Usages et représentations de la centralité : le cas de jeunes employés du secteur tertiaire à Montréal
p. 315-333
Texte intégral
Introduction et problématique
1Dans la foulée de la restructuration économique en cours dans les grands centres urbains, les quartiers centraux voient se modifier le profil socio-professionnel et les modes de vie de leurs populations. Selon la théorie des villes « mondiales », la gestion et le contrôle d’une économie de plus en plus mondialisée et dépendante des flux d’information (Castells, 1989) repose sur la constitution au centre-ville de nouveaux « complexes de production » d’un ensemble de services spécialisés (Sassen, 1994). L’État a également souvent joué un rôle structurant dans la tertiarisation des centre-villes, avec la croissance des emplois des secteurs public et para-public et l’établissement de nouveaux équipements culturels (Rose et Villeneuve, 1993 ; Butler, 1995). On admet généralement que l’existence d’un fort complexe du tertiaire avancé au centre-ville est une condition préalable à la gentrification des quartiers le ceinturant, dans la mesure où de nombreux professionnels du tertiaire avancé qui travaillent au centre opteraient aussi pour vivre dans des quartiers centraux, même si ceci ne constitue pas un explication suffisante de la gentrification (Rose, 1988 ; Ley, 1992).
2Dans le cadre de ces débats sur la constitution d’une « nouvelle centralité urbaine », la littérature récente sur la gentrification s’est donnée le défi de faire le pont entre, d’une part, les approches qui mettent l’accent sur les explications reposant plutôt sur la localisation et le type d’emploi et, d’autre part, les explications reposant plutôt sur la valorisation, par les nouvelles couches moyennes, des modes de vie exprimés par la consommation des services commerciaux et culturels associés à une « nouvelle urbanité » (Butler et Hamnett, 1994 ; Caulfield, 1994, p. 124-147 ; Dansereau, 1988 ; Ley, 1993). Les industries culturelles et de loisirs de même que les services de consommation spécialisés qu’on retrouve au centre seraient ainsi des lieux importants de sociabilité et de reproduction sociale des nouvelles couches moyennes, par exemple via le « networking » (Beauregard, 1986). Elles seraient en plus des éléments structurants dans les stratégies de revitalisation économique des centre-villes (Ley, 1994) ainsi que des véhicules importants d’investissements de capitaux à la recherche de nouvelles sources de profit (Harvey, 1987). D’autres auteurs ont tenté de comprendre les stratégies résidentielles de certains segments des nouvelles couches moyennes en proposant des liens dynamiques entre la question de l’emploi et la question du mode de vie. Ainsi, certains types de quartiers centraux permettraient plus facilement aux femmes professionnelles concentrées dans le tertiaire public ou parapublic au centre d’exercer un cumul de rôles (Fagnani, 1993 ; Rose, 1989). D’autres quartiers conviendraient aux modes de vie « non traditionnels », entre autres celui des gais, réputés nombreux dans les industries culturelles, artistiques et de communications, tous ces secteurs étant associés au complexe du tertiaire avancé des grandes villes (Knopp, 1992).
3Mais les nouvelles couches moyennes attirées par les quartiers centraux sont loin de constituer un groupe homogène au plan des revenus et des cheminements professionnels. Elles n’échappent pas à la « flexibilisation » de l’emploi (Conseil économique du Canada, 1991 ; Noreau, 1994 ; Ross et Shillington, 1991). On retrouve ainsi dans certains quartiers une proportion non négligeable de gens appartenant à la nouvelle classe moyenne travaillant à contrat ou à la pige et pour qui, selon nous, l’accès aux réseaux qui s’y constitutent et la proximité spatiale de sources potentielles d’emplois constitueraient un atout au plan professionnel. Les jeunes adultes (25-34 ans) représentent une fraction importante de ce groupe (Rose, 1995). Si dans certains cas, la présence de ces « gentrificateurs marginaux » (Rose, 1984 ; Rose, 1989) n’est qu’une phase transitoire associée seulement à la première étape de la gentrification, dans d’autres cas elle va continuer à marquer les quartiers centraux. On pense notamment aux villes comme Montréal où le coût assez modeste du logement dans les quartiers centraux (carte 1), l’importance des organismes des secteurs public, parapublic et des industries culturelles en tant que lieux d’emploi des professionnels (Rose et Villeneuve, 1993) ainsi que la conjoncture économique risquent de perpétuer la présence de nombreux professionnels à revenu modeste ou instable (Rose, 1995). Pourtant, les recherches empiriques portant sur les rapports à la centralité de ces jeunes professionnels marginaux qui vivent et travaillent au centre sont quasi inexistantes.
