Chapitre 4. Le décalage entre attitudes et comportements en matière de protection de l'environnement
p. 79-89
Texte intégral
1Le texte qui suit s’appuie essentiellement sur une enquête menée en 1997 auprès de salariés d’entreprises industrielles françaises engagées dans la voie de la gestion environnementale1. Il se situe dans le cadre des recherches conduites en France sur la construction sociale de l’environnement et, notamment, celles visant à démontrer qu’il n’existe pas « une nature » unique pour tout le monde, qui ne soit pas d’abord vécue et pratiquée, en d’autres termes, médiatisée par l’expérience (Lascoumes, 1994 ; Rudolf, 1998). Notre objectif est ici de rendre compte du décalage entre attitudes et comportements à l’égard de l’environnement en milieu industriel et, plus précisément, d’établir la nature de la relation entre sensibilité et conscience environnementales d’une part et pratiques au quotidien d’autre part.
L'environnement, une construction sociale
2L’environnement est un objet encore en construction. Il relève d’une subjectivité sociale, avec une prise de conscience généralisée des problèmes qui le caractérisent. Pour chaque individu l’environnement est une construction subjective, faite de représentations, de valeurs, d’attitudes et de comportements qui varient considérablement en fonction des catégories d’acteurs concernés, avec leur socialisation et leurs expériences concrètes, ainsi qu’en fonction des contextes dans lesquels les acteurs agissent (Lascoumes, 1994). Au niveau collectif, l’environnement se caractérise par une prise de conscience généralisée qui unit les individus dans le même mouvement. Il prend place dans un ensemble de valeurs sociales renvoyant à un souci partagé et à une démarche collective, mais aussi à des intérêts individuels qui ne sont pas forcément tangibles ni matériels, ainsi qu'à des contraintes. Ces intérêts exigent une meilleure qualité de vie et la préservation de celle-ci dans le temps. Ils renvoient aussi à des contraintes, dans la mesure où la protection de l’environnement — en tant que démarche collective visant la préservation d’un bien commun — comporte peu d'implications utilitaires au niveau strictement individuel. Dans cet ensemble de valeurs, un effet de mode se mélange à une préoccupation véritable, des revendications sociales pas forcément structurées s’accompagnent de manifestations d’individualisme et de quête d’épanouissement personnel. Ces revendications ne sont pas toujours intimement ressenties ou partagées. Cela débouche sur des questions conflictuelles entre discours et action, bonnes intentions et vécu au quotidien, attitudes et comportements ou conscience et pratiques, entre sphère du privé et sphère sociale.
3Une attitude ambivalente caractérise le rapport à l’environnement. D’un côté on retrouve la reconnaissance d’un problème, les déclarations de valeurs, l’expression d’une sensibilité et le « désir d’agir » en faveur de la protection environnementale, de l’autre on retrouve le vécu au quotidien, qui ne reconnaît pas toujours, sur le plan pratique, la préoccupation pour l’environnement.
4En milieu industriel, comme ailleurs, cela peut se traduire par des écarts importants. Premièrement, un écart entre valeurs et comportements quotidiens, où les valeurs — ou plus précisément les déclarations de valeurs — vont dans le sens de la préoccupation partagée pour le sort de l’environnement2 et les comportements relèvent plutôt d’une attitude individualiste, qui n’intègre pas cette préoccupation sur le plan pratique et qui exprime plutôt une quête de confort, de non-implication, de maintien des pratiques habituelles. Deuxièmement, un autre écart se manifeste au niveau des conduites, selon qu'elles soient privées3 ou collectives. Plus précisément, il n’y a pas forcément de correspondance entre les comportements adoptés dans le contexte domestico-privé, dans lequel l’individu agit en tant que citoyen, consommateur-bénéficiaire d’environnement, et ceux qui sont adoptés dans le contexte professionnel, où le rapport à l’environnement est biaisé par l’interposition de l’entreprise. On concentrera ici notre attention sur le premier de ces écarts, celui entre valeurs et conduites au quotidien.
