Chapitre 9. L’éthique du suicide et la question de l’euthanasie
p. 135-146
Texte intégral
ÉTHIQUE ET SUICIDE
1POURQUOI nous intéressons-nous autant à la prévention du suicide ? Le suicide se réduit-il simplement au choix individuel de décider le moment et la façon de mourir ? Pourquoi montre-t-on tant d’intérêt à vouloir comprendre le suicide et à prévenir les comportements suicidaires ? En fait, le « droit au suicide » est un sujet dont les philosophes débattent depuis des millénaires ; de nombreux organismes en faveur de l’euthanasie, tels que la Hemlock Society et Exit, ainsi que certaines personnes souffrant de maladies mortelles ou chroniques revendiquent le droit au suicide et le libre accès aux moyens de s’enlever la vie.
2La question d’un « droit au suicide » peut sembler une fausse question. En effet, malgré tous les efforts de prévention du décès par suicide, les personnes qui sont déterminées à mettre fin à leurs jours sont presque toujours capables de mettre leur projet à exécution, même dans les milieux supervisés tels que les hôpitaux psychiatriques. Nous avons plus tôt discuté des cas particuliers de personnes atteintes d’une maladie mortelle ou chronique ; ces cas semblent relativement rares par rapport au grand nombre de personnes qui meurent par suicide et qui sont généralement en bonne santé physique. Le désir de comprendre davantage le phénomène du suicide est sans doute en grande partie motivé par l’apparente contradiction qui existe entre le fait de se tuer et l'instinct primaire qu’ont toutes les espèces vivantes de survivre et de continuer de vivre malgré les circonstances. Les êtres humains constituent la seule espèce qui se tue intentionnellement. Certains animaux vont se mettre dans une situation de danger où ils vont mourir, mais il s’agit de situations où l’animal manifeste un comportement qui a pour conséquence accidentelle la mort, plutôt qu’une intention de ne plus vivre. Les baleines qui meurent sur les plages ne font que suivre automatiquement une autre baleine qui perd son sens de l’orientation ou encore elles commettent une erreur grave. Aucune indication ne nous laisse croire qu’elles décident de mourir. Le fait de souffrir tellement qu’on puisse en arriver à considérer la mort préférable à la vie peut sembler compréhensible. Toute personne ayant vécu une douleur physique intense ou qui a connu la perte d’un être aimé peut se rappeler avoir vécu une angoisse qu’on peut imaginer intolérable. Cependant, ce qui rend le phénomène du suicide plus complexe est le fait que les personnes qui meurent par suicide souffrent rarement d’une douleur physique intense et que leurs souffrances psychiques sont causées par des circonstances que la grande majorité des êtres humains réussissent à tolérer et à gérer sans s’engager dans des comportements suicidaires. Les pertes, telles que les peines d’amour ou le décès d’un être cher, très souvent les événements déclencheurs dans les cas de décès par suicide, sont également vécues par la majorité des êtres humains non suicidaires. Pour comprendre un décès par suicide, la douleur, la souffrance ou une expérience pénible ne sont donc pas des explications suffisantes pour justifier un décès, même si elles semblent jouer un rôle dans le processus suicidaire. La complexité du phénomène du suicide fait en sorte que, malgré de nombreuses recherches en suicidologie, nous ne sommes pas encore en mesure de dresser un portrait complet du phénomène et qu’il est encore très difficile de prévoir qui va se suicider.
3Quand un risque de décès par suicide se présente, les pratiques et mesures d’intervention doivent être sous-tendues par des convictions par rapport au suicide et à l’euthanasie. On peut, au départ, croire qu’abréger la vie intentionnellement n’est jamais acceptable. Une telle conviction peut être justifiée par divers arguments, incluant ceux de saint Thomas d’Aquin et de saint Augustin qui affirment que se tuer est inacceptable selon le cinquième Commandement, puisque seul Dieu a le droit d’enlever et de donner la vie et que le suicide va à l’encontre du devoir des humains de s’aimer les uns les autres. Nous pouvons nous appuyer sur une conception de la responsabilité des individus envers la société (comme chez Aristote, entre autres). Nous pouvons rappeler les arguments d’Emmanuel Kant basés sur l’impératif catégorique. Malgré la justification de cette approche que l’on pourrait qualifier de « moraliste », celle-ci implique qu’il faut toujours intervenir pour sauver la vie des personnes suicidaires.
