L’invention d’une source : les Bagni della Porretta, les médecins et les autorités publiques
p. 63-98
Texte intégral
1Les Bagni della Porretta, situés au cœur des Apennins, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Bologne, figurent parmi les sites thermaux les plus importants de la péninsule italienne de la fin du Moyen Âge. Ils étaient tout aussi réputés que ceux du territoire siennois ou de Campanie1. La station apparut au XIIIe siècle2 et son essor médiéval est connu grâce à des sources de nature publique provenant essentiellement des Archives d’État ou des bibliothèques de Bologne, mais aussi par des textes médicaux ou encore littéraires3. Cet ensemble documentaire montre la volonté des autorités communales, des élites urbaines bolonaises et du pape de mettre en valeur les eaux en organisant l’espace balnéaire pour faciliter la venue des visiteurs. Surtout, il révèle le rôle des médecins romagnols ou italiens – éventuellement sollicités par les citadins – dans l’élaboration d’un discours médical précoce, accessible au plus grand nombre et susceptible de répondre aux attentes des curistes. La diffusion de ce savoir sur les eaux a contribué de façon remarquable à la valorisation des ressources thermales bolonaises.
Une station thermale aux confins du « contado » bolonais
2À la fin du Moyen Âge, les eaux thermales des Bagni delle Porretta jaillissaient sur les bords du Reno, à l’endroit de sa confluence avec un torrent, le Rio Maggiore4. Elles se trouvaient à proximité d’un castrum dénommé Poreda ou Porretta5 qui accueillait une modeste communauté – attestée encore au XVe siècle –, réunie autour de la chapelle San Niccolò. Les sources les plus utilisées ne se trouvaient cependant pas dans le finage de cette commune castrale, bien qu’elles en portent le nom. Placées sur la rive droite du Reno, elles dépendaient, pour celles situées à gauche du Rio Maggiore, de la commune de Campugnano, pour celles placées sur la rive droite, de la commune de Sucido (actuellement Capanne), unie dès le XIIIe siècle à celle de Granaglione. Ainsi, lors de sa genèse, l’espace thermal relevait de juridictions différentes, contrairement à la plupart des autres sites contemporains, notamment ceux de Toscane.
3Dans la première moitié au XIIIe siècle, la cité de Bologne étendit sa domination sur ces différentes communes rurales, concurrençant l’influence de Pistoia longtemps prédominante dans cette partie des Apennins. À la fin du siècle, Campugnano et Granaglione figuraient parmi les localités importantes du territoire bolonais, aux confins du « contado », sur les routes qui reliaient la Romagne à la Toscane6. Toutes les communautés furent alors intégrées à des circonscriptions territoriales bolonaises différentes : Porretta à la « podesteria » de Casio, Granaglione/Sucido et Campugnano à la « podesteria » de Castel Leone7. En 1376 seulement, toutes ces communes furent réunies dans un même vicariat, celui de Campugnano qui s’étendait sur toute la partie sud-ouest de la montagne8 et, à la fin du siècle, fut créée, à l’initiative de la cité, une véritable station thermale aux contours biens établis, empiétant sur les trois finages communaux.
Bologne et les eaux thermales : naissance de la station de « Bagni della Porretta » (fin XIIIe-début XVe siècles)
4Bologne s’intéressa très tôt aux eaux thermales de Bagni della Porretta : dès 1250, elle désigna une commission pour entretenir les différentes infrastructures thermales aux frais des communes rurales et des curistes9. Elle se proposait de murer et voûter les bassins, de les protéger des inondations – probablement parce qu’ils étaient proches des deux cours d’eau –, des chutes de pierres, sans doute les deux grands massifs du monte Sassocordo et du monte della Croce où jaillissaient les sources et dont les parois abruptes étaient dangereuses. La cité préconisait de distinguer, dans les bains, une partie pour les hommes et une autre pour les femmes et invitait, enfin, les communes rurales à construire des hospitia ou auberges10. Ces mesures n’avaient rien d’original : elles correspondaient à celles que préconisaient, à la même époque, d’autres villes (Sienne ou Viterbe notamment) qui favorisaient aussi l’essor thermal11. Elles visaient à mieux circonscrire l’activité balnéaire, en définissant plus précisemment les lieux des soins et les lieux d’hébergement.
5Malgré leur importance, il est difficile toutefois de savoir si ces décisions furent vraiment appliquées, car Bologne n’intervint pas directement dans ce processus, laissant à Campugnano et à Sucido/Granaglione le soin d’agir ; la documentation archivistique urbaine – qui demeure notre principal viatique – ne garde pas trace des travaux entrepris. Ce n’est qu’à la fin du XIVe siècle, lorsque la cité romagnole s’impliqua davantage, que la documentation laisse entrevoir l’évolution du site.
6Tout d’abord, Bologne s’assura la maîtrise des eaux en s’arrogeant la propriété des bains. Jusqu’alors, ils étaient demeurés sous le contrôle des communes rurales de Granaglione et Campugnano. Ces dernières continuèrent toutefois à disposer des bassins mais par le biais d’un contrat de location que Bologne leur accordait, pour six ans d’abord, puis à partir de 1396, pour 29 ans renouvelables12. Elles devaient comme autrefois les entretenir, mais se trouvaient désormais plus étroitement soumises aux volontés citadines.
7La cité chercha aussi à faciliter la venue des curistes en accordant à tous ceux qui viendraient résider aux bains (de façon temporaire ou durable) des franchises. En octobre 1394, une commission ad hoc fut chargée d’en établir la nature. Les dispositions que cette dernière préconisa furent adoptées par les conseils urbains13 ; elles distinguaient deux espaces emboités qui ne tenaient plus compte des limites communales antérieures – leur forme apparaît esquissée sur un plan dressé au XVIIIe siècle14 (cf. fig. p. 66). Elles définissaient d’une part, une zone centrale aux abords des deux cours d’eau, de 50 perches le long du Rio Maggiore jusqu’au Reno et sur l’autre rive du Reno, de 100 perches le long de la berge et 90 perches de profondeur15. Dans cet espace, Bologne renonçait à percevoir toute taxe sur la vente de pain, de vin, de blé, de viande et de foin pendant trente ans et invitait les communes rurales ou tous les ressortissants de l’État bolonais qui le désiraient (de la cité, du « contado », et du « distretto ») à édifier des hospitia en pierre sur des parcelles éventuellement expropriées16. D’autre part, les mesures prévoyaient de définir un quadrilatère plus étendu de 200 x 500 perches de côté – au centre duquel se trouverait la confluence du Reno avec le Rio maggiore – marqué par des pierres blanches où les habitants qui viendraient à s’y installer seraient exemptés de tout impôt, personnel et sur leurs biens, pour eux-mêmes et leur famille17. Ces derniers devraient cependant payer la gabelle du sel, les droits des moulins et s’acquitter d’une taxe personnelle de quatre oboles auprès du vicaire de Campugnano. Enfin, les normes autorisaient les curistes à entrer dans la station, sans verser aucun péage, et à apporter gratuitement toutes les provisions qu’ils souhaitaient consommer, à condition de ne pas les vendre.
8Ces décisions étaient clairement destinées à faciliter la formation d’une agglomération préposée à l’accueil de curistes. Elles visaient à créer une villeneuve. Elles font écho aux dispositions prises, bien plus précocement, par d’autres communes rurales ou urbaines qui avaient, dès le début du XIVe siècle, constitué une zone franche thermale et encouragé le lotissement des espaces balnéaires18. Elles s’en distinguent cependant par la précision de la définition de l’espace thermal et par son étendue. La zone franche embrasse une superficie de plus de 100 000 perches carrées (soit 140 hectares19).
9En 1418, Bologne confirma ses intentions en prenant de nouvelles mesures. La zone franche fut élargie, non seulement au tracé de la route qui s’étendait depuis le pont de Savignano sur le Reno jusqu’à Porretta, mais aussi à un lieu-dit nommé Buferlo, sur la rive droite dépendant de la commune de Casola sopra Casio20. L’agglomération fut stabilisée : seuls les habitants qui résideraient continûment aux bains pourraient jouir des privilèges précédemment établis21. Enfin, la cité instaura un Office pour la restauration des bains, confié à six citoyens bolonais, dont les compétences étaient très larges puisqu’il disposait de la plena potestas et qu’il avait pour tâche d’entretenir ou de réaliser des nouvelles infrastructures dans la station22. Il détenait les mêmes prérogatives que d’autres offices établis, au tournant du XVe siècle, par quelques cités toscanes afin de gérer les bains de leur territoire, notamment l’Office des Bains que Florence fonda en 1390 pour développer le site de Bagno a Morba dans le territoire de Volterra23.
10En créant ainsi une agglomération nouvelle dont l’administration était confiée à des officiers urbains, Bologne ôtait aux communes rurales le contrôle des bains et des activités thermales. Elle imposait un espace nouveau qui transcendait les limites communales traditionnelles et qui empiétait notablement sur le finage de la commune de Porretta, alors sur le déclin24. En effet, une large part de l’espace franc s’étendait au-delà du Reno et la création d’un pont sur ce cours d’eau, en 1418, révèle la volonté de prolonger l’habitat25. Par ses efforts, la cité romagnole suscita la formation d’une véritable station qui prit définitivement le nom de « villa dei bagni della Porretta », en 141926. Ces initiatives bolonaises font écho aux actions menées par d’autres cités d’Italie centrale (Florence, Sienne, Lucques) et témoignent de la volonté politique des États territoriaux naissants, et des oligarchies citadines27, de contrôler étroitement et, de façon centralisée, le thermalisme.
La station et les activités balnéaires
11Bagni della Porretta représentait, au XVe siècle, une agglomération d’une certaine ampleur et disposait d’une réelle capacité d’accueil. Elle abritait près d’une vingtaine d’auberges dotées de plusieurs chambres où étaient commercialisées boissons et nourritures28. Les deux premiers bâtiments semblent avoir été érigés, à l’initative de Bologne, en 139629. D’autres établissements furent édifiés par la suite ; ils représentaient l’essentiel des capacités d’hébergement, car seul un modeste hôpital existait à proximité de la station – restauré en 1382 à l’initiative de Bologne30. C’est un fait notable, car les sites thermaux possédaient souvent un ou plusieurs établissements caritatifs, parfois importants comme l’Opedale San Martino à Bagno a Corsena. De fait, Bagni della Porretta se distingue, comme Bagno di Petriolo dans le territoire siennois, des autres stations thermales par l’absence de telles infrastructures et par l’existence, au contraire, d’un équipement hôtelier essentiellement laïque. Les principales auberges dépendaient des communes rurales du « contado » bolonais, notamment de celles de Graniglione et Campugnano qui contribuèrent à l’essor initial du site – il s’agissait des deux bâtisses construites par Bologne en 139631 –, mais plusieurs autres étaient aux mains de propriétaires privés. La plupart étaient louées à des aubergistes qui jouissaient des exemptions fiscales précédemment énoncées et devaient respecter les interdits édictés par l’Office pour l’entretien des bains, notamment en matière de jeux de hasard32.
12D’autres personnes vivaient dans la station, attirées par l’affluence des curistes : des épiciers qui confectionnaient et vendaient de medicinalia33, de très nombreux barbiers qui, sans doute comme ailleurs dans les sites toscans, assistaient les malades (ils pratiquaient les saignées et administraient éventuellement les bains), des commerçants capables d’approvisionner la station en nourritures et de répondre, plus largement, aux besoins des visiteurs. En revanche ne s’y trouvent pas de médecins comme nous aurons l’occasion de le préciser. La plupart des individus impliqués dans le développement thermal provenait des communes rurales voisines, parfois de régions plus éloignées comme la Toscane ou la Lombardie. Ils formaient un groupe relativement important et étaient qualifiés d’habitants (habitatores ad balnea) par les autorités bolonaises. Ils tendirent à se sédentariser – comme le souhaitait la cité – car, en 1429, fut édifiée pour eux et pour les curistes, une église, dédiée à saint Jean et à sainte Madeleine, et dotée, dès sa fondation, d’un cimetière34.
13Les habitants animaient le bourg qui était, au XVe siècle, polarisé par l’existence de plusieurs bassins qu’ils avaient la charge de nettoyer la nuit, mais dont les caractéristiques restent difficile à établir35. Quelques-uns étaient, depuis 1394 au moins, couverts et des conduits (ducie) apportaient l’eau depuis la montagne d’où elle jaillissait jusqu’au bassin. Deux bains se trouvaient sur la rive gauche du Rio Maggiore : le « bagno del leone » – devenu « Porretta nuova », à partir du XVIe siècle – et le « bagno nuovo », construit vers 1425 dont les eaux, captées sur l’autre rive, traversaient le torrent dans un canal installé sur un pont de pierre construit par l’Office pour l’entretien des bains36. Les eaux alimentaient aussi une fontaine thermale dite « delle tre donzelle », proche du nouveau bain. Cette fontaine fut refaite par des maçons d’origine lombarde, les frères Ielmi, à partir de 142737, comme l’un des ponts sur le Rio maggiore qui liait les deux parties de la ville selon Andrea di Bernardo detto Novacola38. Ces réalisations concommitantes témoignent d’un effort urbanistique remarquable, perceptible seulement dans de rares stations, notamment à Bagno di Petriolo ou Bagno della Villa en Toscane à la fin du XVe siècle39.
14Les bains étaient tenus par des tenanciers (conductores introitus balnei40) qui exigeaient des curistes un droit d’entrée, comme c’était le cas pour la plupart des piscines thermales des autres stations d’Italie centrale. Les tenanciers, comme les barbiers, jouaient sans doute un rôle dans les processus thérapeutiques. Les infrastructures balnéaires n’étaient pas, et c’est exceptionnel, les seuls équipements destinées à l’activité curative. Dès 1394, des baignoires (tinelle) étaient aussi mises à disposition des curistes. Quiconque le souhaitait pouvait se faire préparer un bain dans ces récipients, à l’aide d’eau réchauffée artificiellement pour le prix de 6 deniers41. À la fin du siècle, ces baignoires et quelques bains privés étaient parfois installés dans les auberges (hospitia42). Toutefois, la station se distiguait alors de la plupart des autres par la commercialisation, devenue usuelle, de l’eau thermale. Il est probable que cet usage s’est établi au XVe siècle43 – ou même auparavant, même si rien ne l’atteste – mais c’est au début du XVIe siècle qu’il est mieux documenté. En 1510, en effet, l’agent du comte des « Bagni della Porretta » enregistrait dans sa comptabilité plusieurs chargements d’eau exportés vers d’autres cités (Prato, Pistoia, Lucques, Césène, Lodi, Milan, Brescia, Mantoue…), plus ou moins proches44. À cette date, la station connaissait un nouveau mode d’organisation.
Les papes et la création du comté des « Bagni della Porretta »
15En 1448, le pape Nicolas V érigea la station en comté45. C’est un fait exceptionnel, à notre connaissance, car aucun autre site thermal italien important ne fut ainsi concédé, sous forme de seigneurie, à un individu et à ses descendants par la faveur d’un prince. Certes, plusieurs stations furent largement contrôlées par de puissantes familles, notamment Bagno a Morba ou Bagno Stigliano (près de Civitavecchia) par les Médicis ou les Cibo qui avaient obtenu la concession des bains et le contrôle des activités thermales des deux sites46, mais ils ne cherchèrent ou ne parvinrent pas à obtenir de titre héréditaire qui aurait assuré à leurs successeurs la domination sur ces stations. L’initiative du souverain pontife mérite donc d’être analysée avec attention puisqu’elle paraît unique47.
