Michelet et les femmes de lettres
p. 283-300
Texte intégral
1L’une des grandes découvertes du XIXe siècle, pour Michelet, est celle de la femme. Les progrès de la physiologie, la naissance de l’ovologie et la reconnaissance du cycle menstruel en bouleversent la vision. Michelet se passionne pour les travaux de Baër, Négrier, Pouchet, Coste, Gerbe ; il dévore les ouvrages de vulgarisation, acceptant dans une même foi les balbutiements d’une science nouvelle et les fausses assurances d’observations douteuses. Qu’importe, puisque la femme ne peut plus être tenue pour l’être impur qu’en fit toute la tradition judéo-chrétienne ? Elle devient une créature sacrée, en qui s’incarnent la nature et sa loi d’éternel recommencement.
2Être naturel par excellence, elle subit de ce fait la loi physique de la fatalité. Cependant, au moment même où la nature la revendique pour sienne, la femme fait irruption dans le monde des idées et des mœurs. Comme pour obéir à un principe d’équilibre, ou plutôt à une puissante dialectique de la nécessité et de la liberté, de la nature et de la culture, elle affirme « sa libre personnalité non moins fortement » et, par le lustre qu’elle donne à la littérature, la femme de lettres se place au premier rang :
« Le grand prosateur du siècle (les manuscrits portent : le plus grand prosateur) est une femme, madame Sand. Son poète le plus chaleureux est une femme, madame Valmore. Le plus grand succès de tous les temps est celui d’un livre de femme, le roman de madame Stowe, traduit dans toutes les langues, et lu par toute la terre, devenu pour une race l’évangile de la liberté »1.
3La femme de lettres n’est évidemment pas née au XIXe siècle. D’Héloïse à George Sand, les femmes ont marqué de leurs œuvres l’histoire et la culture françaises. Marguerite de Navarre, madame Guyon, les héroïnes cultivées de la Révolution française, ont plus particulièrement retenu l’attention de Michelet et lui ont inspiré des pages qui révèlent combien l’historien se montre sensible à leur rôle, combien il est étonné par leur action spirituelle, fasciné par leur figure.
4Que ce soit au XIIe siècle ou à la Renaissance, sous la Révolution ou au XIXe siècle, toute femme de lettres est une énigme dont Michelet se complaît à percer le mystère. Comment ne serait-elle pas mystérieuse, puisque la science de son temps conduit à reconnaître dans la femme une créature maladive, qui doit peu travailler et dont la santé dépend de l’activité et de l’industrie du mari ? « La femme est ce qu’elle était. Telle que la science récente nous l'explique, atteinte de la blessure d’amour qui saigne toujours en elle, attendrie par la souffrance, heureuse de s’appuyer, telle elle fut, telle elle reste »2. La femme de lettres, comme la femme d’action, est une exception. Qui reprocherait à Michelet d’avoir consacré un livre entier à Jeanne d’Arc ? Ce qui vaut pour l'héroïne populaire, vaut également, à un moindre degré sans doute, pour les femmes de lettres : elles méritent que l’historien s’attarde à évoquer et expliquer leur destin.
5La femme de lettres est d’abord une femme lettrée. Ce premier caractère la distingue, surtout aux premiers temps de la culture française. Ce sont en général des femmes savantes, au bon sens du terme. Deux siècles avant la Renaissance, Héloïse, toute jeune, sait le latin, le grec et l’hébreu ; elle enseigne même ces deux dernières langues au Paraclet, en plus de la théologie3. Par sa culture humaniste avant la lettre, elle annonce Marguerite de Navarre, dont la formation intellectuelle est analogue. Marguerite, en effet, une passionnée du savoir, est « douée d’une « curiosité infinie qui lui fit chercher les études qui attirent le moins les femmes, les langues et l’érudition ». Elle est l’un des plus beaux fleurons de cette époque où l’intelligence se retrempe aux sources vivifiantes d’une culture antique jusque là incomprise ou méconnue4.
6Toutes les femmes de lettres ne méritent pas autant d’éloges. Michelet dénonce en madame Guyon, par exemple, la « femme ignorante ». Non qu’elle n’ait aucune culture, elle sait le latin, mais la rigueur intellectuelle lui est étrangère. Dans sa jeunesse, elle lit « la Bible et les romans », et lorsqu’elle rédige Les Torrents, elle ne connaît guère « que Limitation, le Philothée de saint François, quelques contes et Don Quichotte », œuvres auxquelles il faudrait ajouter Griselidis5. Léger bagage, qui ne fortifie point la pensée ! Qui a pris goût à la Bible, qui est sensible à la littérature mystique, risque en effet de ne pas franchir les limites d’une culture romanesque. C’est l’imagination, non l’esprit, qui se nourrit de telles œuvres. Inversement, « la jeune femme qui n’a pas été au premier âge mûrie, gâtée, piquée du ver mystique et de l’équivoque religieuse, n’est pas préparée au roman »6. C’est à ce type de femme que s’attache Michelet.
