La Chronique de Turpin, pièce rapportée dans la Saga de Charlemagne
p. 139-151
Texte intégral
1La volonté politique du roi Hákon Hákonarson de Norvège (1217-1263) a abouti à la traduction en prose norroise des œuvres anglo-normandes qui étaient les plus appréciées au début de son règne1. Parmi celles-ci, les chansons de geste constituent un riche ensemble composé d’une quinzaine de pièces. La Saga de Charlemagne2 en rassemble la majeure partie sous la forme d’une fresque qui nous donne une vision précise du développement de la geste de Charlemagne en Angleterre au début du xiiie siècle.
2La saga met en effet bout à bout des chansons à l’origine séparées, sous la forme d’un continuum chronologique plus ou moins cohérent dans le détail, selon le principe d’un vaste cycle consacré à la figure de l’empereur Charlemagne, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Malheureusement, nous manquons d’informations sur les sources des premiers traducteurs, et sur leur méthode ; nous ne savons pas, notamment, selon quelles étapes cette somme narrative a été composée : qui a décidé, et à quel moment, que des œuvres séparées et dissemblables seraient réunies en un même ensemble ?
3Nous ne pouvons juger, car les manuscrits que nous possédons aujourd’hui sont tous récents et incomplets. La plupart ont été retrouvés non pas en Norvège, mais en Islande, pays réputé pour le nombre et la qualité de ses clercs au xiiie siècle. Or, pour toutes les œuvres traduites à cette époque en Norvège, on ne réussit pas à distinguer les choix opérés par les traducteurs et ceux des copistes postérieurs. Quand les hasards de la conservation manuscrite permettent de mettre en parallèle des copies d’époques différentes, on remarque que les fragments anciens sont plus proches des sources anglo-normandes, alors que les copies plus récentes sont généralement abrégées. Certaines œuvres ont même fait l’objet d’un remaniement en Islande à une date difficile à préciser, mais qu’on peut fixer à la seconde moitié du xiiie siècle ou au début du xive, durant la grande période dite du « miracle islandais ». C’est le cas de la Karlamagnússaga.
4Cette œuvre se présente en effet aujourd’hui sous la forme de deux rédactions quelque peu différentes, nommées traditionnellement A et B (ou a et b), qui se sont succédé dans le temps, et qui ont été conservées chacune de son côté, A représentant le premier état de la somme consacrée à Charlemagne, B résultant du travail postérieur des Islandais qui ont tenu à retoucher ponctuellement l’œuvre pour améliorer sa cohérence et sa force. Il est malheureusement impossible de s’en tenir aujourd’hui à une version unique, car aucune n’est complète, et tous les éditeurs et traducteurs modernes ont dû jongler avec les fragments pour donner au public d’aujourd’hui une vision complète de cette collection. Depuis l’édition de référence donnée par C. R. Unger en 1850, on a coutume de diviser la saga en dix branches, même si cette configuration reste une reconstitution a posteriori.
5Les relations qu’entretiennent les manuscrits conservés sont particulièrement complexes et ont déjà fait l’objet de maintes hypothèses sur lesquelles nous n’entendons pas revenir ici3, préférant nous contenter de quelques données propres à éclairer le rôle que vient jouer dans cet ensemble une traduction norroise d’une partie de la Chronique de Turpin4 qui occupe quelques chapitres de la branche IV5.
6Quelques très anciennes feuilles de parchemin ont été conservées en Norvège (mi-xiiie – seconde moitié du xive siècle), de même que quelques fragments du xive siècle conservés en Islande ; ces vestiges attestent déjà l’existence des deux rédactions A et B. Les manuscrits les plus complets se répartissent donc en deux familles :
la rédaction A (ou a) est connue par les manuscrits A (daté du xive siècle, auquel manquent le début de la branche I et surtout les dernières branches, et qui contient des lacunes), et a (daté du début du xve siècle, lui-même très incomplet). Pour avoir une idée complète de cette version, il convient donc de compléter ces manuscrits en lisant les traductions postérieures qui en ont été données en Suède et surtout au Danemark, et qui contiennent quelques récits, sans équivalent dans la rédaction B, qui se trouvaient placés à la fin de la collection sous sa forme première6.
la rédaction B (ou b) est connue par B (manuscrit sur papier daté de 1700, comportant quelques lacunes), b1 et b2 (manuscrits du xviie siècle) qui donnent le début de la branche I, la fin des branches VII et VIII, et contiennent en outre une histoire annexe constituant une branche II, une branche IX consacrée à Guillaume, et des récits hagiographiques entourant la mort de l’empereur qu’on qualifie de branche X malgré leur hétérogénéité.