16Elle s’inscrit à la suite d’un ensemble de réformes qui modifièrent profondément les rapports entre Bologne et la papauté. C’est en 1447 en effet, que le même Nicolas V promut les « Capitoli », qui fixèrent le mode de gouvernement de l’État bolonais. Désormais, l’administration de la res pubblica était partagé entre le cardinal-légat, représentant du pape, et quelques familles de l’oligarchie citadine – formant le « Reggimento » –, dont les principaux membres siégeaient dans une sorte de sénat : le Conseil des Seize Réformateurs, devenu Vingt-un, à partir de 146548.
17L’érection de « Bagni della Porretta » en comté fut, sans doute, un moyen de conforter la position de ce jeune patriciat, pour une large part originaire de l’oligarchie urbaine. Les premiers comtes furent en effet choisis parmi les familles neuves de ce « Reggimento ». Niccolò Sanuti (v. 1407-1482), qui fut le premier investi du comté, était membre de la haute bourgeoisie bolonaise et docteur en droit. En 1440, il avait été désigné comme ambassadeur auprès du duc de Milan qui l’avait fait chevalier. En 1468, par la volonté de Paul II, il devint membre du Conseil des Seize Réformateurs et occupa par la suite de nombreuses magistratures communales (notamment celle de Gonfalonier de Justice en 1471 et 147249). Mort sans héritier en 1482, le comté revint à l’un de ses lointains parents, Girolamo Ranuzzi, qui était tout aussi puissant que lui. Médecin, ce dernier avait été choisi pour représenter la cité auprès du pape Paul II à Rome en 1471 ; il devint par la suite membre du Conseil des Vingt-un50. Ce sont les Ranuzzi qui détinrent le comté, presque sans interruption, jusqu’en 1797.
18La station conférait à son détenteur un prestige nouveau comme le montre Niccolò Sanuti dans son livre de « ricordanze ». C’est avec emphase qu’il étale sur une page son titre nouvellement acquis51. Toutefois, comme l’a souligné Renzo Zagnoni, l’obtention du comté s’inscrit aussi dans une politique raisonnée des Sanuti visant à multiplier les investissements dans la haute vallée du Reno52, même si les biens que Niccolò possédait à Bagni di Porretta restèrent peu nombreux53. Les Ranuzzi tirèrent davantage profit de leur domination54 et l’appropriation du comté a participé d’un ample mouvement qui poussa l’oligarchie bolonaise à s’emparer des ressources économiques et des pouvoirs dans le « contado ».
19Toutefois, l’initiative du souverain pontife correspond aussi au désir de ce pape humaniste de donner plus d’importance au thermalisme55. La bulle, en effet, motivait les dispositions pontificales par le fait qu’il était nécessaire pour faire face aux besoins croissants des visiteurs, d’une autorité nouvelle capable d’accroître le nombre d’hébergements, d’assurer l’entretien du site et de protéger les curistes56. Il s’agissait, sans doute, de substituer à l’Office de la réparation des bains fondé en 1418, une institution capable d’assumer, dans le nouveau cadre politique esquissé par les « Capitoli » de 1447, une administration efficace des lieux. Moyennant le versement d’une livre d’argent payable tous les ans, la Chambre apostolique accordait une complète iurisdictio au comte sur un espace modeste de près d’un mille autour des bains (« per unum milliare circum circa balnea ipsa57 »), ce qui redessinait les contours de la station. La concession impliquait un contrôle direct sur les habitants et sur les activités thermales et prévoyait notamment l’obligation pour les hommes des différentes communes de Granaglione et Campugnano, résidant dans le comté, de verser annuellement la somme de quatre bolognini par tête, comme ils le faisaient jusqu’alors aux officiers bolonais58. Sans pour autant égaler les droits que les puissants seigneurs des Apennins des XIIe et XIIIe siècles détenaient59, ces derniers paraissaient considérables. C’est peut-être pour cette raison d’ailleurs que Niccolò Sanuti ne les a jamais vraiment exercés – les communes de Granaglione et Campugnano continuant d’intervenir sur le site60 –, et qu’ils furent réduits par les autorités bolonaises, lorsque Girolamo Ranuzzi accéda au comté en 1482.
20Le pouvoir du nouveau comte fut ainsi limité à l’exercice de la seule juridiction civile durant la saison thermale effective (juillet et août) et sur les seuls résidants des bains (les habitants comme les curistes). Il lui fut interdit de percevoir des taxes sur le commerce des eaux61. Ces mesures apesantissaient la tutelle du nouveau seigneur sur la station : il disposait d’une véritable cour de justice (même temporaire) et de revenus financiers importants. Ainsi, il s’empressa de percevoir sur les habitants du comté, membres des communautés rurales voisines, la somme de 4 bolognini par tête et, dès 1489, les communes finirent par accepter de lui verser une somme forfaitaire de 45 livres pour éviter la levée de cette taxe pesante. Enfin, Girolamo Ranuzzi s’affranchit de l’interdit bolonais et, selon Novacola, il disposait au début du XVIe siècle d’un agent qui taxait les sommes d’eau exportés (« a fare le bolete de quile che portano le some de dita aqua62 »). À cette date, Angelo Ranuzzi (successeur de Girolamo en 1497), disposait d’un véritable lieutenant, le notaire Sante Capponi, qui fut actif jusqu’au milieu du siècle et qui possédait, au cœur de l’agglomération, une résidence construite en 1499. L’activité édilitaire et la gestion de la station avait été confiées, depuis 1495, à une commission composée de riches habitants et présidée par le marchand Alle Borghesani63. Ainsi, la station était complètement passée sous le contrôle des élites citadines et locales du territoire bolonais.
21La plupart des visiteurs qui, au cours du XVe siècle, fréquentèrent les bains et assurèrent le succès du site, étaient vraisemblablement originaires de ce même groupe social. Nombreux furent, en effet, les hommes d’affaire ou les bourgeois, provenant des différentes villes ou localités plus ou moins proches, à entreprendre une cure, notamment les Florentins64. La station fut aussi visitée par les élites princières comme le cardinal Francesco Gonzaga – qui y séjourna à deux reprises durant l’été 1472, puis en 1483 quand il fut légat du pape à Bologne65 –, ou quelques-uns des membres de la puissante famille des Bentivoglio qui détenait la seigneurie sur la cité romagnole. Pour autant, elle ne fut jamais une station huppée, fréquentée par toute l’aristocratie de la péninsule comme l’était alors Bagno di Petriolo dans le territoire siennois66.
Les médecins et les eaux de Porretta ou la promotion d’une station exceptionnelle ?
22Si les autorités et les élites urbaines ont largement favorisé le développement de la station en incitant au déploiement d’infrastructures adaptées, elles n’ont pas organisé, en revanche, la création d’un véritable service médical. Ainsi Bologne n’a jamais appointé de praticien auprès des bains comme Lucques, au Quattrocento67. Les malades semblent s’être contentés de l’assistance de quelques médecins de la région – notamment des vicariats de Rocca Pitigliano ou de Casio68 – et surtout de ceux que les plus aisés emmenaient avec eux. Nombreux sont en effet, les curistes qui se rendaient aux bains accompagnés de praticiens comme Andrea Bentivoglio qui y vint en 1475 avec maître Pietro di Andrea Morsiano da Bagnara d’Imola et maître Nicolao, fils de l’archiatre de Nicolas V, Baverio Bonetti69.
23Toutefois, malgré leur modeste présence aux bains, les médecins n’en ont pas moins joué un rôle essentiel dans la réputation thérapeutique des eaux thermales, vantant leurs multiples propriétés, au point qu’elles ont pu parfois apparaître comme capables de tout soigner. Il semblerait que les professeurs de l’université de Bologne, tout particulièrement, n’aient pas été étrangers à cette fama70. Alors qu’au début du XVe siècle, Domenico Bianchello (1440-post 1520), dit aussi Mengo, originaire de Faenza71, affirmait que le studium bolonais avait été « l’inventeur et le défenseur de ces eaux72 », quelques décennies plus tôt, Ugolino da Montecatini (ca. 1345-1425), professeur à Pise et Florence, imputait déjà à ses confrères bolonais d’avoir attribué trop de vertus aux sources de Porretta : « si ces louanges étaient vraies, écrit-il, ce bain serait alors sacré et divin, mais cela est difficile à croire73 ». Quant au Padouan Michele Savonarola (1384-1464), au milieu du siècle, il soutenait que les illustres médecins bolonais avaient eu grand soin de ces bains et les avaient rendus célèbres74.
Le studium de Bologne et Porretta : la Regula de Tura di Castello
24À dire la vérité, il est difficile d’identifier un groupe de médecins bolonais qui serait responsable de la publicité de Bagni della Porretta. Mis à part le Siennois Ugo Benzi (1376-1439), qui enseigna à trois reprises dans le studium romagnol75 mais qu’on ne saurait considérer comme « Bolonais », Iacopo da Parma, qui fut professeur à la faculté des arts et de médecine entre 1438 et 145476 mais dont l’opuscule n’eut manifestement guère de succès et Domenico Bianchelli, attesté dans les « rotuli » de la faculté des arts entre 1443-1444 et 1466-146777, le seul susceptible de revendiquer un tel rôle pourrait être Tura di Castello (1315 ?-1352 ?). L’ouvrage, qu’il rédige sans doute vers 135178, s’apparente à une catégorie de traités qui eut une postérité certaine : c’est une monographie, entièrement consacrée à la station de Bagni della Porretta. De ce point de vue, il se distingue des traités sur les eaux thermales les plus couramment composés qui visent à enquêter sur l’ensemble des eaux d’un territoire, voire sur la totalité des bains de la péninsule79.
25Citoyen bolonais, encore parfois dénommé Bonaventura Castelli, Tura di Castello était issu de l’une des grandes familles nobles de la ville, les Alberi. Il participa à la vie politique mouvementée de la cité romagnole, se rendant avec une délégation auprès de Benoît XII pour obtenir la levée de l’interdit qui la touchait, ou occupant, après 1343, lors d’un conflit avec l’évêque80, des fonctions de procurateur auprès des fils de Taddeo Pepoli devenu, depuis sa réconciliation avec le pape, vicaire pontifical. Si l’explicit des manuscrits du traité dont il est l’auteur en fait en général un maître ès art, médecine et droit, rien n’est pourtant sûr quant à sa formation81.
26Sans atteindre la diffusion qu’eurent les opuscules de Gentile da Foligno sur les bains (si l’on se fonde seulement sur le nombre des codices conservés82), l’ouvrage de Tura di Castello bénéficia tout de même d’une reconnaissance certaine : aux manuscrits retrouvés83, à l’existence de plusieurs éditions incunables84 et aux traductions vernaculaires du texte, il faut surtout ajouter l’influence qu’il eut sur la littérature postérieure : qu’il soit nommément cité, ou simplement repris sans référence à l’auteur, ce texte fut non seulement lu, mais très largement utilisé par des médecins du XVe siècle.
27Sans doute son caractère pratique et utile explique pour partie son succès85. Comme l’indiquent dans les manuscrits86, le titre le plus fréquemment retenu, celui de « regula », et le contenu, l’ouvrage se veut à la fois un traité et une règle d’utilisation pratique des eaux de la station. En ce sens, il emprunte non seulement au genre en formation du traité, consacré à un unique sujet, mais aussi à celui du régime de santé du fait des règles qu’il propose, même si la vocation du bain est plutôt thérapeutique87. D’une faible ampleur (il occupe en moyenne trois à quatre folios dans les manuscrits), le texte de Tura di Castello évoque successivement différents aspects : les maladies que les eaux sont censées soigner88, la description précise de la localisation des bains et des sources89, les règles d’utilisation (depuis le moment de l’année où s’y rendre jusqu’au déroulement de la journée90), les recommandations diététiques, essentiellement alimentaires91, pour finir par les conseils sur la manière de consommer l’eau92. La majeure partie des manuscrits conservés que nous avons pu étudier fournissent un texte similaire : le témoin de Florence, Biblioteca nazionale, ms XV. 189, propose toutefois un ordre différent, puisque l’ouvrage s’achève par la localisation des bains, et s’avère incomplet : la règle sur la consommation de l’eau n’y est pas reproduite93.
28D’emblée, Tura di Castello affirme le recours indispensable, lorsqu’on se rend aux bains, du médecin, seul susceptible à la fois de connaître les vertus de l’eau et surtout les règles de son usage, recours sans lequel les qualités thérapeutiques du bain pourraient se révéler sans effet, voire dangereuses. La liste des bienfaits des sources est longue et suit globalement le schéma classique des practicae, c’est-à-dire la localisation des maladies dans les organes, depuis la tête jusqu’aux pieds. Si on retrouve en partie les vertus observées par le précurseur des traités de balnéothérapie, Gentile da Foligno dans ses ouvrages94, d’autres, nombreuses, s’y ajoutent : Bagni della Porretta offre ainsi des soins appréciables pour les faiblesses du cerveau, la perte de l’acuité visuelle et de l’ouïe ; elle soigne aussi les rhumes, catarrhes, et autres difficultés respiratoires, et clarifie la voix. Les problèmes digestifs et intestinaux, les vers, les maladies du foie, la pierre ou encore les douleurs articulaires et la goutte sont également traités par cette eau, de même qu’elle guérit les malades souffrant de fièvre tierce ou quarte et fait retrouver l’appétit à ceux qui l’ont perdu.
29Cette longue liste de pathologies qui fait presque de Porretta une eau omnipotente, est suivie par une localisation précise de la source dans l’Apennin, dans le « contado » de Bologne, à 30 milles de la ville, et par la description des conduits qui portent l’eau dans deux bassins. Le médecin propose ensuite une sorte de régime de vie adapté au séjour dans la station qui seul permet une cure efficace : « assumenda est aqua de Porreta ut efficaciter prosit et valeat ordine isto ». Le séjour thermal recommandé, de vingt à trente jours pour être efficace95, peut être effectué entre la mi-mai et la fin août, ce qui allonge la saison thermale proposée par Gentile qui, elle, se limitait aux mois d’août et septembre. Tura di Castello se montre très précis dans l’ordonnancement des journées, qui se partagent entre bain, repos, repas, exercice et consommation de l’eau de Bagni della Porretta qui doit être bue sans précipitation mais avec délectation et dans les quantités indiquées par le médecin afin de favoriser ses effets diurétiques96. La cure prévoit une consommation durant trois jours avant d’accorder au corps un jour entier de repos afin de laisser l’eau agir97 ; en cas de maladie grave, la séquence peut être de six jours suivie d’une journée de repos ponctuée par deux bains98. Il est encore rare, à cette époque, de proposer ces eaux thermales en boisson, les médecins préférant en règle générale conseiller des bains. Sans doute leur forte minéralité qui impliquait des goûts prononcés, leur degré de chaleur à la source, mais aussi une action thérapeutique forte qui, lors d’une consommation, pouvait avoir des conséquences plus rapides et plus directes qu’un usage externe – d’autant que les dosages étaient difficiles à déterminer –, sont-ils à l’origine d’une certaine répugnance des professionnels à recourir à la consommation de ces eaux. Porretta fait donc ici exception99 : peut-être sa température moins élevée a-t-elle favorisé de telles habitudes100, que Tura di Castello recommande tout particulièrement.
30Ce règlement précis touche également l’alimentation qui, comme d’usage dans les régimes de santé et les consilia, privilégie les viandes blanches – en raison de leur digestibilité – plutôt des poulets voire des animaux châtrés, préparés en bouillon ou bouillis. En revanche, les chairs frites ou rôties sont déconseillées. Enfin les autres composantes « non naturelles101 » du discours diététique (exercice, repos et activité sexuelle), font également l’objet d’une réglementation ad hoc.