7Madame Guyon constitue une exception parmi les femmes qui ont marqué leur temps de leurs écrits. En général, elles ont été initiées de bonne heure aux choses de l’esprit. La jeune demoiselle Kéralio, la future épouse du cordelier Robert, « n’avait pas dix-sept ans, qu’elle traduisait et compilait » pour son père, membre de l’Académie des inscriptions, rédacteur au Mercure et au Journal des Savants. Sans doute eut-elle la tentation du roman, puisqu’elle commit son Adélaïde. Mais son insuccès la pousse à entreprendre « une longue Histoire d’Élisabeth, pleine d’études et de recherches ». Si elle revient au roman sous l’Empire, c’est par nécessité : travail alimentaire ; ce genre lui permet de compléter le revenu qu’elle tire de nombreuses traductions de l’anglais7. Quant à madame de Staël, madame Roland, madame de Condorcet, ce sont toutes des filles du siècle des Lumières, et plus précisément des filles de Rousseau. La formation intellectuelle de ces femmes de lettres est moderne, l’esprit héroïque submerge le goût du romanesque, le culte de la Résolution renverse le vieil esprit religieux ; et madame de Condorcet, ancienne chanoinesse, sort « de sa position demi-ecclésiastique pour présider un salon qui était le centre des libres-penseurs »8.
8L’homme joue un rôle décisif dans la vocation littéraire de la femme. Il donne le goût du savoir, comme M. de Kéralio à sa fille ou Roland à son épouse. De fait, madame Roland devient femme de lettres en aidant son mari tout comme la jeune Kéralio fit ses classes au service de son père : « sans se rebuter de l’aridité des sujets, (elle) copiait, traduisait, compilait pour lui. L’art du tourbier, l’Art du fabricant de laine rase et sèche, le Dictionnaire des manufactures, avaient occupé la belle main de madame Roland, absorbé ses meilleures années »9. Pour mieux souligner le parallèle avec mademoiselle Kéralio, Michelet insiste sur le « culte filial » que madame Roland rend à son époux. Et quand ce n’est point le mari ou le père, c’est l’amant ou le directeur de conscience qui fait naître le désir d’écrire. Madame Guyon cède aux instances du Père Lacombe, qui « lui avait recommandé d’écrire ce qui lui viendrait à l’esprit : c’est pour obéir, dit-elle, que je vais commencer à écrire ce que je ne sais pas moi-même. Elle prend une rame de papier, et en tête, elle écrit ce mot ; les Torrents »10. Toute l’œuvre naît de ce geste premier qui trouve son origine dans les conseils du père confesseur. Héloïse, cinq cents ans auparavant, n’aurait jamais connu la célébrité littéraire si Abailard, après l’avoir instruite en disciple, n’était devenu, une fois mutilé, le conseiller spirituel auquel elle pouvait livrer ses pensées et ses élans de passion. C’est bien l’homme qui entraîne la femme à écrire et parfois l’initie.
9L’homme n’exerce pas seulement une influence éducative, il ne se borne pas à encourager, il est aussi un catalyseur. Les femmes de lettres, dans l’œuvre de Michelet, sont toujours des passionnées. Sans cette force intérieure, sans cet élan, aux manifestations diverses, elles n’auraient pas le goût d’écrire, semble-t-il. Marguerite de Navarre associe à l’amour des sciences « le culte étonnant, l’amour, la foi, l’espérance, la parfaite dévotion, qu’elle eut de la naissance à la mort, pour le moins digne des dieux, pour son frère François 1er »11. Si l’emblème du roi est le soleil, Marguerite en est, selon l’image même de l’historien, « le tournesol »12 ; et la vigueur de sa personnalité tient à cette passion qui la possède et dont le souverain, tentant de la dévoyer en inceste, détruit en grande partie l’efficience. Madame de Staël, pour sa part, voue un amour éperdu à son père : « elle (l’)aimait comme homme, l’admirait comme écrivain, le vénérait comme idéal du citoyen, du philosophe, du sage, de l’homme d’État. Elle ne tolérait personne qui ne tînt Necker pour Dieu »13. Plus simplement, avec tout autant de flamme cependant, c’est leur mari que madame Roland, madame de Condorcet et madame Robert entourent d’une affection passionnée, et Michelet rapporte avec admiration le mot de l’épouse du Cordelier : « s’il périt, je ne lui survivrai pas »14. Chez toutes ces femmes se manifeste un élan de ferveur religieuse, une authentique adoration pour l’être aimé. Seule madame Guyon épure les mouvements de la passion et les élève à une haute spiritualité ; elle se perd en Dieu dans une si pure extase qu’« elle n’eut jamais besoin de se représenter sous une forme matérielle l’objet de son pieux amour »15.
10Un sentiment aussi fort, de nature si religieuse, fait la grandeur de la femme de lettres. Son importance est confirmée par des exemples contraires. Olympe de Gouges, pour laquelle Michelet éprouve une sympathie peut-être excessive, reste bien au-dessous de madame Roland. Alors qu’elles connaissent toutes deux un destin semblable, Olympe manque d’envergure et de fermeté : son veuvage, la succession des amants, l’empêchent de fixer sa flamme intérieure. « La brillante improvisatrice » ne domine ni les événements ni sa plume ; ses écrits révèlent combien elle est manœuvrée, manipulée par les adversaires de la Révolution16. De même, madame de Staël ne peut s’élever jusqu’au génie, parce que la vivacité de son amour filial, est contrecarrée par l’instabilité de sa vie sentimentale.
