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Conclusion

p. 193-201


Texte intégral

La démocratie est devenue le discours rassembleur censé rapprocher les systèmes politiques et promouvoir la coexistence pacifique dans un monde autrefois divisé par les querelles idéologiques de la Guerre froide. Malheureusement, le triomphe de la démocratie est davantage une apparence qu’une réalité. S’il est vrai que la démocratie semble en passe d’être universalisée, cela est généralement dû au fait qu’elle a été banalisée au point qu’elle ne constitue plus la moindre menace pour les élites politiques de par le monde, qui peuvent dorénavant prétendre embrasser la démocratie et profiter de la légitimité qu’elle leur confère sans se soucier des exigences sans se soucier des exigences de sa pratique réelle.
Claude Ake, The Feasibility of Democracy in Africa, 2000, p. 7
(notre traduction de l’anglais).

1Malgré la réintroduction du multipartisme sur le continent au début des années 1990 et nonobstant la nature relativement compétitive des élections présidentielles dans plusieurs pays africains, les victoires de candidats présentés par les partis de l’opposition ne sont pas encore à la hauteur de leurs propres attentes ni à celle du nombre élevé d’alternances pacifiques au pouvoir sur le continent. Comparativement à des régions similaires en matière de démocratie, notamment l’Amérique latine et l’Europe de l’Est, la fréquence des alternances politiques au sommet de l’État en faveur de l’opposition est très modeste sur le continent africain. Mais puisque certains partis d’opposition ont bien réussi à conquérir le pouvoir exécutif suprême, il fallait problématiser ce constat pour pouvoir expliquer la réussite de ces partis d’opposition et l’échec des autres.

2À l’issue de cette étude, nous avons notamment trouvé que l’alternance partisane s’effectue généralement lorsque le système politique est bipartisan ou quand des partis d’opposition d’importance forcent sa bipolarisation en formant une coalition électorale cohérente. Ces deux hypothèses et leurs différents aspects (coalitions formées essentiellement de partis politiques et coalitions à base sociorégionale ou communautaire) sont des conditions presque incontournables. Nous avons trouvé très peu de déviation à cette règle parmi les 31 cas de victoire de l’opposition partisane en Afrique depuis 1990.

3Le bipartisme facilite l’alternance, car ce système de partis signifie que deux partis principaux dominent dans le pays et ont plus ou moins le même poids politique. Cette donne facilite l’alternance dans la mesure où les électeurs voulant un changement de régime ont généralement une alternative crédible et bien identifiée, sauf en cas de considérations idéologiques irréconciliables. Cela est différent de la situation dans un système marqué par la prolifération de petits partis politiques. Ce premier facteur relève du cadre institutionnel d’un système politique et dépend de certains processus sociopolitiques et historiques dans les pays concernés.

4La bipolarisation peut être un substitut au bipartisme comme condition nécessaire pour effectuer l’alternance entre deux partis politiques. C’est une action qui émane évidemment des stratégies et des calculs des acteurs politiques. Elle constitue d’ailleurs un moyen de contourner le cadre institutionnel de fragmentation des partis d’opposition. Il n’est peut-être pas exagéré d’affirmer ici que l’échec des partis d’opposition à conquérir le pouvoir exécutif dans bon nombre de pays africains ayant un système multipartite polarisé est, dans une grande mesure, dû à leur échec d’adopter cette stratégie.

Les stratégies des partis au pouvoir

5Les stratégies des acteurs politiques ne se limitent pas à celles qui visent la conquête du pouvoir, ce qui limiterait l’analyse aux partis d’opposition. Or ces derniers sont en compétition avec les partis au pouvoir, qui adoptent leurs propres stratégies pour s’y maintenir. Nous avons reconnu ici le rôle des tactiques déloyales que peuvent employer certains partis au pouvoir pour empêcher toute victoire de l’opposition. Ces tactiques peuvent être utilisées dans le domaine de la réglementation institutionnelle de l’environnement politique, imposant des choix qui rendent la vie difficile aux partis d’opposition. Elles peuvent aussi relever d’un usage biaisé et partisan des forces de sécurité et d’autres structures de l’État afin d’empêcher l’opposition d’agir. En effet, il faut un minimum de fair-play pour que les stratégies propres à l’opposition puissent opérer sur le terrain de la compétition politique avec le parti au pouvoir.