31L’eau de Bagni della Porretta, ainsi consommée en boisson et utilisée en bain, durant trois années successives, est gage pour Tura di Castello d’une longue vie saine ; autant dire qu’elle vaut autant pour ses vertus thérapeutiques que préventives, puisque le régime proposé par le médecin bolonais s’adapte en apparence aussi bien à un malade, atteint de l’une des affections énumérées précédemment, qu’à un homme valide. Ce faisant, l’eau quitte aussi le seul domaine des medicinalia, ces instruments thérapeutiques à l’usage du médecin, pour rejoindre aussi le camp des « choses non naturelles », qui servent à la conservation de la santé. Le texte de Tura di Castello s’apparente d’ailleurs plus au régime de santé qu’au traité thermal ; à la différence de son devancier Gentile da Foligno et d’une partie des auteurs d’ouvrages sur les eaux naturelles qui le suivront102, il ne s’attarde pas sur la composition minérale de l’eau : à part la mention dans l’un des bains d’une couleur presque rouge et d’une saveur soufrée, il n’est nulle part question de la minéralité de l’eau. Ce qui intéresse le Bolonais, c’est l’utilisation pratique de ces bassins et non l’enquête naturelle, les règles d’un bon usage et non la découverte de vertus cachées qui permettraient de soigner tant de maladies diverses. Le caractère normatif et pratique d’un tel traité, son intelligibilité, l’absence encore de tout trait spéculatif ont sans doute assuré son succès aussi bien auprès de confrères qui pouvaient à leur tour facilement recommander à leurs patients les règles d’une bonne cure, que de malades accompagnés de praticiens ou se rendant seuls aux bains. Certes, le traité n’est sans doute pas à l’origine de la célébrité de Bagni della Porretta mais, en mettant l’accent sur ses nombreuses qualités et notamment sur son aptitude à être consommée, Tura di Castello a souligné les spécificités d’une station ouverte à un bel avenir.
Louanges et critiques
32Si le médecin bolonais se montrait, à certains égards, dithyrambique à propos de Bagni della Porretta, certains de ses confrères, on l’a dit, firent parfois preuve de plus de réserve103 ou, du moins, d’un désir d’enquêter de manière approfondie sur les raisons de tant de vertus thérapeutiques : au cœur de leur recherche, figure la volonté de déterminer les qualités minérales de la station104.
33Gentile da Foligno, le médecin pérugin, ne manque pas de citer les bains romagnols dans ses rapides ouvrages sur les eaux thermales, sans pour autant fournir de notice univoque : dans un premier opuscule, Porretta illustre en effet les sources alumineuses dont les vertus sont essentiellement astringentes, puisque l’eau permet de réduire tous les phénomènes d’évacuation105 : flux de sang occasionnés par des hémorroïdes ou des menstrues, vomissements, nausées et sueurs sont ainsi traités. De même, l’eau sert à soigner les maladies des nerfs causées par un trop plein d’humeurs. Enfin elle favorise la fertilité, et vaut pour les maladies du foie et des veines, les calculs et les catharres. Le médecin recommande de s’y rendre en août et septembre. Dans un autre opuscule, la station est en revanche classée parmi les bains sulfureux et un peu nitreux106. Quoique contradictoires, les deux notices paraissent bien informées : il semblerait que Gentile da Foligno ait eu une connaissance directe du lieu, puisqu’il fut, dit-il, témoin de ses bienfaits107. Quoiqu’il n’ait pas séjourné à Bologne, cité la plus proche de Bagni della Porretta108, il a tout à fait pu s’y rendre depuis Pérouse où il enseigna dans les années 1325-1327, puis à nouveau entre 1338 et sa mort, en 1348109, voire durant les années 1328-1337 qui restent une période obscure de sa vie. La rédaction de ces opuscules sur les bains paraît cependant tardive et reposer plus sur des souvenirs que sur une pratique actuelle110.
34Plus d’un demi-siècle plus tard, le médecin communal Ugolino da Montecatini111, qui fut aussi professeur dans les facultés de Pise et de Florence, mentionne à son tour, dans son ouvrage à teneur générale, les eaux romagnoles. Dubitatif face aux nombreuses vertus qui leur furent prêtées, lorsqu’il accuse ses confrères bolonais d’avoir vanté la station parce qu’elle se trouvait dans leur territoire, Ugolino se présente alors en défenseur de la communauté des médecins florentins ; peut-être faut-il voir dans cette revendication identitaire et dans cette critique, la réminiscence de la concurrence entre studia qui, au XIVe siècle, opposait alors la célèbre école bolonaise jouissant, du fait de son ancienneté, d’une certaine primauté, et les récentes universités toscanes (telles Sienne et Pérouse), en plein essor112. En effet, en vantant la qualité de ces eaux, témoignant ce faisant de leur capacité à maîtriser un savoir nouveau, les professeurs bolonais se taillaient, selon Ugolino, une réputation qui ne manquerait pas de rejaillir sur le studium tout entier et sur Bologne113. Peut-être aussi, faut-il interpréter ces dénonciations en termes économiques – les deux explications ne s’opposant du reste nullement –, l’exploitation des thermes représentant pour la cité, mais aussi pour les praticiens un possible surplus de revenus lorsque ces derniers accompagnaient leurs patients aux bains et revendiquaient ainsi une compétence particulière dans ce secteur114.
35Quoiqu’il en soit, face à la profusion de vertus attribuées aux eaux de Bagni della Porretta, Ugolino en appelle à la plus grande prudence115 dans leur consommation, et propose à ses lecteurs, confrères et étudiants pour lesquels il déclare écrire, de confirmer par l’expérience certaines de ces assertions. Dans les ouvrages respectifs de Gentile et de Tura di Castello, l’experimentum, qu’il soit personnel ou rapporté, n’avait que peu de place ; chez ce dernier, par exemple, il n’est fait qu’une fois mention de positions soutenues par des « anciens hommes experts de Porretta116 » à propos de la cure de l’hydropisie, sans que l’on sache, du reste, le statut exact de ces « hommes », sans doute plutôt sages qu’experts ; en tous cas, il ne s’agissait ici que d’une expérience indirecte, rapportée puis intégrée à la tradition médicale écrite117. Représentatif en cela des auteurs du XVe siècle, Ugolino accorde, lui, plus d’importance à l’expérience qui permet de mieux comprendre les particularia, surtout lorsqu’elle est personnelle118.
36En dépit cependant des réserves qu’il n’a de cesse de témoigner à l’encontre des eaux de Bagni della Porretta et d’un iste tractatus sans nom d’auteur (mais qui n’est autre que la Regula de Tura di Castello), Ugolino, qui ne craint point la contradiction, reprend largement à son compte le texte de son devancier bolonais. À quelques ajouts et reformulations près, la majeure partie du chapitre consacré à Bagni della Porretta est le calque, plus ou moins fidèle, de la Regula.
37Il n’est jusqu’à Michele Savonarola, auteur en 1448 d’un ample ouvrage consacré à l’ensemble des eaux de la péninsule, qui ne reprenne les propos du Bolonais. Pourtant sceptique lui aussi devant tant de vertus119, il ne reconnaît pas moins à Porretta beaucoup de qualités, très largement issues elles aussi de la Regula de Tura di Castello, cependant jamais nommé, à la différence d’auteurs plus célèbres, comme Pietro d’Abano, et surtout Gentile da Foligno, « vir divinus noster Gentilis120 ».
38Critiques à l’égard du rôle de promoteur de la station joué par un studium bolonais, peu enclin, selon eux, à la modération, ces auteurs du XVe siècle n’en ont pas moins très largement été inspirés par la Regula de Tura di Castello qui paraît, à elle seule, représenter l’opinion de l’université. Ils ont ainsi, à leur tour, largement participé de la renommée de ces eaux que l’ont trouve également citées, du reste, dans d’autres pans de la littérature médicale médiévale.
L’omniprésence d’une eau aux multiples usages
39Au sein de la production médicale, Bagni della Porretta a assurément joui d’une position exceptionnelle par rapport à nombre de sites péninsulaires. Sa réputation fut telle qu’elle se trouve régulièrement évoquée dans d’autres ouvrages médicaux, à teneur surtout pratique mais parfois aussi théorique. Si elle peut s’expliquer par les qualités propres qui lui étaient reconnues, cette présence tient sans doute aussi au fait que la station était devenue un lieu de cure fréquenté, largement recommandé par les médecins, et certainement recherché par les patients.
40À plusieurs reprises, les eaux romagnoles font l’objet de l’attention d’auteurs de consilia121. Il n’était pas rare que dans ces prescriptions thérapeutiques, souvent adressées in absentia à un patient ou à un confrère, référence soit faite, aux côtés des classiques préparations médicales, aux eaux naturelles et chaudes122. Ugo Benzi évoque ainsi à plusieurs reprises les cures thermales dans son imposante collection de conseils123. Cependant, il ne se contente pas d’en faire état au sein de ses recommandations thérapeutiques : mieux, il consacre deux prescriptions à la station, une longue dont seule, à ma connaissance, une version italienne a été conservée, et une courte, en latin, abrégée de la précédente. Si l’occurrence de consilia rédigés en vulgaire n’est certes pas inexistante, la chose est cependant moins fréquente. En tous cas, les éditions des consilia d’Ugo Benzi, parues entre 1492 et 1523, ne proposent que la version italienne. Quant au conseil en latin, transmis dans la collection de traités sur les bains parue à Florence en 1553, il ne saurait en être l’original latin : il s’agit au contraire d’une traduction du texte italien, effectuée à la Renaissance124.
41Quelle que soit la langue originelle du conseil sur Bagni della Porretta, Ugo Benzi rompt avec la tradition des consilia inaugurée à la fin du XIIIe siècle par le célèbre bolonais Taddeo Alderotti. Au lieu de privilégier la pathologie à traiter, il met en effet au premier plan le procédé thérapeutique à disposition du médecin. Le sujet traité n’est donc plus la maladie, mais l’eau, sans que l’on sache, du reste, quelle(s) pathologie(s) cette dernière est censée soigner. Si l’on en juge par le propos, l’une des raisons susceptibles d’expliquer une telle entrée de la station thermale dans le discours prescriptif pourrait tenir aux spécificités propres de Porretta : l’eau potable agit directement dans l’organisme ; elle pénètre dans les veines et, du fait de ses vertus solvantes, elle est susceptible d’affaiblir la vertu digestive125. Il est donc primordial d’en définir les règles de consommation126.
42Cette spécificité d’usage de Bagni della Porretta, que tous les auteurs mentionnés ont soulignée, soulève des difficultés particulières. Car à la différence du bain, la consommation d’eau, parce qu’elle pénètre directement dans le corps sans aucune médiation (à la différence des aliments qui sont préalablement digérés), constitue un médicament sans doute fort, capable de changer rapidement la complexion du patient et donc de lui permettre de recouvrer la santé ; il est aussi, paradoxalement, plus dangereux, du fait même de ces qualités et de son action immédiate sur le corps. D’où un recours indispensable au médecin et à ses conseils pour écarter tout risque d’auto-médication, dirait-on aujourd’hui, ou encore tout danger de surdosage. C’est du reste ce problème que soulève Ugo Benzi dans sa critique de Tura di Castello, accusé de recommander une trop grande consommation d’eau avant les repas, qui, bien qu’évacuée par des voies naturelles (urine, vomissements, sudation…), peut causer la mort127. Ainsi, un chroniqueur du début du XVIe siècle rapporte que le cardinal Francesco Gonzaga serait décédé pour n’avoir pas bu l’eau de Porretta selon de justes règles128. Un dicton mentionné dans des œuvres en vulgaire des XVe-XVIe siècles reconnaît aussi cette dangerosité prêtée à Porretta : « l’acqua della Porretta, o te amaza, o te neta129 ». Le conseil du Siennois se présente donc comme une alternative aux recommandations du Bolonais, décrivant aussi la périodicité des bains, des consommations d’eau et le régime à suivre lors de la cure.
43À la suite d’Ugo Benzi, d’autres auteurs de consilia comme Baverio Bonetti (1405/6-1480) consacrèrent aussi des prescriptions aux eaux thermales et plus particulièrement, pour certains, aux romagnoles. Il propose ainsi, dans le recueil de ses conseils publié à Bologne après sa mort130, trois prescriptions dédiées à Bagni della Porretta. La station n’est pas la seule à être distinguée, puisque Bagno di Petriolo, Bagno delle Caldanelle et Bagni San Filippo131 en territoire siennois le sont également. Les recommandations proposées ressemblent, elles aussi, à des règles d’usage, à des sortes de régimes à suivre tout au long de la journée et du séjour, comme le laissent entendre les incipits132 : l’une débute par « En étant à Bagno della Porretta, l’ordre écrit ci dessous doit être suivi… », tandis qu’une autre propose « le régime qu’à Bagno della Porretta doit observer » le destinataire de la prescription133. À l’image du traité de Tura di Castello, mais de façon plus rapide, le médecin bolonais qui fut aussi le praticien du pape Nicolas V134, grand amateur de bains, propose à ses lecteurs une énumération des principes à suivre lorsqu’on se rend dans la station : fréquence et quantités d’eau à consommer, diète alimentaire, repos, assortis de quelques préparations médicales. Comme dans les consilia d’Ugo Benzi consacrés aux sources thermales, le régime pourrait presque avoir valeur générique : le casus, ou l’énoncé des signes dont souffre le patient, et l’établissement par le médecin du diagnostic y sont absents et l’on ne découvre, que de manière incidente, ce dont pourrait être atteint le destinataire de la prescription135. En réalité, là n’est pas l’objet du propos : il importe bien plutôt de fournir des recommandations à suivre lors du séjour thermal qui, à l’exception des préparations proprement médicales, ne paraît pas bien différent selon le mal dont on souffre. Peut-être les qualités presque omnipotentes attribuées aux eaux de Bagni della Porretta, qui leur permettaient de soigner quantités de maux divers, rendaient-elles inutiles des prescriptions individualisées en fonction des pathologies, à l’image d’ailleurs de ce que proposait déjà Tura di Castello au milieu du XIVe siècle. À partir du moment où le diagnostic a été établi et l’idée d’un séjour thermal jugé profitable par le médecin, il n’était point nécessaire d’adapter la cure à la pathologie, mais il convenait de suivre une sorte de régime unique qui, lui, convenait aux facultés propres des bassins.
44Cette littérature sur Bagni della Porretta, qui emprunte au conseil sa forme et au régime de santé son contenu, a sans doute participé au succès de la station mais elle le reflète également. Les qualités thérapeutiques de l’eau, ainsi que les différents procédés en usage pour administrer cette médecine, en bain et à boire, ne sont peut-être que l’un des motifs de sa réputation ; il faut y ajouter un autre aspect, sa capacité à être transportée sans pour autant perdre ses vertus. De cette caractéristique rend compte la lettre (epistula) rédigée par Iacopo da Parma, professeur à la faculté des arts et de médecine de Bologne entre 1438 et 1454136, pour un proche, également médecin et par ailleurs lui-même malade137. Mais à la différence des classiques consilia, il ne s’agit point de traiter du régime et des medicinalia nécessaires pour soigner une pathologie particulière, mais de l’intérêt qu’il y aurait pour ce destinataire à consommer l’eau de Bagni della Porretta qui lui serait apportée. Non seulement rien n’est dit de l’affection dont est atteint le patient – il n’y a pas de casus dans ce conseil –, mais il n’est même pas envisagé de recours plus traditionnel à un séjour thermal. À la fin de la lettre, l’auteur se contente d’évoquer un certain nombre de pathologies susceptibles d’être guéries par cette eau138. On ignore aussi les raisons pour lesquelles le transport est préféré à la cure sur place – Iacopo da Parma ne mentionnant que les difficultés du voyage et les dangers, parfois mortels, encourus139. Il est plausible aussi, sans que cela soit explicite, que l’état de santé du patient n’ait point permis d’envisager un tel déplacement. Ce faisant, l’expertise proposée par le praticien bolonais concerne donc principalement la qualité de l’eau lorsqu’elle fait l’objet d’un transport et d’une utilisation loin de son lieu d’origine140 ; les conditions de son transfert, ainsi que les recommandations pour son usage sont accompagnées de classiques conseils alimentaires.