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Carte 1
Loyer brut moyen mensuel, par secteur de recensement, partie centrale de la région métropolitaine de Montréal, 1991
4On a aussi négligé d’étudier les rapports à la centralité d’un antre segment de la main-d’œuvre qui est beaucoup moins favorisé que les professionnels : les petits cols blancs et les employés de service de soutien au tertiaire avancé, œuvrant dans les domaines de l’entretien des édifices à bureau, de la restauration, de l’hôtellerie, de la messagerie, etc. Comme Sassen (1994) le signale, il ne faut pas oublier que le personnel de service est essentiel au maintien du complexe de production des services spécialisés du tertiaire avancé. Ainsi par exemple, la concentration des grands hôtels de prestige au centre des grandes villes (Broadway, 1993) répond aux besoins des congressistes, des touristes et des gens d’affaires (Ley, 1995). Dans ce type de service aussi, les jeunes adultes occupent en grand nombre les emplois à salaire modeste, souvent de statut précaire (ex. temps partiel, sur appel). Il y a lieu de croire que pour ces employés aussi, vivre dans un quartier central peut être important même si les motifs d’attachement à la centralité sont sans doute différents de ceux des jeunes professionnels. Par exemple, on peut penser que la proximité spatiale résidence-emploi revêtirait beaucoup d’importance pour ceux qui travaillent sur appel ou dans les quarts de soir ou de nuit, mais que les coûts du logement dans certains quartiers centraux constitueraient une contrainte plus importante que pour les jeunes professionnels marginaux.
5Il nous est donc apparu utile d’effectuer une recherche de type exploratoire1 sur les rapports à la centralité chez des jeunes résidant au centre de Montréal et appartenant à ces deux segments de la force de travail du complexe du tertiaire avancé au centre-ville : les professionnels « marginaux » et les employés des services de soutien au tertiaire avancé. Nous avons donc fait des entrevues semi-dirigées auprès d’une vingtaine de jeunes adultes, et construit leurs calendriers familial, résidentiel et occupationnel2 : les jeunes professionnels travaillaient dans les secteurs des communications, de l’environnement et des affaires sociales, tandis que les petits cols blancs et employés de service travaillaient dans le secteur de l’hôtellerie, essentiellement des hôtels haut de gamme desservant majoritairement une clientèle d’affaires3. Notre objectif était non pas de quantifier la présence de ces deux groupes (voir à ce sujet : Rose, 1995, pour les professionnels) mais de tenter de retracer les parcours résidentiels et professionnels qui les ont amenés à vivre au centre, et de dégager les similitudes et différences des deux groupes au plan des usages et des représentations de la centralité.
6Ce texte présente une analyse préliminaire de nos résultats. Dans un premier temps, nous brosserons un profil socio-démographique, occupationnel et résidentiel des personnes interviewées. Par la suite, nous dégagerons les principaux types de rapports à la centralité qu’elles entretiennent.
I – Profil socio-démographique et histoire professionnelle des employés du secteur tertiaire
7Les personnes interviewées sont des hommes et des femmes âgés de 24 à 35 ans, qui ne sont pas des étudiants à temps plein. Les deux tiers des personnes interviewées vivent en couple et les autres vivent en proportion égale soit en colocation, soit seuls. Afin d’assurer une plus grande homogénéité des profils des personnes rencontrées, nous n’avons retenu que des jeunes adultes sans charge d’enfants.
8Les professionnels rencontrés ont tous un cheminement professionnel qui repose sur une scolarisation poussée. Tous ont obtenu un diplôme universitaire de premier cycle4 ; la moitié ont de plus complété une maîtrise. Chez les jeunes employés de l’hôtellerie, le niveau de scolarité est variable mais passablement moins élevé que chez les professionnels. Ceux qui veulent faire carrière dans le domaine de l’hôtellerie ont obtenu des diplômes spécialisés en tourisme ou en hôtellerie. Parmi ceux qui ont d’autres projets professionnels certains ont obtenu un diplôme universitaire, d’autres poursuivent actuellement des études universitaires ou des cours professionnels (ex. santé alternative).
9Leurs revenus, quoique peu élevés, sont relativement bons malgré la précarité de leur situation professionnelle. La plupart ont gagné l’année précédant notre enquête un revenu annuel individuel supérieur à 20 000.$. De fait, la moitié gagnent 30 000 $ et plus. Les revenus des employés de l’hôtellerie sont moins élevés que ceux des professionnels. Aucun ne gagne plus de 30 000 $ ; tous, à une exception près, gagnent de 25 000 $ à 29 999 $ par année. Mentionnons pour fins de comparaison qu’en 1991, le revenu d’emploi moyen des professionnels résidant au centre de la région métropolitaine de Montréal s’élevait à 38 204 $ alors que celui des employés du secteur services à la consommation et services divers était de 19 560 $ (compilations spéciales, Statistique Canada, carte 2). Les jeunes professionnels rencontrés sont donc relativement marginaux, ce que nous recherchions. Par contre, les revenus des employés de l’hôtellerie que nous avons rencontrés sont plus élevés que la moyenne dans ce type de services. Ceci s’explique en partie par le fait que ce secteur est fortement syndiqué, les salaires et conditions de travail sont donc relativement bons (Dupont, 1994 ; Laplante, 1995). Toutefois, l’emploi dans ce secteur demeure précaire car lors d’un changement de propriétaire – ce qui se produit assez fréquemment – l’accréditation syndicale et l’ancienneté des employés en place ne sont pas assurées.