11Le talent de la femme de lettres est donc fonction du sentiment. Qui s’en étonnerait ? En Michelet, l’historien s’accorde avec le moraliste, pour lequel le sentiment constitue la réelle supériorité de la femme sur l’homme : « ce qui a l’homme est lumière, explique-t-il, à la femme est surtout chaleur. L’idée s’y fait sentiment. Le sentiment, s’il est vif, vibre en émotion nerveuse »17. La femme, d’une façon immédiate, par une aveuglante intuition, par une sorte d’illumination intime, se trouve douée d’un don de pénétration instinctif, qui, en un instant, va jusqu’aux plus lointaines conséquences : en toute femme sommeille une Jeanne d’Arc, car toute femme est toujours une inspirée. Ainsi s’explique le rôle qu’à l’aube de la Révolution, en 1791, jouent les femmes de lettres dans la genèse de l’idée républicaine. Une nouvelle religion est en train de naître : qui, sinon des femmes passionnées, des femmes sensibles aux émotions profondes, est capable d’avoir l’intuition du grand bouleversement idéologique et moral qui s’annonce ? Ce n’est plus l’époque où la raison est maîtresse. L’ère des Lumières est déjà révolue, celle de la République est en gestation ; l’année 1791 est celle de la femme et du sentiment :
« Les femmes règnent en 91, par le sentiment, par la passion, par la supériorité aussi, il faut le dire, de leur initiative. Jamais, ni avant, ni après, elles n’auront autant d’influence. Au XVIIIe siècle, sous les encyclopédistes, l’esprit a dominé la société ; plus tard ce sera l’action, l’action meurtrière et terrible. En 91, le sentiment domine, et par conséquent la femme »18.
12Michelet voit s’incarner dans les femmes de lettres l’enthousiasme révolutionnaire ; elles insufflent la flamme sacrée aux acteurs de ce qui sera bientôt le drame héroïque de la Révolution française. Madame de Staël a déjà transfiguré son père en le conduisant jusqu’aux confins du suffrage universel19, madame Roland est l’âme de la Gironde, madame de Condorcet inspire à son mari la foi républicaine. Quelle femme de lettres n’a point pour secrète ambition d’être le génie de la Révolution, la « déesse inspiratrice », tout comme une femme de lettres anglaise, célèbre à l’époque, la Macaulay, fut celle du ministre Williams ?20
13D’une manière générale, les femmes de lettres dont Michelet retrace la vie, fût-ce en quelques lignes, dévoilent la vivacité de leurs sentiments. Leurs portraits sont éloquents. La beauté importe peu, même si l’historien se plaît à la souligner lorsque la vérité historique le lui impose. Le portrait physique, en effet, n’a de sens que dans la mesure où il révèle les qualités intellectuelles et morales. L’œil noir de madame de Staël retient l’attention de l’historien moins par souci de précision que parce qu’il est « ardent de vie » ; il est même, à lui seul, « un monde »21. La voix de harpe de la belle mademoiselle Candeille, la maîtresse de Vergniaud, annonce la bonté et l’humanité qu’elle répand dans sa pièce La Belle Fermière22. Marguerite de Navarre, au « nez charmant, fin mais aigu », a le droit de revendiquer « cet esprit abstrait que Rabelais évoquait du ciel pour le faire descendre dans son livre »23.
14Le portrait intellectuel des femmes de lettres est toujours brossé à l’aide d’adjectifs qui suggèrent une intelligence dont les qualités essentielles sont plus la grâce et la finesse que la robustesse du raisonnement et la solidité du jugement. Madame Roland est douée de qualités « brillantes », tandis que mademoiselle Kéralio, « vive, spirituelle, ambitieuse », se distingue par un « esprit vif, rapide, ardent »24. Le portrait le plus précis est peut-être celui de Marguerite de Navarre, dont Michelet loue l’« esprit délicat, rapide et subtil, ailé, qui volait à tout, se posait sur tout, n’enfonçant jamais, ne tenant à la terre que du bout du pied »25. L’esprit féminin se révèle donc par son caractère aérien ; loin d’être superficiel, il se montre pénétrant ; il effleure, mais sa caresse est suggestive ; il n’analyse point, il sonde ; et sous la plume de Michelet, le mot esprit prend le sens qu’il avait au XVIIIe siècle ; il est l’agrément de la conversation plus que l’instrument de la raison. Un tel esprit, associé à la beauté ou à la séduction, produit un sortilège auquel l’historien ne reste pas insensible par-delà les siècles. Les femmes de lettres sont toutes « délicieuses » ou « charmantes ».
15Leur charme réside en particulier dans la jeunesse d’esprit et la grâce qui en résulte. Michelet pardonne ainsi à madame Guyon son âme « romanesque, aventureuse et quasi-folle ». Il est émerveillé de son éternelle jeunesse et du « don de l’enfance » qu’elle manifeste tout au long de sa vie. Par ce côté, l’auteur du Peuple lui reconnaît une part de génie. Comment se révèle un don si rare ? Par un « je ne sais quoi d’enfantin, de comique, mais d’amoureux aussi, (qui) faisait sourire, touchait, la rendait délicieuse»26. Or la gaieté n’est pas un trait de caractère spécifique de la quiétiste. Madame de Sévigné le partage avec elle27 et Marguerite de Navarre aussi. Celle-ci, en effet, séduit l’historien, par « le rire, la légère ironie, la douce malice » dont elle sait si bien user. Ce sont là des armes qui préservent la vertu d’une femme, qui sauvent aussi l’écrivain des dangers du « galimatias mystique » auquel Marguerite était particulièrement exposée28.
