Chapitre III. L’éclatement des tâches
p. 43-58
Texte intégral
1Il est temps de faire apparaître « la clientèle » des hospices civils : elle est à la fois la raison d’être et le véritable moteur des hôpitaux. Ne pas la faire apparaître, comme c’est bien souvent le cas, c’est transformer l’hôpital en un monstre froid faiseur de règlements et aucune impression n’est plus loin de ce qu’on peut savoir de la réalité des hospices de ce temps.
2De même, faire une étude des pensionnaires coupée de l’institution, ce serait considérer l’hôpital comme un réceptacle neutre, parfaitement représentatif des maux de la société. Pourtant, si tout hospitalisé est en proie à la misère, toute misère n’est pas hospitalisée. Hier comme aujourd’hui, l’entrée à l’hôpital n’a rien de mécanique mais elle est le fruit de multiples contraintes et la population hospitalisée n’est qu’un reflet déformé de la population globale. On essaiera seulement, à travers les comportements des hospitalisés et leur sociologie, de mesurer les attitudes face à cette institution. L’une des façons de cerner une éventuelle spécialisation de l’hôpital vers son rôle actuel, c’est de comparer la part respective qu’occupent les soins aux malades et toutes les autres tâches qui obligent l’hôpital à se transformer en asile, prison, école, hôpital militaire, le tout au détriment des soins aux habitants. Deux millénaires d’histoire ont fait de l’hôpital le « déversoir » de toutes les misères de la société. Cet héritage pèse très lourd encore au début du siècle et les autorités, comme le peuple, restent prisonnières des habitudes.
1 – Vieillards et incurables : une « œuvre » en pleine croissance
3Le vieillard tel que le définit et l’accueille l’hôpital a de quoi étonner, s’agissant du début du XIXe siècle : passe que l’asile ne soit ouvert qu’aux indigents (qui présentent certificat) résidant à Lyon depuis au moins dix ans, mais la limite d’âge (pour l’inscription) est de soixante-dix ans1, une façon sans doute de limiter les candidats, ce qui en dit long sur la demande potentielle existante. On y ajoute très vite l’intention de n’admettre « que ceux qui n’ont pas d’enfants ou de descendants capables de les aider, (sinon) ce serait un dangereux exemple pour les mœurs et la piété filiale »2.
4Au début du XIXe siècle, ce service est la proie d’une demande croissante. Une rapide comparaison entre les années 1810 et 18173 permet de cerner quelques éléments du phénomène. Le nombre des entrées n’augmente pas puisque le nombre des places ne change pas et qu’il faut attendre un décès pour rentrer. Par contre, le nombre des inscriptions triple, passant de 122 à 377. Cette contradiction entraîne une nette baisse des demandes satisfaites (40 % contre 57,37 %), une augmentation de la durée de l’attente (de quatre à cinq ans et demi) qui peut atteindre quinze ans en 1817 contre huit en 1810, une augmentation de l’âge à l’entrée. On pourrait invoquer une plus grande réticence à entrer à l’hospice pour expliquer ce fait, et les registres ne nous renseignent pas sur le sort de la plupart des inscrits qui ne sont pas entrés. Plusieurs indices semblent montrer que la demande s’accroît. L’âge d’inscription s’abaisse et plus de la moitié des inscrits en 1817 l’est dès 1810. Par ailleurs, le nombre des femmes mariées s’accroît (22,22 % contre 15,62 %), la proportion des manœuvres s’abaisse au profit des ouvriers en soie et autres catégories artisanales. Malgré toutes les incertitudes, finir ses jours à l’hôpital n’est peut-être pas aussi redouté qu’on le dit trop souvent, il est même souhaité de plus en plus fréquemment par des gens qui se tiennent aux franges supérieures de la misère et non plus seulement par les seuls isolés du « Lumpen prolétariat ».
