Mythologie huronne et wyandotte
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Deuxième partie. Contes populaires
p. 141-217
Extrait
(A) LE FRIPON1 ET LES HÉROS
LIII. Le fripon et la vieille sorcière2 (Première version)
1Un homme voyageait. C’était un fripon”3. Quand il vit la vieille sorcière arriver au loin, il tira sur ses cheveux. Wu’ ! ils devinrent aussitôt longs et beaux. Fripon et la Sorcière se rencontrèrent, Elle demanda : « Commen t as-tu réussi à avoir de si longs et de si fins cheveux ? » « C’est très simple, répondit-il, d’abord, je cherche un arbre recourbé ; et plus je veux avoir les cheveux longs, plus je les attache haut sur le tronc. Et ensuite je saute. »
2Ils ne s’étaient pas plus tôt quittés, que la vieille sorcière se mit à la recherche d’un arbre au tronc penché. Elle monta à l’arbre, attacha fermement ses cheveux au tronc et puis sauta.
3La première chose dont elle se rendit compte, quand elle reprit conscience, fut qu’elle était restée étendue sans connaissance [sur le sol]. Une buse qui tournoyait au dessus d’elle, faillit s’emparer du scalp qui pendait dans l’arbre. Et elle avait vo
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Mythologie huronne et wyandotte
Charles Marius Barbeau Pierre Beaucage (dir.) Stéphane Dupont (trad.)
2017
Mythologie huronne et wyandotte
Charles Marius Barbeau Pierre Beaucage (dir.) Stéphane Dupont (trad.)
2017
Accès limité
1 N. D. T. : nous avons systématiquement traduit le terme anglais trickster par « fripon », suivant en cela Paul Radin, entre autres.
2 Recueilli en langue autochtone en juillet 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Allen Johnson.
3 sayuwerõs : encore-il à-quelqu’un-joue-un-tour eu triche.
4 D’après A. C. Parker, « la salive est un charme puissant, dans la mythologie iroquoise ».
5 Note de l’éditeur : les hirondelles (Hirundo spp.).
6 Ce passage obscur paraît n’être qu’un fragment. L’épisode au complet fut recueilli par Leland, chez les Algonquins de l’Est, où on le disait d’origine sénéca :
« Il [Lox, le fripon] entra dans le village proche de là et donna le signal habituel de celui qui a des nouvelles. Les coureurs sortirent à sa rencontre ; les chefs et les gens se rassemblèrent tous, faisant une double haie sur un long bout du chemin. Ils demandèrent : “Quelles nouvelles apportes-tu ?”
Il répondit : “Je viens d’un village frappé par un grand malheur. Une épidémie a rendu visite aux gens. Le guérisseur ne pouvait pas guérir les malades ; jusqu’à mon arrivée, il n’y avait aucun remède ; la tribu diminuait. Mais je leur ai indiqué le remède, et maintenant ils vont mieux. Je Suis venu vous dire de vous préparer à l’épidémie ; elle sera bientôt là ; elle vole comme le vent, et il n’y a qu’un seul remède.”
“Quel est-il ? Quel est-il ? Quel est-il ?” l’interrompirent les gens.
Il répondit : “Chaque homme doit serrer dans ses bras la femme qui est à côté de lui à l’instant même ; embrassez-la, vite, immédiatement.”
Ils firent ainsi sur-le-champ, lui comme les autres.
Alors qu’il partait, un vieil homme vint à lui et murmura : “Vas-tu refaire la même chose au prochain village ? Si c’est le cas, j’aimerais bien être à proximité. Moi, je n’ai pas réussi à avoir une fille ici. Celle vers laquelle je me dirigeais m’a évité en disant qu’elle préférait l’épidémie, ou même la mort, plutôt que de me laisser l’embrasser. L’opération va-t-elle se répéter ?”
Joueur-de-Tours dit que tel serait le cas, vers le milieu de la matinée du lendemain.
“Alors je vais me mettre en route maintenant, dit le vieil homme, car je suis boiteux et il me faudra toute la nuit pour me rendre là-bas.”
Il se dépêcha donc et entra dans le village au lever du jour. Il trouva un wigwam auprès duquel plusieurs jeunes indiennes très belles écrasaient du maïs dans un énorme mortier de bois. Il s’assit parmi elles. Il pouvait à peine détacher d’elles ses yeux, tant elles étaient charmantes, et elles s’étonnèrent de son comportement étrange.
Il parla avec elles et dit ; “Mes paupières battent, et c’est un signe que de grandes et étranges nouvelles vont bientôt être révélées à cette tribu. Écoute !” Et il s’approcha de celle qu’il admirait le plus ; “N’as-tu pas entendu un signal ?”
“Non !”, répondirent-elles.
Le vieil homme devint très mal à l’aise. Soudain, les filles laissèrent tomber leurs pilons à maïs. On entendit une voix au loin ; les coureurs se levèrent d’un bond et filèrent, tandis que les gens et les chefs se portaient à leur rencontre. S’avancèrent également les jeunes filles et le vieil homme, qui prenait bien soin de se tenir près de son élue, de façon à appliquer le remède à l’épidémie sans perdre de temps, dès que Joueur-de-tours donnerait le signal. Il n’allait pas laisser se perdre une vie s’il pouvait l’éviter.
L’étranger raconta son histoire comme dans l’autre village. Les gens s’excitaient beaucoup. Ils le suppliaient de leur indiquer le remède et le vieux célibataire s’approcha encore plus de la jeune fille.
“Le seul remède à l’épidémie, c’est que chaque femme assomme l’homme qui est le plus près d’elle.”
Les femmes commencèrent à frapper et Je premier à tomber fut notre vieux garçon, Joueur-de-tours attendit seulement que tout le village fut impliqué dans une bagarre générale féroce, avec les ongles et les dents, les tomahawks et les couteaux à scalper, puis il s’enfuit à toutes jambes pour trouver un autre village. Alors les gens se rendirent compte qu’ils venaient de se faire jouer et dirent, comme on le fait souvent en pareille occasion ; “Ah ! si on tenait Ce coquin, comment on le ferait payer, hein !” »
(The Algonquin Legends of New England, de C. G. Leland, pp. 197-199. N. D. T. ; notre traduction.)
7 Recueilli en anglais en novembre 1911 à Wyandotte, Oklahoma. Informateur, B. N. O. Walker. M. Walker affirma que, dans son enfance, il avait souvent entendu ce conte, qui s’étendait sur plusieurs jours, raconté par sa tante Kitty Greyeyes, qui venait à l’origine d’Amherstburg, Ontario.