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Carte 2
Revenu médian des ménages, par secteurs de recensement, partie centrale de la communauté urbaine de Montréal, 1991
10Dans nos entrevues, on peut dégager trois types de statut professionnel chez les professionnels : la moitié travaillent à contrat, le tiers ont le statut de travailleur autonome, les autres étaient au chômage depuis peu. Le profil occupationnel des employés de l’hôtellerie est beaucoup plus homogène : tous occupent des emplois permanents à titre de salariés. Comme nous l’avons mentionné précédemment, nous avons rencontré des petits cols blancs (ex. commis à la réception) et des employés de service (ex. service aux chambres, sauveteur à la piscine). Pour la grande majorité des employés de l’hôtellerie que nous avons interwiewés, il semble qu’après des débuts marqués au sceau d’une certaine précarité (travail à temps partiel, remplacements, travail de nuit) les gens qui persévèrent voient s’améliorer leur statut et leurs conditions de travail. Si ce cheminement semble commun à la plupart des employés de l’hôtellerie interviewés, on distingue néanmoins deux types de rapport à l’emploi comme nous y avons déjà fait allusion précédemment : pour certains l’hôtellerie est un secteur où ils entendent faire carrière, pour d’autres l’emploi qu’ils occupent actuellement n’est qu’un moyen pour mener à bien d’autres projets professionnels. Par contre, la plupart des professionnels ont réussi à gagner leur vie dans leur domaine de spécialisation (voir à ce sujet Audet, 1991) et entendent bien continuer dans cette voie.
II – Localisation et perspectives résidentielles
11Nous avons évidemment recruté des gens qui habitent dans les quartiers centraux. Si aucun professionnel n’est originaire de régions rurales, plus de la moitié des employés de l’hôtellerie le sont. Tous vivent à l’extérieur du foyer familial depuis quelques années déjà. Ils ont quitté le domicile familial entre 16 et 24 ans, et dans plus de la moitié des cas ont déménagé dans un centre urbain afin de poursuivre des études (voir à ce sujet Roy, 1992 ; Le Galès et Oberti, 1994). Les cas de re-cohabitation familiale sont peu fréquents et souvent de courte durée. Suite à la décohabitation, ils ont souvent expérimenté la colocation. Parmi les personnes rencontrées fort peu sont propriétaires de leur logement, la plupart sont locataires sur le marché privé.
12Rappelons que le centre-ville de Montréal a réussi à maintenir l’essentiel des activités du tertiaire avancé de la région métropolitaine (Coffey et Drolet, 1994), même s’il n’a pas été épargné par la récession qui sévit depuis le début des années 1990.
13Mentionnons aussi que certains quartiers centraux ont connu des vagues de réinvestissement résidentiel importants (Sénécal et al, 1990 ; Rose, 1995) ; toutefois ils demeurent marqués par une très grande diversité d’habitat à micro-échelle, ce qui contribue à la diversité socio-économique du centre.
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Carte 3
Lieux de résidence des personnes interviewées
14Les personnes rencontrées habitaient dans quatre types de quartiers centraux au moment des entrevues (carte 3 : localisation résidentielle des personnes interviewées) :
- au centre-ville même, où l’habitat de type tour domine ;
- dans des quartiers adjacents au centre-ville, aux profils socioéconomiques diversifiés :
- Le quartier Centre-sud, un quartier populaire devenu un pôle de localisation de l’industrie des communications, ce qui a entraîné la gentrification de quelques îlots, possède, outre quelque tours d’habitation, des « plex ». Il s’agit aussi du principal quartier gai de Montréal ;
- Le quartier Pointe Saint-Charles, ancien quartier industriel, a aussi connu un mouvement de gentrification quoique très limité ;
- Les quartiers Plateau Mont-Royal, Mile-End et Bas-Outremont, quartiers anciens hétérogènes au point de vue socio-économique et ethnique, ont subi des vagues importantes de gentrification et donc les loyers y sont assez élevés. L’habitat est quasi exclusivement constitué de duplex et triplex et on y trouve une multitude de petits commerces ;
- Les quartiers Rosemont et Villeray, de statut modeste, sont un peu plus loin du centre mais sont bien desservis par le transport en commun. L’habitat est aussi composé de « plex » mais les loyers y sont moins élevés que sur le Plateau.
