Chapitre 5. Le statut de paysage humanisé au Québec
p. 153-177
Note de l’auteur
Ce texte témoigne d’une réflexion engagée dans le cadre d’une recherche appliquée portant sur l’opérationnalisation du statut de « Paysage humanisé » au Québec. Cette recherche, coordonnée par les auteurs, bénéficie de la participation des partenaires suivants : ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs ; ministère des Affaires municipales et des Régions ; Hydro-Québec ; ministère des Transports ; ministère de la Culture et des Communications ; ministère des Ressources naturelles et de la Faune.
Texte intégral
1 La mise en place d’aires protégées à des fins de conservation de la nature a connu une évolution évidente depuis près d’une trentaine d’années. En 1978, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) proposait des catégories, des objectifs et des critères qui permettaient de spécifier et de distinguer différents statuts afin de les adapter à une diversité de contextes (voir Tableau 5.1).
2En proposant certaines catégories dans lesquelles les humains peuvent avoir une place et peuvent même jouer un rôle positif dans le façonnement des caractéristiques écologiques des territoires, ce système de classification a en quelque sorte proposé un véritable changement de paradigme dans le domaine de la conservation de la nature (Philips, 2003). Au delà des seules appellations, les différentes catégories de statut de protection en viennent effectivement à mettre à l’œuvre des approches de gestion qui vont au-delà de la gestion du territoire définie par le statut légal. C’est le cas notamment de la catégorie V, dit « paysage protégé », pour laquelle une approche globale est en développement1. Cette approche, axée sur le maintien des activités humaines, sur la participation démocratique de la population, sur l’engagement des acteurs du territoire dans une démarche de développement équitable et de gouvernance, sollicite les mécanismes de planification et les cadres légaux d’une diversité d’acteurs. Ce faisant, cette approche peut être considérée comme un outil de mise en application du développement durable plus que comme un simple statut intégré dans un réseau d’aires protégées vouées à la conservation du patrimoine naturel2.
Ia |
Réserve naturelle Intégrale :
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Ib |
Zone de nature sauvage :
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II |
Parc national :
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III |
Monument naturel :
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IV |
Aire de gestion des habitats ou des espèces :
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V |
Paysage terrestre ou marin protégé :
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Aire protégée gérée de ressources naturelles :
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Tableau 5.1 : Les catégories d’aires protégées définies par l’UICN. (Source : UICN)
3Cette perspective est indissociable du statut de paysage humanisé et, partant, de tonte stratégie d’opérationnalisation, d’application et de gestion du statut correspondant à la catégorie V de l’UICN. Au Québec, un tel statut existe en théorie, mais aucun territoire n’est encore protégé selon ce statut. Par ailleurs, le gouvernement a commencé à réfléchir pour pouvoir prévoir les procédures de reconnaissance, d’application et de gestion du statut de paysage humanisé.
4À l’instar de ce qu’observe l’UICN ailleurs dans le monde, la stratégie québécoise sur les aires protégées entend miser sur la participation active de la société civile locale dans la mise en place et la gestion du statut3. En effet, considérant que les paysages humanisés sollicitent la participation active de la population en général, des décideurs locaux, des institutions et des organismes qui ont des intérêts et des responsabilités sur les territoires concernés, il est clair qu’on ne peut considérer la mise en application de ce statut selon un processus classique qui consiste à imposer une volonté centrale sur un milieu local. Au contraire, les paysages humanisés, par leur définition même, c’est-à-dire des territoires habités et façonnés par des activités humaines, doivent être considérés comme des projets locaux venant de la base et menés à bien selon les aspirations locales. En ce sens, il s’agit de projets de société locaux au service du développement durable. Le texte qui suit se donne comme objectif de présenter les principaux enjeux que soulève ce nouveau statut, a fortiori si on le charge de l’intention d’en faire un outil de développement durable adapté aux communautés locales du Québec. Dans ce cas spécifique, la demande sociale qui se manifeste en ce qui concerne le statut de paysage humanisé laisse entrevoir des contextes d’application relevant de deux grands types : soit les milieux qui, devant faire face à une dévitalisation, s’engagent dans un processus de diversification économique et les milieux qui, en réaction à une forte pression foncière liée à la villégiature et au tourisme, cherchent à maintenir leurs qualités initiales. Dans ces deux grands types de milieux, les retombées sur le plan du développement durable risquent de prendre des formes fort différentes, avec des connotations plus socioéconomiques dans le premier cas et plus conservationnistes dans le deuxième. De ce fait, les structures, modèles organisationnels et autres procédures qui seront à prévoir pour mettre en application et gérer le statut devront tenir compte de cette diversité de contexte.
