Chapitre VII. Les premiers jours du Gouvernement Provisoire
p. 166-185
Texte intégral
1L'affaire Gumoëns. — Les premières réunions à l'hôtel de ville abandonné. — Le 24, formation d'une Commission administrative. — Elargissement de son activité. — Changement dans l'esprit des commissaires. — Dictature de Rogier. — Retour des gens de Valenciennes. — Le Gouvernement Provisoire. — A la rentrée de de Potter, le Gouvernement Provisoire devient le Gouvernement Provisoire de la Belgique. — Appréciation.
2Le comité de défense constitué par Pletinckx et quelques autres dans la nuit du 22 au 23 septembre s'est séparé au moment de l'attaque, laissant l'hôtel de ville complètement vide. Dans Bruxelles, il n'y a plus la moindre autorité. Les braves courent aux Portes, aux barricades et voilà l'ennemi arrêté aux Portes de Flandre et de Laeken, à la place Royale. Pendant que là-haut on tiraille sans arrêt, à l'intérieur de la ville certains préparent une défense opiniâtre, construisent des barricades, portent des pavés aux étages. Des bourgeois se réunissent en petites bandes pour sauvegarder leurs propriétés menacées par des inconscients. Pour d'autres, c'est la débandade complète. Que va-t-on devenir ? L'ennemi va bombarder ! On s'enferme dans les caves. Les heures passent, mais l'ennemi ne progresse pas.
3Une évolution s'opère dans les esprits ; des bourgeois, excellents patriotes et citoyens courageux, qui avaient jugé comme une folie de s'opposer à l'entrée de l'armée, commençent à croire que tout n'est pas perdu. D'aucuns vont faire le coup de feu, d'autres maintiennent l'ordre.
4Un événement fortuit donne l'occasion à certains de former l'embryon d'un Pouvoir constitué. Nous avons relaté plus haut l'aventure du lieutenant-colonel de Gumoëns, demandant à parler à une autorité quelconque, maltraité par le peuple, et finalement conduit à la caserne des Pompiers. Le général Mellinet, qui l'avait dégagé des mains de la foule, se met à la recherche de personnes qui puissent entrer en relation avec ce parlementaire. Il rencontre Jolly, lui expose son embarras : « Je cherche partout et ne trouve personne ; il faut cependant avoir un moyen de s'arranger ; il faudrait tâcher de réunir quelques personnes notables qui se rendraient à la caserne des Pompiers ». L'avocat Delfosse se joint à eux ; ils réunissent quelques notables de la troisième section et se rendent à la caserne. Là, ils discutent avec de Gumoëns, lui exposent l'impossibilité d'une soumission. Berten va porter au prince la lettre du lieutenant-colonel, où ce dernier dépeint la résolution des habitants de Bruxelles de se défendre1.
5Jusqu'ici, ces quelques notables ne prennent aucune décision qui pourrait faire croire qu'ils ont assumé les lourdes charges du pouvoir. Cependant l'absence de toute autorité pèse à ces hommes pondérés et, spontanément, ils se donnent rendez-vous à l'hôtel de ville, pour 7 heures du soir. Ils s'y rendent, d'ailleurs, dans le seul but d'entendre la réponse du prince. Détail curieux, parmi les notables qui ont assisté à l'interrogatoire de Gumoëns, se trouve un membre de l'ancienne Régence, Vermeulen-De Cock, honnête citoyen, mais légitimiste jusqu'au bout, qui tenta de profiter de l'absence des chefs révolutionnaires pour restaurer, à l'hôtel de ville, le pouvoir légal : la Régence2 Il échoue et ainsi la place est à qui veut la prendre. Lorsque Jolly, Max Delfosse, Michiels, colonel dans la garde bourgeoise, Engels-pach-Larivière, de Coppyn, Joseph Vanderlinden et quelques autres se présentent à la porte de la rue de l'Amigo, le concierge leur dit : « Qu'il n'y a plus personne, l'hôtel de ville est complètement désert », et les conduit dans le cabinet du bourgmestre. Jolly a choisi cette salle du premier étage, du côté de l'Amigo ; car le peuple avait pris l'habitude d'envahir l'hôtel de ville du côté de la Grand’Place. Ils sont quinze bourgeois, et ils attendent la réponse du prince. Berten l'apporte. C’est la proclamation : « J'étais venu...3 » Jolly qui préside en donne lecture et propose de désigner une commission qui se rendrait, dans la nuit, auprès du prince Frédéric, dans le but de faire retirer les troupes à une certaine distance de la ville4. A ce moment, le baron d’Hoogvorst se présente, accompagné de quelques fidèles, Palmaert, Lippens, Anspach, l'avocat Van Hoorde ; le chef de la garde bourgeoise n'a rien perdu de son prestige. On lui offre la présidence et l'on discute à nouveau sur les propositions à faire au prince, pour parvenir à un arrangement, afin de faire cesser l'effusion du sang et préserver la ville d'une destruction totale, dont elle était menacée d'après toute apparence5.
6On décide de présenter au prince trois propositions, et le baron d'Hooghvorst, l'avocat Delfosse, le baron F. de Coppyn, accompagné des deux aides de camp, de Bremaker el Palmaert fils, s'en vont dans la nuit discuter chez le notaire Hermans à Schaerbeek avec le prince Frédéric. Après le départ de la députation, l'hôtel de ville se vide peu à peu6 ; mais à l'aube, ces bourgeois reprennent le chemin de l'hôtel de ville ; les députés envoyés auprès de Frédéric les rejoignent bientôt. L'échec des pourparlers a excité les cœurs. Il y a dans la salle de nouvelles figures : Rogier, rentré la veille, se met au premier plan. Il a retrouvé toute son énergie et il veut qu'on se batte à tout prix. Discussions. Palabres. On en vient à parler de constituer une autorité centrale pour donner au mouvement une direction et un sentiment d'ensemble. La discussion ne porte plus que sur les noms.
