Les liages textuels au défi d’une approche descendante
p. 269-286
Texte intégral
1Le nom de Jean-Michel Adam s’impose de façon évidente dans toute approche qui se réclame, plus ou moins directement, du champ de la linguistique textuelle. Cela n’empêche pourtant pas un effet fréquent de réduction de sa contribution et de sa pensée : c’est ce qui se passe lorsqu’on ne se réfère à lui qu’à propos de séquences prototypiques et / ou de types textuels. Pour significatives que soient ces notions, auxquelles l’auteur a bien consacré un long travail de systématisation, récemment révisé (Adam, 2011 a ; 2011 b), il conviendra de ne pas sous-estimer d’autres aspects dont l’impact, en termes de linguistique textuelle, ne devrait pas être moindre. L’auteur lui-même a toujours insisté sur le fait que la séquentialité n’était qu’une des voies possibles pour approcher la complexité de l’organisation textuelle. La vision globale n’a pas toujours été formulée de la même manière – ce qui atteste la vivacité et l’honnêteté d’une pensée qui se développe en revenant sur elle-même. L’état de la question – tel qu’il est présenté dans les derniers travaux de l’auteur – assume une vue d’ensemble élargie en termes de « liages de haut niveau » (Adam, 2011 b, p. 204) engagés dans l’organisation textuelle : structuration séquentielle et non séquentielle, la première comprenant le plan de texte (conventionnel ou occasionnel) et des séquences (éventuelles), la seconde se dédoublant en structuration réticulaire et configurationnelle (voir ibid.).
2Avec cette contribution, nous nous proposons de reprendre ces liages de haut niveau. Il s’agira d’abord de souligner l’intérêt de cette proposition – qui essaie de rendre compte de la complexité caractéristique de l’organisation textuelle. Par la suite, nous nous attèlerons à la question de savoir dans quelle mesure les genres (et les activités dans lesquelles ils se mettent en place) jouent un rôle par rapport à différents choix d’organisation textuelle. En adoptant une démarche méthodologique descendante (Volochinov, 1977), telle qu’elle est assumée dans le cadre de l’interactionnisme socio-discursif (Bronckart, 1997), et en recourant à l’analyse de textes de différents genres, nous essaierons de mettre en évidence le fait que le genre régule l’interaction entre activité(s), support(s) et langue(s) – et détermine donc l’agencement textuel dans son ensemble. En conclusion, nous soumettrons à discussion une réorganisation des liages textuels qui rende plus visible leur sensibilité aux déterminations génériques.
UN EFFORT DE CONTEXTUALISATION
3Telle qu’il la nomme lui-même, l’approche d’Adam correspond à une analyse textuelle des discours, qu’il explique et définit, à la suite d’Eugenio Coseriu, comme une « théorie de la production co(n)textuelle de sens, qu’il est nécessaire de fonder sur l’analyse de textes concrets » (Adam, 2011 b, p. 13). Ce point de vue est clairement associé à la révision de certains positionnements précédents de l’auteur, qu’il souligne lui-même en affirmant que « l’évolution théorique et méthodologique la plus importante est venue du renoncement à la décontextualisation et à la dissociation entre texte et discours que préconisait encore mon essai de 1990 » (ibid.). L’évolution dont il est ici question risque de devenir moins évidente lorsqu’on est confronté au partage (de tâches) disciplinaire(s) entre linguistique du texte et analyse des discours que l’auteur accepte toujours, comme le montre la figure 1.
ANALYSE DES DISCOURS

Fig. 1. L’analyse des discours et la linguistique textuelle (Adam, 2011 b, p. 31).
4Ce qui est en question, c’est donc, selon les mots de l’auteur :
le jeu complexe de déterminations textuelles « ascendantes » (de droite à gauche) qui régissent les agencements de propositions au sein du système que constitue l’unité texte – objet de la linguistique textuelle – et les régulations « descendantes » (de gauche à droite) que les situations d’interaction dans des lieux sociaux, des langues et des genres donnés imposent aux énoncés – objet de l’analyse de discours. (ibid.)
5Nous avons du mal à voir comment les genres et les langues peuvent être intégrés dans l’interaction sociale, mais pas les textes – à moins que l’on ne revienne sur une conception plutôt décontextualisée de l’objet texte, selon laquelle celui-ci serait plus strictement linguistique au départ, et moins strictement linguistique au bout de l’intervention régulatrice descendante1. Nous dirions donc que l’effort évident de (re)contextualisation n’aboutit pas vraiment à une solution effective, les textes restant tiraillés entre un mouvement compositionnel (ascendant) et des effets discursifs (descendants), dans le domaine proposé comme analyse textuelle des discours. Si celle-ci a permis des développements fortement significatifs dans l’analyse des textes et si elle garde, évidemment, toute sa légitimité, il ne sera pas inutile de la confronter à une autre démarche.
