La IIe République : printemps des peuples, printemps des prêtres
p. 133-150
Texte intégral
1Avec la proclamation du suffrage universel masculin, le 2 mars 1848, le corps électoral passe de 246 000 à plus de 9 millions d’électeurs. C’est peu dire que la révolution de 1848 constitue une rupture1 tout autant qu’un défi auquel le clergé est peu préparé, avec la liberté de la presse et donc l’apparition de nombreux journaux, et la liberté de réunion qui entraîne la prolifération des comités et clubs. Si, dans une large part, l’épiscopat voit sans déplaisir la chute de Louis-Philippe, l’instauration d’un régime qui rappelle par son nom celui de 1793 suscite des craintes. Au-delà d’une unanimité religieuse souvent décrite comme générale à Paris et dans les grandes villes, les accès d’anticléricalisme n’ont toutefois pas manqué par endroits. Les circonstances politiques sont néanmoins favorables à l’Église. La réputation libérale du nouveau pape Pie IX (élu en 1846)2, la constitution d’un véritable « parti catholique » à la faveur de la campagne pour la liberté de l’enseignement lors des élections d’août 18463 et, d’une manière générale, la distance des autorités religieuses à l’égard de la monarchie de Juillet constituent autant de facteurs propices à l’expression d’une influence politique de l’Église dans le nouveau régime. Le ralliement public de l’épiscopat est massif4 car, à la différence de 1830, le régime déchu ne suscite aucun regret. Plus globalement encore, la République proclamée le 24 février 1848 s’inscrit dans le prolongement d’un regain de religiosité qui s’observe depuis le début des années 1830, caractérisé par les influences saint-simoniennes et par un profond renouvellement – dévotionnel, théologique, politique – du catholicisme français, impulsé notamment par Lamennais puis ses disciples. Un tel contexte explique la rapidité et la facilité à interpréter la proclamation de la République comme le triomphe des idéaux chrétiens de liberté, d’égalité et surtout de fraternité5. Depuis la chaire de Notre-Dame de Paris, le 27 février, Lacordaire salue « ce peuple superbe en sa colère, portant Dieu jusqu’à son autel, au milieu du respect et des adorations6 ! » De nombreux services funèbres sont célébrés pour les victimes des journées de février 1848, le clergé bénit les arbres de la liberté et excite l’organisation des dons patriotiques (dont la commission nationale est présidée par Lamennais) : la mobilisation des électeurs par les prêtres de paroisse et les candidatures électorales de ces derniers participent bel et bien de la floraison de ce printemps démocratique.
De nombreuses candidatures ecclésiastiques
2La circulaire de Carnot, ministre de l’Instruction publique et des Cultes, du 11 mars 1848 reconnaît que les ecclésiastiques sont des « citoyens par la participation à l’exercice de tous les droits politiques », mais leur rappelle, par l’intermédiaire de l’autorité épiscopale, que « dans les assemblées électorales, sur les bancs de l’Assemblée nationale, où la confiance de leurs concitoyens pourrait les appeler, ils n’ont plus qu’un seul intérêt à défendre, celui de la patrie, intimement uni à celui de la religion ». Aussitôt, les évêques Mgr Donnet, Mgr Sibour, Mgr de la Tour d’Auvergne-Lauraguais... saisissent l’occasion et invitent le clergé à voter, à s’engager dans les comités et à poser leur candidature. Pour l’épiscopat, il s’agit avant tout de faire en sorte que l’Église soit représentée en tant que corps : « Tous les intérêts vont être représentés dans l’Assemblée nationale : l’armée, la magistrature, l’administration, la propriété, le travail, la science, le commerce, l’industrie se préparent à envoyer leurs délégués. Pourquoi l’Église n’y enverrait-elle pas les siens7 ? » demande Mgr Donnet, dans une circulaire datée du 5 avril. Autrement dit, en proposant aux électeurs des « listes de l’évêché », ou en les imposant aux comités conservateurs, les prélats entendent non seulement encourager de tout leur poids les candidats fidèles à l’Église, mais aussi s’assurer d’une présence cléricale à l’Assemblée. Les milieux ecclésiastiques entendent défendre une conception de la représentation des intérêts, et pas seulement des individus : la puissance morale, matérielle, humaine (52 885 ecclésiastiques et religieux selon le recensement de 1851) que représente l’Église l’oblige à disposer de ses représentants à elle. Une telle prétention n’entre pas en contradiction avec le caractère universaliste et abstrait de la représentation nationale puisque dans le cadre de l’organisation concordataire des cultes, le catholicisme, comme le protestantisme et le judaïsme, ont partie liée avec l’État. En outre, elle a l’avantage de taire les clivages internes à l’Église, qu’ils soient politiques, entre républicains de la veille et républicains du lendemain, ou ecclésiologiques, entre gallicans et ultramontains, libéraux et intransigeants. Le risque est plutôt d’entrer en contradiction avec les convictions ou les ambitions de citoyens hostiles au « parti prêtre », fraction non négligeable de l’élite même de confession catholique qui redoute les prétentions du clergé hors de son ministère spirituel. Pour Lacordaire, il s’agit explicitement de lutter contre l’irréligion8 et donc de promouvoir, par l’élection démocratique, une législation chrétienne. Cette conception ne doit pas masquer que la défense de l’ordre social reste une préoccupation constante pour l’épiscopat. Les rivalités interconfessionnelles peuvent aussi constituer un mobile pour se présenter : la candidature de Mgr Fayet en Lozère est très clairement destinée à faire échec aux protestants, même si d’autres prêtres catholiques ont pu recevoir des voix protestantes (Desclais, Moutou).
