La conception éditoriale d’un dictionnaire pédagogique
p. 153-176
Remerciements
Remerciements à Alain Dubois, sociologue, Line Karoubi, directrice éditoriale, Patricia Maire, lexicographe, et Nicole Rein-Nicolaev, lexicographe.
Texte intégral
1Le dictionnaire pédagogique est une création éditoriale relativement récente dont le succès ne cesse d’augmenter en raison de son adéquation aux besoins et aux usages. Sa réalisation exige une démarche éditoriale et lexicographique propre qui, bien qu’ayant intégré désormais les atouts des publications pour la jeunesse, le distingue de celles-ci et l’ancre dans la sphère des ouvrages de référence.
2Définissons tout d’abord le champ d’étude : nous entendons par dictionnaire pédagogique, ou scolaire, voire d’apprentissage1, un répertoire de mots classés par ordre alphabétique et suivis de leur définition, destiné à l’apprentissage de la langue française et à une tranche d’âge précise. Les découpages en âges peuvent parfois différer d’un pays à l’autre, mais nous prendrons les segmentations utilisées en France, généralement en usage dans les autres pays francophones : maternelle (4/6 ans), benjamin (6/8 ans), junior (7/8 à 11/12 ans) et collège (au delà de 12 ans). À chacun de ces publics correspond désormais un ouvrage particulier. Et, pour chaque livre, est entreprise une série de travaux préalables : analyse du marché, définition des critères de choix pour l’établissement d’une nomenclature, élaboration d’une charte rédactionnelle et d’une structure d’article, choix d’un équilibre entre textes et images, et, enfin, adaptation aux programmes scolaires et aux recommandations pédagogiques.
3Notre point de vue sera principalement éditorial. Même si des questions proprement lexicographiques seront abordées, c’est avant tout avec le regard de l’éditeur que nous proposons cette analyse. À partir de quelques exemples pris chez Larousse, nous souhaitons montrer en effet que la conception et la réalisation d’un dictionnaire pédagogique nécessitent de s’entourer d’une équipe aux multiples compétences : lexicographique, éditoriale et pédagogique, sans oublier l’apport du marketing, précieuse aide à la décision éditoriale et à ce que l’on appelle la mise en marché.
histoire
4L’apparition de dictionnaires adaptés à une tranche d’âge ou à une classe — ce que nous entendons par dictionnaire pédagogique ou scolaire — est relativement récente au regard de l’histoire des dictionnaires en général. C’est au XVIIe siècle que naissent les premiers dictionnaires monolingues du français. Puis, c’est au XIXe siècle, « à la faveur de la réduction de gros ouvrages que naquit petit à petit l’idée démocratique que les dictionnaires réduits en taille et en contenu seraient à même d’être très utiles aux élèves et qu’ils pourraient donc prendre leur place dans les établissements scolaires » (Pruvost 2003, p. 473). Les éditeurs de référence, tout jeunes encore à l’époque, comme Hachette et Larousse, ont commencé alors à proposer des ouvrages d’apprentissage de la langue française pour les élèves. Mais, comme le signale Jean Pruvost (ibid., p. 474), l’épanouissement linguistique des dictionnaires pédagogiques a lieu véritablement au XXe siècle. Citons en particulier le très remarqué Dictionnaire du français contemporain de Jean Dubois et al., paru chez Larousse en 1966. À partir de ce moment-là, les titres destinés aux écoliers se multiplient2, reflets de courants linguistiques précis.
5Il paraît par ailleurs essentiel d’ajouter aux causes de ce déploiement les impulsions décisives données par les mouvements pédagogiques et sociologiques, à partir de ces années-là. En effet, sans vouloir entrer dans le détail — nous recommandons pour cela notamment la lecture de la revue Actes de la recherche en sciences sociales, d’ouvrages de Dubet (entre autres, Dubet et Martuccelli 1996) ou encore de Passeron (entre autres, Bourdieu et Passeron 1970) —, les profondes mutations culturelles des années 1970 touchent l’école et les enseignements. On observe que, au delà de l’élève, ou de la masse des élèves, existent des enfants d’âges différents, ayant besoin de progresser par étapes et de manière active dans leurs apprentissages. C’est aussi le triomphe de la psychologie et de la théorisation des différences entre les âges scolaires. Ce sera, plus tard, la popularisation de la fréquentation des écoles maternelles. Les programmes officiels d’enseignement recommandent l’utilisation du dictionnaire dans leurs textes, et ce, dans de nombreux pays. En France, 1977 voit s’installer la gratuité des manuels scolaires et les crédits d’équipement (ou pédagogiques) dans les écoles autorisent les achats pour créer ou étoffer les bibliothèques d’établissements. Les dictionnaires pour tous, grand public, apparaissent alors inadaptés pour la large population des élèves.
