes obscures et fictives Ketu et Rāhu de l’astronomie indienne, qui se multiplièrent dans l’astrologie indienne plus récente. Sous ce rapport, il vaut la peine de noter ce qu’écrit Hou Ching-lang (pinyin, Hou Jinglang) sur les origines de « Jupiter la néfaste » dans les croyances populaires taiwanaises :
Selon Chavannes, « T’ai-sui correspond exactement au Yin de l’Année (sui-yin)… Il s’agit du repère conventionnel dont la marche est fixée en fonction de la planète Jupiter, mais qui se déplace dans la direction opposée. » Dans ce contexte, T’ai-sui n’est pas l’Étoile de l’Année, mais plutôt son « ombre ». C’est là, bien sûr, une notion d’astronome ; dans l’imaginaire populaire, T’ai-sui et Jupiter sont identiques. On trouve cependant dans certains ouvrages taoïstes des Six Dynasties des traces de cette conception astronomique primitive. Ainsi, on fait état dans le Cheng-i fa-wen ching-chang kuan-p’in (Tao-tsang, no 880) d’« un démon opposé à Jupiter » (Sui-hsing ni-kuei), en d’autres mots, T’ai-sui. Dans certains almanachs et ouvrages d’astrologie, les idées d’inversion et d’« ombre » caractérisent certaines étoiles néfastes, comme Lo-hou et Chi-tu (Hou Ching-lang, « The Chinese Belief in Baleful Stars », p. 206 ; traduit de l’anglais).
64Lo-hou 羅睺 (pinyin, Luohou ; MC*ℓā) et Chi-tu 計都 (pinyin, Jidu ; MC*ki-du) sont sans doute les deux étoiles fictives indiennes Rāhu et Ketu. Ceci correspond à l’idée que j’ai exprimée plus tôt. Dans l’astrologie indienne plus récente, on trouve des groupes de 100 et de 1000 Ketu, habituellement considérées comme extrêmement néfastes et dangereuses. Ces corps célestes obscurs et invisibles se déplaçaient à contre-courant des planètes « normales ». Cf. J. von Negelein, « Die Wahrzeichen des Himmels in der indischen Mantik », Archiv für Religionswissenschaft, XXVI, 1928, p. 241-295.
65Il est significatif que Hou Ching-lang trouve lui aussi que « cette croyance dans les étoiles néfastes qui se déplacent en mouvement contraire s’est appliquée à plusieurs autres étoiles, comme la Bannière jaune, la Queue de léopard, Lo-hou, Chi-tu et bien d’autres » (op. cit., p. 227).
Post-scriptum II
66C’est seulement après avoir complété cette étude que deux articles sur les signes cycliques furent portés à ma connaissance. Il s’agit de E. G. Pulleyblank, « The Ganzhi as Phonograms and Their Application to the Calendar », Early China, XVI, 1991, p. 39-80, et Julie Lee Wei, « Correspondences between the Chinese Calendar Signs and the Phoenician Alphabet », Sino-Platonic Papers, XCIV, mars 1999, p. 1-65.
67Pulleyblank poursuit ici ses recherches sur les valeurs phonétiques des signes cycliques en se basant sur le postulat qu’elles sont un alphabet chinois autochtone. Il trouve aussi des preuves d’une connexion entre les signes cycliques et les nombres. Dans mon étude, je me suis limité à indiquer quelques rapprochements graphiques entre les alphabets du Proche-Orient et les signes cycliques des Shang. J’ai évité de prendre en considération les valeurs phonétiques possibles des signes cycliques, parce que, dans l’état de nos connaissances, cela me semblait trop spéculatif. Comme je suppose une incorporation des graphies du Proche-Orient dans le corpus déjà existant des caractères Shang, je ne vois aucune nécessité de spéculer sur la signification possible des signes cycliques, car de telles hypothèses se sont jusqu’ici avérées vaines.
68Le point de départ de Julie Lee Wei diffère de celui de Pulleyblank, de Mair et du mien. Elle suppose que l’ensemble de 22 lettres du Proche-Orient fut transmis à la Chine des Shang, mais ne fut pas incorporé aux graphies qui y existaient déjà. Elle pense que cet ensemble fut « traduit », ce qui implique que les meilleurs équivalents de la forme, de la prononciation et du sens furent choisis parmi les graphies déjà existantes des Shang pour établir une correspondance avec les lettres du Proche-Orient.
