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Chapitre 3. Le cadre politique de la compétition électorale

p. 107-124


Texte intégral

Certains partis et dirigeants sortants pillent les ressources publiques pour mener campagne. Le parti au pouvoir a tendance à accaparer les médias publics. Des [partis au pouvoir] sollicitent les organismes de sécurité du pays tels que la police et les services de renseignement pour soutenir leur campagne. Tous ces éléments font lourdement pencher la balance en faveur du parti au pouvoir et du dirigeant sortant au détriment de l’opposition.
CEA, Rapport sur la gouvernance en Afrique III, 2013, p. 221.

1Les cadres politiques peuvent influencer les stratégies des partis politiques de l’opposition dans leurs tentatives de conquérir le pouvoir d’État dans leurs pays respectifs. Il s’agit principalement de stratégies qu’emploient les partis au pouvoir pour s’y maintenir et s’immuniser contre celles des partis d’opposition. Nous abordons autant les stratégies acceptables que celles répugnées, voire interdites, comme la fraude électorale. Après l’examen de quelques règles formelles et informelles régissant le déroulement de la compétition électorale sur le continent, nous nous intéresserons à l’effet que peuvent avoir des acteurs étrangers sur les efforts des partis d’opposition en vue d’atteindre leur objectif de conquête du pouvoir.

2Il n’y a pas seulement l’environnement institutionnel de la compétition électorale qui influe sur les chances et les stratégies des partis d’opposition dans leur ambition de réaliser l’alternance au pouvoir ; le cadre politique joue également un rôle dans ce processus. Celui-ci est à la fois interne et externe. Nous scruterons ici les stratégies qu’emploient les partis politiques pour contourner ou s’adapter aux contraintes des cadres institutionnels décrits au chapitre 2, y compris la fraude électorale à laquelle s’adonnent généralement – mais pas exclusivement – les partis au pouvoir. Le chapitre suivant étant exclusivement dédié aux stratégies des partis d’opposition, le présent se limite à celles des partis au pouvoir.

Les stratégies des partis au pouvoir

3Observer et comprendre les stratégies des partis au pouvoir est nécessaire dans la mesure où ils sont ceux que les partis d’opposition veulent remplacer et qui, pour empêcher cette éventualité, emploient des « contre-stratégies » pour faire échec à celles de l’opposition. Et considérant que leurs stratégies visent leur maintien au pouvoir et qu’ils emploient, à cette fin, des moyens aussi orthodoxes – d’un point de vue normatif – que non orthodoxes, il sera ici question de s’attarder à ces deux dimensions.

Les avantages du pouvoir et les techniques de campagne

4Quels sont les principaux facteurs qui favorisent les partis au pouvoir ? Certains d’entre eux – ou l’usage qu’on en fait – peuvent être contraires à la moralité, voire proscrits par les règles en vigueur. L’analyse ici a pour seul but de montrer comment ces facteurs permettent le maintien au pouvoir de ceux qui y sont.

5Le fait d’être déjà au pouvoir procure des avantages intrinsèques dans chaque jeu compétitif, que ce soit en Afrique ou ailleurs. Pour se situer dans le cas spécifique des pays africains qui font l’objet de la présente étude, il est évident que le principal enjeu pour les électeurs est l’amélioration de leurs conditions de vie matérielles – surtout – et politiques, ainsi que des infrastructures de base (routes, hôpitaux, écoles, électricité, eau, etc.) de leur pays.

6Daloz s’en est rendu compte en Zambie quand il s’est intéressé aux « perceptions de la “démocratisation” zambienne dans un quartier populaire de Lusaka » en septembre 1994. Pour les habitants de ce quartier populaire de la capitale zambienne, la démocratie, « c’est synonyme d’amélioration des conditions d’existence. La démocratie c’est d’abord, pour les gens du quartier, des magasins qui ne sont plus vides » (1997, p. 250). Ces perceptions ne sont pas différentes de celles de beaucoup d’autres Africains.

7Or pour bénéficier de leur vote, les prétendants aux différents postes électifs – qu’ils y soient déjà ou qu’ils visent à y accéder – se doivent de convaincre les électeurs que leur parti ou eux-mêmes sont à même de « mieux » répondre à ces aspirations. Ainsi, le manifeste de tous les partis politiques et les discours de campagne de leurs leaders sont embellis par des promesses à cet égard. Là, le pouvoir de montrer quelques réalisations dans ce sens constitue un instrument de campagne majeur pour chaque prétendant.