4À l’autre extrême, les éthiques libertaires (par exemple, l’approche de Hume) mettent l’accent sur l’autodétermination et la possibilité d’abréger la vie intentionnellement si on le désire. Mais une personne qui croit fermement à la liberté de choisir sa mort intentionnellement n’interviendra pas pour sauver la vie d’une personne suicidaire, à moins de le faire à la demande expresse de l’individu.
5Nous pensons que, en fait, les personnes qui partagent les principes moralistes ou libertaires que nous venons d’énoncer sont très rares. La grande majorité de la population peut être considérée comme « relativiste », c’est-à-dire que, pour elle, l’acceptabilité des mesures abrégeant la vie dépend soit du contexte, soit des conséquences. Par exemple, les contextualistes acceptent le suicide dans certaines situations. Le problème auquel ils sont confrontés est que les circonstances permettant de juger de l’acceptabilité du suicide ne font pas consensus. Prenons ce bref exemple : les critères le plus fréquemment évoqués pour fonder l’acceptabilité du suicide ou de l’euthanasie est que la décision doit être « rationnelle », et que l’individu doit souffrir énormément — on parle parfois de souffrance intolérable et interminable. Nous oublions cependant que presque toutes les décisions prises par les êtres humains ne sont pas rationnelles, mais relèvent plutôt du domaine de la subjectivité et de l’émotivité. On ne choisit pas rationnellement avec qui se marier, quelle carrière on poursuivra, si on veut avoir des enfants, etc. Comment peut-on exiger que la décision de mourir soit rationnelle, alors que d’autres décisions importantes de la vie reposent sur la subjectivité et l’émotivité ? Si on devait identifier des situations où l’on est plus rationnel que d’habitude, on ne penserait pas spontanément à celles où l’on souffre énormément ; il est évident que la souffrance émotionnelle ou physique affaiblit nos capacités de raisonnement rationnel.
6Une autre approche éthique relativiste est celle des « conséquentialistes », c’est-à-dire ceux qui évaluent l’acceptabilité des actes par leurs conséquences réelles ou anticipées. Par exemple, certains centres d’écoute téléphonique retracent les appels et alertent les services d’urgence si une personne est en danger, même si l’appelant ne le veut pas. Ils justifient ces interventions en affirmant que la majorité des personnes sauvées les remercient par la suite.
7Quelle que soit l’approche philosophique retenue, on peut justifier un grand éventail de mesures en prévention du suicide. Même les personnes adoptant une approche plutôt libertaire doivent admettre que la liberté de choisir la mort n’est pas plus importante que la liberté de trouver des solutions à nos problèmes et de choisir de continuer à vivre. Pour cette raison, un adhérant à l’approche libertaire peut aisément accepter la mise en place de ressources d’aide pour les personnes suicidaires, pourvu que les utilisateurs de ces ressources soient libres d’accepter ou non l’aide offerte et de pouvoir cesser l’utilisation des services à leur gré.
8L’une des raisons pour lesquelles nous disposons de moins de données empiriques pour démontrer que certaines mesures préventives et certains types d’intervention sont plus efficaces relève des problèmes d’éthique qui se présentent en recherche sur le suicide : les devis de recherche qui peuvent fournir les meilleures preuves de l’utilité de certaines interventions comprennent l’assignation aléatoire des participants à un groupe d’intervention et à un groupe témoin sans traitement. Pour des raisons d’éthique, ce genre de protocole de recherche est rarement utilisé en suicidologie. Il n’est pas considéré acceptable de traiter certaines personnes à risque suicidaire et de simplement observer un groupe témoin sans procurer de traitement aux personnes à risque afin de constater s’il y aura plus de décès dans ce groupe que dans le groupe où il y a une intervention. Par crainte de mettre les personnes suicidaires dans une situation à risque, toute personne suicidaire est automatiquement exclue des essais de nouveaux médicaments psychotropes. Cela a pour résultat que les médicaments utilisés pour traiter les troubles mentaux, par exemple, la dépression, ne sont pas testés par les personnes suicidaires. Cependant, ce sont ces médicaments qui sont utilisés pour prévenir le suicide des personnes dépressives. Actuellement, les gouvernements du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni ont émis des directives interdisant la prescription d’un grand nombre de médicaments pour le traitement de la dépression des jeunes parce qu’il semble que ces médicaments augmentent le risque suicidaire chez nombre d’entre eux. Maintenant, plutôt que de comparer un groupe expérimental à un groupe sans traitement, les chercheurs en suicidologie comparent les traitements « traditionnels » aux nouvelles pratiques.