16Cette gaieté, ce sens du comique, de l’ironie, cette fantaisie enfantine font pénétrer quelques-uns des secrets de la littérature féminine29. Michelet y est à ce point sensible qu’il privilégie les genres épistolaire et autobiographique dans lesquels l’agrément du style, l’enjouement, la verve constituent des qualités essentielles. Sans doute faut-il faire la part du métier d’historien. L’homme de science, qui recherche les documents d’époque, les témoignages de première main, s’intéresse naturellement aux lettres et aux mémoires. Ainsi s’explique, en partie du moins, la préférence manifestée pour la correspondance de Marguerite de Navarre et le dédain affiché pour ses autres œuvres, notamment pour L’Heptaméron, qui n’est évoqué qu’incidemment. Ce n’est toutefois pas la seule raison. A maintes reprises, en effet, dans l’Histoire de France, Michelet montre avec quel art il sait inscrire une œuvre littéraire dans le contexte historique et les éclairer l’un par l’autre. Le silence fait sur des textes comme L’Heptaméron (des contes !) ou bien La Princesse de Clèves (un roman !) résulte d’un choix. Si la femme de lettres est appelée à épanouir son talent dans une littérature où domine le sentiment, les genres qui en garantissent le mieux la sincérité ne sont pas ceux de la fiction. Michelet se montre sévère pour la romancière de son siècle, George Sand, surtout vers la fin de sa vie. Si Indiana, et, dans une moindre mesure, Valentine sont des livres où les héroïnes – des Emma Bovary avant la lettre – cèdent à l’ennui de la vie provinciale, victimes à la fois de l’égoïsme du mari et de l’amant, les derniers romans entérinent l’abaissement de la femme et révèlent une perversion du sentiment30. De la même manière, la pureté du sentiment est gravement altérée par le dogmatisme religieux – ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si Michelet qualifie de « romans » la Bible et la littérature catholique. Si, pour leur part, Héloïse et madame Guyon échappent à une critique sévère, qui n’épargne pas Marguerite de Navarre, c’est qu’elles laissent parler leur cœur. Héloïse célèbre moins Dieu que son amant, son époux, et madame Guyon, dans son extase divine, laisse de côté la langue cléricale pour donner libre cours à l’effusion lyrique du sentiment de la nature. Dans la correspondance, en revanche, la sincérité peut être complète ; les amitiés, les amours, les passions vraies s’y expriment pleinement, comme le souligne Michelet à propos des lettres de Marguerite de Navarre : « Le second volume des lettres, adressé tout entier au roi, étonne et confond / ... /. Tous les amours du monde doivent s’humilier ici / ... /. La seule chose qui rappelle ses lettres, c’est l’immense et charmant recueil des lettres de madame de Sévigné. Celles de Marguerite en ont parfois l’agrément (par exemple quand elle écrit au roi captif ce que font ses enfants), et elles en ont surtout la passion, l’émotion intarissable »31.
17Sentiment, agrément, émotion, autant de caractères qui permettent de mieux comprendre la littérature et l’écriture féminines. Il en est un autre, qui fait l’originalité linguistique de la femme et place la parole féminine au sommet de la création. « La femme, explique en effet Michelet dans l’Amour, au-dessus du verbe de l’homme et du chant de l’oiseau, a une langue toute magique dont elle entrecoupe ce verbe ou ce chant : le soupir, le souffle passionné »32. L’historien attache beaucoup d’importance à ces traits de style. Ils lui permettent d’arracher d’incroyables secrets aux documents d’archives. Michelet est ainsi persuadé que la pétition du Champ de Mars, qui fut le prétexte au fameux massacre de juillet 91, est due à madame Robert. Sa conviction se renforce avec les années, puisque la conjecture de l’Histoire de la Révolution Française devient une haute probabilité dans Les Femmes de la Révolution. Comment justifie-t-il sa thèse ? Par un commentaire stylistique de la pétition :
« Je la croirais volontiers improvisée par madame Robert (mademoiselle Kéralio) qui passa tout le jour sur l’autel avec son mari, avec une passion persévérante à signer et faire signer. Le discours est coupé, coupé, comme d’une personne haletante. Plusieurs négligences heureuses, de petits élans dardés (comme la colère d’une femme ou celle du colibri) me sembleraient volontiers trahir la main féminine »33.
18Et Michelet donne un exemple qu’il juge éclatant :
« Mais, messieurs, vous représentants d’un peuple généreux et confiant, rappelez-vous, etc. ».
19La ponctuation, le « soupir », lui suffisent donc pour attribuer à madame Robert l’initiative qui eut de si grandes conséquences pour l’établissement ultérieur de la République. Ces pauses qui se trahissent jusque dans l’écriture, n’amoindrissent pas la portée du texte ; au contraire, selon l’historien, elles lui donnent une puissance inégalée : en ce cas, « le silence de la femme » est plus expressif que n’importe quelle « harangue d’homme »34. Ainsi écritures féminine et masculine se distinguent-elles nettement. Sans doute arrive-t-il que le lecteur puisse se méprendre sur le caractère d’un style. Parfois le cœur parle avec tant de force que « la passion, dans son entraînement, oublie les réserves » attendues d’une pudeur de femme : tel est le cas de madame Guyon ou d’Héloïse35. Quant à madame Roland, elle transcende son sexe au point que ses Mémoires paraissent « moins écrits d’une plume de femme que du poignard de Caton » et que Michelet s’émerveille de ses « prédications viriles »36.
