Chapitre premier. Le débat classique
p. 81-111
Texte intégral
Ce fut la destinée d’Origène d'être un signe de contradiction durant sa vie comme après sa mort.
J. Quasten.
1Nous poursuivrons deux objectifs au cours de ce premier chapitre.
2Le premier sera de faire connaissance avec Origène. Qui fut-il ? Comment s’expliquent sa vie, son œuvre et sa pensée, à la lumière des circonstances du temps ? Ces questions sont très vastes et bien souvent épineuses. Nous n’en donnerons qu’un aperçu sommaire, laissant à chacun le soin de recourir aux innombrables études origéniennes1.
3Le second objectif de ce chapitre est de relever ce qui, dans la vie, la pensée et les œuvres d’Origène, souleva des controverses, de son vivant ou après sa mort. On ne s’étonnera donc pas que certains points de détail, apparemment secondaires, soient ici traités avec soin : c’est qu’ils furent par la suite une « pomme de discorde ».
4Les discussions des médiévaux et des modernes au sujet d’Origène prennent aussi leurs sources dans ce qu’il est convenu d’appeler « les controverses origénistes » de l’Antiquité. Les arguments qui furent alors soulevés en faveur ou au détriment d’Origène sont ceux que l’on retrouve du VIe au XVIIIe siècle ; il importe donc de les analyser2.
5Un dernier souci, enfin, a influencé notre présentation : celui d’établir clairement les différents aspects de la question origénienne qu’aborda Pierre Halloix.
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1. — La vie d’Origène
6Origène3 est né à Alexandrie en 185. Ses parents étaient chrétiens et son père lui donna, dès son enfance, une solide formation scripturaire. Mais l’Église était alors en proie aux persécutions : en 208, le père d’Origène mourait décapité. Le jeune homme dut subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille en donnant des leçons de grammaire.
7Bientôt, l’évêque d’Alexandrie, Démétrius, lui demanda d’assumer l’instruction des catéchumènes. Origène y consentit. Durant de nombreuses années, il attira à lui un grand nombre d’élèves, tant par la valeur de son enseignement que par l’exemple de sa propre vie. Il pratiquait, en effet, une ascèse rigoureuse, qui l’amena même à se mutiler. Pour se justifier, Origène dira avoir appliqué à la lettre les paroles du Christ : « Il y a des eunuques qui se sont rendus tels en vue du Royaume des cieux4. » Les élèves d’Origène étaient fréquemment les victimes des persécutions dirigées contre les chrétiens ; plusieurs fois, leur maître intervint pour les assister.
8Au nombre des auditeurs d’Origène, se trouvaient « des hérétiques, des hommes formés aux études grecques, des philosophes ». Origène estima que, pour pouvoir discuter avec eux, il devait acquérir leur culture. Il reprit à cette fin des études de philosophie, qui le mirent en contact avec le platonisme. C’est ainsi qu’il fut l’élève d’Ammonios Saccas, le maître de Plotin et le fondateur du néo-platonisme. Subit-il son influence ? On s’accorde aujourd’hui à penser que non. Par contre, il entra personnellement en contact avec l’œuvre de Platon et lut surtout ses commentateurs du IIe siècle, les représentants du moyen-platonisme. Aussi la pensée origénienne sera-t-elle surtout marquée par ce platonisme « éclectique et mystique »5.
9Une fois acquise cette formation philosophique, Origène reprit le projet qui avait été celui de Pantène et de Clément : fonder « une sorte d’université, le didascalée, où toutes les sciences humaines seraient mises au service d’une plus grande intelligence de la parole de Dieu6 ». Cette école était ouverte à tous et non plus seulement à ceux qui désiraient accéder au baptême ; cependant, plusieurs élèves se convertirent, tel Ambroise, qui deviendra l’ami et le mécène d’Origène. Ce dernier enseigna au didascalée d’Alexandrie de 212 à 231. C’est durant cette période qu’il écrivit ses premiers ouvrages, qui sont l’écho de son enseignement et de sa méditation de la Bible. Il fit aussi plusieurs voyages à Rome, en Arabie, à Antioche, où on l’appelait pour recevoir de lui un enseignement religieux.
10Alors qu’il passait par la Palestine, les évêques de Césarée, de Jérusalem et d’autres cités le prièrent de prêcher devant leurs communautés. Il le fit, bien qu’il ne fût pas prêtre, mécontentant ainsi grandement l’évêque d’Alexandrie7. Quinze ans plus tard, au cours d’un nouveau voyage en Palestine, Origène fut ordonné prêtre par les évêques du pays8. « Cette ordination était entachée d’une double irrégularité. Origène avait reçu la prêtrise sans l’autorisation de son évêque et malgré l’empêchement contracté par sa mutilation volontaire9. » Démétrius fut à nouveau vivement contrarié. À peine Origène était-il de retour à Alexandrie que l’évêque lui notifiait son mécontentement et lui rappelait sa mutilation10. Démétrius était-il jaloux d’Origène comme l’affirme Eusèbe11 ? Reprochait-il au didascale les opinions qu’il venait d’exposer dans le De Principiis ? C’est la thèse d’historiens modernes12. Quoi qu’il en soit, « en 231, Démétrius réunissait un synode d’évêques égyptiens et de prêtres d’Alexandrie qui déclarèrent Origène indigne d’enseigner et l’exclurent de l’Église d’Alexandrie. La même année ou l’année suivante, Démétrius présida un second synode à Alexandrie et Origène fut déclaré privé de la dignité sacerdotale ; une encyclique publiée par Démétrius fit connaître ces résolutions à toutes les provinces13 ».
11Origène s’installa alors à Césarée, où il reprit ses anciennes activités, l’enseignement et la méditation de l’Écriture. Grégoire le Thaumaturge, qui, à cette époque, eut Origène comme professeur, lui adressa au terme de ses études un Discours de. remerciement fort élogieux. Origène continuait également à écrire. Lorsqu’en 235, son ami Ambroise fut menacé par la persécution de Maximin, Origène lui adressa une Exhortation au martyre. À cette époque, on sollicitait de partout ses conseils et plusieurs fois il fut appelé pour trancher des questions de foi ou étouffer des hérésies naissantes. Origène, enfin, entreprit alors de prêcher régulièrement.
12Toutes ces activités furent brusquement interrompues en 250 par la persécution de Dèce, qui atteignait alors son paroxisme. Saisi et torturé, Origène endura de terribles souffrances. Quelques années plus tard, en 253, il en mourait.
13La vie d’Origène a soulevé de tout temps, et au XVIIe siècle en particulier, bien des controverses. Ses détracteurs l’ont attaqué sur sa mutilation, sa prédication et son ordination illégales. Ils lui ont reproché son étude du platonisme et en ont fait la source de ses « hérésies ».
14Dès le Moyen Âge par exemple, « le geste héroïque » d’Origène est sans cesse évoqué14 « Tout le monde sait, affirmait un auteur du XVIIe siècle, jusqu’où le porta l’amour qu’Origène avait pour la chasteté : il y a des gens qui ne savent presque de toute sa vie que cette seule action15. » Certains pensent, comme Dupin en 1686, que « quoiqu’il ait pu l’avoir fait dans un bon motif, il est constant que l’action d’Origène ne peut point être défendue16 ». « Ce fut là une erreur assez grossière », affirmera de même un protestant au début du XVIIIe siècle17. En agissant de la sorte, Origène ne fut-il pas « homicide de soi-même et ennemi de l’ouvrage de Dieu18 ? » Beaucoup, pourtant, se montrent indulgents envers un geste inspiré par un zèle mal éclairé. Origène lui-même a regretté son acte, rappellent ses apologistes et Halloix avec eux19.
15Mais il y avait plus grave. En prêchant sans être prêtre malgré, disait-on, les règlements ecclésiastiques, en se faisant ordonner par des évêques étrangers, Origène ne s’était-il pas insurgé contre les lois de l’Église ? N’avait-il pas bravé l’autorité ? L’interdit de Démétrius paraissait à beaucoup justifié20. Mais les partisans d’Origène s’insurgeaient, tel cet auteur du XVIIe siècle : « Qu’avait fait Origène qui méritât l’exil, l’interdit, la déposition, l’excommunication ? S’il était devenu Prêtre, il étoit injuste de lui en faire un crime. C’étoit plutôt celui des Évêques qui l’avoient ordonné malgré sa résistance, qui avaient fait une sainte violence à son humilité. Mais étoit-il coupable d’avoir trop de mérite, trop de science, trop de vertu, trop de réputation21 ? » Et chacun d’invoquer cet argument : « Il étoit visible que Démétrius jaloux de la gloire d’Origène ne se résoudroit jamais à l’élever au sacerdoce et qu’il étoit bien aise d’avoir un prétexte pour le tenir dans l’obscurité et dans la poussière22. »
16Origène, enfin, avait été l’élève d’Ammonios Saccas. Inutile, aux yeux de ses détracteurs, de chercher plus loin la cause de ses hérésies. « Lorsqu’il étudia la philosophie sous Ammonius, déclarait par exemple un jésuite en 1700, il donna si fort la préférence à celle de Platon qui estoit la plus célèbre alors et il se mit ensuite si avant dans l’esprit qu’elle n’avoit rien que de très conforme à nos mystères que ce fut ce qui le perdit. » Il était dès lors facile pour cet auteur d’expliquer « les hérésies de cet adorateur de Platon23 ». Nous reviendrons sur les controverses qu’a soulevées le platonisme d’Origène. Soulignons seulement ici que les partisans d’Origène, eux, remarquaient qu’en se mettant à l’étude de la philosophie païenne, Origène « avoit suivi l’exemple de quelques grands Personnages comme Héracle, et Saint Pantène » et que « lui-même d’ailleurs dans une lettre à Saint Grégoire Thaumaturge avait remarqué qu’il faut user d’une grande modération dans ce genre d’étude24 ».
17À l’inverse des adversaires d’Origène, qui trouvaient dans sa vie des motifs de l’accuser, ses partisans se plaisaient à y relever maints objets d’admiration. Écoutons cet ecclésiastique français du XVIIIe siècle, il nous semble résumer parfaitement les motifs de l’estime qu’on portait à Origène. « Il avoit, écrit-il, une modestie, une douceur et une humilité admirables, un esprit élevé, beau et sublime, un savoir profond et une érudition très vaste. Les mœurs de ce grand homme étoient d’une pureté admirable. Il avoit un zèle ardent pour répandre les Vérités et la morale de l’Évangile, il ruinoit sa santé à force de veilles et de jeunes25 » S’étonnera-t-on dès lors que « la sainteté » d’Origène ait soulevé, au XVIIe siècle, des controverses26 ? Ses partisans lui vouaient, nous semble-t-il, une véritable vénération27.