Conscience environnementale et sensibilité environnementale
Les relations entretenues avec les espaces et les ressources ont toujours été contradictoires, mêlant crainte et vénération, mise en valeur et anéantissement, contemplation esthétique et utilisation mécanique. Ainsi, la notion de « ressource naturelle » est exemplaire des confusions qui dominent les représentations communes. (Lascoumes, 1994, p. 10)
5Cette ambivalence, qui caractérise le rapport à l’environnement et qui est à la base de l’écart entre discours et conduites, peut s’expliquer par une différence importante, entre ce que l’on peut appeler conscience environnementale et sensibilité environnementale. La première, encore en construction, serait à la base des attitudes, des perceptions, des opinions à l’égard de l'environnement ; la seconde influencerait plutôt les comportements.
6Dans quel sens utilise-t-on ici les expressions : conscience environnementale et sensibilité environnementale ? Une première définition peut être construite à partir de ce que les mots conscience, sensibilité et environnement désignent dans le langage courant. Dans les dictionnaires de la langue française, on distingue une conscience psychologique d’une conscience morale, la première faisant référence à la faculté d’avoir une connaissance de soi ou d’un phénomène déterminé, l'autre faisant référence plutôt à la faculté ou au fait de porter des jugements de valeur morale sur ses actes. On utilisera ici le mot conscience dans le premier sens. Le mot sensibilité en revanche, fait référence à la propriété de l’être humain sensible, qui ressent vivement les choses et qui réagit par des sensations ; on distingue traditionnellement cette sensibilité de l'intelligence et de la volonté. On admet ici qu'elle soit aussi distinguée de la conscience. Le mot environnement, à son tour, ne désigne pas une réalité bien spécifiée ; il est défini comme le résultat d’une action : celle d’être autour. Résultat d'une construction progressive dans l’interaction entre le champ social et le champ scientifique, la notion d’environnement se caractérise, dans l’usage courant et savant, par une vaste polysémie (Godard, 1992). Ce terme est utilisé ici comme synonyme de nature, pour désigner le milieu biophysique, dans son implication écologique, autour de laquelle s’est construite la question environnementale.
7La théorie des représentations sociales (Doyse et Palmonari, 1986 ; Jodelet, 1989) et, en particulier, celle du noyau central (Abric, 1989 ; Flament, 1989) sont à la base de la distinction entre conscience et sensibilité environnementales. En effet, c’est à partir des représentations qu’ils se font de l’environnement, que les individus et les groupes agissent sur cet environnement.
8Selon D. Jodelet, tout rapport avec notre environnement est filtré, médiatisé, sur les plans de la perception, de l’interprétation et de l'action, par des représentations sociales. Celles-ci sont des formes de connaissance socialement élaborées et partagées, « ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1989, p. 36). Une représentation sociale désigne alors le mécanisme par lequel chacun de nous appréhende le réel, au sens large, et se le représente. Tout ce qui contribue à définir intellectuellement un individu participe à la construction de ses représentations sociales : son environnement idéologique et culturel, sa condition sociale, son degré de connaissance scientifique, sa vie privée et affective, etc. (Jodelet, 1989). Les représentations sociales sont donc le résultat d’un mélange complexe de nombreux et divers éléments qui participent à une activité de construction mentale et sociale du réel, permettant aux individus et aux groupes de s’ajuster à leur environnement matériel et social, de le maîtriser cognitivement et d’y orienter leur conduite. À ce titre, les représentation sociales interviennent comme des « versions » de la réalité et comme telles sont des grilles d’interprétation et des guides d’action.
9La théorie du noyau central, formulée par Abric et Flament à propos du fonctionnement des représentations sociales, est fondée sur l'hypothèse que toute représentation est composée d’un noyau central ainsi que d'éléments périphériques (Abric, 1989). « Ces schèmes périphériques assurent le fonctionnement quasi-instantané de la représentation comme grille de décryptage d’une situation » et permettent à la représentation de fonctionner économiquement, sans qu’il soit nécessaire, à chaque instant, d’analyser la situation par rapport au principe organisateur qu’est le noyau central (Abric, 1989, p. 209). Ainsi, le noyau central est « le principe organisateur » auquel on ne fait appel que rarement, alors que les éléments périphériques sont utilisés tous les jours. Cette théorie du noyau central sera utilisée ici pour représenter graphiquement la relation entre conscience et sensibilité environnementales (figure 1).