Terre de chrétientés et terres de mission
3C’est lors de ces élections que se dessine une géographie électorale entre les régions ferventes, dans lesquelles le succès d’une candidature ecclésiastique est envisageable, et les régions détachées ou hostiles, mais plus encore entre les chrétientés cléricales et les chrétientés non cléricales où les prêtres sont priés de ne pas se mêler des affaires politiques. Par exemple, L’Union franc-comtoise « d’après l’avis des hommes les plus dignes d’être écoutés lorsqu’il s’agit des intérêts des catholiques », refuse de soutenir les candidatures des abbés Gaume et Receveur dans le Doubs afin « d’éviter toute réaction contre le clergé dans l’esprit des populations9 », mais plus sûrement pour ne pas gêner la candidature de Montalembert10. La comparaison entre les deux départements alsaciens est riche d’enseignement sur les limites de l’interventionnisme clérical. Dans le Bas-Rhin, la stratégie inspirée par le chanoine Axinger, « union du clergé alsacien avec son évêque, formation d’une commission de délégués librement élus par les prêtres, et établissement d’un comité de défense de la liberté religieuse », amène la défaite de l’abbé Koehler, curé de Brumath, soutenu par un comité électoral catholique11. Dans cette zone de mixité confessionnelle, la défaite catholique est particulièrement nette. En revanche, dans le Haut-Rhin, la candidature de l’abbé Stoecklé, soutenue par les différentes tendances républicaines plus que par l’évêque, est couronnée de succès. Au contraire, dans certains départements, les listes d’union réservent dans leurs rangs des sièges pour les ecclésiastiques et laissent même à l’évêque le choix de désigner l’impétrant. Mgr Guibert admet que le choix des 9 représentants de l’Ardèche dépendait de lui. Sollicité par les conservateurs, l’évêque de Rodez choisit l’abbé Combes pour figurer sur la liste en 1849, en remplacement de l’abbé Abbal élu en 1848.
4Les procès-verbaux officiels de l’élection donnent la liste de 83 candidats ecclésiastiques (dont 6 pasteurs) en avril 1848 dans 54 départements. Comme ils ne mentionnent que les candidats ayant obtenu plus de 2 000 voix et ne précisent pas forcément leur état ou leur profession, le nombre réel d’ecclésiastiques ayant obtenu des voix dépasse sans doute la centaine12. Neuf prélats (Alouvry en Ariège, Graveran dans le Finistère, Thibault dans l’Hérault, Donnet dans la Loire, Fayet en Lozère, Robiou dans la Manche, Lacroix dans les Basses-Pyrénées, Berteaud dans la Haute-Vienne) tentent leur chance, mais d’autres renoncent (Sibour dans les Basses-Alpes, Doney dans le Tarn-et-Garonne...). Sont aussi candidats des vicaires généraux (Abbal dans l’Aveyron, Caillaud dans l’Indre, Derruppé dans le Lot, Lebrec dans la Manche, Didiot dans la Meuse, de Lespinay en Vendée, Vénassier dans la Creuse) ou des supérieurs de séminaire (Lequeux dans l’Aisne, Noël dans l’Aveyron, Moutou dans le Tarn, Cazalès dans le Tarn-et-Garonne), voire des professeurs à la faculté de théologie (Salinis en Gironde) et des principaux de collège (Dehaene dans le Nord). Certains prêtres, sollicités par les comités électoraux, n’ont pas souhaité se porter candidats (par exemple l’abbé Bautain en Seine-et-Marne).
5Dans le cadre du scrutin départemental de liste, les notabilités ecclésiastiques assimilées aux élites locales sont avantagées, comme les chanoines, les curés de canton ou d’importantes paroisses urbaines. Cet avantage tourne même pour les prélats à la position dominante qui fausse le suffrage – jusqu’à ce que la loi électorale du 15 mars 1849 spécifie que les archevêques, évêques et vicaires généraux ne peuvent être candidats dans le ressort qu’ils administrent. Position qui n’offre toutefois pas de garantie automatique de succès puisque Alouvry, évêque de Pamiers, Thibault, évêque de Montpellier, Lacroix, évêque de Bayonne et Robiou, évêque de Coutances n’ont pas été élus par leurs ouailles, ni Donnet, archevêque de Bordeaux, par ses compatriotes de la Loire. Les confrontations internes, ou plus simplement les jalousies, et les disputes politiques ne manquent pas : dans la Drôme, l’évêque ultramontain s’entend avec le représentant de l’État pour faire échouer la candidature du canoniste gallican Prompsault ; dans la Manche, la candidature de Mgr Robiou de la Tréhonnais se heurte à celle de son vicaire général ; le jeune abbé Besson sabote la candidature de l’abbé Four en Haute-Saône ; dans l’Hérault, l’abbé Valibouze, candidat en avril, soutient le candidat républicain contre le légitimiste abbé de Genoude en juin 1848... La compétition électorale met au jour les lignes de clivages, et des convictions légitimistes trop affirmées peuvent sans doute expliquer les défaites de l’abbé Salinis, battu de peu en Gironde, et de l’abbé de Genoude, qui échoue à quatre reprises dans l’Hérault et le Nord à l’occasion d’élections partielles entre juin et septembre 1848. En outre, rejouant sur le mode mennaisien le clivage entre haut et bas clergé, un certain nombre de succursalistes mettent en avant leur proximité avec le peuple : Valibouze, curé de Soumont dans l’Hérault, candidat « au nom des travailleurs de tous les états », Dehaene dans le Nord, « prêtre enfant du peuple », Ducreux en Gironde, membre de la « grande famille des travailleurs », Ledreuille dans la Seine... L’année 1848 révèle au sein du clergé de France des positionnements politiques variés qui ne paraissent pas entrer en contradiction avec le souci des intérêts pastoraux partagés par l’ensemble du corps ecclésiastique. La révolution de février est toutefois l’occasion pour le clergé dit inférieur, soumis par le concordat au bon-vouloir de l’autorité épiscopale, et qui s’estime