LA NOTION DE « PAYSAGE PROTÉGÉ »
5Le système de catégories proposé par l’UICN vise explicitement à promouvoir et à mettre en place une diversité d’approches complémentaires en matière de planification et de gestion des aires protégées. Cet objectif de diversification des approches est particulièrement évident lorsqu’on considère l’origine de la catégorie V et la profonde mutation de perspective qu’elle implique. Ainsi, historiquement dominé par des biologistes, des zoologistes et autres spécialistes des sciences naturelles, le mouvement de conservation a été longtemps centré sur la protection des espaces « naturels », c’est-à-dire des espaces intouchés par l’humain. Aussi indispensable soit-elle, cette perspective a eu pour effet de disqualifier les espaces modifiés par l’humain et de promouvoir une conception de la nature caractérisée par la négation de l’agent humain. C’est ainsi, qu’au besoin (ex. parc national de Forillon, de Kouchibouguac, etc.), on allait, pour protéger les îlots de nature, exproprier et délocaliser la population locale. Or, au fil du temps, s’est imposée une série de constats révélant les limites de cette approche :
- dans plusieurs pays, les aires protégées excluant l’humain paraissent de plus en plus comme des îlots de nature dans une mer de développement incontrôlé ;
- certains écosystèmes évoluent et demeurent viables grâce à l’intervention humaine. Or, comme les espaces non touchés par l’humain deviennent rares, voire aujourd’hui inexistants, ces écosystèmes gagneront en importance et leur rôle dans le maintien de la richesse biologique est appelé à devenir incontournable ;
- les patrimoines naturels et culturels sont liés de manière inextricable ;
- l’humain est donc un acteur à part entière de l’évolution de l’écosystème planétaire et ne peut être exclu du projet de conservation.4
6À partir de ces constats et en réaction aux limites évidentes des seules approches de type « parc national » ou « réserve intégrale », l’UICN a été amenée à proposer un système de classement en six catégories où, dans certaines conditions, l’humain et les composantes culturelles qui lui sont liées peuvent être admis et même valorisés. Tel est tout particulièrement le cas de la catégorie V dite « paysage protégé ».
7La catégorie V est donc caractérisée par une série d’idées relativement nouvelles dans le domaine de la conservation de la nature : ouverture sur les dimensions culturelles des territoires et sur leurs interrelations avec les dimensions naturelles ; valorisation d’activités, de modes de vie et de systèmes d’occupation du territoire présentant un caractère à la fois durable, traditionnel et harmonieux avec la nature ; mise en place sur ces espaces protégés de modes de gestion concertée, centrée sur l’échelle locale et en lien avec un réseau de conservation national. Autant de caractéristiques qui font que les aires protégées de catégorie V se situent directement dans la foulée de l’émergence d’un nouveau paradigme pour les aires protégées tout en contribuant activement à la définition de ce dernier5.
8Cela dit, compte tenu de son caractère qui demeure à la fois novateur et récent, la catégorie V (paysage terrestre ou marin protégé) de l’UICN pose, dans la pratique, un défi énorme. Aborder le paysage du point de vue de sa protection est effectivement complexe, voire contradictoire. En effet, comme on le souligne dans le premier chapitre de ce livre, le paysage est le résultat d’une dynamique complexe entre les activités humaines, les attributs du territoire, les regards et les attentes que l’on porte sur lui, de même que les représentations dont il est l’objet. Il s’agit donc d’un phénomène en constante évolution qui ne peut être considéré comme un objet fixe et stable dans le temps. Par conséquent, on ne peut envisager sa protection avec une stricte attitude « préservationniste » qui aurait pour conséquence de fermer le paysage à une évolution nécessaire et en phase avec le développement socioéconomique et culturel de son milieu local. Aussi, certains voient-ils d’importantes contradictions dans la future mise en application de la catégorie V au Québec. Par exemple, privilégiant une perspective « préservationniste », certains organismes voient, dans les paysages humanisés, une façon de protéger des aspects esthétiques des territoires contre les pressions du développement, qu’il s’agisse de développements immobiliers, de l’implantation de lignes de transport d’électricité, de l’implantation d’éoliennes. De ce fait, ils occultent la possibilité offerte par ce statut de favoriser un développement proactif des ressources paysagères et, du coup, ils considèrent que les projets qui en découleront seront non viables à long terme et inacceptables socialement. En contrepartie, plusieurs organismes voient dans le statut de paysage humanisé un moyen de proposer des scénarios alternatifs de développement durable de leur milieu. Ces contradictions apparentes sont, dans les faits, d’abord et avant tout liées à la malléabibté du concept.
9Cette malléabilité fait en sorte que différentes institutions et organismes en donnent des interprétations fort variables. Par exemple, en 1999, le gouvernement québécois constatait l’absence d’aires protégées de catégorie V sur son territoire, alors même que la Liste des Nations Unies6 (UNEP-WCMW, 1997) en avait, deux ans plus tôt, identifié 21 sur le territoire québécois, retenant des lieux historiques comme la Grosse-Île jusqu’à des sites naturels exceptionnels comme le rocher Percé et l’île Bonaventure. Plus récemment, un groupe de travail ad hoc sur les milieux urbains et périurbains, mis sur pied dans le cadre de la Stratégie québécoise sur les aires protégées, proposait une vision de la catégorie V en tant que statut privilégié pour la mise en place d’un réseau d’aires protégées en milieu urbain et périurbain7. Or, cette vision a suscité d’importantes réserves et, à l’évidence, n’a pas su susciter l’adhésion. Ces exemples illustrent « à quel point la définition du statut de paysage humanisé se présente comme un exercice de croisement de regards et de quête d’un consensus difficile autour d’un concept complexe et malléable8 ».