L’INTERACTIONNISME SOCIO-DISCURSIF
6Cette démarche, nous la situons dans le cadre théorique et épistémologique de l’interactionnisme socio-discursif (dorénavant ISD) élaboré par Jean-Paul Bronckart. Nous renvoyons aux textes de l’auteur (notamment Bronckart, 1997 ; 2008 a ; 2008 b) pour une présentation détaillée et minutieuse de l’encadrement épistémologique et des grands enjeux du programme de travail de l’ISD, qui se situe dans le prolongement du mouvement interactionniste social qui s’est développé au début du xxe siècle, et dont Lev Vygotski (1985) et Valentin N. Volochinov (1977) constituent des références majeures. Comme il a été maintes fois souligné, le mouvement interactionniste social rejetait la fragmentation disciplinaire héritée du positivisme comtien, en lui opposant le projet d’une science de l’humain, seule capable de rendre compte de la complexité de l’humain. Dans le prolongement de ce mouvement, l’ISD n’est pas une théorie (sociologique, psychologique ou linguistique) et ne doit pas être confondu avec un modèle d’analyse de discours ou de textes. Il s’agit d’un cadre épistémologique et politique, qui se propose comme une approche logocentrique, centrée sur le rôle fondamental du langage dans la constitution de la personne consciente et dans le développement tout au long de la vie.
7En assumant le caractère fondamentalement social de tout phénomène langagier, tel que l’a nettement pointé Volochinov2 (1977, p. 119), l’ISD conçoit les textes comme des correspondants empiriques des activités sociales (collectives) où ils prennent place. Les textes relèvent toujours d’un genre, sélectionné dans le répertoire de genres associé à l’activité dont il est question : répertoire toujours plus ou moins flou, qui change et s’adapte mais qui constitue néanmoins un cadre de référence, pour une époque donnée. D’un autre côté, le fait que toute activité collective est assurée, dans le temps et dans l’espace (dans l’histoire), par des agents singuliers, implique que chaque texte correspond à une action particulière, c’est-à-dire à l’inscription-intervention de quelqu’un (ou d’un petit groupe) dans le cadre d’une activité collective donnée. Cette action dépend de la maîtrise, plus ou moins développée et consciente, du répertoire de genres associés, dans une époque donnée, à l’activité dont il est question – mais elle dépend aussi, évidemment, de la maitrise de la langue naturelle en usage.
8Dans le cadre de l’ISD, on assume un plan intermédiaire entre les textes, en tant qu’unités communicatives globales, et les ressources linguistiques de la langue en usage. Il s’agit des types de discours, à comprendre dans le sens de modes d’énonciation – notion validée par des recherches quantitatives menées par l’équipe de Genève il y a plus de vingt ans3 (Bronckart et al., 1985). Dans ce contexte, nous nous limiterons à rappeler que les types de discours correspondent à la sémiotisation linguistique de mondes discursifs (des plateformes de transition entre des représentations personnelles et collectives) et qu’ils constituent des segments infra-ordonnés par rapport aux textes. Les types identifiés sont de l’ordre de l’exposer et de l’ordre du raconter : discours interactif (exposer impliqué) et discours théorique (exposer autonome) ; récit interactif (raconter impliqué) et narration (raconter autonome). Les textes étant des produits foncièrement sociaux, comme on l’a vu, les types de discours (et les formes et structures linguistiques qui les configurent) constituent les solutions techniques de leur élaboration.
9De ce point de vue, c’est une approche descendante qui s’impose, telle que l’a comprise et explicitement formulée Volochinov :
L’ordre méthodologique pour l’étude de la langue doit être le suivant :
1. Les formes et les types d’interaction verbale en liaison avec les conditions concrètes où celles-ci se réalisent.
2. Les formes des énonciations distinctes, des actes de parole isolés, en liaison étroite avec l’interaction dont ils constituent les éléments, c’est-à-dire les catégories d’actes de parole dans la vie et dans la création idéologique qui se prêtent à une détermination par l’interaction verbale.
3. À partir de là, l’examen des formes de la langue dans leur interprétation linguistique habituelle. (Volochinov, 1977, p. 137)
10Adoptant cette orientation méthodologique, l’ISD la réinterprète et la prolonge à travers l’approche plutôt dialectique qui caractérise son programme de travail : d’abord, l’analyse des produits de l’héritage historique, social et culturel, dont notamment les genres de textes et les langues ; ensuite, le travail sur les pratiques de formation et d’éducation, en tant que processus de médiation à travers lesquels les personnes s’approprient cet héritage ; finalement, l’analyse des effets développementaux de cette appropriation – en fonction desquels de nouvelles contributions viendront façonner les produits socio-culturels et historiques préexistants.
11Avec cet article, nous ne contribuerons à la mise en place de ce programme qu’à travers la poursuite de l’analyse des caractéristiques de l’organisation des textes – et du dialogue dont la science de l’humain ne peut se passer.