18Mais on mesurerait mal la teneur du débat sur la vie d’Origène si on ne tenait compte des sources sur lesquelles les controversistes se sont basés. Ainsi le premier biographe d’Origène, Eusèbe, en a fixé les traits sous un jour édifiant28. Cet historien de l’Église vivait à Césarée, à la fin du IIIe siècle, et lui-même affirme avoir recueilli les récits de presbytres qui avaient connu personnellement Origène29. Il était en outre le disciple de Pamphile, un fervent admirateur d’Origène. Ensemble, ils en avaient écrit une Apologie avant qu’Eusèbe ne fasse dans le livre VI de l’Histoire ecclésiastique un long récit de la vie d’« Adamance »30. Celui-ci porte la trace des circonstances dans lesquelles il a été écrit : il fourmille de traits attachants et de détails révélateurs de la grandeur d’âme d’Origène. « C’est un panégyrique plus qu’une biographie pure et simple31. » Aussi remarquait-on récemment « qu’il faut faire la part dans ce texte d’une certaine exagération qui est bien dans le style de l’hagiographie antique32 ». Mais s’en apercevait-on autrefois ? Il nous semble que non33 Halloix, en tout cas, loin d’atténuer les louanges d’Eusèbe, les amplifie nettement34.
19Une autre source est le Discours de Remerciement que Grégoire le Thaumaturge adressa à Origène35. Il contient peu de détails biographiques mais beaucoup de traits utiles à la connaissance de la personnalité d’Origène. L’ancien élève y exprime « toute son admiration pour un maître qui lui avait expliqué les splendeurs de la foi36 ». Ce récit comporte donc lui aussi un aspect nettement laudatif.
20L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe et le Discours de Remerciement de Grégoire connurent pourtant des destins différents. Très tôt, le récit d’Eusèbe a été traduit en latin par Rufin. Les historiens du Moyen Âge y puisèrent donc sans problème37. Le texte de Grégoire, par contre, lui aussi écrit en grec, n’a pas trouvé de traducteur : le Moyen Âge et la Renaissance l’ignorèrent. Ce fut donc une des grandes acquisitions des études origéniennes du XVIIe siècle que la lecture de cette source38.
21Cent cinquante ans après la mort d’Origène, Épiphane traçait de sa vie le tableau le plus sombre39. Cet homme manquait de sens critique, les historiens le reconnaissent aujourd’hui unanimement40 Lorsqu’il traite d’Origène, on peut en outre le soupçonner de parti-pris, car il tenait l’Alexandrin pour un des pires hérétiques. Qu’on en juge : « Arrêté, sous Dèce, comme chrétien, Origène aurait été soumis à toutes sortes de tortures. Puis on l’aurait placé sur les degrés du temple de Sérapis pour distribuer des palmes aux adorateurs du dieu ; mais il leur aurait fièrement crié de les offrir au Christ. De nouveaux supplices ne l’auraient toujours point ébranlé. À cause de sa grande réputation, les magistrats tenaient à sa chute. Alors le diable leur suggéra une ruse infernale : s’il ne sacrifiait pas aux idoles, il aurait à subir les violences d’un Éthiopien. Origène, affolé, aurait déclaré qu’il préférait sacrifier. On lui aurait mis de l’encens dans la main et il l’aurait fait tomber sur le foyer de l’autel. Ainsi privé de la gloire du martyre, il aurait été chassé de l’Église41. »
22La critique moderne considère ce récit de l’apostasie d’Origène comme absolument fantaisiste. Il présente cependant l’avantage d’expliquer comment Origène, si vertueux d’après Eusèbe, est l’auteur de théories aussi peu orthodoxes. Aussi « les théologiens et les hommes spirituels du Moyen Âge y feront [...] souvent allusion ». Les historiens médiévaux, par contre, l’ignoreront volontairement42. Du XVe au XVIIIe siècle, la prétendue apostasie d’Origène est « un thème quasi obligé » pour tout qui traite de ce Père de l’Église. « Les historiens les plus graves dépensent leurs forces critiques à déraciner une persuasion tenace43 » : parmi eux, Pierre Halloix, qui aborde plusieurs fois la question dans l’Origenes Defensus44. Pourtant, nombreux sont encore ceux qui, durant les Temps modernes, s’inspirent directement d’Épiphane45.
23Mais il n’est pas que la vie d’Origène qui souleva des controverses. C’est même là une composante mineure dans le grand débat origénien. Plus essentielles sont les questions soulevées par sa pensée et son exégèse.
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2. — L’exégèse d’Origène
24L’œuvre d’Origène, considérable par le nombre et l’importance, est principalement constituée d’ouvrages relatifs à l’Écriture.
25Les Hexaples sont une concordance des différents textes de la Bible grecs et hébreux. En effectuant ce travail, Origène, a-t-on dit, « a fondé la critique biblique46 ». Au XVIIe siècle en tout cas, alors que l’exégèse connaissait un prodigieux essor, plus d’un érudit se pencha sur les fragments des Hexaples qui étaient conservés. Au nombre de ces érudits, Morin, le correspondant d’Halloix47.
26Origène a écrit sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament et ce, sous trois formes différentes : les scholies, brèves explications de passages difficiles, les homélies et les commentaires. Une part importante de cette production est perdue ; le reste est conservé dans les traductions latines de saint Jérôme et de Rufin, plus rarement dans le texte grec original48.
27On estime qu’Origène est « le premier grand maître de l’exégèse49 » et déjà Richard Simon remarquait que « la plupart des Pères qui ont vécu après lui n’ont fait presqu’autre chose que copier ses commentaires et ses autres traités sur l’Écriture50 ». Origène appliquait dans sa lecture de la Bible « la doctrine des trois sens scripturaires51 ». « Voici, disait Érasme, l’ordre qu’il suit : il commence par exposer l’histoire, limpidement et brièvement, chaque fois que le sujet l’exige ; puis il excite l’auditeur à découvrir les sens les plus profonds de l’allégorie ; et aussitôt après, il traite les aspects moraux52. » Trois niveaux, donc, dans l’exégèse origénienne : l’histoire, Origène établit le sens littéral du texte ; la mystique, Origène recherche « le mystère caché en Dieu jusqu’à ce qu’il fût révélé en Jésus-Christ53 » ; la morale, Origène déduit de ce qui précède les applications individuelles. C’est là la méthode la plus fréquemment adoptée par Origène. Mais parfois l’exégète donne à son commentaire biblique une structure différente : le sens moral précède le sens spirituel plutôt que de le suivre. Dans ce cas, « Origène tire du texte sacré diverses moralités qui peuvent n’avoir rien de spécifiquement chrétien » et qui sont aussi bien souvent arbitraires54. C’est ce qu’on a coutume d’appeler son « allégorisme ». C’est aussi ce qu’on désigne habituellement comme « la partie caduque » de son œuvre55. L’Alexandrin se montre ici l’héritier d’une tradition juive : Philon, le plus grand représentant de cette école, considérait « que tous les passages de l’Écriture ont un sens figuré ». Pour Origène également « la Bible est une immense allégorie, un immense sacrement où tout est symbole56. »
28L’exégèse d’Origène a connu un destin contrasté : sa doctrine des trois sens scripturaires a influencé profondément le Moyen Âge latin57 ; à la Renaissance, Érasme, par exemple, a voué à l’exégèse origénienne une immense admiration58 il est fort probab »e qu’au XVIIe siècle, les grands exégètes soient retournés à l’œuvre biblique d’Origène59.
29Mais, en même temps, l’allégorisme de l’Alexandrin a toujours été critiqué. Déjà les Pères « proclamaient qu’Origène s’adonnait trop volontiers à l’allégorie60 ». Et si le Moyen Âge, dont on connaît le goût pour le symbolisme, n’a fait aucun reproche à Origène sur ce point, au XVIe siècle, les Réformateurs s’élevèrent vivement « contre l’incroyable désir d’Origène de transformer toute l’Escripture en allégories61 ». Luther s’était détaché progressivement du sens allégorique62 D’autres Réformateurs le suivirent et vouèrent dès lors une animosité tenace à l’allégorisme des Pères et à celui d’Origène en particulier63. Au XVIIIe siècle encore, plusieurs auteurs protestants reprochaient à Origène « de ne faire que des moralités tirées de l’Écriture à force d’allégories64 ». Les catholiques alors, réagirent. « Ces Novateurs, disait un bénédictin, croient l’Écriture épuisée par le seul sens littéral : ou s’ils reconnoissent quelques sens allégoriques, ce n’est que lorsque l’Écriture les a développez, rejettant ceux que les Pères de l’Église ont cru y pouvoir trouver. Quoi donc, ne sera-t-il pas permis aux Pères de l’Église d’imiter ce qu’ont fait les Apôtres, ce qu’a fait Jésus-Christ même ? » Et ce théologien de prendre la défense d’Origène65 Halloix, lui aussi, s’est élevé en faveur de l’Alexandrin contre les protestants, les accusant de lui vouer « une haine démesurée », de considérer à tort « ses commentaires comme des inepties vaines et creuses » et de l’appeler « le plus corrompu de tous les exégètes66 ».
