L’astronomie à l’âge de l’histoire naturelle : la tentation de l’histoire et la nostalgie de la fable, de l’abbé Pluche à Court de Gébelin
p. 225-241
Texte intégral
1La nécessité de la vulgarisation des savoirs passe non seulement par une volonté de rendre la science accessible à tous, mais aussi par le constat que la science s’éloigne de plus en plus de la pure expérience du sensible et par le désir de lutter contre cette orientation. De toutes les sciences, l’astronomie est peut-être celle qui pose le problème de la façon la plus aiguë. Dans son « Discours préliminaire sur l’esprit positif » qui ouvre le Traité philosophique d'astronomie populaire (1844), Auguste Comte installe une relation forte entre l’astronomie et le visible :
Si la perte d'un sens important suffit pour nous cacher radicalement un ordre entier de phénomènes naturels, il y a tout lieu de penser, réciproquement, que l’acquisition d'un sens nouveau nous dévoilerait une classe de faits dont nous n’avons maintenant aucune idée [...]. Aucune science ne peut mieux manifester que l’astronomie cette nature nécessairement relative de toutes nos connaissances réelles, puisque l’investigation des phénomènes ne pouvant s’y opérer que par un seul sens, il est très facile d'y apprécier les conséquences spéculatives de sa suppression ou de sa simple altération. Il ne saurait exister aucune astronomie chez une espèce aveugle [... J ni envers des astres obscurs [...] ni même si seulement l’atmosphère à travers laquelle nous observons les corps célestes restait toujours nébuleuse1.
2Or, au xviiie siècle, la réalité visible du ciel semblait s’évanouir. Dans l'Encyclopédie, à l’article « Ciel », évoquant les cartographies anciennes du ciel (le zodiaque, les constellations méridionales et septentrionales...), l’auteur de l’article conclut : « Les philosophes modernes, comme Descartes, & plusieurs autres, ont démontré facilement que ce ciel n’est point solide ». Au ciel dont la réalité se dérobe, s’ajoute une science de moins en moins proche des sens. À l’article « Astronomie », on peut voir que cette science est séparée en deux matières, l’une reprenant celle qui est issue de l'observation, l’autre semblant s’affranchir de celle-ci :
Le ciel pouvant être considéré de deux manières, ou tel qu’il paraît à la vue simple, ou tel qu’il est conçu par l’esprit, l'Astronomie peut se diviser en deux parties, la sphérique & la théorique ; l'Astronomie sphérique est celle qui considère le ciel tel qu’il se montre à nos yeux ; on y traite des observations communes d'Astronomie, des cercles de la sphère, des mouvements des planètes, des lieux des fixes, des parallaxes, &c.
L’autre se propose un objet plus élevé & plus étendu ; elle rend la raison physique des mouvements des corps célestes, détermine les causes qui les font mouvoir dans leurs orbites, & l’action qu’elles exercent mutuellement les unes sur les autres.
3La première astronomie, perçue par les sens, n’est plus l’astronomie dominante à la fin du xviiie siècle. Ses méthodes mêmes peuvent perdre tout rapport avec le visuel : ainsi Lagrange déclare-t-il, dans la préface de son traité, qu’« on ne trouvera point de figures dans cet ouvrage. Les méthodes que j’y expose ne demandent ni constructions ni raisonnements géométriques ou mécaniques, mais seulement des opérations algébriques assujetties à une marche régulière et uniforme2 ». La géométrie même, qui reste dans l’ordre du visuel, est dominée par l’algèbre : l’aveugle Saunderson, évoqué par Diderot dans la Lettre sur les aveugles, peut occuper, par exemple, la chaire de Newton.
4L'homme du commun se trouve alors face à une science désincarnée, alors que les siècles précédents avaient au contraire lié fermement les astres à l’observation, mais aussi au dessin (les constellations) et à l’histoire, celle des individus (divination) comme celle des peuples et des civilisations (comètes, calcul des chronologies anciennes, etc.). À l’inverse, et pour les mêmes raisons, l’histoire naturelle est une science à la mode (voir Michel Foucault dans Les Mots et les Choses) : elle reste ancrée dans la visibilité : Linné oppose les Naturalia aux Cœlesta et aux Elementa, par le fait que les premières tombent sous les sens, et les autres non3. Situation transitoire, puisqu’à la fin du siècle, avec Cuvier, on tourne le dos à la visibilité, dans ce domaine comme dans les autres. Le progrès scientifique semble donc progressivement priver l’homme de tout contact étroit, c’est-à-dire sensible et efficace avec les choses, et ce sentiment de perte n’est pas sans conséquences : par réaction à ce sentiment, les « Lumières » engendrent leurs contraires. Je tenterai de rendre compte ici de quelques tentatives « anti-philosophiques » opérées au dix-huitième siècle pour freiner ce mouvement et maintenir un lien entre l’homme et les astres, tout en tenant compte des sciences modernes : il s’agit de redonner une importance à la visibilité dans l’astronomie et de lui redonner une dimension d’Histoire, non pas au sens que Linné donne à ce terme dans la construction de son « Histoire naturelle », mais dans un sens plus ancien encore.
