3. Meurtriers sexuels et violeurs : aspects psychopathologiques
p. 81-108
Texte intégral
1Lorsqu’il est question des facteurs psychopathologiques favorisant le meurtre sexuel, les points de vue rapportés sont multiples et divergents. En effet, comme le souligne Brown (1991), « the utterly primitive sadism and violence make one think of psychotic illness; the criminal activity in itself is suggestive of antisocial personality and/or a variety of sexual disorders; the repetitive nature of the crimes suggest obsessions and compulsions; and the abused childhoods of the killers suggest dissociation1 ».
2Cette diversité des facteurs psychopathologiques peut s’expliquer de diverses manières. Tout d’abord, on doit souligner l’absence de support empirique valide chez plusieurs auteurs. Certains émettent des opinions en s’appuyant sur des données indirectes, telles que des biographies ou des articles de journaux, alors que d’autres formulent des opinions qui reposent sur des raisonnements douteux (par exemple : (1) les meurtriers sexuels n’ont pas d’empathie pour leur victime ; (2) les psychopathes n’ont pas d’empathie pour leur victime ; (3) donc les meurtriers sexuels sont des psychopathes). Parmi les auteurs qui s’appuient sur des données obtenues directement auprès de meurtriers sexuels, on retrouve tout d’abord des cliniciens tel Brittain (1970). Ceux-ci fournissent des indications intéressantes quant aux caractéristiques psychopathologiques des meurtriers sexuels. Toutefois, bien souvent leurs travaux manquent de rigueur scientifique, car ni les échantillons ni les procédures diagnostiques ne sont expliqués. Finalement, on trouve quelques études qui comportent une description claire de la nature de leur échantillon, ainsi qu’une procédure évaluative rigoureuse tels des instruments psychométriques (par exemple : MCMI, MMPI) et des critères cliniques standardisés (par exemple : DSM-IV). Ainsi, il est possible que la diversité des diagnostics attribués aux meurtriers sexuels soit due à un manque de rigueur scientifique chez plusieurs auteurs.
3À l’inverse, malgré les lacunes des études mentionnées ci-dessus, il est possible que cette variété des facteurs psychopathologiques représente une réalité, soit l’hétérogénéité des meurtriers sexuels. En effet, plusieurs typologies de meurtriers sexuels ont été élaborées (voir le chapitre 8) et il est possible qu’à chacune des catégories proposées (par exemple : sadique, colérique) soient associées des dimensions psychopathologiques spécifiques. Ainsi, l’hétérogénéité des diagnostics (chez les meurtriers sexuels) ne serait plus un artéfact découlant de problèmes méthodologiques, mais plutôt une donnée valide.
4L’évolution des critères diagnostiques pour une même psychopathologie est un autre aspect qui doit être considéré afin de comprendre la diversité des diagnostics attribués aux meurtriers sexuels. De fait, pour les travaux antérieurs à la parution du DSM-III (American Psychiatric Association, 1980), les critères diagnostiques des troubles de la personnalité et des psychoses étaient imprécis et pouvaient varier selon les auteurs. De plus, lors des travaux plus récents, le recours à des cadres théoriques qui ne concordent pas avec les critères diagnostiques descriptifs des diverses versions du DSM (III, III-R, IV) constitue également une difficulté.
5En raison des problèmes méthodologiques, taxonomiques et théoriques ayant trait aux études sur les facteurs psychopathologiques présents chez les meurtriers sexuels, le contenu de la recension des écrits présentée au début de ce chapitre doit être considéré avec réserve. Afin de permettre une lecture critique de ces travaux, pour chaque trouble mental présenté, une distinction sera établie entre les données valides, les opinions cliniques et les inférences logiques. Dans un premier temps, nous présenterons les travaux relatifs aux troubles mentaux graves : psychose, trouble dissociatif, trouble obsessif-compulsif et sadisme sexuel. Puis, dans un second temps, nous aborderons les études portant sur les troubles de la personnalité : psychopathie, personnalités antisociale, narcissique, état-limite et schizoïde.
Troubles mentaux graves
Psychose
6Selon Revitch (1965), 20 % des meurtriers sexuels sont des schizophrènes. Quant à Rada (1978), il estime que la majorité des meurtriers sexuels sont des psychotiques. Ces affirmations reposent sur des opinions cliniques formulées à partir de conceptions très inclusives de la psychose. En effet, comme le souligne Liebert (1985), la majorité de ces meurtriers sexuels recevrait un diagnostic de trouble de la personnalité si l’on se référait aux critères nosographiques des classifications modernes des troubles mentaux. Ainsi, malgré l’apparente folie de ces criminels, du point de vue du sens commun, la majorité des chercheurs et des cliniciens sont d’avis que les meurtriers sexuels ne sont pas psychotiques (Brittain, 1970 ; Dietz, 1986 ; Geberth, 1995 ; Levin et Fox, 1985 ; Leyton, 1986 ; Meloy, 2000 ; Myers et al., 1993).
7En dépit d’une exclusion du diagnostic de psychose, certains auteurs récents en réfèrent néanmoins à des symptômes psychotiques afin de qualifier le mode de fonctionnement psychique des meurtriers sexuels. Ainsi, selon Brown (1991), « the ability to relieve intense anxiety through the physical enactment of violent inner destructiveness may prevent a psychotic regression2 ». Dans le même sens, Myers et Blashfield (1997) rapportent qu’une proportion importante de leur échantillon d’adolescents meurtriers sexuels (62 %) présente des idéations paranoïdes. Cependant, aucun d’entre eux ne répond à suffisamment de critères diagnostiques du DSM-III-R (American Psychiatric Association, 1987) pour être qualifié de psychotique. Il est à noter que dans le DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994), les idéations paranoïdes constituent un des critères diagnostiques du trouble de la personnalité état-limite.
Trouble dissociatif
8Selon Watkins (1984), certains meurtriers sexuels présenteraient un trouble dissociatif, soit un trouble de la personnalité multiple. Afin d’illustrer son point de vue, il met de l’avant le cas Bianchi, un meurtrier sexuel sériel. De l’avis de Watkins, les deux personnalités de Bianchi, Ken et Steve, diffèrent totalement l’une de l’autre et s’ignorent. En effet, « the alternations of personality (behavior, perception, motivation, speech, mannerisms, handwriting, attitudes, amnesias and Rorschach responses) and the consistencies within each of the respective personalities, all point out to a real dissocia3 ». Cette position adoptée par Watkins est marginale ; la plupart des chercheurs et des cliniciens estiment que les meurtriers sexuels qui semblent présenter un trouble dissociatif sont en réalité des manipulateurs (Hickey, 1997 ; Myers, 2002).
Trouble obsessif-compulsif
9En raison du caractère dérangeant et envahissant des fantaisies sexuelles sadiques, certains cliniciens ont émis l’hypothèse que les meurtriers sexuels sériels présentent un trouble obsessif-compulsif (Brown, 1991 ; Revitch, 1980). Cependant, cet avis n’a reçu aucun soutien empirique. De surcroît, comme le souligne Myers (2002), malgré le caractère envahissant des fantaisies sexuelles sadiques, elles sont une source de plaisir sexuel et elles ne génèrent pas de détresse psychologique. En conséquence, ces fantaisies ne constituent pas des obsessions au sens clinique du terme.