8Dans ce jeu de charme et de séduction des électeurs, les partis au pouvoir sont naturellement avantagés dans la mesure où le simple fait pour eux de s’acquitter de leur devoir en répondant ou même en tentant de répondre à ces aspirations leur garantit généralement la fidélité des électeurs. Ainsi, une stratégie à laquelle beaucoup de leaders au pouvoir ont souvent recours est de retarder l’inauguration de nouvelles infrastructures ou le début de leur construction jusqu’à la période électorale, afin d’influencer les électeurs. C’est une stratégie que Socpa (2000) associe à la notion de « don électoral ». Mais vue d’un angle stratégique et rationnel, cette technique est comparable au placement des capitaux sur les bourses financières au moment où l’investisseur estime pouvoir en tirer le maximum de profits. Elle est également comparable à la pratique de la plupart des partis d’opposition africains qui préfèrent garder leurs maigres ressources pour ne s’activer, sur le terrain, qu’à l’approche des élections (Lindberg, 2004b).

9De cela se dégage un autre facteur qui favorise les partis au pouvoir et que ces derniers exploitent, directement ou indirectement, aux fins de propagande électorale. Il s’agit de la couverture médiatique de ces projets. Dans une série de sondages qu’ils ont effectués sur l’abus du pouvoir au Ghana à l’approche des élections générales (présidentielle et législative) de décembre 2004, les chercheurs du Ghana Centre for Democratic Development (CDD-Ghana) mettent cet aspect dans une zone d’ombre. Ils n’ont pas tranché à savoir s’il doit être classé comme un acte d’abus du pouvoir ou s’il constitue un avantage naturel et légitime du parti gouvernemental (CDD-Ghana, 2004). Mais ce qui importe ici, c’est de noter que les partis d’opposition, n’ayant pas les moyens nécessaires pour réaliser ce genre de projets, se trouvent automatiquement désavantagés, à moins que certains de leurs membres individuels aient des réalisations appréciables à leur actif. L’exception s’étend aussi à ceux d’entre eux qui contrôlent d’autres échelons de l’administration, comme les gouvernements provinciaux ou régionaux (voir chapitre 5) ou des mairies de centres urbains.

10Finalement, les partis au pouvoir bénéficient du concours de l’administration publique. Cela peut constituer un abus du pouvoir, ou simplement un concours de circonstances souhaité par le pouvoir, mais pas recherché de façon délibérée. En termes bien clairs, la mise à la disposition des militants du parti au pouvoir des véhicules de l’État et des bâtiments publics, ou encore l’envoi de fonctionnaires publics en mission de campagne aux frais de l’État relève évidemment du premier cas (CDD-Ghana, 2004).

11Mais qu’en est-il des fonctionnaires (ministres, secrétaires généraux de ministères, gouverneurs, préfets, etc.) qui se sentent investis d’une mission de propagande pour le parti au pouvoir dans leurs localités respectives et agissent en fonction de ce sentiment, en apportant leurs soutiens au parti au pouvoir ? Ils sont certes sous une pression au moins implicite, car un taux élevé de voix favorables au parti dans leur localité, et ce, grâce à leurs efforts, est susceptible de leur assurer la préservation d’un poste, ou même l’obtention d’une promotion. Ils craignent aussi, dans le cas contraire, d’éventuelles représailles administratives. Il s’avère parfois que cette campagne est avant tout une stratégie personnelle de ces agents publics pour préserver leurs postes. Bien entendu, vu que cela ne peut se faire que grâce au maintien au pouvoir de leur patron, celui-ci et le parti au pouvoir en bénéficient inévitablement. Cela est d’autant plus vrai que les partis au pouvoir ont le privilège de pouvoir nommer des représentants et des individus influents de toutes les régions et de tous les principaux groupes ethniques du pays pour s’assurer du soutien, au moment opportun, des électeurs de leurs régions et de leurs ethnies respectives. Voilà une véritable coalition d’intérêts concrets que peuvent assembler les détenteurs du pouvoir.

La « fraude » comme stratégie

12C’est très consciemment que nous avons mis le terme « fraude » entre guillemets, car c’est parfois bien subjectivement qu’on qualifie une chose de frauduleuse dans un processus politique. Ainsi, il faut définir ce qui constitue une fraude électorale. Nous pourrons alors analyser certaines des pratiques considérées comme telles, par des approches normative ou juridique, sociologique et stratégique. Cette démarche est d’autant plus nécessaire que la plupart des rapports ou déclarations faisant état de fraude électorale de la part des partis au pouvoir émanent des partis de l’opposition – qui s’estiment en être victimes – et de certains observateurs électoraux qui ne font pas bien la différence entre ce qui constitue une fraude électorale et ce qui relève de la stratégie politique, aussi machiavélienne soit-elle.

13Lehoucq (2003) définit la fraude électorale comme des efforts clandestins déployés en violation des règles établies dans le but d’influencer le résultat des scrutins électoraux. Il est vrai que des actes de truquage peuvent sembler flagrants. Mais il n’est pas moins vrai que les fraudeurs essaient toujours de cacher leurs actes et que, en cas de découverte, ils nient avoir commis les faits qui leur sont reprochés. Ainsi, la clandestinité (ou l’intention de cacher) et l’illégalité sont deux éléments à prendre en compte dans tout effort pour établir de façon objective le caractère frauduleux d’un acte en jeu compétitif.