5La lecture des pétitions de vieillards réclamant leur admission donne une impression voisine4 : par leur nombre croissant elles montrent l’insuffisance de l’offre en cette matière ; leur contenu, leur cheminement, leur résultat décrivent les réactions des vieillards, des autorités et de l’hôpital face à ce problème. La croissance des pétitions est le fruit des difficultés croissantes d’admission, mais elle dit aussi l’élargissement de la demande : l’identité des pétitionnaires se modifie, la part des manœuvres, domestiques, ouvriers en soie se réduit au profit des artisans et employés. L’échantillon est limité mais comme la tendance recoupe d’autres indications on peut la tenir pour acquise. Les raisons invoquées pour être admis sont intéressantes malgré leur caractère stéréotypé et les perpétuelles et vagues allusions à la misère, à l’infirmité, multipliées à l’excès dans une même pétition. Il n’empêche que l’hôpital reste dans les mentalités le lieu de consolation de toutes les misères : en dehors de l’âge, citons l’indigence, le chômage, les charges de famille, la solitude, le veuvage, la ruine accidentelle, la menace d’une expulsion. Puisque l’hôpital est le refuge obligé de toute misère, les pétitionnaires précisent rarement la catégorie dans laquelle ils veulent entrer. L’essentiel pour eux est de franchir les portes de La Charité ou de l’Hôtel-Dieu : pétitions de vieillards et d’incurables diffèrent peu, le veuvage, la ruine peuvent être invoqués pour une place d’incurable, et à l’inverse un infirme se contente d’une place de vieillard à défaut de place d’incurable. Havre de toute misère, l’hôpital apparaît aussi à certains comme une sorte d’hôtel, et 20 % des pétitionnaires proposent une somme d’argent pour entrer aux incurables, accélérer leur entrée aux vieillards ou compenser leurs origines foraines ou leur trop jeune âge, certains demandent même un traitement de faveur avec droit de sortie. Plus généralement, l’hospice est considéré comme le consolateur universel : toute créance que l’on croit avoir sur la société peut être présentée à l’hôpital, sorte de comptable de toutes les injustices. Dès lors, pourquoi ne pas invoquer les services rendus aux hospices par soi et ses proches ? Pourquoi ne pas invoquer aussi les services rendus à la patrie ou à la religion : c’est leurs services antérieurs qui motivent les demandes de quatre militaires et de quatre religieux pétitionnaires des hospices. C’est à l’hôpital que l’on peut demander compte d’une ruine estimée injuste, surtout si elle est survenue pendant la Révolution. Dans les mentalités, le pauvre honteux semble aussi vivace qu’aux siècles précédents5. Enfin, quelle que soit la raison invoquée, les pétitionnaires réclament leur accueil comme un droit. Pour le faire valoir on recourt dans la majorité des cas à la signature du maire, du curé, on sollicite l’appui du préfet, on exhibe les certificats de complaisance d’un notable, de son supérieur hiérarchique si l’on est militaire ou policier, d’une institution charitable si l’on n’a pas mieux. Pour émouvoir et faire plus vrai, certains font écrire la pétition par leur fils, leur frère, leur mari.
6Aussi handicapés qu’ils soient, vieillards et incurables ne sont pas des êtres passifs que l’hôpital engrangerait à son gré et selon ses conditions. Ce sont eux qui formulent des exigences à l’hospice et le forcent à réagir, plus que le contraire. Celui-ci doit aussi tenir compte de l’image de lui-même que lui adressent ces pétitionnaires et ceux, très divers, qui les appuient.
7La pression accrue des vieillards pousse l’hôpital à développer ce service malgré les difficultés rencontrées par ailleurs : en 1825, le nombre des vieillards, fixé à 400 en 1802, se voit porté à 560. Lorsqu’il faut réduire les admissions en 1829, les vieillards n’en souffrent que temporairement, alors que les malades paient une note beaucoup plus lourde. L’hôpital multiplie les concessions aux vieillards et aux incurables : en 1826, il réduit de trois à deux mois le temps d’attente minimum des vieillards octogénaires entre l’inscription et l’entrée. Le rétablissement des fondations se solde principalement par la mise en place de cinquante-trois places d’incurables, chiffre que l’hôpital augmente de dix en 1818. En mai 1812, est commise la première infraction au règlement des vieillards : la veuve Besson est admise avant sa date normale d’appel contre le versement de 600 F trimestriels, « considérant que cette proposition peut se concilier avec les règlements aussi bien qu’avec l’esprit de Bienfaisance qui doit animer l’administration »6, et à partir de 1813 la pratique devient courante. La même année est reçu le premier pensionnaire viager, moyennant une somme plus importante qui dispense de toute infirmité pour entrer. L’hôpital y trouve son compte, mais la pratique montre, y compris chez des gens dépourvus de moyens, que l’hôpital peut être une maison de retraite voire un simple lieu de résidence. Il n’empêche que l’entorse à la vocation de l’hôpital est considérable. La pratique n’est pas massive mais continue jusqu’en 1830, avec une importance particulière dans les années 1820-1825, surtout au profit des pensionnaires viagers. Si en 1825 on arrête la réception des pensionnaires viagers, renvoyés l’année suivante, la suppression est compensée par une plus grande libéralité dans l’accueil des surnuméraires, en réduisant de plus de moitié la somme versée, puis en les accueillant gratuitement à partir de 1826. L’hôpital cède donc à une demande accrue et plus exigeante. Il le fait d’autant mieux que recevoir des vieillards lui semble mieux correspondre à sa mission que soigner des malades. Lorsqu’il faut choisir entre les deux, aucune hésitation n’est permise. Les entrées de vieillards augmentent de 90,37 % entre les extrémités de la période. Ils forment 27,52 % des présents civils dans les années 1802-1806, et 35,52 % dans les années 1825-1830.
2 – L’œuvre des enfants, cause majeure des difficultés
8Par son ampleur et sa croissance continue, l’œuvre des enfants montre mieux que toute autre l’idée que les autorités, la population et les administrateurs se font de l’hôpital. Les charges qu’elle impose dévorent une bonne partie des ressources des hospices et l’obligent à consacrer une bonne partie de son temps à ce problème, au détriment des autres.