Sadisme sexuel
10Les résultats de plusieurs études indiquent que les meurtriers sexuels ont une propension au sadisme sexuel (Dietz, 1986 ; Dietz, Hazelwood et Warren, 1990 ; Geberth, 1995 ; Money, 1990 ; Myers et al., 1993 ; Stone, 1998). Malgré la convergence des résultats, ceux-ci doivent être considérés avec précaution parce que plusieurs des études citées présentent des limites méthodologiques importantes : (1) des données à la validité douteuse (livres, articles de journaux) ; (2) un seul cas est décrit, et de manière floue ; (3) des critères diagnostiques non spécifiés. Meloy (2000) ajoute que le diagnostic de sadisme sexuel ne s’applique qu’aux meurtriers sexuels organisés. Néanmoins, le sadisme sexuel semble le seul trouble mental grave noté chez une proportion significative des meurtriers sexuels. En fait, plusieurs auteurs considèrent ce trouble sexuel en association avec la psychopathie comme le moteur de l’homicide sexuel (Dietz et al, 1990 ; Geberth, 1995 ; Ressler, Burgess, Douglas, Hartman et D’Agostino, 1986 ; Vetter, 1990).
Troubles de la personnalité
Psychopathe, antisocial, narcissique
11La psychopathie telle que définie par Hare (1991,1996) partage de nombreuses caractéristiques avec les troubles de la personnalité antisociale (par exemple : style de vie antisocial, manque d’empathie, absence de remords et de culpabilité) et narcissique (par exemple : surestimation de soi, manque d’empathie, absence de remords et de culpabilité, exploitation d’autrui) du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994). De plus, les troubles de la personnalité antisociale et narcissique présentent une forte comorbidité (American Psychiatric Association, 1994). Ces catégories diagnostiques seront donc abordées dans une même section. Néanmoins, il importe de garder à l’esprit que les critères diagnostiques ont évolué rapidement au cours des 30 dernières années et que plusieurs conceptualisations d’une même entité nosographique ont pu coexister à une même époque.
12En ce qui a trait aux troubles de la personnalité des meurtriers sexuels, l’opinion la plus fréquemment soutenue est qu’ils sont des psychopathes antisociaux et narcissiques (Dietz, 1986 ; Dietz et al., 1990 ; Fox et Levin, 1999 ; Liebert, 1985 ; Myers, 2002 ; Vetter, 1990). En effet, au cours de leurs crimes, ils n’éprouvent aucune empathie pour leurs victimes. Par la suite, ils ne ressentent ni remords ni culpabilité. Finalement, ils se surestiment, puisqu’ils sont convaincus qu’ils sont suffisamment intelligents pour éviter d’être appréhendés par la police. Ce mode de fonctionnement psychique caractérise leurs activités criminelles, mais est-ce suffisant pour les qualifier de psychopathes ? Selon Brittain (1970), « it is useless, though it is sometimes done, simply to label such a person a psychopath,[.], it is also not accurate4 ».
13Sur la base de son expérience clinique, Brittain (1970) conclut que les meurtriers sexuels sadiques sont anxieux, timides et réservés dans leurs rapports interpersonnels. Ils ont aussi tendance à renoncer à la compagnie des hommes au profit d’un monde imaginaire dans lequel ils sont omnipotents. Selon les critères diagnostiques du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994), ces meurtriers seraient probablement qualifiés d’évitants et de schizoïdes. Ainsi, il semble que les meurtriers sexuels se distinguent des psychopathes qui, eux, sont dominants, manipulateurs et hostiles dans l’ensemble des sphères de leur vie ; les meurtriers sexuels n’auraient un mode de fonctionnement psychopathique que par rapport aux victimes de leurs crimes. Sur ce point, Brittain (1970) déclare que « he may feel himself to be an inferior being except as regards his offences. The planning and contemplation of these acts can make him feel superior to the other men, someone special or even god-like. Others then become to him inferior creatures, without rights to be used in any way he wishes for his gratification5 ». Malgré l’intérêt des opinions cliniques et théoriques relatives à la psychopathie chez les meurtriers sexuels, qu’en est-il des recherches empiriques sur cette question ?
14Les résultats de quelques études indiquent que les meurtriers sexuels sont des psychopathes ou des antisociaux (Geberth et Turco, 1997 ; Langevin et al, 1988 ; Stone, 1998 ; Yarvis, 1995). On doit toutefois considérer ces résultats avec prudence. En effet, un trouble de la personnalité antisociale a été relevé chez 90 % (9/10) des meurtriers sexuels de l’étude de Yarvis (1995) et chez 58 % (7/13) de ceux de l’étude de Langevin et al. (1988). Or, ces deux études reposent sur les critères diagnostiques du DSM-III (American Psychiatric Association, 1980), lesquels ont été largement critiqués parce qu’ils ne permettent pas de distinguer les détenus des antisociaux. En ce qui a trait à l’étude de Geberth et Turco (1997), les résultats indiquent que la majorité des meurtriers sexuels sériels répondent aux critères diagnostiques du DSM-IV pour la personnalité antisociale. Ces critères sont beaucoup plus spécifiques que ceux du DSM-III et ils sont en accord avec les items de l’échelle de psychopathie de Hare (1991). Malheureusement, la méthodologie de cette étude laisse à désirer. En effet, les auteurs ont établi leurs diagnostics à partir de l’analyse de biographies, de rapports de police ou de dossiers cliniques et ce, sans aucun contact direct avec leurs sujets. L’étude de Stone (1998) repose également sur des biographies de meurtriers sériels. La majorité d’entre eux (74/77) ont reçu un score supérieur à 25 à l’échelle de psychopathie de Hare. Finalement, 58 % (7/13) des meurtriers sexuels de l’étude de Langevin et al. (1988) ont obtenu un score supérieur à 70 à l’échelle Pd, psychopathie, du MMPI. Malgré son nom, l’échelle Pd est peu corrélée avec l’échelle de psychopathie de Hare (Hare, 1985). En fait, cette échelle évalue principalement la mésadaptation sociale et l’impulsivité. En bref, les quelques études empiriques qui indiquent que les meurtriers sexuels sont des psychopathes présentent de nombreuses limites méthodologiques : (1) des échantillons restreints ; (2) une surreprésentation des meurtriers sexuels sériels ; (3) des critères diagnostiques obsolètes ; (4) des sources de données questionnables et (5) des instruments psychométriques inappropriés pour évaluer la psychopathie.
15Myers et Blashfield (1997) ont réalisé une étude dont les résultats indiquent que les meurtriers sexuels ne sont pas des psychopathes. En effet, les 14 adolescents meurtriers sexuels de leur échantillon présentent un score moyen de 22,4 (étendue de 7,1 à 30,6) à l’échelle de psychopathie de Hare. Or, un score de 30 constitue un seuil minimal à partir duquel un individu est considéré psychopathe. Quant aux résultats au MCMI de six des sujets de l’étude de Langevin et al. (1988), ils démontrent que les meurtriers sexuels adultes ne sont pas des psychopathes puisque leurs scores aux échelles antisociale et narcissique du MCMI ne sont pas cliniquement significatifs.
