Conclusion. L’âge d’or du confort
p. 105-106
Texte intégral
1Il peut sembler paradoxal de parler des « trente glorieuses », et plus particulièrement des années soixante, comme d’un âge d’or du confort, tant est aujourd’hui désuet ce que l’on pourrait appeler le « confort formica». Pourtant, il est difficile, autrement que par cette formule, de désigner le contexte qui a permis au procès du confort de s’étendre véritablement, au point qu’il soit possible d’envisager une apparente « démocratisation » du confort. Si nous avons vu ce qu’une telle conception des choses devait à une idéologie du progrès particulièrement en vigueur dans les années soixante, force est toutefois de constater que cette période est belle et bien celle pendant laquelle l’évolution du procès du confort est magistrale et permet ainsi de penser que la constitution d’un monde du confort est sinon réalisée, du moins en voie de l’être. Dès lors, c’est bien d’âge d’or qu’il faut parler pour caractériser cette période, puisque, si rien n’est véritablement acquis, pas même le confort, tout semble pouvoir l’être, tant la marche vers le progrès et le bonheur semble irrésistible. La réalisation d’un « minimum confortable » a montré que le confort n’était plus l’exclusivité de quelques privilégiés et a assis le rôle désormais prépondérant de la technique. De nouveaux besoins, de nouveaux modes de vie ainsi apparaissent, non sans quelques résistances, et définissent les bases d’un nouveau rapport au monde, voire plus simplement d’un « nouveau monde », celui du confort. Période privilégiée, du moins en apparence, pendant laquelle le rythme de la croissance et du développement permet de maintenir un certain nombre d’évidences et peut-être d’illusions, les « trente glorieuses » sont les années pendant lesquelles le confort prend cette valeur emblématique qui témoigne pour le bien-fondé du développement économique d’une société qui a su ainsi permettre, ou saura le faire, au plus grand nombre de ses membres de vivre confortablement. Certes, bien des critiques existent à cet égard, concernant notamment le danger d’uniformisation et d’aliénation que ne manquera pas de provoquer ce développement, mais elles ne font finalement que renforcer l’importance du modèle ainsi établi. Aux détracteurs de la société capitaliste de consommation répondent les certitudes mesurées des chiffres et autres indices qui témoignent de l’augmentation de la consommation, du niveau de vie, voire, pourquoi pas, du bonheur et du bien-être. Le confort est ainsi l’étalon symbolique qui permet de légitimer un certain mode de développement économique, lequel apporte, pour l’instant encore, l’abondance et la modernité. Le confort semble « définitivement » être le signe qui « donne à voir » la correspondance parfaite entre le progrès économique et le progrès social.
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