Chapitre 3. Le suicide : un problème mondial
p. 43-54
Texte intégral
DIFFÉRENCES INTERNATIONALES
1LE SUICIDE EST UN PHÉNOMÈNE inégalement distribué à travers le monde. Un survol de la distribution des taux de suicide à travers le monde dont la projection sur une carte géographique est diffusée sur le site Web de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait voir d’un coup d’œil rapide que le problème n’est pas relié à une région en particulier, ni au produit national brut, ni aux écarts de niveaux de vie. Certains pays peuvent présenter des taux élevés pendant une génération puis voir le nombre des suicides baisser de façon visible, comme dans le cas de la Suède, récemment. D’autres, au contraire, comme l’Irlande ou la province de Québec, voient soudainement leur taux grimper en quelques décennies. Il serait donc hasardeux d’associer la fréquence des suicides à des caractéristiques sociales ou culturelles intrinsèques à une société. Ainsi, à l’instigation d’une remarque du président américain Eisenhower, on a véhiculé l’idée selon laquelle la Suède avait un taux de suicide particulièrement élevé à cause de son régime socialiste même si ce régime était davantage de type social-démocrate. Or, la Suède présentait un taux similaire durant sa période pré-social-démocrate.
2La prudence est de mise également dans les comparaisons internationales à cause des variations dans les méthodes d’enregistrement des causes de décès et cela, même d’une administration à l’autre à l’intérieur d’un pays donné. Certains médecins doutent, par exemple, que tous les suicides soient correctement déclarés en zone rurale française. Dans plusieurs régions du monde où les liens avec le gouvernement central sont ténus, c’est souvent un responsable local ayant complété l’école primaire qui est en charge de l’établissement des causes de décès. Malgré ces facteurs liés à la collecte des données, il est tout de même rassurant d’apprendre que, dans les pays accueillant des immigrants, les taux de suicide des différentes communautés culturelles, surtout celles arrivées récemment, sont relativement similaires aux taux rapportés dans les pays d’origine.
3La carte de la distribution des suicides de l’OMS montre que la région du monde la plus affectée actuellement comprend un vaste territoire qui s’étend des pays baltiques à la fédération russe tout en incluant deux anciennes républiques de l’URSS du Nord, soit l’Ukraine et la Biélorussie. Les taux très élevés d’alcoolisme dans ces pays représentent, selon les experts, la principale raison expliquant les suicides. D’autres pays comme le Sri Lanka, la Hongrie et la Slovénie font aussi partie des pays en tête de liste. Si la Chine rapporte un taux inférieur, elle compte néanmoins près de 44 % des suicides de la planète et plus de la moitié des femmes décédées par suicide à travers le monde proviennent de ce pays. Le gouvernement chinois commence d’ailleurs à lever les tabous et à s’intéresser davantage à ce problème particulièrement présent au sein de la population féminine des régions rurales pauvres. On vient d’y établir des services téléphoniques de prévention du suicide qui reçoivent des milliers d’appels chaque semaine. Les pays d’Europe, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest, de même que le Japon, présentent généralement des taux moyennement élevés. Les pays anglo-saxons tels les États-Unis, le Canada (partie anglophone), le Royaume-Uni ainsi que l’Australie présentent en contrepartie des taux moyens. Les grandes régions dites du Sud, en particulier l’Afrique, les Antilles, l’Amérique du Sud, Cuba faisant exception, de même que les pays arabes et de religion musulmane ont des taux de faibles à très faibles. Des rapports médicaux portent à penser que le suicide et les conduites suicidaires deviennent un problème chez les jeunes des zones urbanisées du Maghreb. L’Inde présente des variations extrêmes dans un rapport de 1 à 50 entre le Bihar au Nord et le Kerala au Sud, celui-ci avec un niveau d’éducation et un taux de suicide plus élevé.
4Il y a lieu d’être prudent dans l’interprétation des statistiques nationales, car les variations intérieures peuvent être significatives d’une région à l’autre ou entre la ville et la campagne. En Roumanie, par exemple, le suicide est principalement concentré dans la population de langue hongroise ; et au Canada, davantage chez les francophones et les autochtones. Ces derniers représentent 10 % de la population dans certaines provinces de l’Ouest du pays mais ils peuvent contribuer à 50 % des suicides.