bafoué dans sa dignité spirituelle et matérielle de pasteur, d’émettre ses propres revendications, dans la lignée des thèses émises dix ans auparavant par les frères Allignol13 – le plus jeune des deux est d’ailleurs candidat républicain en Ardèche en avril 1848. L’abbé Marouseau, curé de Mortroux (Creuse) et président d’un comité républicain dans le canton de Bonnat, réclame dans sa profession de foi datée du 21 mars 1848 la liberté des cultes, l’abolition du casuel – source d’inégalité financière entre curés, l’élection des évêques par les prêtres du diocèse, le rétablissement des synodes et des conciles. L’abbé Stoecklé, élu du Haut-Rhin, est réputé pour ses opinions avancées, que ce soit la suppression du budget des cultes ou l’instruction primaire obligatoire. Certains vont jusqu’à prêcher dans les clubs (Desclais à Caen). L’abbé Lux, curé de Dambach-la-Ville, candidat en 1848 et 1849, est un authentique socialiste chrétien, dont les convictions lui valent deux déplacements et une interdiction de prêcher. Mais c’est surtout avec Lacordaire et dans le journal L’Ère nouvelle qu’il dirige avec Frédéric Ozanam et l’abbé Maret que s’esquisse une première démocratie chrétienne14, ou au moins celle d’une tonalité religieuse constitutive de l’esprit « quarante-huitard15 ». Les options et les configurations locales mettent donc en relief dans ces élections de 1848 une variété de situations : le clergé n’est pas d’un bloc, même s’il est solidaire par la forte intériorisation du sentiment d’appartenance à un corps et par la volonté de défense d’une société chrétienne.
6Il s’agit toutefois de candidatures d’opportunité, inédites et qui ne se renouvelleront pas : les ecclésiastiques tentés par une véritable carrière parlementaire sont des exceptions, comme Mgr Fayet qui avait déjà été candidat sous la Restauration, de Lespinay qui tentera sa chance en 1852, ou l’abbé de Genoude, entré dans les ordres en 1835 après la mort de sa femme, élu en Haute-Garonne en 1846, qui se présente en vain en juin et en septembre 1848 dans le Nord et l’Hérault à l’occasion d’élections partielles16. Les élections au suffrage universel permettent aussi de se compter. Des pasteurs ou des ministres protestants obtiennent des voix dans la Seine (où Athanase Coquerel est élu avec 109 934 voix), le Gard (Coquerel, 16 389 voix), les Deux-Sèvres (Pierre Poupot, 10 431 voix), le Haut-Rhin (Karl Heintz, 9 163 voix), le Bas-Rhin (Édouard Verny, 6 059 voix), la Drôme (Alexis Muston, 4 626 voix), la Lozère (Coquerel, 3 595 voix), l’Yonne (Léon Pilatte, 3 427 voix), la Charente-Inférieure (Paul Dyvorne).
Une manifestation du cléricalisme politique ?
7La question d’une trop grande influence religieuse sur un corps électoral inexpérimenté, politiquement inculte, domine très tôt les débats. Si la question du droit de vote des prêtres et des religieux ne se pose pas, contrairement à celle des militaires, toute une série de lois électorales atteste de la volonté de desserrer une possible influence cléricale, en particulier dans les campagnes. Ainsi, le 5 mars 1848, est pris le décret fixant le vote au chef-lieu de canton pour échapper aux influences de clocher (reprise dans l’article 30 de la Constitution de 1848) : le vote à la commune, « près du confessionnal » ironise le journal Le Progrès17, restera une des principales revendications électorales des catholiques. La distinction d’un espace politique qui n’est pas celui de la commune donc de la paroisse est toutefois difficile à entretenir dans les faits. Ainsi, à la demande des autorités ecclésiastiques, le gouvernement publie le 24 mars 1848 une circulaire qui interdit la tenue des assemblées populaires dans les églises : certains clubs parisiens en quête de locaux avaient émis cette suggestion. Or, par la suite, c’est l’opposition anticléricale qui accusera les prêtres de transformer les églises en estrades politiques !
8Des plaintes ont été déposées à l’occasion des opérations électorales du 23 mars 1848, qui détaillent les pressions cléricales : distribution de bulletins de vote, promesse de rétribution, interventions en chaire, refus d’absolution, pressions de toutes sortes...18, particulièrement dans les terres de chrétienté cléricales que sont les départements bretons (Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan), certains départements du Nord-Est (Vosges, Bas-Rhin) et du Sud-Ouest (Corrèze, Aveyron, Tarn, Lozère, Ardèche, Gers, Aude). Autant de plaintes qui pourraient être un symptôme de réveil de l’anticléricalisme. L’élection de Mgr Fayet en Lozère amène la réunion d’une enquête parlementaire dont il sort blanchi. En Loire-Inférieure, l’élection de l’abbé Fournier, légitimiste notoire, est suivie d’une manifestation ouvrière et de protestations officielles où est dénoncé le « sombre démon du confessionnal19 ». Les élections de mai 1849 font renaître encore plus clairement le spectre du cléricalisme politique20 : l’épiscopat soutient ostensiblement le Parti de l’ordre, le clergé assiste aux réunions politiques. En effet, la montée des tensions politiques depuis juin 1848 remet en selle un catholicisme au service de la conservation sociale : le comte de Montalembert est le principal artisan, comme un des leaders parlementaires du Parti de l’ordre, de cette alliance publique entre les anciens notables de Juillet et le clergé. Le réseau, mondain mais essentiellement clérical, qu’il avait mis en place au service du « parti catholique » sous la monarchie de Juillet passe au service du Parti de l’ordre pour le soutien aux « bons candidats ». Son action parlementaire, au nom des intérêts de la religion, fait de lui, du moins dans l’opinion, le porte-parole des intérêts du clergé.