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3. — La pensée d’Origène
30Il nous reste à envisager la principale cause des condamnations portées contre Origène : le De Principiis67. Personne jusqu’à l’époque d’Origène n’avait eu l’audace de faire un exposé systématique de l’ensemble de la doctrine chrétienne. Origène, le premier, se lança dans cette entreprise périlleuse. Le titre même qu’il donna à son ouvrage, Sur les principes, prouve qu’il voulait englober toutes les questions de « physique », — celles que posent la vie du monde et les êtres qu’il contient, — et tenter de les expliquer à l’aide d’un petit nombre de principes constitutifs68. Ce projet, disions-nous, était périlleux. Pourquoi ? Parce que, du temps d’Origène, bien des questions restaient ouvertes : qu’y avait-il avant ce monde et qu’y aura-t-il après ? L’âme tire-t-elle son origine de la transmission de la semence ou a-t-elle un autre commencement ? Le Saint-Esprit est-il engendré (γεννητóς) ou inengendré (ἀγέννητος) ? Autant de questions sur lesquelles l’Écriture ne s’explique pas clairement et qui n’étaient pas encore, au début du IIIe siècle, tranchées par l’Église69. Dans la préface de son ouvrage, Origène expose son projet ainsi résumé par Madame Harl : « Notre prédication ecclésiastique, dit-il, enseigne certains points doctrinaux d’une façon bien assurée, mais elle n’a pas encore de réponse certaine sur d’autres points ; un travail de recherche reste à faire pour ceux qui veulent justifier leur foi par leur raison ; dans le prolongement de ce qui est transmis par la tradition apostolique un espace libre s’offre au travail de réflexion70.» Dès lors, Origène proposera des opinions en insistant sur leur caractère personnel. Soulignons ce point : ce sera un des principaux arguments des apologistes d’Origène71. On trouve donc, dans le Peri Archôn, des doctrines qui sont l’écho de l’enseignement de l’Église et d’autres qui relèvent d’une systématisation personnelle. Pour résoudre les questions difficiles, d’une part, pour donner à son œuvre une structure rationnelle, de l’autre, Origène fit appel à la philosophie de son temps, le moyen-platonisme, comme la plupart des premiers penseurs chrétiens72. Fut-ce vraiment là « la cause de sa ruine », comme l’affirmait, Érasme73 ? La question a de tout temps été passionnément débattue74.
31Il importe ici de suivre les débats que la lecture du De Principiis souleva dans l’Antiquité75.
32Nous manquons de renseignements sur l’accueil que reçut le Peri Archôn du vivant d’Origène. Il est probable que tant d’hypothèses hardies émurent et soulevèrent des discussions. Très tôt après sa mort, en tout cas, apparurent de vives controverses, liées à la lecture de cet ouvrage. Les disciples d’Origène furent obligés de le défendre, notamment contre les attaques de Méthode d’Olympe. Ce théologien, dans son Aglaophon ou Sur la Résurrection, s’en prenait à la conception origéniste de la résurrection. Sur la base d’un contresens, il prétendait qu’Origène avait nié l’identité matérielle des corps réssuscités et des corps mortels. Son influence dans les controverses origénistes fut considérable76.
33Au cours du IVe siècle, à mesure que les doctrines chrétiennes étaient définies avec plus de précision, certaines positions d’Origène furent jugées incompatibles avec les formules « orthodoxes ». Ainsi Épiphane, dans le Panarion, son grand ouvrage contre les hérésies, consacra l’hérésie 64 aux doctrines d’Origène77 Les griefs qu’il énumérait, eux-mêmes repris en grande partie du De Resurrectione de Méthode, furent à leur tour recopiés par saint Jérôme et Théophile. Saint Jérôme avait été un admirateur inconditionnel d’Origène78. Théophile, le patriarche d’Alexandrie, lui aussi, n’avait manifesté au départ que de la sympathie pour les œuvres d’Origène. Mais l’un et l’autre devinrent des « adversaires intraitables d’Origène79 », Théophile pour des motifs politiques80, saint Jérôme on ne sait trop pourquoi81. Les écrits antiorigénistes les plus marquants de saint Jérôme sont le Contra Johannem Hierosolymitanum, dirigé contre l’évêque de Jérusalem qui était resté fidèle à Origène82, et l'Epistola 124 à Avitus83. Théophile quant à lui choisit plusieurs années de suite, en 401, 402, 404, de consacrer ses Lettres festoies aux erreurs d’Origène84. Voici les condamnations qu’Épiphane et, à sa suite, Jérôme et Théophile, portèrent contre les doctrines origénistes. En théologie trinitaire, ils considéraient Origène comme « subordinationiste » (le Fils serait inférieur au Père) et le traitaient même de « père de l’arianisme » (le Fils serait une « créature » du Père). En anthropologie, ils lui reprochaient le « mythe » de la préexistence et de la chute des âmes (où ils voyaient une reprise des mythes platoniciens ou de la conception pythagoricienne de la métempsychose). Ils jugeaient son hypothèse de la succession des mondes incompatible avec le « une fois pour toutes » de la mort rédemptrice du Christ. En exégèse enfin, nous en avons parlé, ils accusaient Origène d’avoir vidé les textes de leurs sens « historique » au profit d’une interprétation « allégorique »85.
34Ces accusations, souvent fondées, ont vivement impressionné les auteurs du Moyen Âge et des Temps modernes, qui n’ont cessé d’en discuter. Le témoignage de saint Jérôme, en particulier, leur paraissait accablant86. Le réfuter, c’était aller à l’encontre d’un des plus grands Pères de l’Église : Halloix, qui s’y hasardera, se verra mis à l’index.
35Pourtant, face aux « détracteurs » d’Origène, s’étaient dressés, dès l’Antiquité, des lecteurs du Peri Archôn « qui avaient su distinguer ce qu’il apportait à la fois de neuf et de droitement chrétien87 ». À l’époque où Méthode d’Olympe écrivait le De Resurrectione, Pamphile et Eusèbe composaient la première Apologie connue d’Origène88.
36Cet ouvrage tient une place considérable dans les controverses origénistes : dès l’Antiquité, les partisans d’Origène l’ont invoqué en sa faveur, tandis que ses détracteurs tentaient d’en nier la valeur. De la Renaissance au XXe siècle, bon nombre d’éditeurs ont imprimé ce texte en annexe des œuvres origéniennes, comme un complément indispensable à la connaissance de l’Alexandrin89. Halloix, lui aussi, déclara à plusieurs reprises s’être directement inspiré de cette Apologie pour écrire l'Origenes Defensus90.
37Cet ouvrage, composé entre 307 et 309, comprenait six tomes ; seuls nous restent la préface et le livre I, traduits en latin par Rufin. Dans la préface, que Pamphile adresse « aux confesseurs condamnés aux mines de Palestine », il rapporte ceci : des calomnies ont été lancées contre Origène ; elles ont rencontré un écho même chez les confesseurs de la foi ; aussi a-t-il « décidé d’abord de guérir leurs soupçons, puis, par la même occasion, de réfuter les calomnies de tous ceux qui dénigrent Origène » ; pour cela il va montrer, en citant des passages du Peri Archôn et d’autres ouvrages d’Origène, ce que ce dernier a vraiment pensé. Insistons sur la méthode de Pamphile : c’est celle qu’après lui, Halloix adoptera dans l'Origenes Defensus. Le chapitre I du livre premier rappelle la profession de foi qu’Origène avait faite en préface au De Principiis. Ensuite, à l’aide d’autres extraits, Pamphile montre qu’Origène a critiqué les hérétiques : dès lors, comment pourrait-il être hérétique lui-même ? La deuxième partie du livre premier est consacrée à la doctrine trinitaire d’Origène. Pamphile cherche à montrer que l’Alexandrin n’a jamais enseigné que le Fils de Dieu était une créature, que, par contre, il a professé que l’Esprit-Saint a la même immutabilité que le Père et le Fils et qu’il a affirmé l’égalité des trois personnes de la Trinité. La dernière partie du livre consiste à répondre à neuf accusations particulières que l’on portait contre Origène. Pamphile réfute ces accusations « malveillantes » une à une, en produisant des textes d’Origène lui-même. On devine le parti que les défenseurs d’Origène ont pu tirer de cet ouvrage.
38Un problème se posait pourtant : qui en était l’auteur véritable ? Le martyr Pamphile ou le semi-arien Eusèbe ? Saint Jérôme, le premier, souleva la question et tenta d’attribuer à Eusèbe seul la paternité de l’œuvre. Le patronage d’un martyr lui semblait, en effet, un argument trop sérieux pour laisser les origénistes en profiter91. Pourtant, à l’encontre de son opinion, la critique moderne, suivant en cela Photius,92 considère unanimement que les cinq premiers livres sont le fruit d’une collaboration de Pamphile, alors en prison, et d’Eusèbe. Après la mort du martyr, Eusèbe acheva seul le sixième livre93.
39On peut certes penser que c’est là une mauvaise querelle sur une question qui ne regarde pas le fond du débat. Que l’œuvre soit du martyr Pamphile ou du semi-arien Eusèbe, peu importe si les textes allégués sont bien d’Origène. De nombreux controversistes, pourtant, se sont battus sur ce sujet. À la fin du XVe siècle, Pic de la Mirandole consacrait une large partie de sa De salute Origenis Disputatio à examiner la question94. Au XVIe siècle, Sixte de Sienne, par exemple, croyait pouvoir trancher le débat en faveur du seul Pamphile95. Au XVIIIe siècle, le mauriste Delarue réunissait et publiait toutes les sources antiques relatives à la paternité de l'Apologie dite de Pamphile96. Plus qu’aucun autre ce problème a préoccupé Halloix. Tout un chapitre de l’Origenes Defensus lui est consacré ; plusieurs fois dans sa correspondance le jésuite en traite ; lui-même enfin rapporte une conversation qu’il eut à ce propos avec un théologien97.
40D’autres apologies d’Origène, dues à des hommes de valeur, auraient été composées au début du IVe siècle98 Malheureusement, à part celle de Pamphile et d’Eusèbe, nous n’en avons conservé aucune99.
41Au milieu du siècle, saint Athanase donnait en faveur d’Origène un témoignage étonnant. Ce dernier, on le sait, était alors particulièrement attaqué au sujet de sa doctrine trinitaire. Or, dans sa lettre De decretis Nicaenae Synodi, écrite en 350 ou peu après, Athanase justifie l’emploi du mot « consubstantiel » contre les objections des ariens. Bien que ce mot, dit-il, soit absent des Écritures, il correspond à la croyance ancienne et constante des chrétiens. Pour soutenir cette affirmation, Athanase cite des textes de Denys de Rome et... d’Origène100 ! Ce témoignage d’un des plus grands Pères grecs en faveur de l’orthodoxie d’Origène sera précieux à ses apologistes futurs, qui l’opposeront aux « anathèmes » de Jérôme et d’Épiphane. Halloix, par exemple, utilisera abondamment cet argument101.