LA DÉFINITION QUÉBÉCOISE
10Au Québec, le concept d’aire de protection assimilable à la catégorie V de l’UICN a été introduit à travers le statut de « paysage humanisé » instauré par la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (L.R.Q., chapitre C-61.01) adoptée en décembre 2002. Ces paysages humanisés sont des territoires protégés, intégrés à la stratégie québécoise sur les aires protégées et qui répondent à la définition suivante :
Aire constituée à des fins de protection de la biodiversité d’un territoire habité, terrestre ou aquatique, dont le paysage et ses composantes naturelles ont été façonnés au fil du temps par des activités humaines en harmonie avec la nature et présentent des qualités intrinsèques remarquables dont la conservation dépend fortement de la poursuite des pratiques qui en sont à l’origine. (Loi 61, art. 2, 3e alinéa)
11Cette définition, on le constate d’entrée de jeu, met surtout l’accent sur la biodiversité par rapport aux dimensions esthétiques, culturelles ou patrimoniales. Ce faisant, le statut de paysage humanisé ne peut être considéré comme un statut de protection de « beaux paysages ». Il ne peut également prétendre résoudre à lui seul l’ensemble des enjeux liés à la protection et à la mise en valeur des paysages québécois. En contrepartie, cette préséance de la biodiversité vient spécifier qu’il s’agit d’un statut de protection de l’environnement qui s’applique à un territoire habité et présentant également un intérêt sur le plan paysager. Dans l’optique de la loi québécoise, il faut donc nécessairement qu’il y ait une valeur « écologique » (biodiversité) pour qu’il y ait désignation du statut de « paysage humanisé » sur un territoire donné.
12Au-delà de cette première caractérisation originale qui le distingue de ses nombreux équivalents internationaux9, le statut québécois de paysage humanisé propose deux autres idées majeures qui balisent le sens de ce que devraient être ces nouvelles aires protégées : l’harmonie nature/culture et la conservation par la poursuite des activités humaines. D’une part, l’idée selon laquelle le territoire à protéger présente à la fois un paysage et des composantes naturelles qui ont été façonnés par l’humain au fil du temps et de manière harmonieuse introduit une forte dimension culturelle. D’autre part, l’idée selon laquelle la conservation des qualités intrinsèques remarquables du paysage et de ses composantes naturelles dépend d’activités humaines renvoie aux questionnements sur les impacts de ces pratiques sur les milieux locaux et régionaux. Cette dimension spécifique aux paysages humanisés interpelle les aspects organisationnels des territoires. En effet, la capacité d’organisation plus ou moins grande des différents milieux leur permettra, avec plus ou moins d’efficacité, d’élaborer des solutions et des stratégies visant à maintenir les activités humaines dans une perspective de développement durable.
13La définition du statut de paysage humanisé comporte donc trois dimensions fondamentales (biodiversité ; harmonie humain/nature et poursuite des activités) qui n’ont toutefois pas le même poids. Ainsi, en spécifiant d’entrée de jeu que le paysage humanisé est constitué à des fins de protection de la biodiversité, le législateur se trouve à donner préséance aux dimensions biophysiques par rapport aux dimensions culturelles. En cela, le statut de paysage humanisé se distingue sensiblement des aires de catégorie V désignées ailleurs dans le monde ; celles-ci s’inspirant très largement de l’appellation de « site du patrimoine mondial » de l’UNESCO, et, plus spécifiquement encore, des « paysages culturels ». Ainsi, et à tire d’exemple, en Australie et en Grande-Bretagne, les aires de catégorie V donnent la prédominance aux dimensions culturelles et mettent l’interaction entre l’humain et la nature au centre de leur définition. Dans ces aires protégées, la présence de caractéristiques naturelles remarquables, tout en demeurant un élément important n’est pas essentielle (Figure 5.1).

Figure 5.1 : Certaines pratiques traditionnelles pourraient avoir favorisé la biodiversité. Ici, par exemple, le pâturage a favorisé la présence de thuya de l’Est (Thuja accidentalis L.) à l’extérieur de ses habitats naturels (Source : G. Domon, 2005).
14Cette hiérarchisation des caractéristiques naturelles et culturelles, induite par la définition du statut québécois de paysage humanisé, fait en sorte que son application sera vraisemblablement plus restreinte que dans les pays où les aires de catégorie V ont une connotation prioritairement culturelle10. En Angleterre et au Pays de Galles, par exemple, il existe quarante-deux Area of Outstanding Natural Beauty (AONB). Dans le cas des AONB, la dimension culturelle est prédominante puisque l’objectif premier d’un tel statut est de préserver la beauté d’un site. Or, force est d’admettre que la beauté d’un site est une caractéristique éminemment culturelle, puisque relative et changeante en fonction des époques et de l’appartenance sociale. Considérant la relativité des caractéristiques culturelles, la désignation des aires de catégorie V à connotation culturelle ressort comme étant plus facilement justifiable compte tenu des caractéristiques locales, de la demande sociale émanant du milieu, des spécificités historiques.