14Pour nombre d’analystes et d’observateurs de la politique africaine, la fraude électorale est la principale stratégie qu’emploient les partis au pouvoir pour conserver celui-ci. Ninsin (2006) soutient que les partis au pouvoir en Afrique ont développé des techniques de fraude électorale très sophistiquées et subtiles, rendant difficile la détection de certaines pratiques aussi bien par les chercheurs que par les observateurs électoraux. En se concentrant sur le cas camerounais, Albaugh (2011) soutient que Paul Biya aurait trouvé une stratégie politique et électorale très efficace pour se maintenir au pouvoir. Il s’agit du découpage à dessein des circonscriptions électorales et de la manipulation du processus d’enrôlement des électeurs, qui lui permettraient de fidéliser des groupes minoritaires en leur créant des espaces politiques distincts.

15Selon une citation généralement attribuée à Pascal Lissouba, ancien président congolais, un régime au pouvoir en Afrique « n’organise pas les élections pour les perdre ». Kokoroko (2009) part de cette déclaration pour soutenir que, dans la pratique, le concept d’élection libre et honnête est démenti dans la plupart des pays africains, ce qui justifierait, selon lui, qu’on se pose la question à savoir si les élections qui se déroulent dans ces pays sont des moyens crédibles de promotion des alternances démocratique et politique.

16Cela rejoint les arguments avancés pour justifier le désintérêt, pendant très longtemps, de la recherche africaniste occidentale en science politique pour les scrutins africains. Car ces scrutins n’étaient pas jugés libres et transparents dans la plupart des cas. La recherche africaniste n’avait donc pas jugé opportun d’élaborer une problématique générale visant à expliquer leur sens, leur déroulement ou leur rôle dans le processus de démocratisation, contrairement à ce qui se fait pour les élections dans les démocraties occidentales stables, ou même dans les pays sud-américains.

17Poursuivant son analyse, Kokoroko note que la plupart des processus électoraux qu’a connus le continent depuis les années 1990 ont été entachés d’énormes irrégularités, « lesquelles non seulement se généralisent, mais aussi se diversifient à toutes les étapes du processus électoral » (2009, p. 116).

18Selon Calingaert (2006), les étapes du processus électoral sont au nombre de quatre : a) le recensement des électeurs ; b) la campagne électorale ; c) les procédures du jour de scrutin ; et d) le dépouillement et la proclamation des résultats. C’est l’ensemble des techniques opérées à ces différentes étapes que Schedler (2002) nomme le « menu de la manipulation », qu’Albaugh (2011) décrit comme la « trousse de l’autocrate » et que Zogbélémou (2007) appelle « ingénierie électorale » (voir tableau 3.1).

19Il est indéniable que bon nombre de régimes au pouvoir en Afrique ont, ou tentent d’avoir, recours à une ou plusieurs de ces techniques pour remporter les processus électoraux. Mais ces régimes se défendent parfois de commettre de tels actes ou de qualifier leurs actes de contraires aux normes. Il convient donc d’en analyser certains à la lumière de la définition susmentionnée de la « fraude électorale ». Ainsi, nous postulons que des actes comme la manipulation des listes électorales afin d’en exclure des électeurs éligibles, l’interdiction aux autres dirigeants politiques d’accéder à certaines parties du territoire national à des fins de campagne électorale en temps régulier, et le bourrage des urnes constituent des actes de fraude électorale s’ils ont été commis délibérément. Ces actes sont interdits dans les codes électoraux de presque tous les pays africains.

tableau 3.1. La matrice des principaux actes de « fraude électorale »

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Sources : Albaugh (2011), Calingaert (2006), Schedler (2002), Zogbélémou (2007), Socpa (2000), Ninsin (2006), Case (2006).

20Quant aux actes comme l’achat de votes – aussi appelé « corruption morale », « don électoral » (Socpa, 2000), ou « marchandisation du vote » (Banégas, 1998) – et la cooptation des éléments de l’opposition par le parti au pouvoir, ceux-ci peuvent faire l’objet de différentes lectures. Étant donné que chacun de ces actes prend des formes multiples, l’analyse doit porter sur leurs différentes manifestations et les traiter au cas par cas. Certains sont prohibés par les règles électorales ou constitutionnelles en vigueur et sont illégaux, et relèvent donc de la fraude électorale. Il y en a d’autres qui ne le sont pas.