45De ce point de vue, le propos de Iacopo da Parma, différent de celui de ses devanciers, accompagne, voire légitime une pratique attestée par d’autres documents : le commerce et le transport de l’eau de Bagni della Porretta, à des fins thérapeutiques. Ces usages paraissent avoir été répandus dans le milieu des cours italiennes, si l’on en croit plusieurs témoignages ; ainsi le cardinal Francesco Gonzaga, à l’été 1472, empêché par son médecin Baverio Bonetti de se baigner dans la station, consomma l’eau sur son conseil141, tandis que quelques années plus tôt, Francesco Sforza, atteint d’une crise d’hydropisie, buvait sur recommandation de ses médecins l’eau de Bagni della Porretta qu’on lui avait apportée142.
46De telles habitudes, quoique parfois attestées pour d’autres sites143, furent surtout développées dans le cadre de la station romagnole144 et l’on voit ici comment des raisonnements strictement médicaux ont pu servir de caution ou d’encouragement à des pratiques thérapeutiques mais aussi économiques. En effet, ces usages, sans doute relativement anciens, puisqu’ils sont déjà évoqués par Tura di Castello dans sa Regula, font l’objet d’une réévaluation et d’une légitimation nouvelle de la part des praticiens ; si du temps de Tura, en effet, ces consommations à distance étaient dans l’ensemble plutôt déconseillées145 – l’eau transportée était censée perdre non seulement ses vertus mais aussi son goût et se corrompre –, elles se trouvent, à l’époque de Iacopo da Parma et plus largement au XVe siècle, plutôt valorisées146, moyennant quelques contraintes147. Le propos de l’expert accompagne ainsi l’essor économique de la station qui est aux mains du patriciat bolonais et notamment d’un médecin, Girolamo Ranuzzi, à partir de 1482.
47Enfin, parmi les autres qualités attribuées à cette eau, on ne saurait passer sous silence une innovation technique qui apparaît dans certains sites de la péninsule au XVe siècle ; il s’agit de la douche148 qui fit l’objet de réserves, voire de critiques, en raison du caractère violent de cette pratique corporelle. De la capacité de Bagni della Porretta à faire l’objet d’une telle utilisation, témoigne un texte qui diffère de la production médicale examinée jusqu’ici ; plutôt théorique, ce traité, entièrement consacré à la station, emprunte à une forme scolastique bien connue son mode d’exposition : il consiste en effet en treize questions, toutes centrées sur les eaux de Porretta, posées par le médecin Domenico Bianchelli. Auteur de plusieurs ouvrages de logique, qui relèvent du genre du commentaire et des questiones, il écrivit aussi un traité sur Bagno della Villa, adressé aux seigneurs de Lucques, et un ouvrage sur les bains en trois livres, tous deux parus dans la collection de 1553149. Son De aqua Porretae, lui, fut publié à Florence entre 1485 et 1490150.
48Si l’auteur reprend les structures classiques des arguments pro et contra avant d’avancer responsio et conclusio, il ne considère manifestement pas que toutes les questions nécessitent le même degré d’approfondissement ; plus exactement, l’ensemble des difficultés qu’il soulève – qui vont de la détermination de la composition minérale de l’eau au rythme de sa consommation, en passant par le fait de comprendre si elle ne permet d’évacuer que des humeurs particulières – vise surtout à répondre à la question principale, énoncée et développée au début du traité, puis reprise et résolue à la fin : est-ce que l’eau de Porretta, administrée de manière convenable, convient par elle-même seulement aux maladies des membres naturels dues à une cause froide ou humide151 ? Parmi les questions, intermédiaires en quelque sorte, deux portent sur la douche : l’auteur s’interroge pour savoir si l’eau, utilisée selon ce procédé, convient pour la tête, et si, lorsqu’elle sort d’une douche, elle doit être réchauffée au feu lorsqu’on la boit152. La première interrogation n’est pas sans intérêt qui oppose aux arguments favorables à cette technique (la composition minérale permet un tel usage, comme celle des bains de Bagni San Filippo en territoire siennois), le seul fait que les devanciers de Domenico Bianchelli n’en aient jamais parlé dans leurs ouvrages153. Si l’auteur balaie pratiquement toutes les causes qui empêcheraient per se à l’eau d’être ainsi utilisée154, il reconnaît, parmi les nombreuses causes accidentelles d’un tel empêchement, que cet usage pourrait nuire à sa consommation, les hommes préférant la pratique corporelle à la boisson155. Les médecins auraient alors pu être tentés de taire la possibilité d’une utilisation sous forme de douche pour ne point diminuer les qualités potables de Porretta156. S’il n’est pas vraiment possible de conclure à la présence ou pas d’une douche dans la station à cette époque157, il semble que le seul fait d’en faire par deux fois mention engagerait à le croire – ou, à tout le moins, à envisager un tel aménagement –, même si l’eau, dont la température était tiède, rendait peut-être cet usage moins attirant.
49Empruntant la méthode de la dispute universitaire pour enquêter sur la vérité (« ad veritatem investigandam »), Domenico Bianchelli, bien au fait de la littérature ancienne et moderne sur les bains (non seulement celle relative au thermalisme en général, mais aussi à Bagni della Porretta en particulier158), œuvre également pour la réputation de la station et, plus largement, du studium bolonais159 : né vers 1440 à Faenza, cité proche de Bologne, le médecin est généralement considéré comme ayant été formé à Ferrare où il enseigne dans sa jeunesse, entre 1466 et 1470. Si la notice du Dizionario biografico degli Italiano ne dit rien de sa carrière de professeur avant qu’en 1515 il ne se retrouve à la faculté de Pise160, son traité nous engage à considérer qu’un fort lien le rattachait à Bologne, cité où il fit sans doute une partie de ses études et où il enseigna avant de le rédiger161, comme le confirme les rôles conservés de la faculté des arts et médecine. Son enquête, à la fois livresque et pratique sur ces bains – puisqu’il évoque à plusieurs reprises des expériences personnelles –, renforce encore cette impression d’un site fortement lié à la faculté. Mais en situant son étude au sein d’un discours théorique et polémique, même si l’écriture en est assez formelle, Domenico Bianchelli introduit la station dans la dispute universitaire et se fait l’écho des débats qui agitaient la communauté des « spécialistes » des eaux naturelles ; en effet, Bagni della Porretta, on l’a vu, avait échappé en partie à son université pour intéresser plus largement une partie du monde médical.
La diffusion d’un savoir médical : traductions, manuscrits et éditions
50Si la station romagnole suscita l’intérêt voire l’engouement des médecins, ces derniers ne sont pas les seuls responsables de la publicité dont elle bénéficia : c’est peut-être le succès qu’eurent ces eaux auprès des patients qui fit naître chez certains praticiens le désir de mieux connaître leurs propriétés afin d’encadrer médicalement le thermalisme naissant. Du reste, les auteurs de traités se font aussi l’écho de l’intérêt que portaient leurs clients à ce site : Domenico Bianchelli parle ainsi d’un citoyen florentin, Giovanni Bonromeo, qu’il qualifie de très adonné à ces eaux (« devotissimus huius aque »), tandis qu’Ugolino da Montecatini raconte que de nombreux puissants s’y rendaient dont un archevêque avec sa suite et ses médecins162.
51La fréquentation de Bagni della Porretta s’inscrit bien sûr dans un mouvement plus général d’essor de ces pratiques, à la fois récréatives et médicales, qui profita à bien d’autres sites italiens163 et suscita une ample littérature médicale sur le sujet164. La balnéothérapie n’était certes pas un phénomène neuf, et la géographie thermale médiévale de la péninsule reprend quelques-unes seulement des sources connues dans l’Antiquité165. Plusieurs études ont en effet montré que malgré un déclin certain de leur fréquentation durant le haut Moyen Âge, une bonne partie des sites anciens de bains naturels n’a jamais été totalement abandonnée ; mais il s’est surtout agi d’utilisations ponctuelles, non organisées et sans souci de rentabilité166. Le véritable développement fut plus tardif, à Bagni della Porretta, comme ailleurs167.
52Au-delà du plaisir corporel que suscitait le bain dans des eaux naturellement chaudes, la découverte de qualités thérapeutiques ne pouvait qu’en renforcer la réputation et le pouvoir d’attraction. D’après la documentation conservée, c’est à partir du XIIIe siècle que différentes autorités publiques de la péninsule, propriétaires de sites thermaux, confièrent à des praticiens des enquêtes sur la minéralité de leurs eaux et sur leurs possibles vertus curatives : que l’on songe ainsi à Francesco da Siena envoyé par le pape Urbain V avec d’autres confrères dans la région de Viterbe168, à l’expertise fournie à la fin du XIVe siècle par un médecin de Florence à propos de Bagno a Morba, acquise par la cité toscane169, ou encore à Michele Savonarola auquel fut demandé son avis sur les eaux d’Aquaria, dans la province de Modène170. Les exemples de ce type sont nombreux et d’autres pourraient encore être cités. Il est certain que du fait d’une autorité qu’ils se forgèrent et qui leur fut reconnue en tant que spécialistes en la matière (et dont témoigne aussi l’engagement par certaines communes de praticiens voués à séjourner dans les stations171), l’avis médical fut souvent sollicité, parfois aussi du point de vue de l’aménagement pratique des lieux de cure172. Ainsi, l’intérêt propre des médecins pour ces sites a rejoint, voire a été stimulé par celui des autorités publiques.
53De manière constante, on l’a vu, les auteurs qui ont traité de Bagni della Porretta, au XVe siècle, n’ont pas hésité à faire de leurs confrères bolonais les responsables d’un engouement pour la station. Peut-on croire que les écrits médicaux aient joué un tel rôle ? D’après le témoignage du notaire florentin ser Lapo Mazzei, recommandant en 1408 un séjour thermal au célèbre marchand de Prato, Francesco di Marco Datini, circulait alors un écrit rédigé par les médecins du Collège sur demande de la commune de Bologne173. Non content d’avoir imputé à un ouvrage rédigé par des Bolonais la fréquentation des bains par de nobles seigneurs, Ugolino da Montecatini évoquait également l’existence d’un traité en vulgaire qui aurait persuadé l’un de ses patients, le marchand florentin Barnabas de Aliis, qui souffrait de troubles de la vessie, de se rendre aux bains. Malgré la réticence des praticiens que ce dernier avait consultés, il y fit, nous dit Ugolino, trois séjours qui lui procurèrent des bienfaits, à défaut d’une guérison complète174. Quoiqu’il soit difficile d’identifier avec certitude l’écrit en vulgaire dénoncé par Ugolino – peut-être le même dont parlait ser Lapo Mazzei ? –, il est possible qu’il se soit agit de l’une des versions vernaculaires de la Regula de Tura di Castello qui se diffusa de manière anonyme. On sait en effet que circulèrent plusieurs traductions plus ou moins remaniées de ce traité, sans que l’on connaisse précisemment la date de leurs compositions. Récemment, deux d’entre elles, diffusées au XVe siècle, ont été rééditées, mais sans apparat critique, par Mahmoud Salem Elsheikh175 : l’une, plus proche du texte originel, provient d’un manuscrit conservé à la Biblioteca nazionale centrale de Florence176 ; l’autre fut imprimée sous le titre de Recetta de laqua de la Poretta en 1473 par Giovanni de Reno, dans un volume qui contenait aussi les traités sur les bains de Gentile da Foligno et la Regula de Tura di Castello, ici attribué au médecin pérugin177.
54Sans se prononcer plus sur la question de la circulation de telles traductions178, on peut cependant penser que la mise en vulgaire du texte touchait un public bien plus large que l’original latin et répondait à une attente ; les exemples d’ouvrages scientifiques rédigés en latin mais aussi en français qui, dès le début du XIVe siècle, furent traduits à Florence, souvent par des notaires179, disposèrent généralement d’une ample diffusion180. À coup sûr, l’opuscule de Tura di Castello, à vocation pratique et proche d’un régime de santé181, se prêtait particulièrement à une circulation hors du milieu classique des praticiens182. Sa traduction ne put que la favoriser. À travers ces versions vulgaires et remaniées, la diffusion pouvait échapper en partie au contrôle médical, pour peu, bien sûr, que l’auteur n’ait pas lui-même été à l’origine d’une telle traduction. Il est toutefois certain qu’une fois mis en vulgaire, le texte d’origine a pu être transformé avec plus de facilité, ce qui justifierait aussi l’ire des professionnels contre de tels conseils qui, à leurs yeux, risquaient de s’avérer dangereux pour la santé de leurs patients183.
55Si Bagni della Porretta, qui attirait de nombreux Florentins, bénéficia de cette sorte de « vernacularisation des savoirs » qui toucha bien d’autres domaines de la science médiévale, il faut aussi lui reconnaître une place à part dans ce domaine, si on la compare à d’autres sites de la péninsule : première station à susciter une approche médicale monographique – par la suite, plusieurs autres bains firent à leur tour l’objet d’enquêtes spécifiques184 –, elle fut en revanche la seule à donner lieu à une littérature en vulgaire conséquente185. Aux côtés des traductions de la Regula de Tura di Castello et du conseil en italien d’Ugo Benzi, il faut encore ajouter la version vernaculaire d’un texte attribué à un certain Ugolino da Pisa, immatriculé dans l’Art des médecins de Florence en 1423186. Transmis d’après M. S. Elsheikh par un unique manuscrit de la Biblioteca Riccardiana de Florence187, cet ouvrage dont l’original latin n’a pas été retrouvé, fut traduit par un vulgarisateur anonyme (mais non florentin188) pour un citoyen de Florence, Francesco di Andrea Ciati, à une date inconnue. D’une certaine ampleur, l’ouvrage se distingue des traités précédents par son caractère spéculatif ; il ressemble en fait aux questiones de Domenico Bianchelli, composées à la fin du XVe siècle, puisqu’il est lui aussi constitué pour partie de questions et de dubia. Formé de cinq parties qui traitent successivement de la composition minérale de la source, de ses vertus, de son mode opératoire, de ses effets et du régime de vie à adopter, l’ouvrage n’a de valeur pratique que dans sa dernière partie, qui consiste en un regimen pour curiste. Le reste adopte le mode scolastique d’exposition par oppositions de points de vue, empruntant ses arguments aussi bien à la littérature médicale classique et moderne qu’à l’expérience. Si la traduction a souvent eu un rôle de vulgarisation des savoirs, rendant accessible à des lecteurs non latinisants le contenu d’un texte189, elle a aussi eu pour effet de faire de l’idiome vulgaire une langue savante, une langue de culture à part entière190. La version vernaculaire du traité d’Ugolino da Pisa joue ici ce rôle, en reconnaissant que le vulgaire pouvait parfaitement se prêter à une exposition de type plutôt universitaire.
Les adaptations littéraires des textes médicaux et des normes thermales
56La diffusion des préceptes et, plus largement, des usages balnéaires décrits et codifiés par les médecins apparaît aussi dans plusieurs œuvres littéraires, conçues par des initiés des bains, proches des habitants de la station et des milieux de cour, notamment celle des Bentivoglio de Bologne ou de celles de Mantoue ou de Ferrare qui lui étaient étroitement associées. C’est tout particulièrement le cas dans le recueil de nouvelles les Porretane, composé par Giovanni di Sabadino degli Arienti191 (1443/1445-1510). Notaire, il était le petit-fils d’un barbier, Sabadino di Giovanni, dont la présence est attestée dans la station au début du XVe siècle192. Proche de la famille d’Este – il dédia en 1483 les Porretane à Hercule Ier dont il était le « compadre » –, Giovanni fut surtout secrétaire d’Andrea Bentivoglio de 1472 à 1492193 qui était un cousin de Giovanni II, seigneur de Bologne194. Sans être étroitement impliqués dans le developpement thermal, les Bentivoglio étaient cependant associés à la vie mondaine des bains. Sante, qui contrôla la ville au milieu du siècle, visita une seule fois Bagni della Porretta en 1460, préférant Bagno di Petriolo en Toscane195. Giovanni II, son successeur – il avait épousé Ginevra Sforza, veuve de Sante – ne séjourna jamais aux bains. Aussi, Andrea paraît-il avoir été le curiste de la famille le plus assidu. Son séjour à Bagni della Porretta en 1475 sert de cadre (« cornice ») aux Porrettane. L’œuvre, vraisembablement écrite entre 1489 et 1493, renoue avec les principes médicaux de la nécessité d’un séjour joyeux – comme l’impose les médecins196 – en compagnie de nombreux gentilshommes qui motivent la narration et le déroulement agréable des journées197.