15En revanche, une aire de catégorie V désignée à des fins de protection de la biodiversité, comme c’est le cas avec la définition du statut québécois de paysage humanisé, doit d’abord et avant tout répondre à des critères objectifs de nature biophysique. Par conséquent, tout en étant essentiels, les aspects culturels, esthétiques et historiques spécifiques à chaque contexte ne sauraient être suffisants pour justifier à eux seuls une désignation. Il est à prévoir, compte tenu du libellé exact de la Loi 61, que les critères objectifs liés aux aspects biophysiques des paysages humanisés auront un rôle fortement discriminant à jouer par rapport à des sites intéressants d’un point de vue culturel ou esthétique. Par conséquent, et comme on l’a souligné précédemment, tel qu’il est actuellement défini dans la Loi, le statut de paysage humanisé ne peut représenter à lui seul « la » solution à l’ensemble de la problématique du paysage au Québec11 et, dans les faits, il semble appelé à s’appliquer à un nombre restreint de sites.
16Ainsi, dans un contexte comme celui du Québec où, d’une part, les « réservoirs » de biodiversité sont d’abord et avant tout liés aux forêts précoloniales et anciennes, aux berges naturelles et aux milieux humides et où, d’autre part, l’occupation des sols demeure extrêmement récente, on peut croire que le nombre de territoires habités susceptibles d’apporter une contribution « significative » à la protection de la biodiversité demeure limité.
ORIGINALITÉ ET DÉFI
17Les trois caractéristiques essentielles du statut de paysage humanisé que sont la protection de la biodiversité dans un contexte habité, l’harmonie nature/culture et la conservation par la poursuite des activités humaines, posent un certain nombre d’enjeux concernant la mise en place de ce statut et la définition d’une approche globale de gestion de ces espaces.
18Premièrement, dans la foulée de ce qui précède, la reconnaissance de la valeur de la biodiversité en milieu habité ne fait pas l’unanimité d’emblée. Lors d’un forum tenu par la CUPEUM et la CPEUM12, cette réticence a été clairement exprimée. Ainsi, il ressort que certains représentants de groupes environnementaux craignent que la problématique de la biodiversité dans un milieu anthropisé occulte la nécessité de protéger l’essentiel de la biodiversité québécoise qui se trouve en zones inhabitées. De fait, si l’on convient aisément que la biodiversité en milieu habité est habituellement moindre que dans les milieux moins densément peuplés comme les milieux forestiers et agricoles, ces différentes critiques de la problématique de la biodiversité en milieu habité renvoient à la question des valeurs qu’on lui attribue. En effet, la valeur de la biodiversité peut-elle véritablement être déterminée de manière objective et scientifique ? Ou alors, à l’inverse, renvoie-t-elle inévitablement à une priorisation en fonction des valeurs et des priorités des collectivités locales, régionales et nationales ? Ainsi, peut-on concevoir que la valeur de la biodiversité soit mesurée non pas de manière absolue mais en fonction des services rendus à la société, que ce soit par exemple en ce qui concerne le maintien de modes de vie traditionnels comme dans le cas des systèmes pastoraux africains13 ou, plus près de nous, de la diversification économique par l’émergence d’activités écotouristiques.
19Deuxièmement, toute l’argumentation autour de l’harmonie nature/culture soulève également un ensemble d’enjeux complexes. D’abord, la question de la connaissance des effets des activités de l’humain sur la nature est loin d’être suffisamment poussée et vulgarisée pour être véritablement utilisée par des acteurs du territoire. De plus, la nature du rapport entre l’humain et la nature telle qu’elle est spécifiée, à savoir harmonieuse, renvoie à des cultures bien précises, historiquement situées, celles du pittoresque, du romantisme, de l’esthétique classique, ou encore celles des traditions orientales et des mouvements comme le new age. En effet, le concept d’harmonie renvoie à des conceptions esthétiques très précises dans différents types d’expression culturelle, toutes conceptions esthétiques se référant à la notion d’équilibre des parties formant un tout, une unité en soi14. Au delà de l’esthétique picturale ou de l’esthétique musicale, dans lesquelles la question d’harmonie est définie de façon objective (équilibre des proportions, des masses, des volumes, des couleurs), l’harmonie se définit de plus en plus de manière quasi individualisée, à tout le moins en fonction d’une appartenance à des communautés esthétiques spécifiques15. Par conséquent, le qualificatif d’harmonieux présente dorénavant des caractéristiques hautement subjectives qui le rendent forcément difficile à utiliser.