7« D’une voix unanime, l'on désigna M. Rogier, puis le baron d'Hooghvorst7. » Rogier et Michiels insistèrent pour que Jolly, en « qualité d'officier du génie » acceptât également. MM. le baron F. de Coppyn et J. Vanderlinden se chargèrent des fonctions de secrétaires, sur les instances de d’Hooghvorst. La première autorité révolutionnaire était installée. Elle prit le nom de « Commission administrative ».
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8La plupart des bourgeois réunis le 23 septembre à l'hôtel de ville ne pensaient qu'à éviter à leur cité un désastre qu'ils croyaient imminent. Il ne s'agissait pas pour eux d'établir une autorité révolutionnaire qui dirigeât les forces des insurgés et propageât le mouvement insurrectionnel8. Parmi eux, il y a des craintifs, comme Vermeulen-Decock, des sympathisants, comme Jolly, Michiels, Vanderlinden, des hésitants comme d'Hooghvorst ; c’est Rogier qui par son éloquence et son ardeur, bouleverse les esprits, entraîne les timides. Rogier, dans les réunions qui ont précédé la formation de la commission administrative, s’est conduit en homme clairvoyant. Par sa parole chaude, persuasive, énergique, le tribun entraîne les chefs de la bourgeoisie bruxelloise à des actes qui méritent l’échafaud. Dès le 24 septembre, l'union des chefs modérés et exaltés est faite. Rogier a réalisé cette union ; par son éloquence il a fait sur ses auditeurs une impression profonde, dans ces discussions orageuses, à l'aube d'une journée qui s'annonce pleine de menaces9.
9Dès lors Rogier s'impose par sa fermeté ; il va diriger les événements. Tout ou rien, c'est sa devise. Plus de compromis, plus de pourparlers. Il écarte les craintifs ou tout simplement les raisonnables, comme ce Vermeulen-Decock qui s’étonne le 24, au matin, de trouver à l'hôtel de ville « M. Rogier avec la plus grande partie des hommes sous ses ordres », qui s'indigne en entendant ces messieurs déclarer » qu’il ne s'agissait plus de parlementer avec la dynastie des Nassau, qu'elle avait cessé de régner en Belgique et qu'il fallait s'ensevelir sous les décombres de la ville plutôt que de se soumettre10 ».
10Quelques citoyens ont pris un pouvoir abandonné au premier venu. Ils font connaître au peuple bruxellois l'heureuse nouvelle11. Le peuple est satisfait de voir derrière lui des gens qui le dirigent et il ne reproche pas à ces bourgeois « d'avoir confisqué la révolution ». Car il y avait autant d'héroïsme à s'installer à l'hôtel de ville que sur les barricades de la place Royale. Ceux qui se mettent à la tête du mouvement portent d'ailleurs des noms connus. Rogier, c'est le héros, le chef des Liégeois, et personne ne se souvient que, le 23 au matin, au lieu d'être au milieu de ses volontaires exposés au feu, il était à Aywières ; d'Hooghvorst qui toujours avait été sympathique et à qui on a reproché de la tiédeur siégeait à l'hôtel de ville, centre de l'insurrection, et indiquait ainsi clairement qu'il avait rompu définitivement avec la légalité. Jolly est inconnu, mais il est officier du génie, et on compte bien qu'il s'occupera de la défense efficace des points menacés.
11Le peuple bruxellois n'éprouve aucun dépit de voir la direction du mouvement aux mains de ce trio ; bien mieux, il lui est reconnaissant de ce qu'il saisit les rênes du pouvoir, alors que tout était instable, les chances de succès infimes, le besoin d'ordre urgent. Sur la bourgeoisie la constitution de cet organisme a des répercussions plus profondes encore. Une grosse partie de la bourgeoisie est ralliée, dès ce moment, à la commission, et bien des gens pondérés voient leurs craintes vaciller, en apprenant que la résistance spontanée, misérable et désespérée de quelques centaines de combattants est dirigée maintenant par des hommes de valeur. Le 23, la résistance à l'entrée des troupes n'avait pas de but bien défini en dehors de lui-même. Le 24, le cadre des aspirations s'élargit considérablement : on veut le triomphe d'une cause dont dépend le salut de la Patrie.
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12La tâche de cette commission n'est pas aisée. Elle dispose de peu d'argent, de peu de munitions, de peu d'effectifs. Elle s'efforce de se procurer des fonds et s'adresse à la Banque. Elle demande 5.000 florins et elle en obtient 10.00012. Ils sont remis à Engelspach-Larivière, agent général de la commission, qui abat pendant les Journées une besogne formidable. La somme n'est pas énorme, mais il ne s'agit que d'organiser la défense. La commission n'est pas encore un gouvernement qui a des charges pécuniaires normales à supporter. Engelspach signe des bons pour l'achat de fusils, de poudre, de planches ; il paie des frais de travaux à des ouvriers, des frais de route à ceux qui parcourent les provinces pour soulever les populations13.
13Rogier surtout se démène ; il veut augmenter la masse des combattants. C'est lui qui a rédigé la première proclamation. Il en rédige bientôt une seconde, enflammée, pathétique, il appelle aux armes toutes les classes de la population et, pour décider les bourgeois qui, depuis un mois, redoutent la dévastation de leurs demeures, suprême habileté, il accuse l’état-major ennemi d'exciter ses troupes par l'espoir du pillage14. Cette proclamation s'adresse au peuple bruxellois15. Mais on a besoin de l'aide de tous les patriotes belges. Depuis la veille, les plus dévoués se chargent de recruter un peu partout des volontaires. Dès ce jour la commission administrative dirige la propagation du mouvement insurrectionnel. Elle demande du secours à Liége et envoie partout des émissaires16.
14La commission administrative remplit aussi une fonction militaire : les chefs des détachements de volontaires s'adressent à elle, dès leur arrivée, et elle leur fixe la place de combat. Elle se charge également de maintenir l'ordre et le respect des propriétés ; elle y parvient aisément. Prévoyante, elle s'occupe de préserver la ville de la famine : Engelspach fait établir un relevé complet de la quantité de grains, de farine et de pains, dont disposent les meuniers et les boulangers17.