6Or il s’avère que la « fraude électorale » est l’une des stratégies auxquelles les partis au pouvoir sont réputés avoir recours dans les pays en voie de démocratisation, dont ceux du continent africain. La fraude prend des formes multiples et est employée à diverses étapes du jeu électoral. S’il est vrai que les partis au pouvoir ne sont pas les seuls à y avoir recours, ce sont eux qui l’emploient le plus et qui disposent le plus souvent des moyens nécessaires pour en tirer le maximum de profits. Elle a donc un impact certain sur les stratégies des partis politiques qui en sont victimes. Nous avons donc examiné à la loupe ce genre de pratiques.

7La cooptation – au sens péjoratif – des membres de l’opposition par le régime au pouvoir est un exemple de ce type de pratiques. Elle est considérée par certains, comme Schadler (2002), comme une stratégie de corruption de l’opposition. Or, si le regard est porté uniquement sur l’acte de « cooptation », ou que le parti au pouvoir a employé des moyens autres que matériels (comme la promesse d’un poste gouvernemental) ou si ses moyens matériels ont été obtenus de façon normale, cet acte peut être considéré comme une simple stratégie électorale.

8Même d’un point de vue purement normatif, si un leader de l’opposition se laisse corrompre par le parti au pouvoir alors qu’il sait pertinemment que cela compromettra les chances de l’opposition de conquérir le pouvoir et que cet acte de cooptation réussit néanmoins à le faire changer de position, on peut dire qu’un tel leader n’a pas d’idéaux à défendre. Il n’a pas de leçon de morale à donner, et l’on ne doit pas se soucier de son sort au nom du principe de moralisation du jeu politique. De toute évidence, cette personne ne cherche qu’à empocher quelques milliers de dollars ou se trouver un poste gouvernemental. Ceux qui, au nom du principe de moralisation du jeu politique en Afrique, voudraient reprocher aux partis au pouvoir d’avoir coopté l’opposition devraient d’ailleurs, au nom du même principe, les remercier d’avoir démasqué ces chefs corrompus ou disposés à l’être avant qu’ils ne parviennent au pouvoir suprême, avec tous les moyens et les possibilités d’enrichissement frauduleux que ce poste pourrait leur offrir.

9De toute façon, dans une étude essentiellement analytique, la nature orthodoxe ou non de la stratégie employée par les acteurs politiques importe peu. Ce qui compte, c’est de noter que ces stratégies jouent un rôle prépondérant dans la réalisation de l’alternance par les partis d’opposition ou le maintien du statu quo par les régimes au pouvoir.

Les stratégies des partis d’opposition

10Nonobstant les actes déloyaux de certains partis au pouvoir, nous avons trouvé que tous les « malheurs » de l’opposition ne peuvent pas être mis sur le dos de ces partis. L’opposition, à plusieurs égards, a sa part, voire une grande part des responsabilités. Le plus souvent, elle est éparpillée alors qu’elle sait pertinemment que seule la coopération pourrait l’avantager. Elle est financièrement trop dépendante et parfois minée par des querelles d’ego et de personnalités inutiles qui occasionnent des sentiments d’hostilité et de la compétition malsaine entre ses différents membres. Parce qu’elle ne s’active souvent que lors des élections, l’opposition a tendance à se focaliser sur des questions symboliques ou secondaires plutôt que de s’intéresser aux questions essentielles ou de régler ses querelles à l’avance et à distance des enjeux électoraux.

11Nous avons donc montré les avantages de la formation de coalitions par les partis politiques de l’opposition et émis un avis négatif quant à l’efficacité à court terme du boycottage des élections comme stratégie électorale, notamment lorsqu’il a pour conséquence de faire sauter certaines étapes cruciales du processus électoral, comme le recensement des électeurs. Le boycottage peut cependant s’avérer bénéfique à long terme, selon l’usage qui en est fait et le rapport des forces en présence.

