Chapitre VII. Profil démographique
p. 321-382
Texte intégral
1« L’histoire d’une population ne peut être séparée de l’histoire économique et sociale et, inversement, l’histoire économique et sociale est inconcevable sans une connaissance approfondie des développements de la population et des faits économiques relatifs aux naissances, morts, mariages, fertilité... »1.
2Nous n’avons nullement l’ambition, dans les quelques pages qui vont suivre, d’aborder la démographie de la population pauvre d’un point de vue différentiel. Il faudrait, au préalable, entreprendre des recherches approfondies sur l’ensemble de la société. Or, dans l’état actuel de l’historiographie, il s’en faut de beaucoup que les mécanismes qui régissent la population wallonne, à l’aube de la révolution industrielle, soient bien connus2. Nous nous contenterons d’indiquer quelques résultats obtenus, après examen de nos sources, sans vouloir affirmer qu’il s’agit là d’un comportement particulier aux plus défavorisés. En ce domaine, les sources privilégiées sont les listes de secourus.
A. — Sources et méthodes
3Sous l’Ancien Régime, les listes de distributions ne sont, le plus souvent, qu’un simple relevé de noms qui sert d’aide-mémoire au curé lors des partages ou de justificatif lors des redditions de comptes. On y trouve rarement des indications sur l’état matrimonial, sauf lorsqu’il s’agit de veuves. Parfois, une femme mariée sera désignée comme « la femme N. ». Le nombre des personnes à charge du bénéficiaire ainsi que le motif de l’aide ne figurent pas. L’âge des secourus fait défaut. Ces listes se prêtent donc difficilement à un quelconque traitement statistique. Il est à peu près certain que les personnes figurant sur les listes sont des chefs de ménages. Pour avoir une idée du nombre réel des pauvres bénéficiant de l’aide des menses paroissiales, il faudrait pouvoir affecter chaque total d’un coefficient égal à celui de la taille moyenne des ménages3. L’utilité de ces listes réside avant tout dans les comparaisons qu’elles rendent possibles avec les relevés des régimes postérieurs.
4Au XIXe siècle, on rencontre des documents de deux types. A côté de listes comparables à celles d’Ancien Régime, des relevés plus complets apparaissent de plus en plus fréquemment. On y trouve à la fois une indication sur l’état matrimonial du bénéficiaire, son âge, sa profession, son état physique et une précision sur le nombre de personnes dont il a la charge.
5Il faut cependant être conscient des limites de ces sources. Elles recensent en quelque sorte une pauvreté officialisée par l’inscription auprès des organismes de secours. Elles ignorent les pauvres honteux et ce que Camille Bloch appelle « la couche profonde de misère errante4 ».
6Par ailleurs, les membres des Bureaux de Bienfaisance assurent presque toujours qu’ils ne peuvent aider tous les indigents faute de ressources5. Ainsi, à Olne, à l’époque hollandaise, 45 personnes sont assistées alors que 500 individus auraient droit à des secours6. Les listes de secourus ne sont donc que des relevés partiels.
7Comme il est matériellement impossible d’étudier toutes les listes dressées pendant un siècle dans la province de Liège, nous avons limité nos investigations à deux séries : l’une pour le régime français, l’autre pour le régime hollandais. Les Archives de l’État à Liège ont conservé pour 1813 de nombreuses listes qui ont l’avantage d’être toutes dressées selon les mêmes normes, ce qui rend possibles les comparaisons : 97 ont été retrouvées qui émanent de toutes les régions du département, des milieux urbains, semi-urbains et ruraux. Pour l’époque hollandaise, ce sont les listes de 1821 qui ont été conservées en plus grand nombre : 36 listes ont été retrouvées7.
8Si l’étude de chaque période en soi est riche d’enseignements, les comparaisons entre listes de périodes différentes lorsque cela est possible sont également éclairantes. Les listes de secourus permettent d’esquisser un début de réponse à ce problème crucial : la pauvreté est-elle ou non héréditaire aux XVIIIe et XIXe siècles. Est-ce là une condition permanente ou les individus n’y sont-ils soumis que de façon temporaire ?
9Lorsque les listes se succèdent à une dizaine d’années d’intervalle, une forte proportion d’indigents se retrouve d’une époque à l’autre. Ainsi, à Amay en 1779, sur 154 indigents repris sur les listes, 125 participaient déjà aux distributions en 17718. A Blehen, 17 indigents ainsi que 5 veuves de chefs de famille inscrits en 1782 se retrouvent en 17959. Lorsque l’intervalle est plus important, le nombre des identités diminue. Ainsi, en l’an VII, on ne retrouve, à Landenne, que 5 des 22 indigents qui participaient aux distributions en 1782 ; à Seilles, il n’en reste qu’un. En 1789, à Theux, un quart de l’effectif de 1773 a été identifié10.
10Ces listes permettent d’isoler un certain nombre de familles qui participent aux distributions durant deux ou trois générations. Lorsque nous possédions des listes d’indigents datées de différentes époques, nous avons d’abord procédé à une comparaison des patronymes. Lorsque deux ou plusieurs d’entre eux étaient identiques, il a fallu rechercher, dans les registres paroissiaux, s’il y avait parenté effective11. Si tel était le cas, nous nous trouvions en présence d’une famille pauvre dont le pitoyable état de fortune n’était pas dû à un accident fortuit mais présentait un caractère héréditaire. Après avoir décelé cette misère permanente, nous avons centré nos recherches démographiques sur les individus qui composaient ces ménages indigents. A Huy, notre étude a porté sur 68 individus participant aux distributions en 1813, sur leur ascendance et sur leur descendance. Dans 7 communes de la province, l’étude a porté sur 72 individus12.
B. — La nuptialité
11En droit romain, l’âge légal au mariage était de 14 ans pour les garçons et de 12 ans pour les filles. Le consentement des parents était requis jusqu’à 30 ans pour les garçons et jusqu’à 25 ans pour les filles. En fait, il existe de nombreux freins au mariage et la contrainte économique n’est pas le moindre. Dans la noblesse ou la bourgeoisie, il s’agissait d’assurer à la fille une dot confortable. Le garçon devait acheter une charge ou bien débuter dans une carrière avant de songer à se marier. Dans le milieu paysan, les mariages étaient souvent tardifs car un fils de fermier devait d’abord obtenir de son père une part de la terre familiale13. Par contre, les contemporains ont tendance à reprocher aux pauvres un manque de prévoyance en ce domaine : « La jeunesse trouve [...] la facilité de former des liaisons qu’elle s’empresse toujours de réaliser trop tôt. Comme de part et d’autre, il n’y a souvent d’autre dot que l’amour, les formalités sont abrégées, les deux intéressés vont d’abord au but : contents dans cet instant de la fortune de leurs pères, instruits du même métier, les nouveaux époux croyent qu’en s’aimant beaucoup, ils ne peuvent manquer de rien »14.
12Effectivement, l’âge moyen au premier mariage est, à Huy, de 23 à 24 ans pour les filles. Chez les hommes, la moyenne se situe aux environs de 25 à 26 ans. Cet âge est inférieur à celui observé dans la population liégeoise au XVIIIe siècle15. Dans nos sept communes, l’âge moyen pour les hommes est de 29 à 30 ans, de 31 ans pour les femmes. En milieu rural, les mariages sont donc plus tardifs qu’en milieu urbain. Les habitudes des indigents ne diffèrent pas en cela de celles de leurs voisins16.
13L’âge modal, c’est-à-dire l’âge où la majorité des gens se marient est identique pour les hommes vivant en milieu urbain, quel que soit le milieu auquel ils appartiennent. Il est plus élevé chez les femmes indigentes. Les mariages précoces sont dus, le plus souvent, à des conceptions prénuptiales qui amènent les partenaires à régulariser leur situation.
TABLEAU. no 45 Age au mariage des indigents au XVIIIe siècle

TABLEAU no 46. Ages moyens, médians et modaux au premier mariage au XVIIIe siècle