8 Ce conte fut recueilli avant la version obtenue en langue autochtone de Mme Catherine Johnson, « Le fripon et la vieille sorcière », voir LIII. La version de Mme Johnson est manifestement moins logique que celle de M. Walker, mais plus conforme aux récits indiens,
9 Le même épisode se retrouve dans la version de Mme Catherine Johnson (voir LIII).
10 Recueilli en anglais en septembre 1911 à Seneca, Missouri. Informatrice, Mme Isaiah Walter, alors âgée de plus de quatre-vingts ans. Elle est née près d’Amberstburg, Ontario.
11 Sayuwerõ : encore-il à quelqu’un-joue des tours.
12 Ceci n’est qu’une référence à l’épisode des prunes sauvages et des yeux, qui est donné en entier dans une autre version du même conte, « Le fripon et la vieille sorcière », LIII.
13 Les Wyandottes avaient coutume de tresser de l’écorce (vraisemblablement de tilleul) pour en faire des bandes étroites ou des courroies. Le panier de portage, que Ton portait d’habitude sur le dos, était accroché aux extrémités de la courroie qui était alors passée autour du front.
14 Il semble qu’elle ait été cannibale.
15 Cet épisode semble avoir été inspiré par un épisode semblable des Mille et Une Nuits {le vieil homme dans « Sindbad le Marin »).
16 Prétendre trouver plaisir à un traitement qui est en fait douloureux et qui blesse pour y mettre un tenue est un procédé courant dans la mythologie nord-américaine. On en trouve d’autres exemples chez les Winnebagos et les Ojibwés, d’après Paul Radin ; chez les Micmacs et les Penobscots, selon Leland ; et cher les Iroquois, voir « Le mythe de la Grande Tortue », XIII.
17 Il ne fait aucun doute que cet épisode n’est pas relaté en entier.
18 Lin formatrice admit que sa mémoire lui faisait ici défaut.
19 Il semble qu’à l’origine, ce conte avait de nombreux épisodes.
20 À une autre reprise, Mme Isaiah Johnson décrivit la femme monstre, Stõmatsea, de la façon suivante : * J’avais très peur d’elle quand j’étais petite. Quand nous étions à la cabane à sucre, au printemps, ma mère me disait de ne pas m’éloigner ou la Stõmatsea m’attraperait. Ce monstre était une femme qui volait les enfants et les mangeait. Elle les mettait dans un grand panier qu’elle portait sur le dos. Les mains des enfants qu’elle avait dévorés étaient accrochées tout autour du panier. On me disait qu’elle vivait dans un grand trou rempli d’eau, dans les racines d’un grand arbre déraciné qui s’élevaient très haut. Bien que je ne l’aie jamais vue, j’avais très peur d’elle malgré tout. »
21 Recueilli en langue autochtone en juin 1912 à Wyandotte, Oklahoma, Informatrice ; Catherine Johnson ; interprète : Henry Stand, La traduction fut ensuite révisée par Allen Johnson. Mme Johnson avait entendu raconter cette histoire par son père, John Coon, Dataẽs, du clan du Porc-épic
22 Une autre interprétation possible serait que le chasseur ait en fait tué l’ours. Cette interprétation ne s’accorderait cependant pas avec le texte et les interprètes h rejettent aussi.
23 D’après une coutume d’autrefois, un chasseur devait abandonner son gibier à quiconque le voyait avant qu’il ne l’ait entièrement dépecé. À la remarque consacrée : « J’ai découvert ton visage », le chasseur répondait : « Prends ce gibier, ii est à toi. » Aucun chasseur qui se respectait n’aurait, jusqu’à il y a une quarantaine d’années, transgressé cette règle, car il aurait attiré sur lui la malchance, pour ne pas mentionner la revanche des solliciteurs. Informateurs : H. Stand et Catherine Johnson.
24 Son frère s’était réfugié dans un arbre.
25 Ce détail ne figure pas dans le texte de Catherine Johnson, Allen Johnson se rappelait cependant que James Armstrong avait coutume de dire que la vieille sorcière avait une plume avec laquelle elle chatouillait le gosier de Tatẽria, le faisant ainsi vomir,
26 Il s’agit apparemment d’un gourdin sur lequel un lion [puma] était sculpté (d’après l’opinion d’Allen Johnson).
27 Il semble que sa voix ait percé son cœur après qu’il eut « jeté sa voix dans son « sut » pendant un certain temps (selon l’opinion d’Allen Johnson).
28 « Lui qui agite le bol ».
29 huki’ : il-a des pouvoirs.
30 ahat’ekicrõgya’, il-lui-même-médecine-fit.
31 « Celui qu’il trouva » dans les bois : ahuwaturehã’, il-quelqu’un ou une personne-trouve,
32 Cet épisode implique clairement une brève retraite dans les bois et l’apparition du manitou personnel, avant certains événements importants dans la vie des autochtones.
33 Des bécasses [Scolopax minor, note de l’éditeur], selon H. Stand ; Allen Johnson, cependant, ne croit pas que c’étaient des bécasses. Le nom signifie » là il a l’habitude de picoter la boue ».
34 Dans le Jeu de noyaux de prunes des Iroquois de 1’Oklahoma, on utilise six noyaux de prunes sauvages (souvent remplacés de nos jours par des noyaux de pèches) dont un des côtés est de couleur naturelle et l’autre de couleur sombre. Ces noyaux sont brassés dans un bol de bois, généralement creusé dans un nœud d’érable, et lancés sur une couverture étendue au sol. Les lancers gagnants sont ceux où soit le côté « blanc » (ou de couleur naturelle), soit le côté sombre de tous les noyaux est sur le dessus.
35 Autrefois, un joueur de noyaux professionnel devait porter accroché à son cou le bol de bois qu’il utilisait pour jouer, (Informateur Allen Johnson.)
36 Le sorcier n’a pas pu marquer de point. « Il l’a manqué ! Il ne l’a pas tué (c’est-à-dire il n’a pas marqué de point) » : ce sont des vantardises qu’on entend couramment dans les parties de noyaux iroquoises chaque fois que l’adversaire ne réussit pas à marquer de point. Les adversaires se moquent sans cesse l’un de l’autre pendant la partie.
37 Tatẽria, au lieu des noyaux de prunes, utilisa les yeux de bécasses qu’il s’était procuré grâce à son manitou.
38 Le joueur qui marque un point gagne automatiquement le droit de lancer une nouvelle fois avant le tour de son adversaire.