42Tout aussi précieux était aux yeux du jésuite, et des défenseurs d’Origène en général, ce que Jérôme rapportait de Didyme, le chef du didascalée d’Alexandrie. Celui-ci, dit Jérôme, appelait Origène « le second maître de l’Église après l’Apôtre102 » et avait composé des Commentaires sur le Peri Archôn, dans lequel il essayait d’excuser les erreurs d’Origène103. Rappelons qu’au moment où il composait l'Origenes Defensus, Halloix projetait d’écrire une biographie de Didyme l’Aveugle. Cela explique pourquoi il y fait continuellement référence104.
43Un des élèves de Didyme, Rufin d’Aquilée, allait jouer dans les controverses relatives au Peri Archôn un rôle déterminant. C’est lui, en effet, qui a introduit la thèse, continuellement reprise depuis, de la falsification des écrits d’Origène. Dans une Lettre à des amis d’Alexandrie, Origène affirmait qu’on lui prêtait des théories qu’il n’avait jamais soutenues, se défendant, par exemple, d’avoir professé le salut du diable. « Ma doctrine, ajoutait-il, a été fasifiée palmes ennemis105 » Sans doute est-ce cette lettre qui a suggéré à Rufin sa théorie selon laquelle les passages d’allure hérétique contenus dans le Peri Archôn étaient, en fait, des interpolations malveillantes. Il la développa longuement dans son De adulteratione librorum Origenis, qu’il inséra en épilogue à sa traduction du livre premier de l'Apologie de Pamphile et d’Eusèbe106.
44Ce petit traité a connu un succès étonnant. Dès le début du XVIe siècle, les imprimeurs l’éditaient en même temps que les œuvres d’Origène, inaugurant ainsi une pratique qui ne fut jamais abandonnée107. Depuis le Moyen Âge, d’autre part, la thèse de Rufin était admise108 ; durant les Temps modernes, rares sont les apologistes d’Origène ou les patrologues qui n’en font pas mention. « Ce serait une témérité impardonnable d’attribuer aujourd’hui à Origène toutes les erreurs que l’on trouve dans ses écrits, remarquait un auteur en 1739, puisqu’il y en a quelques-unes que l’on sçait assûrement y avoir été inserées par des mains étrangères, comme il s’en est plaint lui-même109. » Déjà au XVe siècle, Pic de la Mirandole a fait usage de cet argument110. Après lui, Merlin et Champier au XVIe111, Halloix et tant d’autres au XVIIe siècle y ont recouru112. La critique moderne reconnaît, elle aussi, la posssibilité d’interpolations dans l’œuvre d’Origène, mais elle exige, pour chaque cas, un examen approfondi113.
45Concluons, avec un auteur du XVIIIe siècle, que « le Grand Origène est sans contredit celui de tous les anciens Pères dont la Doctrine a le plus partagé les esprits. L’on vit, de son vivant et après sa mort, de sçavans Personnages, de grands Saints, d’illustres Martyrs, animés les uns contre les autres à son sujet ; les uns le regardant comme le plus grand Docteur qu’ait eu l’Église après les Apôtres, les autres le jugèrent digne de tous les anathèmes que l’on fulmina jamais contre les Hérétiques114. »
46Confrontés à cette situation, les défenseurs d’Origène ont, dès le Moyen Âge, adopté un système de défense qu’après eux reprirent bon nombre d’écrivains des Temps modernes. Leur plaidoyer est inspiré en droite ligne des débats antiques. Origène disait de ses théories : « Ce sont des sujets de discussion pour les lecteurs plutôt que des doctrines assurées et définies115. » Ses apologistes y ont vu une première manière de l’excuser. Il traitait, d’autre part, « de choses qui n’estant pas expressément dans l’Écriture n’estoient pas non plus encore bien éclaircies par la tradition et par l’autorité de l’Église116 ». N’était-ce pas un second motif pour pardonner ses erreurs117 ? Ses défenseurs l’ont cru. Origène, enfin, avait été la victime des hérétiques qui falsifiaient ses œuvres ; lui-même l’avait déclaré et Pamphile le croyait. Ce fut, aux yeux de ses apologistes, une raison déterminante pour le laver de tout soupçon d’hérésie.
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4. — Les condamnations conciliaires
A. — Les condamnations de la fin du IVe siècle
47À la fin du IVe siècle, la controverse origéniste était entrée dans une phase « d’inextricable désordre118 ». C’est alors que saint Jérôme écrivit contre Origène ses écrits les plus mordants. Théophile, le patriarche d’Alexandrie, s’était rangé aux côtés des adversaires d’Origène pour des motifs purement politiques. L’antiorigénisme lui était apparu, en effet, comme un moyen d’écraser ses ennemis, les moines de Nitrie et Isidore, son ancien conseiller119. En 400, il condamnait solennellement maintes propositions hétérodoxes attribuées à Origène. Dès la clôture du concile, il en envoyait la liste aux évêques de Palestine et de Syrie. En réponse, ceux-ci communiquèrent à Théophile « leur adhésion froide et digne120 » à la condamnation d’Origène. Théophile avait également envoyé sa synodique au pape Anastase Ier. Celui-ci se rallia à l’avis du patriarche d’Alexandrie et le fit savoir aux évêques d’Italie. Théophile, enfin, avait obtenu des empereurs Honorius et Arcadius qu’ils interdisent la lecture des livres d’Origène121.
48En Orient, la lutte se prolongea quelques années, mettant aux prises Épiphane et Théophile d’une part, saint Jean Chrysostome de l’autre. Plusieurs moines origénistes persécutés par le patriarche d’Alexandrie avaient trouvé refuge à Constantinople. Saint Jean Chrysostome les y avait accueillis, mais sans chercher à leur rendre la communion de l’Eglise dont Théophile les avait privés. Ce dernier pourtant s’estima lésé par la protection donnée aux moines de son obédience. Il commença par convaincre Épiphane de se rendre à Constantinople pour y ouvrir le feu contre les origénistes, puis, arrivé lui-même dans cette ville, il fit déposer saint Jean Chrysostome, accusé notamment d’origénisme. Théophile aurait aimé obtenir du pape Innocent Ier son accord sur ce point, mais celui-ci, au contraire, le désapprouva dans une lettre synodale que nous possédons encore122.
49Les charges contre Origène étaient donc bien lourdes. Les auteurs du Moyen Âge, sans moyen de contrôle, en étaient vivement impressionnés. Nous reviendrons sur cette question ainsi que sur l’attitude des auteurs des Temps modernes123. Mais quels éclaircissements apportent les recherches contemporaines ? Quelle valeur attribue-t-on actuellement au synode tenu par Théophile à Alexandrie ? « Au maximum celle d’un concile régional qui, malgré l’accueil qu’il reçut auprès d’Anastase, n’engage pas l’Église universelle. L’historien souligne, en outre, d’abord que la correspondance des doctrines condamnées avec les textes d’Origène soulève nombre de difficultés, ensuite que les intentions de Théophile rendent ce synode assez suspect : il s’insère, en effet, dans la politique patriarcale du « Pharaon ecclésiastique » et Origène y fut surtout le prétexte qui couvrit les poursuites de Théophile contre Isidore et les moines origénistes, en attendant de servir au même usage dans les persécutions en règle que le patriarche va faire souffrir à son collègue de Constantinople, Jean Chrysostome. Les mesures impériales contre la lecture d’Origène ont probablement été demandées par Théophile sur la suggestion de Jérôme, comme ce dernier s’en vante124. »
B. — Les condamnations conciliaires du VIe siècle
50Au VIe siècle, la question origéniste prit un regain d’actualité et, coup sur coup, en 543 et en 553, Origène fut l’objet de deux condamnations concilaires. Plus encore que la sentence portée par Théophile au IVe siècle, ces condamnations ont impressionné les auteurs médiévaux et modernes. Halloix, pour sa part, a consacré une partie importante de son œuvre à nier la valeur de ces conciles et de leurs décisions125. Il importe donc que nous donnions un bref aperçu historique des événements du VIe siècle et qu’à la lumière de la critique moderne nous tentions à notre tour d’en apprécier la portée.
51Au commencement du VIe siècle « le feu de l’origénisme couvait dans les monastères de Palestine126 ». Certains antiorigénistes profitèrent du passage d’un dignitaire ecclésiastique de Constantinople pour lui remettre un mémoire adressé à l’empereur. Au reçu de cette plainte, Justinien écrivit la fameuse Lettre à Menas, patriarche de Constantinople. Il y énumère les principales erreurs d’Origène, s’attache à les réfuter et expose les mesures qui semblent nécessaires pour enrayer le mal. Afin de montrer que les griefs allégués contre Origène ne sont pas sans fondement, Justinien énumère vingt-quatre passages du Péri Archôn. Il termine en lançant dix anathèmes contre Origène et sa doctrine127.
52Ménas était prié de réunir les évêques présents à Constantinople et les archimandrites en une σὑνοδος ἐνδηµοῠσα qui prononcerait par écrit l’anathème contre Origène et ses erreurs. Il ne différa probablement pas de le faire et le synode se tint vraisemblablement en 543. Toutes les personnes présentes signèrent l’anathème contre Origène. L’empereur, d’autre part, avait écrit au pape Vigile et aux patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui souscrivirent également à la condamnation d’Origène128.
53La considération du contexte historique, mis en lumière par la critique moderne, réduit la portée de cette sentence. D’abord, il est fort probable que Justinien ait forgé son opinion sur Origène d’après le mémoire envoyé par les moines palestiniens. Or celui-ci était composé « de fragments détachés de leur contexte, choisis à dessein pour noircir la mémoire du célèbre docteur ; il contenait sous une forme affirmative des hypothèses simplement proposées par Origène, peut-être même attribuées par lui à d’autres philosophes129 ». On remarque ensuite que la Lettre à Ménas ainsi constituée a peu de valeur au point de vue ecclésiastique. « L’approbation de la σύνοδος ἐνδηµουσα, c’est-à-dire du petit synode domestique permanent qui était à la disposition de l’autocrate byzantin, ne lui en donne pas une bien grande. Elle aurait été envoyée au Pape Vigile et aux patriarches pour être signée par eux : si le Pape y a souscrit nous ne savons guère dans quelle intention il l’a fait. L’intervention justinienne de 543 peut difficilement être considérée comme une condamnation par l’Église universelle130 » Doit-on également suspecter celle de 553 ? La question mérite d’être examinée.