(a) C. Firket, op. cit., p. 60.
14Les résultats de cette brève enquête sont en désaccord avec les chiffres obtenus par Catherine Firket lorsqu’elle ventile l’âge au mariage à Liège en fonction des catégories professionnelles. Elle aboutit à la conclusion que c’est parmi les journaliers et manouvriers, chez qui se recrutent le plus souvent les indigents, que l’âge au mariage est le plus élevé. Faut-il dès lors en déduire que c’est précisément pour avoir rompu avec une nécessité économique de leur groupe social qu’un certain nombre d’individus ont sombré dans une indigence telle qu’elle requiert l’intervention de la bienfaisance ? Il serait prématuré de l’affirmer avant d’avoir poursuivi l’enquête sur un contingent plus étoffé.
15En période de crise, on assiste à une sorte d’auto-régulation des mariages. Ainsi, dans les cantons de Nandrin et de Huy, « l’état peu aisé des habitants [...] influe le plus sur la diminution des mariages »17. « Il semble bien qu’aux époques de crise et de misère, il devenait difficile de subvenir aux besoins d’une famille, le nombre des naissances diminuait mais sans qu’il soit fait appel à des procédés préventifs, simplement par le retard de l’âge au mariage chez les célibataires. On attendait des jours plus heureux »18.
16L’exogamie est-elle en augmentation parmi les pauvres comme on l’observe généralement en Wallonie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ? Parmi l’échantillon des 140 individus retenus dans les listes d’indigents, il est impossible de préciser la proportion de mariages contractés entre époux de villages différents car la plupart des registres paroissiaux sont muets à cet égard avant 1770. Les dispenses de bans de mariage accordés pour pauvreté, indigence ou extrême nécessité sont une source plus précieuse19. A leur examen, il semble que cette pratique ne soit guère répandue parmi les pauvres or, « l’exogamie, en diminuant le nombre des isolats, est le gage d’une meilleure sélection humaine et le début d’un recul naturel des tares qu’entraînait fatalement une endogamie prolongée20 ».
17Sur 639 dispenses accordées à Liège, de 1721 à 1792, 426 mariages ont eu lieu entre habitants d’une même paroisse soit les 2/3. Les mariages exogames représentent seulement 6,7 % de l’ensemble. Le conjoint non originaire de Liège est, dans près de 60 % des cas, le mari. Les autres mariages sont célébrés entre pauvres provenant chacun d’une paroisse différente de la Cité.
18D’avril à septembre, le nombre des mariages est à peu près constant. Les chutes de mars et de décembre s’expliquent par le fait que les mariages ne sont pas autorisés durant le Carême et l’Avent21. A Liège, les indigents se marient surtout en janvier et en novembre22. A Huy et dans les campagnes, des pointes s’observent en janvier, mai, septembre et novembre23. Les indigents respectent en cela les habitudes qui sont celles de l’ensemble de la population liégeoise. Un comportement semblable est également observé en France24.
C. — La fécondité
1. Conceptions prénuptiales et intervalles intergénésiques
19A Huy, sur 61 premières naissances pour lesquelles la date du mariage des parents est connue, l’intervalle protogénésique, c’est-à-dire l’intervalle qui sépare le mariage de la première naissance, est 17 fois inférieur à 8, soit dans 27,87 % des cas. Dans les campagnes, sur 44 cas observables, il y a eu 9 conceptions prénuptiales soit 20,45 % et 5 naissances antérieures au mariage des parents, soit 11,36 %. Les résultats obtenus ainsi pour les familles pauvres sont largement supérieurs à ceux observés pour l’ensemble de la population liégeoise ou semi-urbaine à la même époque et à ceux observés dans un certain nombre de villages français. Il est par contre identique à celui calculé dans le Borinage au début de l’industrialisation25. L’intervalle protogénésique moyen est, à Huy, de 11,84 et, à la campagne, de 13. A Tourouvre-au-Perche, il est de 17 mois et demi26. Cette différence s’explique certainement par le grand nombre de conceptions prénuptiales parmi les pauvres de la région liégeoise. Le premier intervalle intergénésique, c’est-à-dire celui qui sépare deux naissances, est par contre plus étendu et se rapproche très fort de celui observé à Tourouvre, non pour l’ensemble de la population (de 24,6 à 26,5 mois) mais pour les groupes socio-professionnels les plus défavorisés (27,6)27. Les intervalles réduits entre deux accouchements sont dus au décès prématuré de l’enfant précédent. Ainsi, l’allaitement maternel a, semble-t-il, une certaine influence sur la durée de l’intervalle intergénésique. Peut-être est-ce d’ailleurs ce qui explique les écarts intergénésiques importants constatés dans les familles pauvres de Huy et des campagnes liégeoises. La mère, particulièrement en ville, nourrit elle-même son enfant aussi longtemps qu’elle le peut, car tant que celui-ci est nourri au sein, il ne pèse pas dans le budget nourriture de la famille qui, faut-il le rappeler, est, toutes proportions gardées, particulièrement important chez les indigents28.
TABLEAU no 47. Variations saisonnières des mariages d’indigents au XVIIIe siècle
Mariages à | Liège | Huy | Campagne | Total |
Janvier | 86 | 6 | 9 | 101 |
Février | 74 | 6 | 7 | 87 |
Mars | 27 | – | – | 27 |
Avril | 66 | 7 | 6 | 79 |
Mai | 56 | 8 | 9 | 73 |
Juin | 45 | 5 | 3 | 53 |
Juillet | 47 | 2 | 3 | 52 |
Août | 45 | 2 | 2 | 49 |
Septembre | 57 | 14 | 5 | 76 |
Octobre | 38 | 5 | 5 | 48 |
Novembre | 70 | 13 | 6 | 89 |
Décembre | 28 | 1 | 1 | 30 |
Total | 639 | 69 | 56 | 764 |
GRAPHIQUE no 22 bis. Mariages des indigents d'après les dispenses de bans de mariage de 1721 à 1792. Indice 100 = 2,85 cms.

Source : A.É.L., Prévôté, 58 à 61.
TABLEAU no 48. Intervalles protogénésiques et intergénésiques chez les indigents au XVIIIe siècle
Rang des naissances | Huy | Campagne |
0-1 | 11,84 | 13 |
1-2 | 28,34 | 27,08 |
2-3 | 30,19 | 29,68 |
3-4 | 35,96 | 31,37 |
4-5 | 36,49 | 30,02 |
5-6 | 31,37 | 30,85 |
6-7 | 28,26 | 35,90 |
7-8 | 30,07 | 28,22 |
8-9 | 31,56 | 34 |
2. La taille des ménages
20La pauvreté héréditaire touche souvent au XVIIIe siècle des familles très nombreuses. Ces familles sont cependant de taille inférieure à celle de leur ascendance.
TABLEAU no 49. Taille des ménages dont sont issus les pauvres
Nombre de ménages | Huy | Campagne | Total | Effectifscumulés |
3-4 | 2 | 1 | 3 | 3 |
5-6 | 15 | 10 | 25 | 28 |
7-89-10 | 289 | 916 | 3725 | 6590 |
11-12 | 8 | 8 | 16 | 106 |
13-14-15 | 5 | 4 | 9 | 115 |
Total | 67 | 48 | 115 | 115 |
21Ainsi, alors que la taille moyenne du ménage pauvre avec enfants dans la seconde moitié du XVIIIe siècle est de 7 à 8 personnes à Huy et de 8 à 9 au total, le ménage modal étant de 7 personnes, à la fin de l’Ancien Régime, cette moyenne tombe à 5 à 6 personnes à Huy et à 6 à 7 au total, soit une réduction de 2 personnes. La distribution est alors pluri-modale puisqu’il y a deux maxima, à 3 et à 6.
22Les résultats qui s’appliquent aux pauvres héréditaires diffèrent très fort de ceux obtenus lorsqu’on envisage l’ensemble de la population indigente. En 1821, en effet, alors que la taille moyenne des ménages est, dans la province de Liège, de 4,8, celle des ménages pauvres n’est que de 3,6. Cette dimension moindre des familles indigentes se remarque sans exception dans tous les cantons29. Des données relevées en 1817, dans 14 communes de l’arrondissement de Liège corroborent ces résultats puisque la moyenne est de 3,5 personnes par ménage30.
TABLEAU no 50. Taille des ménages pauvres au XVIIIe siècle
Nombre de ménages | Huy | Campagne | Total | Effectifscumulés |
2-3-4 | 10 | 9 | 19 | 19 |
5-6 | 7 | 11 | 18 | 37 |
7-8 | 6 | 7 | 13 | 50 |
9-10-11 | 1 | 11 | 12 | 62 |
Total | 24 | 38 | 62 | 62 |
23Les données obtenues selon deux démarches différentes ne sont pourtant pas inconciliables. Parmi les pauvres figurant sur les listes de distributions, les isolés forment, en effet, un contingent important. En 1813, on compte 10 % de célibataires, hommes et femmes, 5 % de veufs et près de 27 % de veuves. En 1821, les célibataires sont plus de 12 % de l’ensemble, les veufs, 5,5 % et les veuves constituent près du quart des secourus31. Seuls certains d’entre eux ont des enfants à charge. En 1813, alors que 3,85 % seulement des célibataires masculins ont un ou plusieurs enfants à charge, leurs homologues féminins comptent dans leurs rangs près de 1/5 de filles-mères. Quant aux veufs et aux veuves, la moitié d’entre eux vivent seuls. En 1821, alors que la proportion des mères célibataires reste constante, le pourcentage des hommes célibataires et des veufs ayant un ou plusieurs enfants à leur charge augmente32.
24A l’époque française, le nombre modal d’enfants est de 3, il tombe à 2 à l’époque hollandaise33. Par contre, la taille moyenne des ménages secourus qui était de 3,2 à l’époque française passe à 3,6 à l’époque hollandaise. Le nombre des solitaires reste cependant prédominant. Il y en a plus de 43 % à l’époque française, plus de 30 % à l’époque hollandaise34.
TABLEAU no 51. Ménages pauvres en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2499 à 2504.
TABLEAU no 52. Taille des ménages indigents dans l’arrondissement de Liège en 1817