5Dans son Histoire du ciel, l’abbé Noël Pluche propose une exploration de la question en trois parties qu’il intitule respectivement : Ciel poétique, Monde des philosophes, Physique de Moïse. On devine d’emblée dans cette disposition une gradation et un emploi des termes qui n’est pas innocent : si le « ciel » des poètes désigne bien le visible, le « monde » des philosophes est plus abstrait, mais il est moins « scientifique » cependant que la « physique », présentée dans la Bible. La référence au religieux domine la science. Pluche est un savant apologétiste et il développe une théorie providentialiste du fonctionnement des astres : les astres existent d’une part pour régler les saisons et l’alternance du jour et de la nuit (ce qui récuse en partie l’idée de Comte : un aveugle même est sensible à ces phénomènes à cause de leur action sur ses autres sens), mais aussi pour être vus et pour faire signe :
À le bien prendre, la lune n’a été mise dans le ciel que pour être consultée par les hommes sur ce qu’ils doivent faire ; puisque le Créateur ne lui a donné différentes phases que pour être dans le ciel la mesure publique du temps et la règle sensible de tous les travaux4.
6Cette affirmation de la nature visuelle des phénomènes astronomiques est ainsi doublée d'une théorie utilitariste, que l’abbé Pluche étend à toutes les sciences, assignant par là une place à l’homme, modeste, par rapport au champ du savoir possible :
Il est démontré que Dieu qui a donné à l’homme une mesure de lumières proportionnée à ses moyens et à sa fin, s’est proposé d'en faire non un créateur mais un laboureur. C’est là notre condition. Nous pouvons nous y distinguer ; mais nous n'en devons point sortir. [...] Les vrais savants et tous les esprits solides dont le travail opère quelque bien sur la terre, sont, exactement parlant, autant de laboureurs. [...] Le géomètre, il est vrai, n’a jamais labouré un champ, mais il en fixe les limites. Le botaniste ne manie point la bêche, mais il enrichit le jardinage. Le géographe ne transporte nulle part ni le cuir ni le blé : mais il facilite la navigation et le commerce. L’astronome ne conduit pas la charrue : mais par l'observation de la marche des Cieux, il conduit le labourage, et toute la société5.
7Le « vrai savant » est celui qui est utile à la société, non celui qui perce les mystères de la nature. Cette définition, positive et négative, recouvre une certaine conception de ce que l’homme peut connaître. Tout l’ouvrage de l’abbé Pluche est dominé par une conception restrictive du champ de la connaissance. En effet, il s’ouvre dans le premier volume par un frontispice qui affirme fortement la vanité de certaines recherches. On y voit Démocrite moqué par des passants qui lisent une ardoise placée par l’un d’entre eux devant lui. On lit sur celle-ci : « L’homme n’est point fait pour construire la terre mais pour la cultiver. » L’abbé Pluche en propose le commentaire :
Tous sentent que nous avons reçu assez d'intelligence pour régler notre travail et nos mœurs ; mais que nous ne pouvons rien comprendre de ce qui n’a pas été confié à nos soins. C’est la conclusion de tout cet ouvrage.
8Cette idée est effectivement constamment présente ; elle est reprise à la suite du passage cité plus haut sur le savant-laboureur :
Rappelons tous les arts et les vraies sciences à un point. La chose est facile. Dieu a donné à l’homme des sens et une intelligence pour mettre tout en valeur sur la terre et pour en glorifier l'auteur.
Voilà où l'expérience, le sens commun, la conscience, Moïse, et toute l'Écriture sainte nous ramènent ; mais d’où il semble que tous les systèmes de physique aient pris à tâche de nous écarter, en nous élevant si haut qu'ils nous mettent hors de notre sphère, et en nous occupant de ce qu'on ne peut ni entendre ni mettre à profit6.
9L’homme a des sens et une intelligence donnés par Dieu : tout ce qui échappe aux premiers est de l’ordre de l'interdit, et l’exercice de l’intelligence, en dehors du sensible, est dangereux. Cette possibilité de connaître le monde est condamnable parce qu'elle relève d'une « hybris » coupable. Une telle condamnation rythme l'ouvrage de Pluche et il n’est pas surprenant de la retrouver écrite en lettres capitales dans la conclusion aux réflexions sur le « monde des philosophes », dont on a vu qu’il était inférieur à la « physique de Moïse » :
non seulement dans la religion mais même dans la physique, nous devons nous borner à la certitude de l’expérience et à la modestie df. la révélation7.
10Cette tentative, faite par l'un des auteurs les plus lus du siècle (son Spectacle de la nature est un des plus grands succès de librairie du xviiie siècle) ne se fonde pas sur une volonté de vulgarisation au sens habituel du mot. Elle se situe en amont du désir de vulgarisation. On peut la voir comme une injonction destinée à empêcher que la science ne sorte du cadre de l’expérience – du visible donc, pour l’astronomie – et de la Révélation. Cette position peut apparaître à la fois comme une attitude prudente imitant celle de Réaumur8 et comme un combat d’arrière-garde, comme une des dernières tentatives pour freiner l’essor des lumières scientifiques – et surtout philosophiques, l’un n’allant pas sans l’autre. Celui que l’on a appelé « l’encyclopédiste chrétien » s’oppose en effet radicalement à l’entreprise de l'Encyclopédie. Dans son système, la diffusion du savoir moderne est refusée au nom du maintien d’un contact sensible avec les choses.
