Usages et propriétés des huiles de roche à la Renaissance, entre crénothérapie et pharmacologie. L’exemple de l’oleo de Monte Gibio
p. 131-143
Texte intégral
1Dès l’âge classique, le pétrole (dénommé naphta) était connu pour ses diverses propriétés thérapeutiques1 et, en particulier, pour ses capacités à réchauffer, pénétrer et dissoudre les superfluités2. Cette substance était connue sous divers noms3 et l’actuel Montegibbio comptait parmi les localités où il était possible d’en trouver4. R. J. Forbes – qui fit l’inventaire d’une série de lieux où le pétrole jaillissait – affirme que la réputation des sources de Monte Zibio était déjà bien établie au XVIe siècle tout comme celles allemandes de Wietze ou Tagernsee et celles françaises de Lamperstloch5. En réalité, Montegibbio était connu et utilisé depuis plus longtemps même. En effet, dès le milieu du siècle précédent, Borso d’Este, duc de Modène et de Ferrare, avait confié à un noble juriste bolonais, Francesco Ariosto, la tâche de rédiger un rapport sur cette huile déjà célèbre6. Achevé en 1460, le travail fut publié sous la forme d’un petit traité intitulé De oleorum principis olei Monzibinii situ, ortu, vi virtuteque7. Avant de revenir sur le contenu de cet ouvrage et sur son auteur, nous voudrions nous attarder sur les raisons qui ont suscité un intérêt si vif et si précoce pour la zone de Montegibbio.
La découverte de la source
2Selon le témoignage indirect d’Antonio Frassoni dans son De thermarum Montis Gibii natura, usu atque prestantia Tractatus8, les sources et leur exploitation auraient appartenu au domaine public au moins depuis le milieu du XIVe siècle9, mais la chose n’est pas certaine. La découverte, fortuite d’après Frassoni, aurait été réalisée par les habitants des lieux :
« Ils racontent quand et comment a été trouvé l’ancien bain, une histoire qu’ils tiennent de leurs ancêtres et qui leur avait été confiée telle quelle. Ils disent qu’un paysan avait une truie à ce point rongée par la gale, que son patron craignant pour sa santé et pour la vie de l’animal, l’avait chassée dans un bois éloigné, afin qu’elle n’infecte pas tout le reste du troupeau et ne lui cause pas de dommage. Et c’est là que, presque morte, elle fut abandonnée. Quelques jours plus tard, revenant (sur les lieux) pour faire du bois, il constata que la truie, insouciante et grasse, s’était remise de la maladie, et tout heureux, il la ramena à la maison. Mais, paissant avec les autres bêtes, elle contracta à nouveau le mal. Le pasteur renvoya la bête galeuse dans les bois, et sitôt qu’elle vit le bain, elle courut à la source bitumineuse, commença à boire l’eau et à se vautrer dans la boue, de sorte qu’elle fut ensuite entièrement libérée de la maladie10. »
3Cet extrait révèle combien les qualités crénothérapeutiques, plus encore que celles pharmacologiques, jouèrent un rôle fondamental dans la phase initiale de développement du site. Le bain, outre son rôle central dans la narration, donna naissance à un toponyme. En effet les sources sont nombreuses mais les deux principales furent identifiées comme « Bagno Vecchio » et « Bagno Nero ». Dans la première, le liquide avait une couleur semblable à l’or et « une odeur très agréable », alors que de la seconde, surgissait « une l’huile [qui] était plus dense, de couleur violacée, d’odeur nauséabonde, et quand un homme y pénétrait, il était pris peu après de douleurs de tête (…) ; au fond de son petit ruisseau s’ouvrent de nombreuses petites veines de bitume et de soufre noir11 ». Tout autour – comme de nos jours encore – on pouvait observer un phénomène géologique très commun dans les Apennins des régions de Modène et de Parme, appelé « barboj12 » (ou « salse »).