Source : A.É.L., F.F., 2479
TABLEAU no 53. Age et état matrimonial des indigents dans le département de l’Ourthe en 1813, d'après les listes de secourus

Sources : A.É.L., F.F., Préf., 1603 à 1680, F.F., n.cl.·, F.H., 300 et A.É.H., Bienfaisance, nv. régime, 1488
C = célibataire Μ = Marié
Y = Veuf N.P = non précisé
TABLEAU no 54. Age et état matrimonial des indigents dans la province de Liège en 1821, d’après les listes de secourus

Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
Abréviations : Voir p. 335.
TABLEAU no 55. Nombre d'enfants selon l'état matrimonial du chef de ménage, d'après les listes de secourus de 1813

Sources : A.É.L., F.F., Préf., 1603-1680 ; F.F., n.cl.; F.H., 300 ; A.É.H.. Bienfaisance, nv. régime, 1488
Abriéviations : voir p. 335.
TABLEAU no 56. Nombre d'enfants selon l'état matrimonial du chef de ménage, d'après les listes de secourus de 1821

Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
Abréviations : voir p. 335.
GRAPHIQUE no 23. Taille des ménages et nombre d'enfants en 1813

Source : A.É.L., F.F., Préf., 1603 à 1680 ; F.F., n. cl.·, F.H., 300.
3. Une prédominance féminine
25Une répartition de la population par sexe et état matrimonial fait apparaître que, dans presque toutes les paroisses, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Un excédent féminin est observable pour l’ensemble de la ville de Liège sous l’Ancien Régime et se chiffre à 52-53 femmes pour cent adultes mais, dans le cas des indigents, cet excédent atteint 60-61 femmes pour 100 individus35. Cette différence s’explique par une présence majoritaire des célibataires et des veuves dont les contingents s’élèvent, en 1736 à 39,8 et 20,8 %, et, en 1791, à 49,3 et 21,6 % de l’ensemble de la population féminine indigente36. Il semble que ce soit là une situation courante dans l’Ancien Régime et même jusqu’il n’y a guère. Les filles vouées au célibat sont condamnées à des travaux exténuants peu qualifiés, pour des salaires minimes. De 1736 à 1791, de 1/7 à 1/8 des femmes célibataires vivent de manière pénible et sont, pour cette raison, exonérées d’impôts. Quant aux veuves, la disparition de leur époux les a souvent privées de ressources et les a abandonnées aux soins d’enfants qui ont déjà peine à vivre ou encore les a réduites à la mendicité. C’est ainsi qu’en 1736, plus du quart des veuves de la ville de Liège (26 %) sont considérées comme indigentes et échappent ainsi à la capitation. En 1791, la proportion est un peu plus faible tout en restant proche du quart (22,35 %). Il faut ajouter à ces deux catégories défavorisées, quelques épouses abandonnées par leur mari, chargées d’une nombreuse famille et réduites ainsi à la plus extrême misère.
GRAPHIQUE no 24. Taille des ménages et nombre d’enfants en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
TABLEAU no 57. Concentration des pauvres dans 18 paroisses en 1689, leur état matrimonial

Source ; A.É.L., États, 84. N = Nombre Μ = Marié C = célibataire V = Veuf T = Total
TABLEAU no 58. Répartition des indigentes par état matrimonial d'après la capitation de 1736

P = population ; p = indigents.
(a) É. Hélin, La démographie à Liège aux XVIIe et XVIIIe siècles, pp. 129, 131, 132, Bruxelles, 1963.
(b) É. Hélin, op. cit., pp. 187-189.
(c) É. Hélin, op. cit., pp. 124-125.
Source : A.É.L., États, 85, 86, 87.
TABLEAU no 59. Répartition des indigentes par état matrimonial d'après la capitation de 1791

(a) É. Hélin, La démographie de Liège aux XVIIe et XVIIIe siècles, pp. 129, 131-132, Bruxellos, 1963.
(b) É. Hélin, op. cit., pp. 187-189.
(c) É. Hélin, op. cit., pp. 124-125.
Source : A.É.L., États, 89 à 93.
26Dans les villages hesbignons, la taille des ménages indigents est légèrement inférieure à celle de l’ensemble. Il en va de même à Huy. Les gens mariés constituent plus des 3/5 des pauvres. Comparé à celui de Liège et des villages hesbignons, le contingent des veuves et des femmes célibataires est particulièrement élevé à Huy : respectivement 36,4 et 17,9 % de la population féminine indigente alors que du côté masculin, ces mêmes catégories n’atteignent, que 29,1 et 6,8 %37.
27En 1823, comme sous l’Ancien Régime, et comme il apparaît déjà dans les enquêtes précédentes, le pourcentage des contingents féminins dépasse celui des contingents masculins. Plus de 53 % des pauvres de la province sont des femmes. Le nombre des filles de moins de six ans est inférieur à celui des garçons ; de six à dix-huit ans, les chiffres s’équilibrent mais la différence se creuse par la suite pour atteindre son apogée dans la tranche d’âge des 25 à 50 ans. Ces observations se vérifient au niveau des trois arrondissements avec cependant des proportions différentes. Dans l’arrondissement de Liège, les femmes représentent 53,57 % des pauvres, à Verviers, 55,55 % et à Huy, 51,72 %38. C’est donc dans l’arrondissement de Verviers que les femmes sont le plus durement touchées par la misère. Faut-il y voir un des effets du chômage dû notamment à la quasi disparition de la filature à la main, suite à l’introduction des machines ? Ainsi, à Thimister, les personnes indiquées comme étant sans travail sont toutes de sexe féminin39. Les femmes souffrent également du manque de qualification qui les réduit à exercer des métiers mal payés.
TABLEAU no 60. État matrimonial des indigents hutois en 1762

TABLEAU no 61. État matrimonial des pauvres en Hesbaye en 1762-1763

TABLEAU no 61 (suite)

(a) Il manque pour ces 5 communes, 29 individus de plus de 15 ans. Ce sont des célibataires habitant sous le toit de leurs parents, mais l’absence de prénom ne permet pas de les répartir selon le sexe.
Source :A.É.L., États, 96 à 102.
TABLEAU no 62. Répartition des indigents par tranches d’âge dans l'arrondissement de Liège en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 25. Répartition de la population pauvre par tranches d’âge en chiffres absolus dans l’arrondissement de Liège, selon l’enquête de 1823. Légende : 17,5 mm2 = 100 individus.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 26. Répartition de la population pauvre par tranches d’âge en % dans l’arrondissement de Liège selon l’enquête de 1823. Légende : 157,3 mm2 = 10 %,

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 63. Répartition des indigents par tranches d’âge dans l’arrondissement de Verviers en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 27. Répartition de la population pauvre par tranches d'âge en chiffres absolus dans l'arrondissement de Verriers selon l'enquête de 1823. Légende : 48,7 mm2 = 100 individus.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 28. Répartition de la population par tranches d'âge en % dans l'arrondissement de Verriers selon l'enquête de 1823. Légende : 36,5 mm² = 1 %.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 64. Répartition des indigents par tranches d'âge dans l’arrondissement de Huy en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 29. Répartition de la population par tranches d'âge en chiffres absolus dans l'arrondissement de Huy selon l'enquête de 1823. Légende : 16,9 mm² = 100 individus.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 30. Répartition de la population pauvre par tranches d'âge en % dans l'arrondissement de Huy selon l'enquête de 1823. Légende : 18,7 mm2 = 1 %.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 65. Répartition des contingents d'indigents par tranches d'âge dans la province de Liège en 1821

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 31. Répartition des indigents par tranches d'âge en chiffres absolus dans la province de Liège selon l'enquête de 1823. Légende : 15 mm2 — 680 individus.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 32. Répartition de la population pauvre par tranches d'âge en % dans la province de Liège selon l'enquête de 1823. Légende : 10,66 mm² = 1 %.