21Dans le cas de ce qu’on appelle l’achat de votes ou don électoral, par exemple, il n’est pas évident que cette pratique constitue une fraude électorale d’un point de vue analytique. Certes, considérée à travers un prisme normatif, l’éthique enseignerait l’évitement d’un tel acte. Sauf que l’analyse sociologique des processus électoraux en Afrique dédramatise les conclusions de ce regard normatif. En effet, comme Sindjoun (1996) et Olivier de Sardan (1996) l’ont remarqué, on assiste depuis plusieurs années à une monétarisation extrême des relations sociales dans la plupart des sociétés africaines, y compris dans les mariages, les amitiés et même les relations entre parents. Or la conduite des politiciens est influencée, dans une grande mesure, par les matrices morales de la société qu’ils représentent. Ainsi, selon Banégas (1998), bon nombre d’électeurs africains considèrent la promesse ou l’offre d’argent et d’autres faveurs en période électorale comme une vertu éthique et civique, et n’y voient rien d’anormal.

22Pour Banégas, parlant du cas béninois – notamment lors des élections législatives de 1995 –, « la période électorale est en effet perçue par la majorité des citoyens comme le moment où l’on peut reprendre aux hommes politiques l’argent qu’ils ont accumulé depuis leur accession au pouvoir ou, plus généralement, depuis l’indépendance » (1998, p. 79). De ce fait, il soutient que :

Dans certains cas, les paysans d’un quartier se sont organisés pour maximiser le profit tiré de la campagne électorale [… Mais] contrairement à ce que laisse croire une image répandue, les citoyens ordinaires sont loin de se conformer passivement au vote obligé que leur proposent [les donateurs de ces cadeaux] ; ils monnayent âprement leur voix et veillent, chacun à leur niveau, à maximiser l’échange électoral. Loin de consacrer la mise sous tutelle des électeurs, souvent évoquée dans les analyses du clientélisme, la relation clientélaire, instrumentalisée par les groupes populaires, apparaît à ce titre comme un des vecteurs majeurs d’initiation aux règles nouvelles du pluralisme (Banégas, 1998, p. 78).

23Et loin d’être l’apanage des seuls partis au pouvoir, il faut reconnaître que les acteurs des partis d’opposition – qu’ils soient candidats à la présidence ou à la députation – s’adonnent également à cette pratique. Il n’est même pas exagéré d’arguer que certains électeurs considèrent « les cadeaux » ou « bienfaits électoraux » comme une obligation des politiques envers eux, y compris de ceux des partis d’opposition. Comme nous l’avons d’ailleurs souligné au chapitre précédent, cela fait de plus en plus de la politique en Afrique une affaire de « nantis », car les militants s’attendent à ce que le chef du parti en soit son principal pourvoyeur de fonds, et même qu’il les paye pour faire campagne. Cela explique le manque de démocratie au sein de bon nombre des partis d’opposition, les normes démocratiques étant réduites aux desiderata du chef, qui doit s’assurer de garder le contrôle du parti pour avoir le retour sur son « investissement ».

24Vue sous cet angle, l’offre du « don électoral » constitue pour les politiques une « stratégie rationnelle » qui vise à gagner des électeurs en étant sensibles à leurs désirs et à leurs préférences.

La cooptation de l’opposition

25La cooptation des membres de l’opposition par le régime au pouvoir est souvent évoquée dans le catalogue des actes frauduleux ou déloyaux des partis au pouvoir sans pour autant être définie. C’est sans doute parce que ceux qui emploient ce concept le prennent pour argent comptant. Pour nous, la cooptation est pour les leaders de l’opposition ce que les dons électoraux sont censés être pour les simples électeurs. Elle est donc un exemple de type de pratiques devant faire l’objet de plus d’une lecture.

26La cooptation est considérée par certains comme une stratégie de corruption de l’opposition par le parti au pouvoir (Schadler, 2002). Or, si le regard est porté uniquement sur l’acte de cooptation, si le parti au pouvoir a employé des moyens autres que matériels – comme la promesse d’un poste gouvernemental –, ou si les moyens matériels sont acquis de façon licite, alors cet acte peut être considéré comme une simple stratégie électorale. En effet, tout jeu compétitif qui se gagne avec le soutien des électeurs intègre la notion de cooptation : on tente de convaincre les électeurs à voter pour son camp. De ce point de vue, la cooptation n’est pas le monopole des partis au pouvoir. Il est établi, en effet, que l’alternance au pouvoir ou la défaite du régime au pouvoir se fait généralement avec le ralliement de certains éléments du régime sortant à la cause des vainqueurs de l’opposition, lesquels éléments auront été convaincus par les leaders de l’opposition ou auraient décidé de ne pas être dans le camp perdant (Langston, 2006).

27La cooptation des membres du camp adverse est donc une stratégie inévitable dans les jeux compétitifs qui n’est pas uniquement l’apanage des partis au pouvoir. Comme nous le verrons au chapitre suivant, parmi les facteurs de réussite d’une coalition électorale – que les partis d’opposition excellent à former –, il y a les bénéfices escomptés (pay-offs) par les participants à la coalition. Au demeurant, si un leader de l’opposition ne peut résister à la tentation de « corrompre » le parti au pouvoir, il y a évidemment une contradiction entre son discours moralisateur et sa résilience vis-à-vis de ce vice. Il s’agit là d’un argument normatif plutôt qu’analytique, mais c’est le champ qui est investi par ceux qui prennent cet acte pour déloyal dans les processus électoraux.