20Troisièmement, la conservation de la nature par le biais de la poursuite des activités humaines soulève aussi son lot d’enjeux. En effet, le paradoxe que constitue cette caractéristique des aires de catégorie V pourrait mener à une évaluation laxiste des impacts négatifs des activités humaines sur l’intégrité du paysage humanisé. Par conséquent, on se trouverait à poursuivre des activités ayant des effets néfastes sur certains écosystèmes sous prétexte que ces activités sont en harmonie avec certaines parties d’autres écosystèmes. Pour de telles questions, il n’existe évidemment pas de seuil ou de norme sur lesquels prendre appui. L’arbitrage pourra donc s’avérer difficile et, du coup, obliger les décideurs à fonder surtout leur choix sur des considérations de développement socioéconomiques et culturels. Toute réflexion sur la poursuite d’activités humaines dans les paysages humanisés passe assurément par une interrogation à la fois sur l’échelle à laquelle se déploie l’activité humaine considérée, sur le degré d’industrialisation acceptable, sur le niveau de prise en charge de ses impacts sur l’environnement y compris le paysage, sur l’intégration de cette activité à un projet socioéconomique durable, sur son appartenance à un type de déploiement porteur d’une vision équitable de l’utilisation des ressources. Vaste chantier de réflexion que suscite cette caractéristique des paysages humanisés.
21Toutes les interrogations soulevées par chacune des caractéristiques présentées dans ce qui précède illustrent la complexité du statut de paysage humanisé et, partant, de sa mise en œuvre. Autant de particularités qui exigent de faire des paysages humanisés et de leur mise en œuvre un objet d’étude en soi. En effet, au-delà de la perspective axée sur les aires protégées et sur des pourcentages de territoire à préserver de toute intervention humaine, le statut de paysage humanisé pose le défi de l’opérationnalisation réelle d’un outil de développement durable qui allie le culturel à la mise en valeur et la conservation de la nature.
22Sur le plan international, il se dégage un consensus quant au fait qu’un tel outil de développement durable doit être mis en œuvre autour du maintien d’activités humaines dans une vision durable. La section suivante explique l’importance stratégique du maintien des activités humaines dans toute approche de gestion des paysages humanisés16.
LE MAINTIEN DES ACTIVITÉS HUMAINES
23Au cours du Cinquième Congrès mondial sur les parcs, à Durban en Afrique du Sud en 200317, la commission mondiale sur les aires protégées de l’UICN statuait sur le rôle central des communautés vivant dans les paysages humanisés ou à proximité. Toute l’approche de mise en place et de gestion des paysages humanisés doit reposer sur une relation d’intendance entre les caractéristiques du paysage et les communautés locales. Évidemment pour que les communautés locales puissent être intéressées à jouer ce rôle par rapport aux paysages, il faut qu’il y ait un partage équitable des bénéfices, en fonction des responsabilités liées à ce type de relation entre une population et son territoire.
24Pour ce faire, on doit également reconnaître que le maintien des activités humaines doit s’inscrire dans une évolution durable du territoire. Par conséquent, il ne s’agit pas de muséifier ou de maintenir artificiellement les activités d’antan sur le territoire, mais bien d’assurer la pérennité des activités dont la continuation est envisageable ou d’implanter de nouvelles activités qui permettraient, elles, d’assurer le maintien des qualités paysagères. En termes plus concrets, et à titre d’exemple, cela pourrait dans le domaine agricole signifier mettre sur pied de nouvelles cultures ou de nouveaux élevages qui permettraient de remplacer les cultures en déclin, tout en préservant des types de paysages qui présentent des caractéristiques semblables à celles des anciennes cultures.
25L’élevage de bœufs Highland en Estrie18 en est un bon exemple. En plus d’ouvrir un créneau novateur et rare, dans cette région comme au Québec, cette production permet de maintenir l’utilisation des champs qui autrement retourneraient à la friche. Les animaux vont y paître, ce qui est un attrait touristique intéressant à exploiter pour la région, et l’élevage permet ainsi une certaine diversification à l’économie locale. En revanche, les services environnementaux et socioéconomiques que peuvent rendre ces types d’élevage ne sont pas encore rémunérés. Le seul revenu provient de la production du bien alimentaire.
26La gestion des activités humaines doit rester à l’écoute des nouvelles tendances et des aspirations des communautés locales, du maintien de l’économie locale et convenir au projet de société que la collectivité est prête à soutenir. D’autant plus que le paysage humanisé est vu comme un projet de conservation ayant également le but de soutenir un projet social dans des régions ressources qui ont souvent une économie marginalisée ou en perte de vitesse.
27D’ores et déjà, on peut envisager une gestion des activités humaines qui permettrait d’encadrer distinctement : 1) les activités humaines qui sont au cœur de la relation harmonieuse entre nature et culture ; 2) les activités humaines induites qui permettraient de mettre en valeur cette relation harmonieuse, notamment les activités traditionnelles, mais également les activités récréo-touristiques ; 3) les activités qui sont néfastes pour cette relation entre la nature et l’humain.
28Au-delà de ce premier découpage de la problématique du maintien des activités humaines, il est pertinent de rappeler les principaux principes et les principales pratiques qui répondent aux exigences du développement durable et qui devraient encadrer les activités humaines dans les paysages humanisés19. Ces cinq principes sont les suivants : la qualité des ressources naturelles est maintenue ; les relations entre les intendants et les autres acteurs motivés par d’autres intérêts sont encadrées ; les façons de mettre en œuvre une utilisation durable de la ressource sont maximisées ; le développement de valeurs ajoutées aux activités humaines est encouragé ; le développement d’une vision du monde structurée propre à la communauté locale, mais intégrée aux problématiques régionales et nationales, est bien réel.