7Les problèmes posés par l’établissement global du texte de la saga varient également en fonction de notre connaissance des chansons de geste traduites. Pour certaines branches, nous avons conservé une ou des versions françaises apparentées : la branche III est une Chevalerie Ogier, la V une Guerre de Saxe, la VI un Otinel, la VII un Voyage de Charlemagne à Jérusalem et Constantinople, la VIII une Chanson de Roland (sans l’épisode de Baligant) et la X un Moniage Guillaume. La petite branche II (Olive et Landri), qui est propre à la rédaction B, contient un récit plus récemment traduit et artificiellement ajoutée à la saga.
8Les grandes difficultés se concentrent donc sur les branches I et X, et sur la IV. La branche I est sans doute celle qui suscite le plus d’interrogations, car elle ne correspond à aucune chanson de geste conservée. On l’appelle parfois Vie de Charlemagne, et elle a suscité quantité de commentaires, notamment de la part de notre illustre devancier, Paul Aebischer, qui en avait donné une première traduction en 19727. Ce récit couvre la première partie du règne de l’empereur sous la forme d’un résumé dans lequel se succèdent des thèmes épiques que nous connaissons par ailleurs : Charlemagne y apparaît comme pécheur à plus d’un titre puisqu’il s’allie au voleur Basin pour triompher de ses adversaires, et surtout commet, avec sa sœur, une folie incestueuse qui aboutit à la naissance de Roland. Après son sacre, l’empereur commence à mener des campagnes en Espagne et à voyager jusqu’en Orient. Les 59 chapitres conservés dans le manuscrit A donnent l’impression de représenter les vestiges d’une première synthèse du règne de Charlemagne, qui devait se poursuivre épisodes après épisodes jusqu’à la mort de l’empereur. Nous supposons que cette somme a existé en anglo-normand, et n’a pas été constituée en Norvège ou en Islande. Cette œuvre a probablement été tronquée en Scandinavie, quand les traductions différentes ont été mises bout à bout, pour servir d’introduction précédant les grandes chansons de geste en vogue au début du xiiie siècle, qui, elles, sont données en version intégrale. D’ailleurs le manuscrit a, de même que les manuscrits de la version B, s’arrêtent dès le chapitre 42, après que les jeunes Roland et Olivier sont devenus frères jurés, de façon, probablement, à ne pas déflorer le thème de la guerre d’Espagne et celui du voyage en Orient, qui seront développés plus en détail dans certaines chansons qui suivent.
9Il se peut que les récits rapides qui terminaient la version A quand elle était complète, et dont on n’a plus de vestiges qu’au travers des traductions suédoises et danoises, aient été empruntés à la même Vie de Charlemagne. Il s’agit de l’épisode de la belle Aude, du récit de guerres menées en Libye et en Saxe, et d’un épisode du cycle d’Ogier. Puis après un court Moniage Guillaume (branche IX dans la rédaction B), les derniers moments de l’empereur, qui confie le pouvoir à son fils avant de mourir, pourraient constituer le dernier chapitre du même récit. Si cette reconstitution de la version A est exacte, la Karlamagnússaga dans sa configuration primitive, restait fidèle à une vision du règne de Charlemagne conforme au genre de la chanson de geste, à ceci près que le bilan de l’empereur apparaît au bout du compte mitigé, dans la mesure où la mort des pairs à Roncevaux n’est pas vengée, en l’absence de l’épisode de Baligant. Après la branche consacrée à la bataille de Roncevaux, le règne s’achève rapidement dans une atmosphère un peu sombre, notamment à cause de la tonalité hagiographique du chapitre consacré à Guillaume.
10La rédaction B, qui est due probablement à des clercs islandais, présente un glissement beaucoup plus prononcé de l’épopée vers l’hagiographie, et l’ensemble du cycle revêt une cohérence nouvelle au travers de courtes liaisons ajoutées entre les branches, ce qui donne à l’ensemble l’allure d’un vaste drame dans lequel Charlemagne, souverain pécheur, connaît successivement le succès et la défaite sur le terrain de la guerre, avant de se consacrer à une œuvre pieuse. Après la mort de Roland, la fin du règne se déroule dans une ambiance glaciale jusqu’à la mort glorieuse de Charles8.
11De fait, dans cette rédaction, la fin du récit a été fortement remaniée pour faire place à des récits hagiographiques qui ne se rapportent qu’indirectement à Charlemagne. L’éditeur Unger a d’ailleurs dû en modifier l’ordre pour constituer une branche X à peu près cohérente. Après une nouvelle version du voyage de Charlemagne en Orient, des récits de miracles sont empruntés à des sagas religieuses, et l’œuvre s’achève sur la mort de l’empereur à laquelle assiste l’archevêque Turpin. En effet, des passages entiers sont empruntés à des sagas telles que la Saga des deux apôtres Jean et Jacques9, qui ont elles-mêmes été constituées à partir de traductions prises dans le Speculum historiale de Vincent de Beauvais10. Comme chacun sait, Vincent s’inspire de la Chronique de Turpin, et sans aborder encore la branche IV, on voit comment, par l’entremise des clercs islandais qui ont composé la rédaction B, l’influence de cette chronique vient modifier les données de l’épopée romane.