6Nous sommes désormais au XXIe siècle et le dictionnaire pédagogique fait résolument partie à la fois du paysage éditorial, dans la catégorie des ouvrages de référence séduisant les parents soucieux de la scolarité de leurs enfants, et de la sphère de l’éducation, recommandé par les enseignants pour l’usage individuel des élèves et l’équipement des classes, comme un manuel à part entière.
marché
7Nous souhaitons maintenant livrer quelques chiffres et indicateurs du marché qui illustrent le succès des dictionnaires pédagogiques. Avant de décrire plus en détail ce marché précis, et afin de le placer dans une perspective plus large, voici quelques indications du volume de dictionnaires vendus en France. Il s’agit des dictionnaires de langue française, quelques-uns encyclopédiques, et hors bilingues ; la période analysée couvre une année complète en France, l’année 2004, et les sources sont Larousse et la société GfK3 :
Dictionnaires généralistes (incluant notamment le Petit Larousse, le Petit Robert, le Dictionnaire Hachette ; les dictionnaires de poche, les minis, etc.) : plus de 1 300 000 exemplaires vendus.
Dictionnaires spécialisés (synonymes, difficultés, orthographe, etc.) : plus de 300 000 exemplaires.
Dictionnaires pédagogiques : près de 500 000 exemplaires, chiffres détaillés ci-après.
8Il s’agit donc d’un marché important (plus de 2 000 000 d’exemplaires en France auxquels il faut ajouter, pour être complet, plus de 1 000 000 d’exemplaires vendus à l’exportation), qui est considéré plutôt comme un marché de biens d’équipement (par opposition à un marché de biens de consommation), et de ce fait un marché mûr, à rotation lente, mais réactif à la nouveauté.
9Pour conclure sur ces chiffres globaux, nous avons observé une progression notable par rapport à l’année 2003, de 13 % environ.
gros plan sur les scolaires
10Les dictionnaires pédagogiques représentent donc en France quelque 500 000 exemplaires vendus. Sur ce marché, Larousse est chef de file à plus de 50 %, suivi de Robert à plus de 30 % et de Hachette à 15 %. Mais ces poids lourds de l’édition de dictionnaires doivent désormais compter avec de nouveaux entrants, Fleurus et Hatier en particulier, qui proposent, avec succès, quelques titres de qualité. Toujours en volume, la part la plus importante (près de 60 %) revient aux dictionnaires qualifiés de « junior », c’est-à-dire de dictionnaires qui s’adressent à la tranche d’âge de 7/8 à 11/12 ans. Viennent ensuite, à part quasi égale, les dictionnaires pour les benjamins (6/8 ans) et pour le collège (plus de 12 ans). Plus réduit, le marché des dictionnaires pour les maternelles est relativement récent. Enfin, les dictionnaires dits de transition (destinés aux élèves de la fin du primaire, mais en préparation vers le collège et qui intègrent des entrées noms propres) sont en progression. À noter enfin que le volume global est en hausse de 4 % par rapport à l’année 2003.
La gamme pédagogique larousse
le Larousse des maternelles, 4/6 ans, 2000 mots
le Larousse des débutants, Cours préparatoire-Cours élémentaire, 6/8 ans, 6 500 mots
le Maxi Débutants, Cours élémentaire-Cours moyen, 7/10 ans, 20 000 mots
le Larousse Junior, Cours élémentaire-Cours moyen, 7/11 ans, 20 000 mots
le Super Major, Cours moyen-6e, 9/12 ans, 23 000 mots et 1800 noms propres
le Dictionnaire du français au Collège, 6e/3e, 40 000 mots
le Larousse du Collège 6e/3e, 41 000 mots et 6 000 noms propres
le Petit Larousse, 59 000 mots et 28 000 noms propres
11Quel volume ces dictionnaires représentent-ils par rapport au marché des ouvrages de jeunesse ? Un chiffre, frappant, est celui du nombre d’exemplaires de ces derniers (hors dictionnaires) vendus en France en 20044 : près de 60 000 000 d’exemplaires, dont 20 000 000 pour la lecture !
besoins et usages
12Le succès de ce type d’ouvrages n’est pas seulement le fruit des compétences promotionnelles et commerciales des éditeurs, mais il résulte de leur adéquation à des besoins et des usages réels, exprimés à la fois par les enfants, les parents et les enseignants.
13Pour illustrer cela, reportons-nous à une étude réalisée par Larousse auprès d’enseignants de Maternelle Grande Section, étude qui a permis la rédaction du cahier des charges d’un dictionnaire pédagogique de notre gamme.