a) Un problème important
9Quelques chiffres suffisent à montrer l’importance de l’œuvre et la véritable catastrophe que représente son accroissement continu7. Entre 1802 et 1806, avec 3.500 enfants à charge (en moyenne), l’œuvre regroupe 70 % des administrés des hospices. Les 225 enfants en résidence à La Charité occupent 13 % des places disponibles dans les deux établissements. La conséquence essentielle est évidemment financière : les 271.116 F de dépense annuelle moyenne équivalent au tiers de la dépense totale. L’accroissement qui suit est également spectaculaire : dès 1811, on compte plus de 4.000 enfants à charge, 5.000 après 1815, 6.000 en 1822 et près de 9.500 (9.423) en 1830. En moins de 25 ans, on approche du triplement, et en 1830, 85 % des administrés des hospices civils sont des enfants. La dépense augmente à peu près selon le même rythme : 300.000 F en 1809, 400.000 en 1811 et près de 700.000 en 1830 (+ 150 % de 1807 à 1826), soit plus de la moitié de la dépense des hospices cette année-là. Les hôpitaux réussissent à limiter la présence des enfants à Lyon, mais cet acquis est régulièrement remis en cause lorsque les difficultés du moment poussent les nourriciers à renvoyer les enfants à l’hôpital. C’est particulièrement le cas en 1817-1818 où les enfants monopolisent le tiers des présences, et dans une moindre mesure en 1812, 1826 et 1829.
10Le phénomène n’est ni récent ni local puisque dès le 23 ventôse an IX le ministre s’inquiète, dans une circulaire aux préfets, des abus en la matière et récidive le 27 mars 1810. Ces préoccupations entraînent l’adoption du décret du 19 janvier 1811 qui définit pendant toute notre période les conditions de réception des enfants. Trois catégories ont droit aux secours de la charité publique : les enfants trouvés nés de père et de mère inconnus (art. 1), exposés ou déposés dans les « tours » que prévoit le même décret (art. 2), les enfants abandonnés et les orphelins. Pour les enfants exposés un procès-verbal du juge de paix ou de l’officier de police est la seule formalité à remplir pour la réception à l’hospice8. Si aucune n’est exigée évidemment pour les enfants déposés dans les tours9, il faut, pour les enfants orphelins et abandonnés, un acte de naissance, un certificat de la mairie constatant le décès des parents ou l’état d’abandon et de dénuement. Les formalités, plus nombreuses pour les enfants abandonnés par les filles-mères qui accouchent à l’hôpital, (certificat de grossesse et d’indigence de la mère, acte de naissance et de baptême de l’enfant) ne sont pourtant pas un obstacle infranchissable pour l’admission. La seule limite est celle de l’âge : l’hôpital ne peut recevoir des enfants de plus de dix ans (âge estimé)10. Une fois reçus, les enfants sont placés le plus tôt possible en nourrice, reviennent à l’hôpital à dix ou onze ans pour faire leur communion avant d’être placés en apprentissage11. Si ces conditions peuvent paraître libérales, elles sont parfois jugées insuffisantes : quelques demandes concernent les enfants naturels ou les enfants temporairement délaissés par leurs parents à cause de la maladie, d’un séjour en prison ou de trop lourdes charges de famille. Face à ces pressions, l’attitude de l’hôpital est peu nette : il n’existe qu’un cas prouvé de réception d’un enfant dont les parents sont vivants et deux cas de réception d’enfants naturels contre le versement d’une somme d’argent. Pour ces derniers, l’hôpital se refuse à accueillir des réclamations « qui blessent les mœurs et ne procurent à l’enfant d’autre avantage que l’exposition », qui se trouve indirectement favorisée, au moins dans ces cas là.
11Quoique très limité, il existe un mouvement de remise des enfants à leurs parents, dont l’existence aboutit peut-être à l’inverse du but recherché. L’arrêté du 26 octobre 1813, confirmé le 8 février 182312, légalise une pratique existante, mais tout retrait doit être accompagné du remboursement des frais de séjour (art. 1), le préfet étant seul juge des exceptions (art. 2). Ces exceptions deviennent vite la règle car un retrait, même sans remboursement, apparaît aux hospices comme un moindre mal comparé à un séjour prolongé de l’enfant sous la tutelle des hospices. Cette rareté des refus ne s’explique en fait que par celle des demandes de remises. Une comparaison entre les « dépôts » et les « reprises » est à cet égard tout à fait édifiante. Les reprises, avec 23 enfants par an en moyenne, représentent 2 % des réceptions et 0,45 % des enfants présents. Les enfants ont bien peu de chances d’être retirés : ce sont les enfants abandonnés (très minoritaires), les enfants légitimes ou légitimés, ceux auxquels s’intéressent au moins un de leurs parents. Encore faut-il avoir conservé ses parents et la proportion de veuves et veufs (50,75 %) parmi les requérants laisse présager la rareté du cas. Sans pouvoir le prouver, il est plausible que le libéralisme en matière de remise accroît les expositions ou les abandons temporaires. On sait que la charge sera modeste. La faible part des remises indique que cette pratique n’a pu rendre compte de façon importante de l’augmentation de l’œuvre des enfants.