69Autant que nous sachions, les signes cycliques apparaissent dans les inscriptions des Shang ou des Zhou uniquement comme signes des cycles et comme noms des rois Shang. C’est là l’une des principales raisons (outre la correspondance des 22 signes) pour supposer une importation étrangère des signes cycliques. Toutes les tentatives de trouver une signification des signes cycliques se sont jusqu’ici avérées peu convaincantes (voir ci-dessus, p. 52-53, 57-58).
70Lee utilise un large éventail de pictogrammes sumériens (présents dès le début de la culture sumérienne, mais ici appliqués à une époque où le sumérien était déjà une langue morte), pour établir une comparaison massive avec les hiéroglyphes. Cette approche n’en demeure pas moins très prometteuse. Lee refuse (comme je m’y refuse également), de considérer les lettres phéniciennes comme des équivalents des signes cycliques et postule des lettres proto-phéniciennes. Cependant, la date de l’ensemble de 22 lettres ne peut être reculée indéfiniment, car il résulte d’ensembles plus longs d’alphabets de 26 lettres ou plus. Comme je l’ai mentionné plus haut, l’ensemble de 22 lettres put seulement apparaître après la simplification du système consonantique sémitique introduit par l’akkadien.
71D’après cette auteure, le « traducteur » de l’alphabet du Proche-Orient en chinois des Shang s’évertua à trouver les meilleurs équivalents. En même temps, cependant, il aurait été tout à fait libre eu égard à l’ordre séquentiel des graphies et les aurait ordonnées dans un ordre entièrement nouveau. Je trouve cette thèse plutôt contradictoire, d’autant plus que, comme je l’ai indiqué plus haut, l’ordre séquentiel des alphabets du Proche-Orient, loin d’être fortuit, fut déterminé par des postulats astronomiques dès le départ.
72Lee ne tient pas compte des reconstructions phonétiques des signes cycliques proto-chinois par Pulleyblank et utilise les siennes propres, basées sur la prononciation des premiers Zhou et les dialectes chinois. Les deux reconstructions sont assez différentes. Pour chen 辰, par exemple, Pulleyblank postule une initiale ł- où Lee a dj- ; pour wei 未 Pulleyblank a ŋw- où Lee a b- ; pour chou 丑 Pulleyblank a xw- où Lee a hn- ; pour wu 午 Pulleyblank a ŋ où Lee Wei a hm-.
73Lee arrive à des conclusions ingénieuses au sujet des connexions sémantiques entre les noms des lettres du Moyen-Orient et les signes cycliques. Un autre aspect très intéressant de son étude est la similitude phonétique des termes se référant à l’agriculture en sumérien, en égyptien et en chinois — ce qui ne manquera d’être un aiguillon pour tous les chercheurs diffusionnistes.
Remerciements
74Cette étude a bénéficié de l’appui de la Fondation Käthe- et Horst-Eliseit. Je suis aussi redevable à Ekkehard Gelbrich, spécialiste de l’Inde et du Tibet, qui a, le premier, attiré mon attention sur l’importance du cycle sexagésimal en Inde.
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Références
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Notes de bas de page
1 On trouve un inventaire critique des recherches chinoises et japonaises sur la question dans M. V. Krjukov, « K probleme ».
2 Guo Moruo, Jiagu wenzi yanjiu 甲骨文字研究, p. 240-278.
3 J. Needham, Science and Civilisation, vol. 3, 1, p. 82, 396-398. Sur l’unité de soixante, voir plus bas, la section « La cosmologie Shang et le cycle des soixante jours ».
4 E. G. Pulleyblank, « Prehistoric East-West Contacts »; id., « The Chinese Cyclical Signs » ; id., Lexicon, 20; V. Mair, « West Eurasian ».
5 S. Allan, The Shape, p. 27-36.
6 Ibid., p. 36-38.
7 Nous devons à B. Riftin, « Cong Heilongjiang », l’inventaire le plus complet sur ce thème mythologique.
8 Cf. B. Riftin, « Cong Heilongjiang », et, en plus amples détails sur les minorités chinoises du nord, Huang Renyuan, « Tonggusi-Manyuzu ».