39 Fumer.
40 Pour les contes populaires recueillis par des auteurs antérieurs, voir Annexes, XXXIII, « The Big Dog », par W. E. Connelley ; XXXIVb, « The Great Serpent and Wolverene », par sir J. M. LeMoine ; XXXV, « The Fox and the Raccoon », par B. N. O. Walker ; XXXVI, « The Lazy Hunter Who Wished to Get Mamed » ; et XXXVII, « The Tattler »,
41 Recueilli en anglais à Wyandotte, Oklahoma, en novembre 1911 ; informateur, B. N. O. Walker. M. Walker affirma que ce conte lui était souvent raconté par sa tante Kitty Greveyes, une vieille Wyandotte canadienne. Après avoir conté l’épisode dans lequel Renard attrape des oies, les fait rôtir, et a la main attachée entre les branches d’un arbre, M. Walker fit remarquer qu’il avait entendu une partie de cet épisode, racontée par des garçons shawnees, quand il était jeune. M. Walker ajouta que » selon (feu) Mlle Mary McKee, Dukie McGuire (Clarke, de son nom déjeuné fille), d’Anderdon, Ontario, avait l’habitude de raconter cette histoire que des anciens lui avaient apprise quand elle était enfant, longtemps auparavant. M. Walker a publié, sous son nom wyandorte (Hentoh), une version littéraire de ce conte dans l’Indian School Journal. Un épisode, qu’il a oublié de relater ici, a été incorporé en annexe dans sa version révisée, no XXXVI.
42 Vraisemblablement emprunté au folklore européen. D’après A. Skinner, « les Menominis croyaient que c’était une mauvaise médecine de rapporter ses rêves le matin avant de manger ».
43 Il s’agit des trous que font les mammifères aquatiques pour respirer â travers la glace. (N. D. T)
44 Terme wendat usuel pour désigner un messager chargé de porter des invitations à un festin.
45 À une autre reprise, M. Walker donna de cet épisode la version suivante : « La main de Vieux Raton laveur était coincée en haut de l’arbre. Il resta accroché là jusqu’à ce qu’il sot mort. Tous ses poils et toutes ses chairs tombèrent au sol et il ne restait plus dans l’arbre que son squelette. Un jour, quelqu’un se trouva à passer juste en dessous de l’arbre. Comme le vent soufflait, on pouvait entendre les os de Raton laveur cliqueter étrangement. [Ours ?] leva les yeux et s’exclama : “Ha ! ha C’est donc là que tu étais pendant tout ce temps ! Eh bien, je pense que je ferais mieux de t’aider à descendre.” [Ours] grimpa dans l’arbre, dégagea le squelette de Raton laveur et le laissa tomber. Vieux Raton laveur revint alors à la vie. Et les deux amis partirent ensemble. C’est ce que me racontait tante Kitty Greyeyes, au printemps, quand nous allions faire le sucre d’érable. » Mme Mary McKee ajouta que Ours disait « oncle » à Raton laveur.
46 La phrase entre crochets ne se trouve que dans « Indian Stories.., racontées par Hen-toh.
47 Apparemment b bécasse (Srotopax minor).
48 Version fragmentaire obtenue de Mlle Mary McKee, d’Amherstburg, comté d’Essex en Ontario, en juillet 1911. L’informatrice affirma qu’elle avait souvent entendu cette histoire racontée par sa famille et aussi par Kitty Greyeyes.
49 Mlle McKee ajouta que Castor « ait l’oncle de Raton laveur.
50 Skecu’ : renard ; tirõ’ :raton laveur.
51 Épisode donné plus complètement dans la version de B. N. O. Walker voir « Le cycle du renard et du raton laveur », LVII).
52 Épisode incomplet, qui se trouve lui aussi en entier dans la version de M. Walker,
53 L’épisode des écrevisses ne se trouve pas ici dans le même Ordre que dans la version de M. Walker. Bien qu’on puisse attribuer ceci à un manque de mémoire, on peut remarquer que même dans une même tribu, de telles séries de tours sont parfois arrangées dans un ordre diffèrent.
54 Ici, l’informatrice éclata de rire, omettant apparemment quelque détail amusant,
55 Il est intéressant de comparer l’épisode ci-dessus avec celui qui lui correspond dans la version de M. Walker.
56 Recueilli en anglais en novembre 1911, à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Mary Kelley. Mme Johnson affirma que c’était un des récits de feu Mẽdadiñõt’s (Jos, Williams), On peut remarquer qu’en dépit du fait que ce cycle de tours joué à Loup par Raton laveur correspond grossièrement au séries obtenues de B. N. O. Walker (Le cycle du renard et du raton laveur, LVII), il provient d’une source différente et inclut trois incidents différents,
57 Dans les versions de M. Walker et de Mlle Mary McKee, il s’agit d’un renard au lieu d’un loup.
58 Ceci signifie que le trou à eau a été creusé tiares la glace par l’homme, pour tirer de l’eau. L’explication donnée dans la version de M. Walker est apparemment différente.
59 Les deux épisodes qui suivent ne figurent pas dans la version de M, Walker, Leur contenu indique qu’ils sont postérieurs à l’acquisition de bétail par les Indiens ou qu’ils ont été carrément empruntés.
60 satratakwa’ : boucanerie.
61 Cet incident semble être dérivé du thème d’une fable européenne faisant partie du recueil de La Fontaine (« La belette entrée dans un grenier » ; voir aussi les fables d’Ésope et Horace, Épines, Livre I, VII).
62 L’informatrice n’était pas sûre que c’était un taureau.
63 Ce itérait que le reflet de Raton laveur dans l’eau.
64 Cet épisode figure dans la version de M. Walker (LVII).
65 L’informatrice ajouta, en conclus ion : « C’est ce que racontait Jos, Williams. »
66 Recueilli en anglais en juin 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informateur, Allen Johnson, Johnson attribue cette version du cycle du Loup et du Raton laveur à James Armstrong et à sa mère, Catherine Johnson.
67 Même épisode que dans la version de Catherine Johnson (LIX).
68 La version de M. Walker mentionne un trou à eau dans la glace, à un endroit où l’eau coule très rapidement. Dans les versions de Catherine Johnson et d’Allen Johnson, d’un autre côté, Loup plonge sa queue dans un trou creusé par un homme dans la glace pour puiser de l’eau, Qui plus est, la version de M. Walker dit que Raton laveur avait attrapé des écrevisses au lieu de poissons.
69 Cet épisode figure aussi dans la version de M. Walker, « Le cycle (lu renard et du raton laveur » (LVII) et dans telle de Mme C. Johnson, « Le loup et le raton laveur » (LIX).