15Les hommes dévoués qui ont assumé une besogne aussi écrasante comprennent vite qu’il ne leur est pas possible de tout diriger, qu'une autorité militaire distincte est indispensable. Un commandant en chef est au surplus nécessaire. Si, en ville, la commission administrative a un pouvoir rapidement reconnu, là-bas aux barricades, c'est l'indiscipline complète. Rogier et ses gens ne se hasardent pas à faire entendre raison aux têtes chaudes qui s'exposent fièrement aux balles ennemies. Le pouvoir de la commission est nul sur les combattants. Rogier, une fois de plus, montra qu'il n'avait rien perdu de son sang-froid, et choisit le chef idéal, don Juan van Halen, qui jouit d'un certain prestige auprès de plusieurs centaines d'hommes. C’est dans la soirée que la décision fut prise. Dans l'après-midi, Van Halen reçut le billet suivant : « La commission centrale invite le lieutenant-colonel Juan Van Halen à passer l'hôtel de ville pour une affaire qui le concerne. Bruxelles, le 24 septembre 1830. Ch. Rogier, Van der Linden d’Hooghvorst. » Van Halen se rend à l’hôtel de ville et raconte ainsi l'entretien qu'il eut avec d’Hooghvorst, Ch. Rogier et Jolly.
« Nos volontaires, me dit à peu près Rogier, ont besoin d’un chef ; vous allez vous mettre à leur tête ! Il faut prendre le Parc !
— Messieurs, leur répondis-je, accordez-moi deux heures pour vous faire une réponse.
— Pas deux minutes, interrompit Rogier, allons dépêchons-nous ! »
Après quelques rapides observations sur des considérations de famille, au sujet desquelles M. d’Hooghvorst me montra toute la noblesse de ses sentiments, j'acceptai le brevet de ma nomination, ainsi conçu :
« La commission centrale nomme, par le présent, M. Juan Van Halen, commandant en chef des forces actives de la Belgique. Bruxelles, le 24 septembre 1830. »
— Messieurs, ajoutai-je, donnez-moi votre parole que l'hôtel de ville ne sera plus abandonné et que je vous trouverai toujours à votre poste. Quant à moi, je vous réponds de bien le défendre18. »
16La commission administrative élargit d'heure en heure sa sphère d'activité. Toutefois ses objectifs ne se sont pas modifiés depuis la veille. Elle s'efforce toujours d'augmenter les ressources pécunaires, de faire lever des combattants en masse, d'empêcher toute panique à l'intérieur de la ville. Rogier, d’Hooghvorst, Jolly sont les seuls membres en titre. Mais des bourgeois dévoués les aident dans leur tâche écrasante19. La spécialisation des fonctions s'établit d'office. On a besoin d'argent. La commission envoie deux membres de sa « commission des Finances » pour conférer avec la direction de la Société Générale, et obtenir la disposition des fonds du gouvernement que la Société Générale détenait, à titre de caissier de l'État, et dont le solde s'élevait à près de 4 millions de florins. Ils échouent dans leurs négociations20.
17Le manque d'argent et de poudre ne décourage pas ces audacieux. Car les bonnes volontés sont de plus en plus nombreuses et les volontaires arrivent de toutes parts. La commission s'occupe de ces braves, elle assure leur logement dans Bruxelles, se concilie les bonnes dispositions des chefs et les envoie à l'état-major, qui en dispose suivant les nécessités. La séparation des pouvoirs militaire et civil est assez bien établie21. Mais, organisme municipal à l'origine, la commission continue à pourvoir à la sûreté générale de la ville. Ce qui est inquiétant dans ces journées tragiques, c'est la famine. Le peuple a grondé, dès le 19 septembre ; il lui fallait du pain ! Tant bien que mal, on l'empêche de mourir de faim et la charité privée sauve bien des miséreux. La haine du peuple qui aurait pu se tourner contre les riches s’est reportée sur les « Hollandais ». Mais le combat ne fait pas oublier la faim et, comble de malheur, les paysans, terrifiés, n'apportent plus leurs denrées aux marchés de Bruxelles. La commission s'efforce de rassurer ces paysans et de leur faciliter le séjour à Bruxelles22.
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18Un accord parfait ne règne pas entre les membres de la commission ; d’Hooghvorst qui s'était laissé entraîner cherche toujours un terrain d'entente avec le prince Frédéric, Rogier est pour la lutte à outrance : « Il est trop tard pour reculer » et il lance proclamation sur proclamation pour exciter les cœurs. Il est débordant d'enthousiasme et de confiance ; alors que la situation était encore critique, le 25 septembre, engageant l'avenir, il rédige un arrêté :
« Une fosse sera creusée sur la place Saint-Michel ; elle sera destinée à recevoir les restes des citoyens morts dans les mémorables journées de septembre. Un monument transmettra à la postérité les noms des héros et la reconnaissance de la patrie. Les patriotes belges prennent sous leur protection les veuves et les enfants des généreuses victimes23. » Rogier dirige tout en dictateur24.
19Le retour des gens de Valenciennes, dans la soirée du 25, limite son pouvoir. Mais Van de Weyer et Gendebien, témoins de la surexcitation intense des esprits en Wallonie, brisent le cadre restreint dans lequel s'est contenue jusqu'ici la commission administrative, dont le rôle primordial fut bien celui de défenseur de la cité, et la commission se transforme en Gouvernement Provisoire.
20Gendebien et Van de Weyer, depuis 36 heures déjà, se considèrent comme membres d'un tel organisme25 et ils reviennent à Bruxelles prendre une place que personne ne leur conteste, car on accueille toutes les bonnes volontés26.
21Lorsque, le 26 au matin, Félix de Mérode vient compléter l'équipe, le Gouvernement Provisoire est constitué définitivement et immédiatement la nouvelle se répand dans Bruxelles27.