11Pourtant, l’abbé Pluche a inspiré directement un auteur de la fin du siècle, Court de Gébelin, qui a tenté de concilier ces deux exigences en apparence inconciliables, et qui a proposé d'intégrer dans le discours scientifique la réalité du sensible. Moins orthodoxe que l’abbé Pluche, hérétique même (il est protestant et franc-maçon, et s’est fait le prosélyte du docteur Mesmer), apparemment favorable à l’entreprise encyclopédiste9, raisonnant à partir des théories sensualistes, sa pensée reste cependant dominée par une théorie religieuse. Pour lui aussi, l’homme a été créé pour cultiver la terre, et les astres ont une fonction utilitaire et sémantique. Mais il cherche à associer à la Révélation et à la nature de l’homme, dans une égale dignité, la poésie et les sciences modernes, contrairement à l’abbé Pluche qui dénonçait ces deux domaines pour mettre en valeur l’excellence de la tradition religieuse. Dans le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne (1773-1782), publié en neuf volumes – il aurait dû en compter une trentaine s’il avait rempli tout le programme qu’il avait fixé dans son « plan général » –, Court de Gébelin souhaite montrer comment le monde des origines peut être retrouvé et réuni au monde moderne.
12Face à l’astronomie, il se trouve devant un double problème : l’astronomie antique est dépassée, et l’astronomie populaire est décriée. Il s’agit donc de redonner ses lettres de noblesse à l’une, et d’offrir au peuple de nouvelles images qui lui permettent de penser la course des astres et le rapport de ceux-ci avec sa vie – personnelle ou collective. Lui aussi propose des images qu’il commente, mais ce n’est pas pour récuser les sciences, bien au contraire. Il s’agit de montrer que les Anciens ont développé une astronomie, des instruments, des calculs qui peuvent être repris par le monde moderne. Dans le premier volume du Monde primitif, il propose une interprétation du mythe de Mercure et orne ce chapitre d’une vignette (ill. 1) qu’il commente à la fin du volume ; on y lit cette volonté de rassembler les astronomies de toutes les traditions et de tous les temps :
La Vignette II, à la tête de l’histoire de Mercure, peint l’invention de l'astronomie, ou du calendrier. Mercure trace une Carte Céleste ; Minerve, Déesse des Arts, l’éclaire de son Flambeau. Le Ciel est parsemé d’Étoiles. D'un côté, sont des Obélisques et des Pyramides, Monuments élevés pour des Observations Astronomiques ; de l’autre, un Tube, espèce de Télescope qui ne fut pas inconnu à l’Antiquité, et des Instruments de Mathématiques. A côté de Mercure est son Caducée, son Symbole parlant, comme Inventeur de l’Astronomie, et dont on voit le modèle dans l’Équateur et l’Écliptique de la Carte qu’il trace, (vol I, p. 259)
13L'image insiste sur la visibilité de cette science : Mercure, éclairé par la torche de Minerve, semble recopier le ciel nocturne qu'il voit au-dessus d’eux mais il le transcrit en une forme géométrique, avec des cercles et des ellipses. Les instruments et les observatoires supposés qui sont placés autour des deux personnages, signifient que la connaissance est accessible à l’homme et que tous les moyens que son intelligence se donne sont légitimes. La présence de Minerve en est le garant.
14Le recours à la mythologie n’est pas un simple ornement pour Court de Gébelin, mais il est au contraire au cœur de son système, fondé tout entier sur une théorie de l’allégorie généralisée. Celle-ci lui permet de réinterpréter le zodiaque ou certains mythes avec une apparente scientificité. Selon Court de Gébelin, tout mot est susceptible de trois sens : concret, abstrait, spirituel (dans certains volumes cette classification change10) Toutes les langues proviennent d’une seule, qu’il reconstruit partiellement grâce à la recherche de racines communes à toutes. Avec ces outils que constituent le dictionnaire de la langue primitive et les dictionnaires des mots propres et figurés, Court de Gébelin retraduit les mythes comme des leçons d’agriculture (Saturne, Hercule) et d’astronomie (Mercure). Les constellations et le zodiaque sont essentiellement des points de repères pour calculer le temps et les travaux agricoles. De ce fait, les mythes antiques qui appartiennent à la culture lettrée rejoignent les leçons des almanachs populaires, mais ces derniers sont expurgés de leur dimension divinatoire, pour devenir le domaine ordonné par le bon sens pratique et garanti par la science.

III. 1. Vignette représentant Mercure dans le Monde primitif analysé et avec le monde moderne, vol. I (deuxième livraison), 1773 ; p. 99
15Court de Gébelin présente ainsi l’histoire de Mercure en empilant les différentes traditions :
D’après Diodore de Sicile, « Il inventa les premiers caractères, & régla jusqu’à l'harmonie des mots & des phrases [...J & il donna aux hommes les premiers principes de l'astronomie. Il leur proposa ensuite pour divertissement la lutte et la danse et leur fit comprendre quelle force et même quelle grâce le corps humain peut tirer de ces exercices. »11.