Le profil des élus
9Le jour du vote, dimanche de Pâques 23 avril 1848, les circulaires épiscopales encouragent les fidèles à aller voter, quitte à ce que ne soit célébrée qu’une messe basse le matin et que les vêpres soient retardées. Dans l’église paroissiale sont entonnées les prières comme le Veni creator, prononcé le sermon – qui ne manque pas d’insister sur l’importance de l’acte à accomplir –, puis chanté le Domine salvam fac Rempublicam. Tocqueville a laissé une description fameuse des villageois partis en cortège, après la messe, pour aller voter au chef-lieu de canton. La question fait l’objet d’une mise au point de l’administration du Morbihan qui précise que le cortège des électeurs n’est en aucun cas une procession de paroissiens menée par le curé ! Nul autre moment ne montrera mieux « le sacrement de l’unité sociale21 » que constitue l’acte de voter, qui n’est pas l’expression d’une opinion individuelle mais plutôt l’affirmation rituelle d’une communauté (avec les drapeaux, les chants religieux, l’ordonnancement dans le cortège). D’autant que le scrutin a lieu le dimanche, pratique officialisée dans la loi électorale du 15 mars 1849 (article 24) qui arrête le jour de l’ouverture du scrutin « un dimanche ou un jour férié ».
10Ce dimanche de Pâques, 16 ecclésiastiques sont élus22 – mais Lacordaire démissionne dès le 18 mai 1848 et Mgr Fayet décède en cours de mandat, le 4 avril 1849. Trois évêques, connus pour leur position sociale et leurs prises de position publique, deviennent parlementaires : Graveran est élu dans son diocèse de Quimper (4e rang), Fayet, évêque d’Orléans, est élu facilement par son département natal de la Lozère (1er rang), Parisis, évêque de Langres, est élu par le Morbihan (8e rang). Parmi les vicaires généraux candidats, seuls Abbal dans l’Aveyron, de Cazalès dans le Tarn-et-Garonne et de Lespinay en Vendée sont élus facilement. Le Morbihan élit 3 ecclésiastiques sur 12 députés. Les ecclésiastiques élus ont souvent bénéficié d’une notoriété acquise par leur activité de publiciste, d’écrivain et de prédicateur : Fayet a collaboré au Conservateur, Fournier à l’Union de Nantes, Sibour a dirigé des Annales religieuses, philosophiques et littéraires à Aix, Coquerel a animé divers journaux protestants. Coquerel, élu pour le département de la Seine, est connu nationalement, tout comme Parisis, élu d’un département où il n’a pas mis les pieds23. Dès les lendemains de la Révolution, le dominicain Lacordaire avait fondé L’Ère nouvelle : il est élu dans les Bouches-du-Rhône, obtient des voix dans 6 autres départements sans s’être porté candidat. Les autres prêtres élus sont supérieur de petit séminaire (Moutou), professeur de petit séminaire (Leblanc) ou en faculté de théologie (Sibour). On compte aussi un chanoine titulaire (Fréchon), 3 curés (Danielo, Fournier, Stoecklé) et un seul desservant (Desclais).
11Le cas de Lamennais est particulier. Il n’exerce plus le saint ministère depuis la condamnation de ses idées par Rome (1832 et surtout 1834). Son passé de « premier prêtre de France » lui confère toutefois un statut singulier que personne n’ignore à l’époque. S’il conserve ses allures de prêtre selon le témoignage de tous les contemporains, il doit surtout son élection (en 1848 et en 1849) à son nouveau ministère au service du peuple, incarné par le succès des Paroles d’un croyant de 1834 et du Livre du peuple de 1837, qu’il poursuit en 1848 avec son journal Le Peuple constituant. Lamennais représente parfaitement la religiosité diffuse et hétérodoxe qui baigne la IIe République. Il ne salue pas ses anciens disciples, Montalembert et Lacordaire, qu’il croise à l’Assemblée. Il se distingue par un anticléricalisme radical et, à la veille des élections de mai 1849, il écrit : « Peuple [...], si tu te confies au prêtre, le prêtre fera tous ses efforts pour te maintenir dans le bourbier de l’ignorance24. »
12Et pourtant, la figure du « bon prêtre », proche de ses paroissiens, engagé dans des œuvres sociales en faveur des pauvres ou des enfants, existe sous des formes légitimistes (Fournier) ou franchement républicaines (Desclais, Stoecklé). Il s’agit dans tous les cas de prêtres actifs dans le domaine social, éducatif ou intellectuel : curé bâtisseur, prêtre érudit, militant... dont les qualités sont portées à l’échelle du département ou de l’arrondissement par la presse, les milieux savants25 et la rumeur publique. Le chanoine Fréchon, élu du Pas-de-Calais, est le prototype du « bon prêtre ». Fils d’un ouvrier chapelier, ordonné en 1827, il s’est dévoué aux paroissiens de Frévent lors de l’épidémie de choléra en 1832 puis au sein de la conférence de la Société Saint-Vincent-de-Paul. Professeur d’Écriture sainte puis de théologie morale au grand séminaire, chanoine titulaire (1841), c’est un orateur cultivé, dont les nombreux prêches relatés par les journaux assoient la popularité dans le diocèse. S’il est par tradition familiale et en raison de sa formation intellectuelle plutôt de sensibilité légitimiste, sa profession de foi atteste de son ralliement à une république libérale. Candidat sur la liste du comité libéral d’Arras, il est activement soutenu par le clergé et est élu le 23 avril 1848 avec 74 655 voix (15e rang), soit 46 % des suffrages, malgré la concurrence de la candidature de l’abbé Delannoy qui a obtenu 2 852 voix. Son succès, qui montre la popularité et l’influence du clergé dans les campagnes et dans certaines villes (Arras, Boulogne), se confirme largement lors des élections du 13 mai 1849 puisqu’il est réélu avec 87 675 voix (4e rang) soit 67 % des votants26. Connu pour ses préoccupations sociales, Joseph Stoecklé a occupé, depuis son ordination en 1822, divers postes curiaux dans le diocèse de Strasbourg, dont la direction du petit séminaire de Lachapelle-sous-Rougemont. Il figure dès le 15 mars 1848 sur la liste établie par le comité électoral du Haut-Rhin, puis le 19 sur celles de la société populaire de Colmar et du comité radical du Courrier d’Alsace. Il est facilement élu, le troisième dans l’ordre des suffrages, avec 71 591 voix. Son positionnement politique, clairement à gauche, lui a aliéné bien des sympathies parmi les siens, si bien qu’en mai 1849, malgré son désir initial de conserver au clergé « son droit d’avoir un représentant ecclésiastique », il décide de ne pas se représenter – il obtiendra tout de même 4 088 voix27.