29Si, comme ces cinq principes l’indiquent, les paysages humanisés et l’approche de gestion qui se développe autour de ces aires protégées doivent être vus comme des outils de mise en œuvre du développement durable, le maintien des activités humaines en constitue la clé de voûte indéniable. Cependant, au-delà de ce que la gestion et l’encadrement des activités humaines pourront accomplir en matière de mise en valeur et de conservation des patrimoines naturels et culturels, la viabilité du statut de paysage humanisé dépendra également de mesures complémentaires visant à protéger les caractéristiques naturelles et culturelles qui ne pourraient être sauvegardées par une approche uniquement centrée sur le maintien des activités.
LA PROTECTION DES CARACTÉRISTIQUES NATURELLES ET CULTURELLES
30D’emblée, la protection des caractéristiques naturelles et culturelles soulève un certain nombre de problèmes quant à l’état de leur connaissance, de leur reconnaissance et de leur valorisation. En effet, les problématiques relatives à la reconnaissance de la valeur de la biodiversité en milieux habités et, à l’inverse, à celle d’un patrimoine culturel en milieu fortement naturalisé sont rarement considérées comme des priorités par les organismes voués à la protection de l’environnement ou du patrimoine ou encore par les institutions concernées.
31Au-delà de ce manque de considération et de sensibilisation, un des défis est très certainement d’en arriver à harmoniser les interventions et les mesures de protection propres aux deux ensembles de caractéristiques. Or, pour ce faire, l’arbitrage préalable devra nécessairement passer par une estimation de la valeur de ces caractéristiques en ce qui concerne les bénéfices de la population en général et ceux des intendants locaux20. Cependant, l’estimation de cette valeur devra tenir compte de plusieurs critères, allant des traditionnels arguments concernant la rareté et la représentativité des caractéristiques environnementales et patrimoniales du paysage humanisé jusqu’à des considérations plus actuelles reliées aux services environnementaux et socioéconomiques rendus pour mettre en œuvre le développement durable à l’échelle des communautés locales. Cette façon d’aborder la question de la valorisation ouvre tout un champ de réflexion que l’on peut voir émerger à propos des différents cas internationaux recensés par l’UICN21
32Cet ensemble d’enjeux et les questions qu’ils soulèvent nécessitera une réflexion sur la biodiversité en milieu habité, sur la valeur de cette biodiversité eu égard à son rôle dans le projet de société local que constitue le paysage humanisé, de même qu’une réflexion sur la valeur du patrimoine culturel en milieu naturel dans l’optique d’un tel projet de société locale.
33Enfin, les réflexions qui sont à mener dans le domaine de la conservation de la biodiversité et dans celui de la protection du patrimoine devront prendre comme point de départ les changements de paradigmes inhérents aux patrimoines naturels et culturels. En effet, au cours des dernières années, ces notions sont passées d’un statut d’héritage transmis de génération en génération à celui d’ensemble de caractéristiques pouvant contribuer à la construction de milieux de vie mieux adaptés aux aspirations actuelles et futures, en passant par le statut de ressources dont il faut maximiser l’usufruit pour le bien-être et le développement des collectivités locales. Cette évolution des façons d’envisager les patrimoines permet de réintégrer ces notions dans une réflexion plus globale sur le développement durable.
L’ARRIMAGE RÉGLEMENTAIRE ET ADMINISTRATIF
34Enfin, la troisième caractéristique de la mise en œuvre des paysages humanisés est l’effort d’arrimage réglementaire et administratif qui doit être consenti afin d’harmoniser les volontés et les projets des différents acteurs du territoire : institutions, organismes, propriétaires, utilisateurs qui possèdent certains droits et certaines responsabilités par rapport à une ou plusieurs parties des paysages humanisés. Comme les paysages humanisés vont s’implanter sur des territoires municipalisés, qu’ils encadreront une gamme plus ou moins grande d’activités humaines, qu’ils protégeront et mettront en valeur différents sites et lieux ayant des vocations diversifiées, il va sans dire que la liste des acteurs ayant un intérêt dans ce statut est passablement longue. Évidemment, au départ, il y a les institutions municipales qui en seront les maîtres d’œuvre. Au delà de cette prise en charge locale, il est à prévoir une implication, voire une délégation de pouvoir de différents ministères sectoriels, notamment pour les questions de compétence en matière agricole, forestière, énergétique de droits fonciers publics. Enfin, surplombant ces nécessaires délégations ad hoc, certains ministères pourraient avoir une responsabilité accrue et globalisante en raison de leur pertinence par rapport au développement durable et à la définition que s’en donne le gouvernement du Québec. Il s’agit des ministères de l’Environnement, du Développement durable et des Parcs ; des Affaires municipales et des Régions ; de la Culture et des Communications. De plus, plusieurs organismes parapublics et communautaires auront aussi des intérêts marqués pour la mise en place des paysages humanisés, que l’on pense aux organismes voués à la conservation de la nature ou encore à une société d’État comme Hydro-Québec dont les activités peuvent avoir de forts impacts sur les paysages.