La notion de premier dictionnaire
Le dictionnaire est dans la classe. C’est le livre, la référence, le repère. Même si les enfants ne s’en servent pas, ils savent qu’il est là. Il constitue un trésor de connaissances. Les enfants ont l’impression qu’avec le dictionnaire, il y a quelque chose à atteindre. Avec la réalité des premiers pas vers l’écrit, vient également la découverte du lien entre l’image, l’objet et sa représentation écrite. La primauté est donnée à l’agrément et à l’accessibilité : facilité, couleurs, maniabilité, un nombre limité de mots par page, présentation aérée.
Les fonctions fondamentales des dictionnaires utilisés
Éveil à la connaissance : on y trouve des informations sur les mots et sur d’autres choses ; on y trouve des mots qu’on ne connaît pas ; on découvre l’orthographe, la norme ; le dictionnaire stimule l’imaginaire.
Éveil à l’écrit : le plaisir de mettre en correspondance une image et un mot.
Éveil à la recherche et à l’autonomie : l’acquisition d’une méthode pour pouvoir se débrouiller tout seul ; la démystification du pouvoir absolu de l’instituteur ; la prise de conscience rassurante d’une institution supérieure du savoir.
14En conclusion, les fonctions pédagogiques essentielles sont toujours associées aux notions de plaisir et d’agrément : provoquer l’envie de découvrir, donner du plaisir aux yeux et offrir le plaisir des mots.
Les pratiques concrètes du dictionnaire
La consultation par les enfants (par groupes de 2 à 4 enfants) pour une découverte libre par navigation et familiarisation dans le cadre de la pratique de la bibliothèque de la classe.
La démonstration par l’instituteur, qui vérifie dans le dictionnaire le sens d’un mot difficile rencontré dans une histoire : mise en évidence du dictionnaire comme référent.
Des ateliers d’initiation, avec surtout des outils conçus en classe ou des imagiers (classer des mots par ordre ; comparer deux mots l’un en dessous de l’autre ; chercher un mot, un sens, une image ; apprendre les lettres ; comparer les différents alphabets) : véritable préparation à l’outil dictionnaire, avec l’intégration des codes et des repères.
15Larousse avait demandé, au cours de cette étude, d’évaluer les atouts d’un bon dictionnaire et, a contrario, de décrire un mauvais dictionnaire.
Le bon dictionnaire
Sans concession infantilisante. Rigoureux, riche, non simplificateur. Il comporte suffisamment de mots.
Agréable. Aéré, un nombre limité de mots par page. Attrayant. Coloré.
Des repères.
Un renouvellement de l’intérêt. Des illustrations diverses. Des photos. Des dessins.
Un mode d’entrée qui respecte le primat du visuel. Gai, coloré. Les enfants peuvent le regarder comme un livre d’images.
Un ouvrage qui permet également un mode d’entrée par le mot. Une double entrée avec visuel et mot.
La représentation des différents types de caractères. Script, cursive. Majuscule, minuscule.
La prise en compte de la fonction essentielle de structuration du langage et de la pensée. L’absence d’ambiguïté dans les définitions. Le primat du repérage, par exemple des couleurs différentes pour les différentes lettres de l’alphabet.
Une bonne qualité matérielle. Cartonné. Solide. Du bon papier pas trop fin, qui sente bon.
Un prix raisonnable.
Le mauvais dictionnaire
Trop limité : seulement des mots que les enfants connaissent, c’est-à-dire pas d’acquisition de connaissances nouvelles.
Trop complexe : des mots hors de leur appropriation potentielle, c’est-à-dire un mode d’explication trop abstrait, trop complexe.
Trop ludique : drôle, vulgaire, trop loin du sérieux que doit avoir un dictionnaire.
Trop austère : pas assez d’images et de couleurs, des images inappropriées, des images laides.
Trop dense : pas aéré, écrit trop petit.
Comportant des erreurs, des imprécisions. Des sources de confusion. Des définitions inattendues, étranges.
Un support matériel de mauvaise qualité.
16Comme on peut le constater, Larousse se doit de plonger dans les pratiques de classe pour pouvoir offrir des outils adaptés. Par ailleurs, les éditeurs de dictionnaires consultent attentivement les mentions explicites d’usage de dictionnaire figurant dans les programmes officiels d’enseignement5.
17En effet, les programmes scolaires français précisent6 que les dictionnaires, dès l’école maternelle, « constituent des ouvrages de référence que les élèves prennent l’habitude de consulter avec l’aide du maître ». De même, pour l’école élémentaire, les dictionnaires sont cités à plusieurs reprises comme faisant partie des instruments indispensables à la maîtrise du langage et de la langue française7.
