Rencontre
p. 99-108
Texte intégral
1On trouve, dans Le Protocole compassionnel, une très belle scène de rencontre. Le narrateur est dans le bus et une jeune fille vient s’asseoir en face de lui. Il remarque, derrière ses lunettes noires, son trouble, son agitation et, lorsqu’il se lève pour sortir, la jeune fille se lève aussi et ose lui adresser la parole :
Avec un sourire plein de grâce et de discrétion, elle me dit : « Vous me faites penser à un écrivain très connu... » Je répondis : « Très connu, je ne sais pas... » Elle : « Je ne me suis pas trompée. Je voulais juste vous dire que je vous trouve très beau. » À ce moment nous descendions ensemble de l’autobus et, sans un mot de plus, et sans se retourner, elle disparut sur la droite, et moi je partis vers la gauche, bouleversé, reconnaissant, ému aux larmes1.
2Il y a dans cette anecdote toute la force romanesque et cinématographique d’une rencontre fortuite et succincte entre deux inconnus. La scène est posée, elle a son décor, sa progression, sa tension dramatique, sa chute. Une chute d’autant plus remarquable que le schéma semble renversé. C’est ici l’écrivain célèbre, reconnu, qui se retrouve seul sur le trottoir, ému, touché au plus profond par l’anonyme admiratrice qui s’en va dans une autre direction que la sienne. Leurs chemins se sont croisés, brièvement, intensément. Ils se séparent, l’une à droite, l’autre à gauche. Ils n’avaient rien d’autre à se dire que les quelques mots échangés.
3Il est difficile de ne pas s’identifier à la jeune fille. Qu’aurais-je dit ? Aurais-je été aussi délicat ? Finalement, ce qui se donne à lire ici, pour moi, est la simple nostalgie d’une rencontre qui n’a pas eu lieu.
*
4Forstfeld, le 26 septembre 2020
5Chère Andrea,
6Aurais-je voulu connaître Hervé ? Aurais-je voulu le rencontrer ? Ne serait-ce que quelques instants, dans une galerie, une librairie ? La première fois que l’on m’a posé cette question – je rédigeais alors ma thèse –, j’avais maladroitement essayé d’y répondre. Non, je n’aurais pas voulu le croiser car cela aurait probablement changé mon rapport à ses livres, mais évidemment que si, ça aurait été un cadeau inespéré, car une seule conversation permet parfois d’apprendre beaucoup sur un auteur, sur son univers, sur son rapport à l’écriture... En réalité, je ne savais pas trop quoi répondre, la question m’embarrassait. Quand on me la pose aujourd’hui, je réponds qu’elle n’a pas lieu d’être. Lorsque Hervé est mort, j’avais seize ans. Lorsqu’il est mort, je ne le connaissais pas. Ainsi, même si j’avais voulu le rencontrer, je n’aurais pas pu. Pourquoi donc spéculer ?
7Cependant, j’aime beaucoup écouter ou lire les anecdotes de ceux qui l’ont entrevu, de ceux qui l’ont aperçu, un jour, à la galerie Agathe Gaillard ou ailleurs mais qui n’ont pas osé l’approcher (j’aurais été de ceux-là, si l’occasion s’était présentée). Ainsi, je garde le souvenir flou mais ému du microrécit qu’un éditeur avait fait lors d’une journée d’étude intitulée « Hervé Guibert : le visible et l’invisible ». C’était en 2018, à Paris, il modérait mon intervention et juste avant de clore la matinée, il raconta qu’il avait échangé quelques mots avec Hervé, dans les années 1980, à la sortie d’un vernissage, si mes souvenirs sont bons. Il s’était retrouvé à ses côtés, attendant que les voitures défilent avant de s’engager sur un passage piéton. Ils avaient alors parlé du Rollei 35, ce petit appareil photo avec lequel Hervé travaillait et que possédait aussi l’éditeur. Ils avaient évoqué sa taille ou un aspect technique et avaient repris leurs routes respectives. Il y avait si peu dans ces mots et pourtant ils contenaient une véritable mythologie : parler avec Hervé de l’appareil qui ferait, bien plus tard, son succès en tant que photographe. Cette anecdote, dans sa simplicité, dans son économie narrative constituait pour moi en même temps une image fantôme (j’imaginais la scène) ainsi qu’une courte nouvelle qu’Hervé aurait pu écrire.