12Nous avons trouvé que les manifestations de rue, qu’on peut assimiler à une version active du boycottage, peuvent contribuer à des réformes politiques à court terme. Mais poussées à l’extrême ou lorsque les acteurs politiques de l’opposition les ayant suscitées perdent le contrôle sur leurs militants, ou alors quand des bandits les infiltrent pour poser des gestes incivils ou criminels, ces manifestations peuvent être dommageables pour l’opposition. Elles sont donc une arme à double tranchant.

L’accroissement de la transparence et de la crédibilité des élections

13Un certain nombre de mesures peuvent accroître le degré de transparence et de crédibilité des élections en Afrique. Cette transparence accrue pourrait, à son tour, niveler le terrain pour les acteurs de l’opposition et du pouvoir, pour amoindrir les facteurs jouant contre l’alternance politique en faveur de l’opposition. Parmi ces mesures, citons la « fiabilisation » des registres d’état civil pour en faire la source des fichiers électoraux biométriques.

14La liste électorale constitue en effet un élément important de tout processus électoral, car c’est elle qui, dans une large mesure, définit la taille de l’électorat, et donc des soutiens dont disposent les différents acteurs en lice pour les postes électifs. Cela rend très importants le recensement et l’enrôlement des électeurs. Dans la plupart des pays africains, les listes électorales, aussi appelées « fichiers électoraux », sont constituées à l’approche de chaque cycle électoral et leur établissement est entrepris quelques mois seulement avant les différents scrutins. Cette façon est très coûteuse et présente de nombreuses failles qui affectent la transparence des compétitions politiques. En effet, lorsque les délais sont courts (proximité des échéances électorales), que les financements manquent et que les infrastructures (notamment de transport) font défaut, le caractère inclusif de la liste électorale en souffre. Et parce qu’il faut respecter des délais parfois constitutionnellement intangibles pour certains scrutins, il arrive souvent qu’on sacrifie la qualité de la liste pour accélérer les choses.

15L’établissement des fichiers électoraux à partir d’un registre fiable et permanent des actes d’état civil constitue sans doute un moyen fiable pour réduire ces insuffisances et minimiser leurs conséquences sur la qualité des scrutins. La troisième édition du Rapport sur la gouvernance en Afrique note, à juste titre, que « l’inscription sur les listes [électorales] prend du temps et coûte cher, en particulier si elle n’est pas systématiquement intégrée dans l’enregistrement des statistiques de l’état civil, mais reprise à chaque cycle électoral » (CEA, 2013, p. 202).

16C’est d’ailleurs l’un des objectifs du Programme africain d’amélioration accélérée des systèmes d’enregistrement des faits d’état civil et d’établissement des statistiques de l’état civil (APAI-CRVS, ou Africa Programme for Accelerated Improvement of Civil Registration and Vital Statistics). Établi et copiloté par la Commission de l’Union africaine en collaboration avec les ministres africains responsables de l’enregistrement de l’état civil, ce programme est techniquement appuyé par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) – qui assure son secrétariat – et la Banque africaine de développement (BAD). Après ses deux premières réunions, tenues respectivement en 2010 (Addis-Abeba, Éthiopie) et en 2012 (Durban, Afrique du Sud), la troisième conférence des ministres en question – tenue à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, du 12 au 13 février 2015 – a été encore plus éclairante pour notre problématique. En effet, son thème était la « Promotion de l’utilisation de l’état civil et des statistiques de l’état civil pour l’appui à la bonne gouvernance en Afrique » (APAI-CRVS, 2012, 2015).

17Selon le Guide pratique pour la consolidation de l’état civil, des listes électorales et la protection des données personnelles de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) :

Pour fiabiliser les listes électorales, il est proposé de mettre en place un registre national des électeurs (RNE) basé sur l’état civil et d’autres sources d’informations, afin de le maintenir à jour de façon permanente entre les scrutins en vue d’améliorer la qualité des listes électorales dans la durée. Pour assurer le succès de la réalisation d’un RNE, il est fonda mental d’avoir un organisme de gestion des élections (OGE) permanent dans lequel une direction est dédiée à l’administration du RNE. De plus, il est recommandé de confier l’étude des cas particuliers à une commission permanente et multipartite dans le but d’assurer la transparence du RNE (OIF, 2014, p. 10).