Après le départ d’Osiris, il devient le conseiller l'Isis, et à la mort de celui-ci, il institue avec elle des sacrifices.
D’après Plutarque, Rhéa, enceinte de Saturne, est maudite par le soleil, ce qui lui interdit d’accoucher, quel que soit le mois de l'année. Mercure joue « aux dés avec la lune et lui gagne la soixante douzième partie de chaque jour. Mettant ces morceaux bout à bout, il en forme cinq qu’il ajoute aux 360 qui composaient l’année ». Au premier jour, naît Osiris, puis Apollon, Isis, Typhon, Nephté ou Vénus. Il délivre Io d’Argus aux cent yeux, en jouant de la lyre. On le représente avec une tête de chien, ou le caducée à la main, on lui attribue 36525 livres ou rouleaux. Le coq et l'ibis lui sont consacrés, comme la tortue et le bélier. Ses fêtes ont lieu au mois de Mai, et il est fils de Maia. Enfin, « son nom devint Bornes, celui des livres périodiques et le nom honnête de Gens qui ne le sont guères »12, etc., etc.
16À l’issue de cette accumulation, de faits, de noms et d’objets, Court de Gébelin s’étonne de l’incohérence de l’ensemble, qu’il décrit de façon significative comme un labyrinthe. Mais il ne faut, selon lui, qu’un fil pour en sortir et pour voir l’énigme s’éclaircir.
17Il serait un peu long de rendre compte de tout le démontage puis de la reconstruction des histoires de Mercure opérés ici. On résumera en disant que la clef de tout cet enchevêtrement est l'allégorie de l’invention de l'astronomie, et on se contentera d’un seul exemple : dans un autre volume, le quatrième, consacré tout entier aux calendriers, Court de Gébelin revient sur ce mythe en tentant de l’intégrer aux calculs faits par les historiens et les astronomes. À partir de l’élément du mythe selon lequel Mercure possède 36525 rouleaux, Court de Gébelin élabore diverses combinaisons mathématiques et astronomiques :
Il avait formé un cycle de quatre ans, celui qui servit aux Grecs pour les Olympiades et qui finit par l’intercalation d’un 366e jour.

Ce nombre multiplié par 365 ans, égal au nombre de jours d'une année, forme le cycle de 1 460 ans, si célèbre chez les Égyptiens.
À ces 1 460 ans, on ajoutait une année composée d’un jour intercalé de 4 en 4 ans et qui dans 365 révolutions pareilles de 4 ans forment un an ; en tout, 1 461 ans pour ce grand cycle.

Multipliant ensuite 1 461 par 25 années qui forment le quart d’un siècle, on a exactement un cycle de 36 525 ans, au bout desquels tout recommençait de nouveau avec l’entrée du soleil au signe du Bélier, et les Astres parcouraient comme du passé la même révolution.
18Plus loin, Court de Gébelin tente une autre combinaison :
Ce même cycle de 1461 ans, étant multiplié par un siècle entier, produit le nombre astronomique de 150 000 ans Chaldéens, en nombres ronds, qu’on a prétendu si mal à propos être un vrai nombre historique.
19Tout cela est assez fastidieux et, à mon sens, ne mérite guère qu’on s’y arrête ; mieux vaut aller directement aux conclusions : selon Court de Gébelin, tous les calculs astronomiques et chronologiques des Anciens ont une base juste si on sait les interroger. La Bible elle-même est sauvée puisque, comme l’abbé Pluche, il voit en elle le reflet le plus exact de l’organisation du monde à cette époque. Lorsque Court de Gébelin évoque la durée des années avant le déluge, il rend compte des calculs de ses prédécesseurs : pour Fréret, l’année aurait eu 336 jours mais 354 pour Heideger, 355 pour l'Histoire universelle anglaise, et 365 pour Scaliger. Lui-même pense qu’elle était composée de 360 jours et considère qu’elle était le reflet de la réalité de ce temps, profondément « harmonique », comme ce nombre13. Niant donc que le récit mosaïque puisse comporter des erreurs, il suppose qu’après la catastrophe du déluge, la terre a subi d’importantes modifications : l’axe de la terre aurait changé légèrement en s’inclinant, théorie assez répandue à l’époque, et la durée de la révolution annuelle aurait augmenté de cinq jours.
20La science moderne elle aussi prouve, selon lui, l’excellence et la précision des sciences de l’Antiquité, toutes religions confondues. Dans ce même volume, Court de Gébelin s’interroge, par exemple, sur la nature de l’année chaldéenne14. D’après ses calculs (qui m’échappent un peu, mais la question n’est pas là), un sare astronomique chaldéen correspondrait à 6 585 jours + 8 heures, période à la lin de laquelle la lune se trouve « à la même distance du soleil, au même point de son écliptique, et ramène ses nœuds au même point de l’écliptique solaire ». Il confronte ensuite ses résultats avec les calculs de Halley qui indiquent 6585 jours 8 h 16 min 40 s, et conclut triomphalement que « Ce ne fut cependant qu’environ 40 ans après Halley que les Astronomes pensèrent à employer cette période chaldéenne du Sare pour dresser des tables du mouvement de la lune ». Une des conséquences de ces raisonnements est que la science moderne ne fait que retrouver avec beaucoup d'efforts ce que la science antique savait déjà. Une autre conséquence, plus indirecte, fonde toute l’entreprise du Monde primitif : la vérité du monde est une évidence pour celui qui sait lire. Elle est déposée dans les textes, et le langage artificiel des chiffres n’est qu’un moyen désincarné de retrouver ce qui appartient au domaine du sensible. Le langage des mots et des images est plus proche des choses : il peint le monde (les sons et les lettres, pour Court de Gébelin, ont un rapport totalement motivé avec les objets qu’ils « peignent »). La vulgarisation des connaissances passe d’ailleurs, chez Court de Gébelin, par un recours constant aux images et aux récits : les lettres contre les chiffres, les mots allégoriques contre les symboles mathématiques.