9Tout cela est compliqué davantage par le fait que les attitudes et valeurs d’une société changent continuellement, parfois pour le mieux et parfois pour le pire. Par exemple, la génération actuelle des aînés utilise peu les services d’intervention téléphonique en prévention du suicide et ont des préjugés négatifs concernant la consultation d’un psychiatre ou d’un psychologue. Cette génération a vécu des expériences qui lui ont laissé croire que seulement des « fous » consultent les « psy » ; elle n’est pas habituée à confier ses problèmes personnels à un étranger anonyme au téléphone. Cependant, la prochaine génération des aînés (la génération des baby-boomers) est habituée à utiliser les services psychiatriques et psychologiques et a plus tendance à faire appel à toutes sortes de services d’aide téléphonique.
10Nous pouvons nous demander de quelle façon les stress qui augmentent le risque suicidaire vont croître dans une société donnée et jusqu’à quel point les ressources et la propension à demander de l’aide vont croître en contrepartie. Par exemple, la génération actuelle d’hommes d’âge mûr, qui est le plus à risque de mourir par suicide, appelle moins souvent que les femmes aux ressources d’aide et consulte moins souvent des professionnels de la santé et de la santé mentale pour régler leurs problèmes. On peut se demander si, à l’avenir, les hommes vont arrêter d’avoir autant de comportements machos, s’ils vont cesser de se débrouiller tout seuls sans demander d’aide, et si la prochaine génération d’hommes sera moins à risque grâce à l’augmentation de l’utilisation des services d’aide. On peut se demander également si les femmes vont, dans l’avenir, continuer à utiliser davantage les ressources d’aide pour discuter de leurs problèmes ou si elles vont vivre plus de stress à cause de leur implication accrue dans des rôles stressants pouvant augmenter le risque suicidaire.
SUICIDE, EUTHANASIE ET SUICIDE ASSISTÉ
11Est-ce que l’euthanasie a sa place dans un livre portant sur le suicide ? Nous avons vu au chapitre 2 que l’euthanasie est un phénomène différent des comportements suicidaires ; il ne s’agit pas d’un comportement autodestructeur mais plutôt d’un acte fait par une autre personne qui tue quelqu’un pour abréger ses souffrances. Cependant, même si l’euthanasie et le suicide sont différents en pratique, nous pouvons nous poser la question suivante : est-ce que les circonstances qui mènent à la décision d’abréger la vie par suicide sont comparables aux circonstances qui mènent au désir de mourir plus tôt par euthanasie ? Généralement, les personnes qui meurent par euthanasie souffrent d’une maladie en phase terminale ou d’une maladie dégénérative. Une dépression clinique liée à la maladie ou aux effets secondaires des traitements à une maladie ou aux réactions psychologiques à la maladie est le facteur principal qui contribue à l’augmentation du risque suicidaire. Dans le cas de l’euthanasie, on suppose souvent que la décision est « rationnelle » et qu’il s’agit d’un choix légitime pour abréger la souffrance qui est intolérable et incontournable.