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 66. L'âge des indigents dans la province de Liège d'après l'enquête de 1823. Répartition des contingents masculins et féminins par tranches d'âge en %

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
4. Âge, santé et hygiène
a) L’âge
28La pauvreté n’est pas limitée à une catégorie d’âge. Elle atteint, pour des raisons différentes, aussi bien le jeune enfant et le vieillard que l’homme en pleine force de l’âge. Elle touche les célibataires, les mariés, aussi bien que les veufs. Elle ne se circonscrit pas au sein de quelques professions mais on la retrouve dans la plupart des métiers manuels ainsi que dans quelques-uns qu’on peut qualifier d’intellectuels. A cet égard, on peut parler de « pauvreté multidimensionnelle »40.
29Les premières victimes de l’indigence sont d’abord et surtout ceux qui, par l’âge, sont incapables d’assurer leur subsistance. Les plus touchés sont les enfants de familles nombreuses. La grande fertilité des femmes est dénoncée par Heusy41 et par Briatte comme un facteur important de misère : « Plus les femmes sont fertiles et plus elles se préparent de misère et à leurs époux de douleurs. Un père qui voit croître sa famille voit aussi diminuer le pain qui doit la nourrir. Non seulement, il doit diviser le même morceau en plus de parts, mais la soustraction qu’il fait à sa propre substance, pour alimenter le nouveau parasite, affoiblit ses bras, seuls instruments qu’il possède pour approvisionner cette ruche infortunée [...]42 ». Lorsqu’on sait, qu’à la fin du XVIIIe siècle, il en coûte 1120 patards par an pour assurer à une personne une alimentation de valeur nutritive moyenne, alors que le revenu journalier d’un ouvrier non qualifié est de 6,5 à 12 patards, on comprend que la situation alimentaire était critique « pour les classes ouvrières les plus basses et certainement pour les familles de deux enfants ou plus43 ».
30Selon l’enquête de 1823, les enfants de moins de 12 ans représentent, dans la province, plus de 30 % des indigents44. On les retrouve rarement participant comme tels aux distributions à moins qu’il ne s’agisse d’orphelins et, de toute façon, ces derniers ne dépassent pas 1 % des secourus. Une grande famille justifie à elle seule l’inscription d’un individu sur les listes de secourus. Ainsi, en 1813, 114 indigents sont assistés pour cette seule raison45.
31A côté des enfants de familles nombreuses, on trouve les enfants abandonnés. Leur sort est plus pénible encore car ils sont privés de tout soutien. Le Comité de Mendicité, en 1791, parle d’eux d’ailleurs comme d’une « classe d’enfants qui, comme perdus sur la terre, n’ont jamais connu les auteurs de leurs jours ; qui, sans parents, sans appui, sans aucun être qu’ils intéressent, se trouvant seuls au milieu du monde entier, n’appartiennent qu’à l’espèce humaine »46. Encore heureux lorsqu’ils trouvent refuge au sein d’une famille qui accepte de les héberger. Sinon, livrés à eux-mêmes, ils prennent vite l’habitude de vagabonder, de chaparder ou de marauder et glissent tout naturellement vers la délinquance. Au XIXe siècle, ils sont pris en charge par l’État qui, dans le meilleur des cas, assure leur entretien matériel. Leur sort dépend, en fin de compte, des qualités humaines de leur nourricier ou de leur maître.
32Le destin des orphelins pauvres est, dans bien des cas, comparable à celui des enfants abandonnés et, dans les campagnes, ils y sont parfois assimilés. Si les villes sont dotées d’un ou de plusieurs orphelinats, le nombre des places disponibles est insuffisant pour faire face aux demandes. Les familles qui, au décès des parents, ont recueilli momentanément ces enfants sont très vite, faute de moyens, forcées de les abandonner à la charge de l’État et, plus tard, des communes.
33Les vieillards sont, eux aussi, les principales victimes de la misère. Selon l’enquête de 1823, plus d’un dixième des indigents ont plus de 65 ans47. Leur nombre est plus élevé sur les listes de distributions. En 1813, les personnes âgées de plus de 60 ans constituent 39 % des chefs de ménages secourus. En 1821, elles représentent 36 % des indigents assistés. La pyramide des âges des pauvres secourus est d’ailleurs largement enflée vers le haut48. A travers ces chiffres, se révèle le drame de la solitude, de la maladie, lorsque le corps usé par le travail et les privations ne peut plus, par un labeur rémunérateur assurer sa subsistance. Si les vieux ont une famille, elle ne peut que rarement les mettre à l’abri du besoin49 puisqu’elle ne peut déjà assurer son nécessaire. Parfois, le départ pour l’armée du fils qui les faisait vivre les laisse sans ressources50. En outre, la vieillesse s’accompagne souvent d’infirmités plus ou moins graves. C’est parmi les indigents âgés que l’on trouve le plus d’incurables, d’infirmes, d’aveugles ou d’estropiés : 70 à 80 % des infirmes et des invalides sont âgés de plus de 60 ans51. Comme il faut vivre, ils se livrent à la mendicité. C’est d’ailleurs parmi eux que se recrutent surtout les mendiants.
TABLEAU no 67. Motifs du secours selon l’état matrimonial, en 1813

a) Y compris imbécile, simple, innocent, fou, dément, épileptique, malade des nerfs.
(b) Y compris boiteux, « mauvaises jambes », rhumatisme, paralytique, ayant perdu une jambe.
(c) Y compris maladie chronique, caduc, faible santé, rachitique.
(d) Y compris chancre, ulcère, dartre, scrofule, teigne, malsain, cancer, lèpre.
Sources : A.É.L., F.F., Préf., 1603 à 1680 ; F.F., n.cl. ; F.H., 300 ; A.É.H., Bienfaisance, nv. régime, 1488.
GRAPHIQUE no 33. Les indigents dans le département de l'Ourthe en 1813. Légende : 12 individus = 5 mm2

Sources : A.É.L., F.F., n.cl. ; F.F., Préf., 1603 à 1680 et F.H., 300.
GRAPHIQUE no 34. Les indigents dans la province de Liège en 1821. Légende : 10 individus = 69 mm2

Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
34Les infirmes et les malades sont une autre catégorie d’individus incapables d’assurer leur subsistance. Ils représentent plus du quart des indigents secourus. Si la majorité d’entre eux sont des vieillards, ils appartiennent cependant à toutes les tranches d’âges. A la lecture des listes d’indigents, on se croirait transporté en pleine Cour des Miracles. Les infirmes succèdent aux estropiés, les aveugles aux sourds-muets, les incurables aux phtisiques, les épileptiques aux déments et aux innocents. Ces déficiences physiques et mentales affectent particulièrement les femmes : 32 % contre 20,5 % pour les hommes à l’époque française, 36,5 % contre 21,8 % à l’époque hollandaise52.
TABLEAU no 68. Motifs du secours selon l’âge en 1813

- Y compris imbécile, simple, innocent, fou, dément, épileptique, malade des nerfs.
(b) Y compris boiteux, mauvaises jambes, rhumatisme, paralytique, ayant perdu une jambe.
(e) Y compris maladie chronique, caduc, faible santé, rachitique.
(d) Y compris chancre, ulcère, scrofule, teigne, « malsain », cancer, lèpre.
Sources : A.É.L., F.F., Préf., 1603 à 1680 ; F.H., 300 et A.É.H., Bienfaisance, nv. régime, 1488.
TABLEAU no 69. Motifs du secours selon l'âge, en 1821