12La bataille de Roncevaux, par ailleurs, actuelle branche VIII de la Karlamagnússaga, est globalement conforme au Roland du manuscrit d’Oxford dans ses grandes lignes jusqu’au vers 2569 – la suite diffère quelque peu, car visiblement les traducteurs norvégiens sont partis d’une version dans laquelle ne figurait pas l’épisode de Baligant, ce qui conforte l’hypothèse d’une version anglo-normande peut-être moins favorable au mythe impérial. D’autre part, dans la rédaction B, pour se conformer à une tradition cléricale qui remonte en première instance à la Chronique de Turpin, l’archevêque ne participe pas aux combats de Roncevaux. Toutes les mentions de son nom et tous ses actes ont été gommés ou attribués à d’autres personnages, et la justification en est même explicitement donnée : le Speculum historiale atteste que Turpin n’assista pas à ce combat11. Il ne meurt donc pas à Roncevaux, et c’est même lui, à la fin de la saga, qui reçoit l’annonce du décès de l’empereur dans une vision dont il fait part à ses concitoyens de Vienne.
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13Nous en venons donc à la branche IV, qui va nous ramener directement à la Chronique de Turpin cette fois. Cette branche, à elle seule, représente environ le tiers de la Karlamagnússaga, elle y occupe une position centrale et représente dans ce cycle l’entreprise militaire qui s’avère à la fois la plus difficile et la plus brillante pour Charlemagne. Les combats sont situés en Espagne, contrée entre toutes hostile à l’empereur, où ses pairs trouveront ensuite la mort. Pour faire bonne mesure, les auteurs du cycle, qui ne sont pas forcément les premiers traducteurs des chansons de geste venues d’Angleterre, ont associé deux œuvres à l’origine indépendantes l’une de l’autre, le début de la Chronique de Turpin et une bonne partie de la Chanson d’Aspremont12. Les deux versions de la saga, A et B, présentent sous des formes différentes un récit ainsi constitué à partir de deux sources. Il est impossible de savoir aujourd’hui qui a opté pour cette combinaison des deux textes, mais il paraît improbable qu’un tel collage ait été réalisé antérieurement dans un manuscrit anglo-normand, car indépendamment de ce travail de montage littéraire, on retrouve assez précisément les sources originales au travers de la prose norroise.
14Superposer le roi Aigolandus et le roi Agolant était certainement chose aisée pour un traducteur scandinave, de même que gommer les références à l’Italie dans Aspremont et en transposer le décor en Espagne. Il reste que pour opérer ce montage, les traducteurs, ou leurs successeurs, ont dû s’y reprendre à deux fois afin de donner un récit cohérent à leur public, tant il était étranger à leur méthode d’adapter des œuvres qu’ils avaient avant tout à traduire. En effet, la rédaction A met en présence des segments de récit sous forme encore assez brute, alors que la rédaction B a quelque peu élagué dans cette matière ample pour en extraire un récit captivant. Ces clercs, nous venons de le rappeler, connaissent aussi Vincent de Beauvais, ou ses dérivés en Islande, ce qui met en jeu de nouvelles couches textuelles dans l’élaboration finale de la branche IV.
15Au total, la rédaction A de la branche IV est un peu plus courte que la rédaction B, malgré des passages supprimés dans cette dernière. Les chapitres I-XXIII représentent la traduction des chapitres I-XVIII de la Chronique de Turpin. Cette partie ne s’achève pas sur la mort du roi Agolant, qui reparaît dans les chapitres qui suivent (XXIV-CXXIV), lesquels correspondent aux vers 3372-3378 et 3668-10486 d’Aspremont. Dans les deux parties de cette branche, les traducteurs sont globalement restés fidèles à leurs sources, même si l’on constate des abrègements dans les manuscrits conservés, comme d’ailleurs dans toutes les œuvres traduites en Norvège au xiiie siècle. À la fin de la branche, la chanson s’interrompt, et le dernier chapitre, 125, provient de la Chronique de Turpin.