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54Le cinquième concile œcuménique fut réuni en 553 sous la pression de Justinien, « qui prenait une fois de plus le rôle de docteur de l’Église, un rôle où son goût l’entraînait souvent, même quand son devoir de prince ne le contraignait pas à se mêler aux querelles religieuses131 ». Au pape Vigile qui s’opposait à l’ouverture du concile, on fit violence. Mené de force à Constantinople, il fut séquestré et soumis pendant sept ans à « une pression inhumaine132 ». Ces circonstances expliquent que « nos théologiens s’interrogent encore sur la portée précise qu’il convient de reconnaître aux documents signés par Vigile et sur l’autorité que possède le Ve concile œcuménique133 ».
55Ce concile avait été convoqué pour juger l’affaire des « Trois chapitres », un montage de textes attribués à Théodore de Mopsueste, le précurseur de Nestorius, à l’ami de celui-ci, Théodoret, et à leur disciple, Ibas d’Edesse, auteur d’une Lettre à Maris où il exprimait de vives critiques à l’égard de saint Cyrille. En agissant de la sorte, Justinien visait à se concilier les monophysites. Par contre, il s’aliénait les Occidentaux, qui avaient fait réhabiliter ces trois auteurs par le concile de Chalcédoine134.
56Du 5 mai au 2 juin 553, les Pères conciliaires s’occupèrent donc des « Trois chapitres » ; traitèrent-ils alors de l’origénisme ? Les actes officiels n’en font aucune mention : on relève seulement que le nom d’Origène fut prononcé à deux reprises, une fois dans les discussions de la Ve session, une autre fois dans les anathématismes définitifs135. Certains auteurs pensent même qu’il s’agit là d’interpolations136. Jusqu’ici donc nous n’avons pas de trace d’une condamnation explicite et certaine d’Origène.
57Les historiens de l’époque, pourtant, nous rapportent que « le cinquième Synode cuménique ayant été convoqué, Origène, Théodore de Mopsueste, les doctrines d’Évagre du Pont et de Didyme sur la préexistence et l’apocatastase furent frappés de l’anathème137 ». Comment concilier ces témoignages avec les constatations que nous venons de faire ? L’hypothèse la plus généralement acceptée est celle-ci : dans l’attente du pape, qui différait sans cesse son arrivée, et avant l’ouverture du concile œcuménique proprement dit, Justinien aurait soumis aux évêques déjà présents la question origéniste à laquelle lui-même n’accordait que peu d’importance. Ceux-ci en auraient traité rapidement138. Deux documents témoignent de ces événements : la lettre que Justinien adressa aux Pères conciliaires et les quinze anathématismes que ceux-ci rédigèrent à partir de cette lettre139. Tenons-nous, enfin, la condamnation conciliaire à laquelle tant d’auteurs, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, font allusion ? Non. « D’abord cette lettre et ces anathématismes ne s’occupent pas d’Origène mais expressément de ses prétendus partisans du VIe siècle, les Isochristes. Origène est mentionné seulement comme leur principal inspirateur, concurremment avec Platon et même Plotin. Ensuite, certains de ces textes sont une copie littérale de plusieurs des « chapitres gnostiques » d’Évagre le Pontique, en qui se résume l’origénisme du IVe siècle et qui a inspiré celui du VIe siècle... Enfin, ne figurant pas dans les actes officiels, ces anathématismes ne peuvent être considérés comme l’œuvre d’un concile œcuménique. » « On ne peut donc pas dire qu’Origène ait été condamné comme hérétique formel par l’Église universelle140 » Les anathématismes portés contre sa personne ou son œuvre par les conciles médiévaux141 dépendent du canon 11 du cinquième concile œcuménique : ils ne peuvent donc avoir d’autre valeur.
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58Plus qu’aucun autre argument, les déclarations des anciens conciles ont joué en défaveur d’Origène. Les médiévaux ne pouvaient connaître l’histoire « lointaine et compliquée » de l’origénisme. Devant tant de témoignages, ils étaient fortement enclins à compter Origène au nombre des hérétiques142.
59Pendant longtemps, cette attitude subsista. À la fin du XVe siècle, Garcia accuse Pic de la Mirandole d’avoir défendu un homme condamné par des conciles143. Baronius, à la fin du XVIe siècle, accorde aux condamnations conciliaires un poids considérable144. Il est suivi, en 1629, par le jésuite Étienne Binet145. Au début du XVIIe siècle, Bellarmin n’hésite pas à rappeler l’anathème porté par le Ve Synode contre Origène146 Quelques années plus tard, un controversiste protestant remarque ironiquement qu’il ne fera « pas l’apologie d’Origène après que les conciles en ont fait son procez147 ». Partout, durant les Temps modernes, on observe les traces de cette croyance séculaire : Origène a été condamné par les conciles, ses écrits sont donc à proscrire.
60Dès le début du XVIe siècle, pourtant, le retour aux sources prôné par les humanistes a incité les historiens de l’Église à publier et à étudier les textes conciliaires148. En 1567, le chartreux Surius édite les actes du Ve Synode : les érudits s’aperçoivent avec surprise qu’on n’y trouve pas trace de délibérations relatives à Origène149. Tout au long du XVIIe siècle, les éditions conciliaires se succèdent et s’améliorent, donnant lieu aux premières analyses critiques des condamnations portées contre Origène. Halloix, qui traita longuement de cette question en 1648, nous semble avoir été un des premiers à le faire. Dans la seconde moitié du sicèle, Noris, en 1673, et Garnier, en 1675, se sont basés sur ses travaux pour réexaminer le problème posé par le Ve concile œcuménique150. En 1679, Félix Buy publie à Paris une Histoire en abrégé du Ve Concile Général avec une dissertation sur l’Origénisme et, en 1700, le jésuite Louis Doucin donne, à Paris, une Histoire des mouvements arrivés dans l’Église au sujet d’Origène et de sa doctrine. Entretemps, Pierre Lambeck avait fait à Vienne une découverte spectaculaire : un manuscrit contenant les 15 anathématismes portés contre Origène avant l’ouverture du Ve Synode, inconnus jusqu’alors. Publié en 1679, ce document devait alimenter le débat autour d’Origène depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours151
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Notes de bas de page
1 Le relevé le plus complet de ces études est celui de H. Crouzel, Bibliographie critique d’Origène, Steenbrugge, 1971. Un relevé plus succinct se trouve dans H. Crouzel, Origène et la « connaissance mystique », Paris, 1961, p. 537-578.
2 Sur les controverses origénistes de l’Antiquité, on verra surtout A. d’Alès, Origénisme, dans D.A.F.C., t. III, col. 1228-1258 ; G. Fritz, Orignénisme, dans D.T.C., t. XI, col. 1565-1588. Sur la controverse origéniste du IVe siècle, F. Cavallera, Saint Jérôme, sa vie et son œuvre, t. I, Louvain, 1922, 1. IV, La controverse origéniste (393-402), p. 193-286 ; et sur celle du VIe siècle, L. Duchesne, L'Église au VIe siècle, Paris, 1925, ch. V, Origène et les trois chapitres, p. 156-218 ; E. Amann, Trois chapitres (Affaire des), dans D.T.C., t. XV/2, col. 1868-1924 ; A. Guillaumont, Les « Kaphalia Gnostica », d’Évagre le Pontique et l'histoire de l'origénisme, Paris, 1962.
3 Pour établir cet aperçu de la vie d’Origène, nous nous sommes bases sur J. Daniélou, Origène, Paris, 1948, ch. I, La Vie d’Origène, p. 19-40 ; E. de Faye, Origène, t. I, Sa biographie, Paris, 1923 ; R. Cadiou, La Jeunesse d'Origène. Histoire de l'école d'Alexandrie au début du IIIe siècle, Paris, 1935. Voir aussi le tableau chronologique de la vie d’Origène établi par M. Harl, Origène et la fonction révélatrice du Verbe Incarné, Paris, 1958, p. 70-71. Nous ne citerons les sources que pour les événements de la vie d’Origène qui soulevèrent par la suite des controverses.
4 Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, livre VI, ch. VIII, rapporte la mutilation d’Origène. Celui-ci s’en était auparavant lui-même justifié dans son Commentaire sur Matthieu, ch. XV, en disant avoir appliqué à la lettre le passage de Matthieu, XIX, 12.
5 Sur tout ceci voir J. Daniélou, op. cit., Le milieu philosophique, p. 87-91, qui résume et dépasse les controverses qui ont eu lieu récemment au sujet de la formation philosophique d’Origène.
6 J. Daniélou et H. Marrou, Nouvelle Histoire de l’Église, t. I, Des origines à Saint Grégoire le Grand, Paris, 1963, p. 217.
7 Eusèbe de Césabée, Histoire ecclésiastique, livre VI, ch. XIX, 16-19.
8 Eusèbe de Césarée, op. cit., 1. VI, ch. XXII, 4.
9 Cadiou, op. cit., p. 99.
10 Eusèbe de Césarée, op. cit., 1. VI, ch. VIII, 4-5.
11 Id., ibid.
12 Voir notamment Ch. J. Hefele et H. Leclercq, Histoire des conciles d’après les documents originaux, t. I, Paris, 1907, p. 157-158.
13 Hefele et Leclercq, op. cit., p. 158.
14 H. de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, Paris, 1959, p. 245.
15 J. J. Duguet, Conférences ecclésiastiques ou Dissertations sur les auteurs, les conciles et la discipline des premiers siècles de l'Église, t. I, Cologne, 1742, p 192. (Conférences données en 1680).
16 L. E. Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. I : Des auteurs des trois premiers siècles de l’Église, 3e éd., Paris, 1693, p. 145( lre éd. 1686).
17 J. Barbeyrac, Préface à S. de Pufendorff, Le droit de la nature et des gens, Amsterdam, 1706, p. xliii.
18 Cl. Fleury, Histoire ecclésiastique, t. I, Paris, 1691, p. 104.
19 C’est déjà l’argumentation des médiévaux, cfr de Lubac, op. cit., p. 245. Les modernes, à leur tour, excusent Origène do la sorte, voir, par exemple, R. Ceillier, Apologie de la morale des Pères de l'Église contre les injustes accusations du Sieur Jean Barbeyrac, Paris, 1718, p. 114. Sur la position d’Halloix cfr infra, p. 151.
20 Voir par exemple N. Alexandre, Selecta historiae ecclesiasticae capita. Saeculi Tertii, t. I, Paris, 1677, Dissertatio XV : De Origenis ordinations.