22Mais tant que l'armée n'a pas quitté Bruxelles, le changement est surtout nominal. Le rôle national du Gouvernement Provisoire apparaît plus dans les proclamations que dans les actes. Il se considère comme l'organe de la souveraineté nationale ; aussi s’empresse-t-il d'exciter à la désertion « les braves militaires belges » et les délie-t-il des serments prêtés à Guillaume Ier28. Les réalisations du Gouvernement Provisoire sont beaucoup plus modestes. Il est toujours absorbé par des détails multiples, préoccupé d'incidents insignifiants. Les volontaires viennent lui demander le poste où ils doivent se rendre. D'autres réclament des cartouches, des gargousses29. Et il continue à envoyer partout des émissaires, à exciter le peuple à marcher sur Bruxelles et s'occupe de démentir les faux bruits répandus par les ministériels. Prolongement de la commission administrative, il veille toujours au maintien de l'ordre dans la capitale. Les soucis économiques sont accablants. Les commerçants se plaignent de l'impossibilité d'encaisser des effets et de remplir les formalités exigées par la loi en cas de non-paiement de ceux-ci à leur échéance. Le Gouvernement Provisoire proroge de 25 jours tous les effets de commerce sur la place de Bruxelles, créés antérieurement au 26 septembre30.
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23La populace recommençait à gronder. La vie dans une ville assiégée depuis quatre jours, encombrée de gens souvent démunis de moyens d'existence et vidée des habitants de la classe aisée, était misérable. Une autorité s'est reconstituée. Elle est vite l'objet de la haine de certains. On accuse les gens de l'hôtel de ville de trahison. Ces rumeurs parviennent aux oreilles des intéressés, qui chargent Engelspach de prier le chef d'état-major du commandant en chef d'envoyer 20 hommes d'élite avec un officier pour la garde des membres du Gouvernement Provisoire à l'hôtel de ville. Van Halen envoie Plaisant avec 25 hommes31.
24Ces tentatives d'émeute sont le fait d'orangistes. Après l'hôtel de ville, c'est aux consulats et aux ambassades qu'on s'en prend. Heureusement des mesures énergiques rétablissent bientôt l'ordre32.
25La retraite des troupes bouleverse tout. Le Gouvernement Provisoire voit grandir son rôle. Ses membres sont tous décidés maintenant à ne plus regarder en arrière. Le premier des devoirs est toujours d'ordre militaire : l'ennemi a quitté Bruxelles. Il faut consolider la victoire en organisant les moyens de combattre au dehors. Le gouvernement convoque tous les volontaires à se rendre au Parc, le 27 à 11 heures, pour y recevoir une organisation provisoire par compagnies et bataillons33. On enrégimente les hommes34, on s'efforce de trouver des armes, des munitions ; des corps francs se forment. Réunir une armée est indispensable au triomphe de la cause belge : empêcher tout désordre, contenir la populace est aussi nécessaire. Les réactions populaires sont terribles. Le feu est mis à la maison Meeus. Porte de Schaerbeek et place d'Orange, on pille. Le Gouvernement ne se laisse pas déborder. Il a tôt fait de représenter les dangers de l'émeute et du pillage35 et il est écouté. Mais l'ordre est instable tant qu'une autorité ne dispose pas d'une force armée suffisante et disciplinée. Dès le 28 septembre, d’Hooghvorst prépare la formation d'une garde urbaine. Le peuple s'est illustré pendant les 4 jours de combats. Il a versé son sang généreusement ; il ne peut plus être question de former une garde bourgeoise. Ce serait une insulte pour le peuple, toutes les classes sociales doivent être unies dans la défense de l'ordre. D’Hooghvorst le comprend et décrète que la garde urbaine sera composée de tous les habitants capables de porter les armes, depuis l'âge de 18 ans jusqu'à 50 et qu'une allocation de 75 cents par jour sera payée aux ouvriers.
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26Il ne suffisait plus au Gouvernement Provisoire de repousser l'armée de Frédéric ni de maintenir l'ordre à Bruxelles ; il lui fallait encore amener au soulèvement toutes les communes, toutes les villes du pays et obtenir la capitulation des places fortes36.
27II a besoin dès lors de s'adjoindre une autre personnalité, Louis de Potter. Louis de Potter est un grand nom : sa popularité est immense dans toute la Belgique. C'est un persécuté, un exilé, et auprès des masses, c'est le plus beau des titres. Rogier est populaire à Liége ; à Bruxelles, il a de chauds partisans, les clubmen de la réunion centrale, mais qui ne sont tout de même qu'une minorité. Gendebien et Van de Weyer sont sympathiques à la bourgeoisie moyenne, qui d'abord aurait voulu le redressement des griefs par la voie légale, puis s'était ralliée assez vite à la révolution. De Mérode et d’Hooghvorst leur apportent des concours précieux pour rassurer la noblesse et le clergé.
28Mais il ne s'agit encore que d'étendre la révolution. Un nom qui soit un drapeau est indispensable. On rappelle de Potter37 et on se l'adjoint. C'est une mesure de prudence aussi ; de Potter serait rentré sans cet appel, et s’appuyant sur sa popularité, il aurait bien pu se proclamer dictateur.
29Ainsi solidement établi, le Gouvernement Provisoire doit organiser tous les services publics que les derniers événements ont paralysés.
30Louis Bronne, délégué, dès le 25 septembre, à la direction des Postes par la commission administrative, organise le service des voitures publiques et des postes et s'assure de la correspondance officielle du gouvernement déchu38. Coghen qui a accepté, le 25 septembre, le commissariat des finances, sur les instances de l'avocat Delfosse39, se procure des fonds, avise aux besoins les plus urgents et recommande la plus stricte économie.