21Dans cette approche, la Science a à voir avec l’Histoire et ce rapport est problématique. Michel Foucault relève, dans Les Mots et les Choses, la métamorphose de la notion d’« Histoire » dans les sciences. D’après lui, la révolution opérée par Linné peut être en partie résumée par le changement de sens qu’il fait subir à ce mot. Avant lui, écrire l’histoire d’un objet d'étude revenait à collecter tout ce qui avait été écrit à son sujet. Foucault cite l'Histoire admirable des plantes de Duret, l'Histoire de la nature des oiseaux de Belon, et d’autres, et ajoute :
Jusqu’à Aldovrandi, l’Histoire, c’était le tissu inextricable, et parfaitement unitaire, de ce qu’on voit des choses et de tous les signes qui ont été découverts en elles ou déposés sur elles : faire l'histoire d’une plante ou d'un animal, c'était tout autant dire quels sont ses éléments ou ses organes, que les ressemblances qu’on peut lui trouver, les vertus qu’on lui prête, les légendes et les histoires auxquelles il a été mêlé, les blasons où il figure. [... J La grande tripartition, si simple en apparence et tellement immédiate. De l'Observation, du Document, et de la Fable n’existait pas. [...] c’est que les signes faisaient partie des choses, tandis qu’au xviie siècle ils deviennent des modes de la représentation15.
22Linné, faisant l’« Histoire » de la nature, la nomme, la décrit et la classe, renouant avec une tradition selon laquelle l’Histoire est d’abord un récit, une enquête, et non une collection de documents, textes de seconde main, etc. La tradition littéraire n’est pas totalement rejetée, mais elle prend une position subalterne, en fin d'ouvrage, sous la forme d’une section de Litteraria :
Tout le langage déposé par le temps sur les choses est repoussé à la dernière limite comme un supplément où le discours se raconterait lui même [...]. Avant ce langage du langage, c’est la chose elle-même qui apparaît16.
23Les textes, mais aussi les croyances et les usages populaires sont rejetés hors du champ des sciences pures. Si l’histoire naturelle a pu s’inventer alors comme science à la portée de tous, c’est parce qu’elle a développé les techniques d’observation et proposé de les ordonner autrement, en se coupant des textes qui enveloppaient le rapport aux choses.
24Il n’en va pas de même de l’astronomie : avec des instruments peu perfectionnés, la science du ciel reste limitée et il devient nécessaire de l’intégrer dans un ensemble saturé de langage. Lorsque l’abbé Pluche intitule, en 1739, son ouvrage « Histoire du ciel », il ressent le besoin de s’en expliquer et peut-être de s’en justifier :
Comme l’Histoire de la monarchie française est la collection et l’examen de tout ce que nos prédécesseurs nous ont appris sur l’origine et sur les progrès de cette monarchie, l'Histoire du ciel est la collection et la discussion de ce que les hommes d’avant nous ont pensé ou appris de leurs pères sur l’origine du ciel et sur ses rapports avec la terre17.
25Le corpus qu’il choisit est celui des histoires anciennes du ciel mais il en exclut celles de peuples comme « les Charibes ou les Groenlandais, ou les autres sauvages qu'une longue séparation du corps de la société a dégradés et abâtardis » (p. IV) : pour Pluche, les litteraria ne sont pas égales en dignité. La mythologie gréco-romaine n’est cependant pas beaucoup mieux considérée : l’abbé Pluche s’enflamme contre le caractère scandaleux ou absurde des récits antiques, à l’exception de ceux des Égyptiens qu’il trouve excusables parce qu'ils en ont été les vrais inventeurs. Les Égyptiens, selon sa théorie, ont inventé un calendrier symbolique, détourné par la suite par des peuples dépravés comme les Grecs. Les littératures grecque et latine demeurent pour Pluche une partie essentielle et indispensable de la culture littéraire mais elles ne doivent plus faire partie de l’imaginaire scientifique moderne. Seul le récit biblique sort vainqueur de cette confrontation entre les lettres et les sciences : il est historique, moral, porteur d’enseignements utiles. L'Histoire du ciel n’est donc pas une simple recension de récits, elle se veut également critique.
