Chapitre 8. La prévention du suicide
p. 122-134
Texte intégral
SIGNES PRÉCURSEURS
1LA PLUPART DES GENS pensent au suicide à un moment de leur vie. Cependant, le nombre de ceux qui pensent sérieusement au suicide est nettement moins élevé et se situe autour de 4 % de la population du Québec. Parmi les gens qui pensent sérieusement à s’enlever la vie, seul un petit pourcentage fera une tentative de suicide et chaque année, près de ,02 % de la population (15 par 100 000 habitants par année) mourra par suicide au Canada. Donc, les personnes qui se trouvent dans les groupes « à risque élevé » mourront rarement par suicide, même si les risques qu’elles en viennent à se tuer sont plus élevés que pour le reste de la population. Ceci dit, il est quand même important de cibler les groupes à risque afin de prévoir des actions préventives. Même si l’appartenance à un groupe à risque n’est en soi pas une indication qu’un individu va se suicider, il existe des signes précurseurs qui permettent d’identifier le moment où une mesure d’intervention peut s’avérer susceptible de prévenir un décès par suicide ou une tentative de suicide.
LES INDICATEURS DU RISQUE SUICIDAIRE
2La grande majorité des personnes qui se suicident laissent des indices de leur intention avant de passer à l’acte. Peu de gens, en fait, se tuent de façon impulsive, sans jamais avoir pensé qu’ils en arriveraient un jour à faire ce geste. Les suicides impulsifs se produisent à la suite d’un événement traumatisant, dans un moment de grande vulnérabilité où un moyen de se tuer est facilement accessible. Il arrive souvent que les personnes qui se tuent impulsivement dans une situation de crise aiguë aient consommé des boissons alcoolisées ou des drogues, ce qui a pour effet d’affaiblir leur jugement et d’augmenter les réactions émotionnelles. Ces suicides imprévisibles semblent plus fréquents chez les individus ayant un caractère impulsif, mais, encore une fois, seule une petite minorité d’entre eux se suicideront. La majorité des gens vont en parler avec les membres de leur entourage, et ce, de différentes façons, par exemple : « Parfois, je me demande s’il ne serait pas mieux de simplement disparaître » ou « Je pense qu’il vaudrait mieux que je sois mort ». Dans environ la moitié des cas, selon les recherches, les personnes qui entendent ces énoncés les prennent au sérieux et discutent avec la personne de ses problèmes. Mais malheureusement, dans l’autre moitié des cas, les amis ou membres de la famille qui entendent ces paroles suicidaires changent de sujet ou disent quelque chose comme : « Je suis certain que ça va aller mieux », sans demander ce qui va mal ou essayer d’aider la personne. Lorsque quelqu’un exprime ses intentions ou pensées suicidaires, il s’agit là d’une occasion importante de trouver des solutions à son désarroi. Il est important de prendre toutes les menaces de suicide au sérieux.
3Les personnes suicidaires changent souvent de comportement avant de passer à l’acte. Ces changements peuvent inclure la dépression, l’apathie, le pessimisme ou l’irritabilité. Les membres de leur entourage ont souvent l’impression qu’ils « ne sont pas comme d’habitude » ou « ne sont pas eux-mêmes ». Il se produit parfois des changements sur le plan des habitudes alimentaires (manger beaucoup ou arrêter de manger) ou du sommeil (dormir beaucoup ou être incapable de s’endormir, particulièrement se réveiller tôt le matin et ne plus pouvoir se rendormir par la suite). Ces symptômes sont des indications que quelque chose ne va pas et il est important de poser des questions directes pour voir ce qui ne va pas. Aussi, les personnes ayant la ferme intention de se suicider font souvent des préparatifs en vue de leur mort. Par exemple, une personne suicidaire peut mettre de l’ordre dans ses affaires personnelles, rendre visite à des amis qu’elle n’a pas vus depuis longtemps (pour leur dire au revoir) ou encore donner des objets importants (il faut faire particulièrement attention si la personne dit des choses comme : « Je n’en aurai plus besoin » ou « Ces choses ne m’intéressent plus »). Il arrive parfois que les adieux se fassent en exprimant des sentiments jamais verbalisés auparavant (par exemple : « Je ne t’ai jamais dit à quel point je t’aime, je voulais simplement que tu le saches »).