16Afin d’élucider cette question de la psychopathie chez les meurtriers sexuels, Meloy et ses collègues ont effectué une série d’études au cours desquelles les réponses de meurtriers sexuels au Rorschach (méthode de cotation d’Exner) ont été comparées à celles de psychopathes (score > 30 au PCL-R) (Gacono et Meloy, 1994 ; Gacono, Meloy et Bridges, 2000 ; Meloy, Gacono et Kenney, 1994). Soulignons tout d’abord que les meurtriers sexuels et les psychopathes ont en commun une colère intense et une propension à se surestimer (Meloy, Gacono et Kenney, 1994). Toutefois, les deux groupes se distinguent sur plusieurs plans. En effet, tous les psychopathes manifestent un détachement émotionnel, alors que 28 % des meurtriers sexuels présentent un désir relationnel insatiable (Gacono, Meloy et Bridges, 2000 ; Meloy, Gacono et Kenney, 1994). Les meurtriers sexuels ont aussi un répertoire émotif plus étendu que celui des psychopathes (Gacono et Meloy, 1994). Toutefois, ce sont des émotions négatives, tels l’anxiété et le désespoir, qui dominent le répertoire émotif des meurtriers sexuels. À cet égard, Meloy, Gacono et Kenney (1994) ont souligné que « although the psychological operations of psychopaths facilitate rapid discharge of unmodulated affect and primitive impulse, and bolster grandiosity, sexual homicide perpetrators seem to contain, and then be overwhelmed, at time, by such affect and impulse6 ». Finalement, en ce qui a trait aux contenus psychiques, les meurtriers sexuels se distinguent des psychopathes par de fréquentes et douloureuses ruminations. Ainsi, les résultats de ces études comparatives indiquent que les meurtriers sexuels ont des points en commun avec les psychopathes, mais aussi des caractéristiques qui leur sont propres. Une autre manière d’interpréter les résultats de ces études comparatives est de considérer que les meurtriers sexuels constituent un groupe hétérogène composé de psychopathes et de non-psychopathes.
17Dans un article récent, Meloy (2000) propose une approche typologique des troubles de la personnalité chez les meurtriers sexuels. Ainsi, sur la base des études comparatives présentées précédemment, il évalue que les deux tiers des meurtriers sexuels sont des psychopathes (antisocial, narcissique) et que les autres présentent un amalgame de troubles de la personnalité dans lequel la psychopathie joue un rôle secondaire. Une telle position s’accorde bien avec celle de Schlesinger (2000), qui considère que les meurtriers sexuels organisés sont des psychopathes, alors que les meurtriers sexuels désorganisés manifesteraient des troubles de la personnalité état-limite et schizoïde.
État-limite
18Selon Myers (2002), les meurtriers sexuels ont un trouble de la personnalité état-limite. En effet, ils sont impulsifs, colériques et instables émotionnellement. De plus, leurs relations interpersonnelles sont chaotiques. Quant à Gacono et Meloy (1994), ils considèrent que certains meurtriers sexuels manifestent une organisation de la personnalité de type état-limite. On doit spécifier ici qu’ils basent leur diagnostic sur les travaux de Kernberg (1975) et non pas sur les critères d’une des versions récentes du DSM. Selon eux, le monde intérieur des meurtriers sexuels est dominé par l’anxiété, la rage et le désespoir. De plus, ils alternent entre des désirs de rapprochement relationnel intenses et des phases de détachement émotionnel. Finalement, afin de gérer ces affects, ils recourent à des mécanismes de défense tels la projection, le déni et l’identification projective. D’autres auteurs (Liebert, 1985 ; Schlesinger, 2000) sont également d’avis que les meurtriers sexuels, du moins certains d’entre eux, manifestent une organisation de la personnalité état-limite.
Schizoïde, schizotypique
19Les adolescents meurtriers sexuels (N = 14) de l’étude de Myers et Blashfield (1997) présentent des troubles de la personnalité schizoïde (38 %) et schizotypique (38 %), comme l’a révélé le SNAP (Schedule for Nonadaptive and Adaptive Personality – catégories diagnostiques du DSM-III-R). Les troubles de la personnalité antisociale et état-limite étaient quasi absents chez leurs sujets. De plus, les scores aux échelles de personnalité du SNAP indiquent que les adolescents meurtriers sexuels sont introvertis et inhibés. Ce profil de personnalité s’accorde avec les troubles de la personnalité schizoïde et schizotypique. Myers et Monaco (2000) estiment que ce portrait clinique
is not clinically inconsistent with their crimes. These diagnoses [schizoïde, schizotypique] are in the odd, eccentric category of personality disturbance, and signal aloofness, disturbed interpersonal functionning, idiosyncratic thinking, and perhaps a greater reliance on fantasy for fulfillment due to impairment in their capacity for relationships with others. Their emotional detachment may well have been an important ingredient in the cascade of factors leading to their crimes7.
20Les résultats de l’étude de Stone (1994) indiquent que les meurtriers sexuels sériels présentent des troubles de la personnalité schizoïde (40 %), ainsi que des traits psychopathiques, Ils sont décrits comme étant des personnes détachées émotionnellement et retirées socialement. Ils n’ont pas d’empathie pour leurs victimes ni de remords au sujet de leurs crimes. Malgré l’intérêt que suscitent ces résultats, on doit les considérer avec réserve, car l’auteur n’a établi ses diagnostics qu’à partir de biographies de meurtriers sexuels et ce, sans aucun contact direct avec eux. Néanmoins, ces résultats concordent avec ceux de Myers et Monaco (2000) et permettent d’envisager le détachement émotionnel des meurtriers sexuels sous l’angle de la schizoïdie plutôt que de celui de la psychopathie.
tableau 3.1. Études empiriques au sujet des troubles de la personnalité chez les meurtriers sexuels
Étude | Nombre de sujets | Sources des données | Troubles de la personnalité |
Brittain (1970) | Indéterminé | Expérience clinique | Schizoïde |
Dietz, Hazelwood et Warren (1990) | 22 M.5.1 (17 sériels) | Dossiers clinique et correctionnel | Psychopathe |
Gacono, Meloy et Bridges (2000) | 68 M.S. sériels | Biographie, dossiers clinique et correctionnel (critères DSM-IV) | Antisociale |
Geberth et Turco (1997) | 38 M.S. | Rorschach, PCL-R | État-limite |
Langevin et al. (1988) | 13 M.S. | MMPI, MCMI, entrevue clinique (critères DSM-III) | Psychopathe |
Meloy, Gacono et Kenney (1994) | 18 M.S. | Rorschach, PCL-R | État-limite |
Myers et Blashfield (1997) | 14 M.S. (adolescents) | Entrevue clinique (critères DSM-III-R), PCL-R, SNAP | Schizoïde |
Schlesinger (2000) | 77 M.S. (sériels) | Biographie | Schizoïde |
Stone (1998) | Indéterminé | Expérience clinique | Psychopathe |
Yarvis (1990,1995) | 10 M.S. | Entrevue (critères DSM-III) | Antisociale |
1. M.S. : meurtrier sexuel
Synthèse et problématique
21En ce qui a trait aux troubles mentaux graves, la majorité des cliniciens et des chercheurs sont d’avis que les meurtriers sexuels ne sont pas psychotiques. Ils ne présenteraient pas non plus de trouble dissociatif ni de trouble obsessif-compulsif. Toutefois, plusieurs considèrent qu’une proportion significative des meurtriers sexuels montrent des signes de sadisme sexuel.