57L’arrière-plan médical est davantage mis en avant encore par Andrea di Bernardo detto Novacola dans l’Introito dal Bagno dala Poretta extrait de son Historia di Forlì, dédiée d’abord à Sixte IV, puis à Jules II, et donc composée à la fin du XVe siècle198. Barbier, fils d’un certain Pietro de la famille Bernardi de Bologne199, Andrea narre les principales vicissitudes de la station, en feignant de céder la parole à un certain Zecco Arienti – du nom d’une famille de barbiers de Casio200. Parfois erronés et volontairement orientés, ses propos laissent une large place aux bienfaits des sources et à leur usage qu’il connaissait, sans doute, par son activité professionnelle.
58C’est un autre « expert », le canoniste de renom, Floriano Dolfo († 1506) qui témoigne de façon indirecte à son protecteur, le marquis de Mantoue Francesco Gonzaga, de l’importance du discours médical. En 1495, alors qu’il connaissait bien les bains – il y possédait notamment une auberge et fréquentait le fils du comte Battista Ranuzzi201 –, il rapporte dans une lettre obscène les mérites des eaux de Porretta, tout en s’en moquant, parce qu’elles sont, dit-il, bonnes pour tout ainsi que l’assurent les médecins et les habitants des lieux202 ! Toutefois la prégnance du discours médical sur les eaux thermales dans les milieux de cour apparaît plus évidente encore dans deux œuvres poétiques réalisées autour de 1500, par des prélats. Battista Spagnoli da Mantova203 (1447-1516), dans son De Balneis Porrectanis réalisé avant 1490, et Geremia Cusadri204 (1452-1536 ?), auteur d’un Carme sulla Porretta achevé entre 1504 et 1510, proposent, en effet, l’un comme l’autre, une adaptation rimée en latin de l’œuvre de Tura di Castello, qui s’affirme bien comme le texte paradigmatique sur Porretta.
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59Bagni della Porretta connut au cours des XIVe et XVe siècles un essor remarquable grâce aux efforts conjoints des autorités communales bolonaises et du corps médical. La cité romagnole sut créer une villeneuve, aux contours et aux privilèges bien définis, qui demeure sans doute la station thermale la plus aboutie de la péninsule. Toutefois, le succès du site est en partie lié aux médecins qui, souvent membres de l’université, éventuellement sollicités par la commune, ont su élaborer un discours original, pratique (régulant de façon précise la cure), accessible (notamment par le biais de traductions en vernaculaire) et ouvert aux nouveaux usages thérapeutiques (essentiellement la consommation d’eau et la douche thermale). Leurs œuvres, peut-être parce qu’elles émanaient d’un milieu universitaire, ont manifestement contribué à imposer Bagni di Porretta comme une station de référence, voire la station de référence, dans la péninsule comme ailleurs en Occident. Michele Savonarola, jugeant les eaux d’Abano, les comparait à celles de Porretta et s’étonnait – malgré selon lui des compositions similaires – qu’elles n’aient pas eu autant de succès205. Bohuslas de Lobkowitz, noble de Bohême et ancien étudiant à Bologne, qui fut parmi les premiers à vanter les mérites des eaux de Carlsbad dans une ode restée célèbre, évoquait également Porretta206. Ce discours médical eut peut-être d’autant plus de prise qu’à partir de la seconde moitié du XVe siècle, il fut repris et valorisé par des milieux aristocratiques en plein essor : un patriciat urbain dont l’assise sociale se stabilisait au service de l’État, des familles nobles et princières dont la vie de cour animait la société de la Renaissance.
Notes de bas de page
1 Pour un aperçu du thermalisme médiéval dans la péninsule, Cherubini, 1986 ; Melis, 1963.
2 Même si quelques vestiges romains laissent supposer une occupation de la vallée et une utilisation thérapeutique des eaux thermales à l’époque impériale au moins, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 36.
3 La plupart de cette documentation est présentée dans la récente et utile monographie de Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995. Voir aussi Guidotti, 1975.
4 Elles sont une première fois attestées en 1205, Archivio di Stato di Bologna (désormais ASB), Comune-Governo 32, fol. 188, cité par Comelli, 1898-1899, p. 101.
5 Il est mentionné pour la première fois en 1121, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 42.
6 L’agglomération fut une première fois détruite par les hommes de la Sambucca en 1223.
7 Selon l’inventaire de 1288, Casini, 1991, p. 209.
8 Braidi, 2002, II, p. 831.
9 [1250] « Ad honorem civitatis Bononie dignoscitur pertinere quod balneum Porecte debeat reaptari (...) ideoque ordinamus quod Potestas Bononie, Casi et Belvedere per duos bonos magistros Bononie usque ad kalendas augusti bene aptari faciant Balneum predictum, faciendo tot balnea quot comode fieri poterint, et inde removenda saxa de balneis et supra balnea, murando balnea undique multum bene, ita quod aqua rivi non possit in balnea intrare, et coperiendo ea de arcovolto, et murando ea per medium inter balneum hominum et balneum mulierum (...) addimus et fiat hoc expensis hominum de montaneis utriusque potestarie (...) et aliquid ab aliquo forense vel civi bononie vel comitatino tollatur pro dicto balneo » (Frati, 1869, II, p. 371, livre 9, rubrique 31).
10 Bertocchi-Giacomelli, 1998, p. 159-163.
11 Boisseuil, 2006, p. 371-385.
12 Les contrats de location des bains sont conservés pour 1381 et 1396, Facci Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 58, 72.
13 Elles apparaissent mentionnées au moins à deux reprises dans la documentation bolonaise (ASB, Comune-Governo 302, fol. 261r-262v, fol. 280v-281v) et sont publiées dans Comelli, 1898-1899, p. 145-148.
14 ASB, Archivio Ranuzzi, scritture diverse spettanti al feudo della Porretta, cart. Y. fasc. 1, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 69.
15 « Primo quod omnes et singule comunitates, cives, comitatini et forenses et alii quicumque cujuscumque conditionis existant non prohibiti habitare vel morari in civitate, comitatu, et districtu Bononie hedificantes ut infra habeant immunitatem ita quod vendere possint panem, vinum, bladum pro equis, et carnes libere juxta dictum Bal neum et longe a Balneo et Rivo Maiore per quinquaginta perticas ab omni parte dicti rivi, procedendo usque ad flumen Reni incluxive, absque solutione alicujus datii vini, pani, retagli et sgarmigliati vel gravaminis in quantum ipse comunitates vel singulares persone infra dictum locum et spatium hedificent seu faciant hedificare unum hospitium seu domum muratam de lapidibus et copertam de cuppis seu lastris (…) idem in omnibus et per omnia intelligatur ab alia parte Reni ex oppoxitione ipsa balnea in terreno comunis Caxi et Caxole videlicet in terreno ab alia parte Reni in lungum juxta ripam fluminis quatenus fluit ipsum flumen per centum perticas et longe a flumine per nonaginta perticas incluxive que pertice et confinia debeant declarari per officiales ad hoc deputatos seu in posterum deputandos », Comelli, 1898-1899, p. 146.
16 « Que hospitia seu domus sint ad minus si facta fuerint per aliquam comunitatem et esse debeant longitudinis quadraginta pedum et latitudinis viginti, si non per aliquam singularem personam sint et esse debeant longitudinis triginta pedum et latitudinis xx, cum hac conditione et pacto quod debeant facere porticus dictis hospitiis seu domibus a latere anteriori dictarum domorum, latitudinis quindecim pedum inter colonas ad minus (…). Item quod quilibet possit facere tenere ac construere habitationes et hospitia infra dictum locum et terminos ut supra et intelligatur casamentum longum xv perticas et latum sex perticas que territoria supra quibus hedificabitur debeant vendi cuicumque emere et hedificare volenti et hedificanti per dominos quorum dicta territoria sunt pro precio condecenti et si fuerint discordes de precio stetur decla rationi officialium deputatorum aut deputandorum in futurum super provixiones reaptandorum dictorum balneorum qui possint dictos dominos cogere ad vendendum », Comelli, 1898-1899, p. 147.
17 « Item, considerantes utilitatem et honorem qui provenit et provenire potest comuni Bononie ac sanitatem civium que sequetur, providerunt etiam quod omnis et singuli accedentes vel qui in futurum accedent ad habitandum infra terminum et confinia supralimitata et ibidem continue habitabunt cum eorum familia, non teneantur nec cogi possint ad solvendum aliqua onera vel gravamina personalia comunis Bononie et comunis sue terre vel in qua habitabunt pro eorum vel alicujus eorum vel familiarum ipsorum personis vel mixta aut realia pro bona eorum que tenerent vel possiderent et posita essent juxta dicta balnea quatenus decurrit Rivus Major in flumine Reni a dictis balneis et juxta ipsum Rivum ab omni parte a dictis balneis infra per centum perticas tam versus terram Capugnani quam versus terram Sucidi seu Capanas et quatenus fluit dictum flumen Reni tam desuper quam desuptus ipsum Rivum Majorem a parte qualibet per ducentas quinqueginta perticas et iuxta ipsum flumen Reni ab omni parte per centum perticas infra dictum spatium ducentarum quinquaginta perticarum », Comelli, 1898-1899, p. 147.
18 Sienne, Volterra, mais aussi la commune rurale de Rapolano, Boisseuil, 2002, p. 86.
19 Selon les estimations avancées par Facci-Guidanti-zagnoni, 1995, p. 70. À la même époque, la station de Bagno a Morbo, pourtant largement soutenue par les autorités communales, est beaucoup moins étendue, Boisseuil, 2007, p. 180.
20 ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 4, fol. 1v ; Facci-guidanti-zagnoni, 1995, p. 70.
21 « Possint exemptare, immunes facere et liberare quoscumque ibidem commurantes et habitantes et qui in futurum habitabant continue prout eis videbitur (…) qui in futuri faciat habitationem seu habitantes in quibus habitationibus toto anno continuato tempore » (ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 4, fol. 1v). La mesure est répétée en 1419 : « Item quod dicta comunitates teneantur continuato tempore toto anno habitare, et seu habitari facere dicta eorum hospitia que ibidem ad dicta balnea habent, de presenti bene et sufficienter cum famuliis et personis vel saltem unum ex eis que tenere habeant ipsa hospitia seu unum hospitium fulciter pane, vino, blada et aliis necessariis ad hospitia ipsa pro vendendo in eis pro comoditate eorum qui ad dicta balnea accedent » (ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 4, fol. 4).
22 Le 27 juin 1418, le Conseil des Six Cents élit « dominus Petrus quondam domini Ugolini de Scappis, miles, dominus Franciscus quodam domini Sancti de Daynesiis, dominus Albertus quodam Azzonis de Carboneis de Montebello, Christophorus quodam Georgii de Canonicis, magister Dominicus de Castelletto, magister lignaminis et Bernardinus quondam domini Laurentii de Pinu in officialibus super provisione, reparatione dictorum balneorum et constructione edificiorum ibidem fiendum pro habitationibus necessariis » ; ils agissent « cum potestate plenissima… » (ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 4, fol. 1).
23 Sienne confia à l’Office de la « Gabella Generale » le soin de contrôler les activités balnéaires du « contado » et Florence fonda, en 1388, un Office des Bains destiné à gérer la station de Bagno a Morba. Boisseuil, 2002, p. 194 et Boisseuil, 2007, p. 182.
24 La commune de Porretta paraît avoir disparu dès avant le XVe siècle, Guidotti, 1975, p. 90. Il semble que son finage ait été intégré à celui de Casola ou Casio.
25 « Unum pontem ligneum super Renum ad minus latitudinis triam pedum comunis super quo possint commoda transire » (ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 1v, fol. 4) ; Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 77.
26 Guidotti, 1975, p. 38.
27 Sur le renforcement du pouvoir oligarchique citadin bolonais, Tamba, 2004, p. 3-39.
28 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 84.
29 « Domum aptam ad hospitium hominum et equis », Guidotti, 1975, p. 43.
30 Facci-Zagnoni, 1991, p. 31.
31 Mais d’autres auberges appartenaient aux communes de San Giorgio al Piano, Bazzano au XVe siècle ; les établissements étaient désignés – comme en ville – par un nom (associé souvent à une enseigne) : Cavaletto, Falcone, Luna, Spada, Fonte, Croce, Leone… Bertocchi-Giacomelli, 1998, p. 161.
32 « Item quod nullus audeat vel presumat infra dictum terrenum et terminum ut supra limitatum nec in domibus hedificatis supra dicto terreno ludere ad azardum nec ad alium ludum bescazarie sub pena cuilibet contrafacienti quinque librarum bononinorum applicanda pro dimidia comuni Bononie et alia dimidia capitaneo seu vicario exigenti dictam penam », Comelli, 1898-1899, p. 147.
33 « Teneantur dicti officiales dare licentiam omnibus venire volentibus ad dicta balnea causa vendendi ad minutum vel in grossum panem, vinum, carnes coctas et crudas et omnia alia victualia vel medicinalia aut alia quevis utilia vel ibidem necessaria sine aliquo datio, vel gabella » (ASB, Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta A, fasc. 4, fol. 4) ; Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 78.
34 L’édifice fut achevé huit ans plus tard, grâce aux dons des fidèles et était doté d’un patrimoine, Breventani, 1913, p. 340-350.
35 « Item quod balnea sub voltis et ducie ipsorum balneorum, ad minus ter singula ebdomada de mensibus quibus homines balneantur, debeant evacuari, emendari et nitidari noctis tempore et ipsa reactare et manutenere in bono et sufficienti statu per homines habitantes infra terrenum prelibatum solvendo ratam expensarum per turnum hominum predictorum », Comelli, 1898-1899, p. 148.
36 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 80.
37 Guidotti, 1964.
38 Ravaglia, 1892, p. 13.
39 Boisseuil, 2002, p. 163.
40 Une fois mises aux enchères. En 1370, Granaglione cédait son établissement pour 30 livres bolonaises. Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 56.
41 « Item quod omnes tam masculi quam femine possint pro eorum libito voluntatis tenere tinellas ad balnea fienda sine aliqua contradicione vel solutione alicui fienda, non possint tamen recipere pro qualibet balneo ultra denarois sex parvos bononinorum pro qualibet vice et quolibet se balneante » (ASB, Comune-Governo 302, fol. 281, cit. Comelli, 1898-1899, p. 148).
42 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 124. On connaît la création de bains privés ailleurs en Toscane, Boisseuil, 2002, p. 236.
43 Il existe des attestations plus tardives d’une consommation à distance de ces eaux, cf. infra.
44 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 59. Le fait n’a pas son pareil en Toscane : aucune des eaux thermales ne fut exportée durant la fin du Moyen Âge. En revanche, le procédé se diffusa en Émilie-Romagne, notamment à Acqui et à Quara (ou Aquaria), une station nouvelle créée à la fin du XVe dans le duché de Modène. Elle appartenait aux seigneurs da Dallo qui reçurent de Borso d’Este la possibilité en 1454 de percevoir une gabelle sur les mesures d’eau vendues, voir Foucard, 1885, p. 110.