31Il s'adresse, le 29 septembre, à la direction de la Société Générale, et conclut un accord : « Les fonds disponibles du service du caissier de l'État, sauf les paiements déjà avisés, resteraient bloqués en un compte spécial jusqu'au traité de liquidation à intervenir et, en attendant, un nouveau compte serait ouvert au Gouvernement Provisoire. »
32On pouvait vivre40 et parer au plus pressé : l'entretien de l'armée naissante. « Celle-ci mangeait beaucoup d'argent : les volontaires qui étaient sans ressources et dont le nombre augmentait chaque jour, ne cessaient de demander des armes, des munitions et des vivres. Les ambulances exigeaient des médicaments, des objets de literie, des pansements, des instruments de chirurgie41. »
33En sus de ces besognes compliquées, le Gouvernement Provisoire s'occupe très vite d'assainir l'administration et la justice, et de remplacer les Van Maaniens par de bons patriotes. Les révocations et les nominations se succèdent sans arrêt : « Le Comité de la Justice présidé par Gendebien et composé des jeunes avocats, Blargnies et Barbanson et du vieil avocat Kockaert, bâtonnier de l'ordre, débarrassent avec énergie les parquets des serviteurs dociles de La Haye. Le comité de l'intérieur remplace les gouverneurs de province et les commissaires de district. »
34Le travail de réorganisation se fait en comités. Mais « considérant que ce qui importe le plus, dans les circonstances actuelles, est la prompte expédition des affaires, le Gouvernement Provisoire a nommé dans son sein un Comité Central, chargé de l'exécution de toutes les mesures prises sur le rapport des comités spéciaux42 ».
35De Potter, Charles Rogier, Sylvain Van de Weyer, « les membres les plus capables, mais aussi les plus avancés43 » composent ce Comité Central. Ce triumvirat rompt ce qui restait de liens avec l'ancien Régime : le 29, il arrête :
Article premier. — La justice se rendra au nom du Gouvernement Provisoire de la Belgique.
Art. 2. — Tous les actes publics seront rendus exécutoires au nom de la même autorité.
Art. 3. — Les comités de la justice et de l'intérieur sont chargés de l'exécution du présent arrêté44.
36C'est l'affirmation du triomphe de la révolution ; il est d'ailleurs reconnu par tous. Ainsi que l'écrivent les journaux patriotes, « il y a l'infini entre notre condition de la veille et notre condition du lendemain. La maison d’Orange et la Hollande ont cessé de régner en Belgique ; c'est un fait que la victoire a produit ; c'est un fait consommé45 ».
37C'est le triomphe du Gouvernement Provisoire lui-même qui est affirmé dans cet arrêté du 29 septembre. Par cet acte, il s'impose définitivement, et à ceux qui voudraient lui contester ses titres, il répond par l'organe du Courrier des Pays-Bas : « D'où vient la légitimité ? Un peuple ne peut vivre sans gouvernement. A ce titre aucun gouvernement n'est plus légitime que celui qui s'est établi, le 25 septembre, après 10 jours d'anarchie. Le pouvoir n'était nulle part. Ils n'ont supplanté aucune autorité constituée, toutes s'étaient retirées. Ils ont remplacé l'anarchie. Ils ont conservé le pouvoir après la victoire, parce que en se retirant l'anarchie reparaissait aussitôt. Ils ont été proclamés au milieu de la mitraille et sur nos barricades sanglantes ; ceux qu'ils ont sauvés ne leur contestent pas le mandat qu'ils ont pris46. »
38Reconnu à Bruxelles, le Gouvernement Provisoire l'est vite en province47. A Bruxelles, il ne court qu'un danger : être débordé par les chefs de bande, quasi-indépendants, et surtout par Van Halen, le commandant en chef. Il a vite fait de le débarquer et Van Halen s'éclipse sans résistance. On sortait de l'anarchie, on n'avait guère de goût d'y rentrer.
39Aux yeux de la province, le Gouvernement Provisoire apparaît auréolé de la victoire des Quatre Glorieuses. Le peuple a grossi à l'excès les combats de rue de Bruxelles, et les gens qui ont pris le pouvoir en main paraissent dignes de toute sa confiance. Qui mettre à leur place ? Les personnalités politiques traditionnelles, les députés aux États Généraux, sont à La Haye. A des situations nouvelles, il faut des hommes nouveaux.
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40Constatation curieuse : à la réflexion, il apparaît que ces hommes qui faisaient partie du Gouvernement Provisoire étaient tous désignés pour cette tâche. Suivant la tournure des événements, il n'y avait pas place pour d'autres. Ceux à qui l'avenir a donné raison, ce sont les gens de la Réunion Centrale, les exaltés. Rogier les représente au sein du nouvel organisme, et si Ducpétiaux n’avait pas été à Anvers, il aurait, lui aussi, fait partie du Gouvernement Provisoire. D’Hooghvorst devait en être ; chef de la garde bourgeoise, il a conservé toute la confiance des bourgeois, et la commission administrative a d'abord une mission d'ordre à remplir. Seul d’Hooghvorst est capable de calmer les appréhensions de bien des gens. Jolly, homme de second plan, est là pour organiser la défense. Ceux qui n'ont pas cru à la victoire et qui ont gagné la France semblent, après coup, avoir usurpé une place. En fait, la situation est toute différente. Lorsqu'ils sont rentrés, les espoirs étaient encore minces. Ils rendent au surplus un grand service à Rogier. Van de Weyer, Gendebien et de Mérode ont fait partie de la commission de sûreté. Ils ont été les porte-paroles de la bourgeoisie et de la noblesse patriotes mais hésitantes, et ils rallient beaucoup de suffrages. Enfin l'arrivée de de Potter, c'est le couronnement. De Potter est l'homme sur qui reposent toute la confiance et tous les espoirs des Belges.