15De façon générale, les employés de 1’hôtellerie demeurent en plus grand nombre dans les quartiers relativement périphériques (4/10) ou carrément au centre (4/10), et moins fréquemment dans les quartiers plus fortement touchés par le mouvement de gentrification. Alors que les deux tiers des professionnels habitent le Plateau Mont-Royal ou le Mile-End, seulement deux employés de l’hôtellerie y demeurent. De fait, pour les employés de l’hôtellerie le coût du logement est souvent une préoccupation majeure et joue un rôle déterminant dans leur choix qu’il s’agisse de la localisation ou des dimensions du logement. Les professionnels ne semblent pas déplorer leurs conditions d’habitat. La plupart affirment être bien logés et avoir fait une bonne affaire même si dans plusieurs cas ils semblent payer un loyer relativement élevé pour pouvoir vivre dans ces quartiers centraux si « recherchés ». Les professionnels qui ont vécu dans d’autres grandes villes estiment que les coûts du logement à Montréal sont peu élevés. Certains envisagent de déménager – mais à moyen terme seulement – si leurs revenus augmentent ou s’ils voient leur ménage se transformer. Mais en aucun cas les professionnels ne projettent de vivre en banlieue pavillonnaire. Celle-ci est l’objet de tous leurs sarcasmes. Certains affirmeront d’ailleurs que leur attitude anti-banlieue témoigne du fait qu’ils sont de « vrais urbains ». Ils souhaitent continuer à vivre dans un quartier central ou encore dans un quartier « huppé » légèrement plus excentrique, ou enfin carrément à la campagne. Tous ces rêves sont toutefois à la remorque de leur situation professionnelle ainsi que, dans certains cas, de l’instabilité de leur vie amoureuse.
16Pour leur part, plusieurs employés de l’hôtellerie envisagent de déménager à court terme. Certains anticipent des changements dans leur ménage, d’autres songent à un logement plus spacieux, ou à devenir propriétaire en banlieue. En effet la banlieue n’est pas décriée avec la même vigueur que chez les professionnels, certains y voient même plusieurs avantages au chapitre de la qualité de vie.
III – Rapports à la centralité
17Lors de la formulation de ce projet de recherche, nous pensions que les employés de l’hôtellerie manifesteraient un attachement à la centralité urbaine fondé principalement sur la proximité résidence – emploi et modulé par le coût du logement. Par proximité résidence – emploi nous entendons non seulement les déplacements pendulaires courts mais aussi les chevauchements entre les réseaux sociaux de voisinage et les réseaux professionnels. Par ailleurs, nous croyions que les professionnels manifesteraient un attachement à la centralité basé non seulement sur la proximité résidence – emploi mais aussi sur la construction d’un mode de vie spécifique. La coexistence de ces deux types de rapports renforcerait l’attachement à la centralité.
18De fait, notre recherche exploratoire confirme ces idées de départ, mais nous force aussi à les nuancer. S’il est vrai que le rapport à la centralité reposant sur la construction d’un mode de vie spécifique est particulièrement présent chez les professionnels, il ne concerne cependant pas tous les professionnels et se retrouve aussi chez certains employés de l’hôtellerie. De plus, nos entrevues ont permis de dégager un troisième type de rapport. Ce rapport à la centralité est marqué au sceau de l’indifférence et dans certains cas même au sceau du rejet. On le retrouve autant chez les professionnels que chez des employés de l’hôtellerie, soit que leur aire de recherche d’emploi déborde la ville centrale soit qu’ils se définissent en réaction au mode de vie des gentrificateurs.
19Examinons maintenant avec plus d’attention comment s’articulent ces trois rapports à la centralité.
1. Centralité et construction d’un mode de vie spécifique
20Un premier type de rapport à la centralité repose sur la construction d’un mode de vie défini en termes de mode de consommation mais aussi d’« image » sociale. Tous nos interlocuteurs valorisent la diversité de services à la consommation qu’ils trouvent dans leur quartier. Beaucoup d’importance est notamment accordée à l’alimentation (les petits restaurants et les épiceries spécialisées), alors que les activités culturelles viennent souvent au second plan. Par ailleurs, la centralité est associée à un mode de sociabilité très apprécié. Les gens qui manifestent un attachement fort à la centralité ont l’impression de participer à l’avant-garde, notamment en valorisant la « mixité » ethnique et sociale et la tolérance vis-à-vis des modes de vie « non traditionnels ». Nous avons d’ailleurs eu droit à des discours enflammés sur le sujet. Ils ont l’impression, en vivant au centre, de participer à la définition d’un nouveau mode de vie célébrant la mixité sous toutes ses formes. Les quartiers centraux représentent en quelque sorte pour eux le « centre de l’univers ». Comme le dit un répondant : « Tout le monde vit là ! ». Entendre, tout le monde qui compte...