20Puissance de « l’inspiration spontanée » ! Vertu poétique, au sens fort du terme, qui permet de recréer le monde et fait de la femme de lettres une incarnation du démiurge ! Sous la plume de madame Guyon la vive peinture des torrents ne doit rien à l’observation, elle naît d’une rêverie purement intérieure : « elle (madame Guyon) ne les observe pas dans les Alpes où elle est alors ; elle regarde la nature dans le miroir de son cœur »37. Avec sa spontanéité inspirée, cependant, la littérature féminine tend inévitablement à l’« aimable bavardage ». L’expression discrètement péjorative, qui s’applique à la quiétiste, pourrait caractériser la correspondance de madame de Sévigné (la délicieuse bavarde) comme celle de Marguerite de Navarre. La différence n’est point de nature, mais de degré seulement, avec l’éloquence qui anime madame Roland ou encore l’« éloquence passionnée » qui enflamme Héloïse38. D’une manière générale, le style des femmes de lettres se caractérise par l’improvisation, brillante parfois, médiocre aussi comme le montre l’exemple d’Olympe de Gouges, « qui, comme Lope de Vega, dictait une tragédie par jour, sans savoir, dit-elle, ni lire ni écrire »39.
21Les limites de la littérature féminine apparaissent donc vite à Michelet. Madame Roland a beau être une héroïne aux « qualités brillantes et viriles », la femme de lettres finit toujours par se dévoiler : « tel mot, arraché des entrailles maternelles, telle allusion touchante à l’irréprochable amitié, font trop sentir, par moments, que ce grand homme est une femme, que cette âme, pour être si forte, hélas ! n’en était pas moins tendre »40. Les méprises ne peuvent jamais être durables. Les cultures masculine et féminine diffèrent en effet sensiblement, ce qui se traduit jusque dans le style. Quelle distance, dans la manière d’écrire, entre Héloïse et Abailard ! Elle laisse échapper de grands élans passionnés. Il « divise et subdivise », argumente « avec méthode et par chapitre » : le sentiment s’efface devant la raison41. Est-ce un trait particulier de la civilisation médiévale ? Michelet conclut plutôt à une forme spécifique de l’intelligence masculine, nullement innée, mais acquise, intériorisée et transmise par des siècles d’éducation, ce qui explique parfois une certaine infériorité de l’homme, comme en 1791, où l’influence dirigeante exercée par les femmes de lettres sur la société vient de ce qu’elles sont « moins gâtées par les habitudes sophistiques et scolastiques »42. La culture masculine risque toujours de s’abîmer dans la sécheresse, de se confondre avec une stérile recherche des constructions intellectuelles, tandis que chez la femme, l’authentique culture est l’amour43.
22Michelet souligne les rapports étroits unissant l’art, l’amour et la femme : « C’est par l’amour, écrit-il, que la femme reçoit toute chose. Là est sa culture d’esprit ». Une culture fondée sur l’épanouissement du sentiment se distingue nécessairement de celle qui a pour principe le culte de la raison. Cependant, ces deux cultures, complémentaires, se recoupent parfois. Dans la mesure où « tout art, surtout dans les hauteurs, se confond avec l’amour – ou avec la religion, qui est l’amour encore »44, hommes de lettres et artistes, androgynes sans le savoir, participent de la dimension spécifiquement féminine de la culture. En tout penseur, en tout écrivain, même chez ceux « qui croient exclusivement s’appuyer de la logique », même chez « les plus déterminés raisonneurs », Michelet découvre la puissance d’inspiration naturellement propre à la femme. Ainsi s’expliquent les méprises, toujours éphémères, qui peuvent se produire. La femme de lettres, par un trait de génie peut égaler l’homme un instant ; mais l’historien, fort de son savoir, soutient formellement que « les grandes créations de l’art semblent lui être impossibles »45. Seul l’homme est capable d’opérer une synthèse esthétique trop vaste pour un esprit féminin. George Sand est comparé à bon droit avec J.J. Rousseau : son « style de cristal » est « éloquent et juste au point » ; mais s’il est « aussi ardent », il est « moins fort », « moins ouvrier que Rousseau ». Aussi une œuvre comme Indiana présente-t-elle un aspect « brusqué ». Si Georges Sand semble bien « l’âme de Rousseau revenu », elle est « un Jean-Jacques moins le génie »46. L’infériorité d’Indiana sur La Nouvelle Héloïse éclate entre autres dans le dénouement, dans lequel Michelet dénonce une influence staëlienne : « cette préférence pour l’Anglais est une réminiscence de Corinne », déplore l’historien qui, dans son Histoire de la Révolution, avait comparé Rousseau et la fille de Necker en des termes sévères pour celle-ci : « d’elle à Jean-Jacques, son maître, c’est la différence du fer à l’acier »47.