4Un autre signe de danger est l’apparition d’un intérêt particulier pour les manières de se suicider. Par exemple, quelqu’un peut tenter de se procurer une arme à feu ou encore s’exercer à faire des nœuds avec une corde, ou encore consulter des sites Web qui donnent des informations quant à la manière dont on s’y prend pour se tuer. Parfois, les préparatifs semblent tellement « évidents » que les membres de l’entourage croient que ce n’est qu’une stratégie pour attirer l’attention. Même si on croit que cette tendance (attirer l’attention) est présente dans les préparatifs ou les énoncés, il est très important de la prendre tout de même au sérieux et d’essayer d’aider la personne. Lorsque quelqu’un est désespéré au point de menacer de se tuer pour obtenir de l’attention, c’est, de toute façon, une indication que quelque chose va vraiment mal.
QUE FAIRE LORSQU’IL Y A DES INDICATIONS DE RISQUE SUICIDAIRE ?
5Lorsqu’un individu laisse entrevoir certains signes indiquant un désir potentiel de suicide ou qu’il pense sérieusement à le faire, il est très important de discuter avec lui de ses sentiments. Malheureusement, nombreux sont ceux qui hésitent à parler à quelqu’un qui semble suicidaire, parce qu’ils ont peur de « faire une bêtise » et d’augmenter ainsi le risque suicidaire ou de « donner l’idée de se tuer » à une personne vulnérable. En réalité, il est impossible de suggérer le suicide ou de pousser quelqu’un même en lui posant des questions directes du genre : « Est-ce que tu penses à te tuer ? » Les intervenants qui travaillent en prévention du suicide conseillent à tous ceux qui croient qu’il existe ne serait-ce qu’un risque, aussi petit soit-il, que quelqu’un soit suicidaire, de poser des questions directes. Les recherches indiquent clairement que le fait de poser ces questions n’augmentent pas le risque suicidaire et peut même contribuer à diminuer le risque d’un passage à l’acte, parce que le fait d’en parler directement fait voir à la personne suicidaire que quelqu’un s’intéresse à elle et est prêt à discuter du suicide et de ses intentions. Généralement, les personnes suicidaires sont soulagées lorsqu’un ami ou un membre de leur famille est capable de poser des questions directes concernant leurs pensées suicidaires.
6Après avoir demandé si la personne pense au suicide, si la réponse n’est pas une négation ferme (si la personne répond, par exemple, « pas vraiment », nous ne sommes pas en présence d’un « non », mais plutôt d’un « oui » déguisé), il est utile de poser d’autres questions sur ses intentions, telles que celles-ci : « As-tu pensé à la manière de le faire ? Comment vas-tu le faire ? Est-ce que tu disposes des moyens pour le faire ? Quand penses-tu le faire ? » Les discussions doivent ensuite mettre l’accent sur les sources d’aide mises à la disposition de la personne qui peuvent lui permettre de résoudre ses problèmes, y compris ses amis et confidents et les services de santé mentale ou de santé familiale. Il serait utile de voir quelle est la nature du problème que la personne veut régler par son suicide et d’explorer d’autres façons de diminuer sa souffrance.
7Il est important de rester calme et de ne pas juger l’acte suicidaire comme étant mauvais, bon ou antireligieux. Il est aussi utile de poser des questions sur les facteurs de risque, comme les problèmes de santé mentale et les soins reçus. Il est important de savoir si la personne a déjà consulté des professionnels pour obtenir de l’aide. Si quelqu’un a l’intention de se tuer dans les prochaines heures, il est essentiel de ne pas laisser la personne seule et de trouver des sources d’aide appropriées.