22Pour ce qui est des troubles de la personnalité, la situation est confuse (voir tableau 3.1). En effet, même si la psychopathie (antisocial, narcissique) est le diagnostic le plus fréquemment posé en ce qui concerne les meurtriers sexuels, des doutes persistent. En effet, les avis cliniques ainsi que les données de recherche suggèrent également la présence de troubles de la personnalité schizoïde et état-limite chez les meurtriers sexuels.
23La diversité des troubles de la personnalité attribués aux meurtriers s’explique peut-être par les limites méthodologiques des études sur cette question. En effet, plusieurs recherches s’appuient sur des échantillons restreints. De plus, lorsque les échantillons sont plus larges, les sources de données sont d’une validité douteuse (par exemple biographies). Ajoutons que les meurtriers sexuels sériels sont surreprésentés dans plusieurs études. Finalement, des critères diagnostiques obsolètes et des conceptualisations théoriques hétérogènes rendent difficile la comparaison des résultats des diverses études. Une autre explication possible de l’hétérogénéité des troubles de la personnalité identifiés chez les meurtriers sexuels découle des approches typologiques ; les troubles seraient différents selon le type de meurtriers. En conséquence, on doit procéder à des études supplémentaires afin de clarifier cette question des troubles de la personnalité chez les meurtriers sexuels.
24Le but de notre étude est d’évaluer les troubles mentaux graves et les troubles de la personnalité chez des meurtriers sexuels et de les comparer avec ceux présentés par des agresseurs sexuels de femmes (violeurs). Afin de pallier les lacunes de certaines des recherches précédentes, nos données proviennent d’un échantillon relativement large de meurtriers sexuels non sériels (N = 40). De plus, nos sources de données sont directes, soit une entrevue avec chacun des meurtriers sexuels de notre échantillon, et l’administration d’un instrument psychométrique standardisé, le MCMI.
Méthodologie
Sujets
25En ce qui a trait au diagnostic du clinicien, il a été obtenu pour l’ensemble des violeurs (N = 101) et pour 30 meurtriers sexuels. Les données manquantes chez ces derniers s’expliquent par des dossiers cliniques incomplets ou des diagnostics obsolètes (antérieurs au DSM-IV).
26Pour ce qui est du MCMI (Millon Clinical Multiaxial Inventory), il a été complété par 75 violeurs et par 25 meurtriers sexuels. Les données manquantes découlent soit d’un refus de participer du sujet, soit de son incapacité à le remplir en raison de déficits de lecture.
Instruments
DSM-IV
27Les diagnostics pour les axes I et II du DSM-IV proviennent des dossiers cliniques du Centre régional de réception (CRR) pour les violeurs, et dans ceux du CRR ou d’autres institutions carcérales du Service correctionnel du Canada (SCC), région Québec, pour les meurtriers sexuels. Malheureusement, nous n’avons pas d’accord interjuges pour les diagnostics relatifs au DSM-IV, puisque chacun des sujets n’a été évalué que par un seul clinicien.
MCMI
28Les troubles de la personnalité des sujets ont également été évalués à l’aide du MCMI (Millon, 1983). Plus spécifiquement, nous avons utilisé une version française, validée auprès d’un échantillon de Québécois francophones (Landry, Nadeau et Racine, 1996). Ce test objectif consiste en 175 questions auxquelles les sujets évalués devaient répondre par vrai ou faux. Après la première étape de la procédure de compilation, on obtient une quantification brute pour n troubles de la personnalité : schizoïde, évitante, dépendante, histrionique, narcissique, antisociale, obsessionnelle-compulsive, passive-agressive, schizotypique, état-limite et paranoïde. À la deuxième étape, les données brutes sont transformées en taux basaux, conversion qui repose sur des données relatives à la prévalence de chacun des troubles de la personnalité. Finalement, les taux basaux sont interprétés à partir de seuils de discrimination. Ainsi, un taux basal supérieur à 74 et inférieur à 85 indique la présence de caractéristiques propres à un trouble de la personnalité (trait), alors qu’un taux basal supérieur à 84 révèle la présence marquée de telles caractéristiques (trouble).
tableau 3.2. Pourcentage de sujets pour les troubles mentaux de l’axe I du DSM-IV chez des violeurs et des meurtriers sexuels

Résultats
29Le tableau 3.2 présente les pourcentages de sujets pour les troubles mentaux de l’axe I du DSM-IV (diagnostic du clinicien) chez des violeurs et des meurtriers sexuels. Le sadisme sexuel (16,7 %) est le seul trouble mental de l’axe I présent chez une proportion significative de meurtriers sexuels. Les autres formes de paraphilies sont rares chez les meurtriers de notre échantillon. De même, les troubles psychotiques sont rarissimes chez ces agresseurs sexuels et les troubles dissociatifs, anxieux et de l’humeur sont inexistants. Finalement, les troubles mentaux de l’axe I sont extrêmement rares chez les violeurs et, sur ce plan, ils ne diffèrent pas de manière statistiquement significative des meurtriers sexuels.
tableau 3.3. Pourcentage de sujets pour les troubles de la personnalité de l’axe II du DSM-IV chez des violeurs et des meurtriers sexuels
Troubles de la personnalité | Violeurs (N = 101) | Meurtriers sexuels (N = 30) |
Schizoïde | 1,0 % | 0,0 % |
Évitante | 3,0 % | 0,0 % |
Dépendante | 7,9 % | 14,3 % |
Histrionique | 0,0 % | 7,1 % |
Narcissique* | 9,9 % | 25,0 % |
Antisociale | 25,7 % | 35,7 % |
Obsessionnelle-compulsive | 0,0 % | 3,6 % |
Passive-agressive1 | 2,0 % | 3,6 % |
Schizotypique | 0,0 % | 0,0 % |
État-limite | 16,8 % | 28,6 % |
Paranoïde | 0,0 % | 0,0 % |
Sadique1 | 1,0 % | 0,0 % |
* p < 0,05
1. Ce trouble de la personnalité se retrouve dans la catégorie « Troubles de la personnalité non spécifiés ailleurs ».
tableau 3.4. Pourcentage de sujets ayant des taux basaux supérieurs au score de 84 (trouble) et entre 75 et 84 (trait) pour les échelles de troubles de la personnalité du MCMI chez des violeurs et des meurtriers sexuels

30Le tableau 3.3 rend compte des pourcentages de sujets pour les troubles mentaux de l’axe II du DSM-IV (diagnostic du clinicien) chez des violeurs et des meurtriers sexuels. Les troubles de la personnalité les plus fréquents chez les meurtriers sexuels sont les suivants : antisociale (35,7 %), état-limite (28,6 %) et narcissique (25 %). Ils sont plus nombreux que les violeurs (25 % vs 9,9 %) à avoir reçu un diagnostic de trouble de la personnalité narcissique (phi = 0,18, p = 0,04). Nous n’avons relevé aucune autre différence significative entre les meurtriers sexuels et les violeurs quant aux troubles de la personnalité.