4Une importante reconnaissance de la zone fut effectuée dans les premières années du XVIIIe siècle par le médecin et savant Antonio Vallisneri13 qui confirma les descriptions d’Antonio Frassoni à propos du « Bagno Vecchio » (également nommé « fontana vecchia »). Il ajouta que si, durant les siècles précédents, le lieu avait certainement été utilisé pour se baigner, à son époque, peu nombreux étaient ceux à en faire un tel usage, parce que l’huile précieuse était davantage employée comme médicament14. Mais l’utilisation pharmaceutique et la commercialisation du pétrole de Montegibbio débuta bien avant ce qu’en dit Antonio Vallisneri. Car si la première attestation connue de l’huile apparaît dans une liste des prix d’une pharmacie viennoise datée de 144015, de nombreux autres documents contemporains et postérieurs témoignent de son usage. Dans les statuts communaux de Montegibbio, par exemple, rédigés une première fois en 1494/5 puis à nouveau en 154916, les conditions d’utilisation et de prélèvement du pétrole sont définies, ainsi que les droits dont jouissaient les différents membres de la communauté. L’exploitation de l’huile était réservée aux habitants, à l’exclusion des étrangers – comme l’atteste une rubrique du statut de 149417 intitulée « Que les étrangers ne participent pas à la perception des revenus de la Commune », réservant ainsi un total monopole à la communauté locale, sous le contrôle des autorités. Le statut de 1549 est plus précis à propos des compétences des habitants de Montegibbio, et les chapitres XIV et XVII consacrés aux biens meubles et immeubles de la commune en détaillent le mode de gestion :
« à l’exception de la fontaine de l’huile de cette dite Commune et de son entrée, dont les revenus seront divisés et distribués conformément à la coutume établie par le passé ; à ceci près que si quelqu’un de ladite Commune s’absentait du territoire de Montegibbio, il ne puisse durant son absence participer à l’exploitation de cette fontaine, ni même réclamer quelque chose comme cela s’est fait jusqu’alors. »
« Item, qu’il ne soit permis à personne de ladite Commune ou habitant du district de Montegibbio, qui aurait ou tiendrait à livello18 ou de quelque autre manière reconnue par la Commune quelque chose, ou qui participerait à quelques droits communaux notamment à ceux de la fontaine de l’huile, de vendre, aliéner ou de quelque manière que ce soit transférer de telles choses ou droits sur elles, sans licence expresse ou consentement de toute la Commune susdite ; (…) item, parce qu’il arrive souvent que, dans une ou plusieurs familles de la Commune susdite, il ne reste qu’une lignée féminine, laquelle n’est pas apte à contribuer aux charges publiques et communales (…), il est donc décidé et décrété, comme il en a été toujours coutume et d’usage, que [ces femmes] puissent avoir leur part ou revenu du Bain, ou fontaine de l’huile, tant qu’elles demeureront célibataires, c’est-à-dire sans mari (…) à condition qu’elles héritent ces droits de leur famille et non de leur mari19. »
5Ce statut établissait donc un contrôle strict sur ces sources, qui s’appuyait sur des coutumes plus anciennes, mais non précisément datables.
La renommée de Montegibbio
6La réputation de l’huile de Montegibbio, désormais largement diffusée en Italie et en Europe, explique sans doute l’attention renouvelée par la Commune pour cette sorte de « bien commun ». En effet, commence à circuler une série de feuilles imprimées qui fait connaître les propriétés curatives de l’huile. Nous en signalerons trois pour la période qui nous intéresse. La première, datée de 1480, écrite en français20, est rédigée à la première personne. Son auteur, Guillaume Grangier, se dit notaire apostolique et secrétaire du duc de Ferrare. Il déclare que l’huile fut étudiée et expérimentée par de nombreux médecins célèbres (venus de Rome, Naples et Bologne) à la demande du duc d’Este, et il peut ainsi affirmer son utilité pour combattre les maladies ex frigida causa. Suit un inventaire de toutes les autres pathologies pour lesquelles l’huile se révélait efficace. Guillaume Grangier nomme enfin comme témoin Nicola Basset21, Giovanni Valla22 et Francesco Ariosto (déjà mentionné). Le feuillet, de langue allemande, légèrement postérieur23, est très proche du précédent tant sur le plan textuel qu’iconographique. La principale différence tient dans la mention finale où, à la place des trois témoins, se trouve cité le non moins célèbre « dottor Johanne von Karmona ». Les illustrations qui ornent chacun des deux imprimés24 semblent appartenir à la même école et présentent des éléments stylistiques et figuratifs sensiblement identiques25. La troisième « feuille volante » est plus intéressante : rédigée en français, elle fut sans doute imprimée en 154226. Si le texte reprend le même contenu que les deux précédents (et tous s’inspirent largement des vertus exposées avec précision par Francesco Ariosto dans son petit traité daté de 1460), l’image qui l’accompagne paraît plus originale27. Dans sa « naïveté » stylistique, elle frappe le lecteur parce qu’elle n’apparaît pas comme une simple illustration, mais parce qu’elle se veut aussi didactique. On peut y voir la tentative de proposer une synthèse de ce qui jusqu’alors avait été le produit historique et folklorique d’un phénomène naturel qui avait rendu célèbre Montegibbio. Plusieurs éléments doivent être signalés : tout d’abord, le caractère dynamique de la scène qui donne à voir non seulement la récolte du pétrole, mais aussi son exportation dans toutes les directions avec des récipients adaptés aux différents modes de transport (ils varient selon chacun des moyens employés28). L’illustration rend compte d’une sorte de flux inexorable, qui symbolise un phénomène complexe où l’élément local et territorial conflue en une dimension économique et sociale qui s’étend vers d’autres espaces. Ensuite, la présence, en bas de la vignette, de deux porcs qui s’apprêtent à se vautrer dans le ruisseau semble faire écho à la tradition orale, précédemment évoquée, qui attribuait à une truie, atteinte de la gale, la découverte du pétrole. Plus bas encore, à l’écart des scènes principales, il est possible de distinguer un reptile (lézard, salamandre ?) et une tortue. Plus qu’une simple illustration, ces éléments rappellent sans doute la tradition selon laquelle l’huile de Montegibbio éloignait les reptiles, en particulier les vénéneux. Au-delà de l’impression d’une « vision admirable » (qui, en raison du contexte, semble s’imposer), l’analyse iconographique concourt à souligner que la nature dans son ensemble participe de l’événement.