AU DÉFI DE L’APPROCHE DESCENDANTE
12Nous nous attacherons maintenant au défi de vérifier dans quelle mesure l’approche descendante à laquelle nous adhérons peut contribuer à mieux cerner quelques aspects des liages de haut niveau déjà référés – que nous rappelons rapidement, en recourant à la figure 2 :
LIAGES TEXTUELS

Fig. 2. Les liages textuels (Adam, 2011 b, p. 205).
13Nous centrerons notre attention sur la notion de plan de texte – à travers laquelle nous reprendrons les autres liages de haut niveau.
Des activités collectives aux plans de texte
14Bronckart a remarqué que la notion de plan de texte « n’est généralement utilisée qu’en un sens faible, ou non technique » (Bronckart, 1997, p. 252). Même si ce problème n’est pas définitivement résolu, il faut souligner le travail fondamental développé là-dessus par Adam (1997 ; 2001 ; 2002 a ; 2002 b ; 2011 b).
15Dans l’ensemble des propositions concernant les plans de texte, nous retiendrons pour le moment la distinction posée entre plan conventionnel, conçu comme « fixé par l’état historique d’un genre ou d’un sous-genre de discours », et plan occasionnel, correspondant à un plan « inattendu, décalé par rapport à un genre ou un sous-genre de discours » (Adam, 2011 b, p. 205). Ces définitions requièrent encore, de notre point de vue, un certain nombre de précisions. Remarquons tout d’abord qu’on y passe des plans de texte aux genres comme si c’étaient des catégories identiques, du même niveau. Or, dès que l’on accepte qu’un texte relève toujours d’un genre, il faut essayer de comprendre les rapports entre les deux, tout en tenant compte de la distinction entre le niveau des textes empiriques et celui des genres, en tant que catégories abstraites (Coutinho & Miranda, 2009). De ce point de vue, un plan conventionnel sera donc le plan d’un texte empirique qui reproduit le plan canoniquement associé au genre dont il relève, tandis qu’un plan occasionnel s’en éloigne. Comme Adam (2001, p. 38) l’a bien montré, il s’agit là de deux tendances qui, tout en étant opposées, restent complémentaires : d’un côté, un principe centripète, normatif, tourné vers l’identité et la reproduction ; de l’autre, un principe centrifuge, orienté vers la variation et l’innovation. À son tour, Bronckart (1997, p. 104-106) met en évidence les choix de la personne en situation de production textuelle – qui « adopte et adapte » le genre sélectionné comme convenant à la situation, parmi les genres disponibles.
16Ces deux tendances apparaissent donc comme largement consensuelles, quels que soient les termes qui les désignent. Il nous parait pourtant qu’il faut rendre plus explicite le rôle joué par l’activité elle-même par rapport aux contraintes de reproduction et aux possibilités effectives d’innovation. On pourra dire que, dans le cadre de chaque activité, les contraintes et les possibilités s’établissent entre des pôles extrêmes : d’un côté, l’obligation stricte de reproduction du genre ; de l’autre, l’ouverture totale à l’innovation. L’activité juridique constitue certainement un bon exemple, pour le premier cas : d’une façon empirique, on a du mal à s’imaginer un plan tout à fait occasionnel, lors de la rédaction d’une loi ou d’un arrêt (Pinto, 2010). Une visite sur le site officiel de la Cour des comptes genevoise4 permettra d’observer que les rapports disponibles en ligne depuis le début de son fonctionnement, en 2007, partagent tous un plan identique :
- couverture et quatrième de couverture fixes, ayant recours à des éléments institutionnels (logos, adresse et contacts, site, blocs informatifs concernant les fonctions de la Cour des comptes, appels à la participation du public, etc.) ;
- synthèse ;
- table des matières, qui ne montre que de très légères oscillations, même quand on recule jusqu’à 2007 ;
- corps du texte (selon les sections prévues dans la table des matières).
17La quasi-fixité de cette organisation signifie que l’on n’est pas face à n’importe quel rapport – pensons par exemple au rapport de soutenance de thèse (Maingueneau, 2002). Ce dont il s’agit, c’est bien de rapports de la Cour des comptes (genevoise). Même si cela peut paraître évident, il faut souligner l’enjeu théorique dont il est question : il n’y a pas un (seul) genre rapport ; il y a autant de genres rapport que d’activités dont le système de genres inclut le rapport5. Les sections péritextuelles y jouent un rôle central, comme le montre le cas des rapports mentionnés ci-dessus : rappelons les éléments compris dans la couverture et la quatrième de couverture (notamment le logo) aussi bien que la synthèse6 (et la place qui lui revient). Le corps du texte partage sûrement un ordre rhétorique avec des rapports dans d’autres activités ; mais cet ordre prend les nuances qui conviennent au contexte de la Cour des comptes (aspect que nous ne pourrons pas développer ici plus en détail).