31Le tableau 3.4 présente les pourcentages de sujets ayant des taux basaux supérieurs au score de 84 (trouble) et entre 75 et 84 (trait) pour les échelles de troubles de la personnalité du MCMI chez des violeurs et des meurtriers sexuels. Les troubles de la personnalité (taux basal > 84) les plus courants chez les meurtriers sexuels sont comme suit : dépendante (32 %), évitante (28 %), passive-agressive (24 %) et schizoïde (20 %). Aucune différence significative entre les meurtriers sexuels et les violeurs n’a été notée.
tableau 3.5. Taux basal moyen pour les échelles du MCMI pour deux profils de troubles de la personnalité chez des agresseurs sexuels de femmes (violeurs, meurtriers sexuels)
Troubles de la personnalité | Profil 1 (N = 56) | Profil 2 (N = 44) |
Schizoïde* | 39,7 | 81,3 |
Évitante* | 42,1 | 87,5 |
Dépendante* | 55,9 | 88,1 |
Histrionique* | 57,9 | 43,5 |
Narcissique* | 72,4 | 44,3 |
Antisociale* | 67,8 | 45,9 |
Obsessionnelle-compulsive* | 66,0 | 48,5 |
Passive-agressive* | 31,2 | 75,9 |
Schizotypique* | 51,6 | 66,5 |
État-limite* | 50,4 | 68,8 |
Paranoïde | 64,9 | 61,3 |
* p < 0,001
32En ce qui concerne les taux basaux supérieurs à 74 et inférieurs à 85, soit les traits de personnalité pathologiques, les plus fréquents chez les meurtriers sexuels sont les suivants : narcissique (28 %), antisociale (24 %), dépendante (20 %), paranoïde (16 %) et histrionique (16 %). De nouveau, on ne détecte aucune différence significative entre les violeurs et les meurtriers sexuels.
33Le tableau 3.5 montre les taux basaux moyens pour les échelles du MCMI pour deux profils de troubles de la personnalité chez des agresseurs sexuels de femmes ; ces profils ont été établis à partir d’une analyse en classification automatique à K moyennes (K-means cluster analysis). Le premier profil ne comporte aucun taux basal moyen supérieur au seuil de discrimination de 75. Cependant, on note des élévations moyennes plus importantes pour les échelles des troubles de la personnalité antisociale (72,4) et narcissique (67,8). Dans le second profil, le seuil de discrimination clinique de 75 est dépassé pour les quatre troubles de la personnalité suivants : évitante, dépendante, schizoïde et passive-agressive. Des différences significatives entre ces deux profils ont été relevées pour toutes les échelles, sauf celle relative au trouble de la personnalité paranoïde. Finalement, les deux profils de personnalité se retrouvent dans des proportions similaires chez les violeurs (profil I = 54,7 % ; profil II = 45,3 %) et les meurtriers sexuels (profil I = 60 % ; profil II = 40 %).
Interprétation des résultats
Troubles mentaux graves
34En ce qui a trait aux troubles psychotiques, nos résultats indiquent qu’ils sont très rares chez les meurtriers sexuels. Ces résultats concordent avec ceux d’autres auteurs (Dietz, 1986 ; Geberth, 1995 ; Levin et Fox, 1985 ; Leyton, 1986 ; Meloy, 2000 ; Myers et al., 1993). Ainsi, bien que le meurtre sexuel semble un acte de pure folie, totalement incompréhensible pour le commun des mortels, les auteurs de ces crimes, eux, ne souffrent pas de folie (psychose). Ajoutons qu’aucun des meurtriers sexuels de notre étude ne présente un trouble obsessif-compulsif. Ce résultat confirme l’avis de Myers (2002) sur cette question. Finalement, aucun sujet n’a reçu un diagnostic relatif à un trouble de l’humeur ou à un trouble dissociatif.
35Avant de conclure que les meurtriers sexuels ne montrent pas de troubles mentaux graves, il importe de souligner que l’ensemble des sujets de cette étude ont été évalués lors d’un séjour dans une institution carcérale. Ce fait implique que les meurtriers sexuels de notre échantillon ont été reconnus criminellement responsables de leurs délits. Par ailleurs, en raison du mode de fonctionnement du système judiciaire canadien, il est possible que certains meurtriers sexuels aient été acquittés pour cause d’aliénation mentale, puis qu’on les ait transférés dans une institution psychiatrique sécuritaire. Ainsi, afin de mieux évaluer l’incidence des troubles mentaux graves chez les meurtriers sexuels, il sera nécessaire d’effectuer une étude sur cette question auprès d’un échantillon provenant d’une institution psychiatrique sécuritaire.
36Le sadisme sexuel est la seule paraphilie diagnostiquée chez une proportion significative de meurtriers sexuels. Toutefois, cette proportion est faible (16,7 %) si l’on considère le sadisme sexuel comme l’un des éléments centraux du noyau à l’origine de la propension au meurtre sexuel (Dietz et al, 1990 ; Ressler, Burgess, Douglas et al, 1986). Afin d’expliquer cette incompatibilité entre nos données et une conception du meurtre sexuel dans laquelle le sadisme tient une place importante, on peut formuler l’hypothèse d’un biais d’échantillonnage. En effet, les échantillons de Dietz et de Ressler sont biaisés dans la mesure où les meurtriers sexuels sériels y sont surreprésentés, alors que dans notre échantillon, lequel se rapproche d’une population, on n’en trouve aucun.
37Une autre hypothèse permettant d’expliquer la faible proportion de sadisme sexuel chez nos sujets a trait à la validité des informations qui ont servi à établir le diagnostic. En effet, au Canada, la majorité des meurtriers sexuels sont admissibles à une libération conditionnelle après une incarcération prolongée. En conséquence, ils n’ont pas intérêt à divulguer des informations susceptibles de dévoiler une psychopathologie sévère, tel le sadisme sexuel, qui pourrait suggérer un risque de récidive élevé. Or, pour établir un diagnostic de sadisme sexuel, le clinicien s’appuie essentiellement sur une information que le meurtrier sexuel peut facilement fausser, soit la présence de fantaisies sexuelles sadiques. En contrepartie, aux États-Unis, les meurtriers sexuels sont incarcérés sans possibilité de libération conditionnelle, ou bien ils sont exécutés. Ainsi, leur degré de psychopathologie, ainsi que le risque de récidive qui y est associé n’a aucune conséquence sur leur prise en charge par le système judiciaire. Il en résulte que les informations relatives à leurs fantaisies sexuelles sont probablement plus valides que celles de leurs homologues canadiens. Cette seconde hypothèse n’exclut pas celle du biais d’échantillonnage mentionnée précédemment.
38Nos résultats ne comportent donc aucune différence significative entre les meurtriers sexuels de femmes et les violeurs quant aux troubles mentaux graves. Ces résultats n’ont rien de surprenant puisque de tels troubles sont rarissimes chez les deux types d’agresseurs sexuels de notre étude. Ainsi, les troubles psychotiques, dissociatifs, anxieux et de l’humeur, de même que les paraphilies ne semblent pas des facteurs psychopathologiques favorisant le meurtre sexuel non sériel et le viol d’une femme.
Troubles de la personnalité
39Les troubles de la personnalité les plus fréquents chez les meurtriers sexuels de notre échantillon (critères du DSM-IV) sont les suivants : antisociale, état-limite et narcissique. Ces résultats concordent avec les opinions et les données qui indiquent que les meurtriers sexuels sont soit des psychopathes, antisociaux et narcissiques (Dietz et al, 1990 ; Fox et Levin, 1999 ; Gacono et Meloy, 1994 ; Langevin et al., 1988 ; Myers, 2002 ; Stone, 1998 ; Yarvis, 1995), soit des états-limites (Liebert, 1985 ; Meloy, 2000 ; Myers, 2002 ; Schlesinger, 2000).