23Michelet pourrait écrire : c’est la différence du talent, toujours susceptible d’être altéré, au génie, incorruptible. Pour lui, les femmes de lettres n’ont que du talent. Madame de Staël, par exemple, a manqué de peu le génie48 : les déceptions nées des vicissitudes de l’histoire l’ont malheureusement fait régresser au point de vue idéologique de Rousseau à Montesquieu, de la Révolution à la monarchie constitutionnelle49. Quels sont donc les agents corrupteurs de ce bel esprit ? La sensibilité, la sentimentalité, l’atmosphère larmoyante dans laquelle elle fut élevée : « madame de Staël, fille de Necker, née dans cette maison de sentimentalité, de rhétorique et d’emphase, de larmes faciles, avait de grands besoins de cœur en proportion de son talent »50. Son instabilité affective explique sa versatilité, l’oscillation de sa pensée depuis l’enthousiasme révolutionnaire jusqu’à la compromission avec la Cour, et de la réaction monarchiste au soutien du Directoire républicain. Elle n’est pas la seule femme de lettres à faire preuve d’une telle inconséquence. Olympe de Gouges, « légère, très légère », « révolutionnaire de nature et de tendance», se sent des sympathies royalistes, le 6 octobre 1789, en voyant le souverain menacé et injurié ; elle se rallie à la République et à la Gironde à cause de Varennes avant de redevenir monarchiste au moment du procès de Louis XVI51. Elle aussi est « le jouet de sa mobile sensibilité »52. Même madame Roland ne peut atteindre à la perfection de l’héroïsme, et pourtant elle fut peut-être la seule femme de lettres dont la vocation littéraire soit née sous les auspices du peuple53. Mais si elle ne trouve pas de séduction aux gentilshommes comme madame de Staël, si elle porte un amour authentique à son époux, elle ne sait malgré tout pas mettre ses actes en accord avec ses principes. Disciple de Rousseau, elle aime un bourgeois. Malgré son hostilité à Robespierre, Michelet salue l’incorruptible, qui sent une faille en madame Roland et s’en écarte :
« Robespierre, avec un sens parfait, qui, plus qu’aucune chose, prouve sa supériorité, avait évité les salons, craint la femme de lettres, la Julie pure et courageuse où toute la bourgeoisie reconnaissait l’idéal de Rousseau. Lui aussi imitateur de Rousseau, son disciple servile littérairement et politiquement, il le suivit dans la vie privée avec intelligence et dans le vrai sens de son rôle : il aima dans le peuple. S’il ne se fit pas menuisier, comme l’Émile de Rousseau, il aima la fille du menuisier. Ainsi sa vie fut une... »54.
24Michelet, il est vrai, décerne à Robespierre et à madame Roland un même blâme. Ni l’un ni l’autre ne surent dépasser l’auteur du Contrat Social et ils restèrent prisonniers de son œuvre : à la différence de Danton, qui fut « une force organique » nourrie de la sève populaire, « madame Roland et la Gironde aussi bien que Robespierre et les jacobins, appartenaient au XVIIIe siècle, à Rousseau, à la bourgeoisie philosophique »55. Or, si l’esprit philosophique donna à bien des femmes le goût d’écrire, ces vocations furent marquées par un vice inhérent à la pensée bourgeoise, que Michelet nomme le bellétrisme. Les femmes de lettres de la période révolutionnaire, surtout madame Roland, laissent la bride à leur plume. A elles comme à leurs compagnons, « la plume et le style furent une pensée obstinée »56. Si ce défaut touche tout le monde, il caractérise surtout la Gironde, le parti de madame Roland :
« Autre défaut de la Gironde, l’esprit journaliste, belléttriste, pour dire comme les Allemands. Brissot en était le type / ... /. Madame Roland, plus sévère, écrivait pourtant beaucoup trop / ... /. Rien n’énerve plus un parti que de donner sans cesse sa force en paroles, de fournir une infinité d’écrits, toujours discutables, matière aux disputes ».
25Aussi Michelet dénonce-t-il « l’esprit scribe »57, dont Robespierre est également animé58, et qui semble un défaut cultivé par les femmes : si l’incorruptible écrit tant, c’est pour assurer le succès de sa politique en se gagnant les femmes par une « rhétorique sentimentale » – Michelet ne pense pas qu’il ait échoué : les dames jacobines ne furent pas un mythe. On peut dès lors se demander si l’esprit scribe n’est pas, dans la pensée de Michelet, un élément décisif de la psychologie de la femme de lettres. L’irritation croissante de l’historien devant l’immense production sandienne semble bien provenir de là.
26N’est-il pas caractéristique d’ailleurs que le portrait le plus émouvant de femme de lettre soit celui de madame de Condorcet ? L’épouse du dernier encyclopédiste a peu écrit, seulement des Lettres sur la sympathie, un « livre d’analyse fine et délicate »59. Son vrai mérite littéraire est d’avoir décidé son mari à abandonner les « vaines luttes » et à écrire son œuvre maîtresse, l’Esquisse d’un Tableau des Progrès de l’Esprit Humain60. La gloire de madame Roland eût été autre, mais non moins grande, si elle était restée la discrète, l’ignorée collaboratrice de son mari. Le ministère de son mari fut sans doute un malheur pour elle. Certes Michelet évoque avec admiration « ce mariage de travail (qui) devint un mariage de luttes communes, de sacrifices, d’efforts héroïques »61. Mais ne préfère-t-il pas encore ces femmes qui, telle madame de Condorcet, « ont glorieusement consacré le mariage et l’amour, soulevant le front fatigué de l’homme en présence de la mort, lui versant la vie encore, l’introduisant dans l’immortalité...»62. Qu’est-ce qui est le plus glorieux : madame Roland guillotinée, Roland suicidé de désespoir, ou, grâce à une épouse lucide, de bon conseil, Condorcet immortalisé par son œuvre ? La réponse de Michelet ne prête pas au doute.