12Avant d’essayer de répondre à ces questions, il faut prendre conscience du fait qu’il existe divers types d’euthanasie, certains pouvant être liés aux comportements suicidaires, mais d’autres qui par leur nature ne peuvent avoir aucun lien avec les circonstances d’un suicide. L’euthanasie peut être considérée comme volontaire lorsque l’acte est fait avec l’assentiment d’un individu compétent dans le sens légal, c’est-à-dire qui est jugé sain et apte à prendre des décisions et qui a clairement exprimé le désir que sa vie soit abrégée par euthanasie, soit par une demande personnelle ou par une directive écrite préparée d’avance dans laquelle il indique comment il souhaite que l’euthanasie soit pratiquée. Une personne est considérée compétente si elle est capable de comprendre la nature et les conséquences des décisions à prendre et qu’elle est capable de communiquer ses décisions. L’euthanasie volontaire pourrait donc se dérouler ainsi : un médecin donne une injection létale à un patient compétent qui souffre, le médecin agissant de cette façon à la demande expresse du patient.
13L’euthanasie est considérée comme étant non volontaire lorsqu’elle est pratiquée sans que le patient soit au courant de l’acte qu’il subira bientôt. Cette ignorance peut être attribuable au fait qu’il n’est pas considéré comme « compétent » au moment de l’euthanasie, et il se peut qu’il n’ait jamais exprimé le vœu, lorsqu’il était compétent, de mourir de cette façon. La personne est considérée non-compétente si elle n’est pas capable de comprendre la nature et les conséquences d’une décision à prendre ou, si elle n’est pas capable de communiquer ses décisions. Dans le cas d’euthanasie non volontaire, on ne connaît pas les désirs du patient. Par exemple, lorsqu’un médecin donne une injection létale à un vieillard qui souffre énormément dans un état avancé de maladie terminale, il s’agit d’euthanasie non volontaire, parce que le médecin n’a reçu aucun message lui indiquant les souhaits du patient s’il était dans une telle situation. Un autre exemple d’euthanasie non volontaire est lorsqu’un parent tue par inhalation de monoxyde de carbone un enfant qui est né gravement handicapé et qui n’a jamais appris à communiquer ses désirs.
14L’euthanasie involontaire est pratiquée contre la volonté d’un individu qui est compétent ou d’un individu non-compétent qui a exprimé auparavant, verbalement ou par écrit, qu’il ne désirait pas d’euthanasie dans une telle circonstance. Un exemple d’euthanasie involontaire serait la situation où un fils donne une injection létale de médicaments à son père souffrant du cancer, bien que le père ne veuille pas qu’il le fasse. Un autre exemple d’euthanasie involontaire est lorsque le médecin, malgré l’expression au préalable du patient à l’effet qu’il ne voudrait pas que des actions soit entreprises pour accélérer sa mort, donne quand même une injection létale à un patient inconscient, arrivé au stade terminal d’une maladie.
15Il arrive parfois que les mots « meurtre par pitié » ou « meurtre par compassion » soient utilisés pour décrire les cas d’euthanasie non volontaire et involontaire. Pour rendre la situation plus complexe, il existe en Amérique du Nord énormément de confusion quant aux termes « euthanasie », « homicide », « suicide » et « suicide assisté ». Un sondage effectué au Québec en 2003 par Isabelle Marcoux a montré que, souvent, les personnes qui sont en faveur de la légalisation de « l’euthanasie » croient que légaliser l’euthanasie signifie permettre de refuser et d’arrêter les traitements pour prolonger la vie ; les deux pratiques étant déjà légales au Canada. De plus, le terme « suicide assisté » est souvent utilisé pour décrire les actes qui sont habituellement définis comme étant l’euthanasie ou le meurtre par compassion.
16Le suicide assisté est habituellement identifié comme une mort auto-infligée, c’est-à-dire un suicide, mais qu’une autre personne aiderait à mener à bien et ce, soit en fournissant les moyens pour que la personne puisse se tuer, soit en donnant de l’information sur les différentes façons de mettre fin à sa vie, soit les deux. Par exemple, il y a suicide assisté lorsqu’un médecin prescrit une dose létale de médicaments, ce qui est actuellement permis dans certains cas de souffrances auxquelles on ne peut pas remédier, comme c’est le cas en Orégon, aux États-Unis. Généralement, si la personne elle-même se tue à l’aide de moyens obtenus par une autre personne ou sur les conseils de celle-ci, il s’agit d’un suicide assisté. Cependant, si une autre personne est directement impliquée dans le processus menant à la mort, par exemple, en donnant une injection ou en débranchant une machine qui maintient la personne en vie, il ne s’agit pas d’un suicide assisté, mais plutôt d’un cas d’euthanasie.