13Certains élus constituent des modèles d’ascension sociale, comme Abbal, fils de laboureur, d’abord curé d’une petite paroisse, puis vicaire général. Un cas particulier est celui des ecclésiastiques tardivement ordonnés, qui ont connu la vie laïque et qui, parce qu’ils sont issus de la bourgeoisie ou de la noblesse, ont accédé rapidement aux responsabilités, comme l’abbé de Cazalès, fils d’un constituant et contre-révolutionnaire, qui a d’abord été magistrat, avant de collaborer à des revues catholiques et d’enseigner à Louvain, ou l’abbé de Lespinay. Ceux qui ont combattu la monarchie de Juillet au nom des intérêts catholiques, plus ou moins dans le sillage mennaisien, dans les rangs du « parti catholique » notamment, sont surreprésentés : en plus du maître, Lacordaire, de Cazalès, Parisis, Sibour... Des 7 pasteurs ou ministres protestants candidats, seul Coquerel est élu pour le département de la Seine, mais il a aussi obtenu des voix dans le Gard et en Lozère.
14Le spectre politique est large, mais se resserre progressivement : d’abord, Stoecklé et Sibour à la gauche modérée, Coquerel au centre, Desclais et Fréchon avec les républicains de centre droit, même si la tonalité dominante, surtout celle des élus de l’Ouest et du Sud-Ouest, est tout de même légitimiste : Leblanc, Lespinay, Abbal, Danielo, Fournier, Moutou... D’ailleurs, à part Leblanc, les ecclésiastiques voteront en faveur de l’interdiction du territoire aux membres de la famille d’Orléans, les trois évêques nommés par Louis-Philippe ayant eu la décence de s’abstenir. À partir de juin 1848, s’observe un net glissement général vers la droite, auquel seul résiste le protestant Coquerel. Cette évolution est un indice supplémentaire du désenchantement, voire du désengagement des députés ecclésiastiques, comme le montre la démission précoce de Lacordaire : si 16 ecclésiastiques ont siégé à la Constituante, seuls 7 siègent à la Législative ; en 1849, seuls 5 sortants (sur 14) se représentent et sont réélus (de Cazalès, Fréchon, de Lespinay, Parisis, Coquerel), rejoints par deux nouveaux (Combes pour l’Aveyron et Le Crom pour le Morbihan). Le nombre de candidatures ecclésiastiques en mai 1849 semble en outre avoir été particulièrement plus faible qu’un an auparavant.
Quelle activité parlementaire ?
15Répondant à leurs centres d’intérêt et de compétence profonds, les députés ecclésiastiques ont choisi de s’inscrire au sein du comité des Cultes et du comité de l’Instruction publique. Il n’y a que le pasteur Coquerel qui fait preuve d’une activité parlementaire protéiforme : il prend souvent la parole en tant que rapporteur, appartient au membre du comité du travail et à sept commissions spéciales (dont l’organisation de l’assistance publique), rédige de nombreux rapports. Alors qu’ils ont parfois un engagement social, les députés ecclésiastiques interviennent peu sur ces questions : Sibour s’oppose au travail le dimanche et le droit au travail, porté par la gauche, n’est soutenu que par Lamennais. Quant à l’abolition de la peine de mort, soulevée en septembre 1848 puis en décembre 1849 par le pasteur Coquerel qui s’appuie sur l’Évangile, elle trouve peu de soutiens, outre Coquerel, Sibour et Lespinay.
16L’Assemblée constituante envisage de mettre à plat les relations entre l’État et l’Église. C’est à cette fin qu’un comité des Cultes28 est mis en place, pour ouvrir « la période de l’accord, de l’alliance, de la fraternité entre les cultes et l’État ». Composé de 42 membres, il est placé sous la présidence de Mgr Parisis, et 5 autres membres du clergé y figurent (Mgr Graveran, Mgr Fayet, les abbés Fréchon, Moutou, Fournier). M. Mispoulet y représente le protestantisme. Comité très pluriel (on y trouve l’anticlérical Isambert), il envisage une application plus libérale du concordat avec la révision des Articles organiques. Le traitement des hauts dignitaires de l’Église serait revu à la baisse, tandis que serait améliorée la condition du bas-clergé (la fameuse question de l’inamovibilité, notamment). Les travaux de ce comité ne débouchent sur rien dans l’ordre pratique, du fait de l’évolution de la situation politique, mais son existence témoigne de l’intérêt pour les questions ecclésiastiques et, surtout, de la recherche d’une pacification des rapports après les heurts de la monarchie de Juillet ; tout ceci dans le respect, puisqu’il est entendu que les réformes éventuelles se feraient en concertation avec le Saint-Siège.