21Pour ces personnes très attachées à la centralité, l’investissement symbolique est fort, qu’il s’agisse de l’habitat ou de l’emploi, car ces dimensions de la centralité participent à la construction de leur identité.
22Les jeunes professionnels contractuels œuvrant dans le domaine des communications savent que les emplois potentiels sont localisés au cœur des grands centres urbains. Mais ils ne sont pas attachés uniquement aux quartiers centraux montréalais. Ils ont toujours vécu en milieu urbain mais ne sont pas tous originaires de Montréal, ni même du Québec. Deux personnes nous ont même dit qu’il serait plus facile pour elles d’accepter un emploi à Toronto ou Vancouver qu’en banlieue de Montréal – à Longueuil ou Laval par exemple !
23Si, à cette étape de leur vie, ils se montrent très attachés au mode de vie que permettent les quartiers centraux, certains envisagent, si leurs revenus augmentent ou se stabilisent, ou encore s’ils ont des enfants, de déménager dans des quartiers plus huppés et plus verdoyants mais toujours à proximité du centre et donc dans des localisations très coûteuses. Ce type de projet d’avenir ne fait pas partie de l’imaginaire des employés de l’hôtellerie. Ainsi pour certains professionnels, la localisation centrale est-elle perçue comme une étape et appréciée en tant que telle.
24Pour les professionnels qui se définissent comme travailleurs autonomes, le logement et le quartier sont des points d’ancrage très importants dans un monde où la vie professionnelle est précaire. Certains nous diront que leur stabilité, c’est leur logement (voir aussi à ce sujet Mondor, 1990), et que les jeunes investissent beaucoup dans l’habitat parce que c’est la seule chose stable par rapport aux autres facettes de leur vie. Enfin, certains apprécient le fait de vivre et travailler dans un quartier qu’ils perçoivent comme tolérant et ouvert à différents modes de vie, ce qui leur permet, nous disent-ils, de conserver et maintenir une estime de soi et de s’épanouir.
Seulement j’ai l’impression que sur le Plateau, je suis vraiment entouré de gens qui font la même chose que moi. C’est-à-dire, de gens qui font des contrats à temps partiel et que ceci me semble un avantage. De cette façon je ne me sens pas isolé. Au niveau psychologique c’est vraiment un bon soutien. Par exemple quand je vais à Vancouver chez mes parents [en banlieue] et que je sors de la maison le matin, je sens que tout le monde va travailler en auto, je me sens vraiment isolé et ça me paraît très difficile.
25Mentionnons enfin quelques cas particuliers. Certains employés de l’hôtellerie aspirent au statut de professionnel, leurs pratiques et leurs représentations sont assez proches de celles des professionnels. Ils veulent maintenir une localisation centrale ; ils fréquentent les petites boutiques spécialisées et les marchés publics, ils apprécient la mixité ethnique des quartiers centraux. D’ailleurs une employée a souligné que la présence d’une multitude de commerces dans son quartier lui « permet vraiment de vivre » dans celui-ci.
26Pour d’autres employés de l’hôtellerie, il semble que l’attrait du centre ne soit pas tant relié à leur travail qu’à un mode de vie particulier, en l’occurrence le mode de vie souvent associé aux gais. Ce sujet n’a cependant pas été abordé directement dans les entrevues.
2. Centralité et proximité résidence – emploi
27Comme nous l’avons mentionné précédemment, la notion de proximité employée ici réfère soit aux déplacements résidence – emploi soit au chevauchement ou à l’entrecroisement éventuel des réseaux de voisinage et des réseaux professionnels.
28De façon générale, le fait de demeurer dans un quartier central n’est pas jugé très utile au plan des contacts professionnels. Seuls quelques professionnels en reconnaissent l’importance, les travailleurs autonomes notamment. Leurs réseaux de ressources et de contacts sont essentiellement concentrés dans les quartiers centraux, et pour ceux-ci l’attachement à la centralité revêt une importance toute particulière du fait que leurs réseaux professionnels et leur milieu de vie se superposent.
29Comme pour certains des professionnels à contrat rencontrés, l’image sociale des quartiers centraux est très importante pour ces travailleurs autonomes. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une valorisation de la mixité ou du sentiment de vivre « au cœur de l’action ». La pratique de la centralité contribue à la consolidation de leur statut professionnel.