18Afin d’offrir des outils adaptés aux besoins, nous travaillons avec des pédagogues et des enseignants sur les projets de dictionnaires pédagogiques. Nous tentons ainsi de nous approcher des objectifs — compétences et connaissances — définis par niveaux et par âges. La difficulté n’est pas dans l’élaboration des dictionnaires, mais bien plutôt dans la pratique, ensuite, en classe8. En effet, la diversité des choix, des formations et des pratiques pédagogiques ainsi que l’hétérogénéité des classes engendrent sur le terrain de l’école des situations non comparables, parfois même aux antipodes l’une de l’autre. Aussi offrons-nous aux enseignants, avec chaque dictionnaire, des livrets d’exploitation pédagogique pour la classe ou pour les travaux autonomes des enfants, afin de répondre au mieux aux usages et situations diverses.
L’ouvrage de référence
19On pourrait présenter, de manière quelque peu abrupte, les frontières entre un ouvrage pour la jeunesse et un ouvrage de référence (dictionnaire pédagogique) de la manière suivante :
201. Un ouvrage de découverte des mots pour la jeunesse :
plaisir des mots, découverte ludique ;
liberté dans l’établissement de la nomenclature et dans le traitement rédactionnel ;
objectif de plaisir, de loisirs, notion d’humour : séduire les enfants et leurs parents ;
segmentation plus libre selon l’âge
astuces autorisées dans le format, les éléments graphiques et les illustrations (dominantes) ;
promotion grand public ;
mise en marché : rayon albums jeunesse.
212. Un dictionnaire de langue française :
apprentissage rigoureux de la langue ;
lexicographie dominante : systématisation de la présentation (catégorie grammaticale, polysémie, exemples) et nomenclature plus contrainte (mots-outils) ; conformité aux enseignements et aux pratiques pédagogiques ;
segmentation par classes ou cycles ;
illustration : donner à voir le réel sans l’interpréter, non dominante ;
promotion/prescription, publipostage, livret d’exploitation pédagogique pour l’enseignant ;
mise en marché : rayon dictionnaires.
22Et nous pourrions ajouter des auteurs différents, des titres variés : usage des mots dictionnaire, encyclopédie, jeunesse, junior, primaire, collège, petits, maternelles, etc. Toutefois, tout cela n’est ni aussi simple ni aussi étanche, et une des évolutions majeures dans les travaux de réalisation des dictionnaires pédagogiques, chez les éditeurs de référence, est la rupture de ces frontières et l’intégration, dans les ouvrages de référence, des atouts des ouvrages jeunesse.
23En effet, l’essor des publications pour la jeunesse9, leur complexité croissante et, dans le même esprit, l’évolution des goûts des enfants — lecteurs plus exigeants et consommateurs culturels éclectiques — obligent les éditeurs à proposer des ouvrages de référence à la fois sérieux et rigoureux, contenant désormais, sous peine d’être exclus du marché, des éléments ludiques, amusants, légers, voire gratuits10. Fini le temps des dictionnaires en une couleur, écrit tout petit, sur du papier jaunissant, dans une mise en pages sèche et rébarbative. La couleur est (quasi) obligatoire, l’illustration s’impose à côté du texte non pas seulement comme élément décoratif, mais comme information à part entière, et, dans celle-ci, une place croissante est donnée à la photographie, qui réduit la proportion des dessins réalistes que certains pédagogues défendaient comme étant les seuls capables de montrer la réalité sans transformation ni préjugé. D’où la coexistence sur le marché de tous types de dictionnaires, ou ouvrages appelés comme tels, apparemment substituables, mais de fait répondant à des besoins différents.
24Si Larousse, Le Robert et Hachette ont su s’imposer sur ce marché des dictionnaires pédagogiques, c’est tout d’abord en raison de l’historique de ces maisons ainsi que de leur réputation et de leur savoir-faire en matière lexicographique. En cela, ils ont répondu à la demande institutionnelle de scolarisation et à son évolution. Enfin, aujourd’hui, les dictionnaires pédagogiques durent parce qu’ils ont intégré une dimension non institutionnelle, ludique, séduisant ainsi le grand public.
constitution de l’équipe et étapes de réalisation : quels métiers et quels moyens ?
25Sous la responsabilité d’une direction éditoriale, l’équipe mêle plusieurs métiers (dans et hors de l’entreprise) aux missions bien distinctes, mais étroitement interdépendantes : éditeurs, lexicographes, auteurs, enseignants, conseillers pédagogiques, mais également, et aujourd’hui de manière systématique, une équipe d’informatique éditoriale qui prépare l’outil rédactionnel informatique et réalise la structuration et l’organisation numérique des données rédigées (et des illustrations). Ajoutons à cela une direction artistique qui organise les travaux des maquettistes, des dessinateurs et des iconographes. Et, enfin, participant dès les prémices du projet, des spécialistes du marketing et de la promotion.