17Les députés ecclésiastiques expriment peu de convictions constitutionnelles. Seuls le pasteur Coquerel et l’ex-abbé Lamennais ont été désignés pour faire partie du comité de la Constitution, dont les 18 membres se réunissent à partir du 22 mai. Un point agite les débats en septembre 1848 : à propos de la rédaction du préambule, Fayet propose d’introduire le texte par la mention « Au nom de Dieu et du peuple français... ». Coquerel estime que l’expression, utilisée aussi par Lamennais dans son projet29, est trop ecclésiastique et suggère de la remplacer par « en présence de Dieu », considérée comme plus laïque. La même expression sera reprise dans le serment que doit prononcer le président élu (article 48 de la Constitution) après que Fayet ait défendu, victorieusement cette fois, l’idée d’un serment religieux. La question de la liberté de culte stipulée dans l’article 7 ne semble pas avoir posé problème, même si le maintien du traitement du clergé dans le même article souleva un peu plus de débats30. Les députés ecclésiastiques se montrent plutôt favorables au bicaméralisme, hostiles à la désignation d’un chef du gouvernement, pour l’élection du président au suffrage universel direct, et contre la ratification de la Constitution par un référendum. Tous, sauf Lamennais qui s’abstient par dépit, votent en faveur du texte. À part Coquerel et Lamennais, les députés ecclésiastiques acceptent la loi électorale du 31 mai 1850 qui restreint le suffrage universel.
18C’est la question de la liberté de l’enseignement, dont le principe est proclamé dans l’article 9 de la Constitution, qui est finalement la grande question religieuse parlementaire. Dès septembre 1848, Parisis et Fayet prétendent que l’enseignement, puisque relevant du droit naturel, doit être affranchi de toute surveillance étatique. Abbal et Danielo interviennent à propos de l’enseignement agricole. Mais ce sont les débats sur la loi Falloux qui cristallisent les tensions31, tant sur la question de la liberté secondaire que dans son volet relatif à l’enseignement primaire en tout contraire au projet Carnot de 1848. Pour l’élaboration du projet de loi, le ministre Falloux décide du principe d’une commission extraparlementaire : dans celle dédiée à l’enseignement secondaire ne figure qu’un ecclésiastique, non parlementaire, l’abbé Dupanloup, qui sera la cheville ouvrière de la « transaction » avec les membres du Parti de l’ordre encore rétifs au principe de l’enseignement libre. La discussion à l’Assemblée donne lieu à un vaste débat, et c’est Mgr Parisis qui incarne la position du clergé. La loi divise profondément les catholiques, car la liberté concédée par l’État n’est pas pleine et entière. À ce titre, Mgr Parisis, dans un discours habile, ne défend pas la loi, mais refuse également de la combattre en vertu de sa nécessité sociale. Son rôle est capital dans l’acceptation de cette loi, votée le 15 mars 1850, par les catholiques qui lui étaient les plus hostiles. L’activité parlementaire est doublée d’échanges discrets avec l’épiscopat : c’est ainsi que Fréchon sollicite l’avis de son évêque sur les changements amenés par les commissions. Tous les ecclésiastiques députés se réunissent sous la présidence de Parisis32. Coquerel s’élève contre la loi Falloux, une « loi trop religieuse », en craignant la disparition de l’enseignement primaire et secondaire public. Finalement, Cazalès, Coquerel et Lamennais s’opposeront à la loi.
19L’autre question qui domine les débats des assemblées de la IIe République est la question romaine. Dès novembre 1848, le principe de secourir le pape chassé de ses États est accepté par la majorité, seul Lamennais vote contre. Le pasteur Coquerel se montre favorable à la restauration de la souveraineté du pape contre la République romaine en février 1849. Le 11 juin 1849, l’envoi de troupes françaises à Rome est voté, Lamennais là aussi se prononce contre.
20Alors qu’ils ont consciencieusement pris part aux votes, les députés ecclésiastiques prennent très peu la parole à la tribune, à part le pasteur Coquerel et Mgr Fayet. Le chanoine Le Crom est même pris d’une extinction de voix lorsqu’il prend la parole pour l’unique fois de son mandat le 22 mars 1851. Lamennais lui-même n’intervint jamais en séance publique. Une telle absence interroge, à moins de conclure à la discordance absolue entre l’éloquence sacrée et l’éloquence parlementaire. Tocqueville se montre assez cruel sur leur inaptitude dans ce domaine : « Quelques-uns d’entre eux tâchèrent de paraître à la tribune mais ils ne purent jamais apprendre la langue de la politique, ils l’avaient oubliée depuis trop longtemps ; tous leurs discours tournaient insensiblement en homélie. »
21La Législative sera dissoute après le coup d’État du 2 décembre 1851, perpétré par le prince-président qui avait prêté serment « en présence de Dieu ». À part de Lespinay qui tente sa chance aux élections de 1852, tous les ecclésiastiques abandonnent la vie politique pour retourner à leur bréviaire. Deux ex-députés seront promus à l’épiscopat : Sibour, nommé évêque auxiliaire de son cousin archevêque de Paris en 1855, et Fournier, nommé sur le siège de Nantes en 1870.