70 L’épisode ci-dessus était légèrement différent dans la version de James Armstrong, selon Allen Johnson. Voici ce qu’elle disait :
« Quand Loup arriva au pied de l’arbre où Raton laveur était grimpé, il rongeait un os et essayait de le casser pour sucer la moelle, Son cousin s’offrit à casser l’os pour lui. Loup était tellement innocent et paresseux qu’il passa l’os à Raton laveur, lui demandant de laisser tomber la moelle dans sa gueule grande ouverte. Raton laveur cassa l’os, suça la moelle et lui déféqua dessus, faisant des commentaires sur les mérites de son cousin, Quand ce fut fini, il sauta dans l’eau et s’éloigna à la nage. Pour essayer de le rattraper, Loup fit de même ; mais c’était un piètre nageur et il ne put suivre son astucieux cousin. »
71 Allen Johnson employa l’expression such a rustier.
72 Ce dernier épisode est très différent de celui sur lequel se termine la version de Mme C. Johnson.
73 Recueilli en langue autochtone en juillet 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Allen Johnson, Mme Johnson affirma qu’elle avait appris cette histoire de Fonde de sa mère, Teyã’dakwasẽ’, du clan du Cerf.
74 dehã’ndawa’ : que-il-est doux, comme du coton ou comme de la laine.
75 Information donnée par la principale informatrice après que le texte eut été recueilli.
76 En fait, la vieille sorcière voulait que ses filles fassent l’amour à Cerf, qu’elle décrivait comme “Laineux”. Hibou, quand les jeunes femmes l’interrogèrent à propos de la maison de Laineux, les trompa intentionnellement en leur disant qu’il était celui-là même qu’elles recherchaient.
77 deyuku’ : le hibou.
78 Hibou avait pour rôle de se rendre aux danses. L’apostrophe ci-dessus n’est qu’une des nombreuses invitations, laconiques autant que cérémonieuses, qu’il recevait.
79 tututaõkwẽndiba’ : là à-les deux-quelqu’un à lui-de la voix-donna, éleva ; ce qui signifie « lui transmit l’invitation ».
80 yaadkwa’ : tambour creusé. Cette sorte de tambour est maintenant appelée dans certaines bandes iroquoises le « tambour à eau ». Un peau séchée — de préférence celle d’une marmotte (Marmota monax) — est de nos jours tendue à l’extrémité ouverte d’un tonnelet à poudre. On verse de l’eau dans le tonnelet pour que la peau tendue, qui produit le son désiré, continue de vibrer.
81 Mme Johnson affirma que les animaux avaient coutume de danser sur le corps du hibou. Les pieds des danseurs sur sa peau faisaient un bruit semblable à celui que l’on obtient en frappant un tambour à eau,
82 Eu ce que leur fourrure avait la même douceur.
83 Le pronom indéfini est utilisé ici ; ce qui laisse un doute quant à savoir si la personne apportant l’invitation était un homme ou une femme, comme les fois précédentes.
84 mãkõcutadiha’ : quelqu-un-son propre-visage-montre ou son propre bâton : ce qui veut dire « quelqu’un [l’]invita ».
85 Probablement le lynx bai (Felix rufus), propre aux régions méridionales du Canada [note de l’éditeur],
86 d*ehihi ; le grand-duc (Bubo virginianus).
87 C’est-à-dire inviter,
88 Dont L’identité a été oubliée.
89 Il fait allusion à la ruse de Grand-duc.
90 Recueilli en langue autochtone et sur cylindre (enregistrement phonographique nos III.H.153a et b) en juillet 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Mme Catherine Johnson ; interprète, Allen Johnson. Mme Johnson affirma que Mary (Gatoã, « qui court après »), du dan de l’Ours, avait coutume de raconter ce récit.
91 Ce récit commence abruptement par la chanson de Loup. Loup appelle le passeur, Lièvre, depuis l’autre Côté de la rivière. Lièvre répond sur un ton monotone, mais qui ressemble à un chant ; et les dernières syllabes, skẽnẽ’, sont prononcées avec emphase :
92 Enregistrements phonographiques nos III.H.153 a et b.
93 Informatrice, Mary Kelley ; recueilli en anglais en novembre 1911 à Wyandotte, Oklahoma.
94 yatamãka’.
95 yaadihatẽntsi.
96 L’informatrice appréciait visiblement cette manifestation de l’humour d’Ours et de Lièvre.
97 Recueilli en anglais en juin 1911 à Amheristburg, comté d’Essex, Ontario ; informatrice : Mary McKee. Mlle McKee affirma que toutes les vieilles Wyandottes connaissaient cette fable,
98 L’informatrice se souvenait que la fable était plus longue. Sa mémoire lui faisait cependant défaut quant au reste de l’histoire. Ce récit rappelle fortement la fable de La Fontaine : « La cigale et la fourmi ».
99 Recueilli en anglais en août 1912 à Amherstburg. Informatrice, Mary MeKee.
100 On peut trouver une version plus complète de cette fable européenne dans Canadian Catholic Readers, Second Reader, Toronto, n° XXXI, « Don’t crow till you are out of the woods ».
101 Recueilli en langue autochtone en juillet 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, H. Stand. Traduction révisée avec Allen Johnson,
102 yaducra’ terme ancien pour « robe de peau » (Allen Johnson).
103 Qui ressemble, d’après Allen Johnson, à la poule des prairies [Tympanuchus spp., note de l’éditeur].
104 Kwẽkwẽkwẽ, un oiseau à tête rouge, au corps noir et au cou cerclé d’anneaux blancs. Ce nom vient de son cri (Allen Johnson). [N. D. X : comme dans le conte LVII, M. Barbeau emploie le mot anglais woodcock, la bécasse (Scolopax minor). Cependant la description d’A. Johnson correspond plutôt au chevalier combattant (Philomachus pugnax).]
105 H. D. T. : M. Barbeau emploie ici le mot anglais grouse (Dendragapus sp.).
106 L’explication entre crochets a été fournie par Allen Johnson.
107 Ceci ne fait pas référence à un rêve ordinaire, mais à un autre genre de rêve grâce auquel un sorcier pouvait obtenir des résultats magiques bien précis.
108 On suppose qu’il s’agit de Celui-au-ventre-nu.
109 huta’aawi’a, il a l’habitude de dormir. C’était un uki. Allen Johnson pensait qu’il pouvait s’agir de la marmotte [Marmotta monax, note de l’éditeur].
110 Un autre uki, sans doute la guipe ou l’abeille, d’après Alleu Johnson.
111 Tehuñẽhajuuke : ses-doubles-franges-dans-l’eau-flottent, un manitou, apparemment un monstre qui habitait dans l’eau et dont les jambes étaient couvertes de longs poils.
112 õmẽtsate : il-terre-est toujours.