(a) Y compris imbécile, simple, innocent, fou, dément, épileptique, malade des nerfs
(b) Y compris boiteux, mauvaises jambes, rhumatisme, paralytique, ayant perdu une jambe
(c) Y compris maladie chronique, caduc, faible santé, rachitique
(d) Y compris chancre, ulcère, scrofule, teigne, « malsain », cancer, lèpre
Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
35Ainsi, les 2/5 des indigents sont des jeunes enfants ou des veillards. Si on y ajoute les infirmes de tout âge, près de 50 % des pauvres appartiennent aux forces non productives de la population. Ils sont exclus du monde du capital comme de celui du travail. Leur sort précaire est subordonné à la bonne volonté et à la charité de leurs concitoyens. Il est pourtant frappant de constater que, lors de l’enquête de 1823, plus de 45 % des indigents font partie de la population active, c’est-à-dire comprise entre 18 et 65 ans. Au XIXe siècle, la misère atteint donc également des personnes qui seraient susceptibles d’un travail productif. En fait, 65 % des personnes âgées de 18 à 50 ans sont capables d’un travail assidu. Ce ne sont donc pas des obstacles physiques qui justifient leur non-activité. Nous retrouvons encore ici les méfaits du chômage si souvent dénoncés ailleurs. Les autorités reconnaissent aux jeunes enfants en dessous de onze ans l’aptitude à un travail léger. Apparemment, le travail forcé des enfants dans les manufactures et les houillères n’est pas encore accepté comme c’est le cas, par exemple, en Angleterre où le travail des enfants est recommandé comme un remède à l’oisiveté et au vice, à moins que ce ne soit le sous-emploi général qui tienne les enfants à l’écart des usines. L’âge et les infirmités empêchent plus de 47 % des pauvres d’occuper un emploi. Cette proportion est forcée par près des 100 % des moins de 6 ans et les 66 % des plus de 65 ans. Dans la tranche d’âge des 18 à 50 ans, seuls 15 % des individus sont incapables de tout travail. Ce sont les arrondissements de Verviers et de Huy qui sont les plus touchés par le non-emploi des couches actives de la population, l’un à cause du chômage saisonnier dans l’agriculture, l’autre à cause de l’introduction des machines à filer et à tisser53.
36Il semble également que ce soient les cantons où le pourcentage des secourus capables d’un travail assidu est le plus grand que la misère est la plus forte. Liège-ville, Hollogne, Aubel, Verviers, Avennes, Bodegnée, Huy en témoignent. Il n’y a là rien d’étonnant. Un chômeur est incapable d’entretenir une famille et le Bureau de bienfaisance doit alors secourir, non pas un individu mais quatre, cinq, parfois plus.
37Quel que soit le côté par lequel l’historien aborde le problème, le chômage et le sous-emploi apparaissent toujours comme les facteurs principaux du paupérisme. Employer les bras inactifs, voilà quel aurait dû être l’objectif principal du gouvernement. Assurer ensuite, non par l’aumône mais par la pension, la subsistance de ceux qui étaient incapables de travailler, voilà les moyens de réduire le paupérisme. Il faudra attendre 1857 pour qu’une nouvelle voix se fasse entendre « bien faible encore, mais qui n’en traduisait pas moins une notion neuve de la bienfaisance publique, notion qui allait bientôt influencer les conceptions de la société sur cette matière54. Un journal socialiste Le Prolétaire reprocha aux partis catholique et libéral de considérer « l’éternité de la misère et du paupérisme comme une évidence »55. C’est seulement vers la fin du siècle que commença à se substituer aux concepts de bienfaisance et de charité, ceux d’assurance et de prévoyance. On a cessé de croire à la fatalité et à l’éternité de la misère
TABLEAU no 70. Motifs du secours selon l'état matrimonial en 1821

(a) Y compris imbécile, simple, innocent, fou, dément, épileptique, malade des nerfs
(b) Y compris boiteux, mauvaises jambes, rhumatisme, paralytique, ayant perdu une jambe
(c) Y compris maladie chronique, caduc, faible santé, rachitique
(d) Y compris chancre, ulcère, dartre, scrofule, teigne, « malsain », cancer, lèpre
Source : A.É.L., F.H., 2689 à 2764.
b) Santé et hygiène
38L’état physique des indigents est souvent déplorable. « Dans les ruelles populeuses habitées par la dernière classe, la plupart des individus sont pâles, bouffis, scrophuleux et rachitiques. La puberté y est tardive et la leucorhée très commune »56. La « carnation moribonde » des citadins pauvres revient dans les textes comme un leit-motiv57. A Saint-Nicolas Outre Meuse, paroisse pauvre, on rencontre des enfants « chaipieux »58, contrefaits, atteints de toutes sortes de maux qui feraient penser que « Saint-Makrawe » est le patron de la paroisse59. En fait, la misère transforme « la nature physique du pauvre par une torture qui se poursuit de père en fils » et crée « des caractères physiologiques qui semblent être de race, mais qui ne sont en réalité que des caractères fonctionnels »60.
TABLEAU no 71. Aptitude au travail des indigents d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 72. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Liège d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 35. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Liège d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 36. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Verriers d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 73. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Verviers d’après l’enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 74. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Huy d'après l'enquête de 1823

GRAPHIQUE no 37. Aptitude au travail dans l'arrondissement de Huy d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 38. Aptitude au travail dans la province de Liège d'après l'enquête de 1823

Source : A.É.L·., F.H., 2495 à 2504.
TABLEAU no 75. Aptitude au travail dans la province de Liège d'après l’enquête de 1823

Source : A.É.L., F.H., 2495 à 2504.
GRAPHIQUE no 39. Aptitude au travail dans la province de Liège d’après l’enquête de 1823