8En 2019, l’Université de Montréal m’a invité à participer à un colloque sur les « Potentialités de recherche et de création » de l’œuvre d’Hervé. La salle où avaient lieu les présentations était décorée comme jamais je n’ai vu salle décorée en pareilles circonstances. Il y avait là un rideau noir sur lequel étaient accrochées des guirlandes lumineuses et un écran où un autoportrait d’Hervé était projeté. J’étais entré en silence, quelques personnes parlaient doucement, comme dans une chapelle ou un lieu saint. Puis il y eut de plus en plus d’animation. Nous nous installâmes et vous étiez intervenue pour ouvrir la journée. Avec une anecdote. Vous aviez rencontré Hervé, un jour, à Bordeaux, dans une librairie. Il était venu présenter un de ses livres et vous aviez assisté à ce moment. En même temps que vous parliez m’était alors revenue cette question : aurais-je voulu le rencontrer, l’écouter, lui parler ? Et à cet instant-là, alors que vous poursuiviez votre récit, je me disais que, finalement, j’aurais aimé avoir aussi à partager une petite histoire comme la vôtre, comme celle de l’éditeur. Un petit rien d’Hervé, être le biographe d’un instant de sa vie, le témoin d’un échange qui n’appartiendrait qu’à moi. Je me rends compte en écrivant ces mots du caractère dérisoire que revêt cette entrée dans son travail, dans son œuvre. Parler d’Hervé en passant par la petite porte de l’anecdote. Et pourtant, c’est probablement la plus littéraire d’entre toutes. Écrire un roman sur un moment de rien, sur un non-événement. C’est presque le rêve flaubertien.
9En réalité, ma lettre ne comporte pas vraiment de question. Elle interroge simplement l’importance que peut avoir, pour quiconque est sensible à son œuvre, le fait d’avoir un jour, même de loin, croisé Hervé. Peut-être que cette lettre, elle aussi anecdotique, vous inspirera quelques mots sur celui qui a permis notre agréable rencontre...
10Avec mes amitiés,
11Arnaud
*
12Montréal, le 6 mars 2021
13Cher Arnaud,
14Mon retard est impardonnable – plus de cinq mois se sont écoulés depuis votre lettre de fin septembre dernier –, je vous demande quand même pardon parce que j’étais (et je le suis toujours) très touchée par votre invitation épistolaire. Ce n’est pas juste le temps pandémique qui s’étire plus qu’avant (comme dans le tableau de Dalí où une montre de poche fond sur un bout de table tout en volant en éclats – le beau paradoxe !) et nous empêche de vraiment avancer ; non, ce serait trop facile comme explication pour le retard que j’accuse. Votre lettre m’attend patiemment sur le desktop de mon ordinateur et je la vois tous les matins quand je l’allume, tous les soirs quand je l’éteins. Depuis peu, nous avons dépassé l’étape d’une première année de combat contre un nouveau virus qui peut s’avérer mortel. Ça dépend des cas, nous dit la Santé publique. Il y a des personnes plus à risque que d’autres, et ce n’est pas juste une question d’âge nous expliquent les immunologues. On connaît l’histoire, l’humanité a déjà vécu d’autres pandémies, sans parler des épidémies, comme celles déclenchées par le virus Ébola ou le VIH. On tenait loin de nous ces maladies, elles affectaient les autres.
15Le temps fond, nos vies sont devenues précaires et monotones. Je ne souhaite toutefois blâmer ni la précarité ni la monotonie pour mon retard, ce serait trop facile. Je crois qu’il y avait de la pudeur, surtout, à revenir sur l’anecdote de la librairie Mollat évoquée dans mon mot d’ouverture à la journée d’étude sur Hervé Guibert à laquelle vous avez participé le 16 septembre 2019. Je me souviens de notre conversation durant la pause de midi à laquelle s’était joint Jean-Pierre Boulé, et je me souviens de votre intervention en fin de journée : j’avais été séduite par les réflexions que vous aviez intitulées « Lettre à Hervé », me disant que je me retrouvais tout à fait dans votre manière subjective assumée de vous approcher des œuvres, qu’elles soient de siècles passés ou contemporaines.