40Cette concordance entre nos résultats et ceux d’autres études doit être considérée avec prudence. Tout d’abord, soulignons que les pourcentages pour ces trois troubles de la personnalité sont relativement faibles, soit 35,7 % (antisociale), 28,6 % (état-limite) et 25 % (narcissique), et de beaucoup inférieurs à ceux rapportés par d’autres chercheurs. De nouveau, il est possible d’invoquer un biais d’échantillonnage, à savoir une surreprésentation des meurtriers sexuels sériels, afin d’expliquer ces différences de pourcentages. De même, on peut sans doute prétexter que le recours à des critères diagnostiques plus restrictifs, soit ceux du DSM-IV, plutôt qu’à ceux très inclusifs du DSM-III, explique un pourcentage plus faible de trouble de la personnalité antisociale chez nos sujets. Pour finir, en ce qui concerne la seule étude à s’appuyer sur les critères du DSM-IV, les données sont d’une validité douteuse puisqu’elles consistent en des biographies et des articles de journaux se rapportant à des meurtriers sexuels.
41Nos résultats indiquent qu’il y a très peu de différences significatives entre les taux de troubles de la personnalité diagnostiqués chez les meurtriers sexuels et ceux des troubles décelés chez les violeurs. Bien que les taux de troubles de la personnalité antisociale et état-limite soient plus élevés chez les meurtriers sexuels que chez les violeurs, ces différences ne sont pas statistiquement significatives. Néanmoins, chez les meurtriers sexuels (25 %), le diagnostic de trouble de la personnalité narcissique est significativement plus fréquent que chez les violeurs (9,9 %). Cette différence quant au trouble de la personnalité narcissique pourrait s’expliquer par une prépondérance des fantaisies de toute-puissance et de domination chez certains meurtriers sexuels.
42Dans l’ensemble, les diagnostics posés par les cliniciens soulignent une très grande similitude entre les meurtriers sexuels et les violeurs quand il est question des troubles de la personnalité. Il semble donc que le profil de personnalité ne soit pas lié à la gravité du délit sexuel (viol versus meurtre sexuel). Toutefois, il est possible que le profil de personnalité soit en lien avec la nature du scénario délictuel (sadique vs non sadique) et ce, que l’issue du crime soit fatale ou non (voir chapitre 7).
43Les résultats pour les échelles de troubles de la personnalité du MCMI indiquent également que les meurtriers sexuels diffèrent peu des violeurs. En effet, il n’y a aucune différence statistiquement significative entre les deux groupes d’agresseurs sexuels de femmes et ce, quant aux traits et aux troubles de la personnalité. De nouveau, les fréquences de troubles de la personnalité sont faibles, tant pour les meurtriers sexuels que pour les violeurs. Ainsi, les résultats au MCMI et les diagnostics des cliniciens présentent des points communs. Cependant, lorsqu’on examine les profils de personnalité identifiés grâce au MCMI et qu’on les compare à ceux diagnostiqués par des cliniciens, on remarque des différences importantes.
44Les troubles de la personnalité les plus courants chez les meurtriers sexuels, selon le MCMI (taux basal supérieur à 84), sont les suivants : dépendante, évitante, passive-agressive et schizoïde. Ces résultats confirment la conception du meurtrier sexuel sadique proposée par Brittain (1970). Ainsi, le meurtrier sexuel serait un homme timide, anxieux, réservé et se considérant inférieur à autrui dans ses rapports interpersonnels au quotidien. En raison de ce malaise relationnel, il préfère se réfugier dans un monde imaginaire, où il est cette fois le héros vengeur qui domine et humilie des femmes qui, dans la réalité, lui sont inaccessibles.
45Nos résultats au MCMI quant aux troubles de la personnalité des meurtriers sexuels concordent également avec ceux obtenus par Myers et Blashfield (1997). En effet, leurs résultats au SNAP indiquent que ce sont les troubles de la personnalité schizoïde et schizotypique qui sont les plus fréquents chez les adolescents meurtriers sexuels. En outre, les échelles de personnalité du SNAP laissent entendre que ces jeunes sont introvertis et inhibés. Ce profil de personnalité s’accorde très bien avec la description du meurtrier sexuel sadique présentée par Brittain (1970).
46Nos résultats aux échelles du MCMI indiquent également qu’une proportion significative de meurtriers sexuels présentent des traits de personnalité pathologique (taux basal entre 75 et 84). Les plus fréquents sont les suivants : narcissique et antisociale. Ces résultats vont dans le même sens que ceux de Stone (1994), à savoir des traits de personnalité psychopathique (antisociale, narcissique) et un trouble de la personnalité schizoïde chez les auteurs d’homicide sexuel. Encore une fois, le portrait clinique esquissé par Brittain (1970) est en harmonie avec nos résultats. En effet, il décrit le meurtrier sexuel sadique comme un être effacé et timoré au quotidien (évitant et schizoïde), mais prédateur dans ses crimes (antisocial et narcissique).
47Alors que les scores obtenus aux instruments psychométriques indiquent une prédominance des troubles de la personnalité évitante, dépendante et schizoïde chez les meurtriers sexuels, les diagnostics des cliniciens accordent la primauté aux troubles de la personnalité antisociale et narcissique. Afin d’expliquer cette contradiction, on peut formuler l’hypothèse selon laquelle les instruments psychométriques évaluent le meurtrier sexuel, alors que le clinicien évalue son crime. En effet, lors de l’évaluation clinique dans un contexte judiciaire, l’accent est mis sur la compréhension des facteurs de personnalité qui auraient pu favoriser l’actualisation d’un meurtre sexuel. Il en résulte une surestimation des éléments antisociaux et narcissiques de la personnalité du meurtrier sexuel et une sous-estimation des éléments évitant, dépendant et schizoïde. En contrepartie, les instruments psychométriques évaluent le mode de fonctionnement psychologique usuel, quotidien, du criminel et ce, indépendamment de son crime. En conséquence, en contexte judiciaire, il semble probable que les tests fournissent une évaluation plus exacte des troubles de la personnalité des agresseurs sexuels que ne le ferait un clinicien.
48Des analyses typologiques effectuées avec les scores obtenus pour les échelles de troubles de la personnalité du MCMI ouvrent une autre voie afin d’explorer les contradictions apparentes entre nos résultats et ceux obtenus par d’autres auteurs. En effet, ces analyses mettent en lumière deux profils de personnalité chez les meurtriers sexuels de notre échantillon, soit : (1) évitante, dépendante, schizoïde et passive-agressive ; (2) antisociale et narcissique. Ces deux profils de personnalité sont tout à fait compatibles avec les deux profils de psychopathologies identifiés par Lee, Patterson, Jackson et Ward (2001) chez des délinquants sexuels, soit : (1) incompétence sociale et sexuelle (faible estime de soi, anxiété sociale et retrait social) ; et (2) hostilité, colère (faible empathie et comportements agressifs). Finalement, ces deux profils se retrouvent dans des proportions similaires chez les violeurs et les meurtriers sexuels. De nouveau, on peut formuler l’hypothèse que ces profils de personnalité sont en lien avec la nature du scénario délictuel plutôt qu’avec l’issue fatale ou non du crime. Nous reviendrons sur cette question au chapitre 7.