39A Fraipont, on signale à l’attention du maire un malheureux dénué de tout. « Sa longue misère l’a chargé de vermine, son corps est chargé de plaies par les grattements qu’il se fait »61. Sans en arriver à cet état extrême, la plupart des gens de la classe ouvrière souffrent de maladies inhérentes à leur profession, encore que « l’usage d’alimens grossiers, peu restaurane, y contribuent sans doute puissamment »62. « D’où viennent dans la classe inférieure tant de personnes valétudinaires ou mal conformées, estropiées ou impotentes ; ces vieillards de trente ans, ces spectres hideux qui épouvantent dans les rues les hommes polis et prétendus sensibles ? Ce n’est point la Nature qu’il faut accuser de ces inconvénients ou de ces malheurs : ces monstres là ne sont pas son ouvrage. C’est le fruit de la dureté de nos mœurs [...] et de l’inhumanité de notre civilisation [...]. Ces infortunés qui excitent la pitié des âmes vraiment honnêtes, doivent presque tous leurs maux à l’une ou l’autre de ces deux causes. L’une est l’insuffisance de leur nourriture et le peu de soins que leurs parens sont en état de leur donner dans l’enfance : l’autre, ce sont les charges qui les assomment dès qu’ils commencent à respirer, les travaux pénibles qu’ils exécutent dans l’adolescence, les fatigues qui les excèdent dans la jeunesse »63.
40L’anémie « se place au premier rang parmi les affections », particulièrement chez les « houilleurs des environs de Liège »64. Il faut y ajouter « l’asthme », ou encore « l’affection tuberculeuse des poumons » qu’on appellerait aujourd’hui la silicose chez ces victimes de la poussière. Au XIXe siècle, on en accusait les « exhalaisions morbifiques que respirent les mineurs »65. Les houilleurs souffrent encore de palpitations qu’on attribue à la remontée des puits par des échelles66. « Il faut tenir un compte tout spécial de l’ascension journalière de 100 à 150 toises d’échelles verticales, après un travail forcé »67. Aussi les hommes qui ont commencé ce métier très jeunes sont-ils « peu développés ». Le sous-préfet de Huy affirme que là où les ouvriers exploitent dès leur enfance l’alun, le fer, la houille, l'« espèce est rachytique »68. Comment s’en étonner lorsqu’on sait que, dès l’âge de huit ans, le travail des enfants, dans les mines, consiste « à mener à l’ouverture de la houillère les fragments de houille que détachent les mineurs. Le peu d’élévation de ces galeries souterraines les force à être constamment appuyés sur les genoux et sur les mains. C’est dans cette position gênante, qu’ils traînent pendant huit heures, chaque jour, une espèce de bac du poids de 60 à 70 livres »69. Par ailleurs, dans les villages où l’on extrait la houille, le nombre des individus estropiés est fort élevé70.
41Les fondeurs en zinc et en fer souffrent plutôt de gastrites et de pneumonies aiguës « provenant du refroidissement subit auquel ils s’exposent lorsqu’ils sont en sueur et de la mauvaise habitude qu’ils ont de courir à la pompe étancher leur soif ». Les forgerons, cloutiers, tondeurs et laineurs sont atteints d’« ulcères atoniques » parce que leur profession exige « une station continuelle »71. Cet état physique déplorable est parfois dû à l’usage des machines dont le rythme dépasse la capacité de travail de l’ouvrier. Ainsi, à Verviers, « à 40 ans, on voit des hommes qui annoncent déjà la décrépitude tant ils se sont épuisés soit en tissant, en filant. Ainsi, les fabricans répugnent aujourd’hui à accepter les services d’un ouvrier de cet âge. Jadis, des octogénaires tissaient, lainaient, etc. »72.
42La maladie signifie presque toujours la misère totale ou le recours au Bureau de bienfaisance, même s’il s’agit de familles qui, jusque là, vivaient sur le pied d’une certaine aisance73.
43Dans les réduits sans hygiène, domicile habituel du pauvre, la contagion se propage aisément, sans qu’on puisse y apporter un remède74. « Les épidémies font des progrès rapides, si les ouvriers malades restent sur leur galetas, dans la même chambre, avec leur famille »75. Lorsque le temps est rigoureux, les « pleurésies, les pneumonies et les crachemens de sang sont fréquens »76 et dans ces circonstances, les indigents n’ont même pas de quoi se procurer du bouillon ou du vin77. Tout au contraire, une nourriture malsaine ou un manque de nourriture engendrent de nombreuses maladies78. De même, de mauvaises habitudes alimentaires provoquent le « carreau » chez les enfants de la classe inférieure79.
44Les épidémies touchent les indigents plus que les autres80, particulièrement ceux des campagnes car « ceux des villes sont moins exposés à manquer de secours dans leur maladies »81. Très souvent, « les individus d’une classe un peu aisée, échappent à ces maladies>>82. A Lantin, en 1808, cinq maisons sont restées indemnes et ceux qui ont échappé sont des propriétaires ou des enfants en bas âge83. A l’époque, les causes de ces épidémies sont d’ailleurs attribuées entre autres, aux « travaux durs et pénibles auxquels les habitants de la campagne sont occupés dans toutes les saisons », à une nourriture « grossière, malsaine et quelquefois insuffisante » ainsi qu’à une extrême malpropreté, « suite nécessaire de l’insouciance et de l’indigence » sans oublier les habitations malsaines84. Cette malpropreté, produit de la misère, frappe d’ailleurs les observateurs étrangers mais, « quand on n’a pas pour se nourrir, comment pourroit-on se couvrir ? »85. Par ailleurs des vêtements malpropres peuvent ulcérer des plaies et y causer la gangrène86.
45En 1780, une épidémie de dysenterie sévit à Liège parmi les indigents. En 1793-94, c’est le typhus qui règne en ville, « apporté dans les faubourgs et dans la ville par le vol des objets commis dans les hôpitaux ». En 1795, c’est à Verviers que la famine aggrave une épidémie mortelle87. La même année, les pauvres hutois sont accablés de dysenterie et de « fièvres malignes »88. Lors d’une épidémie de dysenterie à Clermont-sous-Huy en 1811, « la plupart si pas toutes les victimes sont indigentes et très misérables ». A Rocourt, en 1808, tous les malades atteints sont « dans la plus grande indigence ». A Lantin, la même année, « il n’en est peut-être pas dix qui ne fussent dénués de tout »89. A Cheratte, en 1813, c’est parmi les indigents que se déclenche une épidémie de dysenterie. Il en allait de même, à Fouron-le-Comte, en l’an XIII. En 1807, à Seny, sur 225 habitants, les 74 malades sont tous dans l’indigence90.
46Le gouvernement s’efforce de soulager le sort de ces malheureux en envoyant au chef-lieu de chaque arrondissement des boîtes de médicaments destinées à combattre les épidémies dans les campagnes91 et en nommant, dans chaque arrondissement, un médecin des épidémies92.
47La petite vérole exerce aussi ses ravages. Afin de l’enrayer, les préfets et, ensuite, le gouverneur de la province s’efforcent de répandre l’usage de la vaccination et ordonnent d’inoculer gratuitement le vaccin aux indigents93. Un comité de vaccine est installé en 180694. La résistance à cette pratique est tenace dans la classe pauvre95. Il faut dire que l’insouciance des maires à cet égard est très grande96 et qu’il est nécessaire de leur rappeler fréquemment leurs obligations97. Il faut pratiquement contraindre les pauvres à faire vacciner leurs enfants. Ainsi à la Maternité, les nouveaux-nés sont vaccinés dès leur naissance. De 1809 à 1823, on y compte en moyenne 638 vaccinations par an.
TABLEAU no 76. Vaccinations opérées à l'Hospice de la Maternité de 1809 à 1823

Source : R. Courtois, op. cit., t. 2, p. 166.
48Il est demandé aux instituteurs de n’admettre dans leurs classes que les enfants vaccinés ou ayant déjà eu la petite vérole. La même recommandation est faite aux fabricants et chefs d’ateliers. De même, le préfet exhorte les Bureaux de bienfaisance à refuser le secours aux individus qui « n’ayant point été atteints de la variole, ont négligé ou refusé de faire usage du préservatif dont il s’agit »98. Sous le régime hollandais, la recommandation se transforme en ordre formel. Il est défendu d’admettre à l’école aucun enfant qui ne soit au préalable vacciné, à moins qu’il ne fasse la preuve d’avoir eu la petite vérole et il est défendu aux établissements de charité d’accorder des secours aux familles qui négligent de faire vacciner leurs enfants99.
49De l’an XII à 1811, près de 50.000 enfants ont été vaccinés. Le succès a été particulièrement grand dans l’arrondissement de Liège. Il faut certainement l’attribuer au rôle joué, en ce domaine, par l’hospice de la Maternité100. De 1819 à 1832, 82.264 enfants ont été vaccinés. La moyenne annuelle est légèrement supérieure à ce qu’elle était, quinze ans auparavant. Il s’agit là de 54,5 % des naissances. Un seul enfant sur mille est décédé de la variole alors que quinze enfants sur mille en avaient été atteints101.
50L’inégalité devant la mort est alors une réalité et les contemporains en sont déjà conscients lorsqu’ils parlent de ces infortunés « à qui la main de la pauvreté creuse précocement le tombeau »102. C’est dans la classe indigente que la grande épidémie de choléra de 1832 fera le plus de victimes103. Cette inégalité a été mise particulièrement en évidence par Villermé, en France. Il s’est, en effet, aperçu qu’alors que la mortalité dans les quartiers riches de Paris était de un sur cinquante par an, elle montait à un sur vingt- quatre dans les quartiers pauvres. Si les maladies ne sont pas plus fréquentes chez les pauvres que chez les riches, elles sont, par contre, plus souvent mortelles. Ainsi, alors que parmi les ouvriers aisés, on compte un mort sur onze malades entrant à l’hôpital, ce chiffre monte à un sur huit chez les couturières et à un sur cinq chez les manœuvres104. Mais, « au delà de l’inégalité devant la mort et grâce à elle, apparaît l’inégalité devant la vie : d’autant plus incontestable, cette dernière, que la première est plus certaine ; d’autant plus nette aussi que le divers des faits économiques et sociaux eux-mêmes et leur immense incertitude s’y inscrivent en marques irréfutables, aussi lisibles que des cicatrices sur le corps. C’est au niveau des corps que cette histoire se place : non indifférente aux travaux et aux mœurs, mais considérant que jamais les travaux et les mœurs n’ont aussi fortement marqué les corps et que jamais l’inégalité économique et sociale ne s’est aussi simplement ramenée à une inégalité biologique »105.
TABLEAU no 77. Vaccinations dans le département de l'Ourthe de l'an XII à 1811