17Afin de comprendre davantage les similitudes et les différences existant entre euthanasie et suicide, nous devrons nous limiter aux cas d’euthanasie volontaire où il y a décision consciente d’une personne voulant abréger sa vie. Nous pouvons nous demander si, dans le cas de l’euthanasie volontaire, la décision est plus rationnelle qu’elle ne l’est dans le cas du suicide, si les personnes qui choisissent l’euthanasie souffrent plus ou moins souvent de troubles mentaux et si les mêmes interventions effectuées pour prévenir un suicide pourraient s’avérer aussi efficaces dans le cas de l’euthanasie. Plusieurs arguments en faveur de l’euthanasie sont basés sur l’idée de ce qui constitue une « belle mort », sur les droits des individus de choisir leur façon de mourir et sur le droit de maintenir sa dignité et d’éviter la souffrance si on le désire. Les personnes qui sont contre la légalisation de l’euthanasie basent souvent leur décision soit sur une croyance religieuse ou morale soutenant le caractère sacré de la vie humaine, soit sur la crainte que si on accepte de tuer certaines personnes dans certaines situations, les personnes démunies et handicapées peuvent être tuées sans leur approbation ; il y a également le risque que les malades soient euthanasiés alors que l’on aurait pu diminuer leur souffrance en contrôlant leur douleur ou en traitant leur trouble mental.
18Aux Pays-Bas et en Belgique, par exemple, l’euthanasie est légale et acceptée. Cependant, la pratique de l’euthanasie est limitée aux situations complètement volontaires où la personne a une souffrance intolérable qui ne peut pas être diminuée et où les autres traitements ont déjà été utilisés sans succès. En fait, aux Pays-Bas, les deux tiers des demandes d’euthanasie sont refusées parce que d’autres traitements pour diminuer la souffrance de la personne existent, traitements qui doivent être administrés avant de penser à arrêter la souffrance par la mort.
19Il est difficile de croire que les décisions prises par des malades souffrants et en phase terminale soient plus rationnelles que les décisions prises par des personnes en bonne santé qui sont généralement très émotionnelles. De plus, souffrir d’une maladie mortelle est souvent anxiogène et l’angoisse peut dérégler nos capacités de raisonnement. Il existe aussi une différence importante entre la liberté de changer d’avis des personnes qui meurent par suicide et celle des personnes qui meurent par euthanasie. Dans le cas du suicide, la personne peut toujours changer d’avis et ne pas se tuer. En effet, très souvent, les personnes « prêtes » à se tuer appellent les centres de prévention du suicide et changent d’avis à la suite d’une intervention téléphonique. Même les personnes qui amorcent une tentative de suicide arrêtent souvent en cours de route ou appellent un organisme d’urgence pour que leur vie soit sauvée. Pour chaque décès par suicide, on dénombre plus d’une centaine de tentatives de suicide. Il y a autant de tentatives parce que même les personnes qui sont désespérées au point de déclencher une tentative de suicide changent habituellement d’avis et ne continuent pas leur tentative jusqu’au bout. Cependant, dans le cas de l’euthanasie, la liberté d’une personne de changer d’avis à la dernière minute peut être compromise par la présence d’une autre personne convaincue que l’euthanasie est la bonne chose à faire. Après avoir pris des semaines pour faire des démarches afin de convaincre le médecin que la personne a le droit à une mort par euthanasie, il est possible qu’il ne soit pas si facile de changer d’avis à la dernière minute et de demander au médecin de « revenir un autre jour » parce que le patient hésite. Le fait de créer une situation où une autre personne est impliquée dans le processus peut créer le risque que, à cause de la pression sociale liée à cette situation et la peur de ne plus pouvoir avoir accès à l’euthanasie dans l’avenir si désiré, la liberté de changer d’avis, qui est si souvent exprimée dans le cas des suicides, ne soit pas aussi facile à exprimer dans le cas de l’euthanasie.
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