45 « Hodie (…) locum sive villam de la Porretta nostre Bononiensis diocese in comitatum ereximus et comitatus titulo insignivimus (…). Nos itaque volentes te qui nobis et eidem Romanam Ecclesie multa gradita et grata servita in pendisti ac tuos etiam natos per masculinam lineam descendentes horum intuitu favore persequi gratie amplioris locum et villam huiusmodi cum territoriis hominibus, aquis, rivis, pascuis, nemoribus, molendinis, piscationibus, venationibus meroque et mixto imperio et aliis iuribus iuridictionibus et pertinentiis suis omnibus tibi parte et filiis tuis natis et nascituris masculini sexus ac ex tuo et suis corporibus de legitimo matrimonio descendentibus in nobile et honorabile antiquum paternum et avitum feudum ac ad usum nobilis honorabilis aviti antiqui paterni et aviti feudi sub anno censu unius libre argenti in festo beatorum Petri et Pauli apostolorum de mense junii » : cette bulle du 1er mars 1448 n’est connue que par des copies (dont ASB, Comune-Governo, 428, fasc. 10 ; Famiglia Ranuzzi, Scritture diverse spettanti al feudo della Porretta, A., fasc. 7 bis), Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 100.
46 Boisseuil, 2007, p. 201. C’est le cas aussi de la nouvelle station de Quara, cf. supra note 44.
47 Le recours à de semblables initiatives fut cependant rare ; Jules II, de façon brève, entreprit la création de fiefs nouveaux après 1506, De Benedictis, 1988, p. 197.
48 De Benedictis, 1995, p. 86-161. La Balìa des « Sedici Riformatori » avait été instituée en 1393-1394.
49 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 91, 94.
50 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 99.
51 « Conte di I Bagni. Al nome di Dio il dì XXX di giugno 1448. Al nome di Dio, Io missere Nichollo Sanudo fui fatto conte di I Bagne dala Poretta con magno e meserio e imperii da le inlostrisimo e signore nostro papa Nicholla Quinto e monsignore di Benivento… » (ASB, Congregazioni soppresse 263/2710, fol. 375v). Le livre fut initié par le père de Niccolò, Jacopo en 1397.
52 Zagnoni, 1997, p. 113. Le nouveau comte possédait ainsi dans la région, outre des terres agricoles, entre la plaine et les collines, dont les produits constituaient l’essentiel de ses revenus, des moulins (notamment à foulons), une scie hydraulique, des fours à chaux ou à tuiles, une ferrière (à Casola da Casio près des bains). Il possédait aussi une villa au centre de ses principaux terrains agricoles, à Sasso. L’obtention de la station s’inscrit donc dans un vaste effort de contrôle des ressources naturelles d’une région.
53 Dès avant de devenir comte, en 1447, il acheta deux auberges dans la station dont une qu’il revendit vite ; cf. ibid., p. 113.
54 Comme le révèle un livre de « ricordanze » de cette famille, plus tardif, Simili, 1963, p. 412-418.
55 Tommaso Parentucelli de Sarzana pouvait connaître la station puisqu’il vécut longtemps à Bologne, d’abord comme précepteur chez les Albergati, puis secrétaire de l’évêque Nicolò Albergati, puis évêque lui-même de la cité, Comelli, 1898-1899, p. 106. En 1450, il se rendit à Viterbe et fut quelques années plus tard, en 1454, à l’origine des aménagements nouveaux : la formation d’un établissement inédit, unissant bassins, chambres et salles de réception (il « palazzo del Papa ») que Pie II, grand amateur de bains, acheva en 1462 ; Mack, 1992, p. 45-63.
56 Elle n’est connue que par des copies, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 100.
57 La formule est imprécise et suscita, ultérieurement, maints conflits entre les Ranuzzi et la Commune de Bologne, notamment pour savoir s’il fallait interpréter l’expression comme la mesure de la circonférence ou du rayon du cercle défini. Une belle carte, intitulée Pianta fatta dall’ordine dell’illustrissimo signore abate Quilici uditore generale nella causa vertente fra l’illustrissima camera di Bologna e liti da una parte, e l’illustrissimo signore conte e senatore Vincenzo Ferdinando Ranuzzi Cospi dall’altra parte…, établie lors d’un procès au début du XVIIIe siècle, esquisse les contours du comté (cf. fig. p. 66).
58 Il semble qu’il ne l’ait pas perçue avant 1480, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 98, 117.
59 Pirillo, 2004. On est loin aussi des seigneuries créées à la fin du XVe siècle pour les seigneurs de Carpi et de Mirandola, Chittolini, 1979.
60 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 92 sq. À la même époque, les principales institutions politiques créées par le pape n’exerçaient pas à Bologne même la totalité des droits qui leur étaient dévolus. Est-ce donc une volonté délibérée du patriciat urbain de s’auto-limiter pour mieux faire accepter sa domination ? De Benedictis, 1995, p. 86 sq.
61 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 100.
62 Il percevait 10 sous par somme pour le compte de son maître, Facci-guidanti-zagnoni, 1995, p. 120.
63 Guidotti, 1975, p. 44.
64 Plusieurs passages de livres de « ricordanze » l’attestent comme celui de Francesco di Tommaso di Giovanni qui, en 1458, envoya son fils, Girolamo, un mois à Bagni delle Porretta (Archivio di Stato di Firenze [désormais ASF], Carte strozziane, 2e série, no 16bis, fol. 28v). Dans une lettre adressée à Francesco di Marco Datini, Nastagio di ser Tommaso évoque le séjour « al bagno a la Poreta » d’un marchand de chausse florentin, ruiné et devenu pèlerin, Niccolò di Francesco Pentolini. Archivio di Stato di Prato, fonds Datini 1098, lettre 1402982 du 16/24 juillet 1400.
65 Chambers, 1992, p. 96. Le cardinal était grand amateur de bains dont il usa toute sa vie : dès 1460, il se rendit avec son père à Bagno di Macereto, dans le territoire siennois ; en 1467, il était à Viterbe après avoir espéré aller à Bagni di Porretta, Chambers, 1989. Lors de l’un de ses séjours, il demandait à son père, le marquis de Mantoue, la possibilité d’emmener avec lui Andrea Mantegna pour lui montrer les ruines et discuter avec lui d’antiques, cf. Kristeller, 1901, p. 201.
66 Boisseuil, 2009.
67 Boisseuil, 2002, p. 177.
68 Plusieurs praticiens sont en effet attestés dans les actes produits par les agents des vicaires : Picinello Lanturelli da Lizzano (en 1382), Giglio da Tavernola (en 1370), Mignoco da Campegio (1372), quelques autres provenant des localités de Tavernola, Costonzo et Africo, Facci Zagnoni, 1991, p. 34. Il convient d’y ajouter les membres de la famille Arienti, originaires de Casio (Zeco, Sante), Francesco di maestro Checo da Campugnano, mentionné en 1438. Parmi les médecins bolonais amenés à séjourner dans la région, figurent tous ceux qui y occupèrent des charges publiques, notamment maestro Lorenzo qui fut vicaire de Campugnano en 1415. Guidotti, 1975, p. 56.
69 Guidotti, 1975, p. 59.
70 Notons que le cas de Bagni delle Porretta n’est pas isolé ; aux XIVe et XVe siècles, il a existé aussi une sorte d’« école padouane » des eaux de la région, représentée notamment par Pietro d’Abano, Giovanni Dondi, Bartolomeo Montagnana, Antonio Cermisone ou encore Michele Savonarola qui vantèrent les sources locales. Sur le studium bolonais, Capitani, 1987.
71 Sur ce prolifique auteur de textes de logique, d’ouvrages sur les eaux naturelles et d’un conseil contre la peste, voir le Dizionario Biografico degli Italiani (désormais abrégé DBI), vol. 10, Rome, 1968, p. 41-42.
72 « Sic etiam placere putamus preclaro studio bononiensi quod huius aque auctor et fautor est… » (Bianchelli, 1485-1490, proemium).
73 « De aqua medici bononiensis solempniter et cum bono ordine tractaverunt, ponentes illi balneo tot laudes quod si vere sint de isto possumus dicere quod ibi sit fere sacerrimum et divinum sicut dixit superius Aristotiles secunda particula problematum in aquarum (...). Ponuntur isti aque tot laudes quod quasi sit difficile credere. Et fortasse quod bononienses medici ipsam tantum mirabiliter laudaverunt quia in eorum proprio comitatu est » (Nardi, 1950, p. 114, 115).
74 Il reprend presque mot à mot les termes d’Ugolino : « His autem tot attribuuntur laudes totque occulte proprietates ut vere sacerrima dici possint, et vigesimoquarto problematum problemate ultimo … » et ajoute : « illustres medici suis de his balneis curam diligentiamque magnam qui habuerunt sic famosas fecerunt » (Savonarola, 1493, fol. 22rb-va).
75 Il y séjourna en effet en 1402-1405, lorsqu’il y fit du reste ses études de médecine, en 1409-1414, puis à nouveau en 1423-1425. Il est l’auteur de deux consilia sur les eaux de Porretta. Sur la carrière d’Ugo Benzi, voir Lockwood, 1951 et le DBI, vol. 8, Rome, 1966, p. 720-723.
76 On ne sait pas s’il y a fait ses études. Il est l’auteur d’un conseil sur ces bains. Simeoni-Sorbelli, 1940, I, p. 259.
77 Avec une interruption entre 1454 et 1462-63. Dallari, 1888a, p. 18, 24, 27, 31, 34, 47, 64, 67, 70, 73. Notons que la notice que lui consacre le DBI n’évoque nullement un séjour bolonais dans sa carrière.
78 Dans sa monographie consacrée aux professeurs bolonais, Giovanni Niccolò Alidosi Pasquali fait commencer la carrière de Tura di Castello en 1335 et date son traité de 1353. Alidosi Pasquali, 1623, p. 26.
79 La littérature latine occidentale qui commence à se développer à partir du deuxième tiers du XIVe siècle peut en effet être rangée selon deux catégories : la première rassemble des ouvrages qui s’efforcent de donner une vision d’ensemble des bains d’une même région, voire de la péninsule italienne ; à ce groupe appartiennent outre les ouvrages de Gentile da Foligno, ceux de Francesco da Siena, médecin de la seconde moitié du XIVe siècle, et surtout ceux de deux auteurs majeurs du XVe qui traitent de l’ensemble de la péninsule : Ugolino da Montecatini et Michele Savonarola. De la deuxième catégorie qui s’apparente à un travail monographique, relèvent notamment les ouvrages de Tura di Castello, de Girolamo da Viterbo sur les bains de Viterbe, de Pietro da Tossignano sur les stations de Bormio et d’Acqui Terme, d’Antonio Guaineri sur les mêmes bains d’Acqui Terme. Voir aussi la contribution de Gabriella Zuccolin dans ce volume.
80 Ravaglia, 1915a, p. 177-198. Pour une histoire de Bologne, Dondarini, 2000.
81 « Explicit recepta aque et balnea de Porreta edita per egregium militem legum et artium ac medicine doctorem dominum Turram de Castello civem Bononie ad laudem dei » (Paris, BnF, nal. 211, fol. 78v). À la fin du XVe siècle, Domenico Bianchelli, dans un traité sur les bains, lui reconnaissait une formation en logique, philosophie et droit (« Dominus Thura de Castello, qui dedit primo operam Logicae et Philosophiae et postea permutatus est ad leges, doctor legum factus », dans De Balneis omnia, 1553, fol. 72va). G. N. Alidosi Pasquali lui attribue un doctorat de médecine, philosophie et droit (Alidosi Pasquali, 1623, p. 26). Son nom n’apparaît pas en revanche dans les autres monographies sur l’Université de Bologne.
82 Pour une recension des copies et une étude de la tradition manuscrite de ces textes, voir la communication de J. Chandelier dans ce volume. Ce sont, sans doute, et de loin, ses traités de balnéothérapie qui furent le plus largement diffusés.
83 Si le répertoire de L. Thorndike et P. Kibre (ThK 46) ne fournit, outre des éditions, que la référence au manuscrit de Paris, BnF, nal. 211, fol. 77r-79v, en 1921, G. Ravaglia proposait déjà une liste de huit codices (Ravaglia, 1921, reprise par Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 146). Il s’agit des manuscrits de Florence, ASF, Carte Strozziane, 1er série, no 139 (XVe s.) ; Florence, Biblioteca nazionale centrale, ms XV. 189 ; Florence, Biblioteca Riccardiana, ms 1177 (daté de 1453) ; Paris, BnF., nal. 211 (daté de 1469) ; Pavie, Biblioteca universitaria, ms 488 [ex 131 D. 3] (XVe s.) ; San Daniele del Friuli, Biblioteca civica Guarneriana, ms 45 (1464) ; Vienne, Biblioteca Cesarea, ms His. Profol. 279 N. 56 (1464) ; Vienne, Bibliothèque Palatine, ms 5505 (ca. 1460). On peut ajouter à cette liste trois autres manuscrits : Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal. lat. 1175, fol. 249v-251v (1473-1486), Pal. lat. 1243, fol. 202ra-204va (1er moitié du XVe s.) et Milan, Biblioteca Ambrosiana, ms Trotti 430, où le traité est anonyme (Conscilium supra dispositionibus quibus confert aqua et balneum de Poreta). En revanche, le manuscrit conservé à l’ASF, dans le fonds des archives strozziane, s’est révélé être une version vernaculaire, incomplète et anonyme du traité de Tura di Castello.
84 Édité une première fois par l’imprimeur bolonais, Giovanni de Reno, en 1473, sous le titre de Recepta Aquae Balnei de Porrecta, sive de Aquis Porrectanis Libellus, mais faussement attribué à Gentile da Foligno, qui était alors bien plus réputé que Tura (et dont un traité sur les bains figure aussi dans cet ouvrage), il est à nouveau publié à quatre autres reprises avant la fin du XVe siècle : Venetiis, apud Octavianum Scotum, 1490 ; Venetiis, impressum mandato et expensi nobilis viri domini Octaviani Scot…, 1498 ; Venetiis, impressum impensis domini de Luere, 1499 ; Lugduni, Vincentius de Portinariis de Tridino de Monferrato, 1499.
85 Pour une étude de ce texte, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 143-148.
86 Dans le ms de Paris, BnF, nal. 211 qui conserve une version de cet opuscule, il est intitulé : Regula et tractatus balnei de Poreta (fol. 77r). On trouve aussi employés les termes de consilium (comme dans le ms Trotti 430), ou de recepta comme dans le Pal. lat. 1243.
87 Sur les régimes de santé, voir Gil Sotres, 1995, p. 257-281 ; Nicoud, 2007a.
88 C’est l’incipit que fournissent les manuscrits : « ad infirmitates omnes et singulas curandas quibus homines sepissime affliguntur aqua de Porreta mirabiliter operatur et valet si debito modo sumatur… ».
89 Partie intitulée : « in quo loco aqua et balneum de Porreta est positum » dans le BnF., nal. 211, fol. 77r.
90 « Quo ordine aqua et balneo de Porreta utendum est » (ibid., fol. 77v).
91 « De hora et modo comestionis tempore assumptionis istius aque » (ibid., fol. 78r).
92 « De observatione et dicta facienda post assumptionem aque de Porreta » (ibid., fol. 78v).
93 Tandis que les autres manuscrits se terminent par « Preterea aqua de Porretta tribus annis a prima assumptione est reiteranda. Que potata ut premittitur et reiterata vitam sine anxietate longam prestat et salubrem illius gratia intercedente qui benedictus est per omnia secula seculorum. Amen » (BnF, nal. 211, fol. 78v). Même explicit dans Florence, Biblioteca Riccardiana, ms 1177, fol. 192va ; Milan, Biblioteca Ambrosiana, ms Trotti 430, fol. 28r ; le texte de Florence, Biblioteca nazionale centrale, ms XV. 189, fol. 47v finit par « … saporem suum originalem citoque corrumpitur » (qui achève la partie sur la localisation de la source).