35Tout le défi de l’arrimage réglementaire et administratif consiste à mettre en application le principe de subsidiarité dans ce contexte d’enchevêtrement de responsabilités entre le pouvoir local, les ministères centraux et les organismes de la société civile appartenant soit sur le plan local ou central. Pour plusieurs chercheurs, cette mise en application du principe de subsidiarité, en contexte nord-américain, passe par des partenariats22.
36L’essentiel du cadre de l’arrimage réglementaire et administratif à prévoir devrait tendre à faciliter des partenariats qui iraient dans le sens de cette subsidiarité et dans le sens du développement durable. Pour ce faire, le recours à des mécanismes comme des chartes ou des contrats, misant sur le volontariat et l’adhésion à un consensus, peuvent représenter des pistes de solutions très pertinentes.
PERSPECTIVES ET AXES DE DÉVELOPPEMENT
37Les trois grandes familles d’enjeux traitées dans les sections précédentes permettent de mesurer l’ampleur du défi que pose la mise en œuvre du statut de paysage humanisé au Québec. En structurant les différents enjeux comme on le propose ici, l’objectif est d’arriver à ce que sa mise en œuvre soit à la hauteur de ce qui se fait de plus intéressant sur le plan international. Par exemple, les cas tchèque et slovaque illustrent éloquemment que les aires de catégorie V sont un excellent laboratoire de développement de démarches citoyennes dans des perspectives de développement durable et de projets de sociétés locales23.
38En effet, en structurant l’approche d’implantation et de gestion des paysages humanisés autour du maintien des activités et de l’intendance des populations locales par rapport aux caractéristiques du paysage, on situe les paysages humanisés dans la continuité des efforts de la société civile. Ailleurs dans le monde, ces efforts de la société civile sur lesquels on peut fonder des projets d’aires de catégorie V contribuent à créer ce que Barrow et Pathak24 appellent des Community Conservation Areas. Au Québec, de tels efforts existent et prennent différentes formes avec différents partenariats, que ce soit l’œuvre de fiducies foncières, d’organismes comme Conservation de la Nature ou encore d’initiatives privées encouragées par la Loi sur les réserves naturelles en milieu privé, aujourd’hui intégrée à la Loi 61.

Figure 5.2 : Grande Vallée (Gaspésie) comme exemple de site pressenti pour être désigné paysage humanisé (crédit : G. Domon, 2005).
39En partant des initiatives existantes, l’implantation et la gestion des paysages humanisés devraient chercher avant tout à s’intégrer à un projet local de société. Ce projet de société à l’échelle d’une micro-région se fonde sur les liens entre le socioéconomique, le culturel et le naturel. Tout le défi de l’opérationalisation du statut de paysage humanisé réside dans le maintien de cet équilibre des trois pôles du développement durable.
Notes de bas de page
1 L’Union internationale pour le conservation de la nature (UICN) définit une aire de catégorie V comme correspondant à une « zone terrestre, comprenant parfois le littoral et les eaux adjacentes, où l’interaction entre l’homme et la nature a, au fil du temps, modelé le paysage aux qualités esthétiques, écologiques et/ou culturelles particulières et exceptionnelles, et présentant souvent une grande diversité biologique. Préserver l’intégrité de cette interaction traditionnelle est essentiel à la protection, au maintien et à l’évolution d’une telle aire. » Voir UICN, Lignes directrices pour les catégories de gestion des aires protégées, CNPPA avec la collaboration du WCMC, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni, 1994, 261 p.
2 Mitchell, N., J. Brown et M. Beresford, « Conclusions – the Protected Landscape Approach ; Conservation for a Sustainable Future », dans Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 231-248.
3 Jones, B. T. B., M. Makonjio Okello et B. E. L. Wïshitemi, « Pastoralists, Conservation and Livelihoods in East and Southern Africa : Reconciling Continuity and Change Through the Protected Landscape Approach », dans Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 116 ; Philips, A. et R. Partington, « Protected Landscapes in the United Kingdom », dans Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 124 ; Mitchell, N. et al, « Collaborative Management of Protected Landscapes : Experience in Canada and the United States of America », dans Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 201.
4 Domon, G. et al., Analyse des moyens existant afin de mettre en œuvre le concept de Paysages humanisés tel que défini dans la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, rapport de recherche réalisé par la CPEUM, 2003, p. 34.
5 Phillips, A., Management Guidelines for IUCN Category V Protected Areas Protected Landscapes/Seascapes, UICN, Gland, 2002, 122 p.
6 UNEP World Conservation Monitoring Centre, 1997 United Nations List of Protected Areas. Disponible en ligne : <http://www.unep-wcmc.org/protected_areas/data/un_97_list.html> (03-02-25), 1997.