5Le suicide est directement relié à l’âge dans la très grande majorité des pays à travers le monde, c’est-à-dire qu’il se concentre dans les couches les plus âgées. Il y a pourtant des exceptions notables en milieu autochtone et dans quelques pays comme le Canada, l’Irlande, la Pologne et la Finlande, où il se concentre dans les âges dits productifs, soit entre 20 et 50 ans.
QUI SE TUE DAVANTAGE ?
6Ce sont très explicitement les hommes et les personnes âgées qui sont les plus à risque de mourir par suicide sur le plan international. Ces catégories sont trop globales pour avoir une signification et les facteurs associés à ces statuts peuvent varier d’un pays à l’autre. Par ailleurs, les tentatives de suicide se concentrent davantage chez les femmes et les jeunes. En ce qui concerne les personnes âgées, le délaissement et l’abandon par les jeunes qui partent vers les villes peuvent être un facteur influent. Il y a un débat entourant la part du veuvage chez les hommes. C’est davantage le statut de veuf que la perte récente de l’épouse qui est en cause. Il serait important de mieux comprendre la trajectoire menant au suicide chez les personnes âgées, car ce groupe se distingue des autres catégories. Ce sont souvent des gens qui ont traversé la vie avec succès et qui ne présentent pas des psychopathologies aussi importantes que celles des jeunes qui se suicident.
7Les personnes dépendantes de l’alcool et des drogues, particulièrement si leur consommation est excessive et qu’il n’y a pas d’intégration sociale ou professionnelle, représentent une autre cible de prévention prioritaire. Ces personnes sont particulièrement sensibles à l’échec amoureux. Les personnes pauvres ou de moyens modestes sont beaucoup plus exposées au danger du suicide que les personnes riches ou avec des revenus suffisants. Les personnes sans emploi, mais non nécessairement celles mises récemment au chômage, sont aussi à haut risque et cela est souvent relié à la présence d’un handicap d’origine psychiatrique. Il y a peu d’indices permettant de désigner des métiers ou des professions plus à risque, bien que certaines spécialités médicales et la médecine dentaire soient citées dans quelques études. Il faut aussi ajouter que les groupements humains dont la structure du mode de vie et de production a été radicalement bouleversée sont très à risque. Les facteurs sont le passage d’un mode de vie semi-nomade à la sédentarisation et l’introduction de la scolarisation obligatoire qui provoque un déséquilibre dans le rapport de pouvoir entre les générations.
LES DIFFÉRENCES HOMMES-FEMMES
8L’une des constatations les plus régulières est la plus forte représentation des hommes par rapport aux femmes dans les statistiques sur le suicide, soit généralement un écart du double au quadruple. Il y a aussi des exceptions de taille, soit la Chine et l’Inde, deux pays qui comptent pour le tiers de la population mondiale avec plus de deux milliards d’habitants et pour près de la moitié des suicides dans le monde. La distribution est en effet assez similaire entre les deux sexes. L’interprétation de ces deux cas pour lesquels les données empiriques sont rares pourrait peut-être éclairer pourquoi nous observons l’inverse ailleurs. Les études que nous avons menées en Inde montrent que les femmes, en dehors des classes privilégiées, possèdent un statut très inférieur à celui des hommes, la raison principale étant que la fille est considérée à sa naissance comme appartenant à la famille dans laquelle elle va se marier. À l’âge adulte, lorsque survient un conflit marital grave et une séparation, c’est la femme qui écope et qui doit quitter foyer et enfants, sans trouver de véritable niche au niveau social, à moins de trouver refuge dans sa famille d’origine. Le nombre élevé d’homicides de ces femmes rejetées a été bien analysé dans la ville de Nouvelle-Delhi et on a découvert que, souvent, la famille tente de déguiser en suicide la mort violente de l’épouse en prétextant un feu dans la cuisine. En Chine également, le statut de la femme en milieu rural est à ce point déconsidéré qu’on oublie rapidement que l’une d’entre elles s’est suicidée et que la population locale ignore la dimension épidémique du problème. Notons enfin que le suicide féminin est aussi très élevé dans certaines régions rurales du Sri Lanka.