18Pour voir plus clair sur la relation entre ce registre de l’état civil et le fichier électoral, l’OIF poursuit en ces termes :

À l’approche d’un événement électoral, il est préconisé de procéder à une révision des listes électorales afin de permettre aux électeurs de valider ou de modifier leur inscription sur les listes électorales provisoires. L’objectif principal de cet exercice est de mettre à jour la relation entre l’électeur et son lieu de vote. L’OGE procède ensuite à un « dédoublonnage » avant la production des listes électorales définitives qui sont utilisées lors du vote (OIF, 2014, p. 10).

19Voilà un projet que les partis politiques de l’opposition peuvent adopter et auquel ils peuvent travailler pour faire d’une pierre plusieurs coups. En premier lieu, il leur permettra d’assurer davantage de transparence dans les processus électoraux, ce qui est bénéfique dans leurs stratégies de conquête du pouvoir. En deuxième lieu, cela réduira les risques de violence électorale qui découle souvent du fait qu’on soupçonne qu’il y a eu truquage, et ces soupçons peuvent être tracés, dans une large mesure, à la question du fichier électoral et aux différents éléments qui l’entourent. En troisième lieu, la promotion par des partis d’opposition d’un tel projet au nom de ses bénéfices non électoraux (statistiques fiables pour un développement équilibré dans les régions, octroi de certificats de naissance, confirmation d’identité de personnes, etc.) pourrait améliorer leur perception auprès des populations bénéficiaires des services rendus par l’existence d’un registre d’état civil fiable.

Deux pistes de réflexion et des projets de recherche

20Nous avons abordé un certain nombre de questions sans pour autant approfondir l’analyse de tous leurs aspects, ceux-ci n’étant pas directement liés à la problématique de notre étude. Certaines de ces questions sont pourtant peu étudiées dans la littérature existante et représentent donc des champs en jachère pour la science politique en général et pour l’étude des partis politiques en Afrique en particulier. Elles méritent donc d’être analysées en profondeur. Ci-dessous, nous identifions deux de ces questions et tentons de poser quelques pistes de réflexion pour contribuer à l’élaboration de recherches futures.

Le goût du pouvoir et le refus de l’alternance

21Le rôle crucial que jouent les acteurs individuels ou collectifs dans les changements politiques a été suffisamment mis en évidence tout au long de cet ouvrage. Il a été surtout question de l’importance des stratégies qu’emploient ces acteurs en vue de se maintenir au pouvoir ou d’y accéder. Mais une question dont tous les aspects n’ont pas été suffisamment approfondis est le rôle des individus au pouvoir dans la facilitation ou le refus du changement. En d’autres mots, nous avons établi que la plupart – pour ne pas dire l’ensemble – des leaders africains ont été contraints par une conjugaison de pressions locales et étrangères à permettre une certaine libéralisation de leurs systèmes politiques au début des années 1990. Ce processus a débouché sur une véritable libéralisation, voire une démocratisation dans certains pays (comme au Bénin, au Cap-Vert, au Ghana, en Tanzanie, au Malawi et en Zambie). Par contre, les leaders autoritaires d’autres pays ont tangué et fait quelques concessions sans pour autant céder.

22Ces concessions seront plus tard récupérées dans des tripatouillages constitutionnels, comme ceux qui ont visé l’abolition des clauses limitatives des mandats présidentiels, introduites dans les constitutions de la plupart des pays africains au début des années 1990. Nous avons bien tenté d’expliquer pourquoi certains leaders ont réussi à se soustraire à la pression et à amender ainsi leur Constitution, tandis que d’autres ont échoué. Les facteurs explicatifs avancés sont à la fois locaux (faiblesse de l’opposition, par exemple) et étrangers (les considérations géostratégiques des grandes puissances dans un pays donné). Mais des questions restent en suspens : pourquoi des leaders comme Rawlings au Ghana, Mkapa en Tanzanie et Chissano au Mozambique n’ont pas tenté de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, tandis que d’autres – comme le Guinéen Lansana Conté, le Camerounais Paul Biya ou l’Ougandais Yoweri Museveni – l’ont fait, sachant que certains des premiers pouvaient bien se le permettre ?