21 Duguet, op. cit., p. 201.
22 Id., ibid.
23 L. Doucin, Histoire des mouvements arrivés dans l'Église au sujet d’Origène et de sa doctrine, Paris, 1700, p. 6-6 et p. 38.
24 B. Maréchal, Concordance des Saints Pères de l’Église, t. II, Paris, 1739, p. 105.
25 P. J. Tricalet, Bibliothèque portative des Pères de l'Église, t. I, Paris, 1758, p. 224-225.
26 Voir surtout la longue controverse qui a opposé le calviniste Jean Daillé et le jésuite Jean Adam au cours des années 1660-1662. Références dans Crouzel, Bibliographie origénienne, op. cit., à ces dates.
27 De Lubac, op. cit., p. 287, parle de « l’affection que les partisans d’Origène vouaient à sa personne » durant le Moyen Age. On a pu dire qu’Érasme « témoignait à Origène de la vénération », cfr M. Schär, Das Nachleben des Origenes im Zeitalter des Humanismus, Bâle, 1979, p. 298, et le c.r. de P. Lardet, dans B.H.R., t. XLIII, Genève, 1981, p. 178.
28 Dans le livre VI de l’Histoire ecclésiastique, qui est presque entièrement consacré à Origène. Nous avons lu ce récit dans la traduction française de G. Bardy, dans Sources Chrétiennes, no 41, Paris, 1955, où l’on trouve également l’édition du texte grec.
29 Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 1. VI, ch. II, 1 et ch. XXXIII, 4.
30 L’Apologie pour Origène, écrite en collaboration avec Pamphile (cfr infra, p. 99), date de 307-310, l’Histoire ecclésiastique de 312 environ. Adamance est le surnom d’Origène.
31 Bardy, op. cit., p. 83, note 1, qui ajoute que, dans le récit d’Eusèbe, « Origène fait figure de héros ».
32 Daniélou, Origène, p. 21.
33 La seule analyse critique du livre de l'Histoire ecclésiastique d’Eusèbe que nous ayons rencontrée dans des ouvrages du XVIIe siècle se trouve dans S. Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, t. III, 2e éd., Paris, 1701, p. 496(lre éd., Paris, 1693) : « Son témoignage [celui d’Eusèbe] peut paroistre suspect, puisqu’on peut l’appeler le panégyriste aussi bien que l’apologiste d’Origène. »
34 Cfr infra, p. 142 et sq.
35 Grégoire, « le Thaumaturge », élève d’Origène, puis évêque de Néocésarée du Pont, né vers 213, mort vers 270. Son Remerciement à Origène, prononcé probablement en 238, a reçu divers titres au cours des éditions successives. Nous l’avons lu dans la traduction de H. Crouzel, dans S.C., n° 148, Paris, 1969.
36 Daniélou, op. cit., p. 20.
37 Cfr de Lubac, op. cit., p. 266, 268-269.
38 Le texte grec fut édité pour la première fois en 1604, à Mayence, par Gérard Vossius, accompagné d’une traduction latine de Jacques Sirmond. Le Discours de Remerciement connut, aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs éditions (1605, 1621, 1722, 1733, 1765). Cfr Crouzel, Bibliographie, p. 99, 101-102, 640. Halloix croit que la traduction latine est de Vossius, voir infra, p. 153, n. 2. Sur Vossius, voir supra, p. 73, n. 1.
39 Épiphane, métropolite de Salamine de Chypre (vers 315-403). Il a retracé la vie d’Origène dans le Panarion, hérésie 64 : « Contre Origène Adamantios », édité dans la P.G., t. 41, col. 1068-1200, et dans G.C.S., t. 31, (Épiphane, t. II), Leipzig, 1922, p. 403-524.
40 « Pieux et érudit, mais sans sens critique, Épiphane était un homme passionné, à la cervelle étroite », « un boute-feu », « crédule et capable de se laisser abuser ». Cfr H. de Lubac, op. cit., p. 257-258.
41 H. de Lubac, op. cit., p. 258, résumé du récit d’Épiphane.
42 H. de Lubac, op. cit., p. 268.
43 H. de Lubac, préface à H. Crouzel, Une controverse sur Origène à la Renaissance, Paris, 1977, p. 7.
44 Halloix, Origenes Defensus, p. 219, 251-258.
45 Notamment Doucin, op. cit., p. 53.
46 Daniélou et Marrou, op. cit., p. 219.
47 En 1628, Jean Morin fit éditer à Paris une version gréco-latine de la Septante ; en fin de chaque chapitre, il donnait les variantes hexaplaires. En 1684, Richard Simon faisait paraître à Londres des Disquisitiones criticae de variis per diversa loca et tempora Bibliorum editionibus ; on y trouve, p. 143-156, une étude De reliquis Graecis translationibus et de Hexaplis Origenis. En 1680, Jacques-Joseph Duguet donnait à Paris une conférence sur La compilation faite par Origène des versions grecques de l'Écriture avec l'original hébreu, cfr J. J. Duguet, Conférences ecclésiastiques ou dissertations..., t. I, Cologne, 1742, p. 213-218.
48 Voir notamment J. Quasten, Initiation aux Pères de l'Église, t. II, Paris, 1956, p. 59-67.
49 Daniélou, Origène, p. 138.
50 R. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, 1. III, ch. X, nouvelle éd., Amsterdam, 1685, p. 403.
51 Sur les principes exégétiques d’Origène voir surtout H. de Lubac, Histoire et Esprit. L’Intelligence de l’Écriture d’après Origène, Paris, 1950. Aussi The Cambridge history of the Bible, t. I, From the beginnings to Jerome, Cambridge, 1970, p. 454-489. J. Daniélou, Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée, t. II, Message évangélique et culture hellénistique aux IIe et IIIe siècle, Paris, 1961, p. 249-264. ID., Origène, dans D.B.S., t. VI, col. 884-908. B. De Margerie, Introduction à l’histoire de l’exégèse, t. I, Paris, 1980, p. 113-136.
52 Érasme, De vita, phrasi, docendi ratione et operibus Origenis (préface aux Origenis opera omnia, Bâle, 1536), dans Érasme, Opera omnia, t. III, Leyde, 1706, col. 439 A ; trad. de H. de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 201. Cfr A. Godin, Érasme, lecteur d’Origène, Genève, 1982, p. 667.
53 Col., I, 26-28 ; Eph., I, 17-18.
54 H. de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 203.
55 Daniélou, Origène, p. 138.
56 Id., ibid., p. 182 et 184.
57 H. de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 233.
58 Cfr A. Godin, Fonction d’Origène dans la pratique exégétique d'Érasme : les Annotations sur l’Epitre aux Romains, dans Histoire de l’exégèse au XVIe siècle, Genève, 1978, p. 17-44, et surtout Id., Érasme, lecteur d’Origène, Genève, 1982. Voir aussi G. J. Fokke, Christus verae pacis auctor et unions scopus. Erasmus and Origen, thèse dactylographiée, Louvain, 1977. M. Schär, Das Nachleben des Origenes in Zeitalter des Humanismus, Bâle, 1979, pour la Renaissance en général ; pour Érasme, p. 249-255, 282-283, 293-294.
59 Nous avons vu que ce fut le cas de Cornelius a Lapide (cfr p. 14, n. 5).
60 P. D. Huet, Origeniana (Rouen, 1668), De allegorica Scripturae interpretatione : « allegoriis induisisse Origenem Patres clamant », dans P.G., t. XVII, col. 1063-1064. Cfr de Lubac, Histoire et Esprit, p. 23-24. Sur Pierre-Daniel Huet, voir D.T.C., t. VII, col. 199-201 et A. Dupront, PierreDaniel Huet et l’exégèse comparatiste au XVIIe siècle, Paris, 1930.
61 « Mais troys maulx surtous regnoyent en ce temps là. L’un, que ceulx qui estoient exercités aux escriptz des philosophes, n’ayans bien en mémoire ceste tant grave et entièrement apostolique sentence : « donnez vous garde que quelqu’un ne vous circonvienne par la philosophie », oultre ce qu’ilz se sont perdus et esvanouis en plusieurs spéculations, comme quand ilz rapportoyent les resveries de Platon touchans les espritz et intelligences aux anges [...], tournoyent manifestement la parolle de Dieu en arrestz de philosophes, desquelz ilz estoyent embeuz. Et de là sont venues ces oppinions du tout aristotéliques de ce qui peut estre du franc arbitre [...]. L’aultre mal, le plus grand de tous qui envahyt comme une maladie fatale les espritz de tous, fut un incroyable désir de transformer toute l’Escripture en allégories à l’invention desquelles tous se sont pleu si desmesurement que chacun a estimé que cela luy fust entièrement permis : or il semble que Origène ayt esté occasion de ces deux maulx, homme (comme à la vérité il me semble) le plus meschant de tous ceulx qui ont escript des choses sacrées, lequel combien que plusieurs l’eussent en execration, comme il meritoit, toutes foys aulcuns pour contre l’avoyent en admiration à cause de la cognoissance des langues et des artz, esquelles il estoit excellent par dessus les aultres, quelques uns aussi luy en vouloyent plus par envye que par certain jugement d’esprit... ». Th. de Bèze, Correspondance, t. VI, Genève, 1970, p. 256-257 (au prince de Condé et à la noblesse réformée de France, Genève, 20 février 1565 ; la version latine, originale, se trouve en tête de toutes les éditions du Novum Testamentum de Théodore de Bèze, lre éd., Genève, 1565). Cfr Schär, op. cit., p. 228. — Érasme lui-même reproche à Origène, qu’il goûte si fort cependant, un penchant excessif pour l’allégorie. Voir Érasme, Ratio verae theologiae, éd. H. Holborn, Munich, 1933, p. 280 et 284. Cfr Ch. Béné, Érasme et saint Augustin, Genève, 1969, p. 270, 272. Schär, op. cit., p. 282. Godin, Érasme, lecteur d'Origène, p. 281-286. Érasme ne rejette pas pourtant l’exégèse allégorique, bien au contraire, voir de Lubac, Exégèse médiévale, t. VI, p. 434-453 et G. Chantraine, « Mystère » et « Philosophie du Christ » selon Érasme, Namur, 1971.