41On cherche vainement qui aurait pu remplacer cette pléiade. Les membres du Gouvernement Provisoire, a-t-on dit, se sont emparés d'un pouvoir qui ne leur revenait pas. Rien n'est plus faux. La place était libre. Ils l'ont prise. Ils ont fait preuve de courage et d'audace ; mais ils n'ont pas fait acte d'usurpation. Pour les destinées de la Belgique naissante, une rencontre de tels hommes a été très heureuse. Ils avaient, tous, leurs défauts, mais dans ces journées troubles, dont nous avons seulement à nous occuper, ils ont agi avec adresse et audace. Organisateurs de la victoire, ils ont eu à leur disposition des volontaires ardents et braves. Leur part dans la victoire militaire est minime ; mais, comme levier du soulèvement national et comme créateurs d'une administration belge, ils ont fait de grandes choses. Les avocats Gendebien, Van de Weyer et Rogier ont liquidé rapidement les serviteurs obséquieux de Guillaume Ier, ont libéré bien des consciences et se sont créé un noyau de fidèles qui les soutiendront jusqu'au bout. Quant aux harangues de de Potter au peuple de Belgique, si elles ont inquiété des timorés, elles ont groupé autour du Gouvernement Provisoire la masse qui avait fait la révolution48.
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42Pendant les derniers jours de septembre et les premiers jours d'octobre, les préoccupations qui assaillent les membres du Gouvernement Provisoire sont d'ordre immédiat : chasser le Hollandais du pays et purifier l'administration et la justice. Ils voient pourtant plus loin. Que mettra-t-on à la place du gouvernement déchu ? Le Gouvernement Provisoire ne se décide pas et il a raison. Le peuple le soutient et ne demande pas de solution rapide, pourvu qu'il soit débarrassé de la domination hollandaise49. Le gouvernement hésite entre plusieurs solutions et ne s’arrête à aucune. Des partis pourtant sont en train de se former : les uns veulent l'incorporation à la France ; d'autres l'indépendance, avec un fils du roi de France comme roi ; d'autres la République. La séparation entre le nord et le sud, avec le prince d’Orange comme souverain, a ses partisans50. Ces tendances ont leurs représentants au sein du gouvernement, mais les sentiments francophiles de certains cèdent immédiatement devant le fait indéniable du soulèvement national et, le 4 octobre, le Gouvernement Provisoire proclame l'indépendance de la Belgique, laissant à un congrès national, où seront représentés tous les intérêts des provinces, le soin d'examiner le projet de constitution que le Comité Central lui soumettra51.
Notes de bas de page
1 Notice de M. le lieutenant général Jolly, p. 22. Juste, Notes historiques et biographiques, II, 22 et suiv. et M.R.A. 0.5, récit de Vermeulen Decock, dans une lettre du 12 novembre 1830 au Gouvernement Provisoire : « L'après-midi du 23 septembre, le premier parlementaire, M. le Major Gumoëns, s’étant présenté, le général Mellinet ayant cherché vainement quelques membres d'une autorité quelconque, est venu me prier de vouloir me rendre avec lui à la caserne des pompiers pour prendre connaissance du sujet de la mission du susdit parlementaire, envoyé par le prince Frédéric où je me suis transporté de suite accompagné le M. l'avocat Delfosse. M. Gumoëns nous ayant déclaré qu'il était envoyé de la part du prince pour se concerter avec les autorités sur les moyens à prendre pour faire cesser l'effusion de sang, nous lui avons répondu : que nous n'avions aucune autorité pour traiter avec lui, mais que notre avis était qu'il donnerait au prince le détail de l'effervescence qui régnait parmi le peuple et que l'unique moyen pour atteindre le but que le prince paraissait désirer, était de retirer ses troupes. D'après notre conseil, M. Gumoëns ayant fait la minute de la lettre, laquelle après lecture, ayant été approuvée par nous, on en a fait trois copies qui ont été envoyées au prince. »
2 « M. Delfosse et moi, en sortant de la caserne des pompiers, sommes allés à la maison de ville pour tâcher, s'il était possible, de réunir quelques membres de la Régence pour former une commission afin de concerter sur les mesures à prendre dans cette triste et périlleuse circonstance. Mais nos recherches ont été infructueuses. » M.R.A. o. 5. Lettre de Vermeulen-De Cock, 12 novembre 1830.
3 Voir ci-dessus, p. 136.
4 Notice de M. le lieutenant général baron Jolly. Juste, Notes historiques et biographiques, p. 25.
5 M.R.A. o. 5. Lettre de Vermeulen-De Cock, 12 novembre 1830.
6 Jolly affirme y être resté seul toute la nuit. Cela ne s'accorde guère avec ce que Rogier écrit : « Le soir, je visite des hôpitaux et les postes. Je me rends à l'hôtel de ville dans la nuit (occupé par un sieur Pardon qui depuis... mais alors se donnait comme intendant général — abandon — pourparlers avec le prince — je laisse une protestation écrite contre. » (A.G.R. 112 C. Rogier.)
7 Notice de Jolly. Juste. Notes historiques et biographiques, II, 26.
8 Leur réunion porte le nom de « Commission provisoire d'ordre public », De Bas, op. cit. ; 431.
9 Delfosse, dans une note, écrit : « Il était 3 ou 4 heures du matin et nous rentrâmes à la maison de ville où nous retrouvâmes Jolly et d'autres personnes, mais Rogier le plus remarquable, Rogier que je ne connaissais pas. » 4 M.R.A., Papiers Colonel Delfosse.
Jolly raconte que Rogier fut choisi le premier par acclamation et J. Vanderlinden écrit de même que Rogier fut le premier choisi : Rogier « l’énergique et populaire commandant des volontaires liégeois ».
10 M.R.A. 05. Ce Vermeulen-Decock était du parti de la raison. « Croyant plus ou moins connaître par expérience ce que peut la force des armes, quand elle est bien dirigée, et employée avec discernement, selon le terrain et les circonstances, et n'ignorant pas en quoi consistaient nos faibles moyens de défense, j'avoue franchement que dans ce moment j’ai considéré ces messieurs comme des enthousiastes outrés, à qui, étant étrangers à la ville, n'ayant rien à y perdre, et sans crainte pour ce qui est le plus cher à l'homme, il importait fort peu que la ville fût totalement ruinée ou non ; que je ne partageais nullement leur opinion à cet égard, mais loin de vouloir s’avilir par une basse et honteuse soumission, j’aurais volontiers tout sacrifié pour pouvoir arriver à un arrangement convenable. » Lettre du 12 novembre 1830.