9 S. Allan, The Shape, p. 33.
10 Ibid., p. 172.
11 B. Sass, The Genesis of the Alphabet, p. 161; A. G. Lundin, Dešifrovka, p. 34-43.
12 B. Sass, The Genesis of the Alphabet, p. 65-69; tableaux, p. 175-177.
13 E. G. Pulleyblank, « The Chinese Cyclical Signs ».
14 V. Mair, « West Eurasian ».
15 Cf. B. Sass, The Genesis of the Alphabet, p. 86 sq.: cf., cependant, A. R. Millard, « The Infancy », p. 394.
16 Les lettres sémitiques du sud manifestent des liens de parenté avec les pseudohiéroglyphes de Byblos et furent probablement utilisées en Syrie et en Palestine au ~XVe siècle (A. G. Lundin, « Ugaritic Writing », p. 98).
17 A. G. Lundin, Dešifrovka, p. 38-41.
18 A. R. Millard, The Infancy », p. 394.
19 A. G. Lundin, Ugaritic Writing », p. 98.
20 . E. G. Pulleyblank, « The Chinese Cyclical Signs ».
21 Cf., par exemple, V. Shevoroshkin, éd., Dene-Sino-Caucasian Languages.
22 Cf. A. Eckardt, Studien, p. 64-80.
23 F. Dornseiff, Das Alphabet, p. 2 sq.
24 Op. cit., p. 3.
25 Op. cit., p. 89.
26 Hávamál, lignes 138-141. L’auto-sacrifice d’Odin est habituellement interprété comme une initiation chamanique, Sur le texte et son interprétation, cf. R. Simek, Lexikon der germanischen Mythologie, p. 162 sq. et 304 sq.
27 W. Müller, « Mazdak », p. 77.
28 Op. cit., p. 78.
29 Ibid., F. Dornseiff, Das Alphabet, p. 73.
30 F. Dornseiff, op. cit., p. 14-17, a démontré la connexion entre στείχειν, « aller », « marcher » en rapport avec la trajectoire du soleil le long du zodiaque avec ses douze stations, et στοιχεῖα, dans le sens de « lettres ».
31 Op. cit., p. 156-151 ; W. Müller, « Mazdak », p. 79.
32 Cf. M. Eliade, Traité, p. 160 ; Jeremias, Das Alte Testament, p. 774 ; A. Bausani, « L’Alfabeto » ; F. Hommel, « Die Anordnung » ; E. Stucken, Der Ursprung des Alphabets ; H. A. Moran, The Alphabet. Aleph, la première lettre, représente la tête d’un taureau. L’équinoxe du printemps, c’est-à-dire, le commencement de l’année, se situa dans la constellation du Taureau dans la période approximative de ~4000 à ~2000.
33 W. A. C. H. Dobson, Early Archaic Chinese, p. 86.
34 S. Allan, The Shape, p. 25 sq., 37, 55.
35 S. Allan, The Shape, p. 30-33. De telles « mères de la nature » sont typiques du panthéon des groupes matrilinéaires, comme les Mandchous primitifs du nord-est et les Nganasan de la péninsule Tajmyr (Cf. J. Bäcker, Mandschurische Göttinnen, p. 116-121).
36 E. M. Meletinskij, Paleoaziatskij mifologičeskij epos.
37 A. Jeremias, Handbuch, p. 265 ; id., Das Alte Testament, p. 825.
38 A. Jeremias, Handbuch, p. 266.
39 Id., p. 296.
40 Id., p. 270.
41 Id., p. 295, 270.
42 Id., p. 273-275.
43 Id., p. 210-212.
44 Id., p. 208 ; cf. aussi le développement du calendrier de Nippour (V. V. Emel‘janov, Nippurskij Kalendar’.
45 A. Jeremias, Handbuch, p. 208. Il m’a été impossible de trouver des preuves d’un zodiaque chinois dans les os divinatoires. Ding Shan, Zhongguo gudai, p. 83, suppose l’existence d’un zodiaque Shang et des stations lunaires sur la base d’étoiles fixes individuelles sur l’écliptique, qui sont mentionnées dans les os divinatoires. C’est peut-être là le commencement d’un zodiaque. On trouve aussi des explications sociologiques des signes cycliques. Zhang Guangzhi, « Shang wang miaohao xinkao », p. 65-95, suppose deux classes matrimoniales parmi les chefs Shang. Cette idée a été développée plus avant par Liu Binxiong 劉斌雄 dans son étude : « Yin Shang wangshi », p. 89-114, qui suppose deux moitiés matrilinéaires englobant les deux classes matrimoniales. Les deux thèses ont été discutées par M. V. Krjukov, « K probleme », p. 109 sq. Les jours de la décade des Shang sont corrélés avec les dix soleils. La décade est un phénomène plutôt rare. L’Orient ancien avait la semaine, la décade était égyptienne. Je l’ai aussi trouvée dans les calendriers yakut et mongols, où elle est clairement dérivée des phases de la lune.