Source : M. Florkin, Un prince, deux préfets, p. 181 ; A.É.L., F.F., Préf., 467 ; A.N.P., F 8, 119 et M.A.D.O., t. 10, p. 18.
TABLEAU no 78. Vaccinations dans la province de Liège de 1819 à 1832
Années | Vaccinations | Varioleux | Décès par variole |
1819 | 6741 | — | — |
1820 | 4498 | — | — |
1821 | 2715 | — | — |
1822 | 3796 | — | — |
1823 | 7201 | 51 | 16 |
1824 | 9563 | 612 | 83 |
1825 | 6136 | 173 | 21 |
1826 | 5915 | 192 | 32 |
1827 | 5755 | 113 | 7 |
1828 | 7693 | 128 | 18 |
1829 | 7564 | 745 | 69 |
1830 | 4292 | 638 | 46 |
1831 | 4777 | 223 | 8 |
1832 | 5618 | 149 | 12 |
Total | 82264 | 3024 | 312 |
Moyenne | 5876 | 302 | 31 |
Source : Documents statistiques, 3e publication officielle.
51Pour les indigents, mourir de froid ou de faim ne sont pas de simples figures de style. Lors de crises de subsistances aiguës ou en période de grands froids, on trouve dans la Presse ou dans la correspondance des Bureaux de bienfaisance la relation de tragiques faits-divers. Durant la crise de 1795, la mort frappe des familles entières. Voici le rapport d’un témoin oculaire : « Le vieillard est abandonné par son fils qui ne peut pas même nourrir ses enfants. Quelle main secourable sera l’appui de l’enfance de ces citoyens que je vois éplorés ? La mort vient de moissonner leur père, leur mère, leurs frères, leurs sœurs ; la misère qui les a conduits au tombeau est aussi peinte sur le visage de ces tristes restes de la famille. Un autre spectacle frappe mes yeux étonnés : je vois un malade se tramer lui-même tout mourant à l’hôpital. Sa marche est peu assurée, ses pas sont chancelants ; il tombe et je le crois expiré : secouru à tems, il nous dit d’une voix languissante et entre-couppée que sa femme, ses enfants viennent de le devancer dans le passage qu’il va faire de ce monde à l’autre »106. A Housse, on affirme, en l’an III, que les indigents sont « si exténués qu’ils ne peuvent plus marcher, ne sont enfin que des squelettes qu’un zèle de vie anime encore » et que, sans un prompt secours, leur « fin est près »107. A Verviers, 4.000 personnes sont mortes de faim au cours de la même année108.
52En 1823, une femme, vivant au faubourg Saint-Léonard, est morte de froid109. En 1827 encore, deux vieillards décèdent des mêmes raisons110. Durant l’hiver 1829-1830, c’est au tour de deux jeunes Hutois111. Ainsi, malgré le laconisme du fait-divers, peut-être même à cause de lui, apparaît, dans toute son horreur, le sort précaire de l’indigent, à la merci de la maladie et de la mort.
Notes de bas de page
1 P. Deprez, The demographic Development of Flanders in the 18th Century, dans Population in History, Londres, 1965, p. 608.
2 Cfr É. Hélin, Nouvel essor de la population, dans La Wallonie, la terre et les hommes, p. 422 et R. Mols, Introduction à la démographie historique des villes d'Europe, du XIVe au XVIIIe siècle, Louvain, 1954, t. 1, pp. 228-231.
3 É. Hélin, La taille des ménages à Liège avant la Révolution industrielle, dans Recherches économiques de Louvain, t. 35, no 4, 1969, pp. 233-250.
4 C. Bloch, L'assistance et l'État en France, p. 30, expression empruntée à J. Jaurès, Histoire socialiste, t. 1, p. 274. Cfr E. Hélin, Recherches sur la mortalité dans la région liégeoise, p. 168.
5 A.É.L., F.H., 2499, 2502, F.F., Préf., 604, Forêt, 605, Soumagne, 617, Jemeppe.
6 A.É.L., F.H., 2502, Olne.
7 Annexe no VI.
8 A.É.H., G.S., Amay, 137.
9 A.É.H., Cures, Blehen, 4.
10 A.É.L., Cures, Theux, 18 et A.É.H., G.S., Seilles, 96.
11 Ce travail n’a été possible que là où existaient des tables.
12 Il s’agit des communes de Blehen, Clermont sur Berwinne, Hannut, Merdorp, Seraing, Thisnes et Villers l’Évêque.
13 Cfr C. Firket, La nuptialité dans la région liégeoise à la fin de l'ancien régime et au début de l'industrialisation. Résultats de premiers sondages, Liège, mémoire, 1973-1974.
14 J. De Heusy, Essai sur le projet de l'établissement d’un Hôpital Général, p. 7.
15 C. Firket, op. cit., pp. 49-50. A Wasmes, de 1711 à 1790, il est de 24,8 ans pour les femmes et de 27 ans pour les hommes. J. P. Boucard, Les familles de Wasmes et de Warquignies aux xviiie et xixe siècles. Essai de reconstitution automatique, Université de Louvain, thèse de doctorat inédite, 1978, p. 258.
16 C. Firket, op. cit., pp. 50-51. Voir tableau no 45.
17 A.É.L.. F.F., Préf., 202.
18 P. Aries, Histoire des populations françaises, Paris, 2e éd., 1971, p. 354.
19 Les termes employés sont pauperes, inopiam, inopes, indigentiam, paupertatis, miseres, egestatis, extremao necessitatis, pauperrimi, pauperes opifices, miserabilis, pauperes famuli, mendicantes, aegre vivunt, pauperes operarii, necessitate, ad vitandum vexationes ex gratin ratione paupertatis. Cfr A.É.L., Prévôté, 58 à 61.
20 J. Ruwet, Avant les révolutions, p. 15.
21 D.T.C., t. 15, col. 110 et D.D.C., t. 6, col. 766-767.
22 Voir graphique no 22.
23 Tableau no 47.
24 C. Firket, op. cit., pp. 125-126. Voir aussi J. P. Bougard, op. cit., pp. 206-207.
25 Cfr C. Firket, op. cit., pp. 103 et 108 et H. Charbonneau, Tourouvreau-Perche aux xviie et xviiie siècles. Étude de démographie historique, Paris, 1970, p. 142.
26 H. Charbonneau, op. cit., p. 147. Cet intervalle est de 12,2 à Wasmes à la fin de l’Ancien Régime. Cfr J. P. Bougard, La fécondité au Borinage au XVIIIe et au début du XIXe siècles, dans Population et famille, t. 46, 1979, p. 115.
27 Ibidem, p. 149. Pour Wasmes, cfr J. P. Bougard, op. cit., pp. 109-146.
28 Cfr pp. 121-123. H. Charbonneau, op. cit., pp. 156-159 rejette quant à lui cette hypothèse et attribue la longueur plus importante de l’intervalle intergénésique chez les pauvres à une fertilité moins grande due aux conditions de vie pénibles et à une moindre fréquence des rapports sexuels, les manouvriers agricoles devant s’absenter notamment en période de moisson. A propos de l’influence des mauvaises conditions de vie sur la stérilité momentanée de la femme, voir L'aménorrhée de famine, dans E. Le Roy-Ladurie, Le territoire de l'historien, pp. 331 à 348.
29 Voir tableau no 51.
30 Voir tableau no 52.
31 Voir tableaux nos 53 et 54.
32 Voir tableaux nos 55 et 56.
33 Voir tableaux nos 55 et 56 et graphiques nos 23 et 24.
34 Voir tableaux nos 55 et 56.
35 Cfr tableau no 57.
36 Cfr tableaux nos 58 et 59. J. P. Gutton, op. cit., p. 40. A Lyon, le contingent des veuves s’élève à 21,7 % de la population indigente.
37 Cfr tableaux 60 et 61.
38 Voir tableaux nos 62 à 66 et graphiques nos 25 à 32.
39 A.É.L., F.H., 2497, réponse de Thimister à l’enquête de 1823.
40 F. Perroux, Masse et classe, Tournai, 1972, p. 104.
41 J. De Heusy, Essai sur le projet de l'établissement d'un Hôpital Général, p. 7.
42 Briatte, Offrande à l'humanité, p. 172.
43 C. Vandenbroeke, Agriculture et alimentation, Louvain, 1975, pp. 606-607.
44 Cfr p. 353.
45 Voir tableau no 67.
46 Cité par E. Sablayrolles, L'enfance abandonnée à Strasbourg au XVIIIe siècle et la fondation de la Maison des Enfants-Trouvés, dans Recherches et Documents, t. 23, Strasbourg, 1976.
47 Cfr p. 353.
48 Voir tableaux nos 53 et 54 et graphiques nos 33 et 34.
49 A.É.L., F.F., Préf., 605, Micheroux, an IX.
50 Voir tableau no 68.
51 Voir tableaux nos 68 et 69.
52 Voir tableaux nos 67 et 70.