18Le tribunal de Contas au Portugal publie en ligne un manuel (Manual de auditoria e procedimentos) qui propose, parmi d’autres orientations, une structure type des rapports7, ayant d’évidents points de contact avec la structure stabilisée que manifestent les rapports genevois. L’institution ne propose qu’une orientation, sujette aux spécificités de chaque situation, comme il est explicitement déclaré. Mais l’existence même d’une telle orientation dénonce le besoin d’uniformiser les pratiques à partir de décisions supra-ordonnées par rapport à la personne (ou aux personnes) engagée(s) dans la situation concrète de production. Il est vrai qu’il y a toujours des décisions à prendre par la personne censée produire un texte obéissant à un plan conventionnel – ces décisions pouvant la conduire soit à la reproduction prévue soit à des adaptations plus ou moins réussies ou acceptées.
19Deux exemples rapides nous permettront de mettre en évidence à quel point ces décisions peuvent entraîner des risques – plus ou moins calculés ou délibérément courus, selon la connaissance des enjeux de la situation, voire de l’institution. Revenons donc au site du tribunal de Contas. Le fait qu’un rapport transforme la synthèse des observations et recommandations prévue en conclusion (juste avant l’introduction) révèle peut-être la compréhension du rôle joué par une synthèse placée avant le corps du texte (s’adressant à l’interlocuteur et lui fournissant rapidement les informations qu’il cherche ou dont il a besoin) ; mais cela dénonce en même temps la méconnaissance de la conventionalité rhétorique qui soutient la structure type établie.
20Tout à fait différent est le cas d’un mémoire de mestrado (master) en littératures et cultures portugaises contemporaines, soutenu au Portugal, qui concerne les cinq premiers volumes des journaux intimes de Vergílio Ferreira (ceux qui étaient parus à l’époque), intitulés Conta-corrente8. Le mémoire – qui s’intitule lui-même Conta-corrente 6 – s’éloigne sérieusement du plan conventionnel. En fait, le plan global est divisé par années – les deux années pendant lesquelles ledit mémoire a été préparé et rédigé. Chaque partie comprend :
- des « cartes postales » adressées au directeur de recherche pour le tenir au courant des progrès et des retards, très rarement demander son avis par rapport à des questions concrètes (par exemple, la décision de traduire librement en portugais les citations), réfléchissant sur les processus de pensée et d’écriture, etc. ;
- des sections intitulées « Correspondência » (correspondance) qui intègrent des lettres adressées à l’auteur analysé et qui comprennent des commentaires, des points de vue, des prises de position ;
- des sections thématiques, dont les titres, paraphrasant des titres d’œuvres littéraires, ne fournissent que des pistes sur le contenu déployé : discussion de points de vue théoriques, commentaires et analyses, souvent sous forme de divagations, proches de celle du journal intime ;
- des sous-sections aux sections thématiques, introduites par une date et donc effectivement structurées comme un journal intime.
21La dissertation n’a pas obtenu la note la plus élevée mais le même texte a obtenu un prix littéraire9. C’est dire que l’activité académique, à travers les membres du jury de soutenance, n’a pas pardonné l’adaptation trop radicale du genre – tout en reconnaissant la qualité indiscutable du travail proposé.
22Revenons au cas des activités ouvertes à l’innovation générique – dont l’activité littéraire sera certainement l’exemple le plus évident (suivi par l’activité publicitaire). Le problème, c’est qu’on ne peut pas parler de l’« activité littéraire » comme si elle était toujours égale à elle-même. Comme on le sait, le rejet de la reproduction générique est un effet du romantisme, poussé à l’extrême par la « post-post-modernité » de nos sociétés occidentales contemporaines. On se rappellera bien sûr de contraintes tout à fait autres : si l’on a au Portugal une épopée nommée Lusíadas, c’est parce que le classicisme, c’est-à-dire l’activité littéraire à l’époque, préconisait la reproduction fidèle des modèles. En disant cela, on ne minimise d’aucune manière l’action concrète de la personne (de l’auteur) : on souligne le fait que l’alternative entre plans conventionnels et occasionnels ne se réduit pas à une décision individuelle. C’est un enjeu simultanément collectif (au plan de l’activité dont il est question) et personnel (concernant l’action concrète de celui ou celle qui produit son texte). La compréhension de cette tension, la maîtrise des contraintes de reproduction aussi bien que des possibilités et des risques d’innovation, ne seraient pas une tâche mineure dans les contextes d’enseignement / apprentissage des langues.