7La renommée de ce qui était devenu désormais une pharmacopée exportable transparaît dans des documents différents de ceux associés à une propagande commerciale. Ainsi, l’huile de Montegibbio donne lieu à des textes brefs d’une autre nature, à l’image de deux témoignages que je mentionnerai (j’imagine qu’une recherche dans les sources manuscrites et plus particulièrement au sein des « livres-bibliothèques29 » pourraient fournir d’autres exemples). Le premier, extrait d’une miscellanea de textes médicaux » bolonais de la fin du XVe siècle, se résume à un feuillet recto-verso30. Di Pietro, dans le modeste commentaire qu’il fit de ce texte, assurait que l’auteur avait une connaissance directe du site31 et que la liste des pathologies qui y sont rapportées était originale parce qu’elle ne s’inspirait pas de l’ouvrage de l’Arioste32. Relevant d’une même typologie « littéraire », le deuxième exemple33, plus probant encore, est tiré d’un manuscrit anonyme et anépigraphe, rédigé à Gênes entre la fin du XVe siècle et 150634. Ici aussi, le texte est très éloigné du De Oleorum virtutibus de Francesco Ariosto et quoiqu’appartenant au même ensemble de savoirs pratiques en circulation que ceux de l’opuscule bolonais, il n’en est pas moins différent. En voici la traduction :
L’huile de Monte Gibio ou Zibio suinte de la roche dans les montagnes du contado de Modène. Sa première vertu est qu’elle guérit la teigne en la chauffant puis en en oignant la tête, là où se trouve la teigne. Sa deuxième vertu est qu’elle est bonne pour le mal d’oreille : l’extraire, la réchauffer, en faire un tampon de coton, l’oindre et le mettre dans les oreilles. Sa troisième vertu est qu’elle est bonne pour le mal de dents : extrayez-la, étalez-la sur la dent. Sa quatrième vertu vaut pour qui a perdu la vue, en l’étalant sur l’œil. Sa cinquième est qu’elle convient au serrement de poitrine, à la froideur de l’estomac en la passant, chaude, sur la bouche de l’estomac. La sixième vaut pour la toux ancienne : l’étaler et en boire un peu. La septième sert pour les douleurs anciennes et nouvelles : l’oindre là où est la douleur. La huitième sert contre la rogne : l’extraire et l’oindre, ce qui est excellent. La neuvième est pour le « mal des mères », l’extraire et oindre là où se trouve la blessure, inhaler son odeur et s’en laver la tête. La dixième concerne les catarrhes : en boire et en enduire l’estomac. La onzième est pour la sciatique : l’extraire et l’étaler là où c’est douloureux. La douzième vaut pour les morsures venimeuses, l’oindre là où est la morsure. La treizième sert pour les vers ; en oindre les poignets. La quatorzième vaut pour l’excoriation de la vésicule : en boire un peu. La quinzième est pour cicatriser les blessures, l’extraire et en oindre la blessure. La seizième vaut pour la goutte froide : oindre là où est la douleur. La dix-septième est pour les paralytiques. La dix-huitième sert pour dissoudre les vents. La dix-neuvième vaut pour les fistules : l’oindre et en mettre dedans. La vingtième est utile pour les vieilles plaies qui ont abîmé les jambes. La vingtième (sic) sert d’abord à la maladie de la pierre et aux calculs : en boire et elle les rompra. Et elle est excellente pour quantité d’autres usages et maux35.
8Ainsi, ces témoignages révèlent combien désormais les propriétés de l’huile de Montegibbio ou Zibio étaient réputées et circulaient sous des formes textuelles et dans des contextes différents. Mais à côté de cette production écrite, en provenance de milieux qui se caractérisaient par l’extrême simplicité de leur communication mais aussi par son efficacité, il existait des traités d’une tout autre portée, notamment celui de Francesco Ariosto qui, par sa rigueur et son exhaustivité, peut figurer sans conteste parmi les œuvres scientifiques de la fin du Moyen Âge.