10Par ces postulats, l’expression conscience environnementale peut être utilisée pour désigner la production de l’environnement comme objet de préoccupation et de savoirs, « naïfs » ou « savants », propres aux représentations des agents ou des groupes sociaux. Cette conscience est le produit de notre expérience d’apprentissage de l’environnement, une structure interne en voie de construction ou d’évolution, que l'on acquiert par l’action de la culture, à travers l’accumulation d’instances de socialisation multiples, telles que l’école, le travail, les médias. Elle est tributaire d’une connaissance qui se construit et qui fonctionne de façon évolutive, par l’effet de facteurs externes à l’individu. Parmi ces facteurs, on retrouve les problèmes, les réactions des médias, les mouvements sociopolitiques surgis autour de la question environnementale, qui ont suscité des phénomènes de crise, des prises de conscience et des contestations. C’est donc en raison de l’influence de la société et de la culture que nous pouvons nous attendre à l’émergence de l'environnement en tant que grand thème de préoccupation, en d’autres termes, d’une conscience environnementale. On suppose donc que le souci environnemental s'est incorporé en tant que nouvel élément dans un réseau de catégories plus familières, plus ou moins proches de celle de l’environnement — c’est le processus d’ancrage dont parle Moscovici à propos des représentations sociales4. La conscience environnementale rend l’idée des perceptions et des conceptions que les acteurs sociaux élaborent à propos de l’environnement et de ses problèmes. Elle constitue la disposition à l’égard de l’environnement et sert donc de grille d’interprétation de ce dernier. Sur un plan pratique, elle se manifeste par une présence plus ou moins marquée du souci écologique dans certaines des représentations qui constituent le système cognitif de chacun. La présence de la dimension environnementale dans les représentations sociales pourra alors être considérée comme un indicateur de la conscience environnementale, et la fréquence de cette présence, c’est-à-dire le nombre d’apparitions que la dimension environnementale pourra faire dans les représentations, en signalera plutôt le degré d’amplitude.
11Les évocations qui définissent une catégorie et qui amènent à la construction d’une représentation sociale (pour les définir selon Abric et Flament (1989) : les éléments périphériques d’une RS) sont multiples et l’environnement peut être cité à des moments différents de ces évocations. Le fait que l’environnement soit plus ou moins évoqué est indicateur de l’intensité de la conscience environnementale.
12En revanche, le fait qu’il soit cité plus ou moins immédiatement, avant ou après d’autres évocations — qu’il soit, en d’autres termes, plus ou moins périphérique par rapport au noyau central de la représentation sociale — signale plutôt l’importance qu’il assume dans l’ensemble des représentations et, par conséquent, sa présence dans le système de valeurs de chacun. La proximité (ou la périphéricité) de la dimension environnementale au noyau central des représentations sociales est donc fonction des valeurs, et nous amène à parler, cette fois, de sensibilité environnementale.
13On retrouve donc une première différence entre conscience et sensibilité environnementales sur un plan opérationnel, au niveau des représentations : la conscience est désignée par la présence de la dimension environnementale dans le système de représentations, la sensibilité est désignée plutôt par la proximité de cette même dimension au noyau central des représentations (figure 1).
14Mais la grande différence réside dans le processus de formation. La conscience environnementale (ou disposition à l’égard de l’environnement), relève du processus d’apprentissage de la préoccupation pour l’environnement. Elle se construit donc sous l’influence de la société et de la culture, par l’effet de facteurs externes à l’individu, qui agissent sur son système cognitif et perceptif. Par ailleurs, la disposition à l’égard de l’environnement et son apprentissage sont médiatisés par des représentations (de l’environnement) qui mettent en jeu des valeurs et des conceptions d’ordre idéologique. Ce sont ces valeurs et idéologies qui sont à la base des choix et des engagements de gestion et de défense de l’environnement. Autrement dit, ce n’est pas la conscience mais plutôt les valeurs, qui sont à la base des conduites dites « environnementales ». Donc, si d’une part, la conscience environnementale rend l’idée des perceptions et des conceptions élaborées par les acteurs sociaux à propos de l'environnement et sert de grille d’interprétation de la réalité environnementale, il y aura d’autre part une autre façon de se positionner par rapport à cette même réalité sur la base de systèmes de valeurs, d'attitudes et de représentations liées à des positions idéologiques, qui, dans leur ensemble, serviront de grille d’action. C’est dans ce cas que l’on parlera de sensibilité environnementale.