94 Sur les opuscules qu’il rédigea, voir la communication de J. Chandelier dans ce même ouvrage.
95 « Dieta prenominata utatur saltem per dies xx vel xxx » (BnF, nal. 211, fol. 78v).
96 « Non enim in magna quantitate et impetuose ac violenter aqua predicta est assumenda prout et quasi omnes assumentes pariter et inadvertenter faciunt. Nam ipsam sine ordine cum impetu assumpta non ita lavat et curat quia nimis uno impetu assumpta in corpore nullam facit moram nec humores perfecte maturat et disponit » (ibid., fol. 77v-78r).
97 « Die vero sequenti aquam prefatam non bibat sed tota die quiescat propter nimiam agitationem humorum die precedenti factam » (ibid., fol. 77v).
98 « Et si infirmitas illius qui ad aquam predictam et balnea accesserit nimis fuisset longa et antica, tunc pluribus diebus esset predicta aqua assumenda, scilicet diebus sex interpolatim tamen et successive diem unam quietis interponendo inter unam diem potationis et aliam unam diem quiescendo et alia die potatione aque utendo. Die tamen quietis bis in die balneo utatur et alia die faciat prout superius est expressum » (ibid., fol. 78r).
99 Peu de stations de la péninsule étaient vantées pour leur potabilité ; on peut citer Bagno di Bormio en Valtelline, Acqui près de Modène ou encore Bagni della Villa en territoire lucquois, Aquaria ou Quara (sur la commune de Toano, près du torrent Dolo).
100 Selon Michele Savonarola, dans cette réputation, outre le rôle joué par le studium bolonais, il faut ajouter l’importance d’un aspect naturel, à savoir la faible chaleur de l’eau qui la rend potable : « Sic sua in caliditate temperata est aliarum [aquarum] respectu, cuius sue qualitates sic ad medium refracte id operari poterunt quemadmodum medici asserunt » (Savonarola, 1493, fol. 23va).
101 Le terme désigne ici les facteurs de l’environnement, extérieurs au corps humain, qui influencent l’état de santé du patient ; il les distingue des « choses naturelles » ou composantes corporelles et des « choses contre nature » ou maladies. Sur ces paramètres de la diététique, voir Gil Sotres, 1995 ; Gil Sotres, 1996.
102 Sur cet intérêt grandissant au XVe siècle notamment pour la composition minérale des eaux thermales, voir la contribution dans ce volume de Gabriella Zuccolin.
103 Dans son De balneis tractatus, autre ouvrage consacrés aux thermes, Domenico Bianchelli, pourtant élogieux lorsqu’il s’agit de Porretta, critique même vertement Tura di Castello, qui a cru que ces eaux pouvaient soigner toute sorte de maladies, ce qui n’est pas raisonnable selon lui : « Dominus Thura de Castello (...) virtutes huius balnei scripsit in loco proprio balnei et in summa dicit quod valet ad omnes egritudines a capite usque ad pedes, cui non est credendum, quia extra rationem loquitur, quoniam Gal[enus] inquit : “Non est praesumendum cum una medicina posse curare omnes egritudines” » (De balneis omnia, 1553, fol. 72va).
104 Sur cet aspect de la littérature thermale, voir Park, 1999, p. 347-367. Cf. aussi Daston-park, 1998, part. chap. 4.
105 Ce premier traité commence par : « Intendo modernos medicos docere… » : « Aluminosa quidam balnea sunt quasi omnia balnea nos circundantia, sed magis aluminosum balneum apparet mihi (et expertus fui) balneum de Bononia, quod dicitur et vocatur balneum de la Porretta » (De balneis omnia, 1553, fol. 181vb).
106 Ce deuxième traité, qui débute par « Nomen balnei apud Arabes… », évoque aussi le caractère potable de l’eau, mais met en garde les hydropiques contre un tel usage. Elle est censée favoriser la fertilité des femmes : « Balneum de Porreta, de comitatu Bononien[si] est sulfureum, parum nitrosum… » (De balneis omnia, 1553, fol. 182va).
107 « Fui enim expertus omnia ista » (Florence, Biblioteca nazionale centrale, ms XV. 189, fol. 41r) ; « multum iuvat ad impregnationem, et hoc nostro tempore expertus fui, quia multe mulieres, que multo tempore steriles fuerant, per visitationem huius balnei, et aque assumptionem domum reverse, conceperunt » (De balneis omnia, 1553, fol. 181ra).
108 Je m’appuie ici sur les informations livrées par Chandelier, 2007. Sur cet auteur, voir aussi French, 2001, DBI., vol. 52, Rome, 1999, p. 162-167.
109 Ce moment de sa vie reste mal connu en raison de l’absence d’archives de l’université de Pérouse durant cette période.
110 En l’absence d’autres informations, il est difficile de dater ce rapide texte, les manuscrits qui le conservent étant tous postérieurs au décès de Gentile da Foligno, mort de la peste en 1348.
111 Pour un aperçu biographique voir notamment Torre, 2007, Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 134 sq.
112 Sur ces aspects, voir Siraisi, 1981 ; Chandelier, 2007, chap. 3.
113 « Scio quod iste tractatus in quo naturatas vidimus tot laudes utputa per medicos sic publicatas quod considerata fama studii civitatis bononie » (Nardi, 1950, p. 116). Bologne tenait également à la réputation de son université ; nombreux sont ceux à y avoir été formés qui détinrent des charges publiques dans la commune. Pour ces liens entre le studium, et plus particulièrement les juristes, et le pouvoir politique, voir Pini 1990, p. 151-178.
114 Sur cet aspect, voir Nicoud, 2007b, p. 334-340.
115 « Debet autem assumi cum solempni custodia et cautella » (Nardi, 1950, p. 115).
116 « Dicunt antiqui homines de Porreta experti quod… » (De balneis omnia, 1553, fol. 46ra).
117 Sur cet aspect de la transmission de l’expérience, voir Crisciani, 2001 ; Crisciani, 2005.
118 Il évoque ainsi le cas d’un marchand florentin, qui souhaitait se rendre à Porretta pour y soigner une inflammation de la vessie et relate les bienfaits qu’une telle cure eut sur lui. Sur la place de l’expérience dans le discours médical, voir Agrimi-Crisciani, 1990 ; Jacquart, 1990 ; Jacquart, 1996. Pour un exemple en balnéothérapie, Nicoud, sous presse.
119 « Et quidam eam in ulceribus vesice conferre aiunt, quod non facile intelligo cum magis nocere videatur » (Savonarola, 1493, fol. 23rb) ; « asserunt eam in tertianis et quartanis febribus conferre, quod minime credo ; quinimo opinor et eam ceterasque termas nedum febrientibus sed et colericis adustis non convenire, quoniam sic peramplius uruntur et exiccantur et ideo non attendo verbis eorum qui asserunt eam in ulceribus vesice conferre » (ibid., fol. 23va).
120 Derrière ces observations parfois réservées, se cachent manifestement des rivalités entre studia, notamment entre la célèbre et ancienne université bolonaise, « vetustior mater » comme l’appelle Savonarola, et de plus récentes (qu’il s’agisse de Padoue, Ferrare, Pise ou Florence), mais aussi, sans doute, des concurrences entre stations. Sur l’université de Bologne, voir notament Simeoni-sorbelli, 1940, I ; Piana, 1966.
121 Sur le genre des consilia, Agrimi-Crisciani, 1993 ; Crisciani, 2004a.
122 À ma connaissance, Gentile da Foligno serait le premier à faire état des eaux naturelles parmi les medicinalia qui peuvent être proposées par le praticien pour soigner certaines maladies ; c’est ce qu’il apparaît par exemple dans le conseil qu’il adresse à un évêque qui souffrait d’une mauvaise disposition du cerveau où sont recommandés, en fin de prescription, des bains en territoire pisans et ceux de Bagno Vignoni, près de Sienne : « De usu balneorum naturalium post purgationem et evacuationes predictas credo fore conveniens. Esset autem bonum balneum aquarum prope Pisas aut balneum Avinionis in comitatu senarum » (Florence, Biblioteca Riccardiana, ms 1177, fol. 61ra-63rb).
123 Une centaine de consilia a été rassemblée, présentée de diverses manières selon les éditions. Dans celle de 1518 parue à Venise, ils sont organisés selon le mode devenu classique de la localisation des maladies dans les différentes parties du corps. On trouve cités les bains de Bagni San Filippo et de Petriolo en territoire siennois ou encore ceux de Corsena dans la région de Lucques (Benzi, 1518, par exemple conseil no 16, fol. 16va, conseil no 17, fol. 17rb, conseil no 18, fol. 17vb…).
124 Inc. : « Aquae Porrecta Bononiensis agri minera manifestior est baurach… » (De balneis omnia, 1553, fol. 221ra-b).
125 « Ma per che la experientia mostra, qualunche sia la cason, che questa aqua, quando la si beve, penetra tosto ne le vene in multa quantita, fa bisogno servare alcune regule, quando la se piglia, le quale non sono necessarie nelle altri solutive… » (cité d’après Lockwood, 1951, p. 336).
126 Cette particularité expliquerait aussi pourquoi Ugo Benzi accorde un intérêt spécifique au site de Santa Elena, en territoire padouan (Modus et ordo standi in balneo Sante Helene, conseil 84, d’après la numérotation de Lockwood, 1951).
127 « E per questa casone me rendo certo che non è rasonevele quelo che si dise in uno conseglio el quale è comune a Bologna, che fu fato da un doctore bolognese, che ave nome miser Thura de Castello, secundo che io stemo, el quale dise che ciaschaduno che ne piglia di bibere tante volte inanze che manzi, che la aqua venga fora e per lo sedio, o veramente per vomito, chiara come si piglio perzo che le virtu di corpe non sono inguale (sic) e credo che questo errore è casone de la morte de molti homini in quello logo nel usare nel bagno » (cité d’après Lockwood, 1951, p. 336-337).
128 « Al dì 22 d’ottobre [1483], il mercoledì, Francesco Gonzaga, cardinale et legato et vescovo esser nel palagio della Signoria morto per disordini, perciochè bevendo l’acqua della Porretta non servò la guardia conveniente », Ghirardacci, 1915, p. 228, cité par Ady, 1937, p. 190.
129 Notamment, dans la traduction de l’œuvre de Tura, publiée à Bologne par Giovanni da Reno, en 1473, sur l’ultime feuillet ou bien dans L’introito dal bagno dala Poretta de Andrea di Bernardo detto Novacola, Ravaglia, 1892, p. 13.
130 Baveri, 1489.
131 Il s’agit des conseils no 107 et 136 de la collection.
132 Ce sont les conseils no 75, 76 et 108. Ils sont réédités dans la collection De balneis omnia, 1553.
133 « In stando in balneo Porrete, infrascriptus ordo observari debet… » (Baveri, 1489, conseil no 75, p. 75-76) ; « Regimen quod in balneo Porrete observare debet… » (ibid., conseil no 76, p. 108). Un troisième commence par « Ibitis concedente deo ad balneum Porrete cumque ibidem fueritis… » (ibid., conseil no 108, p. 106).
134 Né à Imola, Baverio Bonetti, encore dénommé Baverio Baveri, a fait ses études à la faculté des arts et médecine de Bologne, où il obtient la licence et le doctorat en 1430. Après un passage dans le studium florentin en 1435, il est professeur à Bologne de 1438 à 1441, puis à Sienne (1443-1447), avant de devenir médecin du pape Nicolas V de 1447 à 1455. Servant aussi ses successeurs, Caliste III et Pie II, il rentre toutefois à Bologne en 1455 où il enseignera jusqu’à sa mort, ne s’empêchant toutefois pas de quitter souvent la ville pour soigner d’illustres patients. DBI, vol. 11, Rome, 1969, p. 792-794 ; Dallari, 1888a, p. 12-13, 43, 46, 51, 53, 56, 59, 61, 64, 67, 70, 73, 76, 78, 81, 84, 90, 93, 96, 99, 102, 104, 107, 109, 112.
135 Dans le conseil no 76, il pourrait s’agir d’une inflammation de la verge puisqu’il est question à la fois d’ardor in virga et d’onguent à passer sur les reins et entre les testicules et l’anus. Dans le cas du conseil no 108, il est question d’une tumeur non localisée.
136 Simeoni-Sorbelli, 1940, I, p. 259 ; Dallari, 1888a, p. 11, 13, 18, 21, 23, 26, 31, 34, 37. Le texte a été sommairement publié par Chellini, 2007, p. 53-54.
137 « Spectabilis doctor tamquam fili. Recepi litteram vestram super facto vestre infirmitatis ubi queritis si aqua Porete est aqua bona extra balneum delata » (Florence, Biblioteca nazionale centrale, ms XV-189, fol. 47v).
138 « Hec aqua valet in passionibus stomaci de materia frigida, valet contra sterilitatem mulierum si sit defectus ex materia frigida, et in quacumque alia infirmitate frigida. Vidi multos quorum appetitus erat prostratus et deiectus non appetebant penitus et non digerebant et erant cum doloribus, sumpto prandio post potum aque et bonum ordinem sanitati sunt restituti » (ibid., fol. 48r).
139 « Insuper via in eundo et redeundo non nisi cum periculo et iam vidi aliquos in via periclitasse in redeundo » (ibid., fol. 47v).
140 « Sine dubio cum elongatur a suo ductu et principio non potest reputari tante efficacie » (ibid.).
141 Lettre de Giovanni Pietro Arrivabene (1439-1504), secrétaire du cardinal Francesco Gonzaga (1444-1483) au marquis Ludovico Gonzaga : « Lo Reverendissimo Monsignore mio… haveva terminato partire giobia per aviarse al bagno, ma perché sento doppo siamo arrivati messer Bavera dissuadere il bagno, che non intendo anchor per qual cagione, se attenderà prima de consultare bene e maturamente la cosa » (ASMn, AG, b. 1141, fol. 242, en date du 2 août 1472, citée par Chambers, 1992, p. 80 n. 236) ; lettre du même à Barbara de Brandebourg, marquise de Mantoue : « Questa matina, etiam cum consentimento di medici, ha terminato solum pigliar questa purgatione, puoi bere qui tre o quattro giorni l’acqua, senza andare là suso al bagno, et puoi fin a XV dì, di venire de là » (ASMn, AG 1141, fol. 243, en date du 3 août 1472, citée ibid.).
142 Boisseuil, à paraître. Selon une lettre adressée par Giovanni Pietro Arrivabene au cardinal Francesco Gonzaga, Laurent de Médicis aurait fait usage, sur le conseil des médecins, de l’eau de Bagni delle Porretta, peut-être en boisson : « Arrivai qua heri sera, dove essendomi accaduto de firmarme tuto hoggi, ho visitato lo Magnifico Lorenzo, el quale de la grave suoa infirmità de dolori de stomacho che sento è stato periculosissima, è ben ridutto. E va per casa vestito perhò da infirmizo, e li medici lo fanno usare l’acque de la Poretta » (ASMn, AG 847, fol. 232, en date du 3 mars 1483, citée par Chambers, 1984).
143 On peut par exemple citer le cas de l’eau d’Acqui apportée en 1468 par un agent de Borso d’Este à Bianca Maria Visconti, alors malade (Nicoud, 2000, p. 367-368, lettre 25).
144 En août 1422, c’est sans doute l’eau de la Porretta que Parisina, marquise d’Este, faisait venir (Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 88).
145 « Hec aqua longe delata in vasis ligneis, solet aliquando in dictis infirmitatibus iuvamen afferre, sed tamen raro, quia tante virtutis non est quante in loco originis assumpta et faciliter perdit saporem suum orginalem, citoque corrumpitur » (De balneis omnia, 1553, fol. 46rb).