26Les grandes étapes de réalisation d’un dictionnaire chez Larousse, décrites ci-dessous, relèvent d’un schéma assez classique. Tout d’abord, la phase exploratoire, qui peut être longue, comprend les étapes d’analyse des besoins et des usages, du marché, des concepts proposés par des enseignants ou lexicographes, l’organisation de tables rondes avec des enfants, des parents, des professeurs, etc., jusqu’à la rédaction d’un cahier des charges très précis (caractéristiques techniques et détail du contenu). Cette première phase définit aussi la composition précise de l’équipe projet, le budget et le calendrier de réalisation jusqu’à parution. Dès la fin de la phase exploratoire, qui peut durer quelques mois, démarrent les travaux proprement dits de réalisation et de rédaction de l’ouvrage. Une charte rédactionnelle, associée au cahier des charges, est rédigée de manière précise et permet notamment d’harmoniser et de rendre cohérent l’ensemble des contributions, internes et externes à Larousse, au dictionnaire, oeuvre collective le plus souvent. Cette charte donne les critères pour l’établissement de la nomenclature et contient notamment la microstructure de chaque article du dictionnaire à rédiger.
27Venons-en plus précisément aux critères qui font d’un ouvrage un véritable dictionnaire pédagogique d’apprentissage ou d’initiation à la langue française et à l’outil dictionnaire, en prenant l’exemple d’un dictionnaire au nom de code « Calimero » (devenu le Larousse des maternelles) destiné aux 4/6 ans, de moyenne section au cours préparatoire, et en le comparant, au besoin, à un ouvrage jeunesse pour le même groupe d’âge et à un dictionnaire conçu pour des enfonts plus âgés.
28Je reprends ici les contributions des collaborateurs lexicographes de Larousse sur des ouvrages existants11.
descriptif de l’ouvrage
Cible : 4/6 ans - de la moyenne section au cours préparatoire.
Cœur de cible : maternelle grande section
« tuilage » entre cet ouvrage et le Larousse des débutants, qui s’adresse au cours préparatoire et au cours élémentaire ;
public séparé en deux groupes distincts : des non-lecteurs et des apprentis lecteurs.
Nombre de pages : 288 pages.
En couleurs et illustré (principe général de la double entrée par l’image et le mot + planches).
Premier critère : le concept et l’apprentissage des codes dictionnairiques
29Le concept peut se résumer comme suit :
un vrai dictionnaire d’apprentissage qui ne soit ni un imagier (ouvrage jeunesse), ni un dictionnaire du primaire (à partir de 6 ans) ;
un ouvrage définitionnel très illustré, ouvrage d’apprentissage de la langue et d’initiation à l’outil dictionnaire ;
un livre qui sera placé dans le rayon « dictionnaires » des librairies et non dans le rayon jeunesse ;
un dictionnaire qui s’inscrit dans une gamme de dictionnaires allant de la maternelle au dictionnaire pour le collège.
30Le dictionnaire pédagogique doit être un ouvrage de référence : c’est un ouvrage rassurant qui doit apporter des réponses et non poser des questions à l’enfant.
L’apprentissage des codes dictionnairiques
31La notion de dictionnaire pédagogique suppose la présence d’un minimum de codes dictionnairiques. En effet, un dictionnaire pédagogique ne se contente pas d’apprendre à l’enfant à acquérir du vocabulaire, à maîtriser l’orthographe ou à connaître le sens des mots, etc. Il doit aussi lui apprendre à... utiliser un dictionnaire ! Des aides graphiques au repérage existent (ascenseur alphabétique, lettrines au début de chaque lettre (A, B, etc.), mots définis sur une page annoncés en haut de ladite page, etc.). Un enfant qui ne trouve pas immédiatement le mot qu’il recherche se désintéressera vite (et peut-être définitivement) de tous les dictionnaires. Tout code doit être suivi de son décodage pour que l’enfant fasse le lien entre un code et sa signification. De ce fait, l’usage des tailles de typographie, des gras, des italiques et des couleurs, par exemple, est crucial : il doit être rigoureux et ne peut être le fruit du hasard. Ainsi sont liés étroitement le concept de dictionnaire et le concept de maquette graphique. Par comparaison avec un ouvrage de jeunesse, le dictionnaire donne la priorité au repérage plutôt qu’à la navigation. La structure de chaque article est très visible. Par ailleurs, un dictionnaire pour les tout-petits évite les renvois analogiques alors qu’un dictionnaire pour les 6/8 ans s’autorise de tels renvois ainsi que des renvois vers des planches illustrées, par exemple.