Des plans non séquentiels
23En assumant le plan de texte comme un fait de structuration séquentielle, Adam privilégie les plans de type rhétorique – quoiqu’il reconnaisse explicitement qu’il y en a d’autres. Cette reconnaissance est associée à la distinction entre plans conventionnels et plans occasionnels de telle façon que, du moins apparemment, les plans non rhétoriques coïncident avec des plans occasionnels :
Ce modèle rhétorique ne rend pas compte de la variété des plans de textes possibles. Un plan de texte peut-être conventionnel, c’est-à-dire fixé par l’état historique d’un genre ou d’un sous-genre de discours. Mais le plan de texte d’un éditorial, d’une chanson ou d’un poème, du rédactionnel d’une publicité, d’un discours politique, d’une nouvelle ou d’un roman est, le plus souvent, occasionnel, inattendu, décalé par rapport à un genre ou un sous-genre de discours. (Adam, 2011 b, p. 205)
24Le saut conceptuel entre plans rhétoriques et plans occasionnels découle de la stabilité de la structure rhétorique, que l’on connaît depuis des siècles. Mais des plans non rhétoriques peuvent être aussi conventionnels que des plans rhétoriques : convenons que les premiers se prêtent mieux que les seconds à rendre compte de l’état historique du genre publicité, par exemple. Il faut donc creuser la notion de plan de texte et se donner des moyens de description autres que le modèle rhétorique. Retenant le point de vue soutenu par Adam lui-même, selon lequel c’est au plan que revient le rôle fondamental par rapport à l’organisation globale des textes, nous admettrons que celle-ci concerne le contenu, les formes du contenu et la disposition de ces formes. Il ne s’agit pas du tout de dissocier forme et contenu. Bien au contraire : à la suite de la conception de signe (ou de langue) partagée par Vygotski, Volochinov et Ferdinand de Saussure et systématiquement soulignée dans le cadre de l’ISD (par exemple Bulea, 2005), nous soutiendrons qu’il n’y a pas de contenus hors de leur expression sémiotique. Saussure (2002) a contribué décisivement à la compréhension de ce lien au niveau des signes linguistiques, mais il reste du travail à faire pour les textes, de façon à saisir les entités d’ordre spécifiquement textuel (entités nécessairement bifaces, comme c’est le cas des signes linguistiques) qui sont en jeu. Nous renvoyons là aux contributions d’Ecaterina Bulea (2005 ; 2009). Pour le moment, nous nous attacherons à la question de savoir de quelles entités l’on parle lorsque l’on parle de plan de texte. En fait, tout en adhérant au logocentrisme assumé dans le cadre de l’ISD, nous ne considérons pas possible de développer une analyse effective de textes de différents genres (ou de leurs plans) sans prendre en compte la totalité des ressources sémiotiques mobilisées. Les entités à prendre en compte seront donc linguistiques et non linguistiques mais toujours bifaces – c’est-à-dire des formes-contenus. Comme nous l’avons dit plus haut, il faudra aussi faire attention à la disposition : le terme classique du modèle rhétorique permet de cerner, comme une dimension fondamentale de tout plan de texte, l’ordre des entités en question, à condition de ne pas préjuger du seul ordre effectivement rhétorique.
25Selon notre hypothèse, il faut que l’on puisse reconnaître des entités caractéristiques du genre dont il est question – sous peine de ne plus pouvoir le reconnaître. À la suite de travaux précédents (Coutinho, 2007 ; Gonçalves & Miranda, 2007 ; Coutinho & Miranda, 2009) et en particulier ceux de Florencia Miranda (2010), nous soutiendrons qu’il s’agit là de marqueurs de genre, c’est-à-dire d’éléments effectivement observables dans un texte empirique qui renvoient aux paramètres du genre (les caractéristiques qui lui sont associées et qui sont donc prévisibles). Pensons par exemple aux publicités qui circulent dans les magazines : le logo, le slogan publicitaire, l’image (occupant normalement l’espace central) et le corps du texte (plutôt en position marginale, normalement) constituent des marqueurs du genre. Mais cela ne suit aucunement à rendre compte du sens global d’un texte – ou, si l’on veut, de sa singularité praxéologique (même si l’on connaît bien les finalités de l’activité publicitaire). Nous soutiendrons – à la suite de Bulea (2009) et de Mathilde Gonçalves (2010) – que ce n’est qu’en termes de morphogenèse que l’on peut cerner cette singularité. Les entités se laisseront décrire en termes thématiques et discursifs – soit en fonction des deux composantes qui constituent l’infrastructure textuelle, selon ce que propose Bronckart (2008 a). Si l’analyse de la composante discursive n’offre pas des difficultés majeures dans le cadre de l’ISD, la composante thématique reste encore à cerner de façon plus convaincante. Pour (essayer de) la décrire, nous recourrons aux contributions de Pierre Cadiot et Yves-Marie Visetti (2001), qui distinguent des motifs, des profils et des thématiques. Cette approche nous paraît pouvoir contribuer de façon décisive à l’éclaircissement de la composante thématique, même si, pour le moment, nous ne nous y rapportons que de façon tout à fait exploratoire.


Ill. 1. Carte postale publicitaire du ministère de l’Environnement portugais10.