Les candidatures indépendantes

28Si nous classifions les échéances électorales en deux principales catégories, soit les élections présidentielles et législatives, quatre modes de lois électorales par rapport au sujet de la candidature indépendante peuvent être recensés sur le continent. Dans certains pays, la candidature indépendante est interdite à tous les scrutins qui sont réservés aux seuls partis politiques, comme en Guinée et au Nigeria. Ailleurs, elle est autorisée pour tous les scrutins, comme au Botswana, au Congo-Brazzaville, au Mali, à Madagascar et en Égypte. Dans une troisième catégorie de pays, elle est partiellement permise, étant autorisée aux législatives et interdite aux présidentielles, comme au Burkina Faso. C’est l’inverse qui est en vigueur dans la dernière catégorie de pays, dont le Bénin.

29Mais avant tout, quelle est, concrètement, la distinction entre une opposition « partisane » et une opposition « indépendante » dans le cas d’un candidat « indépendant » issu des rangs de l’opposition ? Une première distinction, très évidente, est que l’opposition partisane dispose d’une base institutionnelle bien connue et censée être cohérente – le parti –, alors que le candidat indépendant est dépourvu d’une telle base institutionnelle. Cela n’exclut pas, il faut le souligner, qu’il bénéficie du soutien de plusieurs partis politiques, mais il est « indépendant » tant qu’il n’est pas le candidat d’un seul ou – en situation de coalition électorale – de plusieurs partis identifiés, au nom duquel ou desquels il présente sa candidature.

30Une autre distinction, moins évidente peut-être, est que le candidat indépendant ne s’inscrit pas totalement dans l’opposition, mais n’est pas non plus, au moins publiquement, en accord total avec le régime au pouvoir. Nous reconnaissons évidemment que certains candidats indépendants le sont simplement parce qu’ils n’ont pas obtenu la désignation de leur parti politique de choix, lequel aurait pu être un principal parti de l’opposition ou celui au pouvoir. Mais il y en a d’autres qui refusent une telle désignation. Ils se veulent rassembleurs et consensuels. De ce fait, ils visent à puiser des soutiens aussi bien dans les rangs de l’opposition que dans ceux du régime en place, ce qui fait plutôt de la candidature indépendante une stratégie électorale par les individus concernés.

31Voyons maintenant l’effet de la candidature indépendante sur la problématique de notre étude. Comme nous venons de le voir, elle n’existe que dans certains pays et les candidats indépendants n’ont pas encore su se tailler une place respectable parmi les candidats des partis politiques dans bon nombre de pays. Elle constitue cependant un facteur politique important dans les processus électoraux des pays du continent où elle existe. Cette importance émane généralement de la considération de plus en plus grande qu’accordent les électeurs à la personnalité des candidats, dits « personnalités gagnantes ». Dans certains cas, la personnalité gagnante bénéficie du soutien d’éléments influents d’un ou de plusieurs partis politiques majeurs qui ont échoué à s’entendre sur leurs propres candidats. C’était le cas par exemple d’Amadou Toumani Touré qui a remporté en tant que candidat indépendant les élections présidentielles d’avril 2002 au Mali, tout comme celui de Hery Rajaonarimampianina, vainqueur des élections présidentielles malgaches de décembre 2014.

32Dans ces pays et lorsque les circonstances propices sont réunies, les candidats indépendants peuvent faire du tort aux candidats des partis politiques. Ceux-ci doivent donc les prendre en compte dans leurs stratégies de conquête du pouvoir, d’autant plus que ces candidats indépendants peuvent se prévaloir de l’argument qu’ils sont, eux aussi, de l’opposition, mais qu’ils ne jugent pas opportun d’adhérer à un parti existant ou d’en créer un qui leur soit propre. Le candidat indépendant est aussi attrayant, car il peut s’entendre avec presque tout le monde.

33Pour s’apercevoir de l’effet de ce phénomène sur les partis d’opposition, prenons l’exemple du Bénin, petit pays d’Afrique de l’Ouest considéré à la fois comme un pionnier (premier pays à organiser une Conférence nationale souveraine au début des années 1990) et comme un modèle de démocratisation à l’échelle du continent africain. Il est intéressant de noter que depuis ses élections fondatrices de mars 1991, le Bénin a connu quatre alternances au pouvoir, mais toutes en faveur de personnalités indépendantes qui, bien que soutenues par des mouvements et des personnalités politiques, n’étaient les candidats d’aucun parti politique constitué en tant que tel. C’est une fois au pouvoir seulement que certains d’entre eux ont créé un parti politique, généralement pour asseoir une majorité à l’Assemblée nationale, où seuls les partis politiques peuvent faire élire des représentants.