16Je me rends compte au moment de reprendre ma lettre, après l’avoir suspendue à nouveau dans les journées qui se fondent les unes dans les autres, que l’idée de tisser des liens autour d’Hervé Guibert, grâce à un échange épistolaire, était déjà là en cette fin d’après-midi montréalaise. Aussi ponctuelle et éphémère qu’ait été la rencontre, m’avez-vous expliqué lors de notre petite réunion de travail sur Jitsi à l’automne dernier, ça vous intéresse, m’avez-vous rassurée, voyant mon hésitation. Voilà bientôt trente ans que Guibert aura rejoint les victimes du sida. Le recueil de lettres sortira-t-il pour commémorer ce triste anniversaire ? Si elles sortent... Le temps risque de nous rattraper. Je me dis aussi, en remontant dans le temps de mes souvenirs bordelais, que votre projet est une façon, votre manière, de renouer avec des questions que d’aucuns posaient régulièrement au spécialiste de l’œuvre guibertienne que vous étiez en train de devenir au fil de vos recherches : auriez-vous voulu connaître Hervé Guibert ? Auriez-vous voulu le rencontrer ? Au début de votre lettre du 26 septembre 2020, vous écrivez que ces questions ont ressurgi en vous pendant que vous m’écoutiez évoquer, un peu impudiquement mais non sans éprouver un sentiment de bonheur, l’épisode d’une rencontre avec l’auteur d’À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie. Auriez-vous voulu l’écouter, lui parler ? vous êtes-vous alors demandé à nouveau. Question virtuelle pour vous et Guibert, mais la littérature ne fait que ça, explorer ce qui aurait pu se passer, ce qui pourrait être imaginé dans certaines circonstances, entre divers personnages. À partir de quel moment peut-on dire avoir rencontré un auteur ou une écrivaine ? Faut-il lui avoir parlé ? Suffit-il de l’avoir vu.e et entendu.e dans une séance de signature ? Ou faut-il au moins avoir posé une question au moment de la discussion avec le public (passage obligé de toute manifestation de promotion, sans doute pas toujours élevant) ? s’être minimalement engagé dans un dialogue pour pouvoir dire qu’on a rencontré l’auteur.rice d’un livre ? Je comprends parfaitement bien le retour de la question pour me l’être posée en des termes similaires lorsque j’étais plongée, durant plusieurs années et de façon curieusement intime, dans l’univers de Claude Cahun ; j’avais par moments la trompeuse impression de les avoir côtoyées, elle et sa compagne, la peintre-dessinatrice Marcel Moore, d’avoir été un peu leur contemporaine en m’intéressant de près aux textes et aux images photographiques. Comme spectatrice de loin ou, mieux, comme Spätgeborene2 : le mot allemand me revient spontanément pour ce qui n’est de toute façon qu’une illusion d’optique, sorte de fantasme d’un rendez-vous manqué.
17Mais je divague et je digresse. Je jette plus d’ombre que de lumière sur l’épisode de ma rencontre avec Guibert – gardons le terme pour l’instant – sur laquelle vous me demandez de revenir et que je reporte de passage en passage.
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19Le 28 mars 2021
20Je revenais d’un voyage au bord du lac de Constance3. C’était sans doute pour profiter des vacances de Pâques, revoir mon neveu au visage angélique entouré de boucles magnifiques (je les lui enviais pendant longtemps) et qui vivait mal l’éloignement de sa tante. J’étais en poste à l’Université Michel-de-Montaigne, c’était ma première année et j’avais eu peu de temps pour voyager, pour faire des virées régulières en Autriche, tant les cours étaient accaparants. Claude m’attendait à la gare Saint-Jean le jour de mon retour. Il était rare qu’on vînt me chercher parce que je n’annonçais pas forcément aux amis le jour ni l’heure de mon arrivée. Je portais mon nouveau manteau vert, avec un grand col de velours noir et des boutons de la même couleur, offert par ma mère pour le printemps à Bordeaux. Je rangeais mon chapeau rouge dans le sac de voyage. Je n’en avais pas besoin à Bordeaux où il faisait plus doux qu’aux bords du lac de Constance, et je me trouvais toujours un peu ridicule avec ce chapeau sur la tête.