16Dans la rédaction B, le récit est découpé en 76 chapitres selon la même organisation générale. Les chapitres I-XXV correspondent à la partie Chronique de Turpin, avec quelques apports venus de Vincent de Beauvais directement, ou par l’intermédiaire de la Saga des deux apôtres Jean et Jacques. La suite, soit les chapitres XXVI-LXXVI, est conforme à la matière d’Aspremont, moyennant un recentrage de l’histoire sur la longue guerre opposant Charlemagne à Agolant et à son fils Aumont. Dans les deux rédactions, les dissensions entre le vieux duc Girart et l’empereur Charlemagne sont gommées, de même que les motifs merveilleux. Dans la rédaction B, d’autres passages, jugés sans doute marginaux, ont été laissés de côté, tels les sept chapitres racontant la lutte de Roland contre le géant Ferakut ; ceux-ci faisaient la liaison entre la partie Chronique de Turpin et la partie Aspremont dans la rédaction A. Le dernier chapitre, LXXVI, sort de la thématique de la chanson de geste, car après la mort d’Agolant, l’œuvre de Charlemagne en Espagne correspond à la mission religieuse qui lui a été assignée dans la partie Chronique de Turpin : rétablir, avec l’aide de Dieu, le culte chrétien en Espagne. Le récit revient sur l’aide miraculeuse accordée par Dieu à Charlemagne, selon un modèle hagiographique explicitement nommé, car référence est faite aux sagas racontant la vie des saints, alors que le dernier paragraphe, traduit de la Chronique de Turpin, a été supprimé.
17Sous cette forme à la fois resserrée thématiquement et enrichie de quelques éléments supplémentaires, la Branche IV, dans la rédaction B, se présente comme une vaste épopée composée en trois actes :
la partie Chronique de Turpin (chap. I-XXV) présente les personnages en expliquant les raisons du conflit. La terre d’Espagne, évangélisée par saint Jacques, est retombée sous la tutelle païenne. Charlemagne est chargé de mettre fin à cette tyrannie. La voie diplomatique ne menant à rien, la guerre débute et aboutit à une première série de victoires chrétiennes dans le nord de l’Espagne.
La deuxième partie (chap. XXVI-LVII) correspond à une relance de l’action, selon des données qui seront désormais empruntées à Aspremont. Aumont, le fils d’Agolant, vient rouvrir les hostilités. Symétriquement, Girart de Bourgogne arrive en renfort dans l’armée des Francs. Le long conflit s’achève sur le duel opposant Aumont à Charlemagne, et le fils d’Agolant est tué.
La troisième partie (chap. LVIII-LXXVI) met à nouveau Charlemagne aux prises avec Agolant. L’affrontement final, qui s’achèvera sur la mort du roi des Sarrasins, est précédé de longs préparatifs et de discussions nourries qui ménagent un long suspens dans l’action.
18Malgré tous les efforts faits par les clercs qui ont remanié la branche IV de la Karlamagnússaga, des différences de tonalité et de style demeurent entre la partie Chronique de Turpin et la suite. Tout le début de la branche se caractérise, en effet, par un ton solennel. Le prologue s’ouvre sur l’invocation à Jésus-Christ, et se poursuit par l’évocation respectueuse de l’œuvre conjointe de Charlemagne et de saint Jacques, qui ont réussi à restaurer la foi chrétienne en Espagne. Suit la lettre de Turpin à Leoprendus, puis le récit même de l’histoire, donné par l’archevêque de Reims en personne. Avant que l’action débute, Turpin résume l’histoire religieuse de l’Espagne, puis l’action à proprement parler débute avec les spectaculaires apparitions de saint Jacques à l’empereur. Charlemagne part alors accomplir sa mission en Espagne, en commençant par Pampelune. Mais durant les premiers combats, c’est moins la vaillance des Francs qui permet la victoire sur les Sarrasins, que l’aide merveilleuse apportée par l’apôtre Jacques.
19De retour en France, Charlemagne prie saint Denis, qui lui apparaît en songe, pour lui garantir que les combattants tombés en Espagne obtiendront la rémission de leurs péchés. Même si, ensuite, le récit se concentre sur la guerre contre Agolant, l’entreprise de Charlemagne est constamment définie en termes religieux, et l’empereur des Francs ne fait que relier entre elles, dans une stratégie redoutablement efficace, des forces naturelles et surnaturelles de provenances diverses, car la libération de l’Espagne est la cause de toute l’Église chrétienne, ce que matérialise l’arrivée sur place du pape en personne qui apporte avec lui un morceau de la sainte croix. Cette vaste coalition triomphe successivement des rois Agolant, Forré, Ébrahim, Altumaior.
20La partie Chronique de Turpin s’achève sur la formule de liaison suivante : « On a parlé depuis quelque temps du cours des relations entre Charlemagne et Agolant, et l’on va maintenant examiner un moment ce qui se passe dans le reste de l’Espagne à cette époque13 ». C’est alors qu’Aumont réorganise l’armée des Sarrasins pour relancer la guerre contre les chrétiens. On comprend que l’on sort alors de l’Espagne du nord pour entrer dans un plus vaste conflit.