12Cette hypothèse n’est du reste jamais venue à l’idée de ceux qu’effraient, à Lyon, la croissance des dépôts d’enfants, essentiellement parce qu’ils doivent contribuer à la dépense : hôpitaux, conseil général du département et conseil municipal de Lyon. « L’analyse » du phénomène est le fondement de l’attitude des autorités et de l’hôpital face aux problèmes concrets qu’il pose, et c’est en cela qu’elle nous intéresse. En fait d’analyse c’est une débauche de lieux communs que nous livrent les délibérations des différentes institutions intéressées au problème. Deux idées reviennent perpétuellement : « Les enfants sont victimes de la misère ou du dérèglement de leurs parents »13, la croissance des dépôts est due « aux malheurs des temps et à l’absence de religion »14, déclare le Préfet en 1817. La commission du conseil général en accuse surtout « la population ouvrière » : « l’ouvrier placé à côté des jouissances cherche à y participer : ses économies sont presque nulles, son travail précaire, la misère et l’irréligion lui font précipiter en foule ses enfants dans les hôpitaux ». Même analyse au conseil municipal : « chacun sentira que la facilité sans borne avec lequelle la porte des hospices s’ouvre aux enfants a dû modérer les alarmes, la peur de la honte chez de malheureuses femmes. Cette même charité illimitée suggérait l’insouciance. Le séducteur doit nécessairement triompher si le pis-aller (est) de mettre à la charge publique le résultat de l’oubli des devoirs ». Même si la critique sociale peut paraître hardie, les causes économiques sont secondes lorsque le conseil dénonce « les pièges résultant de la position précaire des ouvrières mal payées dans nos manufactures »15. Le conseil des hospices est celui qui donne le plus d’importance aux causes morales et il dénonce pêle-mêle l’extension des manufactures, l’irréligion, l’inculture, le concubinage et l’action des accoucheuses »16, ajoutant que « la croissance des enfants serait étonnante si l’on ne considérait que l’état prospère de la classe ouvrière, mais le désordre des mœurs est la première cause ». Une troisième cause vient de plus en plus souvent pour expliquer la croissance du nombre des enfants à charge : « cet accroissement serait plus effrayant encore si on ne devait reconnaître pour une des causes qui influe le plus sur l’augmentation des charges : d’une part le système de perfectionnement dans l’éducation du premier âge, de l’autre la vaccine sont la cause qui a changé tous les éléments des tables de mortalité » déclarent les Préfets en 1817, 1826, 1827 et 1828. La commission leur emboîte le pas et l’argument est repris par les hospices qui semblent y voir un encouragement aux abandons : « nous sommes portés à croire que la certitude qu’ont actuellement les ouvriers que les enfants qu’ils mettent à La Charité ne sont plus voués à une mort certaine... les portent à les exposer plus volontiers... les hôpitaux se peuplent davantage à mesure que les malheurs y sont mieux soignés ». Cette analyse générale ne prédispose pas à l’action : fruit de causes morales et d’une situation sociale vécue comme naturelle, l’exposition ne peut se réduire ni être réduite de suite. Er toute logique on ne peut s’attaquer qu’aux manifestations du phénomène.
13C’est peut-être ce qui explique la particulière importance attachée à la situation propre de Lyon. Si l’accroissement des expositions est général, Lyon se trouve au premier rang pour la charge des enfants trouvés17. L’afflux d’enfants étrangers au département est l’objet d’une indignation épisodique puis permanente des autorités. Le conseil général est le premier à signaler, dès l’an XIII, qu’« il résulte de la position de Lyon, de l’étendue et de la célérité de ses hospices que plus du tiers des enfants sont étrangers à ce département ». En 1810, le conseil des hospices estime pour sa part à 22,61 % la proportion des enfants venus d’autres départements. A partir de 1817, les dénonciations sont générales et permanentes : le conseil général en parle dans sa session annuelle, tant le préfet que la commission, le conseil des hospices fournit en 1819 de nouvelles estimations, apparemment exagérées et reposant sur des bases contestables, pour appuyer sa revendication financière. Peu écouté, il incrimine l’année suivante les difficultés mises à recevoir les enfants dans les hospices de Bourg, Belley et Mâcon, réclamant une mesure générale pour empêcher ces refus déguisés, suivi en cela par le préfet. Il reste au conseil municipal à mêler sa voix au concert, ce qu’il fait en 1826 et 1829.
b) Un problème insoluble
14Les seuls vœux émis par les autorités ont trait à ce dernier aspect des choses : comment éliminer les enfants forains ou du moins comment les mettre à la charge d’autres ? Le préfet est le premier à prendre des initiatives et il accuse l’hôpital : « je trouve dans les règlements mêmes des hôpitaux une des causes les plus efficaces de la charge excessive dont nous nous plaignons... aussi serais-je disposé à accueillir les modifications des règlements dans le but de restreindre les facilités dont le résultat est d’attirer les enfants des départements voisins »18. Cependant, comme le note la commission, « les hôpitaux veulent obliger les départements voisins à s’équiper et non restreindre l’admission à La Charité de Lyon »19. Ils ont en effet proposé l’établissement d’une salle d’accouchements gratuits dans chaque département et d’un local pour les enfants trouvés. Par contre, ils s’opposent aux mesures extrêmes envisagées pour combattre l’infanticide et les avortements. Les mesures concrètes sont très rares, ainsi les refus d’admission et les poursuites engagées à la suite d’expositions. En 1815 encore, l’hôpital semble croire que l’absence de distinction entre abandonnés légitimes et bâtards suffit à « décourager les parents qui les gardent pour qu’ils ne soient pas confondus avec ceux du vice », et en 1827 la commission spéciale se borne à réclamer que l’on rende impossible la reconnaissance des enfants par leurs parents lors du départ en nourrice. L’hôpital s’oppose aussi au déplacement des enfants proposé par le conseil général et le préfet, aux mesures de réduction des admissions préconisées par le conseil municipal mais que refuse aussi le préfet, alléguant « du danger qu’il y a à compromettre l’existence des enfants et multiplier les infanticides en apportant plus d’entraves dans les admissions ». C’est finalement l’œuvre des malades et celle des vieillards qui seront réduites en 1829. Pour expliquer ce maintien intégral de l’œuvre des enfants on retrouve les facteurs invoqués pour la croissance de l’œuvre des vieillards : laxisme des autorités, qui par souci d’ordre et de prestige poussent à transgresser les règlements, hésitations des autorités hospitalières, incapables de s’en tenir aux règles qu’elles ont elles-mêmes élaborées.