Il y a beaucoup de journalistes qui travaillent et habitent dans ce quartier [...]. J’entends ce qui se passe et de cette façon je peux être mis au courant s’il y a des opportunités de travail [...]. Par exemple, lundi soir je suis allé à une lecture de textes. Il y avait quatre écrivains qui lisaient [...]. À cette occasion, il y avait une centaine de personnes et j’ai vu une vingtaine de personnes que je connaissais. Il y avait quelques personnes d’un grand quotidien montréalais dont le rédacteur en chef d’une section littéraire et également quelques journalistes qui écrivent pour cette section [...]. J’aurais pu entendre parler d’un contrat ou que quelqu’un me demande de faire un article. Je crois que ce type de contacts entre amis et professionnels sont importants pour l’obtention de travail.
30Pour certains, le quartier est aussi source d’inspiration et de créativité :
Aussi en tant qu’écrivain de fiction, l’ambiance du quartier m’inspire. Le mélange des cultures [...]. Par exemple, je vis à côté des familles portugaises et je trouve ça stimulant et fascinant. De plus, juste à côté de chez moi, il y a une coop de familles monoparentales et il y a aussi beaucoup de francophones. Enfin, tout ce mélange est une très bonne source d’inspiration pour le type de nouvelles que j’écris.
31Du point de vue utilitaire, on valorise la rapidité d’accès au lieu de travail. La réduction du temps de déplacement apparaît particulièrement importante pour les employés de 1’hôtellerie qui travaillent selon des horaires non-standards5. Ceci est d’ailleurs conforme aux résultats d’une étude portant sur le marché de la copropriété au centre-ville de Montréal (Choko et Dansereau, 1987). Ainsi, certains des employés de l’hôtellerie que nous avons rencontrés résident dans des logements au centre-ville ou à proximité et eu paient les coûts. Les loyers au centre-ville étant plus élevés, ils optent pour des logements de plus petites dimensions. Par contre, ils soulignent que, contrairement aux professionnels, ils ne sont pas disposés à assumer les coûts supplémentaires associés au fait de résider dans un quartier « in », le Plateau Mont-Royal notamment.
[C]’est comme ça aussi le Plateau, on dit que c’est un quartier chic, c’est « in » d’y habiter et je crois que ça fait partie des raisons que ça coûte un peu plus cher.
J’ai des amis qui restaient sur le Plateau et je trouvais ça stupide de payer ce prix-là [...]. C’est le fameux prestige du Plateau.
Je ne serais pas allé sur le Plateau car je ne veux pas payer plus cher pour la même chose. Dans Villeray, j’ai la même qualité de logement [...]. je n’ai peut-être pas le même voisinage mais ceci ne me dérange pas. Au niveau des services c’est très bien.
32Comme les conditions de travail et notamment les horaires de travail des employés de l’hôtellerie s’améliorent avec le temps, la localisation centrale privilégiée en début de carrière peut perdre de son attrait assez rapidement. Ainsi le fait de vivre au centre à proximité du lieu de travail est souvent vu comme une phase temporaire, un choix logique tant qu’on n’a pas d’enfants ou de projets d’accession à la propriété en banlieue. Bref, la centralité ne participe pas de façon fondamentale à la construction de leur identité, mais revêt un caractère plutôt utilitaire.
33D’autres personnes privilégient une réduction des temps de déplacements emploi-résidence afin de disposer d’un maximum de temps libre après les heures de travail. Dans ces derniers cas, l’attrait du centre ne se résume pas à la proximité au lieu d’emploi, mais est aussi relié à la pratique d’un mode de vie particulier : le mode de vie fréquemment associé au fait d’être gai6 ou le mode de vie « yuppie ».
34Enfin, les revenus de plusieurs professionnels, travailleurs autonomes, étant constitués d’une foule « de piges », la distance devient une préoccupation majeure car elle influence le niveau de rentabilité de ces petits contrats. Ainsi, ces travailleurs autonomes ont des patterns de déplacements plus complexes que ceux des autres répondants car ils doivent en effectuer plusieurs certains jours. Ce sont aussi les seuls qui mentionnent spontanément l’importance des moyens de communication contemporains car le recours à ceux-ci permet d’éviter un certain nombre de déplacements. Mais souvent rien ne remplace les contacts face à face, ce qui implique une localisation centrale.
3. L’indifférence ou le rejet face à la centralité
35De façon générale, pour les employés de l’hôtellerie et particulièrement ceux désirant faire carrière dans ce domaine, vivre au centre ne fait pas partie de leurs projets à moyen ou à long terme. Comme nous l’avons déjà mentionné, au moment de l’entrevue certains interlocuteurs habitaient dans des quartiers plus périphériques parce qu’ils travaillent maintenant selon un horaire standard et parce qu’ils ne veulent pas payer une prime pour vivre dans le type de quartier central recherché par les jeunes professionnels. De plus, d’autres envisagent soit de déménager en banlieue tout en maintenant un emploi au centre-ville, soit de retourner vivre et travailler dans leur région d’origine.