49Trois scénarios se dégagent de la recension des écrits et de l’ensemble de nos résultats sur les troubles de la personnalité chez les meurtriers sexuels. Selon le premier, les meurtriers sexuels présenteraient un profil de personnalité composé de deux parties distinctes et complémentaires. Ainsi, des troubles de la personnalité schizoïde, évitante, dépendante et état-limite détermineraient leurs rapports interpersonnels au quotidien, alors que des troubles de la personnalité antisociale et narcissique s’exprimeraient lors de leurs crimes sexuels. Selon un deuxième scénario, les instruments psychométriques fourniraient une représentation exacte des troubles de la personnalité des meurtriers sexuels, soit schizoïde, évitante et dépendante. Quant au diagnostic du clinicien, il serait erroné et porterait davantage sur le crime que sur le criminel. Dans un troisième scénario, il y aurait deux types de meurtriers sexuels, soit ceux présentant des troubles de la personnalité schizoïde, évitante, dépendante et passive-agressive et ceux présentant des troubles de la personnalité antisociale et narcissique. Les résultats d’analyses typologiques semblent favoriser ce dernier scénario.
Présentation de cas
50Afin d’illustrer les liens entre le profil de troubles de la personnalité et la nature du modus operandi, considérons les cas de deux meurtriers sexuels : Sylvain et Stéphane.
Sylvain
Sylvain présente un profil de personnalité, tel qu’il est évalué au MCMI, composé d’éléments schizoïde (96), évitant (115), dépendant (104), passif-agressif (107) et schizotypique (89). En accord avec ce profil de personnalité, Sylvain rapporte avoir une faible estime de soi et de la difficulté à se faire des amis. En fait, il estime que les gens qu’il côtoie le jugent, le rejettent et s’amusent à le ridiculiser. Il en résulte des sentiments de rage et d’humiliation qui, cependant, restent inexprimés. Sylvain adopte alors une position de retrait sur le plan relationnel et il se réfugie dans un monde de fantaisies sexuelles coercitives. Les principaux thèmes de ses fantaisies sont le viol, la torture et le meurtre d’une femme. Il visionne d’ailleurs des films d’horreur dans lesquels des femmes sont torturées et tuées. Le sang des victimes présente un attrait particulier pour Sylvain. Finalement, il se masturbe de manière compulsive (trois fois par jour), stimulé par ses fantaisies déviantes et des films d’horreur. Ces activités sexuelles déviantes semblent être un exutoire à ses affects négatifs inexprimés : la rage et l’humiliation.
La nature des rapports sexuels de Sylvain est en lien direct avec ses fantaisies sexuelles déviantes. En effet, il a agressé sexuellement plusieurs femmes, lesquelles n’ont toutefois pas déposé de plainte à la police. Lors de ces agressions, il les attachait avec des menottes, les griffait et les frappait. Quand il était avec des partenaires consentantes, il avait l’habitude de visionner des films d’horreur lors de leurs rapports sexuels.
Au cours de l’année précédant son meurtre sexuel, Sylvain était sans emploi. Il consommait chaque jour de l’alcool et de la drogue (marijuana, cocaïne, LSD, PCP). Une cousine âgée de 17 ans a cohabité avec lui pendant quelques semaines. Rapidement, il a développé une vive animosité à son égard parce qu'elle invitait ses amis à l’appartement. Il était violent verbalement, mais il ne l’a pas frappée. Toutefois, il mentionne qu’il a dû faire des efforts importants pour ne pas actualiser les fantaisies de viol et de meurtre qu’il entretenait à son sujet. Finalement, il lui a demandé de quitter l’appartement.
Quelques jours avant le meurtre, il a repris contact avec sa cousine, décidé cette fois à actualiser ses fantaisies sexuelles violentes. Après une soirée d’anniversaire, il lui a proposé de la ramener chez elle en automobile, ce qu’elle a accepté. Parvenu à un endroit qu’il a jugé approprié, il a arrêté son véhicule, l’a serrée à la gorge et a tenté de l’embrasser. Elle s’est débattue et a réussi à prendre la fuite. En entrevue, il reconnaît que, dans le cas contraire, il l’aurait violée, puis poignardée.
Le lendemain, la mère de la victime a convoqué Sylvain chez elle. Il s’est présenté armé d’un couteau. La mère de la victime l’a insulté et bousculé. Il l’a alors poignardée à plusieurs reprises. Il mentionne avoir ressenti une intense excitation sexuelle lors du meurtre, et plus particulièrement lorsqu’il a senti le sang chaud de sa victime sur ses mains. Il rapporte également avoir éprouvé des sentiments de pouvoir et de puissance. En dépit de l’absence de comportements de nature sexuelle lors du meurtre, celui-ci peut être qualifié de sexuel en raison de l’excitation sexuelle associée à l’acte. De plus, les coups de couteau et le sang de la victime sont des éléments centraux des fantaisies sexuelles de Sylvain.
Stéphane
Le profil de personnalité de Stéphane, tel qu’il a été évalué par un clinicien, est un amalgame d’éléments antisociaux et états-limites. Les scores au MCMI confirment le diagnostic de trouble de la personnalité antisociale (86), mais pas celui d’état-limite. Ce dernier résultat n’est pas surprenant, puisque l’échelle état-limite du MCMI est valide pour des sujets autodestructeurs plutôt qu’« hétérodestructeurs ». En conséquence, dans le cas de Stéphane, nous retiendrons le diagnostic du clinicien, à savoir des troubles de la personnalité antisociale et état-limite. En conséquence, Stéphane a une perception de lui-même instable : il alterne entre des phases de dévalorisation et des phases de victimisation au cours desquelles il se considère comme traité injustement par les femmes et la société. Il est également instable émotivement, oscillant entre des états de souffrance et de rage intense. Ce chaos intérieur entraîne de fréquentes explosions de violence destructrice.
L’histoire de Stéphane est ponctuée d’une diversité de crimes. En effet, ses antécédents judiciaires officiels en tant qu’adulte incluent huit sentences, soit trois pour des voies de fait, quatre pour des vols et une pour une agression sexuelle. En outre, lors de ses périodes d’incarcération, on note des sanctions disciplinaires relatives à une tentative d’évasion et à des voies de fait contre des membres du personnel et des codétenus.
Au cours de l’année précédant l’homicide sexuel, la vie de Stéphane était caractérisée par des conflits dans plusieurs domaines. Tout d’abord, en raison de son refus des règles et des lois, il a eu de nombreuses altercations avec les intervenants du système de justice responsables de son suivi probatoire. Puis, une fois divorcé, il a vécu des sentiments de rejet et de rage par rapport à son ex-conjointe. Ce conflit spécifique a fait écho à une rage déjà bien établie contre les femmes et les féministes, qu’il considère trop favorisées dans notre société. Finalement, en raison de ses activités criminelles, les membres de sa famille lui ont signifié qu’ils ne désiraient plus le fréquenter. De nouveau, il a été envahi par des sentiments de rejet, de rage et de dévalorisation.
Durant les jours qui ont précédé l’homicide, les conflits familiaux étaient particulièrement intenses. En effet, sa mère a refusé qu’il participe à une fête familiale. Les sentiments de rejet et de rage étaient exacerbés. Il a consommé de l’alcool et de la drogue en quantité importante. Il ne rapporte pas de fantaisies sexuelles déviantes ni le recours à du matériel pornographique.