46 Traduit par A. Forke, II, p. 411.
47 . M. Eliade, Traité, p. 239-241 ; A. K. Coomaraswamy, « The Inverted Tree » ; E. G. Kagarov, « Mifologičeskij obraz » ; C. M. Edsman, « Arbor inversa » ; U. Holmberg, Der Baum des Lebens, p. 54 sq. : sur le contexte symbolique des traditions indo-européennes et sibériennes, cf. V. V. Ivanov, « Opyt istolkovanija ».
48 M. Eliade, Traité, p. 239.
49 Id. « La cosmologie Shang et le cycle de soixante », p. 317.
50 U. Holmberg, Der Baum des Lebens, p. 55.
51 L. Schmidt, « Der hängende Christbaum ».
52 E. G. Kagarov, « Mifologičeskij obraz », p. 333-335.
53 Id., p. 333-334.
54 W. Müller, Amerika, p. 103.
55 A. Jeremias, Handbuch, p. 236.
56 Id., p. 139, 202 ; G. de Santillana et H. von Dechend, Hamlet’s Mill, p. 234.
57 Sur les « trois voies » babyloniennes du cosmos, cf. B. van Waerden, Babylonian Astronomy, II ; W. Horowitz, Babylonian Cosmic Geography, p. 165, 253 (attribuant ici la voie centrale à Enlil) ; G. de Santillana and H. von Dechend, Hamlet’s Mill, p. 58, 234. Des parallèles indiens, grecs et polynésiens aux trois voies (zones) babyloniennes du cosmos ont été suggérés par G. de Santillana et H. von Dechend, op. cit., p. 437 (App. 38). Leur présence en Chine a été avancée par J. Needham, Science and Civilisation, III, p. 256-257.
58 C’est l’un des thèmes centraux de G. de Santillana and H. von Dechend, Hamlet’s Mill, spécialement le chapitre « Intermezzo : A Guide for the Perplexed » (p. 56-75).
59 Cité par Wu Anqi, « Shi’er shou », p. 70.
60 J. S. Major, Heaven and Earth, p. 39 sq., citant D. Hawkes, Ch’u Tz’u. The Songs of the South. Oxford, 1959, p. 211 ; le texte de Ted. 1985, p. 79-81 ajoute de nouveaux details.
61 Cf. J. S. Major, Heaven and Earth, p. 120-123 ; C. Le Blanc et R. Mathieu, id., Philosophes taoistes II : Huainan zi, p. 131-132.
62 Cf. J. S. Major, Heaven and Earth, p. 122 ; cf. aussi J. Needham, Science and Civilisation, III, p. 402-404.
63 G. E. Gibson, « The Vedic naksastras » ; shetige a également été assimilée à kṛttika par Chu Coching, The Origin.
64 A. Weber, « Über alt-iranische Sternnamen ».
65 A. Scherer, Gestirnnamen, p. 101 sq.
66 Id., p. 102-105.
67 M. Granet, La Pensée chinoise, p. 154.
68 J. S. Major, Heaven and Earth, p. 223 ; C. Le Blanc et R. Mathieu, éd., Philosophes taoïstes II : Huainan zi, p. 202.
69 M. Eliade, Traité, p. 239. Sur les cinq éléments indiens, cf. W. Kirfel, Die fünf Elemente ; O. Böhtlingk, « Die fünf Elemente der Inder » ; sur le rapport avec les cinq éléments chinois, cf. M. Falk et J. Przyluski, « Aspects » ; A. Forke, Lun-Heng, vol. II, partie, appendice 1, p. 474-478.