53 Voir tableaux nos 71 à 75 et graphiques nos 35 et 38.
54 L. Bosman, L’assistance publique en Belgique depuis 1793, dans L’assistance publique à travers les âges, Bruxelles, 1962, p. 28.
55 Ibidem.
56 R. Courtois, Recherches sur la statistique physique, agricole et médicale de la province de Liège, t. 2, Verviers, 1828, pp. 160 et 190 et Desmousseaux, Mémoire statistique du département de l'Ourthe, Paris, an X, p. 19.
57 E. Hélin, La démographie à Liège aux XVIIe et XVIIIe siècles, Bruxelles, 1963, pp. 231-232. Il en va de même à Paris : Cfr L. Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris, au début du XIXe siècle, pp. 525-528.
58 Chétif, malingre. Cfr J. Haust, Dictionnaire liégeois, s. verbo tchêpieus.
59 D. Salme, Li Houlo, p. 14. Saint populaire honoré à l’Assomption surtout par les enfants d’Outremeuse. Il existe à Mesch (Limbourg) un Saint-Mâcrawe que l’on invoque pour les enfants chétifs. Cfr J. Haust, op. cit., s. verbo Macrawe.
60 A. Niceforo, Les classes pauvres, recherches anthropologiques et sociales, Paris, 1905, p. 325.
61 A.É.L., F.F., Préf. 622, le Bureau de bienfaisance de Fraipont au préfet, 4 avril 1812.
62 R. Courtois, op. cit., t. 2, pp. 171-176.
63 Briatte, Offrande à l'humanité, t. 1, p. 253.
64 Dans la région de Huy, par contre, le docteur Lebeau assure que l’anémie est rare et qu’il n’a pas eu l’occasion d’en observer. H. C. J. Lebeau, Topographie médicale du canton de Huy, Liège, 1828, p. 60.
65 A.É.L., F.H., 2490, Canton de Seraing, remarques sur les états de renseignements de 1818. Cfr la théorie des miasmes qui triomphe à l’époque. M. Florkin, Les médecins des épidémies dans le département de l’Ourthe, dans Revue médicale de Liège, t. 10, no 20, 1955, pp. 600 et 605 ; Idem, Un prince, deux préfets, pp. 227 et 230 et E. Hélin, AUX origines du raisonnement, dans Annales du Cercle hutois des Sciences et des Beaux-Arts, t. XXIX, 1976, p. 101.
66 R. Courtois, op. cit., t. 2, pp. 171-176. Sur les affections propres aux houilleurs et aux ouvriers de la métallurgie, voir aussi V. P. Vandenbroeck, Aperçu sur l'état physique et moral de certaines classes ouvrières, Bruxelles, 1843.
67 V. P. Vandenbroeck, op. cit., p. 23. 300 mètres plus ou moins.
68 A.É.L., F.F., Préf., 202.
69 H. C. J. Lebe AU, op. cit., pp. 59 et 96. Cfr Lepeintre, cité par É. Hélin, L'opinion d'autrui, un miroir déformant ? dans La Wallonie, le pays et les hommes, t. 1, p. 464.
70 H. C. J. Lebeau, op. cit., p. 59. Il en va de même dans le Borinage. Cfr J. P. Bougard, Les familles de Wasmes et de Warquignies aux xviiie et xixe siècles. Essai de reconstitution automatique, pp. 78-81.
71 R. Courtois, op. cit., p. 177.
72 Ibidem, t. 2, p. 181. Cfr R. Demoulin, Guillaume Ier et la transformation économique des provinces belges, p. 275. Des enfants occupés à la mise en mouvement des mule-jennies sont atteints de phtisie ou souffrent d’amaigrissement. Dès le début du XVIIIe siècle, des médecins décrivaient déjà les maladies susceptibles de toucher l’une ou l’autre profession : B. Ramaz zini De Morbis artificum diatriba, Utrecht, 1703.
73 A.É.H., Bienfaisance, nv. régime, 1395, les bourgmestres et échevins de Huy à la Commission des hospices, 20 avril 1826. Cfr A.É.L., F.H., 2612, budget du Bureau de bienfaisance d’Ans, F.F., Préf., 602, Housse, an IX, Communes, Clermont, 21, an XIII.
74 A.N.P., F 15, 376, compte moral pour l’an VI et M.A.D.O., 2e semestre 1813, p. 446. Cfr J. Melotte, Mémoire traitant des maladies occasionnées par la malpropreté des ruelles et des moyens d'y remédier, présenté au Conseil municipal, Liège, 1790, dans Recueil concernant les affaires de Liège, t. 5, document 16.
75 A.É.L., F.H., 2492, Rapport du Bureau central de bienfaisance de Verviers, 4 juillet 1818.
76 A.É.L., F.F., Préf., 556, le sous-préfet de Malmédy au préfet, 23 pluviôse an X.
77 A.A.P.L., P.V.B.B., 10 frimaire an IV.
78 A.É.L., F.F., Préf., 708, 24 germinal an XIII et F.F., Préf., 604, Ayeneux, le maire au préfet, 13 prairial an X.
79 R. Courtois, op. cit., t. 2, p. 160. Le carreau est une des localisations tuberculeuses chez l’enfant qui est caractérisé par une atteinte des ganglions mésentériques, de la diarrhée et une tuméfaction abdominale.
80 M.A.D.O., t. 1, pp. 24 et 262 et t. 14, pp. 27-28.
81 M.A.D.O., t. 11, p. 26.
82 Courrier de la Meuse, no 26, 30 janvier 1825, p. 1, col. 1.
83 A.É.L., F.F., Préf., 467.
84 M.A.D.O., t. 15, pp. 432-434, A.É.L., F.F., Préf., 467, le préfet aux maires, 15 juin 1809 et A.N.P., F 8, 70.
85 Briatte, op. cit., t. 1, p. 138.
86 A.É.L., F.F., Préf., 467, 28 juillet 1808, épidémie de Lantin.
87 R. Courtois, op. cit., p. 233. Cfr p. 157.
88 L. Grandmaison, Souvenirs de Huy à la fin du xviiie siècle, Liège,. 1891, p. 49.
89 A.É.L., F.F., Préf., 467.
90 Ibidem.
91 M.A.D.O., t. 8, pp. 271-286, p. 329, t. 11, pp. 25-27, t. 12, pp. 510-511, 2e semestre 1813, pp. 444-449.
92 Cfr M. Florkin, Un prince, deux préfets, pp. 227-231, à propos la mission de ces médecins et la composition des boîtes de médicaments.
93 M. Florkin, op. cit., pp. 169-185. Idem, Le préfet Desmousseaux et l'introduction de la vaccination au Pays de Liège, dans Revue médicale de Liège, t. 10, no 1, 1955, pp. 20-26 ; Idem, Résistances à la généralisation de la vaccination dans le département de l'Ourthe, dans Revue médicale de Liège, t. 10, no 23, 1955, pp. 698-702.
94 R. Courtois, op. cit., t. 2, p. 164.
95 M.A.D.O., t. 6, p. 136, t. 8, pp. 522-523, t. 12, pp. 446-448, t. 11, p. 264.
96 M.A.D.O., t. 10, pp. 57-59, p. 384, et t. 11, pp. 49-50.
97 M.A.D.O., t. 11, pp. 175-176, t. 10, pp. 17-18, t. 20, pp. 299-301.
98 M.A.D.O., t. 20, pp. 300-301.
99 M.A.P.L., t. 13, pp. 138-139 et Courrier de la Meuse, no 16, 17 août 1823, p. 4, col. 1, arrêté du bourgmestre de Liège, 16 août 1823.
100 Tableau no 77.
101 Tableau no 78. Voir à propos de la lutte des pouvoirs publics, J. Beau, L'Organisation de la lutte contre la variole : les débuts de la vaccination dans le Luxembourg (de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle), Liège, Mémoire de licence, 1976. — Voir aussi A.É.H., Ville de Huy, 703.
102 A. Grisard, Plan d'un Hôpital Général, p. 6. Voir L. Chevalier, op. cit., pp. 410-439.
103 T. Van Dee Zee, Armoede en cholera in 1832, in Economisch-historisch Jaarboek, t. 22, 1943, pp. 196-250.
104 Mathieu Laensberg, no 228, 22 décembre 1824, p. 3, col. 1-2.
105 L. Chevalier, op. cit., p. 412. A ce sujet, une étude récente met en évidence cette inégalité devant la mort qui vers la fin XVIIIe et au début XIXe siècle, est une réalité tangible : P. Surault, L'égalité devant la mort, Paris, 1979.
106 A.A.P.L., P.V.B.B., 10 frimaire an IV, lettre au Commissaire du Directoire exécutif près l’administration départementale de l’Ourthe. Voir Ch. Dejace, Une famille rurale du XVIIIe siècle au Pays de Liège, dans B.S.A.H.D.L., t. 3, 1883, pp. 28-29.
107 A.É.L., F.F., n.cl., Housse, 4 germinal an III.
108 Renier, L'industrie drapière au Pays de Liège, p. 76.
109 Courrier de la Meuse, no 22, 26 janvier 1823, p. 3, col. 1.
110 Mathieu Laensberg, no 33, 12-13 janvier 1827, p. 2, col. 1-2.
111 A.É.H., Bienfaisance, nv. régime, 1457, 11 mars 1830.
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