113 haaducrisa’ : il frappe la carapace,
114 ahunõt natraaskwijuundi : il (à) lui-donna la bonne-chance, ou le (rêve) bon : que les interprètes traduisirent par « la bonne chance· (H. Stand) et « le pouvoir magique » (A. Johnson).
115 Recueilli en langue autochtone en juillet 1912 à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Allen Johnson. Ce récit, d’après Mme Johnson, était un de ceux que feu Mẽndadiñõt avait coutume de raconter.
116 Les nombreux épisodes de ce irai ont été inspires par le fonds de contes canadiens-français, et des extraits de nombre d’entre eux sont ici mélangés, On trouve plusieurs de ces épisodes dans Legends of the Micmacs de Rand (voir LXXI, « A Wonderful Bull’s Hide Belt », pp. 369 et suiv. ; et LXXIV, « Wegooaskunoogwejit and His Wonderful Hen », pp. 383 et suiv.) de même que dans Maliseet Tales, I, Noël, de W. B. Mechling, journal of American Folk-Lore, Vol. XXVI, 1913, no CI, pp, 219 et suiv.
117 Ajout de l’interprète, Allen Johnson.
118 Les bousiers, de leur nom populaire, sont des scarabées (de la famille des Scarabidées). L’interprète Allen Johnson rapporta que ces insectes, qu’on voit généralement par deux, pondent leurs œufs dans les crottes d’animaux. On les voit souvent faite rouler les crottes jusqu’à un lieu convenant à leurs desseins ; de là vient leur nom populaire anglais de tumbling bugs [insectes culbuteurs, N. D. T.].
119 detsuugyatẽ’ã ; le-son-doigt (anneau) a-dessus, qui est le nom descriptif donné à la souris.
120 yarẽsuyaata’ ; nom donné à un instrument de musique se composant d’un arc et d’une corde (ou de plusieurs· ?) ; yarẽsa’ : « corde d’un arc » ; uyaati’ : « cela frotte » ou « est frotté » (en wyandotte). On donne de nos jours le même nom au violon (informateur : Allen Johnson).
121 dekurakuwa’ : « la personne riche ou importante » est l’expression employée ici et dans les cas précédents.
122 Le conte de Tawidia (en toutes lettres : tuñẽtawi’dia) et son oncle fut recueilli en 1911-1912 avec comme informatrice Catherine Johnson, à Wyandotte, Oklahoma. En novembre 1911, la première partie (c’est-à-dire jusqu’au moment où fonde envoie Tawidia porter des invitations au festin) fut notée en anglais avec comme interprètes Mary Kelley et, surtout, Eldredge Brown. Le travail des interprètes était si peu satisfaisant, à cause des complexités inhérentes, que nous avons jugé plus satisfaisant de recueillir le reste en wyandotte et sous forme de texte. Cette partie du texte fut traduite par E. Brown et M. Kelley. En avril 1912, Catherine Johnson termina le texte de cette première partie et M. Kelley le traduisit, Par la suite, le texte en entier fût révisé et traduit avec l’aide d’Allen Johnson. M. A. C. Parker a recueilli une version similaire (1905-1906) chez les Sénécas de l’État de New York. Ses informateurs furent Mme Au relia Miller, Ed. Complanter et une autre personne iroquoise,
123 Dans une version sénéca, recueillie par M. Parker, la phrase équivalente est : « Je laissais les ongles de mes doigts dans l’arbre à ours [que j’avais trouvé], »... [Alors son neveu] « arracha un de ses ongles et le planta dans l’écorce, En rentrant, il dit : “Ça fait très mal, je n’ai pu laisser qu’un seul de mes ongles.” »
124 L’oncle, selon M, Parker, dit : « Je faisais une marque pour pouvoir remettre la main dessus après. Va jeter un œil sur cet arbre. » [Al ors son neveu] s’arracha un œil, le laissa là et revint. « Fou ! dit fonde, je voulais seulement que tu examines l’arbre et l’endroit où il se trouve pout t’en souvenir quand tu le reverrais. »
125 Il est sous-entendu ici que l’hiver, les ours vivent dans un arbre creux dont le haut est brisé, laissant ainsi une ouverture dans le haut.
126 Ce passage est conforme à la façon dont les Wyandottes chassaient l’ours en hiver. Quand un chasseur avait trouvé un arbre creux griffé par un ours, il appelait à la rescousse plusieurs amis et revenait avec eux à l’arbre de l’ours. Ils abattaient un arbre proche de celui où se trouvait Tours, afin que le chasseur puisse grimper et effrayer l’ours pour le faire sortir de sa tanière, en général en lançant quelque chose dans le creux de l’arbre. L’ours était alors abattu par les chasseurs dès sa sortie de l’arbre,
127 On retrouve la même chose dans les versions seneca et onondaga, d’après A, C. Parker.
128 teye’edatõkwadi : (sur) les deux (côtés) -je-les flèches-ai-planté autour ou au travers.
129 En sénéca, selon Parker, l’oncle dit : « Fais bouillir la porte, rôtir la hache et cuire le tomahawk » (la hache, la porte, etc., étaient les noms d’organes).
130 Quand son oncle a dit -yi’kara, un vieux terme pour « longe » (eskikaruhu : veux-tu-longecuire), le neveu a compris -’karya- (dehukajamẽ : qui-pagne-a), ce qui veut dire « pagne » ; au lieu de -yaacra-, « suif », eskaacrõntas : veux-tu-suif-griller [Mary Kelley avait traduit : « le fondu »], il avait entendu -a’acra-, « hache » (nahuucrõ’ntas : que-sa-hache-rôtisse) ; qui plus est, il avait pris le vieux terme [nõ]’kwẽta’, « boulettes de maïs grillé », (eceyakwẽtuhu veux-tuboulettes de maïs-cuire), pour le terme actuel yakwẽ’eta’, qui veut dire « petites boules de bois ». Une autre source de confusion pour Tawidia, selon une des explications, est que [d]utuyẽ, « le suif », ressemble à atuyẽ (une autre racine pour « hache »] ou [hu]tuyẽ[â], « sa hache*. Les Wyandottes avaient autrefois l’habitude de moudre le maïs — comme le font encore certains vieux — en une farine grossière, de la faire griller avec d’autres ingrédients, puis d’en faire des boulettes pour la conserver. Ces boulettes, appelées aujourd’hui utẽ*e, s’appelaient autrefois nõkwẽ*eta’. (Ce terme et plusieurs autres proviennent d’Eldredge Brown, après consultation avec Catherine Johnson, la principale informatrice.)
131 eskatejacu’ta : dois-tu-craindre que.
132 Il avait en fait compris kasatejacute, là-toi-ton-bras-passe à travers, La vieille racine verbale jacuta, « craindre », ressemble àjacutẽ’, « passer le bras à travers ».