26En revanche, chez Court de Gébelin, l’enquête est fondée sur une foi profonde dans la validité éternelle des récits antiques, sauvés par l’interprétation allégorique, et dans l’excellence d’images susceptibles de taire entendre de grandes leçons aux peuples. Les mythes, une fois bien compris, doivent devenir les nôtres, et permettre l'instauration d’une société agricole, vénérant son créateur et lui offrant des fêtes qui sont autant de moments de civisme. Les calendriers et observations astronomiques doivent redevenir immédiatement lisibles afin de libérer l’homme de ses craintes, de ses superstitions concernant l'influence des astres et de son esclavage. L’explication du phénomène des éclipses libère ainsi l’homme de ses craintes :
Ce fut une belle découverte pour celui qui la fît. Elle fut encore plus belle aux yeux de ceux que les éclipses jetaient dans un si grand effroi et qui étaient fort étonnés qu’on pût leur annoncer un tel prodige.
C'est alors qu’on en ajouta l’annonce dans le calendrier, afin que les Peuples ne fussent pas consternés quand ils se trouveraient environnés de ténèbres inattendues18.
27La science et les Lumières libèrent les hommes de leurs superstitions. Les théories concernant l'influence des astres sur la vie humaine sont nées, selon Court de Gébelin, d'observations astronomiques, de pratiques et d’institutions à l’origine très simples. Par exemple, si l'on prétend qu’il y a des jours favorables au voyage et d’autres non, c’est tout simplement que les premiers correspondent à des moments où la lune est pleine, ce qui est une garantie supplémentaire d’arriver à bon port, etc. Court de Gébelin réhabilite les recommandations des almanachs en donnant leur raison d’être. Partant de cette idée, il dénonce l’interprétation, selon lui tardive, de la répartition romaine des jours fastes et néfastes :
Mais l’on abusa d’un petit nombre d’observations physiques pour en faire des règles générales et universelles, et pour leur attribuer une influence trop étendue. Ce qui acheva de tout gâter, c'est qu’on marqua sur les Calendriers les jours qu’on regardait comme heureux, et ceux qu’on regardait comme malheureux, en y ajoutant ce à quoi chacun de ces jours était bon. Ainsi l’esprit se resserrait de plus en plus et on était esclaves de ces jours faits pour l’homme qu’on aurait dû employer d’une manière utile au genre humain et à soi-même.
28La mainmise des autorités sur le calendrier permet une autre forme d’esclavage dépendant de cette première erreur : le Pouvoir, qui choisit lui-même les jours fastes et néfastes, règle ainsi l’emploi du temps des hommes. Seule une bonne connaissance de la vraie nature de ces croyances permettra de les éradiquer. Il y a chez Court de Gébelin une volonté pédagogique qui s’adresse à tous les peuples et à toutes les classes de la société. Mais cette libération de la connaissance doit s’accompagner d’une libération politique.
C’est ainsi que les hommes font tout ce qui plaît aux gouvernements. L’Orient est rempli d’Astrologues, parce que le Gouvernement les soutient, ou n’ose ébranler leur crédit. Il n’y en a plus en Europe, parce qu’ils n’y auraient rien à gagner. Les âmes de boue et sans principes courent toujours où il y a de quoi subsister : peu leur importe s’ils vivent des sottises de leurs semblables [...]19.
29Les croyances populaires sont revitalisées de ce fait, puisqu’elles sont justifiées par autre chose que la superstition. Les jours propices demeurent ; c’est la raison pour laquelle ils le sont qui a changé. Dans son entreprise, Court de Gébelin a choisi de faire le contraire de ce que font les scientifiques de son temps : au lieu de détruire les croyances populaires, il les place sur le terrain de la connaissance – et plus encore du bon sens, qu’il enveloppe de traditions antiques et vénérables. L’astronomie sert à expliquer ce qui a priori n’a pas de sens. De cette façon, Court de Gébelin développe une théorie anthropologique qui ramène toutes les inventions humaines à un sens et une visée utilitaires : le calendrier, dont l’astronomie est le fondement, s’explique entièrement par le rythme des travaux agricoles.
30Ce qu’on appelle les arts d’agrément n’échappe pas à cette règle. À la danse, art pourtant peu porteur de significations, Court de Gébelin applique la même loi. Il analyse ainsi le menuet dans un texte inédit20 qui a cependant eu une certaine audience, puisqu’il a été lu devant plus de huit cents personnes, si l’on croit son témoignage, le 8 janvier 178321, lors d'une séance publique du musée de Paris dont Court de Gébelin était le président perpétuel et le fondateur. Cette société savante avait pour but de réunir artistes écrivains, savants et gens du monde ; elle recevait un grand nombre de femmes (deux cents ce jour-là, dit Court de Gébelin dans sa lettre) et proposait des démonstrations d’électricité, de magnétisme, etc. Le thème du menuet, image même de la frivolité dans les conduites sociales, de la vie de cour, d’une civilisation déjà disparue, ne pouvait que convenir à cette société. Dans le texte de Court de Gébelin, le menuet est transformé en leçon d’astronomie et mis en parallèle avec un objet beaucoup plus ancien, le caducée (ill. 2).
Les Anciens ne se contentèrent pas d’inventer la Danse oblique et de l’accompagner de leurs Hymnes, ils en tracèrent aussi la figure en caractères ineffaçables, au point qu’ils se sont transmis jusqu’à nous, justifiant ainsi ce que Platon a dit quelque part que les Égyptiens avaient inventé des Caractères hiéroglyphiques c’est-à-dire représentatifs, pour décrire leurs danses, en sorte que ce Peuple qui a tout su se trouve encore le premier Chorégraphe du Monde.