11 « Proclamation. — Depuis deux jours, Bruxelles est dépourvue de toute espèce d'autorité constituée ; l'énergie et la loyauté populaire en ont tenu lieu, mais tous les bons citoyens comprennent qu'un tel état de choses ne peut durer sans compromettre la ville et le triomphe d'une cause dont le succès, dès hier, a été assuré. Des citoyens, guidés par le seul amour du pays, ont accepté provisoirement un pouvoir qu'ils sont prêts à remettre en des mains plus dignes aussitôt que les éléments d'une autorité nouvelle seront réunis ; ces citoyens sont MM. le baron Vanderlinden d’Hooghvorst, de Bruxelles ; Ch. Rogier, avocat, de Liége, et Jolly, ancien officier du génie. Ils ont pour secrétaires : MM. de Coppyn et Vanderlinden, de Bruxelles. Bruxelles, 24 septembre 1830. »
12 Discailles, Charles Rogier, II, 8.
13 « Les bons émis par Engelspach-Larivière pendant les journées de septembre ; du 23 au 30, s'élèvent à 483 dont la valeur totale se monte à 10.420 florins. » — Décision de la Commission des Finances. A.G.R., Gouvernement Provisoire, 40.
14 C’était un mensonge. Mais il est incontestable que les troupes ont pillé à Bruxelles. Le rapport officiel hollandais, qui est de de Gumoëns, l'avoue lui-même : « Dans sa fureur portée au comble, la troupe faisait main-basse sur tout ce qui se trouvait dans ces habitations. » Supplément aux Esquisses historiques, p. 293.
15 On trouvera le texte de la proclamation dans les Esquisses historiques, p. 356 s.
16 Bruxelles, 24 septembre : « Depuis hier, à 10 heures du matin, les troupes sont tenues en échec dans le Parc et les boulevards. On a surpris une lettre du prince Frédéric qui annonce le découragement. L'état de la population a passé ici toutes les espérances. Toutes les communes voisines arrivent avec forces. La liberté et l'honneur sont sauvés. Arrivez au plus tôt, si vous n'êtes pas nécessaires à Louvain. »
Fait au quartier général de Bruxelles, le 24 sept. 1830. Le secrétaire : Vanderlinden.
Cette pièce, envoyée au quartier général à Liége, a été transmise à Verviers. Journal de Verviers, 27 septembre. La même dépêche est adressée à Louvain. Voir M. Dieu, Louvain pendant la révolution belge de 1830, p. 68. Le lendemain « appel aux Tournaisiens » : « La commission administrative invite les patriotes tournaisiens à se rendre à Bruxelles avec armes et munitions (autant que possible) pour coopérer au succès de la bonne cause, qui est sur le point de triompher. Ch. Rogier, d'Hooghvorst, Jolly, de Coppin, Nicolay. (Exposition parlementaire de 1830. Documents prêtés par M. Goffint).
17 Esquisses historiques, p. 357.
18 Nous suivons le récit de Van Halen, sur l'affirmation de Ch. Rogier qui, dans ses souvenirs, note : « Le soir, je fais venir Van Halen et obtiens qu'il prenne le commandement. On demandait de toutes parts un chef. Il accepte à la condition que s'il vient à périr, on prendra soin de sa femme et de ses enfants. La scène est exactement racontée dans les Esquisses de M. White. » Discailles, op. cit., II ; 8. Rogier confond évidemment White et de Wargny ; du reste de Wargny n’a fait que copier servilement le récit de Van Halen.
Van Halen, Les Quatre Journées ; 17. Esquisses Historiques, 365 s.
19 Nicolaï, le 24, dans la soirée, se présente et demande à faire partie de la commission. A.G.R. Cahiers de Rogier 112 C. Il fut nommé secrétaire et Vanderlinden, trésorier.
20 La Société Générale de Belgique, 1822-1922, p. 32.
21 « 25 septembre. La commission administrative adresse à l'état-major le brave capitaine Boucher, Isidore-Joseph, commandant d'un détachement de patriotes de Fleurus et qui demande à être employé dès ce soir, si c'est nécessaire. Nous pensons que le capitaine Boucher pourra être très utile à l'état-major. Ch. Rogier, Jolly, de Coppin. » Copie M.R.A. 0.55, n° 11.
22 « Braves habitants des campagnes et des villes voisines. Les Bruxellois acceptent avec reconnaissance les secours en hommes et en armes que vous venez leur offrir. Mais plus l'affluence des patriotes est grande, plus il est urgent de veiller à ce qu'ils ne manquent point de subsistances ; elles entreront libres de tous droits et seront vendues comme d'habitude, sur les marchés ordinaires. » Bruxelles, le 25 septembre 1830. La commission administrative :
Baron Vanderlinden d’Hooghvorst, Rogier, Jolly.
Esquisses historiques, 408. — « Avis. Les chefs des postes aux portes de la ville sont chargés de laisser sortir les paysans qui, étant venus en ville avec des denrées pour les marchés, éprouvent un refus à leur sortie. Les individus qui entreront en ville avec des denrées recevront un passe-avant qu'ils montreront à leur sortie. Les chefs des portes sont tenus de leur prêter toute aide et secours, s'ils le réclament. » Original, Bibliothèque Royale, 5359. — Esquisses historiques ; 408.
23 Esquisses historiques ; 409.
24 II envoie des dépêches qu'il signe en faisant suivre son nom de la qualité de président de la Commission administrative. En voici une : « Monsieur, Nous apprenons avec peine qu'on fait courir chez vous des bruits tout à fait contraires à la vérité ; nous nous empressons de les démentir, nos affaires sont en bon état, les troupes cèdent, les renforts nous arrivant de toute part, veuillez expédier les vôtres. La Commission administrative : Ch. Rogier, président. Bruxelles, 25 septembre. »
(Exposition parlementaire de 1830. Document prêté par M. Goffint).