133 Dans la version sénéca de Parker, « le neveu saute et ressaute par-dessus la hache de pierre qui grille à la broche, s’écriant Hat’gai-i-i’, comme si la chaleur le cinglait ».
134 Que les informateurs appelèrent « gruau lessivé à la chaux ». Le maïs est d’abord concassé avec un pilon dans un grand mortier en bois, puis il est mis à tremper dans de ta chaux pour dissoudre l’enveloppe et enfin il est mis dans des tamis profonds et rincé à l’eau courante.
135 asakõcutas : toi-ton-visage-fait voir ou présente ; « va inviter ».
136 nehati’durõñõ’ : qu’-ils-sont-hauts-plusieurs. La racine -da’- semble être la racine archaïque voulant dire « chefs » ou « qui ont des postes ».
137 nehatirẽhetsis : que-eux-arbres-sont-hauts ou longs. « Arbres hauts » a ici le sens convenu de « gens d’âge mûr », (Informatrice Mary Kelley.)
138 tehutidaaretsis : les deux-leurs-cornes-sont-longues. Ceux-aux-longues-cornes, ou les gens du clan du Cerf.
139 tecatõntewa : là-lui-tu-toi-cours-contre. Le sens archaïque de ce terme est « va près de lui et invite-le ».
140 deskwadurõ’ : que-vous-êtes difficiles, escarpées.
141 deskwarẽ’he’tsi’ : que-vous-arbres-êtes-longs, hauts.
142 dẽskwadaaretsis : que-vos-cornes-sont-longues.
143 dehatijaatadurõ’d*ehudatribõ’otõnõ’ : que-leur-corps-sont-précieux, que-ils-mêmes-postes-occupent-plusieurs ; c’est-à-dire ceux de haut rang qui occupent le poste de chef.
144 Un autre informateur, Allen Johnson, fit par la suite remarquer qu’un certain incident avait été omis ici, sans doute intentionnellement, par la première informatrice, Catherine Johnson, Pour autant qu’on puisse se souvenir, il s’agissait d’une autre bévue de Tawidia qui avait, à son habitude, compris de travers les instructions de son oncle ; il avait fait plusieurs boules avec de l’argile de la rivière et les avait lancées, de façon tout à fait inconvenante, sur les femmes assemblées pour le festin.
145 Les détails entre crochets ont été fournis par Allen Johnson.
146 Le vieil homme avait dit ; tekakyarãndiñõt : là-je-même (comme) un tac au mur-pends ; A. Johnson précisa que yakyara’ était un ancien terme qui décrivait un sac qu’on accrochait au mur.
147 tuhahatitra’deyarãndiñõt : la-dedans-il-même mit introduisit, le-il-sac-est accroché ;-ya’ rafait référence au sac.
148 Son onde avait dit : ekyetumẽhamẽta’, là-je (?)-(à) soi-même-femme emportais (ce qui serait une expression archaïque). Mais Tawidia comprit : hatuwadi’õniawa’a : il-la porte-elle-pend-partie (?) ; -atuwa, « porte et-atumẽ- (atuwa+iha- > -atumẽhã (à lui femme) sont des racines incorporées dont le sens est différent et que Tawidia a prises l’une pour l’autre.
149 Même de nos jours, on peut encore entendre un Wyandotte dire « As-tu demandé à Mlle Untel de te préparer du maïs ? » ou « Manges-tu son maïs ? », en voulant dire « Lui fais-tu la cour ? ». (Mary Kelley, une des interprètes, fit aussi cette remarque.)
150 Devenir ami avec quelqu’un, selon les anciennes coutumes wyandottes, signifiait qu’on l’adoptait pratiquement comme frère ou sœur. L’ami, devenu un membre de la famille à part entière, devait donc appeler la femme de son ami « belle-sœur ». (Selon E. Brown.)
151 ndatiju’yaruutaskwe’.
152 Il est très clair que les aventures de Tawidia et de son oncle avaient beaucoup de succès auprès des Wyandottes. Leurs nombreux traits particuliers, les allusions aux anciennes coutumes, le recours occasionnel au langage archaïque et l’absence de références modernes, les placent parmi les vieux récits de la tribu. Il n’est donc pas surprenant qu’à une période ultérieure, des conteurs talentueux aient inventé une autre série d’épisodes dont le populaire Tawidia était le héros. Tel semble être le cas du récit « Il va au pays du bonheur », La plupart des épisodes de ce récit dérivent de contes européens, par le truchement des Canadiens français.
153 Le conteur avait l’habitude de commencer par donner le titre du récit qu’il allait conter. Les auditeurs répondaient par l’exclamation « Vis V », c’est-à-dire « Bienvenu ! ».
154 Cet épisode fait penser à la fable de La Fontaine, « L’ours et l’amateur des jardins ».
155 kyutõskwerõ ; terme qui s’applique tant au bœuf qu’à la vache. Il signifie aussi « bétail ».
156 Ce détail fait penser â « Ali Baba et les quarante voleurs » dans Les Mille et Une Nuits.
157 Les notions que les Wyandottes ont sur le diable » ou Celui-qui-habite-sous-terre comme ils l’appellent, ont été empruntées aux Européens. Il n’est cependant pas impossible que certains de leurs ukis se soient appelés au départ « ceux-qui-habitent-sous-terre ».
158 La mesure que les Wyandottes appelaient « un demi-baril » et qu’ils appellent maintenant « un demi-boisseau ».
159 Ce qui veut dire « bonjour », « comment allez-vous- ». C’est encore la tonne de salutation la plus répandue chez les Wyandottes avec « bajou », version déformée du « bonjour » français.
160 Recueilli en anglais en juin 1912, à Wyandotte, Oklahoma. Informateur, Thomas Walker, un fermier d’âge mûr, le fils de Mme Isaiah Walker, une vieille métisse wyandotte de Détroit. Le récit fait vraisemblablement partie des récits bien connus parmi les Wyandottes de Détroit. Mme Matthew C. Murdoch, de Seneca, Missouri, affirma qu’elle connaissait ce conte.
161 L’informateur employa le terme anglais trough [N. D.T. : abreuvoir, auge, pétrin].
162 yaraa : Tilia americana, tilleul. Autrefois, les Wyandottes tressaient de l’écorce de tilleul pour en faire des cordes.
163 C’est-à-dire « contre le grain ».
164 Recueilli en anglais en octobre 1911, à Wyandotte, Oklahoma. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Mary Kelley. Ce récit est très moderne et a été emprunté aux Français.