Le manuscrit du De oleorum principis olei Monzibinii
9Avant de décrire l’œuvre, écrite dans un latin irréprochable, il convient de rappeler que ce petit traité ne fut pas à l’origine de la renommée de Montegibbio, mais contribua, sans conteste, à l’étendre. Constitué de 33 feuillets, il présente une vingtaine de cas thérapeutiques qui occupent la moitié du manuscrit [fol. 11r-26r]. Les raisons d’une telle étude sont évoquées dans le prologue [fol. 1r-3r]. Puis l’auteur procède à une description de l’ager saxolianum36 [fol. 3v], en particulier des collines de Montegibbio (sacrii Monzibinii collis) [fol. 4v] et du site où se trouve la précieuse huile [fol. 5r]. Au lieu-dit Rovina37, s’écoule un petit ruisseau dont personne ne sait où il naît, auprès duquel se trouve la veine (olei fodina) [fol. 5v]. Sur les berges de ce cours d’eau, le terrain est verdâtre et boueux et à six bras de distance, il y a une fosse d’où jaillit une eau, semblable à du lactosérum [fol. 6r]. Tout autour, à une portée de flèche (ad sagitte iactum), ne poussent ni arbre, ni arbuste, ni herbe. Au-delà, en revanche, on entrevoit quelques plantes euphorbiacées et d’autres semblables à de la camomille [fol. 6v]. Après ce passage topographique, l’Arioste fait montre, en citant les auteurs et les œuvres qui, depuis l’Antiquité, se sont intéressés à cette substance, d’une bonne connaissance de ce qui s’est écrit sur les huiles de roche et en décrit la consistance et les caractéristiques [fol. 6v]. Puis, il expose les différents cas qui doivent démontrer la véritable efficacité thérapeutique de l’huile de Montegibbio. Je les détaillerai un à un, de façon à ce que ressortent leurs caractéristiques les plus marquantes.
Robino38 souffrait d’une rogne sèche et malodorante depuis sept mois, mais Sigismonda (la fille de l’Arioste) le guérit en l’enduisant d’huile pendant six jours avec application [fol. 11r et v].
Une extraordinaire « attaque de vers » conduisait à une mort certaine le petit Pricivalle (fils de l’Arioste). L’auteur décrit minutieusement les cures inutiles que ce dernier subit, avant que, sur le point de mourir, son père ne décide d’oindre de pétrole ses pouces, ses tempes, ses narines, la bouche de l’estomac et son ventre. Peu après, l’enfant courut déféquer et il se libéra définitivement des vers [fol. 14 r].
Un habitant de Castellarano Strozza39 était affecté d’une forme grave d’antrax qui lui rongeait la partie inférieure d’une jambe, suscitant d’intolérables douleurs ; il fut délivré du mal en quatre jours, par des infusions de cette huile chaude [fol. 14r-15r].
Son épouse, Paola, souffrait depuis sept ans d’une forte douleur à l’humérus gauche (arthrite). Les chirurgiens et les médecins consultés étaient seulement parvenus à apaiser la douleur, tandis qu’une onction de cette huile tiède, pendant trois jours, remit tout en place [fol. 15r-16r].
Une jeune femme de la localité voisine de Sassuolo avait de graves problèmes de vue à l’œil gauche. Elle guérit en dix jours seulement, grâce à une lotion d’eau et d’huile recueillie auprès de la Rovina, et utilisée quotidiennement [fol. 16r-v].
Paolo Marchesio, habitant de Montegibbio, s’était fait une plaie profonde qui pendant quatre mois ne voulut pas guérir. Sept jours suffirent pour que l’huile, appliquée comme onguent, permette la cicatrisation [fol. 16].
Un certain Pietro, originaire du lieu voisin de Fiorano, avait les membres inférieurs recouverts de plaies anciennes, putrides et malodorantes. Avec l’aide de Dieu, il guérit en peu de temps grâce à l’action de l’huile sur les jambes, tenues couvertes d’un bandage [fol. 17v].
Une domestique de Montegibbio se plaignait de faiblesse musculaire aux membres supérieurs. Les lotions à base d’huile redonnèrent vigueur à ses bras [fol. 17v-18r].
Un homme d’une soixantaine d’années, aveugle depuis douze ans, utilisant souvent l’huile comme collyre récupère l’usage de la vue [fol. 18r-v].
Un religieux de tempérament jeune survit à de fortes coliques en oignant son nombril d’huile, en en ingérant en petite quantité et grâce à des clystères [fol. 15v].
Antonio Solviano (habitant la localité voisine de Montebaranzone) était depuis longtemps obligé de tenir son bras bandé, parce qu’il ne pouvait plus se servir de son coude gauche, mais il guérit en utilisant fréquemment des lotions de l’admirable liquore nostro40 [fol. 19r].
Andrea di Castellarano avait la cuisse droite pleine d’ulcères que perçait une fistule purulente. Désespéré, il essaya d’asperger sur sa chair à vif de l’huile salutaire, afin de nettoyer la fistule. Les chairs se consolidèrent et la fistule s’obtura [fol. 19r-20r].
Un malade, souffrant d’un cancer de la verge, guérit en se faisant souvent des pansements avec l’immanquable huile, mélangée à de la rhubarbe et à de la poudre d’oliban [fol. 20r-21r].
Nicola Gedano (âgé de soixante ans et originaire de Montegibbio) alors qu’il avait perdu la vue depuis sept ans, retrouva l’usage de ses deux yeux après avoir, pendant dix jours, utilisé l’huile comme lotion, domini gratia [fol. 21r-22r].
Un petit enfant de Castellarano souffrait d’éléphantiasis, sur le visage et sur le cou. Douze jours de lotion sur ces parties du corps améliorèrent considérablement la situation [fol. 22r-v].
Une vieille femme sécrétant des sanies de l’ulcère qu’elle avait à la vulve, guérit en vingt jours en introduisant un peu d’huile à l’aide d’une fistule qu’elle s’était créée [fol. 22v-23v].