15Faute de pouvoir agir sur les causes elles-mêmes, les parties prenantes en sont réduites à débattre d’une seule question : qui doit payer et combien ? S’abritant derrière les imprécisions de la législation tous se dérobent, laissant à la charge des hospices la plus grande partie de la dépense. Jusqu’au 4 vendémiaire an X la dépense incombe à l’État, mais le décret de ce jour la transfère aux centimes additionnels créés l’année précédente et gérés par les conseils généraux20. Dans le Rhône, ils se révèlent de suite insuffisants. Le décret du 19 janvier 1811 qui met les enfants trouvés à la charge de la charité publique (et non plus de l’État) permet de partager les charges entre l’État, les communes et les départements : l’État fournit 4 M annuels que le ministre de l’intérieur répartit entre les départements pour couvrir les dépenses externes (nourrices, transports), les dépenses internes étant à la charge des hôpitaux. Si les fonds d’État ne suffisent pas, les communes seront appelées à concourir à cette dépense21 car les 4 M sont une somme fixe. A Lyon le décret ne règle rien car le département ne touche au départ que 100.000 F, et la ville de Lyon fournit déjà de très fortes subventions22 que l’on ne peut guère augmenter en proportion des besoins sans cesse croissants. Très vite au contraire, les subventions diminuent tant au conseil général qu’au conseil municipal et l’ère des polémiques commence. Conseil général et conseil municipal sont au moins d’accord pour accuser le gouvernement et demander une augmentation du Fonds commun pour les enfants trouvés. Déjà, pourtant, le conseil municipal pressent les demandes de subvention et affirme le caractère départemental de la dépense, qui ne concerne pas spécialement Lyon et à laquelle il serait juste de faire contribuer les autres communes. Le gouvernement ne réagit pas et les collectivités locales paient. Comme le flot des réceptions semble se ralentir entre 1813 et 1815, la polémique s’apaise : les deux assemblées votent les crédits sans sourciller. Le débat reprend avec la remontée des réceptions d’enfants à partir de 1816. Soutenus désormais par le préfet, les deux conseils locaux réclament l’augmentation du Fonds commun, mais en attendant ils doivent payer de gré ou de force. Quant aux hôpitaux, ils voient mettre le déficit à leur charge. C’est du reste contre eux, et sur leurs ressources, que se refait l’unanimité. Si le conseil général réclame une révision de la loi et menace de ne plus entretenir que les enfants originaires du Rhône, dès 1821 il commence à chercher des solutions possibles dans l’alinéation du patrimoine des hospices et en particulier les domaines des Brotteaux. La révolte est plus vive au conseil municipal qui réussit à intégrer sa contribution pour les enfants trouvés dans la subvention générale et sans l’augmenter, puis s’en prend à l’État, aux autres départements, aux communes. L’hôpital se voit donc chargé d’une dépense croissante encore accrue par les quelques améliorations décidées pour enrayer « la dépeuple des enfants entretenus dans l’hospice », et pour ne pas avoir la douleur de « voir cet hôpital s’encombrer des enfants qui seront ramenés des campagnes et se changer en un vaste tombeau pour tous ces infortunés ». La comparaison n’a rien d’excessif puisque la mortalité des enfants de 0 à 7 ans placés dans l’hôpital est en moyenne de 27 % (de 1802 à 1819) avec des maxima de 70 % (1812)23.
16Ce long débat a le mérite de montrer clairement la place de l’hôpital dans la société : soumis à une pression massive de la part de la population, encouragée ou au moins appuyée par les autorités, l’hôpital se voit abandonné par elles lorsqu’il s’agit de soutien financier. Tant que l’attitude du pouvoir ne se modifie pas, aucune transformation profonde de l’hôpital n’est possible.
3 – Des obligations pesantes : filles enceintes, militaires et détenus
17Suivant les mêmes conceptions, qui veulent que l’hôpital soit le havre de toute misère et pour des raisons d’économie, l’hôpital voit déferler toute une population complexe et dont la présence peut surprendre.
a) Les filles enceintes
18Si cette catégorie de pensionnaires fait couler moins d’encre que l’œuvre des enfants trouvés, elle n’en pose pas moins de redoutables problèmes aux hospices. En théorie, elles ne sont admises que dans la quinzaine qui précède leur accouchement, après s’être faites inscrire un mois d’avance auprès de l’administrateur chargé du service et sur présentation du certificat de grossesse du juge de paix de leur domicile24. Deux exceptions portent en germe une croissance possible de cette œuvre : les filles arrivant aux douleurs sont reçues sans formalité, et aucune condition géographique n’est posée pour l’admission25. Les chiffres confirment cette impression : entre 1802-1806 et 1826-1830, les admissions augmentent de 62 %.