PRÉVENTION PRIMAIRE DU SUICIDE
8La prévention primaire du suicide porte sur les activités qui permettent de prévenir les désirs suicidaires ainsi que le passage à l’acte. Deux types d’activités de prévention existent : les activités qui s’adressent à la population en général et les stratégies de prévention qui visent plutôt certains groupes à risque spécifiques. L’instauration de la Semaine nationale de prévention du suicide au Québec qui a lieu chaque année est un excellent exemple du premier type de prévention ; celle-ci a en effet pour objectif la communication de messages concernant la prévention du suicide à l’ensemble de la population. Ces messages varient d’une année à l’autre, mais présentent toujours des informations sur les sources d’aide (par exemple, le numéro de téléphone sans frais pour joindre un centre de prévention du suicide), sur les changements d’attitude concernant le suicide (par exemple, le préjugé selon lequel on ne peut rien faire pour prévenir un suicide) ainsi que sur la connaissance des « signes de danger » d’un risque suicidaire. D’autres campagnes auprès de la population portent sur les facteurs liés aux comportements suicidaires plutôt que directement sur le suicide. Par exemple, un programme de sensibilisation dans les écoles secondaires a été mis sur pied pour permettre l’identification des personnes souffrant de dépression et une meilleure utilisation des services pour les traiter. Il existe peu de recherches qui indiquent que les programmes de sensibilisation visant la population en général sont efficaces. Les recherches indiquent parfois une augmentation des connaissances (par exemple, on connaît dorénavant la disponibilité des services d’aide par téléphone) mais il n’est pas sûr que les campagnes aient réussi à changer les attitudes ou les comportements. Cependant, à chaque nouvelle Semaine de prévention du suicide au Québec, on constate une augmentation de l’utilisation des services d’aide. Cependant, nous ne savons pas à quel point cette augmentation des appels et des consultations aux centres de prévention du suicide a une influence sur le taux de suicide complété ou de tentatives de suicide.
9Une des stratégies de prévention du suicide est actuellement au centre d’une controverse : celle des programmes en milieu scolaire, habituellement dans les écoles secondaires. Puisqu’il n’existe pas de critères pour déterminer ce qu’est un « bon programme », les programmes existant varient énormément en contenu et en durée. Les recherches indiquent que les programmes à très courte durée, par exemple, la sensibilisation de 45 minutes dans les classes d’une école, ne semblent pas apporter des bénéfices aux élèves. Cependant, certains programmes qui comprennent la formation des enseignants et du personnel de l’école ainsi que la mise sur pied de meilleurs systèmes pour dépister les jeunes à risque et les adresser aux services appropriés peuvent aider certains jeunes à risque suicidaire. La controverse actuelle oppose deux tendances : les approches visant à former les jeunes à identifier leurs pairs à risque et à trouver de l’aide pour eux, et les programmes visant un dépistage psychiatrique des troubles de santé mentale. Les programmes mettant l’accent sur le dépistage des troubles mentaux réussissent à trouver de l’aide pour certains jeunes, mais souvent plus de la moitié d’entre eux n’utilisent pas les services d’aide offerts. À ce jour, aucune preuve n’existe quant à l’effet qu’un quelconque programme diminue les taux de suicide des jeunes. Cependant, de nombreux programmes scolaires peuvent citer des cas où quelqu’un à risque élevé de se tuer semble avoir profité de l’aide offerte par les activités d’un programme. Il est évident que les programmes à courte durée et ceux qui visent la sensibilisation des jeunes sans fournir de ressources d’aide n’ont pas d’effets bénéfiques.
10Une autre approche en amont de la prévention primaire est de promouvoir la santé mentale en général à un jeune âge. Par exemple, le programme « Les Amis de Zippy » enseigne aux jeunes enfants de première année du primaire comment mieux faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Ce programme, développé par l’organisme à but non lucratif Partnership for Children, a une durée de 24 semaines et comprend des jeux et mises en situation à partir d’histoires de jeunes enfants et du personnage d’un insecte appelé « Zippy », l’animal domestique de l’un d’eux. Les recherches indiquent que, en comparaison avec des groupes témoins ne participant pas au programme, les enfants ont un plus grand répertoire de mécanismes d’adaptation (coping), ils connaissent une amélioration de leurs habiletés sociales et on constate la diminution des problèmes comportementaux. Même si ce programme n’aborde pas le suicide directement, mais plutôt les mécanismes d’adaptation — parce que les recherches indiquent que les adolescents qui font des tentatives de suicide disposent d’un moins grand répertoire de mécanismes d’adaptation —, on peut envisager que, si les enfants apprennent de meilleures stratégies pour faire face aux problèmes, y compris une amélioration de leur capacité à demander de l’aide et à l’utiliser, ils seront susceptibles de connaître moins de problèmes graves plus tard dans la vie. De plus, s’ils connaissent des problèmes plus tard, ils seront plus susceptibles de demander de l’aide et de l’utiliser pour les résoudre.
