Présentation
p. 137-138
Texte intégral
1L’une des ambitions de cet ouvrage est d’aborder la mise en scène baroque comme une réalité de la scène professionnelle contemporaine en prenant en compte non seulement son rapport au champ du savoir, mais aussi sa mise en œuvre concrète. En effet, si elle relève d’un courant artistique et d’une démarche intellectuelle, elle nécessite pour exister des conditions matérielles importantes, en particulier des financements, des lieux pour accueillir les spectacles et des relais institutionnels pour accompagner son développement. Afin de mener à bien notre étude, il nous fallait donc saisir le contexte économique et institutionnel de la mise en scène baroque, et la manière dont elle s’y insère. C’est pourquoi nous consacrons une partie de ce volume aux questions de production et de diffusion des spectacles baroques, ainsi qu’à la manière dont les institutions publiques du spectacle vivant les accueillent.
2Le parcours de Christophe Mangé est significatif des circulations qui existent entre musique, danse et mise en scène baroques : il revient, au cours de son entretien, sur ses années de production auprès de l’ensemble musical des Arts florissants, puis sur son travail de mise à disposition des archives de la compagnie Ris et Danceries, pour terminer sur la direction du festival nantais du Printemps des arts, où il a succédé au metteur en scène Philippe Lenaël. Son témoignage permet de mesurer les résistances que rencontrent les organisateurs de spectacles baroques pour les faire représenter, entre les logiques contradictoires qui pèsent sur les lieux patrimoniaux et la concurrence des formes artistiques modernes institutionnellement mieux ancrées.
3L’article de Daniel Urrutiaguer prend également pour point de départ les affinités artistiques qui lient musique et mise en scène baroques, mais pour s’interroger sur leur inégale valorisation dans le paysage culturel français. À travers l’étude de plusieurs compagnies, son enquête propose une analyse économique de la situation actuelle de la scène baroque, en prenant en compte l’évolution du secteur culturel (en particulier la crise de diffusion qui le frappe depuis 2007), l’engagement variable de l’État, les voies et le rôle de la reconnaissance médiatique ou encore l’inégale insertion des démarches artistiques liées au baroque dans les circuits de la diffusion et de l’enseignement artistique.
4Le témoignage de Jean-Paul Combet, dont l’expérience de directeur de label, de producteur et de directeur de structure permet d’embrasser dans un même regard musique et mise en scène baroques, aborde ces questions de l’intérieur. Il revient ainsi sur l’aventure fondatrice et significative de la production du Bourgeois gentilhomme en 2004 et il analyse le contraste entre sa reconnaissance artistique et ses retombées décevantes s’agissant de la consolidation financière et institutionnelle du courant baroque, dont la marginalité continue d’être un élément fragilisant, a fortiori dans un contexte de diminution générale des moyens de la culture.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Scènes baroques d’aujourd’hui
La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain
Céline Candiard et Julia Gros de Gasquet (dir.)
2019
« L’Arabe » colonisé dans le théâtre français
De la conquête de l’Algérie aux grandes expositions coloniales (1830-1931)
Amélie Gregório
2020