62 Cfr The Cambridge history of the Bible, t. III, The West from the Reformation to the present day, Cambridge, 1963, p. 24-27. O. Bayer, Promissio. Geschichte der reformatorischen Wende in Luthers Theologie, Göttingen, 1971, p. 92. Schär, op. cit., p. 264-265. Pour des études plus amples de l’exégèse de Luther, voir G. Ebeling, Die Anfänge von Luthers Hermeneutik, dans Zeitschrift für Theologie und Kirche, t. 48, 1951, p. 172-230. Id., Evangelische Evangelienauslegung. Eine Untersuchung zu Luthers Hermeneutik, 2e éd., Darmstadt, 1969. J. Pelikan, Luther the Expositor. Introduction to the Reformers exegetical writings, Saint-Louis, 1959. J. S. Preus, From Shadow to Promise. Old Testament Interprétation from Augustine to the young Luther, Cambridge (Mass.), 1969.
63 De Calvin on a dit « qu’il faisait de fortes réserves à l’égard d’Origène : il l’accusait surtout d’obscurcir l’Écriture par une exégèse allégorique ». A. Ganoczy, La Bibliothèque de l'Académie de Calvin, Genève, 1969, p. 44. Cfr Schär, op. cit., p. 226-228. De Mélanchthon : « Three themes appear again and again in his criticism of Origen. For one thing his allegorizing method is blamed for leading the reader away from the true meaning of the scriptural text ». P. Fraenkel, Testimonia Patrum. The function of the patristic argument in the theology of Philip Melanchthon, Genève, 1961, p. 86. Cfr Schär, op. cit., p. 265-267. Des appréciations contradictoires, mais progressivement plus négatives, sont émises par Œcolampade et par Bullinger. Le Réformateur le plus favorable à l’exégèse d’Origène est Zwingli. Cfr Schär, op. cit., p. 258-263.
64 Barbeyrac, op. cit., p. xliii.
65 Ceillier, Apologie de la morale des Pères de l’Église, p. 103 et sq.
66 Halloix, Origenes Defensus, p. 43 des Notes.
67 Cet ouvrage, écrit en grec, était intitulé Peri Archôn. Il n’en reste que la version latine, fort discutée, de Rufin. Nous avons lu ce traité dans la traduction française de M. Harl, G. Dorival et A. Le Boulluec, Origène. Traité des principes, Paris, 1976. Le Peri Archôn, écrit par Origène entre 220 et 231, fut traduit par Rufin en 398.
68 M. Harl, Le sens du titre Peri Archôn, dans l'Introduction à la traduction française de ce traité, op. cit., p. 8.
69 Daniélou, Origène, p. 202.
70 M. Harl, op. cit., p. 9.
71 Cfr infra, p. 103.
72 Cadiou, op. cit., p. 27 et surtout H. Crouzel, Origène et la philosophie, Paris, 1962. Voir encore Daniélou, Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée, t. II, Message évangélique et culture hellénistique aux IIe et IIIe siècles, p. 344-353, 381-390.
73 « Origène fut un grand docteur de l’Église... mais dans les écrits de cet homme, ne lit-on pas beaucoup de choses plus qu’hérétiques ? La cause de cette ruine fut la philosophie platonique. » Érasme, Ennaratio sur le Psaume 38 (1532) dans Opera omnia, t. V, Leyde, 1703, col. 432 C. Traduction française de D. P. Walker, Origène en France au début du XVIe siècle, dans Courants religieux et humanisme à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, Paris, 1959, p. 114. Cfr Schär, op. cit., p. 281. Godin, Érasme, lecteur d’Origène, p. 410. Supra, p. 92, n. 4.
74 Des débats relatifs au platonisme d’Origène, il nous semble pouvoir donner les lignes de force suivantes. La redécouverte du platonisme, du néo-platonisme et de « l’ancienne théologie » suscite l’admiration pour les Pères de l’Église platonisants et spécialement pour Origène et sa doctrine de la préexistence des âmes. Mais, face à ce concordisme qui tente d’intégrer le platonisme au christianisme, se manifeste un courant de résistance qui voit dans le platonisme un facteur do corruption du christianisme. Origène est alors cité comme un exemple d’auteur perverti par le platonisme et sa théorie de la préexistence des âmes comme la preuve de cette corruption. Les auteurs font alors du platonisme d’Origène la clef de toutes ses « hérésies ». On observe ce processus à chaque poussée de néo-platonisme : à Florence à la fin du XVe siècle (cfr E. Wind, The Revival of Origen, dans Studies in Art and Litterature for Belle da Costa Oreene, Princeton, 1954, p. 412-424 ; en France au XVIe siècle (cfr D. P. Walker, The Ancient Theology, Londres, 1972, notamment p. 79-80, 110 et sq.) ; chez les platoniciens de Cambridge au XVIIe siècle (cfr C. A. Patrides, The Cambridge Platonists, Londres, 1969, qui écrit, p. 5, n, 2 : « I’am inclined to think that the course of Platonism in the West can be road in terms of Origen’s fluctuating fortune. The road leads from his censure by Saint Jerôme, trough many years in the medieval wilderness, to his acceptance by the Florentine Neoplatonists and esp. by Erasmus, Colet and Sir Thomas More »). Sur l’ensemble de la question voir R. Arnou, Bref exposé historique des controverses au sujet du platonisme des Pères, dans D.T.C., t. XII, col. 2294-2299. et M. Hofmann, Theologie, Dogma und Dogmenentwicklung im theologischen Werk Denis Petau’s, Francfort s.M. et Munich, 1976, p. 194-208 (sur Halloix, p. 198). Halloix ne traite guère expressément du platonisme d’Origène. Relevons seulement qu’il défend Origène contre ceux, notamment Molina, qui l’accusaient d’avoir puisé chez Platon sa doctrine de la génération du Fils dans la Trinité. Selon Halloix, Origène, comme saint Justin, s’inspire de la Bible et, ici, en particulier du livre de la Sagesse, dont Platon lui-même dépend... Halloix, Origenes defensus, p. 262-264. Sur la préexistence des âmes, sans référence explicite à Platon, voir ibid., p. 281 et sq. Cfr J. F. Baltus, s.j., Défense des SS. Pères accusez de platonisme, Paris, 1711. — Pour l’état actuel de la question, voir, par exemple, outre les travaux do Daniélou et de Crouzel, déjà cités, E. Von Ivanka, Plato christianus. Übernahme und Umgestaltung des Platonismus durch die Vater, Einsiedeln, 1964.
75 Cfr G. Bardy, Recherches sur l'histoire du texte et des versions latines du De Principiis d’Origène, Paris, 1923. M. Harl, op. cit., p. 12-14. Supra, p. 81, n. 2.
76 D. Farges, Les idées morales et religieuses de Méthode d’Olympe, Paris. 1930, p. 89.
77 Épiphane, Panarion, Haeresis 64, dans P.G., t. 41, col. 1068-1200 ; dans G.C.S., t. 31, Épiphane, t. II, Leipzig, 1922, p. 403-524.
78 II en avait notamment traduit beaucoup d’œuvres exégétiques, cfr Cavallera, op. cit., note Q, t. II, p. 115-127.
79 G. Fritz, Origénisme, dans D.T.C., t. XI, col. 1569.
80 Cfr infra, p. 104.
81 « En 395, un certain Atarbius se présenta à Rufin et à Jérôme pour leur demander de renier les erreurs d’Origène. [...] Jérôme lui donna satisfaction. Cavallera essaie d’expliquer cette brusque volte-face de Jérôme par le souci qu’avait celui-ci de maintenir intact son renom d’orthodoxie, op. cit., t. II, p. 206. Mais n’avait-il pas ce souci quand, dix ans après la publication du Panarion, il traitait de chiens enragés ceux qui prétendaient qu’Origène avait été condamné comme hérétique ? » Fritz, op. cit., col. 1569. Cfr de Lubac, Histoire et esprit, p. 20-21.
82 Jérôme, Contra Johannem Hieroselimitanum, dans P.L., t. XXIII, col. 383 sq.
83 Jérôme, Epistola 124 ad Avitum, dans P.L., t. XXII, col. 1059-1072.
84 Les Lettres festales de Théophile ont été traduites en latin par Jérôme, cfr P.L., t. XXII, Epistolae, 96, 98, 100, col. 773-829.
85 Résumé établi par M. Harl, op. cit., p. 13.
86 Pour le Moyen Âge, voir de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 252.
87 Harl, op. cit., p. 13.
88 Pamphile et Eusèbe, Apologia pro Origene, dans P.G., t. XVII, Scripta ad Origenem spectantia, col. 541-632.
89 Jacques Merlin a joint l'Apologia de Pamphile à son édition des Opera omnia d’Origène donnée à Paris en 1512 (cfr Schär, op. cit., p. 191 et sq., surtout p. 206). Constantius Hyerothaeus (Costanzo Gerozio) l’a jointe à son édition du De principiis, parue à Venise en 1514 (cfr Schär, op. cit., p. 161-168, surtout n. 490 et 494). Érasme faisait de même en 1536 pour son édition des Opera omnia d’Origène (cfr Godin, op. cit., p. 597), de même que Génébrard en 1574, Delarue en 1733 et Migne, qui reproduit ce dernier, en 1857 (cfr Crouzel, Bibliographie, p. 97 et 142). L'Apologia de Pamphile, comme le De adulteratione librorum Origenis de Rufin, a été aussi éditée avec les lettres de saint Jérôme, y compris dans l’édition érasmienne de 1516, cfr Schär, op. cit., p. 113, 239, 252.
90 Cfr Infra, p. 147-148.
91 Cavallera, op. cit., t. II, p. 100-101.
92 Photius, Bibliotheca, codex 118, éd. R. Henry, t. II, Paris, 1960, p. 90, 1. 42-3.
93 Cfr O. Bardenhewer, Geschichte der altchristlichen Literatur, Fribourgen-Brisgau, 1903, t. III, p. 104 et p. 555. — Quasten, Initiation..., t. II, p. 173.
94 J. Pic de La Mirandole, De salute Origenis disputatio, § 3-12, édition et traduction française de H. Crouzel, Une controverse sur Origène à la Renaissance : Jean Pic de la Mirandole et Pierre Garcia, Paris, 1977, p. 99-113. Analyse de ce texte, p. 35-41.
95 Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta..., Venise, 1566, t. I, p. 437.