70 C’est pourquoi je suis enclin à prendre les cinq paires des dix troncs qui représentent dans la cosmologie des Han les cinq éléments pour une réplique de l’image cosmologique indienne. Ainsi, les troncs célestes signifient, en fait, cinq branches du tronc de l’arbre cosmique, tiangan étant, par conséquent, une forme abrégée de tiangan zhi zhi 天干之支, « branches du tronc céleste ». On aurait des lors, bien sûr, pu prévoir que tianzhi 天支, « branches célestes » et dizhi 地支, « branches terrestres » se référaient a l’arbre cosmique, mais pour évoquer l’image de l’arbre, la combinaison tronc — branches était de loin préférable. Un autre argument en faveur de ma thèse est la « construction générale » de l’arbre cosmique dans les mythologies mondiales. Je n’ai trouvé nulle part un arbre cosmique avec plusieurs troncs. Les descriptions chinoises des « troncs célestes » indiquent clairement une disposition verticale (en opposition aux « branches terrestres »). De telles segmentations verticales du tronc sont souvent représentées par sept ou neuf branches de l’arbre cosmique. On en trouve des exemples dans les arbres chamaniques, qui sont un modèle de l’arbre cosmique dans plusieurs cultures sibériennes. Cf., entre autre, le magnifique arbre cosmique a neuf étages du chamanisme mandchou (J. Bäcker, Mandschurische Gottinnen, p. 54-63), et l’arbre du chaman a neuf branches que gravit le chamane au cours de son voyage céleste. Une autre variante de l’arbre cosmique est l’arbre du calendrier, qu’on trouve, par exemple, chez les Hani du Yunnan. Ici, les douze branches du tronc designent les douze mois de l’année (chacun avec trente bourgeons et en tout 365 feuilles (Cf. Deng Qiyao, Zhongguo shenhua, p. 54-57 ; pour les traditions sibériennes, cf. E. L. L’vova, I. V. Oktjabr’skaja, A. M. Sagalaev, et M. S. Usmanova, Tradicionnoe mirovozzrenie, p. 23.
71 D. Hawkes, Ch’u Tz’u. The Songs of the South, p. 211, donne le ~IIIe siècle comme la date où le système anti-Jupiter fut utilisé pour la première fois en Chine, mais il ne fournit pas le texte de référence. D. W. Pankenier, « Astronomical dates », a démontré que les dates de commencement des dynasties Shang et Zhou étaient liées aux grandes conjonctions des cinq planètes. Il a également montré le rôle de certaines stations comme des « champs célestes » appartenant à une certaine dynastie, ainsi que le rôle de Jupiter dans les campagnes militaires. Si les traditions joviennes sont attestées dans les plus anciennes traditions, ceci repousserait la connaissance du cycle jovien au début de l’époque Zhou. Il est intéressant de noter que W. Eberhard, Sternkunde, p. 137-174, pouvait identifier toutes les phrases du Zuo zhuan 左傳 donnant les positions de Jupiter comme des falsifications tardives.
72 M. F. Al’bedil’, « Protoindijskoe ‘koleso vremeni’« , p. 93-94.
73 W. Eberhard, Sternkunde, p. 218-222.
74 Op. cit., p. 321 ; J. Needham, Science and Civilisation, III, p. 229-232.
75 Op. cit., p. 332-343, 375-391.
76 Op. cit., p. 286.
77 Cf., par exemple, la collection Études sur l’ancienne Route de la soie du sud-ouest (en chinois), édité par les Presses universitaires du Sichuan.
78 W. Eberhard, Sternkunde, p. 221 sq.
79 . E. A. Novgorodova, « Drevnejšie izobraženija » ; E. E. Kuz’mina, Otkuda prišli indoarii, p. 162-189 ; V. A. Novoženov, Naskal’nye izobrazenija.
80 E. E. Kuz’mina, Op. cit., p. 241 sq.
81 Cette thèse a déjà été avancée par W. Eberhard, « The Formation of Chinese Civilization » ; cf. aussi E. G. Pulleyblank, « Prehistoric East-West Contacts ».
82 Des preuves de ces deux cultures-types des Shang ont été données par Li Chi, The Beginnings of Chinese Civilization, ouvrage peu connu des sinologues.
Auteur
A obtenu son doctorat en sinologie (influence du Chan sur le néo-confucianisme) ainsi qu’en études mongoles et mandchoues à l’Université de Bonn. Ses principaux champs de recherche sont la préhistoire de la philosophie et de la mythologie, les origines de la civilisation chinoise et asiatique, ainsi que la mythologie et les traditions orales. Ses plus récentes publications : « Shamanic Epics and Mongolian Influences on the Lower Amur » (2002), « Shamanism and the oral traditions of Eurasia » (2004), « The Swan-Maiden motif in Eurasia » (2005) et « The Sou shen ji » (2006) ; ces trois derniers sont parus dans Enzyklopädie des Märchens.
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Mythe et philosophie à l'aube de la Chine impériale
Études sur le Huainan zi
Charles Le Blanc et Rémi Mathieu (dir.)
1992
La Chine imaginaire
Les Chinois vus par les Occidentaux de Marco Polo à nos jours
Jonathan D. Spence
2000