*
22Au printemps 1848, le clergé, sous la férule des autorités concordataires, ne se conçoit que comme membre d’un corps, alors même qu’il est déjà traversé par des lignes de fractures, politiques et ecclésiologiques. Or, comme le montre la cartographie électorale, c’est le tempérament du territoire qui détermine la couleur de l’élu clérical : quoi qu’ils s’en défendent, les ecclésiastiques ont une latitude politique réduite. Leur ministère leur impose de ménager leurs fidèles ; surtout, ils dépendent de leur autorité hiérarchique. Soumis à un évêque qui entend se réserver le rôle d’interlocuteur exclusif auprès des autorités locales et nationales, et qui conserve une entière liberté de nomination aux postes curiaux, les ecclésiastiques qui entrent dans l’arène politique sollicitent du suffrage populaire une grâce toute profane et toute relative. Ce qui explique sans doute, outre leur inexpérience en matière politique, leur bilan d’activité mitigé. L’appartenance à un corps, qu’ils revendiquaient, faisait d’eux des citoyens à part en politique dans l’expérience de la IIe République.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Agulhon Maurice, La Seconde République : 1848 ou l’apprentissage de la République (1848-1852), Paris, Éditions du Seuil, 1992.
Bowman Frank Paul, Le Christ romantique, Genève, Droz, 1973.
Bowman Frank Paul, Le Christ des barricades, 1789-1848, Paris, Éditions du Cerf, 1987.
Bressolette Claude, L’Abbé Maret, le combat d’un théologien pour une démocratie chrétienne, 1830-1851, Paris, Beauchesne, 1977.
Chaline Jean-Pierre, Sociabilité et érudition : les sociétés savantes en France, xixe-xxe siècles, Paris, Éditions du CTHS, 1998.
Christophe Paul, L’Église de France dans la Révolution de 1848, Paris, Éditions du Cerf, 1998.
Clément Jean-Paul, « La Constitution de La Mennais (1848) », Revue française de droit constitutionnel, nº 55, 2003/3, p. 473-482.
10.3917/rfdc.055.0473 :Déloye Yves, Les Voix de Dieu : pour une autre histoire du suffrage électoral : le clergé catholique français et le vote xixe-xxe siècle, Paris, Fayard, 2006.
Garrigou Alain, Histoire sociale du suffrage universel en France, 1848-2000, Paris, Éditions du Seuil, 2002.
Hilaire Yves-Marie, Une chrétienté au xixe siècle ? La vie religieuse des populations du diocèse d’Arras (1840-1914), Villeneuve-d’Ascq, Publications de l’Université de Lille III, 1977.
Igersheim François, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1983.
Ignazio Veca, « Il mito di Pio IX. Realtà e rappresentazioni di un papa liberale e nazionale in Italia e in Francia (1846-1849) », thèse [dactylog.], Daniele Menozzi (Scuola normale di Pisa) & Gilles Pécout (École pratique des hautes études) (dir.), 2015.
Lalouette Jacqueline, « La politique religieuse de la Seconde République », Revue d’histoire du xixe siècle, nº 28, 2004, p. 79-94.
10.4000/rh19.619 :Lalouette Jacqueline, La Séparation des Églises et de l’État : genèse et développement d’une idée, Paris, Éditions du Seuil, 2005.
Leflon Jean, L’Église de France et la Révolution de 1848, Paris, Bloud & Gay, 1948.
Mayaud Jean-Luc, Les Secondes Républiques du Doubs, Besançon, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1986.
Mayeur Jean-Marie, Des partis catholiques à la démocratie chrétienne, xixe-xxe siècles, Paris, Armand Colin, 1980.
Milbach Sylvain, Les Chaires ennemies : l’Église, l’État et la liberté d’enseignement dans la France des notables (1830-1850), Paris, Honoré Champion, 2015.
Morel Christine, « Un journal démocrate-chrétien en 1848-1849 : L’Ère nouvelle », Revue d’histoire de l’Église de France, vol. 63, nº 170, 1977, p. 25-55.
10.3406/rhef.1977.1591 :Pascal Jean, Les Ecclésiastiques parlementaires français, 1848-1977, Jean Foyer (préf.), Pontoise, Edijac, 1988.
Rosanvallon Pierre, Le Sacre du citoyen, Paris, Gallimard, 1992.
Triomphe Pierre, « La contribution paradoxale du légitimisme à l’enracinement de la République dans le Midi de la France de 1830 à 1870 », dans Luis P. Martin, Jean-Paul Pellegrinetti & Jérémy Guedj (dir.), La République en Méditerranée : diffusions, espaces et cultures républicaines en France, Italie et Espagne (xviiie-xixe siècles), Paris, L’Harmattan, « Cliopolis », 2012, p. 243-264.
Notes de bas de page
1 Maurice Agulhon, La Seconde République : 1848 ou l’apprentissage de la République (1848-1852), Paris, Éditions du Seuil, 1992 ; Alain Garrigou, Histoire sociale du suffrage universel en France, 1848-2000, Paris, Éditions du Seuil, 2002.
2 Ignazio Veca, « Il mito di Pio IX. Realtà e rappresentazioni di un papa liberale e nazionale in Italia e in Francia (1846-1849) », thèse [dactylog.], Daniele Menozzi (Scuola normale di Pisa) & Gilles Pécout (École pratique des hautes études) (dir.), 2015.
3 Sylvain Milbach, Les Chaires ennemies : l’Église, l’État et la liberté d’enseignement dans la France des notables (1830-1850), Paris, Honoré Champion, 2015.