36Plusieurs facteurs expliquent le faible attachement des employés de l’hôtellerie à la centralité :
- Ils sont tous originaires de l’extérieur de Montréal, n’ont aucun réseau familial dans la métropole et n’y ont pas créé de réseaux sociaux depuis leur arrivée.
- Ils participent peu ou pas au mode de consommation « yuppie ». Leurs achats les amènent souvent à l’extérieur du quartier ; ils n’hésitent pas à dire qu’ils magasinent dans de grandes surfaces en périphérie. Ils demeurent d’ailleurs dans des quartiers plus périphériques et estiment que l’offre de services de consommation courante n’est pas très satisfaisante même si ce sont des quartiers essentiellement résidentiels. Ils ne magasinent pas non plus au centre-ville. Les personnels des grands hôtels portent fréquemment l’uniforme et ne peuvent sortir de l’établissement avec l’uniforme, ce qui limite énormément leurs sorties sur l’heure du midi par exemple. D’autre part, si leur horaire est non-standard, leur fréquentation des services du centre-ville s’en trouve limitée d’autant. Ce qui est quelque peu ironique, ces grands hôtels étant souvent directement reliés aux grandes galeries commerciales de l’imposant réseau souterrain du centre-ville de Montréal.
- Ils ont peu de possibilités de promotion au sein du secteur de l’hôtellerie, leur investissement professionnel est donc assez faible. Ainsi, après un certain temps, ils ne font plus de temps supplémentaire, contrairement à certains professionnels urbains pour qui les longues heures de travail représentent une raison additionnelle de privilégier une localisation centrale pour de longues années encore.
- Dans leur esprit, la banlieue et la campagne sont des lieux verdoyants et sécuritaires, donc idéaux pour élever une famille.
37Signalons toutefois que même chez les professionnels, bien que la plupart des gens rencontrés soient très attachés à la centralité, certains font figure d’exception. Nous retrouvons dans ce groupe deux types de situations qui semblent contribuer à leur faible attachement à la centralité. Certains ont vécu dans un milieu périurbain ou en région avant l’âge adulte (et ont parfois connu de nombreux déménagements au cours de leur jeunesse). Ils sont d’ailleurs disposés à quitter Montréal pour un « bon emploi », c’est-à-dire un emploi d’assez longue durée et bien rémunéré (ce qui est facilité par le fait qu’aucun de ces répondants ne vit actuellement avec un conjoint). En plus, ces personnes ne sont pas dans le domaine – fortement centralisé – des communications et savent que les possibilités de décrocher un emploi qui leur convienne en région sont passablement élevées.
38Certains jeunes professionnels actuellement au chômage ne manifestent pas non plus beaucoup d’attachement à la centralité. Ils sont disposés à travailler n’importe où dans la région métropolitaine de Montréal, ou dans les régions voisines, ou bien à retourner vivre dans leur ville natale ou même à accepter un emploi en région éloignée. Leur stratégie de recherche d’emploi ne passe pas par des réseaux qu’ils auraient pu créer dans leur quartier de résidence mais plutôt par des contacts qu’ils ont pu établir dans leurs milieux professionnels. Ces jeunes chômeurs ne tiennent pas un discours enflammé sur la centralité. On peut penser qu’ils sont en quelque sorte en réaction à un système qui les a exclus, pour un certain temps du moins, et qu’ils associent aux quartiers centraux. Dans les deux cas rencontrés, les répondants dénoncent le mode de consommation « yuppie » qu’ils associent à certains quartiers centraux, au Plateau notamment. Ainsi, même si une des répondantes demeure sur le Plateau et apprécie la mixité des populations, elle dira en parlant de son quartier :
J’aime pas les quartiers bourgeois, j’aime pas les quartiers yuppies, ça m’exaspère au plus haut point. J’ai des valeurs populaires. Je suis famille, simplicité, bonne bouffe [...]. J’aime ça manger chez Saint-Hubert (restaurant assez populaire et familial). J’ai horreur de cette culture-là même si j’en fais partie. Je suis prête à me déplacer pour accéder à des commerces. La consommation ce n’est pas le but de mon existence, ce n’est pas un critère de choix (résidentiel).
Conclusion
39Dans ce texte, nous avons plus mis l’accent sur le type d’attachement aux quartiers centraux que sur le degré d’attachement. Nous avons identifié trois principaux types d’attachement (ou rapports à la centralité) chez les jeunes adultes interviewés qui, rappelons-le, habitaient et travaillaient au centre de Montréal :
- un type de rapport reposant sur la construction d’un mode de vie ;
- un autre type de rapport que nous pouvons qualifier de type « utilitaire », reposant sur la proximité résidence – emploi ;
- enfin, certaines personnes manifestent peu d’attachement à la centralité ; même l’aspect utilitaire de la centralité serait faiblement valorisé. La proximité du lieu de travail serait moins importante parce que leurs conditions de travail leur permettent d’assurer de longs déplacements. D’autres « investissent » peu au centre parce qu’ils s’attendent à ce que leur prochain emploi soit localisé ailleurs.