Le soir du meurtre, il a rencontré une femme dans un bar. Celle-ci l’a accompagné à son appartement afin de consommer de l’alcool. Stéphane anticipait des contacts sexuels avec cette femme. Lorsqu’il lui a manifesté ses intentions, celle-ci a refusé et indiqué son intention de partir. Stéphane a tenté de la contraindre physiquement à avoir une relation sexuelle. Elle s’est débattue, ce qui a enragé Stéphane. Il l’a alors poignardée. Afin de se débarrasser du corps de sa victime, il l’a déplacé dans une ruelle et l’a aspergé d’essence avant d’y mettre le feu. Après le meurtre, il mentionne avoir ressenti une panique intense. Toutefois, il ne manifeste aucune empathie au sujet de sa victime.
51Malgré l’intérêt des variables de psychopathologie dans la compréhension de l’homicide sexuel, il ne faut pas négliger leurs interactions avec des variables développementales (voir le chapitre 2) et situationnelles (voir le chapitre 4). En effet, comme le soulignent Widiger et Trull (1994), même si la psychopathie se caractérise par l’absence d’inhibition par rapport au recours à la violence (manque d’empathie, absence de remords et de culpabilité), elle ne constitue pas une condition suffisante pour susciter son émergence. En fait, l’apprentissage de comportements violents (exposition à des modèles violents, victimisation sexuelle et violente) est une autre condition nécessaire à l’actualisation de tels comportements chez un psychopathe. Sur un autre plan, des variables situationnelles telles que la colère, un état d’intoxication dû à la consommation de substances psychoactives, la résistance de la victime ainsi que la présence d’une arme, peuvent exacerber la propension à la violence d’une personne présentant un trouble de la personnalité (Proulx et al., 1999). Nous reviendrons sur les interactions entre les variables de psychopathologies, les variables développementales et les variables situationnelles chez les agresseurs sexuels de femmes au chapitre 5.
52La principale force de notre étude sur la psychopathologie des meurtriers sexuels est la représentativité de l’échantillon. En effet, 71 % des meurtriers sexuels de femmes incarcérés au Québec au moment de la cueillette des données ont accepté de participer à cette recherche. En fait, notre échantillon se rapproche d’une population. Il est constitué de 35 meurtriers sexuels à victime unique et de 5 autres qui ont tué 2 victimes. Aucun de nos sujets n’est un meurtrier sexuel sériel. Ces résultats soulignent les limites des études sur l’homicide sexuel qui portent principalement sur des meurtriers sexuels sériels. Afin d’illustrer les différences entre les meurtriers sériels et ceux de type non sériel, des comparaisons ont été effectuées (voir le chapitre 6).
53Une autre force de notre étude réside dans l’homogénéité de notre échantillon. En effet, celui-ci est composé de meurtriers sexuels dont les victimes sont toutes pubères et de sexe féminin. En contrepartie, certaines études sur les meurtriers sexuels incluent des victimes masculines et féminines, pubères et prépubères. Ajoutons que plusieurs études sur les meurtriers sériels concernent des auteurs d’homicides sexuels et d’autres d’homicides non sexuels.
54Notre étude comporte toutefois certaines limites. Premièrement, en raison du contexte dans lequel la cueillette des données a été effectuée, soit une évaluation en milieu carcéral, il est probable que certains sujets aient tenté de présenter une image positive d’eux-mêmes. Ainsi, ils ont pu mentir au clinicien qui posait le diagnostic. De même, ils ont pu donner des réponses erronées alors qu’ils complétaient le MCMI. Heureusement, cet instrument psychométrique comporte des échelles de validité et des procédures de rectification qui compensent lorsqu’un sujet tente de minimiser sa psychopathologie. Néanmoins, ces procédures ne sont pas infaillibles. Une deuxième limite de notre étude découle du fait que notre échantillon est constitué uniquement de détenus provenant d’institutions pénitentiaires. En effet, notre échantillon ne contient pas de meurtriers sexuels provenant d’institutions psychiatriques sécuritaires. Finalement, une troisième limite de notre étude réside dans l’absence d’accord interjuges en ce qui a trait au diagnostic du clinicien.
55Malgré ses limites, cette étude sur les psychopathologies des meurtriers sexuels constitue une contribution significative en comparaison des études antérieures. Néanmoins, afin d’enrichir les résultats obtenus dans la présente étude, celles à venir devraient considérer les recommandations suivantes : (1) inclure des sujets provenant d’institutions psychiatriques sécuritaires ; (2) recruter des sujets dans plusieurs pays, afin d’obtenir un échantillon d’une taille plus importante que le nôtre et aussi plus représentatif de la population des meurtriers sexuels ; (3) évaluer la psychopathologie à l’aide de plusieurs instruments psychométriques et ce, afin de s’assurer de la validité convergente des résultats obtenus ; (4) demander des évaluations psychologiques indépendantes à deux cliniciens. Ces diverses mesures devraient permettre de répondre de manière plus sûre à cette question controversée qu’est la psychopathologie des meurtriers sexuels.
Notes de bas de page
1 « La violence et le sadisme extrême pourraient faire penser à une psychose ; le crime lui-même fait croire à un trouble de la personnalité antisociale ou à un trouble sexuel ; la nature répétitive des crimes suggère un trouble obsessif-compulsif ; et les mauvais traitements subis dans l’enfance par les meurtriers indiquent un trouble dissociatif. » (p. 16 ; traduction de l’auteur)
2 « Il se pourrait que la régression psychotique soit évitée grâce à une explosion de violence qui évacue une anxiété intense. » (p. 17 ; traduction de l’auteur)
3 « Les changements de personnalité (comportement, perception, motivation, langage, manière, écriture, amnésie et réponses au Rorschach) et leur stabilité au sein de chacune d’elles suggèrent un trouble dissociatif. » (p. 94 ; traduction de l’auteur)
4 « Il est inutile, et même inadéquat, de qualifier ces personnes de psychopathes. » (p. 198 ; traduction de l’auteur)
5 « Il se perçoit inférieur à autrui, sauf en ce qui a trait à ses délits. La planification et le souvenir de ses crimes l’amènent à se sentir supérieur aux autres hommes, quelqu’un de spécial, presque un dieu. Les autres deviennent des êtres inférieurs, sans droits, qu’il peut utiliser comme il le souhaite pour satisfaire ses désirs. » (p. 199 ; traduction de l’auteur)
6 « Quoique le fonctionnement psychique du psychopathe facilite l’évacuation rapide d’émotions non modulées et de pulsions primitives et le maintien de sa grandiosité, les auteurs de meurtres sexuels semblent parfois contenir et par conséquent être envahis par de telles émotions et pulsions. » (p. 63 ; traduction de l’auteur)
7 « [N]'est pas incompatible cliniquement avec leurs crimes. Ces diagnostics [schizoïde, schizotypique] font partie des troubles de la personnalité de la catégorie excentrique, ce qui implique des attitudes de retrait, un fonctionnement interpersonnel perturbé, une pensée idiosyncrasique et même un investissement majeur dans leur monde imaginaire, afin de compenser pour leur difficulté à entrer en relation avec autrui. Leur détachement émotionnel est probablement un élément important dans la cascade de facteurs qui les amènent à commettre leurs crimes. » (p. 700, traduction de l’auteur)
Auteurs
Ph.D. psychologie. Professeur titulaire à l’École de criminologie et chercheur au Centre international de criminologie comparée et ce, à l’Université de Montréal. Chercheur et clinicien à l’Institut Philippe Pinel de Montréal.
M.Sc. criminologie. Agente de recherche au Centre international de criminologie comparée.
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