19Faute de sources explicites il a fallu recourir aux registres d’entrée de 1806 à 181726. Sans vouloir tenter une analyse de l’illégitimité, déjà réalisée pour Lyon27, nous essaierons d’en déduire les motivations de ce recours croissant des filles enceintes à l’hôpital. Les registres confirment les calculs de l’hôpital : la part des résidentes à Lyon s’accroît de même que celle des natives de la ville. De façon plus nette, l’accouchement des filles enceintes à l’hôpital n’est plus le seul fait du Lumpen-prolétariat : la part des manœuvres, des domestiques, des orphelines s’abaisse nettement, même si l’image n’en est pas renversée pour autant.
Les filles enceintes : 1806 et 1817 (d’après Journal d’entrée)
1806 | 1817 | |
(%) | (%) | |
Résidentes à Lyon | 68,65 | 74,80 |
Nées à Lyon | 14,66 | 19,53 |
Orphelines | 63,00 | 46,09 |
Manœuvres | 75,00 | 65,07 |
Domestiques | 36,20 | 24,60 |
20Mais dans cette évolution il est difficile de faire la part entre ce qui revient à l’évolution générale de l’illégitimité et ce qui a trait au changement de mentalité face à l’hôpital. Mieux maîtrisée que celle des enfants, l’augmentation des filles enceintes reste un indice d’une demande accrue et qui ne pousse pas l’hôpital à la spécialisation. N’oublions pas que ce service est responsable d’environ un tiers des réceptions d’enfants28.
b) Un hôpital dans l’hôpital
21L’arrêté du 24 thermidor an VIII prévoit dans son article 9 que « dans les communes où il n’y a pas d’hôpital militaire, ils (les militaires) seront reçus dans les hospices civils »29. Cet article laxiste repousse à 1837 la construction d’un hôpital militaire à Lyon. Hébergés à l’hospice, les militaires y ont un régime spécial que l’administration militaire essaie de faire respecter à la lettre. Hormis cette atteinte au sacro-saint principe de l’indépendance de l’administration hospitalière, la présence des militaires a deux conséquences tragiques : l’hôpital doit avancer les sommes qui ne sont remboursées qu’en retard et sur des bases unilatérales ; les militaires sont reçus en priorité et plus leur nombre ou leur séjour augmente, plus l’hospice est contraint de limiter les entrées civiles ou de pratiquer le doublement des lits. Le problème est évidemment tragique pendant les guerres de l’Empire : avec plus de 7.000 entrées par an entre 1813 et 1815, les militaires représentant 30 % des entrées et des présents/ jour dans cet hôpital. Le retour à la paix n’amène pas de réduction aussi nette que prévue. Avec près de 20 % des entrées et des présences à l’hôpital, les militaires continuent à représenter une lourde charge, en particulier à cause de la longue durée des séjours militaires qui finit par être supérieure de 20 % à celle des civils.
22Nombreuses, les journées des militaires sont insuffisamment remboursées : l’hôpital estime aux deux tiers de la dépense la somme qui leur est effectivement versée et l’augmentation survenue en 1817 ne suffit pas à rattraper le retard. Les paiements sont en plus tardifs : c’est en octobre 1811 que le ministère verse le solde de 1808 et accorde le premier acompte pour 1809, et c’est en mars 1817 que le solde des années antérieures à 1814 est versé.
23D’ampleur moindre, la présence de médecins militaires dans l’hôpital irrite profondément l’administration, question de principe d’abord : « Votre Altesse a vu quels soins l’administration et ses subordonnés prodiguent aux militaires et combien il serait dangereux d’innover dans une partie aussi essentielle », écrit l’administration au Prince Eugène lorsqu’il est question de nommer un médecin militaire. Peine perdue et l’hôpital devra s’accommoder de la présence d’un médecin militaire, mais sa patience est à bout lorsqu’il est question d’en nommer un second en 1814 : « c’est toujours et ce doit toujours être avec une grande peine que l’administration voit s’introduire des innovations parce qu’il est dangereux de toucher à ce que l’expérience des siècles a démontré être bien »30. Cet attachement aveugle à la tradition, si typique de l’administration, la pousse à nier l’évidence que décrit le commissaire des guerres : « il doit en résulter (de la présence des médecins militaires) un soulagement dans leurs fonctions (celles des médecins civils) et qu’ils auront plus de temps à donner au service qui leur est spécialement confié »31. L’administration paie cher son indépendance : il lui faut renseigner les préfets et les commandants de différents bureaux de recrutement sur des conscrits qui ont disparu depuis leur passage à l’Hôtel-Dieu, élaborer des états des militaires entrés et sortis, avec indication du régiment et de la bataille où la blessure a été reçue, justifier des évasions à l’hôpital, renseigner des familles inquiètes, voire même consigner des malades militaires.