26Le texte de la carte portale que nous analysons (ill. 1) – qui correspond à une publicité institutionnelle de la responsabilité du ministère de l’Environnement portugais – nous permettra de mieux expliquer notre point de vue. On voit bien qu’une macrostructure sémantique comme, par exemple, l’incitation aux économies d’eau, appauvrit énormément la globalité du sens du texte. L’hypothèse d’un macro-acte de discours nous pose aussi des difficultés. Suffirait-il de prendre en considération un macro-acte dérivé de la suite linéaire d’actes de discours ? Mais quels actes de discours faudrait-il prendre en considération ? Ceux du recto ou ceux du verso ? L’ordre linéaire (ordre prévisible de lecture) est-il vraiment celui qui convient, en termes de macro-acte ? On peut dire que les deux macrostructures (sémantique et pragmatique) bloquent une appréhension globale du texte, dans la totalité de l’espace (du support) où il est inscrit (tendanciellement, chacune ne prend en charge qu’un des côtés du texte).
27D’un point de vue plutôt praxéologique (au détriment de l’approche pragmatique classique11), ce qu’il faut décrire, c’est le but de cette action (ce texte), que l’on saisit pourtant facilement : il s’agit de convaincre les gens du besoin / des avantages d’économiser de l’eau et, surtout, de les amener à le faire. C’est ce que le texte fait – mais il faut savoir comment il le fait.
28Il y a d’abord un plan global divisé en deux grandes sections, le recto et le verso de la carte postale – qui se laissent distinguer au travers de la composante non verbale, selon la contrainte associée à l’héritage culturel du genre carte postale12. Recto et verso exhibent des (sous-)plans différents, comme le schématise la figure 3 – les sections verbales apparaissant numérotées selon l’ordre (prévisible) de lecture.

Fig. 3. Plan et sous-plans de la carte postale publicitaire du ministère de l’Environnement portugais.
29Du point de vue discursif, on peut remarquer la prédominance, dans les deux grandes sections, du discours interactif, qui se présente pourtant différemment : le recto mobilise des formes de première personne du singulier mettant en scène une voix qui simule la voix de celui ou celle qui lit ; en revanche, le verso interpelle directement l’interlocuteur, ayant recours aux impératifs et aux formes de deuxième personne du pluriel. On verra par la suite les implications de ces différences.
30En ce qui concerne la composante thématique, on reconnaît des stratégies différentes. Dans le cas du recto, il y a un riche réseau de liens qui profite de l’interaction entre les matériaux verbal et non verbal :
- la structure prédicative de l’encadré verbal 1 (« j’économise des montagnes d’eau ») déclenche l’entrée du thème : économiser de l’eau ;
- les occurrences « Cet été » (encadré verbal 1) et « Même en vacances » (encadré verbal 2) convergent avec l’image de l’empreinte sur fond sableux qui peut ouvrir le motif de la plage – le tout profilant comme thème les vacances et réorientant le thème initial vers économiser de l’eau pendant les vacances d’été ;
- l’image de l’empreinte sur fond sableux ouvre aussi un autre motif, celui du désert et / ou de la désertification – ce qui permet un second regard sur le thème initial, à relire comme économiser de l’eau, contre la désertification ; l’expression de l’objet direct, dans la structure prédicative initiale (« rios de água », littéralement « des fleuves d’eau »), s’articule d’ailleurs aussi avec ce même motif (raison pour laquelle nous avons choisi de le traduire par « montagnes d’eau », de façon à garder cet effet d’opposition à la sécheresse du désert) ;
- une fois déclenché l’enjeu environnemental, le motif de l’empreinte réapparaît sous un autre angle, vraiment attitudinal (ou praxéologique, si l’on veut), dont rend compte la structure prédicative de l’encadré verbal 2 – l’occurrence du marqueur aspectuel assurant la représentation de cette attitude dans une durée qui se prolonge jusqu’au présent de l’énonciation ;
- le versant praxéologique détermine la possibilité de revenir sur le motif de l’image en l’enrichissant comme « empreinte écologique13 ».
31Tout à fait autre est l’organisation du verso : si on laisse de côté l’ensemble des logos, on peut constater que le corps du texte est constitué par une suite d’injonctions à laquelle on pourrait associer un effet séquentiel explicatif, en fonction d’une problématisation implicite (qui correspondrait à une interrogation en comment). Selon les dernières propositions d’Adam (2011 a, p. 224-264), il conviendra plutôt de considérer qu’il s’agit ici d’un cas de conseil : la première injonction correspond à un hyperthème (hyperaction globale) que la suite d’injonctions, introduite par un pour, démultiplie en sous-thèmes14 (sous-actions) : « Économisez des montagnes d’eau » > comment le faire ? / pour le faire > « Prenez... Remplissez... Lavez... Surveillez... Utilisez... Lavez... Réutilisez... »
32On peut vérifier ici les traits caractéristiques des différents genres de l’incitation à l’action – qu’il ne faut pas ramener à un (sixième) prototype séquentiel, comme l’auteur l’affirme de façon explicite (ibid., p. 262). Suivons donc ce raisonnement (ibid., p. 228) :
Cette forte unification par le thème-topic et par l’acte de discours explique l’homogénéité pragmatico-sémantique et même scripto-visuelle des différents genres de l’incitation à l’action. Les formes linguistiques observables sont imposées depuis un plus haut niveau que celui de la séquence par les genres discursifs d’une formation sociale et par les actions langagières accomplies. En d’autres termes, ces régularités sont directement déterminées par les données de l’interaction socio-discursive [...].