11Nous savons que la plupart des personnes suicidaires parlent de leurs tendances suicidaires avec d’autres personnes, ou donnent des indications de leurs intentions de s’enlever la vie par des changements de comportement ; un des programmes que plusieurs stratégies nationales de prévention du suicide ont décidé de mettre de l’avant est la formation de « sentinelles », c’est-à-dire de personnes susceptibles d’être en contact avec un individu suicidaire et de trouver de l’aide. Les sentinelles incluent les médecins généralistes, les membres du clergé, les professeurs, les leaders de groupes de jeunes, les animateurs de programmes pour personnes âgées, etc. La formation des sentinelles inclut habituellement l’apprentissage de méthodes d’identification et d’évaluation du risque suicidaire et ainsi que celui des moyens de réagir face aux menaces de suicide, sans oublier la connaissance des ressources disponibles dans leur communauté. Un des programmes de sensibilisation des médecins au dépistage de la dépression a suscité énormément d’intérêt : le programme de l’île de Gotland en Suède. Dans ce programme, on a trouvé qu’une meilleure formation des médecins au dépistage et au traitement de la dépression ainsi qu’à la discussion du suicide contribuait à une augmentation du traitement de la dépression dans la population et à une diminution significative des décès par suicide.
12Partout dans le monde, des milliers de personnes appellent aux centres de prévention du suicide et aux centres de crise pour faire part de leurs intentions suicidaires et pour trouver de l’aide. Les styles d’intervention des différents centres vont d’une approche « d’écoute active », où un intervenant bénévole ne fait qu’écouter et refléter une compréhension de l’appelant, à l’approche de la « résolution de problèmes », où l’appelant est encouragé à trouver des solutions et à utiliser des ressources d’aide spécifiques. Les recherches indiquent que, dans certains cas, les régions qui bénéficient de services d’aide téléphonique peuvent connaître des diminutions des taux de suicide chez ceux qui font appel à leurs services. Par exemple, des recherches américaines ont indiqué que les femmes d’âge mûr, qui constituent le plus grand groupe d’utilisateurs des services d’aide téléphonique, se tuent moins souvent dans les comtés américains où il y a des services téléphoniques de prévention du suicide que dans ceux où il n’y en a pas. Nous ne pourrions plus aujourd’hui effectuer une telle recherche puisqu’il existe aux États-Unis une ligne sans frais (1-800-Suicide) disponible pour toute la population.
13Un des grands défis de la prévention du suicide est le fait que certains groupes à risque consultent moins souvent et demandent moins souvent d’aide, notamment les hommes qui souffrent de dépression ou qui vivent un problème d’abus d’alcool ou de drogues et qui ont des intentions suicidaires. Suicide Action Montréal, le centre de prévention du suicide pour la région de Montréal, a constaté que, même si ces hommes à risque n’appellent pas souvent, de nombreux proches, membres de la famille et de l’entourage de ces hommes appellent pour demander ce qu’ils peuvent faire pour aider ces hommes suicidaires. Une recherche effectuée par Brian Mishara, Janie Houle et Suicide Action Montréal a comparé différents programmes complémentaires offerts aux proches des hommes à haut risque suicidaire. Cette recherche a montré que la participation à la rencontre où l’on donnait de l’information sur le suicide et sur la manière de trouver de l’aide ainsi que les programmes de « parrainage téléphonique » avec un bénévole qui poursuivait des contacts avec les appelants de façon personnalisée, jumelée avec une approche centrée sur les solutions, a contribué à diminuer le nombre de tentatives de suicide et les intentions suicidaires des hommes à risque qui ne prenaient pas eux-mêmes contact avec ce centre.
14Dans certains milieux bien délimités, un programme global à plusieurs volets peut avoir un effet préventif. C’est le cas d’un programme offert pour l’ensemble du corps policier de la ville de Montréal, doté d’un effectif de plus de 4 000 individus. Un programme parrainé par l’administration et le syndicat des policiers et développé par le programme d’aide aux employés comprenait un cours de formation et de sensibilisation sur le suicide pour tous les membres du personnel, une formation approfondie des superviseurs et représentants syndicaux sur le dépistage des personnes à risque et les interventions possibles, la mise sur pied d’une ligne d’aide téléphonique spécifiquement pour les policiers (service offert par des policiers bénévoles) et une campagne publicitaire générale. Avant la mise sur pieds de ce programme, on comptait en moyenne 1,6 décès par suicide par année et dans les 15 années avant la mise sur pied du programme, on n’avait connu qu’une année sans décès par suicide. Dans les sept années suivant l’implantation du programme, on n’a connu qu’un seul suicide, survenu sept ans plus tard.