Deuxième critère : la nomenclature
32Avec une nomenclature riche d’environ 2 000 mots, c’est-à-dire plus que l’enfant de cinq ans n’en connaît, le dictionnaire pour les maternelles a pour double fonction « d’officialiser » les mots que l’enfant utilise déjà et de lui en faire découvrir de nouveaux. Dans cette nomenclature, les mots concrets et que l’on peut facilement illustrer occuperont la plus grande place. Y figureront également des verbes (surtout des verbes d’action), des adjectifs, et une liste très circonscrite de motsoutils et de mots grammaticaux (pronoms, adverbes, prépositions, conjonctions et pronoms) pour des raisons évidentes de quasi-impossibilité définitionnelle (en l’absence de toute notion de grammaire chez les enfants de grande section), mais également parce que les enseignants, selon l’étude menée au démarrage du projet, comprennent mal l’utilité d’un tel lexique pour cette classe d’âge.
33Plusieurs éléments le distinguent d’un imagier ainsi que d’un dictionnaire de la tranche d’âge supérieure, destiné au primaire :
Différences générales avec un imagier : la taille de la nomenclature (2 000 entrées contre 500 dans un imagier), le classement alphabétique (le classement thématique prime souvent dans les imagiers), le type de nomenclature qui comporte ici des verbes, des adjectifs, certains mots grammaticaux (uniquement mots concrets dans l’imagier), le nombre d’informations par mot (définitions et exemples, seulement mot et image dans l’imagier) et, enfin, la présence de mots sans illustration (illustration évidemment systématique dans l’imagier).
Différences générales avec un dictionnaire pour le primaire, le Larousse des débutants :
la taille de la nomenclature (2 000 mots contre 6 500 dans le Larousse des débutants) comprenant le vocabulaire courant : mots concrets essentiellement, verbes d’action et adjectifs répandus, mais peu de vocabulaire abstrait, peu de mots grammaticaux, pas de mots familiers, très peu de mots rares. Quelques formes conjuguées sous certains verbes (quand un verbe sera non pas défini mais explicité par une phrase-exemple) et dans les exemples, tout au long du dictionnaire ; alors que dans le Larousse des débutants figurent en annexe les tableaux de conjugaison ;
prise en compte d’une approche orale de l’ouvrage :
nomenclature constituée en partie de « grappespes de mots » d’une même famille, en raison du travail possible sur la proximité phonétique de ces mots (ex. : bercer - berceau - berceuse), par rapport à des critères plus sémantiques pour la sélection des familles de mots dans le Larousse des débutants ;
étude des ressemblances phonétiques des mots sans lien de famille (et sur les confusions à éviter : bain/pain) ;
présence de certains homophones illustrés (pain/pin ; ver/vers/verre) ;
présence d’expressions imagées (principalement, comparaisons formées à partir des noms d’animaux, de couleurs ou de parties du corps), qui aident à fixer la langue et initient de manière ludique à la notion de sens figuré ;
présence de comptines, de poésies, de chansons courtes qui aident également à fixer la langue et initient l’enfant au plaisir de la référence orale partagée (plutôt introduction au patrimoine culturel, celui des contes, dans le Larousse des débutants).
Tableau 1. Comparaison de nomenclatures dans quelques dictionnaires scolaires de Larousse

34Pour conclure sur l’établissement de la nomenclature, il est bien évident que plus l’âge concerné est élevé plus la taille de la nomenclature augmente : de 2 000 mots pour le Larousse des maternelles à 40 000 mots pour le Larousse du collège. À noter également que les tailles de nomenclature par âges ont évolué dans le temps.
35Intuition et réflexion lexicographiques président au choix, mais, afin d’être adapté à l’âge et à la pratique en classe, un dictionnaire scolaire comprend aussi le vocabulaire relevé dans les manuels scolaires de toutes les disciplines de cette tranche d’âge.
Le problème de la complétude
36Quand la taille de la nomenclature est de 1 000 ou 2 000 mots, il est difficile de respecter la règle de complétude, qui est, pour des ouvrages à plus forte nomenclature destinés à des enfants plus âgés, un incontournable de la lexicographie. On se permettra donc d’utiliser comme définissants des mots qui ne sont pas eux-mêmes définis dans l’ouvrage. Une règle de bon sens s’impose donc : veiller en toutes circonstances à utiliser des mots suffisamment simples pour être compris des enfants.
Troisième critère : la charte rédactionnelle et la structure des articles
37Lorsqu’on aborde le choix du style rédactionnel du dictionnaire, il faut se demander si l’on doit adopter :
la forme traditionnelle ou « canonique » des dictionnaires pour adultes : « oiseau = vertébré ovipare, couvert de plumes, à respiration pulmonaire, etc. » (Larousse du collège 2003) ;
la définition phrastique, c’est-à-dire une phrase complète qui reprend le libellé de l’entrée (pour les petits) : « oiseau : un oiseau est un animal au corps couvert de plumes, qui a deux pattes et deux ailes » (Larousse des débutants 2000) ;
la définition par une phrase-exemple suivie d’une explication (ce mode, disait-on, favorisait l’abstraction et était utilisé surtout pour les verbes ou les adjectifs, mais il est plutôt en retrait actuellement).