34C’est la Constitution de 1990 qui a autorisé les candidatures indépendantes aux scrutins présidentiels. Mais les démarches qui ont abouti à l’adoption de cette Constitution sont les mêmes qui avaient instauré un gouvernement de transition dont le premier ministre « de consensus » était un technocrate populaire, Nicéphore Soglo (Mayrargue, 1996). Or son principal rival, qui s’était présenté comme candidat indépendant aux élections présidentielles de mars 1991, était Mathieu Kérékou dont le régime militaire venait à peine d’être vilipendé et décrié par les populations. Soglo a donc été élu haut la main, avec 67,73 % au second tour.

35Lors des élections présidentielles de 1996, cependant, les choses se sont retournées contre Soglo en faveur de Kérékou, qui se présentait lui aussi comme candidat indépendant. Kérékou a non seulement bénéficié du soutien de la plupart des mécontents du régime Soglo, mais il a aussi profité de la désunion des partis politiques de l’opposition, dont certains l’ont d’ailleurs soutenu. Cette deuxième victoire d’un candidat indépendant a normalisé la tendance.

36Au terme du second mandat de Kérékou en 2006, l’arène était ouverte une fois de plus pour les aspirants à la présidence du pays. Plusieurs candidats ont participé au scrutin présidentiel de mars 2006, dont des ténors de l’opposition partisane, comme le candidat du Parti du renouveau démocratique (PRD) Adrien Houngbédji, et Bruno Amoussou, du Parti social-démocrate (PSD). Mais là encore, c’est un certain Yayi Boni, candidat indépendant, qui a remporté le scrutin au second tour avec 74,6 % des voix. En plus de la désunion de l’opposition partisane, Yayi Boni avait mis à profit son profil d’économiste et de technocrate expérimenté, d’« homme neuf » – contrairement à ses adversaires de l’opposition partisane –, et l’argument d’être un « rassembleur » que conférait la diversité régionale, ethnique et religieuse de ses origines (Loko, 2007). C’est en 2011 que l’opposition partisane a failli renverser cette donne, grâce à une large coalition que bon nombre de partis politiques avaient créée pour défaire Boni Yayi. Ce dernier a cependant remporté le scrutin sur fond d’allégations de fraude de la part de l’opposition.

37Enfin, Patrice Talon, qui a succédé à Boni Yayi grâce aux élections présidentielles de mars 2016, n’a pas dérogé à cette règle. Il s’était présenté comme candidat indépendant, n’appartenant à aucun parti politique. Comme ses prédécesseurs, il pourra en fonder un maintenant qu’il est au pouvoir pour avoir une base parlementaire.

Le poids de l’étranger et l’alternance politique

38Il y a une dépendance politique et économique un peu disproportionnée de la plupart des pays africains envers l’étranger, notamment les anciennes puissances coloniales, mais aussi, pour ce qui est de la légitimité internationale des leaders, envers certaines organisations régionales et internationales. Pour cette raison, le poids de l’étranger semble être un facteur important dans les calculs politiques dans bon nombre de pays africains (Brown, 2005). Cela est vrai pour l’ensemble des étapes du processus de démocratisation (c’est-à-dire la libéralisation, la transition de l’autoritarisme au multipartisme démocratique et la consolidation), ce qui nécessite un rappel du débat sur les origines ou les « facteurs catalyseurs » des changements politiques ayant rythmé la vie politique de plusieurs pays africains au début des années 1990. En effet, les avis sont partagés sur la primauté des facteurs dits « endogènes » et sur ceux censés être « exogènes » (Dossou, 1993).

39Il s’agit donc ici de s’interroger sur l’impact de ce facteur sur les stratégies des partis d’opposition pour obtenir l’alternance au pouvoir en Afrique. Il est vrai que la position qu’adoptent la France (dans les pays francophones), les États-Unis et, de plus en plus, l’Union européenne (UE) et les institutions financières internationales envers les pays africains semble avoir une signification non négligeable sur la psychologie et, par conséquent, sur les actions des régimes en place (Gazibo, 2005b).

40Ainsi, dans son analyse des conditionnalités politiques de la coopération allemande en Afrique entre 1990 et 1994, Böke accorde une grande importance au rôle de ces conditionnalités dans l’avènement de la démocratie en Afrique, lesquelles s’étaient longtemps heurtées « aux intérêts divergents qui prévalaient dans les rapports entre l’Ouest et l’Est tout au long de la guerre froide » (1997, p. 217). Pour sa part, Goldsmith (2001) voit une corrélation entre le degré de libéralisation du système politique dans les pays africains et le volume d’aide étrangère dont ils ont bénéficié au début des années 1990.