Benyamin, un juif génois de passage, qui avait reçu un coup de sabot et avait de fortes douleurs à la bouche en raison des dents ébranlées, fit immédiatement des ablutions avec l’huile, non sans souffrir, mais le lendemain, il pouvait repartir, apaisé, vers Gênes [fol. 23v-24r].
Quelqu’un qui avait une excoriation de la vésicule fut guéri, en trois heures, par l’apposition d’une goutte d’huile, au moyen d’une seringue d’or [fol. 24v-25r].
Demetrio, un prêtre de Durazzo qui était atteint d’une forme douloureuse de goutte dans les mains, fut soigné par l’application de cette huile au moyen d’une plume [fol. 25v-26r].
Le dernier cas, bien que peu compréhensible, est sans doute le plus intéressant. L’Arioste s’attarde longuement à le décrire. Il débute ainsi : « Nicola Traguriensis41, accablé par une forte douleur à l’intestin, vint à la source salutaire ». Il est possible de penser qu’il était pris de coliques, mais comme il tournait aussi de l’œil et écumait des lèvres, il est plus probable qu’il était atteint d’épilepsie. Il ne voulait pas se déplacer et se lamentait avec véhémence. Il fut mis dans une vasque et fut recouvert en entier par la précieuse huile. Il en ingéra aussi une certaine quantité. Il poursuivit la cure jusqu’à ce qu’un « vers, long d’un doigt sorte dans des nausées, et demeure à moitié-mort ». Par la suite, en moins de deux heures, après avoir bu et mangé, le patient se réanima.
10Comme il ressort de cet inventaire, les vertus de l’huile paraissent nombreuses ; elle convenait aux affections cutanées, aux rhumatismes, aux pathologies oculaires, gynécologiques et urologiques et avait des actions vermifuges et analgésiques, comme le rappelle une nouvelle fois l’auteur, dans les dernières pages du manuscrit42 [fol. 30-33v]. Mais, avant de conclure, Francesco Ariosto s’attarde sur deux épisodes que j’évoquerai seulement, qui révèlent d’une part l’exercice de la prostitution [fol. 28v-30r] et la présence de joueur de dés à proximité des sources [fol. 30r-v]. Ces fréquentations importunes, souligne-t-il, provoquèrent l’arrêt momentanée de l’écoulement de l’huile, comme pour stigmatiser le manque de respect dû à ces lieux pour ainsi dire sacrés. Au-delà d’une lecture rapide et moralisante, il est possible de considérer la présence de joueurs ou de prostitués auprès des sources (et notamment du « Bagno Vecchio ») comme le signe de leur réelle popularité, puisqu’il est convenu que de semblables activités se déroulaient dans des lieux peuplés ou bien de passage.
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11Les œuvres qui révèlent la fama de l’huile de Monte Gibblio montrent qu’elle fut peu à peu considérée comme une sorte d’elixir. C’est à dessein que je souhaite utiliser ce terme (sans le généraliser), car son étymologie43 révèle bien le caractère particulier du produit dont on use à la fois par miction et contamination, ce qui est bien le cas de l’huile de Montegibbio. Il suffit d’évoquer le mélange d’huile et d’eau (seri lactei simillima) que l’on pouvait puiser auprès de la Rovina, comme les différentes utilisations auprès de la source, appelée indistinctement « fontaine » ou « bain ». Montegibbio fut d’abord un lieu sans nom qui, grâce à un « mythe » transmis d’abord par tradition orale, puis adopté par le discours érudit jusqu’à lui reconnaître une valeur originelle, fut inventé ; il fut dévoilé par la rencontre hasardeuse – mais fondamentale – de l’homme et de la bête, dont la polysémie apparaît résumée par une image d’une grande efficacité didactique. C’est pour cette raison, je crois, qu’elle a contribué à diffuser les vertus de cette « admirable liqueur » naturelle. La fortune qui s’ensuivit fut, à son tour, alimentée et amplifiée, par des pratiques sociales et par des discours à la fois populaires et érudits. Ce phénomène culturel qui n’est pas rare à cette époque est lié, par ses caractéristiques, à ce type de témoignages, propres à la « tradition mixte44 ».
Notes de bas de page
1 Ces propriétés étaient encore admises au XIXe siècle (cf. la rubrique « petrolio » dans Guareschi, 1897, 2/2, p. 139-142).
2 Di Pietro, 1955, p. 90.
3 Montegibbio est situé dans la province de Modène, sur les pentes des Apennins, à six kilomètres de la cité de Sassuolo.
4 « Petrolio di santa Caterina (…), Olio (o Oglio o Oleo) di Sasso, Olio Petrolio, Olio Naphta, Oleo Philosophorum, di Sapienza, Divino, Santo, Benedetto, Olio di Santa Barbara, Balsamino, Oglio di Perfetto Magisterio, etc. », Genitoni, 1997, p. 124.