33On reconnaît ici une orientation descendante, plutôt proche de celle que nous soutenons, comme on l’a vu. Mais elle soulève deux questions, que nous ne pourrons qu’esquisser ici très brièvement. D’abord, il faudrait préciser le statut d’un segment comme celui dont nous nous occupons : n’étant pas une séquence, il ne nous paraît non plus possible de dire qu’il s’agit d’un genre (au sens fort du terme). À la limite, on pourrait dire qu’il s’agit (de l’actualisation) du genre conseil, en tant que genre inclus15. À ce conseil revient donc un statut tout à fait pareil à celui d’une éventuelle séquence à la même place : tous les deux jouent le rôle d’une section dans le plan global du texte16. De ce point de vue, il faudrait aussi comprendre pourquoi le genre inclus serait contraint depuis un plus haut niveau que la séquence, en tant qu’élément de composition textuelle. En d’autres termes, la perception de contraintes descendantes dans le cas des genres de l’incitation à l’action et du conseil paraît largement déterminée par l’homogénéité pragmatique de ces genres (au détriment d’une compréhension praxéologique de tout genre).
34Quoi qu’il en soit, nous sommes en mesure de souligner le rôle prépondérant du plan de texte par rapport aux séquences, comme le soutient Adam (1997, p. 669) depuis des années. À notre avis, il faudra radicaliser ce point de vue : tout en gardant la notion de plan comme clé de l’organisation globale du texte, nous dirons qu’il règle l’ensemble des entités émergentes aussi bien que les rapports au travers desquels adviennent différents parcours de sens17. Les deux segments qui suivent le conseil inclus nous servent à le justifier. Le premier de ces deux segments apparaît comme jouant un rôle d’ordre conclusif par rapport à la suite d’injonctions. Il s’agit là de la clôture d’une énumération – clôture qui recourt au motif de ce qui se déploie à l’infinitif (« donn[er] des ailes à [son] imagination »), mais qui reprend en même temps le motif du recto (« laisser des traces »). Le slogan publicitaire, placé à la fin du parcours linéaire de lecture, reprend thématiquement les enjeux du recto : l’eau, une ressource (qui devient) rare. De ce point de vue, nous dirions que l’injonction initiale joue un rôle d’ordre argumentatif, à condition de ne pas réduire celui-ci au schéma inférentiel classique (logico-déductif) : il s’agit d’un raisonnement pratique, la conclusion n’étant ni théorique ni explicative, mais plutôt pratique et normative (Apel, 2000, p. 158). La figure 4 montre schématiquement l’analyse proposée qui permet d’ailleurs de confirmer l’ensemble comme un genre d’incitation à l’action à dominante de conseil :

Fig. 4. Schéma d’analyse de la carte postale publicitaire du ministère de l’Environnement portugais.
35Ce que l’on vient de voir permettra de souligner les liens entre les deux grandes sections de départ :
- le recto, par où débute la lecture, propose des couches thématiques qui s’approfondissent vers la thématique environnementale, formulée par la voix simulée d’un acteur ;
- le verso, par où continue normalement la lecture, met en évidence une thématique plutôt domestique, qui offre pourtant des indices de son lien à l’enjeu environnemental, au travers du choix discursif de type injonctif.
36Mais seul un mouvement de lecture qui revienne sur le recto assurera la globalité de ce qui est proposé : les raisonnements pratiques que le verso met en jeu déclenchent un effet de conséquence associé aux positionnements exprimés par la voix à la première personne, ce qui revient à se recentrer sur l’enjeu de l’empreinte écologique. Ce n’est qu’à ce niveau-là – celui de ce que chacun(e) fera après ce texte – que se décide vraiment le sens du texte, c’est-à-dire sa singularité praxéologique.
*
37Il y a encore beaucoup de questions à creuser mais, pour le moment, il faut conclure. Nous essaierons de synthétiser ce que l’on vient de voir à travers la schématisation suivante :

Fig. 5. Le plan de texte au défi d’une approche descendante.
38La réappropriation de l’héritage théorique et scientifique est le parcours même de la théorie et de la science – et c’est là normalement le but d’un article. Dans ce cas (bien au-delà de ce que nous aurons réussi à dire), il s’agit fondamentalement de rendre hommage à l’œuvre d’Adam, qui laisse sa trace, sans aucun doute. Une trace que l’on peut bien comprendre comme empreinte écologique, déterminant le futur du domaine de la linguistique des textes et des discours dans lequel elle est profondément inscrite.