CONTRÔLE DE L’ACCÈS AUX MOYENS
15De nombreux programmes de prévention portent sur le contrôle de l’accès aux moyens pour se tuer. Des recherches indiquent que la présence d’une arme à feu dans une maison multiplie par six le risque de suicide dans ce domicile. Il semble que le contrôle de l’accès aux armes à feu, en plus de diminuer les décès par suicide par cette méthode, peut avoir pour effet de diminuer le taux de suicide en général dans certaines régions. Récemment, en Angleterre, les lois limitant le nombre de comprimés par contenant et le nombre de contenants d’acétaminophène qu’on peut acheter ont eu pour effet de réduire significativement les décès par empoisonnement d’acétaminophène et les décès par suicide en général. Les recherches sur les barrières sur les ponts et autres endroits dangereux pour empêcher les suicides sauvent des vies et on constate très peu de déplacements à d’autres sites ou de substitution des moyens. Nous pouvons comprendre l’efficacité des programmes de prévention centrés sur la réduction de l’accès aux moyens pour se tuer par le fait que les suicides ont lieu dans une situation de crise où il y a une conjoncture de facteurs de risque suscité par un ou des événements déclencheurs et un manque d’aide à ce moment-là. Tout de suite après avoir subi une perte importante (la fin d’une relation amoureuse par exemple), quelqu’un souffrant déjà de dépression et qui présente des traits d’impulsivité peut penser sérieusement à se tuer et ces pensées peuvent se traduire en action plus facilement si la personne consomme des boissons alcoolisées ou des drogues. Dans une telle situation, l’accès facile à une arme à feu ou à une autre façon de se tuer facilite grandement le passage à l’acte. Cependant, s’il est difficile de trouver un moyen pour se tuer, ou si l’accès à un moyen préféré est bloqué, il y a de fortes chances pour que dans les jours suivants la situation, cette crise diminue en intensité et que la personne ait l’occasion de trouver de l’aide.
LA PRÉVENTION DU SUICIDE DANS UN MILIEU OÙ UN SUICIDE EST SURVENU
16Lorsqu’un suicide survient dans un milieu de vie, par exemple, dans une usine ou dans une école, il y a un risque plus élevé qu’il y ait un autre suicide dans le même environnement. Le fait qu’un suicide semble provoquer un risque plus élevé que d’autres suicides se produisent dans le même milieu est ce qu’on appelle la « contagion ». Il est important, à la suite d’un suicide dans un lieu précis, d’accorder l’occasion aux personnes ayant connu la victime d’exprimer leur deuil, mais en même temps il est important de ne pas glorifier le suicide. Si, par exemple, dans une école, des cérémonies publiques ont lieu pour commémorer la personne décédée par suicide, où, par le fait même, on accorde beaucoup d’attention à cette personne décédée, cela pourrait être éventuellement vu comme une « glorification » de la mort par suicide. Le risque de contagion peut être imputable à ce que les personnes qui s’identifient à la victime et qui veulent jouir du même type d’attention dont a bénéficié la victime peuvent être à risque plus élevé de se tuer dans le but d’obtenir une commémoration semblable. À la suite d’un suicide, une approche qu’on privilégie est d’identifier les personnes les plus « vulnérables » dans le milieu et offrir de l’aide individuellement, si besoin est. Ces personnes vulnérables peuvent inclure les personnes les plus proches de la victime ou les personnes souffrant de dépression ou qui semblent « bouleversées » par l’événement.
17La grande majorité des personnes qui ont l’intention de se mer ne font pas de tentatives de suicide, changent d’avis et trouvent d’autres solutions à leurs problèmes. Il arrive souvent qu’elles reçoivent de l’aide d’intervenants professionnels ou de services bénévoles d’intervention de crise. En effet, la prévention du suicide fonctionne parce qu’il y a relativement peu de décès par suicide par rapport au grand nombre de personnes qui y pensent sérieusement. Les programmes de prévention du suicide sont cependant limités par la réticence à parler ouvertement des intentions suicidaires et à admettre l’existence de problèmes et le besoin d’aide. Les hommes hésitent plus que les femmes à demander et à utiliser les services d’aide, ce qui peut expliquer, au moins en partie, le plus haut taux de suicide des hommes dans la grande majorité des pays du monde. Si les valeurs d’une société changent et rendent la population plus susceptible de demander et d’utiliser de l’aide, il y aura moins de décès par suicide. À ce jour, on constate très peu d’efforts pour transformer ces valeurs. Mais pour avoir des stratégies de prévention efficaces, il faut faire plus que d’offrir les bons services, il faut motiver les personnes à s’en servir.
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