5 Forbes, 1958, p. 1.
6 Sa réputation dépassait vraisemblablement le territoire des Este, puisque la présence du pétrole de Monte Zibio apparaît – d’après Genitoni – dans l’inventaire de 1440 d’une pharmacie à Vienne, Genitoni, 1997, p. 133.
7 Le titre complet est : De oleorum principis olei Monzibinii situ, ortu, vi virtuteque : ad illustrissimum et excellentissimum principem et iustissimum dominum dominum Borsium Mutinae et Regii ducem Marchionem estensem Rodique comitem et hac dominum suum singularem et benefactorem praecipuum libellus. La copie du manuscrit que j’ai consulté (et dont le titre – ici transcrit – est rapporté sur le frontispice) est conservée à la Biblioteca Ariostea di Ferrara sous la côte ms Cl. I. 355. Dans ce même manuscrit au fol. 7r, le même Francesco Ariosto nous informe que durant cette période, il s’était vu confié par Borso d’Este la juridiction de Castellarano Strozza (où se trouvait Montegibbio), avec le titre de préteur.
8 Le traité du philosophe et médecin Antonio Frassoni fut édité en 1660 par l’imprimeur modénais Andrea Cassiani.
9 Deux campagnes de fouilles archéologiques (menées par la Soprintendenza ai Beni Archeologici de la région Émilie Romagne) effectuées durant l’été 2006 et le printemps 2007, dans une zone proche des « salse di Montegibbio », ont mis au jour un habitat (comprenant quatre phases d’occupation comprises entre le Ier s. av. J. C. et le V-VIe s. après). Sur le site, parmi les découvertes figurent des fragments de tubes susceptibles de suggérer l’existence d’une établissement thermal ou de structures de rechauffement (cf. http://www.archeobo.arti.beniculturali.it/montegibbio_sassuolo/villa_romana.htm). Une thèse de doctorat en archeologie entreprise par Francesca Guandalini (que je remercie pour ses informations utiles) est destinée à comprendre les formes de peuplement de la zone autour des « salse » et à déterminer si les boues salées représentaient une ressource alimentaire ou médicale utilisée pendant l’Antiquité. Cf. http://www.archeobo.arti.beniculturali.it/mostre/montegibbio_07.htm
10 « In qual modo ed in qual tempo fosse ritrovato quell’antico bagno, gli abitanti raccontano questa storia, la quale tramandata ad essi dagli antenati pervenne loro quasi consegnata a mano. Dicono che un certo contadino aveva una scrofa, condotta all’estremo dalla scabbia, la quale dal padrone che disperava della salute e della vita di lei, come infetta fu cacciata lontano in un remoto bosco, acciocché non infestasse tutto l’armento ed apportasse a lui danno ; e quivi fu come morta abbandonata. Essendo poi dopo pochi giorni ritornato per fare legna ed avendo veduto che la troia, allegra e pingue, si era riavuta di quella malattia, la ricondusse a casa con molta allegrezza. Ma essendo la scrofa andata al pascolo col resto dell’armento ed avendo contratto di nuovo il malore, il pastore la rimandò scabbiosa nel medesimo luogo ed essa, tostoché vide il bagno, corse a quella fonte bituminosa, cominciò a bere dell’acqua e a voltolarsi in quel fango, e restò poscia interamente libera da quella malattia », Frassoni, 1660, ch. I. Le passage est cité dans Genitoni, 1997, n. 81.
11 Genitoni, 1997, p. 147.
12 L’expression dialectale de barboj (mais aussi barbogli o barboi, toujours utilisées dans les Apennins émiliens), est une onomatopée qui reprend le bruit produit par les boues des « salse » (c’est-à-dire les boues salées qui se répandent et forment un cône duquel s’échappent les gaz et les substances bitumineuses). Ce sont des phénomènes causés par la présence en profondeur de gisements d’hydrocarbures provenant de la décomposition de restes organiques d’origine animale. La remontée se produit au moyen des gaz qui parcourent les fractures du gisement. À trois kilomètres de Montegibbio, le phénomène est toujours visible dans la « Riserva naturale delle Salse di Nirano ». L’usage thérapeutique de ces boues – entre XVIe et XVIIe siècle dans les Apennins émiliens (en particulier dans la zone de Lesignano dans la Province de Parme) – est décrit dans Zunti, 1615.
13 Le célèbre naturaliste nacquit à Trassilico, le 3 mai 1661, et mourut à Padoue le 18 janvier 1730. Pour une bibliographie de cet auteur cf. http://www.vallisneri.it/studi.shtml
14 Genitoni en donne un rapide aperçu (p. 151), en s’appuyant sur la relation de Vallisneri, intitulée : Stato presente della Salsa di Sassuolo (à la suite d’une visite réalisée le 3 septembre 1711), publiée dans Il Giornale de’ Letterati en 1713.
15 Cf. supra n. 6.
16 Les deux statuts sont édités : le premier est conservé auprès de l’Archivio di Stato di Modena, Cancelleria ducale, statuti, capitoli, grazie, busta 9 (Montegibbio) ; tandis que le second intitulé Statuto, regole et ordini per il governo particolare della Comunità di Monte Gibbio est déposé auprès des archives paroissiales de Montegibbio, Serie A/a, busta A/a, Gazzadi, 2005.