146 De telles alternatives à un séjour thermal sont aussi évoquées respectivement par Ugolino da Montecatini et par Ugo Benzi. Le premier se montre cependant réservé sur ces consommations à distance : « et quia multum infirmibus valet aliquando a large in vasis ligneis ad alias partes transportatur ; et aliquod facit iuvamentum. Non est tamen illius virtutis quam habet in proprio suo loco » (Nardi, 1950, p. 115) ; le second évoque la possibilité de faire transporter de l’eau, comme alternative à un séjour thermal : « consulo quod ducatur ad balneum Porrette in comitatu Bononie ad potandum illam aquam secundum ordinem illorum balneorum, aut faciat sibi portari usque ad patriam duas vel tres salmas illius aque » (cité par Lockwood, 1951, p. 295). Il évoque aussi la possibilité d’utiliser l’eau en clystère (ibid., p. 301).
147 Il s’agit d’aspects qui concernent le conditionnement de l’eau.
148 On la trouve dans un certain nombre de sites toscans, à Bagno di Petriolo, Bagno di Corsena, Bagno a Morba, Bagno di Romagna, Bagni San Filippo et San Casciano dei Bagni. Boisseuil, 2008.
149 De balneis omnia, 1553, respectivement fol. 58ra-86vb et fol. 86vb-89vb.
150 Cité dans son De balneis tractatus, le De aqua Porretae est donc antérieur à l’ouvrage plus général (« Respondetur ut in tractatu nostra de aqua Porretae diximus… », De balneis omnia, 1553, fol. 72vb). L’ouvrage fut publié une première fois en 1513, à Lucques, sous le titre Opus pro Balneo Villa Lucensis.
151 « Utrum aqua Porecte debite administrata per se conferat solum egritudinibus membrorum naturalium a causa frigida vel humida pendentibus ? » (Bianchelli, 1485-1490, l’édition n’est pas foliotée).
152 Il s’agit respectivement des questions 7 et 13.
153 « In contrarium arguitur quia nullus ex scribentibus laudes aque Porecte dicit aquam istam convenire pro ducia, igitur non est conveniens pro duccia » (Bianchelli, 1485-1490).
154 Il existe quatre causes par essence : du fait des minerais qui composent l’eau, de la quantité d’eau insuffisante pour la douche, de la qualité pas assez chaude de l’eau pour un tel usage, du fait de l’origine et de la localisation de la source : « sed nulla istarum causarum videtur in proposito, nisi forte dicatur quod non est tante caliditatis actualis quanta requiritur ad ducciam » (ibid.).
155 « Sed in proposito una [causa] videtur multum apparens excusans illos, s [cilicet] ne duccia esset impedimento potationi et maxime cum sit maximus hominum concursus ad huius aque potationem : tu vero cogita meliorem causam, considera ergo si commode possit ad aptari (sic) ad utrunque, s [cilicet] ad ducciam et ad potationem et si caliditas eius sit sufficiens et tuuc (sic) facias ducciam » (ibid.).
156 Notons cependant que les revenus tirés de la gabelle de la douche pouvaient être lucratifs, à l’image de ce qu’il advint à Bagno di Petriolo au milieu du XVe siècle (Boisseuil, 2008).
157 Dans une traduction du XVIe siècle de la Regula de Tura di Castello, a été ajouté un chapitre sur la douche (« Dell’ordine che si debbe osservare a voler docciare la testa », dans Regola ed ordine che si deve tenere in pigliare l’acqua della Porretta, Bologne, per Alessandro Benazzi, 1558, édité par Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 149-158). Cela confirmerait la présence d’une douche à cette époque.
158 Il justifie ainsi la longueur de son ouvrage par la pluralité des opinions qui s’opposent : « Nec miretur quisquam quod tantum prolongavimus sermonem in aqua ista, quia visum est hoc nobis necessarium esse, tum propter varias opiniones de hac aqua adductas pro veritate dilucidanda, tum etiam ut satisfaceremus parti debiti nostri omnia diligenter investigando de ea » (Bianchelli, 1485-1490). Il emprunte ses références non seulement aux autorités classiques (« antiquiores, ancessores nostros »), Avicenne et Galien, Sérapion, Averroès, Mesue et Hippocrate, mais aussi à des devanciers ou quasi contemporains, qualifiés de moderni mais souvent explicitement cités : Pietro d’Abano, Gentile da Foligno, Tura di Castello, Ugo Benzi, Ugolino de Montecatini.
159 « Sic etiam placere putamus preclaro studio bononiensi quod huius aque auctor et fautor est, cui cum plurimis obnoxius sum, illi hoc munusculum dedicavi quod ex ortulo nostro excerpsi » (Bianchelli, 1485-1490, proemium).
160 DBI, vol. 10, Rome, 1968, p. 41-42.
161 « Ab eo [studio] enim alimenta et lauream et stipendium sumpsimus » (Bianchelli, 1485-1490). C’est du reste au studium qu’il dédie son ouvrage (cf. n. 159).
162 « Ad hoc balneum et ad hanc visitandam multi magni domini iam venerunt et quod isto anno accessit unus magnus archiepiscopus cum maxima comitiva et cum suis medicis et quod etiam iste sit potentissimus dominus secum per VI menses voluit magistrum Masium de Laude qui stat in civitate Bononie et qui habent bonam experientiam de natura illius aquae et est michi frater et optimus amicus » (Nardi, 1950, p. 116-117).
163 Voir l’article pionnier de Melis, 1963. Également, Chambers, 1992. Pour la cour des papes, Paravicini Bagliani, 1997, p. 204-207 ; pour une étude monographique, voir Boisseuil, 2002 ; Boisseuil, 2007.
164 Pour un tour d’horizon sur la péninsule italienne, voir Park, 1999 ; Nicoud, 2002. Elle se poursuit à la Renaissance, s’inspirant aussi d’un savoir antique, Agasse, 2004. Pour l’Allemagne, voir Fürbeth, 1995.
165 Voir à ce sujet le volume récent Guérin-beauvois Martin, 2007 qui ne traite toutefois pas que des sources minérales et chaudes. Jackson, 1990.
166 Par exemple, sur la continuité d’usage des eaux de la région de Padoue, voir Zanovello, 2007 et Bortolami, 2007. Ce dernier montre notamment que, dès la fin du XIIe-début du XIIIe siècle, les autorités citadines s’étaient intéressées aux sites des Monts Eugéens, et notamment à Sant’Elena qui disposait d’auberges pour l’accueil des curistes (p. 161-162).
167 Sur ces questions économiques, voir Boisseuil, 2002, p. 109 sq. ; Boisseuil, 2007, p. 180-181.
168 « Ad balnea viterbiensia veniens, declaro quod quando dominus Urbanus quintus curiam ad Ytaliam reduxit, nunc sunt anni triginta duo vel circa, ipse misit me cum septem aliis medicis ad explorandas virtutes viterbiensium balneorum, que sine dubio sunt magne et multe » (Paris, BnF, lat. 6979, fol. 8v). Sur les rapports de ce médecin avec sa ville d’origine, Sienne, et les souverains pontifes, voir Garosi, 1935.
169 Cité par Park, 1985, p. 350.
170 Sur cet épisode, voir Nicoud, 2007b.
171 Boisseuil, 2002, p. 42-44 et 175-179.
172 Voir par exemple les interventions de Francesco da Siena, évoquées dans l’un de ses traités, à propos des aménagements apportés sur son conseil dans certaines stations toscanes (BnF, lat. 6979, fol. 1r-19v). Cf. aussi l’intervention du médecin siennois Oliviero di Michele, pour la réfection des bains de Bagno a Morba (Boisseuil, 2007, p. 192 et annexe 7, p. 213).
173 « … un bello e ingegnoso scritto, compilato dal Collegio dei medici di Bologna dopo un soggiorno sollecitato dal comune della loro città » (en date du 10 juillet 1408), Mazzei, 1880, II, p. 125-126.
174 « Fui pluries Florentie in cura unius florentini maximi merchatoris qui vocabatur Barnabas de Aliis. Et fuimus plures medici de magnis famosis. Et licet non omnia narrem, hic habebat in vesica magnam excoriationem. Querebat autem a nobis si de consilio nostro esset quod istud balneum visitaret. Et nos sibi semper respondimus negativam quoniam nitrositas est excoriationi talium inimica. (...) Et videntes vehementiam sui desiderii et quod habebat illum tractum in vulgari descriptum et nominabat aliquos ex usu huius aquae de egritudine simili liberatos consulimus quod accederet cum uno de sociis nostris magistro Leonardo de Bibena qui est bene florentie nominatus. Et quia hic semper languens fuit in consilio suo et illius bene agnoscebat complessionem atque naturam, quod accederet et in suo usu balnei procederet temptative. Hic recessit et redivit notalibiliter convalescens et per plures menses multo minus male solito se habuit » (Nardi, 1950, p. 117). Ugolino déclare ne pas savoir comment le troisième et dernier séjour s’est déroulé parce que la peste survint et qu’il quitta Florence.
175 Elsheikh, 1998. L’éditeur a toutefois fait figurer un lexique en fin d’ouvrage.
176 Il s’agit du ms de la Biblioteca nazionale centrale de Florence, Panciatichiano 81, fol. 160v-163v. La version est dans l’ensemble plutôt fidèle à l’original, quoique soit ajoutées des précisions et des descriptions qui ne figurent pas dans le texte latin. Sur ce manuscrit, Morpurgo-Papa-Maracchi-Biagiarelli, 1889, p. 134-135.
177 La traduction fut encore remaniée au XVIe siècle. Voir l’édition de 1558 reproduite par Facci- Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 149-158.
178 Le texte conservé dans ASF, Carte Strozziane, 1er série, no 139, propose en réalité une version vernaculaire, anonyme et différente de celles évoquées ci-dessus. Le début du texte est tronqué et la traduction commence par « Tolgli la dibilezza del celabro… » (fol. 207r). Dans l’ensemble, au-delà de quelques légères lacunes (omission du chapitre sur la localisation de l’eau), le traité est proche de l’original.
179 Sur le rôle des notaires dans l’essor de la langue vernaculaire et dans la transmission des savoirs, voir Redon, 1998.
180 Dans le domaine médical, on pourrait prendre l’exemple du Livre de Physique d’Aldebrandin de Sienne, premier texte diététique écrit en français au milieu du XIIIe siècle, qui fut traduit par deux fois en toscan, notamment par le notaire Zucchero Benvicenni. Quelque 27 manuscrits de ces versions ont été identifiés. Féry-Hue, 1985 ; Féry-Hue, 1999 ; Bersani, 1986-1987. Sur le traducteur Féry-Hue, 1996.
181 Pour une étude de la diffusion des régimes de santé, dans et hors de la sphère professionnelle, voir Nicoud, 2007a.
182 Le manuscrit de la Biblioteca nazionale centrale de Florence, Panciatichiano 81, qui contient l’une des versions vernaculaires de la Regula, eut sans doute un lectorat professionnel ; copié par une même main, dans la seconde moitié du XVe siècle (on trouve la mention d’une date, « questo dì xxv di genaio 1464 » au fol. 94v), il contient aussi la Chirurgia de Guillaume de Salicet en italien (fol. 1r-160r), un ouvrage susceptible d’intéresser un public de chirurgiens non familiers du latin.
183 D’après l’Historia de Bologna rédigée par Cherubino Ghirardacci, le cardinal Francesco Gonzaga serait mort à Porretta pour n’avoir pas suivi les précautions d’usages (Ghirardacci, 1915, p. 228).
184 Voir dans ce volume par exemple l’étude de G. Zuccolin à propos des bains d’Acqui Terme dans le Montferrat. Bagno di Bormio en Valtelline, Aquaria près de Modène, Bagno di Petriolo en terre siennoise, pour ne donner que quelques exemples, firent aussi l’objet de telles études.
185 Il existe cependant des versions vernaculaires du traité de Pietro d’Eboli sur les bains de Pouzzoles, Morpurgo, 1929, p. 22 no 104.
186 Les quelques informations retrouvées sur ce médecin, fils d’un Pietro d’Ugolino, apothicaire de Sienne, mais vivant à Pise, proviennent de l’édition de Elsheikh, 1998, p. XV-XVIII.
187 Il s’agit du ms 1192, codex composite. Morpurgo, 1900, p. 253-255 ; voir aussi Elsheikh, 1990, p. 34.
188 Il le précise dans son introduction pour excuser son peu de maîtrise linguistique : « Et non essendo ancora con quella tersione e limata lingua, harete rispecto alla mia patria perché, benché per parcialità sia, non sono per natura fiorentino » (Elsheikh, 1998, p. 4).
189 Il est certain que les textes à caractère pratique se prêtaient particulièrement à ces transmissions en vulgaire, la langue véhiculaire rendant mieux compte des habitudes des contemporains et formulant des règles directement applicables et compréhensibles pour des non-spécialistes. Sur ces aspects, voir Jacquart, 1998, p. 265-301.
190 Sur ces questions, voir Lejbowicz, 1995. Sur les traductions en français dans le domaine médical, voir Thomasset, 1988.
191 Sur l’auteur, Dallari, 1888b ; James, 1996 ; James, 2002.
192 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 86.
193 Il assista aussi aux noces de Leonora d’Aragon et d’Hercule d’Este pour le compte de la commune de Bologne, Luzio Renier, 1901 ; Gundersheimer, 1972. Andrea faisait partie du conseil des « Seize Réformateurs ».
194 Il fut longtemps l’amant de Nicolosa, l’épouse du premier des comtes de Bagno della Porretta, Niccolò Sanuti, Ady, 1937, p. 56-57, 191.
195 Ady, 1937, p. 190.
196 « El dice il vero questo egregio fisico, che questo luoco vuole riso e non lacrime », Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 112.
197 Sabadino Degli Arienti, 1914, p. 5-6.
198 Ravaglia, 1892.
199 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 112.
200 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 50-52.
201 Facci-Guidanti-Zagnoni, 1995, p. 107.
202 « Illustrissimo Signore, secondo che scrivano li autori de medicina e racontano li originarii et habitatori del loco, et la antiquissima experientia el manifesta, per soa secreta virtute naturale è di tanto vigore che ogni infirmitate corporea, quantunque difficile e da medici desperata, scacia e lassa lo infermo sano e libero : he mi pare esser simile a quella piscina probatica narrata da santa Joanne nel suo evangelio », Stropelli, 1977, p. 685-696.
203 Il s’agit d’un carme proche de Giovanni di Sabadino degli Arienti qui se rendit aux bains en 1475 lors de la visite dans la station d’Andrea Bentivoglio, Bouscharain, 2003.
204 Fils de Beltramino di Pantaleone, miles et médecin de Crema, il fut à plusieurs reprises au service des Gonzague alors qu’il se destinait à la prêtrise, Ravaglia, 1915b.
205 « Minera autem eorum aluminosa ut aiunt et parum sulphurea est et sale participans et nitro, sicque compositas virtutes habent et certe ut actum a minera eorum de Ebano eius : minera non est longinqua multum, quare et ea que Ebano in proprietatibus similima esse deberent. Et hic est locus considerationis non parve ut cum ita esse videatur, ut cur non esse in usu potus aque ebani ut qui de ipsa non tot tanteque laudes ut de aqua Porete enunciantur » (Savonarola, 1493, fol. 22va). Sur la station d’Abano, voir Bortolami, 1983.
206 « An Stygii forsan vicinia Ditis, Has tepefecit aquas ? Baïarum littora cedant, Atque Anteneorum prospectans unda Timavum, Et quae caeruleo consurgit proxima Rheno, Nobilitata tuo, sanctissime Carole regum, Interitu », Carro, 1829.
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