9Malgré les inégalités en défaveur de la femme dans la plupart des pays, les vecteurs du suicide semblent plus présents chez l’homme. On ne fait toutefois référence ici qu’au suicide et non à la tentative de suicide beaucoup plus fréquente chez les femmes, en particulier à l’adolescence et au début de l’âge adulte, que chez les hommes.
10L’une des explications classiques est que l’homme utilise davantage la violence extrême ou s’engage davantage dans les conduites à très haut risque que la femme. Les statistiques concernant les homicides, crimes graves avec lésion, conduites à haut risque de mort et accidents de toutes sortes depuis le plus jeune âge en fournissent une preuve incontestée. Les moyens employés par les hommes sont aussi plus létaux que ceux employés par les femmes lors des tentatives, la majorité de ces dernières ayant recours aux intoxications médicamenteuses alors que les hommes utilisent les armes à feu et la pendaison. Il faut noter à cet effet que la réduction du temps de transport vers les centres hospitaliers et l’amélioration des techniques de plus en plus efficaces de la médecine d’urgence contribuent à stabiliser ou à diminuer le nombre de suicides féminins.
11Une explication culturelle voudrait que le suicide soit une solution plus acceptée par la société dans le cas d’un homme que dans le cas d’une femme. Il est en tout cas plausible que la culture de la violence associée au sexe masculin réfrène moins les hommes à utiliser des moyens extrêmes pour mettre fin à leurs jours. En Inde, on jette généralement le blâme sur une femme si un homme se tue, mais le suicide de la femme n’est que le résultat de ses écarts de conduite.
12Il y a aussi de nombreux auteurs et auteures qui soutiennent que la difficulté de l’homme à accepter sa vulnérabilité et à chercher du soutien auprès de son entourage ou des services professionnels peut expliquer sa plus grande solitude émotionnelle et son éventuel découragement. Les statistiques de consultation médicales et psychologiques démontrent en effet que les femmes sont beaucoup plus portées à chercher de l’aide que les hommes, malgré le fait qu’elles ne présentent pas des taux de problèmes psychologiques significativement plus élevés. L’un des arguments que l’on entend souvent est que les soins psychologiques qui consistent à s’ouvrir à un thérapeute ne sont pas adaptés aux hommes qui sont formés socialement à ne pas laisser paraître leurs faiblesses. Les hommes préféreraient aussi rehausser leur estime de soi en étant de meilleurs pourvoyeurs ou en accomplissant des gestes concrets plutôt qu’en s’épanchant auprès d’un psychologue. Il n’en demeure pas moins qu’un nombre significatif d’hommes, soit environ le tiers, ont reçu des soins psychiatriques peu de temps avant leur décès. Cependant, ils ont souvent été pressés plus ou moins volontairement de se soumettre à une cure.
13Une autre explication de nature culturelle fait valoir la difficulté des hommes à s’assumer dans un rôle bien balisé ; ils seraient les perdants dans la transformation de la culture, où les rôles tendent à être de plus en plus bisexuels. Une thèse en particulier fait valoir que les sociétés où les hommes se suicident beaucoup plus que les femmes, soit le Québec, l’Irlande, la Pologne et la Lituanie, sont des pays qui ont subi une longue occupation ou colonisation et que le pouvoir étranger mine davantage l’image de l’homme que celle de la femme. À l’opposé, il apparaît que les pays anglo-saxons où le suicide est moins répandu sont moins hésitants à proposer des héros plus machistes, des modèles masculins plus traditionnels. C’est certainement le cas dans les productions culturelles et dans la conduite des hommes publics aux États-Unis et, dans une moindre mesure, en Angleterre et en Australie.