24Plus dramatiques sont les conséquences pour les malades civils et le déroulement du service habituel. Certes, l’hôpital met plus d’acharnement à dénoncer les risques moraux de la présence des militaires que les risques sanitaires, en particulier pour les vénériens et galeux : « le service des malades même militaires étant fait exclusivement par des femmes, il serait inconvenant de les décharger de ce genre de service et cependant on ne pourrait, sans risque de bouleverser entièrement l’ordre qui règne dans cet antique hôpital, introduire dans cette maison le système des infirmiers ». A nouveau proposé en 1825, le problème est envisagé de la même façon par l’hôpital. Les dénonciations de l’encombrement et de la mise des malades à deux par lit sont finalement assez rares.
25La présence des militaires n’a peut-être pas été complètement négative, car même si les demandes d’ouverture d’un hôpital militaire, en 1805, 1814 et 1826 restent vaines, cette présence de plus en plus mal supportée fait prendre conscience aux administrateurs que « l’œuvre fondamentale » de l’hôpital est de soigner des malades civils. Cet argument n’est peut-être pas purement tactique.
c) L’hôpital, prison-annexe ?
26Toujours traqué par des problèmes financiers, le Directoire (mais ses successeurs en usèrent de même) oblige les hôpitaux à accueillir les détenus malades32, faute de pouvoir organiser des infirmeries dans les prisons33. Leur garde relève de ceux qui l’ont ordonnée, mais, débordées, les autorités locales n’en peuvent mais et s’en déchargent sur l’hôpital. Le voilà donc obligé de recevoir les détenus, de les surveiller, de répondre des évasions, de veiller à leur libération et de serrer un peu plus les civils lorsque la place vient à manquer. Les mêmes phénomènes se produisent à La Charité dans le cas des détenues enceintes. Dans la foulée, la police confond parfois l’hôpital et le dépôt de mendicité : L’approche des fêtes de Pâques attirant dans cette ville une foule de mendiants tellement considérable qu’il était absolument indispensable de prendre des mesures pour les réprimer. Afin de pouvoir renvoyer dans leurs communes respectives tous les mendiants qui sont étrangers à celle-ci, il était nécessaire d’arrêter également, au moins provisoirement ceux qui sont de Lyon. L’hospice de l’Antiquaille n’ayant pas un local suffisant pour les renfermer je demandais si l’administration ne pourrait en loger quelques-uns. Je n’ignorais pas que cet objet était hors de votre administration... Le zèle sans borne avec lequel vous vous devez à tous les objets de bienfaisance publique me donnait l’assurance du concours de votre administration dans cette circonstance importante 34. L’hôpital sut refuser mais put-il toujours agir ainsi ? La pression des différentes autorités rend une réponse positive au moins hasardeuse.
27Lieu de passage obligé, sinon de refuge, des classes dangereuses, l’hôpital est bien souvent sollicité par les autorités judiciaires ou policières. Tel individu était-il bien à l’hôpital tel jour ?, tel vagabond ou déserteur est-il bien enfant de La Charité ?, telle fille soupçonnée d’infanticide ou arrêtée pour prostitution a-t-elle bien laissé son fruit à La Charité comme elle l’invoque pour se défendre ?, telles sont les multiples questions que l’on pose sans cesse à l’hôpital. Avant d’être le pain bénit des historiens démographes, les archives hospitalières furent celui des policiers ! Il faut parfois aussi retirer un passeport à un malade, retrouver un émeutier entré subrepticement dans les salles. L’hôpital résiste passivement et ne fournit jamais les rapports que les autorités demandent pour chaque blessé, invoquant « les obstacles que le bien-être des malades eux-mêmes pourrait nous faire rencontrer à l’exécution des sages mesures que vous nous rappelez ». Certes, l’hôpital prend là aussi conscience, devant la multitude des exigences, qu’il ne peut être le réceptacle de tous les rejetés de la société. Annonçant l’évasion d’un détenu, l’administration affirme que « le moyen de l’empêcher c’est d’installer des infirmeries dans les prisons » car, dit-elle plus tard, « nous n’avons aucun moyen d’empêcher l’évasion de qui que ce soit, nos maisons n’étant destinées qu’au traitement des malades et ne pouvant être en aucun cas considérées comme des maisons de correction ou de détention ». Aucune modification concrète ne suit ses protestations mais, comme pour les militaires, la prise de conscience de la spécificité de l’hôpital se fait jour tout doucement.
28Avant même d’examiner la demande des malades, quelques conclusions s’imposent déjà :
La demande d’assistance, sous toutes ses formes, a traversé la Révolution sans encombre. Il semble même qu’elle se soit accrue et que l’on hésite moins à réclamer du secours que sous l’Ancien Régime. Du monceau de lettres poignantes ou maladroites que les archives ont conservées, se dégage l’idée que l’assistance est de plus en plus sentie comme un droit.
Faute de secours organisés appropriés à ces multiples besoins, la demande déferle sur l’hôpital. Pour des raisons idéologiques, les administrateurs de l’hospice restent fidèles à la vieille notion de l’hôpital-asile, mais ils ne peuvent la satisfaire. Il n’empêche que l’hôpital passe plus de temps à refuser les entrées qu’à contraindre à l’enfermement une population réputée hostile à l’hôpital.
L’accumulation des charges est accrue par les autorités publiques qui, émues par le désordre possible, doivent agir. Seul l’hôpital peut héberger tous les « rebuts » de la société. Certes, les autorités voudraient un hôpital moins encombré, plus hygiénique, mais nécessité fait loi : quelques enfants de plus, quelques doublements de lits, le peuple n’est pas si regardant en matière d’hygiène, et à prendre quelques vieillards payants l’hôpital trouve aussi son compte... Plus que d’un plan préconçu, l’encombrement de l’hôpital naît du désarroi des classes dirigeantes face au déferlement de la misère.