27C’est que la femme de lettres, selon l’historien, doit reconnaître ses limites. Elle écrit pour son plaisir, et sait qu’une grande œuvre sort d’une plume d’homme, celle de son mari par exemple. Évidemment, l’union peut être si parfaite entre les époux qu’un beau livre de femme soit publié. En tout état de cause, l’époux doit l’écrire, même si la femme l’a conçu. Telle est la démarche qui aurait présidé à la composition de L’Insecte et que Michelet expose à George Sand en 1857 : « Je l’ai moins fait que rédigé, profitant de faits et d’observations recueillies par ma femme, de ses idées. Je n’y suis guère que pour la forme. C’est donc le livre d’une femme que je vous offre63. A lire ces lignes, on peut se demander si madame Michelet n’est pas aux yeux de son mari la femme de lettres par excellence. Athénaïs n’est-elle pas l’anti-Sand ? Son besoin d’affection ne s’est-il pas fixé sur un mari qui l’initie à la rigueur de la pensée ? Son travail est désormais solide. Quelle différence avec la romancière, « cette illustre et infortunée personne qui nourrit toute la terre de sa production rapide, de sa fécondité charmante, de sa belle imagination, de son trop facile cœur » ! Chez Sand, l’esprit scribe se mêle à la dissipation morale, elle réunit les défauts de madame Roland et de madame de Staël. Il en résulte une œuvre grêle :
« Sans doute la production se ranime par étincelles au souffle de l’aventure ; seulement elle est fortuite, elle n’arrive pas par degrés légitimes comme les vrais fruits de la nature.
Dans une vie assise, au contraire, la production sort naturellement et régulièrement du travail, de la maturité progressive, et, comme elle ressemble à la nature par son développement, elle en a la fécondité ».
28En écrivant ces lignes dans son Journal, Michelet ne peut s’empêcher de se tourner vers le « bon génie qui travaille près du foyer » : il commence alors à l’éduquer64.
29Avec Athénaïs, Michelet veut donner naissance à un nouveau type de femme de lettres. Jusque là, c’était plus ou moins une nouvelle incarnation d’Héloïse. Celle-ci annonce en effet le mysticisme et le quiétisme, cependant que des ressemblances peuvent être retenues entre Marguerite de Navarre et Fénelon65 ; et comme « il y a crescendo de Fénelon... à Rousseau... et de Rousseau à Sand66, c’est une longue chaîne qui, par le truchement de la figure rousseauiste de Julie, relie l’amante passionnée du moyen-âge aux femmes de lettres de la Révolution et à la scandaleuse femme émancipée de l’époque romantique. De chacune de ces femmes, Michelet retient un aspect pour l’initiation d’Athénaïs. Il veut lui dispenser ses leçons comme Abailard à Héloïse, et souhaite qu’elle n’aspire, comme celle-ci et comme madame de Condorcet, à « d’autre gloire que celle de son époux »67. Il désire en être aimé à la fois comme un père, comme un frère et comme un mari, attendant qu’elle éprouve pour lui les passions réunies de madame de Staël, de Marguerite de Navarre, de madame Robert ou de madame Roland. Et qui sait s’il n’a pas la secrète ambition qu’elle maîtrise la prose comme George Sand ? Grâce à une initiation progressive conduisant la femme vers la maturité intellectuelle, grâce à sa protection morale, il écarte un double danger ; le mysticisme et la dépravation. Aidée de son mari, la femme peut devenir une femme lettrée, sans risquer de connaître la destinée d’une « dame au camellia », sans avoir à redouter « une fausse position » au sein de la société. Les obstacles disparaissent, le règne des infâmes protecteurs est terminé68. La culture de la femme est assise sur de solides bases, et l’épouse peut se livrer à des travaux auxquels le mari donne toute leur ampleur. L’œuvre de la femme de lettres, où le sentiment et l’inspiration tiennent une si large place, et celle de l’écrivain, qui ne sacrifie rien à la rigueur intellectuelle, se confondent, fécondées l’une par l’autre. Après sa mort, l’époux peut même espérer que sa pensée lui survive, que son œuvre soit continuée, achevée par sa veuve, si étroite fut l’union de leurs esprits. A partir de notes éparses, l’épouse femme de lettres n’hésitera pas à composer des ouvrages entiers. Écrivain accomplie, Athénaïs signera Jules Michelet.
30Ainsi, le métier d’historien a conduit Michelet à s’intéresser à quelques-unes de ces femmes qui, par leurs écrits, ont contribué à faire la France, à lui donner le rayonnement que mérite la nation révolutionnaire. Sans doute n’ont-elles pas l’immense gloire de Jeanne d’Arc. A travers les siècles, cependant, elles donnent une image de l’éminente dignité de la femme. Leur œuvre dément l’injurieuse et sacrilège accusation d’impureté lancée par le christianisme. Certes, la femme de lettres est animée de ferventes passions. La force du sentiment, caractéristique de la créature féminine, prend chez elle une dimension exceptionnelle ; elle s’épanche en une inspiration puissante et spontanée. Si elle ne fait pas toujours preuve d’une rigueur intellectuelle satisfaisante, la femme de lettres n’en manifeste pas moins de singuliers dons de pénétration et d’intuition. Femme inspirée, elle est aussi une inspiratrice, la muse qui insuffle l’enthousiasme et pousse à l’action.