En effet, prenez le Caducée, ce Symbole antique dont on ne savait que faire, & vous y verrez exactement la Danse oblique du Soleil et celle de sa Danseuse, peintes par deux S qui, se croisant dans leur centre, correspondent au point où le Zodiaque et l'Équateur se coupent mutuellement, point sur lequel se rencontrent le Soleil et la Lune, et qui en a été nommé le nœud d'Hercule ou la rencontre du Soleil avec sa Danseuse.
On ne sera donc plus étonné que le Caducée ait servi de marque de dignité aux Ambassadeurs chargés d’annoncer la paix, puisque ce Caducée peignait la Danse du Roi de la paix et de la félicité générale : en sorte qu'on ne pouvait prendre un symbole plus majestueux et plus intéressant, quoique depuis tant de siècles on en eût entièrement perdu de vue l’origine, en sorte qu’il n'était pour nous qu'un vain signe dont il était impossible de rendre d’autre raison que le caprice22.
31D’un même mouvement, Court de Gébelin réunit la mythologie ancienne, les rites de sociabilité et l'astronomie.
32Sur la gravure du premier volume du Monde primitif, différentes époques semblaient se réunir autour des figures intemporelles de Mercure et Minerve : pyramides, télescopes, instruments de mesure et de géométrie. À travers la danse, Court de Gébelin tente de montrer à ses contemporains que la culture antique – et son corollaire, la science du ciel – est encore au milieu d’eux. Contrairement à l’abbé Pluche, qui invitait ses contemporains à faire la part des choses et à tourner le dos aux mensonges des poètes comme aux hardiesses de certains savants, Court de Gébelin prétend montrer que science, poésie et religion sont étroitement unies dans le mode de connaissance de l’homme et qu’il ne faut pas séparer les activités humaines : la science peut se danser, se raconter par des fables, se mettre en images.
Chez les Anciens en effet, tout se tenait, les Fables, les Symboles, les nombres, la Danse, la Musique, le Ciel, la Terre, la morale, la philosophie, les sciences divines et humaines. Chez eux tout était lié, enchaîné, ramené à des formules générales qui embrassaient tout et facilitaient par leurs rapports l’étude de tous les Arts, de toutes les Sciences ; aucun pas en pure perte et qui ne conduisît à ceux qui restaient à faire. [...] Ne soyons donc point surpris que les Sciences et les Arts tels que la Danse et la Musique ne produisent plus les effets que les Anciens admiraient : nous ne les appliquons pas comme eux à la découverte et à l’étude de la vérité. Ils ne sont donc pour nous que des Arts d’amusement et de dissipation : d’ailleurs ces Anciens étaient persuadés que le Corps n’avait été donné à l'homme que pour sa perfection, pour le conduire à la sagesse et à la vérité : ils cherchèrent donc toujours à tirer le plus grand parti des sens pour conduire aux connaissances les plus sublimes et pour rendre celles-ci plus agréables aux personnes qui paraissent les moins susceptibles d’attention. C’est dans cette vue qu’ils mirent tout en danse, en chants, en allégories, en symboles, qui représentaient toujours les vérités les plus augustes. (fos 5-6)

III. 2. Manuscrit de Court de Gébelin sur le menuet, BPU de Genève, fonds Court, ms. 62
33L’homme est un poète et un danseur, non pour son simple agrément, mais parce que son corps est dans le monde et dit le monde. La science, loin de solliciter une activité coupée des sens, doit partir des sens et se dire à travers eux. Le ciel se résume à une image, le caducée, cette image passe par le corps tout entier de l’homme lorsqu’il la parcourt et la recrée par la danse et elle nourrit son imaginaire puisqu'elle résulte de mythes et d’histoires connus dès l’enfance, représentés dans toutes les traditions des arts visuels.
34Ainsi, il n’y a pas à proprement parler de vulgarisation, on n’adapte pas la science à l’entendement des plus faibles, mais on montre à ceux-ci qu’ils ont toujours eu sous les yeux l’explication de ce qu'ils croient être un mystère insondable, qu’ils ont toujours su ce qu’on prétend leur révéler. Loin d’être parlée dans une langue de plus en plus abstraite et incompréhensible, la science se dit en images, en histoires et en gestes et vise à une action immédiate et au bien public. Exposée dans un langage proche du peuple (des fables et des images), elle s’adresse au peuple agriculteur, qui, seul, a un besoin vital de ces connaissances ; elle s’adresse aussi aux hommes du monde, qui ont été nourris des fables antiques ; elle s’adresse aux savants, en leur proposant de se pencher sur les anciens savoirs. Enfin, elle s’adresse à l’Humanité, pour la libérer de ses peurs anciennes et de ses superstitions. Elle tente de montrer que la Bible et les sciences disent la même chose, à condition de bien interpréter, mais procèdent par des voies différentes.