14L’analyse des taux différentiels entre les deux sexes fait découvrir un autre paradoxe. Nous savons en effet que le suicide est fortement associé à la dépression majeure. Cependant, le taux de dépression est environ le double chez les femmes que chez les hommes. En fait, le suicide est rarement associé à la dépression isolée, mais plutôt à la dépression accompagnée de troubles de comportement ou de dépendance à l’alcool et aux drogues. Or, cette présence simultanée de deux états pathologiques est plus souvent présente chez les hommes que chez les femmes. Il y a aussi des pays africains où les taux de dépression majeure peuvent atteindre le quart du groupe des femmes, particulièrement à la suite des guerres civiles et de l’épidémie de SIDA qui atteint jusqu’à la moitié de la population civile dans certaines régions du continent.
15Enfin, le phénomène d’exclusion sociale peut expliquer la plus grande vulnérabilité des hommes par rapport au suicide. Le mari est le plus souvent éjecté de la cellule familiale dans les pays occidentaux. Habituellement, c’est l’épouse qui prend l’initiative d’un divorce et qui demeure au foyer avec les enfants et nombre de pères de famille coupent pratiquement tout contact avec leur famille après quelques années. Même si la femme peut vivre dans des conditions économiques plus défavorables et se retrouver seule avec la charge des enfants, elle n’en conserve pas moins une plus grande continuité avec sa vie antérieure, alors que l’homme doit se construire une nouvelle identité en dehors du foyer originel. Au stade de l’adolescence, cette explication ne vaut évidemment plus. Il y aurait lieu d’observer par contre si le garçon est plus souvent évincé du foyer familial pour cause de trouble de conduite que la fille.
VARIATIONS INTERCULTURELLES
16La plupart des études épidémiologiques sur le suicide proviennent des pays occidentaux ou industrialisés et ils informent sur les facteurs de risque propres à ces pays. On y relève rarement des facteurs de nature culturelle en soi, mais plutôt des facteurs de risque qui peuvent être plus présents chez certains sous-groupes que d’autres.
17L’abus d’alcool et de drogue est étroitement associé au suicide et nous verrons plus bas que plus de la moitié des suicides sont associés à un tel abus. Souvent, ces substances procurent un état de bien-être temporaire et une disparition de la souffrance morale, et c’est pour cela qu’on les considère comme une médicamentation au stress auto-prescrite. Mais le fait d’avoir un rapport de cette nature avec une substance psychotrope est davantage le propre des femmes que des hommes. Chez les hommes, on sait depuis les études de McLelland que l’alcool, et particulièrement l’intoxication, permet de redorer une image de soi fragilisée et de vivre sur le plan du fantasme un désir narcissique de toute-puissance. Chez un groupe guerrier des îles du Pacifique, l’alcool a permis, après la colonisation, de déplacer l’expression des instincts guerriers sur un plan plus fantasmatique dans l’espace des débits de boisson. Il fallait en effet fournir un exutoire pour mettre fin aux comportements guerriers qui faisaient jusqu’alors force de loi avant l’arrivée des colons européens. Comme ces substances possèdent un effet dépressogène, elles peuvent mener à des états suicidaires après consommation prolongée et à la marginalisation sociale. Mais le rapport entre alcool, suicide et culture est très complexe et on ne peut s’en tenir à des explications simplistes. Si le suicide est étroitement lié à l’alcool dans la plupart des pays occidentaux, il n’en est pas de même dans d’autres pays où les intoxications sont fréquentes. Nous pouvons prendre l’exemple du Rwanda, où l’alcool de banane est largement répandu, et plusieurs pays d’Amérique latine ou des Caraïbes faisant une forte consommation d’alcool dérivé de la canne à sucre. Dans ces régions, la consommation semble plus socialisée et ne mène pas à un processus inexorable d’exclusion ou de marginalisation sociale comme c’est le cas plus au nord. L’usage prolongé d’alcool pourrait effectivement y rendre les gens plus tristes, mais sans produire les situations de désespoir si courantes dans les histoires de vie des suicidés.