38Le choix final retenu est fonction de l’âge et des compétences en lecture des âges concernés. Plus précisément, la ligne de partage entre ces modes définitionnels se situe dans les mots-outils. Un protocole rédactionnel est alors rédigé que tous les contributeurs devront suivre, assorti d’une cinquantaine d’articles représentatifs, en guise de modèles. Lorsqu’on s’interroge sur le mode définitionnel, on définit la microstructure d’un article, le choix du mode reflétant l’intention de l’ouvrage : initiation ou apprentissage. À chaque dictionnaire correspondent donc une charte rédactionnelle et une microstructure d’article. Voici quelques-unes des questions qu’il faut obligatoirement se poser :
Nombre et classement des sens : les différents sens d’un mot doivent-ils apparaître dans un ordre historique ou logique, ou selon la fréquence d’usage, du sens propre au sens figuré ? Faut-il être complet ? Peu de mots polysémiques ou limités à trois sens peuvent être intégrés pour les petits.
Présence et choix des exemples : doivent-ils être systématiques à chaque entrée et à chaque sens ? Fait-on le choix d’un exemple forgé ou d’une citation littéraire ? L’exemplification des entrées est systématique pour les tout-petits, elle devient ensuite facultative et réservée à la « mise en scène du mot » dans le contexte du quotidien de l’enfant (exemples de nature souvent encyclopédique).
Présence et choix de remarques et de renvois : remarques encyclopédique, grammaticale, orthographique ? Renvois de type analogique ou morphologique ? Pour les petits, très peu de remarques de langue, essentiellement pour initier aux familles de mots et éventuellement pour indiquer une ressemblance phonétique entre deux mots. Pour les plus grands, le nombre de remarques est plus important, pour attirer l’attention sur les difficultés de la langue. Pour les petits, de courtes notes encyclopédiques avec informations de nature variée, sous des entrées diverses (notes plus classiques pour les grands, proportionnellement moins nombreuses parfois).
Catégorie grammaticale ? Faire un dictionnaire pédagogique sans mettre d’article devant les substantifs peut sembler aberrant. Pour les plus petits, il n’y a pas de catégorie grammaticale, seulement des articles devant les substantifs. Mais dès le primaire, les ouvrages présenteront les catégories minimales après les entrées (nom masculin, nom féminin, verbe, adjectif, etc.).
Pluriel ou féminin sont systématiquement indiqués en entrée, sous le libellé au singulier (pluriels irrégubers seulement pour les plus grands).
Présence de synonymes, de contraires, de familles de mots ? Si elle ne s’impose pas dans un ouvrage de jeunesse, elle est fondamentale dans un dictionnaire du primaire qui doit permettre la « circulation » dans la langue. Pour les petits, l’initiation aux familles de mots enrichit le vocabulaire de l’enfant et lui donne une première approche de la langue comme ensemble de familles (apprentissage plus poussé ensuite : notion de famille hiérarchisée avec renvois aux chefs de famille).
Quatrième critère : l’équilibre textes-images
39Pour respecter l’intention initiale, le Larousse des maternelles se devait de donner le plaisir des images et des mots. N’oublions pas qu’une partie des « lecteurs » de ce dictionnaire ne savent pas encore lire !
40La liaison texte-illustration est plus étroite dans cet ouvrage que dans tout autre dictionnaire de la gamme scolaire. Le texte et l’image y ont une égale importance : autant que possible, nous avons respecté la règle de la double entrée par l’image et par le mot (mots concrets aussi bien que des verbes, ou des mots-outils si possible). Pour les plus grands, c’est le texte qui prime. Par ailleurs, pour les tout-petits, le dessin doit toujours se trouver à côté du mot qu’il illustre, ce qui constitue une contrainte de mise en pages non négligeable. Un enfant qui ne sait pas lire doit pouvoir trouver du plaisir et de l’intérêt à feuilleter seul ou à regarder plus attentivement les illustrations. Aidé d’un adulte, il doit progressivement arriver à comprendre le lien qui unit une illustration, le mot que l’illustration représente et sa définition. Le parcours se fera donc d’abord de l’image vers le mot représenté, puis, pour un enfant plus âgé, plutôt du mot vers l’image. Le mot et l’image étant dès lors inséparables.