31Grandeur et faiblesse de la femme de lettres. Elle peut être à l’origine de grands événements ; mais son émotivité, son instabilité psychologique, l’amènent parfois à s’égarer. Comment donc lui assurer sa place dans la nation régénérée par l’esprit de la Révolution ? Michelet cherche à donner une réponse personnelle, qui ait en même temps valeur d’exemple. En initiant son épouse aux travaux de l’intelligence, il modifie complètement les données de la création littéraire. Inspiration féminine et réflexion masculine sont appelées à se confondre : l’œuvre devient le fruit d’une collaboration intime. L’auteur n’est plus l’homme ou la femme de lettres ; il a nom les époux. La prééminence du mari s’affirme toujours, assurément : c’est lui qui, en fin de compte, tient la plume, rédige. Mais son initiation est si puissante, qu’il peut espérer qu’un jour son épouse s’exprime légitimement en son nom. Elle sera alors vraiment femme de lettres.
NOTES
32A : L’Amour ; F : La Femme ; P. : Le Prêtre, la Femme et la Famille, dans l’édition Flammarion, revue et corrigée par Mme Michelet.
33F.R. : Les Femmes de la Révolution, édition de 1854.
34HF : Histoire de France (édition Marpon) ; HF, éd. Viallaneix : Histoire de France dans : Œuvres Complètes, éditées par P. Viallaneix, Paris, Flammarion.
35HRF : Histoire de la Révolution Française, Bibliothèque de la Pléiade (2 vol.).
Notes de bas de page
1 A, 17.
2 A, 18.
3 HF, éd. Viallaneix, T. IV, 456-458.
4 HF, X, 157.
5 HF, XVI, 27 ; Ρ, 126 ; HF, XVI, 31.
6 A, 214.
7 FR, 174-5 et 192.
8 HRF, Pl, I, 658.
9 HRF, Pl, I, 662.
10 P, 126.
11 HF, X, 158.
12 HF, XI, 10.
13 FR, 77.
14 HRF, Pl. I, 964.
15 P, 124.
16 Cf. FR, 165.
17 F, 584.
18 HRF, Pl. I, 652.
19 FR, 76.
20 « Peu de femmes de lettres alors qui ne rêvent alors d’être la Macaulay de la France. La déesse inspiratrice se retrouve dans chaque salon ». (HRF, Pl. I, 653).
21 HRF, Pl. I, 652.
22 HRF, Pl. I, 821 et II, 34-35.
23 HF, X, 159.
24 HRF, Pl. I, 654 et FR, 173.
25 HF, XVI, 27-28 et 36.
26 HF, X, 157.
27 « La rieuse Mme de Sévigné » (Journal, 1er février 1862).
28 HF, X, 157.
29 « Un grand secret du succès : rire toujours », écrit Michelet à propos de Mme de Sévigné (Journal, 1er fév. 1862).
30 Voir Journal, 4 juillet 1844 et 20 mars 1870.
31 HF, X, 160.
32 A, 40.
33 HRF, Pl. I, 702 et FR, 173.
34 A, 40.
35 P, 128 ; cf. HF, éd. Viallaneix, T. IV, 459.
36 HRF, Pl. II, 377 et 843.
37 P, 124.
38 HRF, Pl. I, 662 ; HF, éd. Viallaneix, T. IV, 458.
39 HRF, Pl. I, 644.
40 HRF, PI. II, 377.
41 HF, éd. Viallaneix, T. IV, 458-459.
42 HRF, Pl. I, 651.
43 A, 81.
44 F, 589, 585.
45 F, 604-605.
46 Journal, 24 août 1841, 20 juillet 1846.
47 HRF, I, Pl. 840.
48 Cf. FR, 84 : « Au total, femme excellente, d’un bon cœur et d’un grand talent, qui, peut-être, sans les salons, sans les amitiés médiocres, sans les misères du monde parleur, du monde scribe, eût eu du génie ».
49 Cf. FR, 83.
50 HRF, Pl. I, 839.
51 HRF, Pl. II, 119 ; cf. I, 654.
52 FR, 105.
53 HRF, Pl. I, 666. C’est en effet le spectacle de la fédération lyonnaise de 1790 qui lui fait écrire un mémorable premier article :
« Dès le matin, madame Roland était en extase sur l’admirable quai du Rhône, et s’enivrait de tout ce peuple, de cette fraternité nouvelle, de cette splendide aurore. Elle en écrivit le soir la relation pour son ami Champagneux, jeune homme de Lyon, qui, sans profit et par pur patriotisme, faisait un journal. Le numéro, non signé, fut vendu à soixante mille ».
54 HRF, Pl. I, 1270.
55 HRF, Pl. I, 1284.
56 HRF, Pl. I, 836.
57 HRF, Pl. II, 31-32.
58 Cf. HRF, Pl. I, 836 : « Tous deux écrivaient toujours, ils étaient nés scribes. Préoccupés, on le verra du style, autant que des affaires, ils ont écrit la nuit, le jour, vivant, mourant ».
59 HRF, Pl. I, 655.
60 Madame Robert dictant la pétition du Champ de Mars à son mari adopte une attitude voisine.
61 HRF, Pl. I, 669-670.
62 HRF, Pl. I, 658.
63 Michelet à George Sand, 31 octobre 1857. La dernière phrase est soulignée par nous.
64 Journal, 7 mars 1852.
65 HF, éd. Viallaneix, T. IV, 459 et HF, X, 159-160.
66 Cité par G. Monod, J. Michelet, Paris, 1905, p. 349.
67 HF, éd. Viallaneix, T. IV, 458.
68 Cf. F, 380-386.
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Biographie & Politique
Vie publique, vie privée, de l'Ancien Régime à la Restauration
Olivier Ferret et Anne-Marie Mercier-Faivre (dir.)
2014