41Mais en quoi, concrètement, le poids politique et économique de l’étranger serait-il important pour l’alternance au pouvoir sur le continent ? Selon Moss (1995) et Gazibo et Jenson (2004), le rôle de l’étranger se manifeste principalement de deux façons : par les politiques du « bâton » et de la « carotte ». Dans le premier cas, il s’agit d’exiger des régimes africains au stade de la libéralisation des réformes politiques et l’adoption d’un système démocratique, et de faire de cela une condition pour leur offrir de l’assistance financière ou technique. Aux stades de la transition et de la consolidation, il s’agit d’exiger que les pays africains jouent selon les règles démocratiques déjà établies. Dans le second cas, on promet une aide accrue aux pays qui s’engagent dans la voie de la démocratie pour soutenir et encourager leurs efforts.

42Goldsmith (2001) identifie deux autres stratégies par lesquelles les pays donateurs ou les institutions financières internationales peuvent influencer l’attitude des régimes africains face à la démocratisation. Une de ces deux stratégies est le soutien que certains donateurs accordent aux organisations de la société civile luttant pour la démocratie et le respect des droits de la personne dans les pays africains. Hearne (1999) attribue un rôle important à de tels groupes dans l’avènement des réformes politiques successives intervenues au Ghana dans les années 1990. Beaucoup d’autres ont mis l’accent sur cette politique dans l’avènement du « printemps arabe » en 2010 et 2011, notamment en Égypte. L’autre stratégie qu’identifie Goldsmith est celle qu’il considère comme « accidentelle », c’est-à-dire les réformes politiques qu’entreprennent des régimes africains pour satisfaire aux exigences « économiques » et « techniques » que leur imposent les programmes d’ajustement structurel des institutions financières internationales. Nombre de pays – dont le Ghana – ont adopté ces programmes à partir de la seconde moitié des années 1980.

43Sans nier la possibilité que les stratégies des acteurs externes mentionnés plus haut aient un impact sur l’alternance au pouvoir dans des pays africains, il importe de nuancer les arguments précédents par deux remarques principales. D’abord, il n’est pas évident que les conditionnalités des pays occidentaux dans l’octroi de leurs fonds d’assistance s’appliquent à tous les pays ou qu’elles s’appliquent de la même manière. Leurs effets « positifs » ou objectifs escomptés ne sont pas non plus évidents, même quand on les applique de façon directe.

44Par exemple, l’Égypte est le pays africain qui bénéficie du plus grand volume d’assistance étrangère américaine en Afrique – plus de 2 milliards de dollars en moyenne par an depuis 1979 – et le deuxième au monde après Israël. Or ce pays, jusqu’à la chute du régime de Moubarak en 2011, était l’un des pays africains les moins libéraux, ce que, selon Sharp (2005), les Américains eux-mêmes reconnaissent. De même, les sanctions occidentales contre le régime de Robert Mugabe au Zimbabwe ont jusque-là échoué à renverser son gouvernement en faveur du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), comme le souhaitaient – au moins jusqu’en 2010 – Londres et Washington. Par contre, la France est accusée d’avoir assisté les forces de Denis Sassou-Nguesso – par le biais de la compagnie pétrolière française Elf – durant la guerre civile ayant renversé le gouvernement de Pascal Lissouba au Congo en 1997. Ce dernier avait pourtant été démocratiquement élu en 1992, ayant battu Sassou-Nguesso aux urnes lors des premières élections multipartites de l’histoire du pays.

45À la mi-2015, la campagne battait son plein pour un référendum constitutionnel en vue de modifier la Constitution de 2002 au Congo avec la possibilité de permettre au même Sassou-Nguesso de briguer un autre mandat au-delà de ceux que lui permettait la Constitution. C’est alors que le président français François Hollande a eu à déclarer que le leader congolais avait le droit de « consulter son peuple » pour une telle action, signifiant qu’il endossait la démarche pourtant critiquée par les partis d’opposition et les organisations de la société civile.

46C’est dire que les considérations géostratégiques et la raison d’État priment souvent sur les considérations éthiques ou de respect des droits de la personne et l’instauration d’un régime démocratique. De même, une assistance étrangère accrue et publique pour les organisations de la société civile en vue de mettre la pression sur le régime en place peut parfois être contre-productive et exposer ces groupes à des accusations d’être les pions du néocolonialisme (Robinson, 1993). Ajoutons que d’autres donateurs – comme la Chine – n’ont cure de la politique interne des pays récipiendaires et constituent donc des alternatives pour les pays africains supportant mal les conditions des pays occidentaux.

47Notons aussi que la libéralisation n’est pas forcément synonyme d’alternance au pouvoir. L’expérience montre d’ailleurs que les pressions extérieures disparaissent souvent si le régime en place réussit à faire des concessions allant dans le sens de l’ouverture du système politique sans pour autant céder le pouvoir à l’opposition (Carothers, 1997 ; Joseph, 1997 ; Brown, 2005).

48Alors, comment le poids de l’étranger peut-il compter, concrètement, dans la balance de l’alternance en Afrique ? Il est possible qu’il ait un effet plus négatif que positif. En d’autres termes, le poids de l’étranger compte davantage lorsque des puissances étrangères se rangent du côté du régime au pouvoir ou demeurent indifférentes aux appels de l’opposition par rapport aux manquements de ce régime aux règles démocratiques – ce qui rend extrêmement difficile l’avènement de l’alternance, sans qu’elle soit pour autant impossible.