35Là où l’abbé Pluche appelle à une réaction, un retour à la « modestie » et à la Révélation, et refuse une science qui s’écarte par trop des vérités communément admises, Court de Gébelin invente une harmonie nouvelle : le langage scientifique ne serait qu’une façon désincarnée de dire une vérité connue depuis longtemps mais perdue par la confusion des langues et l'oubli des traditions. La science n’a donc pas à être adaptée, mais à être mise en relation avec une autre forme de langage. Ce n’est, en fait, qu'une question de correspondance entre des signes abstraits (le langage nouveau des sciences) et les signes sensibles et vivants que sont les mots et les choses. Il y a à la source de tout cela une volonté de maintenir une harmonie entre le texte biblique et le langage du calcul algébrique, entre les facultés de l’homme du commun et les connaissances scientifiques, entre les dessins qu’il a vus au-dessus de sa tête et un ciel soudainement devenu vertigineux. Si, au xviiie siècle, l'Encyclopédie, les dictionnaires, les périodiques, les sociétés savantes, ont systématisé la vulgarisation scientifique, certains auteurs ont posé d’une tout autre manière les rapports de l'homme à son savoir. Le choix entre ces deux attitudes revient à savoir si la science doit s’intégrer au social, aux institutions et à la culture dominante, ou s’adresser à l'individu pour le former à son propre langage et se faire ainsi culture antagoniste et bientôt triomphante. Il est des époques où ce choix a pu être difficile : on ne brûle pas les savants – ou leurs livres – pour rien.
Notes de bas de page
1 Auguste Comte, Traité philosophique d'astronomie populaire, Fayard, 1985 [1844], p. 25. On pourrait objecter à ces propos ceux de Diderot, qui dans la Lettre sur les aveugles rapporte que Saunderson, assistant à des observations astronomiques qui se déroulaient dans un jardin, était capable de savoir à quels moments le ciel était voilé, et conclut que « Saunderson voyait donc par la peau » (Flammarion coll. « GF », 2000, p. 58). Mais Auguste Comte évoque le cas d’une espèce aveugle, et non d'un individu.
2 Mécanique analytique, 1788, cité par J. P. Verdet, « Astronomie », dans M. Delon dir.. Dictionnaire européen des Lumières, PUF, 1997.
3 Les Mots et les Choses, Paris, Gallimard, 1989 [1966], p. 145-146.
4 Histoire du ciel, 1739, livre I, p. 192.
5 Op. cit., vol. II, p. 437 (souligné par moi).
6 Ibid, (souligné par moi).
7 Ibid., p. 440.
8 Dans les Pensées sur l'interprétation de la nature, Diderot évoque celui-ci : « Que penserait [la postérité] de nous si nous n'avions à lui transmettre qu’une insectologie complète, qu’une histoire immense des animaux microscopiques ? Aux grands génies les grands objets ; les petits objets, aux petits génies. » (54, « de la distinction des objets ») et il poursuit en évoquant les obstacles moraux qui freinent la science, invitant l’homme de science à travailler sans se soucier des condamnations de ses contemporains (55, « des obstacles », Œuvres, éd. L. Versini, R. Laffont, coll. « Bouquins », t. I, 1994, p. 592).
9 Voir mon article, « Le Monde primitif d’Antoine Court de Gébelin, ou le rêve d’une encyclopédie solitaire », Dix-huitième siècle, no 24, 1992, p. 353-366.
10 Voir mon livre, Un supplément à l'Encyclopédie : le Monde primitif de Court de Gébelin (1773-1784), Paris, Champion, 1999, p. 179 sqq, notamment p. 193.
11 Antoine Court de Gébelin, Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne (1773-1782) (désormais abrégé MP), vol. I, p. 105.
12 Ibid, p. 106-107.
13 « En effet, rien ne paraît moins conforme à cette harmonie admirable qu’on observe dans les ouvrages de la divinité, que cette forme irrégulière qui s’étend de quelques jours, de quelques heures, de quelques minutes, de quelques secondes, au-delà du nombre régulier et harmonique de 360 jours, nombre qui est celui de la division d’un cercle, et qui est lui-même divisible en nombres ronds & sans aucune fraction : par là même digne d’être entré dans les proportions de l'Univers. » (MP, vol. IV, p. 125)
14 MP, vol. IV, section iii, ch. vii.
15 Les Mots et les Choses, p. 141.
16 Ibid., p. 142.
17 Op. cit., t. I, p. iij.
18 MP, vol. IV, p. 197.
19 Ibid., chapitre vii, « de la divination ».
20 Le manuscrit est conservé à la bibliothèque publique et universitaire (BPU) de Genève, fonds Court, ms. 62.
21 Lettre de Court de Gébelin à Gal-Ladevèze, citée dans le Bulletin de la société d'histoire du protestantisme français, XIII. 1864, p. 68.
22 BPU de Genève, fonds Court, ms. 62, « Le menuet ou la danse oblique des Anciens », 2e partie, ch. ii.
Auteur
Professeur à l'IUFM de Lyon, co-responsable de l’équipe lyonnaise xviiie siècle du LIRE. Travaille sur l’œuvre de Court de Gébelin. A publié Un supplément à l'Encyclopédie : Le Monde primitif d'Antoine Court de Gébelin, Paris, Champion, 1999.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Biographie & Politique
Vie publique, vie privée, de l'Ancien Régime à la Restauration
Olivier Ferret et Anne-Marie Mercier-Faivre (dir.)
2014