21Tout ceci, on le constate, est bien conforme à la Chronique de Turpin. La culture cléricale s’exprime dans la thématique et dans le style. La défense de la foi est l’obsession qui habite toute cette partie. Il faut non seulement chasser les païens, mais encore reconstruire les églises. L’entreprise militaire doit être complétée par une politique résolue en faveur de l’Église, et les conquêtes ne sont rien sans la propagation des valeurs de la foi. Le récit s’ouvre donc à la prédication et à l’édification morale. À côté des récits de miracles, nombreux dans cette partie de la branche IV (chap. XVIII, XX, XXIV14), un développement entier est consacré à une leçon sur la charité (chap. XII). Réfléchissant aux causes qui ont amené momentanément le recul du christianisme en Espagne, le narrateur s’exprime en clerc pour mettre en cause, au passage, la noblesse qui a pu manquer d’ardeur dans la défense de la foi. Sont ainsi pointées des faiblesses dans l’œuvre politique de Charlemagne lui-même (chap. IX) : le peuple chrétien a été trop longtemps abandonné à son triste sort en Espagne, et il vit dans le plus grand dénuement. La guerre ne mène donc à rien sans le soutien de la foi, et le manque de foi et le péché restent les plus grands dangers pour le peuple chrétien. Ainsi, au chapitre XXIII, mille chrétiens succombent au péché de cupidité et le payent immédiatement de leur vie.
22Cette tonalité morale est propre à cette partie de la saga, mais elle reparaîtra à la fin de la rédaction B, dans la dixième branche dont nous avons déjà parlé ; le fait est que dans toutes ces parties de Karlamagnússaga, la source n’est pas une chanson de geste, mais un texte latin à caractère peu ou prou hagiographique.
23Or, ces chapitres peu nombreux mais convergents, se distinguent en outre par des caractéristiques stylistiques propres. La prose norroise la plus simple est apparue comme appropriée pour rendre la phrase française telle qu’elle s’exprime dans le décasyllabe épique. À ce titre, le style de la Karlamagnússaga est beaucoup plus simple et direct que celui qui avait été adopté pour la traduction des romans bretons, à une date sans doute plus ancienne. Alors que les premiers traducteurs, comme ceux du Tristan, avaient jugé bon de rendre le style foisonnant d’un Thomas d’Angleterre dans une prose norroise surchargée rhétoriquement, leurs successeurs, face aux chansons de geste, ont adopté la prose directe et économe en effets qu’on rencontre par ailleurs, à la même époque, dans les sagas historiques. Par contre, pour rendre les grands développements de la prose latine, quand par exemple dans la Chronique de Turpin l’auteur se transforme en hagiographe ou en prédicateur, les Scandinaves ont opté pour une langue très artificielle, calquée sur le latin : longues périodes, phrases amples, relances au moyen de structures empruntées au latin (comme les participiales et les constructions absolues), abondance rhétorique.
24Ce style grandiloquent n’est pas propre à la branche IV de la Karlamagnússaga, nous le retrouvons bien évidemment dans la X, et plus généralement dans les sagas traduites d’œuvres religieuses latines. Les premières pages de la branche IV, notamment dans la rédaction B, avec le prologue général, la lettre à Leoprandus et la présentation de l’histoire par l’archevêque Turpin, puis les grandes apparitions qui se manifestent à Charlemagne, en constituent néanmoins des exemples privilégiés, tant le clerc islandais a cherché à hausser son style à la hauteur de son sujet. À titre d’exemple, citons le début du récit de Turpin :
L’excellent apôtre du Seigneur, l’éminent Jacques, fils de Zébédée, prêcha tout d’abord l’évangile de Dieu dans l’ouest de l’Espagne, éclairant les âmes obscures de la lumière éclatante de la vraie foi, mais la grande dureté et la rudesse des mœurs des gens de ce pays n’évolua guère dans le sens de la douceur malgré les admonestations de l’apôtre, tout spécialement du fait que tous les hommes en vue du royaume s’élevèrent violemment contre le salut qu’il leur apportait, méprisant totalement son enseignement. Et du fait que le sublime Jacques, ami chéri de Dieu, comprit que son œuvre et sa peine ne portaient guère de fruits dans ces conditions, il s’en retourna avec ses disciples dans son pays d’origine, c’est-à-dire la contrée de Jérusalem, dans le but d’y accomplir, par la volonté de Dieu, la belle victoire d’un glorieux martyre dû à la rude cruauté des détestables Juifs, supportant par amour pour Dieu une mort atroce dans les tourments causés par le tranchant d’une épée, sous le règne du malfaisant Hérode Agrippa15.
25On note en outre que les parties II et III de la branche, qui proviennent d’Aspremont, ont elles-mêmes fait l’objet d’une élaboration stylistique particulière, peut-être pour ne pas paraître trop détonner à côté des chapitres traduits du latin : le goût pour la grandiloquence se retrouve en effet dans de nombreux discours prononcés par les héros de l’histoire, et à maintes reprises les procédés du style dit « courtois » réapparaissent (par exemple les relances syntaxiques, les formules binaires et ternaires). Pour ajouter un cachet particulier à cette branche qui représente un aboutissement, les auteurs de la rédaction B ont même ajouté dans le récit quelques formules poétiques empruntées à la poésie scaldique, et quelques références proprement scandinaves16. L’œuvre militaire et religieuse de Charlemagne en Espagne n’en méritait sans doute pas moins à leurs yeux.