49Ce soutien négatif de l’extérieur peut n’avoir aucun lien direct avec le paysage politique à l’intérieur du pays. Cependant, il peut s’avérer important dans la mesure où il constitue un support psychologique non négligeable pour le pouvoir en place. Dépendamment des stratégies que ce dernier emploiera ensuite pour exploiter cette situation, les actions du régime en place peuvent constituer un obstacle majeur pour les partis d’opposition dans leur quête du pouvoir.

50Par exemple, des faits historiques et socioculturels, mais aussi la proximité géographique ont fait que la plupart des réfugiés libériens et sierra-léonais fuyant la guerre civile dans leurs pays dans les années 1990 ont choisi la Guinée comme lieu d’asile. Pour ces raisons et à cause d’autres considérations politiques, la Guinée a été amenée à jouer un rôle important dans le maintien de la paix et de la stabilité dans ces deux pays voisins, ainsi qu’en Guinée-Bissau en 1998 et 1999, sous l’égide de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cela et le traitement appréciable qu’ont reçu ces réfugiés en Guinée ont fait du régime de Lansana Conté (1984 à 2008) un « partenaire important » de la communauté internationale soucieuse de rétablir la paix et la stabilité dans la sous-région ouest-africaine, selon Annan (1998) et Chambers (2004).

51Un autre facteur s’est ajouté, notamment vers la fin des années 1990 et le début du nouveau millénaire : l’antagonisme entre Londres et Washington, d’une part, et le régime de Charles Taylor au Liberia d’autre part, sans compter que Taylor s’était fait une image d’ennemi à Conakry en tentant de déstabiliser la Guinée en septembre 2000. De cette dynamique est née une alliance entre Washington, Londres et Conakry contre Taylor, et cette alliance s’est traduite par un soutien important de ces deux puissances au régime de Lansana Conté afin de déloger Taylor. Or, les partis d’opposition guinéens étaient au moins ambivalents à l’égard de cette politique d’isolement de Taylor et du soutien militaire de la Guinée à des groupes armés libériens opposés à Taylor. Certains s’y sont carrément opposés. Cela explique peut-être la défense par ces deux puissances étrangères de tout acte pouvant déstabiliser le régime de Conakry, d’où leur indifférence – au moins jusqu’au départ de Taylor du pouvoir en 2003 – aux appels des partis d’opposition guinéens qui disaient faire face à une dictature. Cela a assuré le confort psychologique du régime de Conté, car ce soutien lui a permis de maintenir le statu quo avec un minimum de concessions.

52Mais comme nous l’avons montré plus haut, les pressions en provenance de l’étranger peuvent avoir un effet positif pour l’opposition dans l’avènement de l’alternance. Il semble, cependant, qu’une telle hypothèse est conditionnelle à au moins trois facteurs. Le premier est que l’acteur étranger doit déjà avoir de bons rapports avec le régime en place. Il doit ensuite exercer cette pression de façon très discrète, mais ferme. Finalement, il doit exister une opposition largement crédible et capable de battre le parti au pouvoir aux urnes dès lors que ce dernier joue selon les règles démocratiques de la joute électorale. En effet, il ne suffit pas que le régime en place tombe en disgrâce : il faut aussi que l’opposition monte en grâce. Autrement, le peuple pourrait voter pour le premier en tant que moindre des deux maux.

***

53Dans la continuité du précédent, ce chapitre a analysé certains éléments des cadres politiques des processus électoraux en Afrique. En nous concentrant sur les stratégies employées par les partis au pouvoir, nous avons abordé un certain nombre des actes qu’ils posent pour se maintenir au pouvoir. Certains sont évidemment déloyaux, alors que d’autres ne le sont pas d’un point de vue analytique, même si certains acteurs, dont les partis d’opposition, les considèrent comme frauduleux. Nous avons ensuite porté un regard critique sur le phénomène des candidatures indépendantes aux élections présidentielles en l’illustrant par l’expérience remarquable du Bénin, où il s’est révélé être une véritable épine dans le pied des partis politiques.

54Nous avons enfin porté un regard sur l’impact potentiel des acteurs étrangers sur les efforts des partis d’opposition dans leur quête du pouvoir. Nous avons déterminé que cet impact est remarquable, surtout dans son aspect « négatif », lorsque la position d’acteurs étrangers importants – ou considérés comme tels – conforte le parti au pouvoir. Cela ne constitue toutefois pas une fatalité pour les partis d’opposition, car le processus d’alternance dépend de beaucoup d’autres facteurs, notamment de leur propre crédibilité aux yeux des populations qui sont, au demeurant, celles qui décident de l’alternance dans un système démocratique.

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