165 En forme de X.’
166 Dans la version canadienne-française, il s’agit d’une petite chienne au lieu d’une biche.
167 Ici, l’informatrice partit â rire.
168 Les incidents qui se produisent dans la suite du récit ont un caractère clairement européen, mais l’informatrice affirma explicitement qu’il s’agissait de faits authentiquement reliés aux Indiens.
169 Ce récit resta incomplet.
170 Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Mary Kelley. Recueilli en anglais en octobre 1911, à Wyandotte, Oklahoma. Ce récit est censé rapporter des événements qui ont réellement eu lieu.
171 L’interprète a vraisemblablement fait une erreur en disant que le groupe se composait seulement de quatre personnes, comme on peut s’en rendre compte en comparant avec la version ci-dessus et celle d’Allen Johnson,
172 D’un bout à l’autre, il s’agit d’une espèce fictive de serpents.
173 L’informatrice expliqua qu’ils croient à L’existence d’une espèce de serpent dont la queue est comme un os et tranchante comme un couteau.
174 Robinia pseudoacacia.
175 Les tendons prélevés sur les muscles des deux côtés de l’échine d’un cerf étaient séchés, découpés en lanières et tressés, cet article était d’usage courant chez les Iroquois et dans d’autres tribus.
176 kwatriju’u : nous-même-combattre ; abréviation de e’kwa’tri’ju’ : allons-nous-mêmes - combattre.
177 hõmaywanẽ kyu’unge’ntse : il-à quelqu’un-grand, meneur, chef le-serpent, Les Wyandortes, comme la plupart des Indiens, croient que chaque espèce d’animaux communs a un chef qui est physiquement plus grand que les autres et doté de plus grands pouvoirs.
178 Mme Johnson affirma que sa mère connaissait l’endroit où cet incident avait eu lieu.
179 En réponse à une question, l’informatrice déclara que, bien que le serpent n’ait pas été mesuré, elle pensait qu’il avait plus de 40 pieds de long.
180 Seconde version de « Les serpents dans la parcelle de canneberges » (LXXII). Informateur, Allen Johnson, qui avait entendu raconter cette histoire par feu Catherine Young (Skada*e’), Smith Nichols et sa mère (Catherine Johnson). Recueilli en anglais en juin 1912, à Wyandotte, Oklahoma.
181 L’informateur affirma ici que les Indiens avaient coutume de rester dans leurs villages pendant l’été et de se transporter dans les bois à l’automne pour leur chasse d’hiver.
182 utiwatsicakõ : ils-viande-pendent ; c’est-à-dire ils partirent pour la chasse d’hiver. Selon l’informateur, cette expression stéréotypée était souvent utilisée au début de récits de ce genre.
183 tinẽurañõ’ : les deux-os ou cornes ?-porter-plusieurs : c’est-à-dire des serpents osseux ou cornus. Il s’agit de serpents mythiques.
184 Ce passage, comme il a été recueilli avec l’informateur, est obscur et incomplet.
185 ẽnõm*e, robinier (Robinia pseudoacacia).
186 nõndaa.
187 Recueilli en français en mai 1911, à Lorette, Québec, Informateurs, Louisa Vincent (Mme Maurice Sioui) et le révérend Prosper Vincent. À Lorette, on considérait qu’il s’agissait d’un conte pour enfants. Feu Marie-Anne Vincent (la grand-mère de Louisa) avait l’habitude de raconter ce conte à ses petits-enfants.
188 Enregistrement phonographique no III.H.16.b. Version de l’abbé Prosper Vincent.
189 Enregistrement phonographique no III.H.31.b. Version de Mme Elias Vincent (épouse Sioui).
190 La version fragmentaire de l’abbé Prosper Vincent était quelque peu différence : « Un géant nommé Ocẽdo avait l’habitude de voler des enfants et de les emporter dans un grand sac. Lorsqu’il arriva à l’endroit où Kwatõnahe [habitait avec sa grand-mère], il se tint sur le toit de leur cabane et regarda par le trou à fumée. Des gouttes de sang tombèrent de ses cheveux dénoués alors qu’il regardait en bas. Le nom du géant était Otsistari.
« Je me rappelle que quand nous n’obéissions pas, notre grand-mère disait : “Otsi’sta’ri arrive avec son grand couteau et va couper vos scalps.” »
Mme Claire Picard-O’Sullivan (Lorette, Québec) se rappelait qu’Ahasistari était un grand guerrier indien que tout le monde craignait. On l’appelait « le moissonneur de scalps ». Autrefois, quand on trouvait quelqu’un mort dans le bois et sans son scalp, les gens disaient : “Ahasistari est passé par là !” — « Ma mère me disait qu’aucun chef n’avait autant de scalps qui pendaient à l’entrée de son wigwam que lui. Et les femmes d’ici faisaient parfois peur aux enfants en disant : “Attention ! Ahasistari s’en vient !” »
191 Fragment de conte. Informatrice, Mlle Mary McKee, Amherstburg, comté d’Essex, Ontario. Recueilli en juin 1911,
192 hawatenõrõ : oncle,
193 jaraas*e : cousin.
194 l’informatrice avait aussi inclus le loup, sans doute par erreur.
195 L’informatrice rapporta ce trait d’humour avec un tel sérieux que pendant un moment, il ne fut pas facile de démêler s’il s’agissait d’une plaisanterie ou d’une méprise de sa part.
196 Informatrice, Catherine Johnson ; interprète. Allen Johnson, Recueilli en langue autochtone en juin 1912 à Wyandotte, Oklahoma,
197 skẽ*ekwaa : le chat sauvage Ou lynx bai (Felis rufus) ; terme descriptif relié à skẽreyeta’, qui signifie jeune guerrier audacieux. Le terme skẽ*ekwa’a’ fait référence aux mêmes qualités chez le chat sauvage, dont on dit qu’il est brave et audacieux, malgré sa petite taille,
198 kyenõñãhnẽã : c’est un terme descriptif qui s’applique à une sorte de félin censé, selon les Wyandottes, enlever son propre scalp, pleurer comme un être humain et apparaître aux chasseurs avec un scalp sanglant pour leur porter malchance,
199 L’information entre crochets vient d’Allen Johnson-
200 Texte wyandotte recueilli en mai 1912, à Seneca, Missouri. Mme Catherine Johnson, informatrice ; Mary Kelley et Allen Johnson, interprètes.
201 Le texte dit : un-il à elle-enfant, c’est-à-dire son enfant.
202 Les détails entre crochets proviennent d’Allen Johnson.
203 L’interprète employa le terme « wigwam » ; il s’agissait à l’évidence d’une maison longue en écorce d’orme ou en rondins.