26Malgré ce travail soigné, les chapitres empruntés à la Chronique de Turpin dans la Karlamagnússaga demeurent une pièce rapportée dans un cycle reflétant par ailleurs très fidèlement l’esprit de la chanson de geste française. De nombreuses hypothèses ont été émises quant à la raison de ce montage littéraire. Très probablement, les traducteurs norvégiens ont disposé d’une Chanson d’Aspremont complète, mais aucune trace ne subsiste des parties manquantes. Il nous semble en tout cas que dès que des clercs, en Norvège ou en Islande, ont rassemblé les chansons de geste en un cycle cohérent, des éléments traditionnels relatifs à Charlemagne, et provenant d’autres sources, se sont imposés à eux. Dans un premier temps, les auteurs de la rédaction A ont cru devoir faire une place à la Chronique de Turpin, et dans un second temps, les auteurs de la rédaction B ont introduit dans le cycle des éléments divers provenant de Vincent de Beauvais, qui selon eux devaient avoir autant d’autorité que les chansons de geste, ou même probablement davantage.
27Des recherches ont déjà été menées pour repérer quand et comment la Chronique de Turpin a été diffusée en Scandinavie : selon P.G. Foote, auteur en 1959 d’un petit essai17 sur la question, qui a fait date, la chronique aurait été amenée en Islande dès le xiie siècle, indépendamment donc des traductions commandées par Hákon Hákonarson. Ces vues ont ensuite été confirmées par d’autres spécialistes, notamment C. B. Hiaett18, l’auteur de la traduction nord-américaine de le saga19. Selon eux, à partir de la traduction norroise conservée dans la Karlamagnússaga, il est difficile d’identifier la version qui aurait circulé en Islande, mais selon toute apparence, elle ne différait guère de celle conservée dans le Codex Calixtinus. Si une telle hypothèse est juste, les Islandais disposaient donc d’une première somme consacrée à la geste de Charlemagne avant même la saga. En théorie, il est donc possible d’imaginer que ce modèle premier ait exercé une influence sur la constitution d’un cycle plus étoffé. Cette hypothèse peut valoir notamment pour la branche I qui se présente comme une synthèse, aujourd’hui partielle, du règne de Charlemagne tel qu’il ressort de la lecture de nombreuses chansons de geste – avec au demeurant des épisodes espagnols présents par ailleurs dans la Chronique de Turpin, comme la guerre contre le roi Forré.
28À notre avis, même si la Chronique de Turpin a pu constituer un modèle, cette Vie de Charlemagne (branche I) demeure un texte épique, nourri certes des mêmes traditions que la Chronique de Turpin, mais inscrites dans une perspective toute différente. En outre, rien ne prouve encore une fois que cette Vie soit un texte islandais. L’idée de constituer une telle somme pourrait plutôt venir de Grande Bretagne, si l’on en juge par des œuvres analogues conservées notamment au Pays de Galles20. Si la Chronique de Turpin a joué un rôle de modèle, donc, c’est plus certainement du côté de la Vita Caroli qu’il faut aller mesurer son influence, ce texte ayant été rédigé à l’occasion de la canonisation de Charlemagne en 1165, conformément au vœu de l’empereur d’Allemagne Frédéric Barberousse21.
29Par contre, quand au xiiie siècle a été composée la Karlamagnússaga, il est sûr que la Chronique de Turpin a fourni un modèle général applicable, à grande échelle, à toutes les chansons de geste du cycle du roi. Mais nous ne saurions exagérer cette influence, car tout compte fait, la présence explicite de la Chronique de Turpin se limite à quelques chapitres de la branche IV. Très vite d’ailleurs, comme le montre la rédaction B, l’influence de cette chronique s’est amenuisée au profit de la Saga des deux apôtres Jacques et Jean, et d’autres textes hagiographiques, et au profit surtout de Vincent de Beauvais qui apparaît à la fin du xiiie siècle comme une autorité incontestable. Enfin, d’autres textes scandinaves, notamment des ballades des Iles Féroé ou des rímur d’Islande, ont repris les personnages les plus populaires de la saga : Charlemagne, Roland, Ogier, etc. Ce sont bien les héros de l’épopée française qui ont séduit le public scandinave, plus que ceux de la Chronique de Turpin, ou du Speculum historiale, textes qui font autorité certes, mais auprès des clercs et de l’Église.