17 Archivio di Stato di Modena, Cancelleria ducale, statuti, capitoli, grazie, busta 9 (Montegibbio), f. 7r. En particulier, on y lit : « Item ordinorno che per intrada che habia dicto comune, cussì reale como personale, de terreni, bagno del olio, et etiam ogni altra cossa, non possa ni deba partecipare utilitade alcuna ni benefitio ad alcuno forestiere », Genitoni, 1997, p. 138, n. 55.
18 Qui bénéficie d’un contrat agraire dit « a livello », Barbero-Frugoni, 2006, p. 159-160.
19 « (…) eccettuando la Fontana dall’Oglio di detto comune, e l’entrada di quella, la quale s’habbi a dividere, e distribuire di quella maniera, che si è fatto e costumato per il passato, con questo però che se alcuna del detto Commune s’absenterà in tutto dal territorio di Monte Gibbio, non possi, mentre sarà absente ut supra domandar, né conseguir volta alcuna di detta Fontana, né cosa alcuna per detta causa, come anco si è fatta fino ad hora ».
« (…) Item che non sia lecito a persona alcuna del detto Commune, o abitante nel distretto di Monte Gibbio, che avesse, o tenesse a livello, o per altro modo riconoscesse dal detto Commune cosa alcuna o partecipasse degli elementi comuni, per qualunque via, massime della Fontana dall’Oglio, vendere, alienare, o per qualsivoglia modo trasferire tal cose, o ragioni sue in esse senza espressa licenza, o consenso del total Commune predetto (…). Item perché molte volte accade che di una famiglia o più del comune predetto solum vi resta la linea femminina, la quale non è atta a concorrere alle gravezze pubbliche e communi (…) pertanto s’ordina e secernesi, come sempre s’è usato e costumato, habbino d’aver la ratta seu notta sua del Bagno, seu Fontana dall’Oglio, sino a tanto che saranno innupte, cioè senza marito (…) conciossiaché più non sono della famiglia del precedente, ma del marito », pour la transcription partielle de ces deux chapitres, cf. Genitoni, 1997, p. 137-38.
20 Klebs, 1922 ; Tergolina Gislanzoni Brasco, 1957. Le prospectus mesure 35 x 22 cm.
21 On ne sait rien de ce personnage si ce n’est ce qu’en dit Grangier, en le qualifiant de « capitano di quella montagna » (Montegibbio).
22 Valla était conseiller des Este et accomplit, pour leur compte, plusieurs missions (notamment en 1472, 1498 et 1500, il fut dépêché auprès de la cour de France) et c’est, sans doute pour cette raison, alors qu’il n’avait aucune compétence scientifique, que Grangier le nomma. Certains pensent d’ailleurs que l’entreprise publicitaire avait été suscitée par le duc de Ferrare qui espérait, peut-être par ce biais, faciliter la renommée de cette précieuse pharmacopée, Tergolina Gislanzoni Brasco, 1957, p. 7.
23 Sur l’édition allemande du prospectus, imprimée à Nuremberg au début du XVIe siècle, cf. Sudhoff, 1909-1910, p. 397.
24 Les deux illustrations montrent un patient assis sur un siège comprenant un dossier et des accoudoirs, recevant d’un chirurgien un onguent sur le front.
25 Sur l’analyse stylistique des illustrations des deux prospectus, cf. Klebs, 1938, p. 244 ; Genitoni, 1997, p. 141.
26 Genitoni affirme (n. 66) que le prospectus fut découvert par Forbes et publié une première fois dans Forbes, 1951. Voir aussi Tergolina Gislanzoni Brasco, 1958 ; Valentini, 1961.
27 Le dessin (cf. fig. p. 137) occupe la partie haute du feuillet qui mesure 290 x 175 mm et s’étend sur toute la largeur de la page, laissant libres 55 lignes de texte.
28 J’attire l’attention du lecteur sur le fait que, parmi les moyens de transport représentés, apparaît, en haut à gauche, un dromadaire. Comment l’interpréter ? Peut-être, comme un moyen de rappeler que la naphta était connue pour être commun dans d’autres régions, en particulier en Asie ? Ou parce ce que son commerce s’étendait très loin, notamment dans des régions où de semblables animaux existaient ?
29 Palmero, 2005, p. 159-163.
30 Voici l’incipit et l’explicit de cette feuille : « Nel M. CCCC. LX mirabilmente è apparuto ne le montagne de Modena questo singolare e precioso liquore in loco dicto Montezibio » / (…) « A la peste optimo e probato », Di Pietro, 1970, p. 3-5.
31 Cela paraît confirmé par le fait que certains termes sont spécifiques comme bìgati (pour ver : dans le dialecte de Modène actuel bgatt) ou scaldore (prurit : dans les dialectes de Bologne ou Modène scadór), Di Pietro, 1970, p. 5.