96 Delarue, Monitum à l’Apologie dite de Pamphile, publié dans P.G., t. XVII, col. 521-540.
97 Halloix, Origenes Defensus, Exacta Disquisitio, Quaest. I, p. 221-239 : « An S. Pamphilus Martyr sit Auctor illius Apologia pro Origene, quae S. Pamphili nomine hactenus inscripta est ? ». Dans la correspondance d’Halloix, on relève les indications suivantes : 1. Lettre à J. Bolland, 23 octobre 1643, Archives de la Société des Bollandistes, Mss. Boll., 64, op. cit., f° 33 v° : « Et quia negat Hieronymus librum S. Pamphili martyris esse illius, habeo probatum ex omnibus graecis scriptoribus nec uno excepto et ex latinis etiam ex ipso Hieronymo ante dissidium [cum Ruffino], duobus locis, vere eam Apologiam S. Pamphili pro Origene esse ipsius. De qua re quaestionem meam cum ostendissem cuidam e nostris doctori et scriptori, is aliquando mihi occurens et ultro compellans : Bene, inquit, probasti de S. Pamphilo. » — 2. Lettre au Cardinal Pamphile [1646 ?], Archivum Romanum Societatis Jesu, Fondo Gesuitico, 660, Censurae librorum, f° 232 : « Huius S. Pamphili et non alterius cuiuscumque scriptoris, est illa pro Origene Apologia. »
98 Photius, Bibliotheca, codex 118, éd. R. Henry, t. II, p. 90, 1. 5-7.
99 Encore n’avons-nous conservé que le premier livre de l’Apologie d’Origène par Pamphile et Eusèbe, et dans la traduction latine de Rufin seulement.
100 Athanase, De decretis Nicaenae Synodi, dans P.G., t. XXV, col. 465-468.
101 Cfr infra, p. 142, n. 2 et p. 152.
102 Jérôme, Préface à Origenis homiliae in Jeremiam et Ezechielem, dans P.L., t. XXV, col. 583. Cfr G. Bardy, Post apostolos ecclesiarum magister, dans Revue du Moyen Age latin, t. VI, Paris, 1950, p. 314-316.
103 Jérôme, Apologia adversus libros Rufini, I, 6 ; II, 15 ; III, 28, dans P.L., t. XXIII, col. 420, 459, 500. Ces commentaires de Didyme sont perdus. Ils sont mentionnés aussi par Socrate, Historia ecclesiastica, IV, 25, dans P.G., t. LXVII, col. 527.
104 Cfr supra, p. 64, n. 3.
105 Cette lettre n’est connue que par Rufin, qui en insère des fragments dans son traité De Adulteratione librorum Origenis, et par Jérôme, qui en cite également des passages dans son Apologia contra libros Rufini (II, 18). Sur eette lettre, voir H. Crouzel, A letter Jrom Origen to Friends in Alexandrin, dans The Heritage of the Early Church, Orientalia Ghristiana Analecta, 195, Rome, 1973, p. 135-150.
106 Rufin, De Adulteratione librorum Origenis, dans P.G., t. XVII, Scripta ad Origenem spectantia, col. 539-542.
107 Le De Adulteratione est toujours joint à l'Apologia de Pamphile. Poulies éditions, voir supra, p. 98, n. 5.
108 de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 251.
109 Maréchal, op. cit., p. 105.
110 Pic de la Mirandole, op. cit., § 13-19, dans Crouzel, Une controverse sur Origène à la Renaissance, op. cit., p. 113-123 ; analyse de ce passage, p. 46-52.
111 J. Merlin, Apologia pro Origene, en préface au t. III des Opera Omnia d’Origène, Paris, 1512. — S. Champier, Mirabilium divinorum humanorumque volumina quatuor, vol. III, lib. 3, Contra haereticos, cap. 3, De haersibus Origenis, Contra haereticos, Lyon, 1517, f° xiv v° - xvi r°. Cfr Schär, op. cit., p. 203, 211. Godin, op. cit., p. 419, 423.
112 Cfr infra, p. 151.
113 Cfr Crouzel, Une controverse sur Origine à la Renaissance, p. 46-47.
114 Maréchal, op. cit., p. 103.
115 Origène, De Principiis, II, 8, 4-5. Traduction de M. Harl, op. cit., p. 124-125.
116 S. Le Nain de Tillemont, op. cit., p. 495.
117 Cfr par exemple L. Moreri, Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, t. VI,18e éd., Amsterdam, 1740, p. 64 : « On ne peut nier qu’Origène ne se soit quelques fois un peu écarté des sentiments qu’il eût peut-être soutenus si les matières qu’il traitoit eussent été entièrement discutées de son tems. »
118 Hefele-Leoeercq, op. cit., t. II, lre partie, p. 139.
119 Cavallera, op. cit., p. 257.
120 Fritz, op. cit., col. 1572.
121 Cfr Fritz, op. cit., col. 1571-1573. D’alès, op. cit., col. 1229-1230. Hefele-Leclercq, op. cit., t. II, p. 122.
122 Hefele-Leclercq, op. cit., p. 137-154.
123 Cfr infra, p. 109.
124 Crouzel, Une controverse sur Origène, op. cit.. p. 63.
125 Cfr infra, p. 153 et sq.
126 d’Alès, op. ait., col. 1232.
127 Voir le texte de cette lettre dans Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. IX, p. 488 D-533 D.
128 Sur tout ceci voir Fritz, op. oit., col. 1574-1578. d’Alès, op. cit., col. 1232-1234. Hefele-Leclercq, op. cit., p. 1182-1187.
129 Bardy, Recherches..., op. cit., p. 73.
130 Crouzel, op. cit., p. 65.
131 L. Duchesne, Vigile et Pélage, dans la Revue des questions historiques, t. XXXVI, Paris, 1884, p. 390.
132 Duchesne, L’Église au VIe siècle, op. cit., p. 178 et sq.
133 Daniélou et Marrou, op. cit., p. 411.
134 Duchesne, op. cit., pp. 173-174.
135 Mansi, op. cit., t. IX, col. 272 D et 384 B : anathématisme 11 « contre quiconque refuse d’anathématiser Arius, Eunornius, Macédonius, Apollinaire, Nestorius, Origène et leurs dogmes impies ».
136 Crouzel, op. cit., p. 65-66 à propos de l’anathématisme 11 que nous citons dans la note précédente : « On peut avoir quelques doutes sur la présence d’Origène dans cette série et se demander s’il n’y a pas là une interpolation, car la même liste sans le nom d’Origène se retrouve dans l'Homologia de l’empereur qui est l’ébauche de ces anathématismes ». Halloix, qui lui aussi pensait qu’il s’agit d’une interpolation, remarquait qu’Origène n’est pas à sa place chronologique (Origenes Defensus, p. 377). Mais Fritz, op. cit., col. 1580, proteste : « On a prétendu que la mention d’Origène avait été interpolée dans cet anathématisme. Sans doute, il est avéré qu’on a introduit des pièces étrangères dans les actes de ce Concile, mais rien ne prouve la non-authenticité du texte que l’on vient de citer. Le fait qu’Origène n’est pas à sa place chronologique ne prouve rien non plus. »
137 Cyrille de Scythopolis, Vita Sabae, dans la traduction de Fritz, op. cit., col. 1580. Le récit de Cyrille de Scythopolis date de 557. À propos des autres historiens, voir d’Alès, op. cit., col. 1238-1239.
138 C’est la thèse proposée par F. Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert und das fünfte allgemeine Concil, Münster i.W., 1899. L’hypothèse d’un acte extra-conciliaire expliquerait que Vigile dans son Constitutum, Pelage U, Grégoire le Grand, n’en fassent pas mention lorsqu’ils parlent du Ve concile œcuménique.
139 La Lettre de l’empereur Justinien au Saint Synode sur Origène nous a été conservée par le chroniqueur byzantin Georges le Moine ; elle est éditée dans P.G., t. CX, col. 780 sq. Elle se rapporte aux 15 anathématismes découverts et édités par P. Lambeck en 1679. Le texte grec a été réédité par Diekamp, op. cit., p. 90 et sq. et traduit en français par Hefele-declercq, op. cit., p. 1187-1190.
140 Crouzel, op. cit., p. 67.
141 Cfr de Lubac, Exégèse médiévale, t. I, p. 255.
142 de Lubac, op. cit., p. 255-258.
143 Garcia, Responsio ad rationes Ioannis Pici pro sainte Origenis inductas, éd. par Crouzel, op. cit., p. 187-247, qui observe (op. cit., p. 62-63) que « Garcia parle constamment de ces condamnations et en fait la base de tout son raisonnement fondamental ».
144 C. Baronius, Annales ecclesiastici, t. V, Anvers, 1596, p. 85, 108, 147 ; t. VII, Anvers, 1598, p. 174-178, 280-293, aux années 400, 532, 538 (Baronius publie la Lettre de Justinien à Menas) et 553.
145 E. Binet, Du salut d’Origène, Paris, 1629, p. 191 : « La grande raison de Baronius [pour condamner Origène] est celle-ci :'Le concile général a foudroyé l’anathème sur sa personne propre et l’a condamné par son nom’. »
146 R. Bellarmin, De Scriptoribus ecclesiasticis, Cologne, 1657, p. 54 : « In quinta Synodo generali collatione 8, can. 11, dicitur anathema Origeni et scriptis eius sicut Ario, Eunomio, Macedonio, Nestorio et Eutycheti. » Bellarmin ajoute un peu plus loin : « Haec praemittenda existimaui propter eos qui Origenem defendere vel excusare conantur. »
147 J. Daillé, Réplique aux deux livres que Messieurs Adam et Cottiby ont publiés, IIIe partie, ch. IX, 2e éd., Genève, 1669, p. 190.
148 Cfr Hefele et Leclercq, op. cit., t. I, Paris, 1907, p. 97-108, qui s’inspire de H. Quentin, Jean-Dominique Mansi et les grandes collections conciliaires, Paris, 1900, p. 119-124.
149 Cfr d’Alès, op. cit., col. 1238. — Sur Surius historien, voir G. Chaix, Réforme et Contre-Réforme catholiques. Recherches sur la Chartreuse de Cologne au XVIe siècle, t. I, Salzbourg, 1981, p. 351-379 ; sur l’édition des actes conciliaires, voir p. 363-364.
150 Cfr infra, p. 167-170.
151 Cfr supra, p. 108, n. 4.
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