L’hôpital risque de devenir un lieu de désordre et cette pensée devient vite insupportable aux administrateurs de l’hôpital. Le spectacle de l’encombrement fait naître, timidement, l’idée que l’hôpital doit réserver en priorité ses efforts au soin des malades. Dans ces conditions, la médicalisation ne serait donc qu’un pis aller, un moindre mal et non plus un plan logique.
Notes de bas de page
1 Règlement de l’hôpital de La Charité, op. cit., chap. III.
2 A.H.C.L., Délibérations, vol. 1,15 floréal an X.
3 A.H.C.L., série Q, Registre des vieillards (inscriptions), vol. B 1798-1809, vol. D 1816-1823.
4 A.H.C.L., Charité, Pétitions reçues à La Charité, de ventôse an X au 6 janvier 1831. A.H.C.L., série L, Courrier, passim.
5 GUTTON (Jean-Pierre), op. cit., p. 26.
6 A.H.C.L., Délibérations, vol. 9, 6 mai 1812, pp. 278-279.
7 D’après les Comptes moraux.
8 WATTEVILLE (A. de), Législation charitable, op. cit.
9 FAYARD (Étienne), Histoire administrative des enfants trouvés abandonnés et orphelins de Lyon, Paris, 1859, 432 + LXVIII pages, p. 189.
10 Règlement de l’hôpital de La Charité, op. cit., titre 2, chap. I, article VII.
11 Id., art. XVII.
12 WATTEVILLE (A. de), Législation charitable.
13 A.D.R., 1 N, Conseil général, 1817, Rapport administratif (préfet), p. 38, 29 avril 1817.
14 Ibid., Rapport du Préfet sur les enfants trouvés, 30 avril 1817.
15 A.M. Lyon, série D, Délibérations du conseil municipal, 1829, Rapport de la commission spéciale sur les enfants trouvés, 15 décembre 1829, pp. 489-500.
16 A.H.C.L., Délibérations, vol. 16, 4 août 1819, vol. 19, 15 août 1821.
17 WATTEVILLE (Adolphe de), Statistique des établissements et services de bienfaisance : Rapport à M. le Ministre sur la situation des Enfants trouvés, Paris, 1849, 141 pages. Le Rhône est au premier rang pour le nombre d’enfants rapporté au nombre d’habitants, au deuxième rang si on le rapporte aux naissances.
18 A.D.R., 1 N, Conseil général (1821), Rapport du Préfet sur les enfants trouvés, pp. 75 à 77.
19 Ihid., Rapport de la commission, 1821, pp. 164-173.
20 TERME (Jean-François), Discours de Réception à l’Académie de Lyon, Lyon, 1836, 20 pages, p. 14.
21 Cité dans WATTEVILLE (A. de), Législation charitable, op. cit., le décret est commenté dans FAYARD (Etienne), op. cit., p. 206 sq., et dans TERME (Jean-François), MONFALCON (Jean-Baptiste), Histoire des Enfants trouvés, Paris, 2e éd. 1840, 499 pages, p. 112.
22 380.000 F en moyenne de l’an X à 1810, somme parfois réduite lors de l’approbation des budgets. Cf. A.M. Lyon, D, Conseil municipal (an X – an XIII), Budget de 1807. En 1807 cela représente 15,22 % des dépenses municipales.
23 FAY-SALLOIS (Fanny), Les nourrices à Paris au XIXe, Paris, 1980, 284 pages, pp. 72 et suiv.
24 Règlement de l’Hôpital de La Charité, op, cit., titre 3, chap. II, art. 1 et 2.
25 Ibid. ; une autre exception existe (de moins de conséquence) pour les quelques filles payantes dont le séjour n’est pas limité.
26 A.H.C.L., série Q, Journal d’entrée et de sortie des filles enceintes admises dans l’hôpital pour y faire leurs couches, du 1er janvier 1806 au 1er décembre 1809. Registre des filles mères, année 1807.
27 CAVERT (Monique) et FRAISSE (Catherine), L’Illégitimité à Lyon durant la première moitié du XIXe siècle, Lyon, maîtrise, 1975, 175 pages, dactyl.
28 CAVERT (M.) et FRAISSE (C.) estiment à 95 % le pourcentage des enfants illégitimes nés à l’hospice qui sont abandonnés ou exposés.
29 WATTEVILLE (A. de). Législation charitable, op. cit., 24 thermidor an VIII.
30 A.H.C.L., Courrier, Lettre au Commissaire des guerres, 22 septembre 1814, vol. 8, p. 36.
31 Id., Lettre de l’Ordonnateur de la 19e division militaire, 10 octobre 1814 (5641).
32 WATTEVILLE (A. de), Législation charitable, op. cit., décret du 4 vendémiaire an VI.
33 Dans un état sanitaire particulièrement déplorable. Cf. PERROT (Michelle), Éd., L’Impossible prison, op. cit.
34 A.H.C.L., Courrier, Lettre du Commissaire général de police, 27 avril 1810 (3028).
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