15La théorie de l’habitus de Bourdieu (1980) peut nous servir de cadre théorique pour définir ce qu’on appelle ici sensibilité environnementale. Notamment, on retrouve dans les trois concepts d’intériorisation, d’habitus et d'ethos, certains éléments qui sont propres à la sensibilité environnementale. Lorsqu’il parle d’intériorisation, Bourdieu fait référence à des comportements et à des valeurs appris (ou intériorisés) au cours du processus de socialisation, de façon naturelle, quasi instinctive. Il définit ensuite l’habitus comme un système de dispositions durables acquis par l’individu au cours du processus de socialisation. Ces dispositions durables sont des attitudes à percevoir, sentir, faire et penser, intériorisées de façon naturelle par les individus du fait de leurs conditions objectives d’existence. Elles fonctionnent comme des principes inconscients d’action, de perception et de réflexion. Enfin, l'ethos désigne les principes ou les valeurs à l’état pratique, la forme intériorisée et non consciente de la morale qui règle la conduite quotidienne, les schèmes en actions, mais de manière inconsciente. Quatre éléments de cette analyse peuvent être retenus ici comme attributs de la sensibilité environnementale : les dispositions durables, l'intériorisation non consciente, les valeurs et la conduite quotidienne. Sur la base de la théorie de Bourdieu, on peut donc supposer que les valeurs et les comportements dépendent des dispositions durables et que la sensibilité environnementale peut être l’une de ces dispositions. Par conséquent, la sensibilité à l’environnement est le reflet de l’intériorisation de la valeur environnementale de façon non consciente, naturelle, quasi instinctive, par l’effet des conditions objectives d’existence. L’intégration de la sensibilité environnementale dans le système de dispositions durables se manifeste, sur un plan pratique, par l’adoption de conduites « environnementales ».
16L’enquête menée auprès des salariés industriels témoigne d’un déséquilibre entre conscience et sensibilité environnementales. Notamment, la conscience environnementale semble être plus développée que la sensibilité. L’environnement fait partie des représentations sociales les plus familières, entrant comme élément périphérique dans certaines des représentations les plus communes en milieu industriel, comme celles d’entreprise, du cadre de vie, de l’usage de la voiture, etc. (figure 1). Parallèlement, le nombre de salariés qui déclarent modifier leurs pratiques quotidiennes en fonction du souci environnemental est plutôt réduit. On n’a pratiquement pas retrouvé de cas où une faible conscience environnementale s’accompagne d'une forte sensibilité, c’est-à-dire, où des conduites environnementales fréquentes sont associées à une faible connaissance ou reconnaissance du problème. Bien au contraire, la reconnaissance du problème existe, mais la valeur environnementale, celle qui détermine les conduites environnementales, semble ne pas être suffisamment acquise pour que les personnes interrogées puissent orienter leurs comportements en fonction de cette valeur.
***
17Quelques éléments de compréhension se dégagent de l’analyse menée dans cette étude :
18au niveau de l’écart entre attitudes et comportements. Sensibilité exprimée et « désir d'agir » ne correspondent pas avec les conduites au quotidien. Lorsqu’il s’agit d’exprimer une opinion, ou de faire référence à l’environnement en sens abstrait et général, les salariés interrogés montrent leur adhésion à des positions qui sont, dans leurs représentations, valorisées dans le champ culturel. Lorsqu’il s’agit de se situer à un niveau concret de vécu quotidien et de conduites, les priorités immédiates sont privilégiées. L’environnement ne fait pas partie de ces priorités. Cet écart entre valeurs exprimées et conduites s’explique vraisemblablement par un autre écart : celui entre conscience et sensibilité environnementales.