4 Jean Leflon, L’Église de France et la Révolution de 1848, Paris, Bloud & Gay, 1948. Voir aussi : Paul Christophe, L’Église de France dans la Révolution de 1848, Paris, Éditions du Cerf, 1998.
5 Frank Paul Bowman, Le Christ romantique, Genève, Droz, 1973, et Le Christ des barricades, 1789-1848, Paris, Éditions du Cerf, 1987.
6 L’Ami de la religion, 1848, nº 136, p. 497.
7 Instructions, mandements, lettres et discours de Mgr l’archevêque de Bordeaux [...] de 1837 à 1850, Bordeaux, imprimerie Faye, 1850, p. 411.
8 Voir son article « des candidatures du clergé » paru dans L’Ère nouvelle du 22 avril 1848.
9 L’Union franc-comtoise, 12 avril et 3 mai 1848.
10 Jean-Luc Mayaud, Les Secondes Républiques du Doubs, Besançon, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1986.
11 François Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1983, p. 107-115.
12 Voir la carte 1 en annexe.
13 De l’État actuel du clergé en France, et en particulier des curés ruraux appelés desservans, Paris, Debécourt, 1839.
14 Jean-Marie Mayeur, Des partis catholiques à la démocratie chrétienne, xixe-xxe siècles, Paris, Armand Colin, 1980.
15 Christine Morel, « Un journal démocrate-chrétien en 1848-1849 : L’Ère nouvelle », Revue d’histoire de l’Église de France, vol. 63, nº 170, 1977, p. 25-55 ; Claude Bressolette, L’Abbé Maret, le combat d’un théologien pour une démocratie chrétienne, 1830-1851, Paris, Beauchesne, 1977.
16 Pierre Triomphe, « La contribution paradoxale du légitimisme à l’enracinement de la République dans le Midi de la France de 1830 à 1870 », dans Luis P. Martin, Jean-Paul Pellegrinetti & Jérémy Guedj (dir.), La République en Méditerranée : diffusions, espaces et cultures républicaines en France, Italie et Espagne (xviiie-xixe siècles), Paris, L’Harmattan, « Cliopolis », 2012, p. 243-264.
17 Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au xixe siècle ? La vie religieuse des populations du diocèse d’Arras (1840-1914), Villeneuve-d’Ascq, Publications de l’Université de Lille III, 1977, p. 222.
18 Yves Déloye, Les Voix de Dieu : pour une autre histoire du suffrage électoral : le clergé catholique français et le vote xixe-xxe siècle, Paris, Fayard, 2006, p. 80-82, p. 298.
19 Cité dans Jean Pascal, Les Ecclésiastiques parlementaires français, 1848-1977, Jean Foyer (préf.), Pontoise, Edijac, 1988, p. 45.
20 Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au xixe siècle ?, op. cit., p. 222.
21 Pierre Rosanvallon, Le Sacre du citoyen, Paris, Gallimard, 1992, p. 284 ; Yves Déloye, Les Voix de Dieu, op. cit., p. 74-79.
22 Biographie des 900 représentants à la Constituante et des 750 représentants à la Législative, session de 1849, Paris, Victor Lecou, 1849.
23 Charles Guillemant, Pierre-Louis Parisis, 3 vol., Paris, Brunet, 1916-1924.
24 Félicité de Lamennais, Correspondance générale, 8. 1841-1854, Louis Le Guillou (éd.), Paris, Armand Colin, 1981, p. 627.
25 Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition : les sociétés savantes en France, xixe-xxe siècles, Paris, Éditions du CTHS, 1998.
26 Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au xixe siècle ?, op. cit., p. 215-216.
27 Archives départementales du Haut-Rhin, 3M21.
28 Jacqueline Lalouette, « La politique religieuse de la Seconde République », Revue d’histoire du xixe siècle, nº 28, 2004, p. 79-94.
29 Jean-Paul Clément, « La Constitution de La Mennais (1848) », Revue française de droit constitutionnel, nº 55, 2003/3, p. 473-482.
30 Jacqueline Lalouette, La Séparation des Églises et de l’État : genèse et développement d’une idée, Paris, Éditions du Seuil, 2005, p. 214-218.
31 Henri Michel, La Loi Falloux, 4 janvier 1849-15 mars 1850, Paris, Hachette, 1906.
32 Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au xixe siècle ?, op. cit., p. 224.
Auteurs
Sylvain Milbach est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Savoie Mont-Blanc. Il a publié notamment Les Chaires ennemies : l’Église, l’État et la liberté d’enseignement dans la France des notables, 1830-1850 (Honoré Champion, 2015) et, avec Richard A. Lebrun, Lamennais. A Believer's Revolutionary Politics (Brill, 2018).
Vincent Petit est professeur agrégé et docteur en histoire contemporaine (Sorbonne Université / Université de Fribourg). Spécialiste d’histoire religieuse et politique du XIXe siècle, il a publié Église et nation : la question liturgique en France au XIXe siècle (Presses universitaires de Rennes, 2010), God save la France. La religion et la nation (Éditions du Cerf, 2015) et, plus récemment, Napoléon saint : l’Empereur au Paradis (Cêtre, 2021).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
L’islam e(s)t ma culture
Leçons d’histoire littéraire pour les jours de tourmente
Tristan Vigliano
2017
De sectes en hérésies
Étapes d’une réflexion sur la dissidence religieuse à travers les âges
Jean-Pierre Chantin
2018
Produire et vendre des livres religieux
Europe occidentale, fin XVe-fin XVIIe siècle
Philippe Martin (dir.)
2022
Laïcité scolaire
La loi de 2004 vingt ans après
Anne-Claire Husser, Philippe Martin et Yves Verneuil (dir.)
2024