7 Tellier, J., Stratégie québécoise sur les aires protégées : Groupe de travail ad hoc milieu urbain et périurbain, rapport Synthèse, ministère de l’Environnement du Québec, Direction régionale de Montréal et Laval, 2001, 94 p.
8 Domon, 2003, op. cit., note 4, p. 32.
9 Par exemple, les Areas of Outstanding Natural Beauty (AONB) correspondent à des paysages qui présentent des caractéristiques tellement extraordinaires et où la nature est si belle qu’il est dans l’intérêt de la collectivité nationale de les protéger. Le paysage culturel, désignation de l’Unesco, correspond quant à lui à un paysage né de l’interaction physique ou symbolique de l’humain et de la nature. Ce statut désigne des monuments, des paysages naturels ou modifiés par l’humain, ainsi que des éléments inhérents à l’évolution socioéconomique d’une région.
10 Tremblay, F. et al., Analyse des moyens existants afin de mettre en œuvre le concept de paysage humanisé, rapport de recherche réalisé par la CPEUM, 2004, p. 2-3.
11 Ibid., 48 p.
12 Forum international sur les paysages protégés, Montréal, 26 et 27 mai 2005, pour plus de détails, voir la page web suivante : <http://www.paysage.umontreal.ca/bulletin5cpeum.pdf>.
13 Jones, Makonjio Okello et Wishitemi, 2005, op. cit., note 3, p. 117.
14 Harmonieux : dont les parties forment un ensemble bien proportionné, agréable. Le Petit Larousse, 1998, p. 502.
15 Berleant, A., Living in the Landscape Toward an Aesthetics of Environment, Kansas City, University Press of Kansas City, 1997, 200 p.
16 Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford, « Protected Landscapes : a Conservation Approach that Links Nature, Culture and Community », dans Brown, J., N. Mitchell, M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 3-18 ; Mitchell, N., J. Brown etM. Beresford, « Conclusions – the Protected Landscape Approach : Conservation for a Sustainable Future », dans Brown, J., N. Mitchell, M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 231-244.
17 Cinquième congrès mondial sur les parcs de l’UICN Durban, Afrique du Sud, 8-17 septembre 2003.
18 Nous référons ici principalement à l’élevage de la famille Badger à West Bolton, <http://www.jadhore.ca/>.
19 Ogden, P., « Protected Landscapes : Their Role in Promoting the Sustainable Use of Agricultural Land », Parks, vol. 13, no 2, 2003, p. 3-11.
20 Utilisateurs du territoire tirant des bénéfices et ayant des responsabilités.
21 Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford, The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, 268 p.
22 Brown, J., N. Mitchell et J. Tuxill, « Partnerships and Lived-in Landscapes : an Evolving US System of Parks and Protected Areas », Parks, vol. 13, no 2, 2003, p. 31-41.
23 Le paysage protégé des Carpathes, en République tchèque, a été conçu sur la base d’un projet visant à développer une relation d’intendance entre tous les acteurs impliqués dans la production traditionnelle de jus de fruit et le territoire régional. Voir Kundrata, Miroslav et Blazena Huskova, « Sustaining Rural Landscapes and Building Civil Society : Experience from Central Europe », dans Brown, J., N. Mitchell, M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Cammunity, IUCN, Gland, 2005, p. 131-146. Cet exemple, ainsi que celui de la région de Frydlantsko au nord du pays, sont présentés comme étant des laboratoires de développement d’une société civile dynamique dans les nouvelles démocraties d’Europe centrale.
24 Barrow, E., N. Pathak, « Conserving “Unprotected” Protected Areas Communities Can and Do Conserve Landscapes of All Sorts », dans Brown, J., N. Mitchell et M. Beresford (dir.), The Protected Landscape Approach : Linking Nature, Culture and Community, IUCN, Gland, 2005, p. 3-18.
Auteurs
Obtenu son Ph. D. en aménagement à l’Université de Montréal en mai 2004. Depuis la fin de sa maîtrise en urbanisme, en 1995, la complémentarité de ses activités professionnelles et académiques l’aide à mener un programme de recherche orienté autour des dimensions culturelles, sociales et politiques des enjeux actuels d’aménagement du territoire, principalement les préoccupations pour la qualité de vie, pour les paysages et pour l’environnement.
Professeur titulaire à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal où il enseigne dans les domaines de l’écologie du paysage et de l’aménagement des paysages ruraux. Directeur scientifique associé à la Chaire en paysage et environnement de l’Université de Montréal ainsi qu’à la Chaire UNESCO en paysage et environnement de la même institution, il est membre du comité de direction de la commission Landscape Analysis de l’Union géographique internationale et co-dirige un vaste projet multidisciplinaire « Haut-Saint-Laurent : Écologie et aménagement ». Auteur de trois livres et de plus d’une centaine d’articles, ses recherches actuelles portent principalement sur la dynamique spatio-temporelle des paysages ruraux du sud du Québec, la reconstitution de la dynamique des territoires agro-forestiers anciens, l’élaboration d’outils de caractérisation des paysages et la gestion écologique des espaces protégés.
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