41Quels types d’illustrations choisir ? On a essayé d’alterner dessins de fiction et dessins hyperréalistes, dans la grande tradition laroussienne du dessin plus précis et plus vrai qu’une photographie elle-même. L’illustration la meilleure possible est l’illustration claire, non porteuse d’ambiguïté : elle ne devrait idéalement représenter que le mot qu’elle illustre et ne devrait en aucune façon être susceptible d’une autre interprétation par l’enfant. Les dessins hyperréalistes, très précis, proches de la photo, sont utilisés principalement pour les scènes de la vie quotidienne, et notamment dans toutes celles où l’enfant pourra être directement engagé (ex. : scènes à l’école, dans la rue, à la maison). Les dessins de fiction illustrent les mots des contes et des comptines. Le choix a donc été fait d’une illustration variée, mais toujours soumise à un but pédagogique. Mentionnons enfin l’attention toute particulière apportée à la rédaction des légendes12.
42Les ouvrages pour la jeunesse disposent quant à eux d’une plus grande liberté et d’une certaine gratuité — concession au style de la bande dessinée, au « rigolo », à l’ambiguïté. Le côté ludique d’un album pour la jeunesse fait que l’on peut se permettre des illustrations très « second degré ». Voici quelques exemples comparés des productions de Larousse provenant d’un album jeunesse et d’un dictionnaire : dans un dictionnaire pédagogique, l’ambulance qui intervient lors d’un accident ne vole pas dans les airs au-dessus d’un ravin, la bibliothèque n’est pas illustrée par un enfant en train de dérober un livre, etc. Parce que, ludique ou non, un dictionnaire pédagogique doit apporter une illustration informative avant tout (d’où le choix d’une illustration dite hyperréaliste) et également transmettre un certain nombre de valeurs citoyennes.
***
43La place éminemment symbolique de la langue maternelle ainsi que son rôle social et normatif font de l’enseignement du français un beu de vifs débats. Le français n’est pas seulement une des disciplines obligatoires de l’école, mais bien celle, transversale, qui permet l’acquisition de toutes les autres. Tout cela charge le dictionnaire pédagogique — instrument de découverte, d’initiation, d’apprentissage et d’approfondissement — d’une lourde responsabilité et d’un rôle social que les éditeurs de référence ne peuvent négliger dans la conduite de leurs travaux.
44Un dictionnaire est un objet qui raconte la langue, ce bien de tous et de chacun, mais c’est aussi un instrument, un espace qui raconte le monde, à un moment donné, et, en cela, il ouvre, très tôt pour les enfants, des portes vers une connaissance multiple. Nous espérons qu’il durera longtemps !
Notes de bas de page
1 Le terme apprentissage est en général utilisé pour les dictionnaires destinés à des locuteurs non francophones.
2 Se reporter à la chronologie détaillée établie par Jean Pruvost (2002, p. 107 et suivantes).
3 La société GfK Marketing Services analyse un échantillon permanent représentatif du commerce de détail. Près de 2 000 points de vente sont ainsi analysés en grande distribution, grandes librairies et autres points de vente représentatifs.
4 Source : GfK Marketings Services pour Larousse, février 2004.
5 Pour un descriptif complet de l’organisation en cycles, voir Émile Genouvrier (2003).
6 Voir le site sceren-cndp : <HTTP://WWW.CNDP.FR>.
7 Par ailleurs, d’autres ouvrages que le dictionnaire sont fort heureusement de plus en plus utilisés en classe, pour les apprentissages fondamentaux, favorisant ainsi la pratique et l’habitude de la consultation du livre en général. Il s’agit des encyclopédies, des documentaires, mais également de la littérature, patrimoniale ou contemporaine, ces types d’ouvrages étant recommandés dans les programmes scolaires.
8 Et le débat ici est large.
9 Chiffres du marché donnés plus haut.
10 À noter que ces évolutions ont marqué également les manuels scolaires ainsi que la littérature pour la jeunesse.
11 Je remercie tout particulièrement Patricia Maire et Nicole Rein-Nicolaev.
12 Voir à ce sujet les travaux de François Corbin (2002).
Auteur
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Université Libre de Bruxelles, est titulaire d’une maîtrise de Lettres modernes de l’Université de Paris X Nanterre. C’est dans l’édition qu’elle a d’emblée entamé sa carrière, du côté de la transmission du savoir par les dictionnaires, les encyclopédies et les ouvrages pédagogiques. Devenue directrice de l’édition des Encyclopédies Bordas, elle intègre en 2000 le groupe Hachette en tant que directrice du département des publications secondaires et supérieures (Hachette Éducation). Depuis mars 2002, elle dirige le département Langue française et Périscolaire de Larousse avec une équipe de plus de 20 personnes et un très vaste catalogue à développer — qui va des dictionnaires de langue française aux collections parascolaires (Petits classiques Larousse, Aide-Mémoire) en passant par les dictionnaires spécialisés (Synonymes, Étymologie, Citations, Difficultés du français) et pédagogiques (Larousse des maternelles, Larousse Junior, Super Major).
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