32 Ibidem. J’imagine que son affirmation doit se référer au cadre synthétique que l’Arioste offre, dans la partie finale de son traité, Biblioteca Ariostea di Ferrara, ms Cl. I. 355, fol. 31v-32r (désormais BAF).
33 Pour soutenir cette proposition, je renvoie aux propos suivant de P. Zumthor : « Aujourd’hui, quelle que soit la diversité des orientations théoriques, rien de cet ensemble conceptuel n’échappe plus à la théorisation. Barthes, dans sa leçon inaugurale au Collège de France, ramène la « littérature », leurre servant à prendre la langue hors pouvoir, au “graphe complexe des traces d’une pratique”. On ne saurait mieux dire », Zumthor, 1980, p. 31-32.
34 Biblioteca Universitaria di Genova, ms F.VI. 4. Sur ce manuscrit (étudié dans la thèse dirigée par Henri Bresc) voir Palmero, 2004.
35 « Oleo de monte Gibio o Zibio che stilla fora de uno saxo manifestamenti, il quale monte è nel contado de Modena. La prima virtù è che guarisce la tigna : scaldandolo e poi ungendone lo capo dove è la tigna. La II virtù è bono al male de le orechie : scardarlo e farne uno scopino di bambaxio e ungerlo e meterlo dentro le orechie. La III virtù è al male de denti : scardalo e ungere al drito del dente. La IV virtù è a chi havesse perduto la vista, onge sopra lo ochio. La V è a strictura de pecto e frigidità de stomaco ungendo cum esso caldo la forcella del stomaco. La VI a tosse antiche : ungere e beverne un poco. La VII a dogie vechie o nove : ungere dove è il dolore. La octava a rogna : scardolo e ungere, è cosa perfectissima. La IX al male de madre : scardolo e ungere dove è la passione et recevere quello fumo et lavarsi il capo. La X al catarro : beverne e ungere lo stomaco. La XI ala sciatica : scardalo e ungerlo dove è la dogia. La XII a morsura venenosa : ongerse dove è la morsura. La XIII a mal de vermi : ongere li polsi al male de verme. La XIV a discoriatione de vescicha : beverne un poco. La XV a saldare le ferite : scaldale e ungi la ferita. La XVI a gotte frigide : ungere dove è la dogie. La XVII a paralitici. La XVIII a dissolvere ogni ventosità. La XIX a fistole : ungere e metere dentro. La XX a piage vechie e chi havesse goaste le gambe. La XX prima al male dela pietra e de arenela : a beverne e romperà. Et molte altre operatione ad altri mali è optimo », Palmero, 2004, II, p. 187.
36 Il s’agit du territoire qui concerne le district de Sassuolo.
37 C’est d’ailleurs sur cette voie della Rovina que les fouilles archéologiques évoquées (cf. n. 9) ont été réalisées, dans la localité « il Poggio ».
38 C’était le chat de l’Ariosto, comme le rappelle l’auteur : Robinum, jocundissimum catulum nostrum. BAF, fol. 11r.
39 Localité proche de Montegibbio où résidait l’Arioste (cf. supra n. 7).
40 J’ai voulu maintenir ce terme, car l’Arioste l’utilise fréquemment et son usage suggère le rôle pharmacologique et alchimique que l’huile acquiert par la suite. À ce propos d’ailleurs, il convient de rapporter un court extrait du texte bolonais précédemment étudié « … questo liquore aproximandolo al focho subito se accende, come fa laqua de vita, et arde fina tanto quanto di sua materia se ritrova. Etiam lo odore è grande, et ha similitudine in colore et odore di materia stillata per arteficio », Di Pietro, 1970, p. 4.
41 Traguriensis indique peut-être la provenance (Traù, en Dalmatie), puisqu’il est considéré comme étranger.
42 Outre les 20 cas exposés, l’Arioste mentionne dans son épilogue combien l’huile convenait aussi à l’asthme, la paralysie, les vertiges, la perte de mémoire, la toux ancienne et chronique, qu’elle atténuait la toxicité du venin lié à des morsures de bêtes ou d’insectes, qu’elle convenait aux flatulences et qu’elle était un puissant purgatif.
43 De l’arabe al-iksîr, dont le sens est double, à la fois « pierre philosophale » et « médicament balsamique ». Le terme « elisir » dans Battaglia, 1961-2002, V, p. 103.
44 « La particularité de la tradition mixte tient de ce que le modèle qui la représente n’est pas autosuffisant. Un modèle dans la tradition mixte requiert, en effet, une variable (posons X) qui assume parfois la valeur V (voix) ou la valeur S (écriture) [...], mais comment déterminer dans quels cas on a X = S et quels autres on a X = V ? C’est une question factuelle, insoluble si les documents manquent et souvent ils manquent » (Cirese, 1993, p. 373). Sur les caractéristiques de ce type littéraire fondamental pour qui étudie la circulation des savoirs pratiques à la fin du Moyen Âge, cf. Palmero, 2004, I, p. 324-351.
Auteurs
Université de Tours
École française de Rome – ENS de Lyon
CEPAM, Centre d’Études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge, Université de Nice Sophia-Antipolis – CNRS
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