19au niveau de l’écart entre conscience et sensibilité environnementales. (a) La conscience environnementale représente le produit de l'expérience d’apprentissage de la préoccupation environnementale. Elle émerge en raison de l’influence de la société et de la culture (au sens courant du terme) et est tributaire d’une connaissance qui se construit de façon évolutive grâce à l'accumulation d’instances de socialisations multiples, telles que l'école, le travail, les médias, les mouvements sociopolitiques, qui médiatisent l’approche à la question environnementale. Cette conscience désigne la reconnaissance d’un problème — celui de l’environnement — et peut être plus ou moins présente dans le système cognitif des agents sociaux. Elle se manifeste par une présence plus ou moins fréquente du souci écologique dans les représentations sociales de certaines catégories plus familières. La dimension environnementale sera alors évoquée parmi les éléments qui définissent ces catégories, (b) La sensibilité environnementale est le résultat de valeurs, attitudes et représentations acquises par l’individu en tant que dispositions durables. Elle s’insère au niveau de l'habitus primaire (Bourdieu, 1987), des dispositions les plus anciennement acquises, les plus durables, au niveau du premier programme inscrit chez l’individu, qui vont constituer la grille à travers laquelle ce dernier percevra ses expériences nouvelles. Par conséquent, la sensibilité environnementale est fonction des conditions objectives d'existence, de l’appartenance à un groupe plutôt qu’à un autre et exprime la présence de la valeur environnementale dans le système global de valeurs. Elle est donc à la base des comportements, des actions dites « environnementales ». Conscience et sensibilité peuvent être indépendantes.
20La figure 2 présente les espaces de la conscience et de la sensibilité environnementales tels qu'ils ont émergé dans l’enquête sur les salariés industriels : les éléments en entrée sont ceux dont conscience et sensibilité environnementales sont tributaires, les éléments en sortie représentent les facteurs sur lesquels la conscience et la sensibilité environnementales agissent à leur tour.
21Ces résultats nous conduisent à la conclusion que la protection de l’environnement est une valeur émergente de la morale consensuelle d’aujourd'hui, mais elle n’est pas encore complètement construite ni structurée. Cela débouche sur un écart entre une conscience environnementale relativement développée et une sensibilité encore en construction.
22L’environnement ne fait pas encore partie des intérêts primordiaux par rapport auxquels s’ordonnent les positions individuelles. La production de phénomènes de dégradation écologique à l’échelle planétaire, la succession de catastrophes d’origine industrielle, les alertes scientifiques, la mobilisation des médias et l’action-contestation des mouvements sociopolitiques ont sûrement eu un rôle non négligeable dans la construction de la conscience environnementale. Cependant, les comportements au quotidien restent encore plus ou moins étrangers à la protection de l’environnement, car la conscience du problème n’est pas suffisante à elle seule pour agir de façon significative au niveau de l’acquisition de valeurs, et donc de la détermination des conduites. En entreprise, le conflit entre valeurs et utilité est fort. Les valeurs sont exclues des objectifs de l’entreprise du fait de sa logique plutôt instrumentale. C’est dans les entreprises où la valeur environnementale commence à être suffisamment étayée que l’on a enregistré l’écart le moins important entre conscience et sensibilité, entre reconnaissance du problème environnemental et conduites « écologiques ».
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 L’enquête a été réalisée dans le cadre d’un projet pilote de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), qui avait pour but de suivre un échantillon d’entreprises de la région PACA dans la mise en place d’un système de gestion environnementale. Cette mise en place devait se faire selon une méthode — élaborée par l’ADEME — dénommée Plan Environnement Entreprise (PPE). Les entreprises approchées, au nombre de six, sont pour la plupart des PMI et appartiennent au secteur privé. Elles sont concernées par la directive européenne dite « Seveso », il s’agit donc d’installations classées pour la protection de l’environnement (c’est-à-dire, à risque pour l’environnement et les riverains).
2 Convient-il de préciser que les informations présentées ici à propos des discours sur l’environnement sont issues de données déclaratives, factuellement non vérifiées et peut-être en partie surévaluées par les personnes interrogées pour exprimer une conformité sociale. Il sera donc opportun de les relativiser.
3 On emploie ici le terme « privées » pour désigner des pratiques réalisées à l’extérieur du monde du travail. Il s’agit de pratiques domestiques et d’autres pratiques publiques — comme l’usage de la voiture — qui se détachent de celles de l’entreprise.
4 « Le processus d’ancrage consiste en l’incorporation de nouveaux éléments de savoir dans un réseau de catégories plus familières », S. Moscovici, La psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF, 1961, citation de W. Doyse, A. Clemence et F. Lorenzi-Cioldi (1992), p. 14.
Auteur
Doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris), Laura Draetta a étudié la sociologie en Italie et en France et la gestion publique de l’environnement en Belgique. Elle a travaillé sur les représentations et les pratiques de l’environnement en milieu agropastoral, en Italie et en milieu industriel en France. Ses recherches actuelles portent sur la dynamique d’internalisation de l’environnement dans l’entreprise industrielle.
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