25 Gendebien, Van de Weyer et les fuyards ont quitté Valenciennes le 24 au soir. Sur le chemin du retour, ils répandent des proclamations où ils s'intitulent membres du Gouvernement Provisoire ; il s'en trouve une aux Archives de l’État à Mons, elle a été publiée par Garsou dans son bel ouvrage sur Alexandre Gendebien, à la p. 26 : « Les soussignés, membres du Gouvernement Provisoire, en mission, invitent M. le Bourgmestre de la ville d’Enghien à employer tous les moyens propres à déterminer les citoyens de la ville et de la banlieue à voler au secours de leurs concitoyens indignement égorgés par les Hollandais à Bruxelles. Enghien, le 25 septembre 1830. — Alex. Gendebien, Sylvain Van de Weyer. »
26 Van der Meere, Mémoires ; 157 : « La promenade de Valenciennes n'avait que faiblement altéré la confiance (du peuple). Il se trouvait satisfait d'apprendre que son courage avait permis l'établissement d'un Gouvernement Provisoire. »
27 « Vu l'absence de toute autorité, tant à Bruxelles que dans la plupart des villes et des communes de Belgique ; considérant que dans les circonstances actuelles, un centre général d'opérations est le seul moyen de vaincre nos ennemis et de faire triompher la cause du peuple belge, le Gouvernement Provisoire demeure constitué de la manière suivante : MM. le baron Vanderlinden d’Hooghvorst ; Ch. Rogier ; le comte Félix de Mérode ; Gendebien ; S. Vandeweyer ; Jolly ; J. Van-derlinden, trésorier ; Baron F. de Coppin, J. Nicolay, secrétaires. »
28 Esquisses historiques ; 449.
29 Garsou, Alexandre Gendebien ; 296.
30 Esquisses historiques ; 448. Le Belge, 28 sept., 2e p. lre colonne.
31 Discailles, Charles Rogier. II ; 14.
32 Esquisses historiques, p. 450 s.
33 Esquisses historiques, 489.
34 « Le Gouvernement Provisoire nomme Félix Bodson, colonel d'un régiment d'infanterie qu'il est chargé de recruter et d'organiser sur-le-champ. Il invitera à cet effet tous les miliciens à rentrer sous les drapeaux de la Belgique. Il prendra de préférence des volontaires.
Rogier, Jolly, Gendebien, de Coppin. » M.R.A. 0 187, dossier 2.
35 Esquisses historiques, p. 489. « Au peuple belge, « Vous venez de remporter une belle victoire ; cette gloire restera pure. Il n'y a que nos ennemis et ceux de la patrie qui poussent aux excès, excitent au pillage ou s'y livrent eux-mêmes pour s'enrichir ignominieusement ou favoriser une nouvelle attaque. Le gouvernement aura les yeux sur eux ; il compte sur le peuple de Bruxelles pour les contenir et les châtier. Bruxelles, 27 septembre. »
36 « 27 septembre. Le Gouvernement Provisoire de la Belgique invite les habitants de Braine-l’Alleud et communes environnantes à venir joindre leurs efforts à ceux de leurs concitoyens de Bruxelles. Ch. Rogier, de Coppin, Nicolay, Van de Weyer. »
Cette commission, confiée à F. Roland, libraire à Mons, a été présentée aux bourgmestres des communes suivantes : Virginal, Ronquières, Henripont, Ecaussines d’Enghien, Ecaussine Lalaing, Rœulx, Negneaux, Marché, Arquennes, Nivelles, Braine-l’Alleud, Ophain, Waterloo. » Copie M.R.A. O. 608 d. I.
37 « Le Gouvernement Provisoire invite M. Louis de Potter à rentrer dans sa patrie. Il adresse la même invitation à tous les Belges qui sont en France. Bruxelles, 27 sept. 1830. (s.) Gendebien, Rogier, .Jolly et les deux secrétaires. » Esquisses historiques, p. 490.
« Le Gouvernement Provisoire de la Belgique. » Un de nos meilleurs citoyens, M. de Potter, que le vœu national rappelait à grands cris depuis le commencement de notre révolution, est entré dans nos murs. Le Gouvernement Provisoire s'est empressé de se l'adjoindre. En conséquence, à partir du 28 septembre 1830, M. de Potter fera partie du Gouvernement Provisoire. Bruxelles, le 28 septembre 1830.
(s.) Baron Vanderlinden d’Hooghvorst, Ch. Rogier, Comte Félix de Mérode, Gendebien, S. Van de Weyer, Jolly, J. Vanderlinden, trésorier ; Baron F. de Coppin, J. Nicolay, secrétaires. » Esquisses historiques, p. 515.
38 Décoré de la croix de fer. Moniteur belge, 16 avril 1835.
39 Papiers Rogier, A.G.R., 112 C.
40 La Société Générale de Belgique, 1822-1922, p. 32.
41 Buffin, Mémoires, I ; 121. Mémoires Chazal.
42 Esquisses historiques ; 522.
43 Gedenkstukken, 1830-1840, I ; 85.
44 Esquisses historiques ; 526.
45 Courrier des Pays-Bas, 2 octobre.
46 Courrier des Pays-Bas, 2 octobre 1830.
47 Buffin, op. cit. ; 204. Lettre de Staedtler du 1er octobre. « On remarque en général que ce gouvernement est reconnu sans peine par les villes environnantes », et lettre de Cartwright à Lord Aberdeen, du 5 octobre. Gedenkstukken, 1830-1840, I ; 92 : « Le pouvoir du Gouvernement Provisoire grandit de jour en jour. »
48 « Peuple, ce que nous sommes, nous le sommes par vous ; ce que nous ferons, nous le ferons par vous. » Esquisses historiques ; 516. Lettre de de Potter à ses concitoyens, le 28 septembre 1830.
49 Cartwright à Lord Aberdeen, 2 octobre. Gedenkstukken, 1830-1840, I ; 87.
50 Ibid., p. 85.
51 Décret du 4 octobre.
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