21Claude me dirigeait vers le stand des taxis parce qu’il fallait qu’on se dépêchât si l’on voulait avoir une place à la librairie Mollat. Une rencontre avec Hervé Guibert était annoncée. Elle avait vu l’annonce pendant que j’étais en Autriche. Mollat était sa librairie préférée, pas la mienne ; elle m’y avait emmenée lors de notre première visite de la ville qu’elle avait appris à apprivoiser. J’ai toujours préféré, durant mes années bordelaises, La Machine à lire, lieu plus intime, cachée sous les arcades près de la place du Parlement, avec une formidable sélection de livres français et étrangers, ainsi que d’ouvrages sur la photographie, la peinture et la sculpture. Le CAPC4 n’était pas loin. Je me suis dit que j’aurais aimé que Guibert eût préféré lui aussi La Machine à lire. Dans le taxi, Claude me mitraillait de paroles, comme d’habitude, de ses lectures faites pendant les vacances de Pâques ; elle en avait profité pour relire La Mort propagande, Mes parents, L’Image fantôme et À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie – on l’avait acheté ensemble le lendemain du passage d’Hervé Guibert chez Bernard Pivot, à Apostrophes. On avait été plusieurs dans mon petit appartement rue des Trois-Conils à être scotchés devant le téléviseur, à écouter les réponses que proposait un Guibert extrêmement sérieux, marqué par la maladie, à l’animateur, peu sensible lui, avais-je trouvé, à l’égard de son invité qui venait de révéler sa séropositivité dans son dernier livre. Guibert flottait dans son veston, il avait maigri, il manquait de salive. J’aurais aimé lui proposer un verre d’eau ; j’aurais aimé que Pivot ou quelqu’un du studio s’en rendît compte. Arno, Florian et Jean se disaient déçus après l’émission, Guibert n’avait pas parlé photo (pourquoi l’aurait-il fait ? Il était là pour parler de son livre) parce que, pour eux, Guibert était meilleur photographe qu’écrivain, parce que dans leurs cours à l’ENSP5, il n’était question que de son travail photographique ou alors de son rêve de cinéma. Claude et moi trouvions aussi que nous venions d’assister à un rendez-vous manqué, mais pour d’autres raisons. Il n’avait pas vraiment été question de littérature non plus, Pivot semblait dépassé par le réel de la maladie, de certains détails futiles, peut-être même par la fragilité de son vis-à-vis dont le visage ne s’était illuminé qu’à deux reprises durant l’entretien.
22Je suis aussi bavarde que mon amie Claude, veuillez m’en excuser, Arnaud. Mais j’y arrive. Le taxi arrive d’ailleurs près de chez Mollat.
23Faite en L, la librairie est remplie de monde. Ça m’étonne un peu, Bordeaux est une ville très bourgeoise. Qui de ces gens a lu Guibert ? On nous annonce, au moment de franchir la porte, un petit retard par rapport à l’heure prévue de la rencontre avec Guibert. Je reconnais quelques-uns de mes collègues de l’université ; plusieurs de mes étudiants sont venus, je suis contente de leur intérêt. Avant de partir, je leur avais parlé de certaines particularités de l’écriture guibertienne dans mon cours sur Thomas Bernhard et l’art de la provocation. Un groupe d’étudiants aux Beaux-Arts, tous habillés en noir, des habitués du CAPC, autre lieu sublime à Bordeaux, occupent les premières rangées. Avec Claude, nous sommes assises vers le fond de la salle où les tables de présentation des livres avaient été poussées sur les côtés. Je vois plus ou moins bien l’endroit où s’installera Guibert à côté de la personne censée animer la discussion. Je me lèverai au besoin pour mieux voir. Si je ne vois pas, je n’écoute pas de la même manière, ça m’embête toujours. Les murs sont tout blancs. J’aperçois une ombre projetée sur le mur qui fait face à la petite pièce par laquelle se prolonge vers la gauche la partie principale de la librairie. L’ombre est moitié sur le mur, moitié sur la table qui accueille les écrits de Guibert. Je pense à Lettres de Mathieu, au jeu d’ombre, de lumière et de voilement qui m’a toujours fascinée dans cette photographie de 19846. Guibert sort, l’ombre bouge, il s’estompe sur le mur. Je vois son visage, seul son visage, le reste du corps est caché par les gens assis devant moi. Il a l’air encore plus vulnérable que sur le plateau d’Apostrophes. Il a l’air fatigué, épuisé, on dirait, de l’effort d’être là en public ce soir. Je ne veux plus être là, je n’ai jamais vraiment aimé ces prétendues rencontres avec les auteurs, mais je n’ose pas partir. Quelqu’un a prévu un verre d’eau pour lui. Ça commence. La voix de Guibert n’a rien de fragile ni d’hésitant, c’est son corps qui s’amenuise sous l’effet des traitements censés combattre le cytomégalovirus. Je n’écoute pas vraiment ce qui se dit devant. Ça sonne faux, je ne sais pourquoi. J’ai l’impression de voir le fantôme du jeune Antinoüs qui se prenait en photo avec Suzanne et Louise, bras croisés, regard direct dans l’appareil, ou qui flânait sur l’île d’Elbe, et d’entendre une voix d’outre-tombe aux sonorités pourtant très claires, sans aucun signe de brisure.