18On peut encore poursuivre la réflexion en se demandant pourquoi certaines sociétés sont davantage protégées contre le suicide plutôt que de s’interroger sur le fait que d’autres sont plus vulnérables. Dans les pays du Sud, il y a au départ un facteur démographique. L’élargissement à la base de la pyramide d’âge attribuable au taux de fécondité élevé et la rareté des personnes âgées contribue à diminuer le taux brut de suicide. Mais ces pays n’ont pas nécessairement des taux de dépression moins élevés, comme l’attestent les études épidémiologiques, en particulier celles en provenance de l’Afrique subsaharienne, ni moins de maladies mentales graves, bien que le pronostic pourrait être plus positif dans ces derniers cas, ainsi que le démontrent les études comparatives de l’OMS sur l’évolution de la schizophrénie. Plusieurs hypothèses non exclusives sont proposées pour interpréter les faibles taux. Tout d’abord, le soutien social serait davantage disponible par le biais des réseaux complexes de la famille étendue, ce qui fait que la relative absence d’une famille intacte, comme en Jamaïque, ne pose pas un problème aussi grave pour assurer la socialisation des enfants qu’elle ne le fait dans les grandes agglomérations métropolitaines où de nombreuses femmes font face seules au défi d’élever des enfants. La surveillance sociale peut également jouer un rôle non négligeable. Dans certains milieux, il y a lieu de faire un effort particulier pour se retrouver hors de la vue de quiconque suffisamment longtemps pour mettre en plan son suicide. Au Mexique, les gens s’approchent spontanément de quelqu’un qui est seul dans un lieu public, et surtout s’il paraît en difficulté. Enfin, les valeurs de solidarité sociale dans les milieux de très grande indigence comme en Haïti exigent un effort de chacun pour le bien-être de tous et le suicide n’est pas bien accepté. Dans d’autres pays, aussi sous le signe d’une forte solidarité sociale dans un contexte de survie, l’esprit du suicidé est censé venir hanter les vivants longtemps après le décès dans certains cas.
19La comparaison entre le cas du Japon et celui du Québec peut servir à démontrer comment le contexte culturel du rejet familial de l’adolescent, qui est un facteur de risque important du suicide, peut être associé à des situations très différentes d’un pays à l’autre. Au Japon, l’adolescent ou l’adolescente porte sur ses épaules la réputation de la famille et il en assure l’avenir d’abord par ses succès scolaires et ensuite grâce à une position professionnelle favorable ou un mariage réussi. En cas d’échec académique, la honte retombera sur ses parents et il préférera parfois disparaître plutôt que d’incarner la déchéance de la lignée, comme en témoignent certaines histoires de cas en provenance de ce pays. Au Québec, l’enfant n’a pas à assumer une telle responsabilité, et l’échec scolaire ne mène pas à une remise en question de la réputation de la famille. Par contre, certains parents québécois réclament avoir droit à une qualité de vie minimale et si l’adolescent dérange trop la quiétude par des écarts de conduite délinquante, par exemple, on lui fera savoir qu’il n’est plus désiré. Et au Québec, la problématique du suicide chez les jeunes se rencontre bien davantage chez les jeunes de la rue exclus de leur famille d’origine que chez ceux et celles qui ont subi un échec universitaire.
20La religion exerce encore une force inhibitrice. Le rôle de l’interdit religieux est sans contredit efficace en terre musulmane. En Afrique du Nord, le suicide est tabou et on est gêné d’en parler directement. Des vérifications auprès de psychiatres et de médecins fonctionnaires en Tunisie et au Maroc confirment cependant que le suicide, même si parfois occulté, demeure encore peu fréquent. Et que ce soit au Pakistan ou en Égypte, où on ne discute pas aisément du suicide, les taux sont exceptionnellement bas. Les religions orientales comme l’hindouisme ou le bouddhisme, bien que ne sanctionnant pas le suicide, ont des attitudes plus tolérantes et un courant hindouiste intégriste évoque avec nostalgie le suicide ritualisé de la veuve, ou sati, pour suivre son défunt mari. Comme ces religions croient en la réincarnation, le suicide fait moins problème si l’on croit que tout ne s’arrête pas avec la mort et surtout si l’âme revient sur terre pour obtenir une seconde chance. Enfin, aux États-Unis, l’ampleur du phénomène des sectes religieuses fondamentalistes ainsi qu’une pratique religieuse générale très répandue pourraient contribuer à expliquer le taux relativement bas de suicide.
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