40De façon générale, le type d’attachement à la centralité reposant sur un mode de vie semble prédominer chez les jeunes professionnels « marginaux » interviewés, tandis que le rapport de type « utilitaire » semble prendre plus d’importance chez les jeunes employés de service. Toutefois, ni l’un ni l’autre de ces types d’attachement à la centralité n’est exclusif à l’un ou l’autre des groupes de jeunes.
41En ce qui concerne les jeunes professionnels, cette recherche exploratoire nous a permis de mieux comprendre en quoi le mode de vie axé sur la centralité peut aider ces gens à gagner leur vie et leur permet de conserver leur estime de soi malgré la précarité de leur situation professionnelle actuelle. Ainsi, le mode de vie dans un quartier central semble être un élément important dans les constructions identitaires et, éventuellement, dans les perspectives professionnelles de ce segment particulier de la nouvelle classe moyenne des grandes villes du tertiaire avancé.
42En ce qui concerne les jeunes employés de service dans le secteur de l’hôtellerie, le fait de résider au centre de Montréal semble être moins associé à un mode de vie particulier. Notamment, la vie sociale est moins ancrée dans le quartier de résidence et les services associés aux « yuppies » sont moins fréquentés.
43Cependant, nous mettrons un bémol à cette interprétation. Nous ne pouvons pas écarter d’un revers de main la possibilité que ces jeunes employés n’aient pas, eux aussi, développé un mode de vie spécifique axé sur la consommation d’équipements et services « non yuppies » au centre. David Ley (1995) a récemment suggéré que « la nouvelle convivialité du centre-ville n’interpelle pas uniquement les nouvelles couches aux goûts sophistiqués » [notre traduction] et qu’on devrait porter plus d’attention aux nouvelles formes de consommation de masse au centre (équipements sportifs, entre autres). La littérature existante a très peu exploré les modes de vie urbains des jeunes employés qui vivent, eux aussi, dans les quartiers centraux sans appartenir aux nouvelles couches moyennes. Et pourtant des études québécoises portant sur l’exode des jeunes des milieux ruraux suggèrent que si ceux dont les aspirations scolaires sont élevées souhaitent vivre clans un milieu « orienté vers le secteur tertiaire », pour d’autres « la consommation de biens et de services, propres à la ville » serait aussi importante que les perspectives professionnelles en tant que facteur d’attraction et de rétention des jeunes dans les grandes villes (Roy, 1992, p. 439). Dans notre étude, nous ne nous sommes pas donné les moyens d’identifier de façon adéquate toutes les pratiques de consommation de ces jeunes, car les questions posées dans cette partie de notre enquête étaient trop directives et trop biaisées vers les services et équipements associés à la nouvelle classe moyenne ! Ainsi, selon nous, y a-t-il encore lieu d’approfondir les recherches et d’élargir la réflexion sur la signification de la centralité chez les divers groupes qui travaillent et résident au centre ou dans les quartiers avoisinants.
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Notes de bas de page
1 Nous voulons remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et les Fonds FCAR (Québec) pour l’aide financière apportée à cette recherche. Nous voulons également remercier toutes les personnes qui nous ont accordé une entrevue ainsi que les personnes qui nous ont aidé à recruter les candidates et candidats à une entrevue. Enfin, nous voulons remercier les personnes qui ont commenté une version antérieure de ce texte.
2 Nous avons recours à l’expression « occupationnel » plutôt que « professionnel » afin de tenir compte des périodes d’études et de chômage.
3 Nous avons eu recours à divers réseaux de recrutement. Les professionnels ont été recrutés dans les grandes institutions du secteur public localisées au centre-ville ainsi que via nos réseaux sociaux élargis. Dans le cas des employés de 1’hôtellerie notre première porte d’entrée était les syndicats ; par la suite nous avons fait appel aux responsables des ressources humaines.
4 L’équivalent d’une « licence » en France.
5 Même si dans certains cas ils ont la possibilité de dormir à l’hôtel (Laplante, 1995).
6 Ce propos est d’ailleurs appuyé par les résultats des études de marché effectuées par la Ville de Montréal dans le cadre de son programme « Habiter au Centre », pour lequel les gais et les lesbiennes sont devenus des groupes cibles pour l’achat des condomiums (Martin Wexler, communication personnelle, 7 décembre 1995).
Auteurs
INRS-Urbanisation – Université du Québec.
INRS-Urbanisation – Université du Québec.
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