30Dans le même ordre d’idées, on constate que l’influence de la chronique se limite à la branche IV directement et à la X indirectement. On aurait pu imaginer que le récit de la bataille de Roncevaux soit lui-même recomposé à partir de fragments de la Chronique de Turpin ; or, la Chanson de Roland a été conservée probablement sous la forme originelle dans laquelle elle est arrivée en Norvège. Ce n’est que dans la rédaction B que le texte est légèrement retouché pour qu’il devienne compatible avec le Speculum historiale et d’autres récits hagiographiques.
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31La Chronique de Turpin semble donc avoir été amenée en Islande à la fin du xiie siècle, en même temps que d’autres œuvres latines qui avaient alors un succès important auprès de tous les clercs de l’Europe chrétienne : l’Elucidarius, le Physiologus, la Navigatio sancti Brendani abbatis, etc. Il est probable qu’à ce moment-là elle ait été intégralement traduite en islandais, parallèlement à une traduction telle que la Brandanus saga, par exemple. C’est vers 1200, en effet, que des pèlerinages d’Islandais à Compostelle sont attestés ; un peu avant, des Scandinaves ont participé à la croisade contre les Maures en Espagne. Le succès de la Chronique de Turpin ne se dément donc pas tant que l’Europe chrétienne est mobilisée pour participer aux croisades, et la traduction islandaise pourrait donc être contemporaine des premières traductions anglo-normandes (1200-1220). Un siècle après, dans un contexte historique et culturel différent, aucune traduction intégrale ne semble avoir été conservée autrement que sous la forme des chapitres intégrés dans la Karlamagnússaga – ne subsistent également que de courts fragments de la Brandanus saga22. À ce moment-là, la Chronique de Turpin est sortie de l’actualité, et les récits qu’elle contient ont changé de statut. Dès lors, ils nourriront soit les compilations historiques, soit des réécritures de la légende carolingienne qui est restée une matière littéraire très vivante dans toute la Scandinavie bien après le xiiie siècle23.
Notes de bas de page
1 Voir les études générales suivantes : H. G. Leach, Angevin Britain and Scandinavia, Cambridge (Mass.), 1921 ; A. O. Johnsen, « Les relations intellectuelles entre la France et la Norvège (1150-1214) », Le Moyen Âge, 57, 1951, p. 247-269 ; K. Helle, « Anglo-Norwegian Relations in the Reign of Håkon Håkonarson (1217-1263) », Mediæval Scandinavia, 1, 1968, p. 101-114 ; Les relations littéraires franco-scandinaves au Moyen Âge, Actes du colloque de Liège (avril 1972), Paris, Les Belles Lettres, 1975.
2 Texte édité au xixe siècle par C. R. Unger, Karlamagnús saga ok kappa hans, Christiania, 1860. Il existe aussi une édition récente, mais partielle, d’A. Loth, avec traduction française d’A. Patron-Godefroit, Karlamagnús saga. Branches I, III. VII et IX, Copenhague, Det Danske Sprog-ok Litteraturselskab, 1980. Voir également notre traduction élaborée à partir de l’éd. Unger : La Saga de Charlemagne, Paris, Le livre de poche, 2000.
3 Voir la synthèse ancienne d’E. F. Halvorsen : The Norse Version of the Chanson de Roland, Copenhague, Ejnar Munksgaard, 1959. Plus récemment, P. Skårup procéda à des mises au point utiles dans l’édition donnée par A. Loth, p. 331-355 (citée à la note 2). Voir également H. Tétrel, La Chanson des Saxons et sa réception norroise. Avatars de la matière épique, Orléans, Paradigme, 2006, p. 73-108.
4 Texte édité par C. Meredith-Jones, Historia Karoli Magni et Rotholandi. Chronique du Pseudo-Turpin, Paris, Droz, 1936.
5 La branche IV a par ailleurs été étudiée plusieurs fois : P. Skårup, « Om den norrøne oversættelse i Karlamagnússaga af den Oldfranske chanson d’Aspremont », Bibliotheca Arnamagnæana, t. XXXIII, 1979 (« Opuscula », 6) ; P. Foote, « Pseudo-Turpin in the North-Forty years on », International and Medieval Studies in Memory of Gerd Wolfgang Weber, éd. M. Dallapiazza et al., Trieste, Parnaso, 2000 ; H. Tétrel, « Le Pseudo-Turpin et l’Aspremont norrois. La branche IV de la Karlamagnússaga est-elle une compilation mécanique ? », Romania, 479-480, t. 120, 2002 (3-4), p. 326-352.
6 Version danoise : Karl Magnus’ Krønike, éd. P. Lindegård Hjorth, Copenhague, Schultz, 1960. Version suédoise : Karl Magnus enligt Codex Verelianus sagan och Fru Elins bok, éd. D. Kornhall, Lund, Svenska Fornskrift-Sällskapet, 1957.