23De même, pourquoi des leaders comme Abdoulaye Wade au Sénégal (2012) et Pierre Nkurunziza au Burundi (2015) ont tenté de réinterpréter l’application de la clause limitative du mandat présidentiel en vue de se maintenir au pouvoir malgré les protestations et la contradiction apparente de leur acte avec l’esprit de la Constitution ? N’existe-t-il pas mille et une occasions pour les présidents quittant le pouvoir, les incitant à prendre une retraite bien méritée ? Pourquoi certains saisissent-ils ces occasions alors que d’autres les laissent passer, au risque de tout perdre – et de faire tout perdre à leurs descendants – lorsque leurs jours se terminent de façon tragique, à l’instar de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, de l’Égyptien Hosni Moubarak et du Burkinabè Blaise Compaoré ? Quelle part de responsabilité les membres de la famille ont-ils dans le déroulement de cette pièce théâtrale, et notamment les premières dames – puisqu’il s’agit principalement d’un monde d’hommes – qui ont les oreilles de leur époux présidents ?

24La réponse se trouve peut-être dans une analyse psychologique de la personnalité des leaders en question. Peut-être ceux qui ont quitté le pouvoir étaient-ils soumis à des pressions non apparentes ? Une étude d’Owen (2009) tente une telle démarche. Selon cet auteur, l’expérience du pouvoir entraîne, chez un grand nombre de chefs d’État, des altérations psychologiques qui se traduisent par des illusions de grandeur et des attitudes narcissiques et irresponsables. Ces illusions constituent un syndrome d’hubris politique, qui fait que ces dirigeants estiment savoir toujours mieux que les autres et jugent que les règles de la moralité ne s’appliquent pas à eux. Mais cette condition ne relève pas seulement de la longévité au pouvoir, d’où la nécessité d’approfondir l’analyse sur cette question.

L’autoritarisme des partis d’opposition

25L’autoritarisme des partis au pouvoir est copieusement étudié, et c’est vrai aussi bien en Afrique qu’ailleurs. Il est en fait l’objet de toute la littérature sur l’autoritarisme électoral (Schedler, 2006 ; Diamond, 2002 ; Bellin, 2004), sur la politique du bigmanship et du patrimonialisme (Diamond, 2008 ; Bratton et Van de Walle, 1997 ; Baker, 1998), ainsi que sur les « démocraties avec adjectifs » (Collier et Levitsky, 1997 ; Zakaria, 1997 ; Hermet, 2009). Par contre, l’autoritarisme des partis d’opposition et de leurs leaders ne semble pas avoir bénéficié du même intérêt pour les analystes. Pourtant, ce sujet recèle plusieurs aspects importants qui ne sont pas directement liés à notre question de recherche.

26Par exemple, il est évident que les partis d’opposition se battent pour arriver au pouvoir. Il est donc fort probable qu’une fois au pouvoir, ils transposeront les habitudes qu’ils pratiquaient dans l’opposition. Cet état des choses comporte de sérieuses implications pour la qualité de la démocratie, même si ce n’est que d’un point de vue « normatif ». Mais comprendre cette dynamique pourrait aider à expliquer les pratiques ou tendances autoritaires de certains leaders actuels qui étaient pourtant des porte-flambeaux du discours démocratique quand ils étaient dans l’opposition. Une étude systématique des ténors de l’opposition africaine pourrait bien relever une généralisation de cette tendance et donc expliquer la continuité de l’autoritarisme dans certains pays malgré l’arrivée au pouvoir du leader d’un parti d’opposition « prodémocratique ».

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