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Références bibliographiques
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Notes de bas de page
1 C’est ce que suggère le passage suivant : « Pour moi, les discours sont des pratiques discursives qu’il faut étudier dans leur dimension discursive-interactionnelle, d’une part, et dans leur dimension textuelle, plus purement linguistique, d’autre part. » (Adam, 2001, p. 39) Malgré le temps qui sépare les textes cités, il ne parait pas abusif de les rapprocher.
2 Voir aussi Bota & Bronckart, 2008.
3 Pour plus de détails, voir Bronckart, 1997, p. 137-218.
4 www.ge.ch/cdc/ (octobre 2013).
5 François Rastier (2001, p. 228) a bien souligné qu’il y a de multiples genres conversationnels associés à différentes pratiques sociales.
6 Le rôle de la synthèse, dans les rapports de la Cour des comptes, peut être rapproché de celui joué par le résumé (abstract) dans les articles scientifiques.
7 Voir la page 123 du rapport : www.tcontas.pt/pt/publicacoes/manuais_publicacoes.shtm (octobre 2013).
8 Luís Mourão, Conta-corrente 6. Ensaio sobre o diário de Vergílio Ferreira, dissertação de mestrado, Université Nouvelle de Lisbonne, 1989.
9 Dans sa version publiée (Sintra, Câmara Municipal de Sintra, 1990).
10 Recto : « Cet été, j’économise des montagnes d’eau./ Même en vacances mon attitude/ continue à laisser des traces. » Verso : « Économisez des montagnes d’eau./ Prenez des douches plus courtes./ Remplissez au maximum la machine à laver./ Lavezvous les dents avec le robinet fermé./ Surveillez l’arrosage./ Utilisez la moitié du réservoir de la chasse d’eau./ Lavez votre voiture avec un seau et non avec le tuyau d’arrosage./ Réutilisez l’eau chaque fois que vous pouvez./ Laissez votre trace en donnant des ailes à votre imagination./ L’eau. Si on l’utilise bien, plus de personnes en profitent. » Je remercie Mathilde Gonçalves pour la traduction de ce texte, ainsi que pour toute sa disponibilité dans la lecture et l’échange.
11 Pour une discussion épistémologique sur les approches pragmatique et praxéologique, voir Bronckart, 2008 b.
12 Nous distinguons la carte postale en tant que genre de la carte postale qui n’est que le support, dans le cas du texte analysé. Les deux grandes sections (recto et verso) correspondent donc au plan conventionnel du genre carte postale dont cette publicité se sert en termes d’intertextualisation (Miranda, 2010).
13 Sur la question de l’empreinte écologique, voir pour le Portugal : http://conservacao.quercusancn.pt/content/view/46/70/ (octobre2013) ; et pour la France : http://archives.universcience.fr/francais/ala_cite/expositions/developpement-durable/calculempreinte-ecologique/ (octobre 2013).
14 Nous remercions Jean-Michel Adam de nous l’avoir fait remarquer. Soulignons encore que nous nous rapportons à l’édition 2011 de Textes : types et prototypes lorsque nous parlons de ses propositions concernant les genres de l’incitation à l’action et du conseil, mais en fait elles datent de 2001, lors de la publication d’articles dans les revues Langages et Pratiques (voir la bibliographie complète d’Adam en fin de volume).
15 Sur les notions de genre inclus / genre incluant, voir Rastier, 2001, p. 266-267.
16 Adam a déjà bien signalé un phénomène pareil : « Afin d’éviter l’hésitation entre la recommandation et l’injonction, dans les genres les plus procéduraux comme la recette de cuisine, le conseil est parfois localisé dans une rubrique. » (Adam, 2011 a, p. 241)
17 Sur la notion de parcours interprétatifs, voir Rastier, 2001 ; Gonçalves, 2010. Nous choisissons ici parcours de sens pour souligner qu’ils se mettent en place dès la production.
Auteur
Docteure en linguistique (spécialisée en théorie du texte). Depuis 2008, elle est professeure titulaire à l’Université nouvelle de Lisbonne et, depuis 2010, y préside le comité du Centre de linguistique. Elle s’intéresse en particulier à la problématique des genres de texte et aux enjeux didactiques et développementaux qui peuvent leur être associés. Elle a publié plusieurs articles, au Portugal et à l’étranger, et dirigé des thèses dans le domaine de la théorie du texte.
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L'Ordre des mots à la lecture des textes
Agnès Fontvieille-Cordani et Stéphanie Thonnérieux (dir.)
2009
La Prose de Samuel Beckett
Configuration et progression discursives
Julien Piat et Philippe Wahl (dir.)
2013
Genres & textes
Déterminations, évolutions, confrontations
Michèle Monte et Gilles Philippe (dir.)
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