7 P. Aebischer, Textes norrois et littérature française du Moyen Âge, t. II. La première branche de la Karlamagnús saga…, Genève, Droz, 1972. Voir l’étude récente de G. A. Beckmann, Die Karlamagnús-Saga I und ihre altfranzösische Vorlage, Tübingen, Niemeyer, 2008.
8 Voir notre étude « Le personnage de Charlemagne dans la Karlamagnús saga », Charlemagne dans la réalité historique et la littérature (Actes du colloque de Saint-Riquier, 13-14 décembre 2003), éd. D. Buschinger et P. Andersen, Médiévales, 36, p. 51-59.
9 Éd. C.R. Unger, Heilagra manna sögur, Christiania, 1877, p. 536-711.
10 Texte en ligne (Ms. Douai B. M. 797) sur le site : http://atilf.atilf.fr/bichard/
11 Voir la Karlamagnússaga, VIII, chap. 36 : éd. Unger, op. cit., p. 525, trad. Lacroix, op. cit., p. 809 (n.).
12 Voir Aspremont, chanson de geste du xiie siècle, éd. et trad. F. Suard, Paris, Champion, 2008.
13 Fin du chap. XXV, trad. Lacroix op. cit. p. 353. « Nú hefir verit sagt um hríð, hversu viðrskipti hafa farit miðil Karlamagnús ok Agulandum, en hér næst skal á líta hvat fram ferr í öðrum hálfum Hispanie á þessum tímum. » (éd. Unger, op. cit., p. 158).
14 Soit les miracles suivants : les manches des armes des Francs fleurissent, Charlemagne rencontre Agolant qui ne le reconnaît pas, les combattants chrétiens marqués d’une croix rouge sont sauvés.
15 Trad. Lacroix, op. cit., p. 301 ; bien évidemment, le style ne peut réellement s’apprécier que dans la langue originale : « Ágætr postoli dróttins virðuligr Jacobus son Zebedei predikaði fyrstr guðs eyrendi vestr in Hispaniis, birtandi dimmum hugkotum skært ljós sannrar trúar, en mikill harðleiki ok stirðr langrar úvenju landsmanna skipaðist lítt til mýkingar fyrir postolans áminning, einkannliga sakir þess at allir ríkisins mestháttar menn risu snarpliga móti sinni sáluhjálp meðr öllu fyrirlítandi hans kenning. Ok meðr því háleitr guðs ástvin Jacobus skilr sitt starf ok mœðu öðlast lítinn ávöxt í þann pungt, vendir hann aptr meðr sínum lærisveinum til sinnar fóstrjarðar, þat er Jórsalaland, þess eyrendis at fylla þar með guðs vilja fagran sigr dýrðarfulls píslarvættis fyrir harðan grimleik hatrsamra Gyðinga, þolandi fyrir guðs ást sáran dauða meðr pínu snarpeggsjaðs sverðs undir glœpafullum konungi Herode Agrippa. » (éd. Unger, op. cit., p. 127).
16 Nous ne reprenons pas ici les exemples que nous avons donnés dans une autre étude : « La chanson de geste française au contact de la saga norroise : le cas de la Karlamagnús saga », Les Chansons de geste (Actes du XVIe Congrès International de la Société Rencesvals, Grenade, 21-25 juillet 2003), éd. C. Alvar et J. Paredes, Grenade, Université de Grenade, p. 379-389.
17 The Pseudo-Turpin Chronicle in Iceland : A Contribution to the Study of the Karlamagnús saga, Londres, University College, 1959.
18 « Karlamagnús saga and the Pseudo-Turpin Chronicle », Scandinavian Studies, 46, 1974, p. 140-150 ; « Charlemagne in Vincent’s Mirror : The Speculum historiale as a Source of the old norse Karlamagnús saga », Forilegium, Carleton Univ. annual Papers on Classical Antiquity and the Middle Ages, I, 1979, p. 186-194.
19 Karlamagnús saga. The Saga of Charlemagne and his Heroes, trad. C. B. Hieatt, Toronto, Pontifical Institute of Mediæval Studies, 3 vol, 1975-1980.
20 Voir Cân Rolant : The Medieval Welsh Version of the Song of Roland, éd. et trad. A. C. Rejhon, Berkeley, University of California Press, 1984.
21 Voir R. Folz, Le Souvenir et la légende de Charlemagne dans l’Empire germanique médiéval, Paris, Les Belles Lettres, 1950, p. 214-221.
22 Brandanus saga, éd. C. R. Unger, Heilagra manna sögur, Christiania, 1877, p. 272-275.
23 K. Togeby, « L’influence de la littérature française sur les littératures scandinaves au Moyen Âge », Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, vol. I : Généralités, B, chap. VI, Heidelberg, 1972, p. 375-395.
Auteur
Université de Toulouse II – Le Mirail.
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