24Au bout de quelques minutes, Hervé Guibert tente de se lever, il s’excuse, il ne se sent pas bien. Il est l’ombre de lui-même. Il prend le temps de dire qu’il avait signé un certain nombre d’exemplaires d’À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie au cas où. Comme s’il fallait prévoir le coup. Guibert se sauve. Et moi à mon tour, abandonnant Claude qui veut tenter sa chance de mettre la main sur l’un des exemplaires signés d’avance. Claude est une chasseuse de dédicaces.
25C’était en 1990. En 1991, Arno m’a offert Le Protocole compassionnel et en 1992, L’Homme au chapeau rouge, toujours pour Pâques et toujours avec une dédicace, de lui.
26……………………….
27Le 30 mars 2021
28Cette lettre restera inachevée, Arnaud, comme l’a été ma rencontre avec Hervé Guibert. Elle ressemblera un peu à cette fin que le narrateur évoque dans les dernières lignes de son récit sur les marchés de l’art entre Londres, New York et Moscou, sur le vrai et le faux en peinture, qui l’avait mené jusqu’à Ouagadougou : « De nouveau, écrit-il, je pourrais appeler ce livre, comme tous les autres livres que j’ai déjà faits, L’Inachèvement7. » Vous connaissez bien, mieux que moi, les raisons de l’inachèvement : le narrateur avoue avoir perdu cinquante pages du manuscrit de son voyage en Afrique, resté au fond de son bagage qui n’est jamais arrivé à Paris ; il dit qu’il n’aura peut-être pas le courage de réécrire son expérience dans un autre livre. On ne peut restituer ce qui est perdu.
29Bien amicalement, et merci encore pour cette invitation-injonction à revivre de beaux moments que j’ai failli oublier au bout de tant d’années,
30Andrea [Oberhuber]
31P.S. Je ne sais ce qui a pu se passer mais j’ai perdu le texte présenté en 2019 en guise d’ouverture de la journée d’étude sur les « Potentialités de recherche et de création », texte bref accompagné de deux ou trois autoportraits de Guibert, je ne me souviens plus très bien, et que j’avais eu un plaisir fou à rédiger parce que je m’autorisais la fiction. Texte fantôme dans mon ordinateur (ou ailleurs), il a donné lieu à un autre...
Notes de bas de page
1 Le Protocole compassionnel, p. 115.
2 La traduction serait : « comme celle qui est née après, qui n’a donc pu être une contemporaine » (note de l’éditeur).
3 Lac d’Europe centrale situé à la frontière de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse (note de l’éditeur).
4 Il s’agit du Centre d’arts plastiques contemporains, le musée d’Art contemporain de Bordeaux (note de l’éditeur).
5 Il s’agit de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (note de l’éditeur).
6 Voir en début d’ouvrage (note de l’éditeur).
7 L’Homme au chapeau rouge, p. 154 (note de l’éditeur).
Auteur
Andrea Oberhuber est professeure au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal depuis juin 2001. Elle enseigne les littératures française et québécoise (xixe-xxie siècles), notamment l’écriture des femmes, les rapports entre le texte et l’image (littérature et photographie) et les avant-gardes dites « historiques » (futurisme, dadaïsme, surréalisme).
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