Conclusion
p. 271-272
Texte intégral
1L'aménagement de la ville moyenne depuis la seconde guerre mondiale a contribué à enfermer celle-ci dans un paradoxe dont elle paraît difficilement s'abstraire. En fixant dans un premier temps les populations rurales nouvellement arrivées à la ville, tous les efforts se sont focalisés sur la production d’espaces péri-urbains qui en contrepartie ont conduit à l'abandon des centres. Or, les politiques d'aménagement des années de la croissance sont dominées par l'idée de la centralité urbaine comprise comme pôle structurant de l’espace, comme générateur d'axes de développement. Cependant on s'aperçoit, en réalité, que les pratiques mises en œuvre "tendent toutes à accroître l'attractivité de la ville, puisqu'elles résolvent, au moins momentanément, un certain nombre de problèmes. Cette attractivité accrue engendre des arrivées supplémentaires de population qui induisent de nouveaux déséquilibres, soit au niveau même des problèmes que l'on a voulu résoudre, soit au niveau des autres secteurs qui ne paraissaient pourtant pas directement concernés. En réaction à ces nouveaux déséquilibres, l'attractivité va donc progressivement se détériorer. La ville se retrouve alors face au même problème puisqu'à long terme les tensions réapparaissent". Ainsi S. Fournier (1984) explique-t-il, par une remarquable expérience de modélisation appliquée à la ville de Carpentras, combien la politique d'aménagement de la ville moyenne pousse à s'engager dans une sorte de spirale sans échappatoire, et oublie le plus souvent "d'articuler la ville avec la région et de développer des équipements structurants". Même le contrat de ville moyenne dont on sait toute la souplesse d'utilisation œuvre hélas en ce sens.
2C'est-à-dire qu'il y a fréquemment rupture du système décision/information/application, car la relation local/général fait défaut dans la plupart des cas, tant pour la mise en place de l'information que pour le choix de la décision et de son pilotage, en dépit des vœux de la D.A.T.A.R pour innover en ce sens. Afin de mesurer les potentialités locales et les exploiter par toutes les synergies possibles de rares moyens ont été mis en œuvre - tel le contrat de ville moyenne. Mais la distorsion spatiale des intérêts de niveau national et de niveau local est manifeste et se double parfois d'une seconde opposition entre le court et le long terme. Si bien que la croissance du rôle de l'Etat durant ces dernières décennies, dans la production de l'espace, contribue à conduire une politique brouillonne où l’on transite mal d’une échelle à une autre, d'un espace à un autre. Aussi alterne-t-on de la périphérie au centre - l'un excluant l'autre en tout ou en partie ou passe-t-on d'une politique strictement limitée aux problèmes locaux (comme la fixation des populations rurales) à celle, velléitaire, de dimensions européennes ! Encore plus que Chalon, Mâcon et Bourg illustrent remarquablement ces incohérences qui gomment non sans dommage le niveau régional, lequel est cependant le propre de la ville moyenne.
3Certes, après les erreurs de l'urbanisme progressiste, la réhabilitation de la ville ancienne et le réaménagement du centre-ville sont-ils conçus comme un véritable projet d'urbanisme inséré dans une politique urbaine davantage "globaliste" ; mais les problèmes de coûts, alliés aux séductions des solutions de facilité, laissent encore augurer de beaux jours à la rénovation, c'est-à-dire à la démolition d'un patrimoine qui, là encore, est la parure et la singularité de ces vieilles cités de taille moyenne où le centre actif, s'il répond avec difficulté au fonctionnement économique et social contemporain, n'en perdure pas moins obstinément.
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