204 La claie consistait en quatre poteaux (plantés à chaque coin de la maison) sur lesquels reposaient deux perches. Des perches plus courtes étaient placées en travers des grandes perches et la viande y était accrochée pour la faire sécher.
205 Les détails entre crochets proviennent d’Allen Johnson,
206 « Elle sauta ».
207 Allen Johnson ajouta que la femme rapporta à son mari Ce que les chiens avaient fait, Et il conseilla à celle-ci de leur donner de la viande chaque fois qu’il rentrait de la chasse, pour qu’ils n’aient plus faim,
208 On présume ici que les chiens ont compris de travers les mots que la femme murmurait. En fait, les mots u’uda’wa (ou u’daàwa’, selon Allen Johnson) et u’da’a-wa (aussi u’da’awa, selon Johnson) veulent respectivement dire « foie » et « coton sauvage »,
209 Allen Johnson affirma qu’autrefois, les Wyandottes utilisaient à divers usages un genre d’herbe qu’on trouvait dans les bois — du coton ou du chanvre sauvage. Mme Johnson expliqua aussi à l’interprète que lorsqu’elle était petite, on faisait un coussin avec cette espèce de chanvre et on le plaçait dans les berceaux, sous l’enfant. Elle ajouta qu’on ne trouve plus de chanvre sauvage dans leur région, le bétail l’ayant piétiné.
210 Recueilli en langue autochtone en 1913. Informatrice, Catherine Johnson ; interprète, Allen Johnson, de Wyandotte, Oklahoma. Mme Johnson a entendu réciter ce conte par son oncle, feu Jim Peacock (dikyukuyuti), Wyandotte du dan du Cerf.
211 erõm*ehace’ ir*e : il-l’homme-comme ou ainsi, les deux (sur les deux jambes)-il-marche ; au sens plus large, « un comme-homme marche ». Toutes les fois qu’un narrateur commence un conte au coin du feu dont on reconnaît qu’il s’agit d’une pure fiction, il répète d’abord la formule habituelle : « C’est juste comme si un homme marchait ! » et les auditeurs s’écrient « Yih*e’ ! » « (Bienvenu ! »
212 yucatẽ : cheval (mâle ou femelle).
213 Détail ajouté pendant que le texte était recueilli.
214 uutõca’ : œuf.
215 uñõca : citrouille. On trouve souvent des jeux de mots de cet ordre dans les contes d’hiver des Wyandottes.
216 On peut comparer l’histoire wyandotte ci-dessus et certaines versions du prototype européen :
(a) (Tiré de The Book of Noodles, de W. A. Clouston, Londres, Elliot Stock, 62, Paternoster Row, 1903, pp. 37 et suiv.) :
« ... A somewhat similar story is found in Rivières French collection of tales of the Kabaïl, Algeria, to this effect. The mother of a youth of the Beni-Jennad clan gave him a hundred reals to buy a mule ; so he went to the market and on his way met a man carrying a water-melon for sale. « How much for the melon ? » he asks. « What will you give me ? » says the man. « I have only got a hundred reals », answered the booby ; « Had I more, you should have it. » « Well », rejoined the man, « I’ll take them. » Then the youth took the melon and handed over the money. « But tell me », says he, « will its young one be as green as it is ? » « Doubtless », answered the man, « it will be green. » As the booby was going home, he allowed the melon to roll down a slope before him. It burst on its way, when up started a frightened hare. « Go to my house, young one, » he shouted. « Surely a green animal has come out of it. » And when he got home he inquired of his mother if the young one had arrived. »
« In the Gooroo Paramartan » (an « amusing work, written in the Tamil language by Berchi, an Italian Jesuit, who was a missionary in India from 1700 to his death, in 1742 » (p. 29)) « there is a parallel incident to this last. The noodles are desirous of providing their Gooroo with a horse, and a man sells them a pumpkin, telling them it is a mart’s egg, which only requires to be sat upon for a certain time to produce a fine young horse. The Gooroo himself undertakes to hatch the marc’s egg, since his disciples have all other matters to attend to ; but as they are carrying it through the jungle, it falls down and splits to pieces ; just then a frightened hare runs before them ; and they inform the Gooroo that a fine young Colt came Out of the marc’s egg, with very long ears, and ran off with the speed of the wind. It would have proved a fine horse for their Gooroo, they add ; but he consoles himself for the loss by reflecting that such an animal would probably have run away with him. »
(b) (M. F. W. Waugh, de Geological Survey Canada, raconte qu’il a souvent entendu, voilà plus de vingt-cinq ans, son père Geo. N. Waugh, du comté de Brant, Ontario, raconter l’histoire suivante (que tout le monde connaissait dans la localité) :
« Un Irlandais venait d’arriver dans ce pays quand il se fit vendre une citrouille par un gars de la campagne qui lui raconta que c’était un “œuf de jument”, L’Irlandais poursuivit son voyage en portant sa citrouille, Mais il fut vite fatigué et s’assit en haut d’une colline pour se reposer. La citrouille dévala la pente et éclata en morceaux. Comme elle frappait un buisson en bas de la côte, un lièvre partit en courant et l’Irlandais se leva d’un bond en criant : “Attrapez-le ! Attrapez-le ! C’est un cheval de course !” »
217 Recueilli en anglais en octobre 1911 à Wyandotte, Oklahoma. Informateur, B. N. O. Walter. Une vieille femme wyandorte (Driver ?), surnommée Tsipy, racontait cette charade à M. Walter quand il était enfant. Sa tante Kitty Greyeyes la lui répétait aussi.
218 La référence à « chez Eldredge Brown » sert simplement d’illustration. La maison d’E. Brown se trouve â environ un mille de l’organisme gouvernemental, où le conte était recueilli.
219 Ces syllabes en wyandotte ne servent que de support. Le dernier mot, Tsetare’se trouve vouloir dite « sept ».
220 Le conteur faisait référence à des endroits familiers à l’enfant et en changeait selon les circonstances.
221 En faisant semblant d’avoir peur.
222 M. Walker se souvenait avoir entendu les vieux Wyandottes dire à leurs enfants de ne pas faire de bruit ou le yu’uku, le grand-duc (Bubo virginianus), les attraperait. « En février ou en mars, disait M. Walker, on entend souvent des hiboux qui hululent dans les bois comme s’ils se répondaient. Ça me faisait très peur quand j’étais petit. Tante Kitty Greyeyes disait alors qu’ils se chamaillaient et se cherchaient des histoires entre eux. Tante Kitty ou ma mère disaient qu’il y avait une berceuse dans laquelle on recommandait aux enfants de se taire, ou le vieux hibou les prendrait. »
Mythologie huronne et wyandotte
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