Chapitre II. Le Meunier d’Angibault, roman « socialiste » ?
p. 377-390
Texte intégral
1Malgré le regain d’intérêt porté ces dernières années à l’œuvre de George Sand1, le Meunier d’Angibault continue d’y occuper un rang si modeste qu’on pourrait presque parler à son sujet de méconnaissance ou d’oubli. Alors que le public manifeste aux autres récits champêtres une fidélité sans défaillance, tout se passe comme si ce roman, déjà brièvement qualifié par Wladimir Karénine de « socialiste », n’avait plus grand’chose à nous apprendre sur celle qui l’a écrit, ni même de quoi mériter une particulière attention de notre part.
2On peut trouver quelques bonnes raisons à cette indifférence. Lorsqu’il est publié au début de 1845, l’ouvrage marque dans la production de l’auteur une continuité plutôt qu’une rupture, car il reprend à première vue deux thèmes largement traités dans le Compagnon du Tour de France en décembre 1840, celui des amours contrariées d’une aristocrate et d’un ouvrier et celui de la supériorité morale de l’homme du peuple. La situation du menuisier-ébéniste Pierre Huguenin face à Yseult de Villepreux préfigure celle du mécanicien Henri Lémor devant Marcelle de Blanchemont, et, dans un cas comme dans l’autre, les éminentes qualités de l’élu justifient la chaste passion qu’il inspire. Si l’on ajoute que, dans le Compagnon, les emprunts aux idées de Pierre Leroux apparaissent avec une particulière netteté et qu’on a voulu les retrouver dans Le Meunier d’Angibault, il semble en effet qu’on puisse dénier toute originalité à ce dernier.
3Les difficultés auxquelles se heurta la publication sont, elles aussi, de nature à confirmer que, dans l’ouvrage, la critique sociale l’emporte sur la littérature. George Sand pensait que son roman paraîtrait dans le Constitutionnel, mais c’était compter sans la prudence du directeur, le célèbre Véron. Les Mémoires de ce curieux personnage montrent avec quelle admirable perspicacité il a su ménager toutes les puissances, au long de sa carrière. Il avait gagné beaucoup d’argent après la Révolution de Juillet, en administrant l’Opéra en hommes d’affaires plutôt qu’en mélomane. Se retrouvant en 1844 à la tête du journal le plus lu dans le pays, il entendait garantir la prospérité de cette nouvelle entreprise en se gardant d’abord d’inquiéter et le public et le pouvoir. Quand il évoque l’affaire du Meunier d’Angibault dans ses souvenirs2, il la réduit à une banale péripétie de calendrier non respecté, l’une de ces préoccupations si importantes dans la vie d’un responsable de presse qu’elles lui ôtaient, prétend-il, le sommeil. La correspondance de’ George Sand montre qu’il s’est agi de tout autre chose. Au long du mois d’août 1844, elle travaille d’arrache pied pour respecter ses engagements, mais, craignant déjà ce qui devait effectivement arriver, elle croit en envoyant le manuscrit prudent d’ajouter : « Vous me trouverez peut-être un peu communiste. Ce sont mes idées à moi, laissez-les moi (...). On ne vous demandera pas compte de mes utopies. Elles ne sont pas neuves, mais elles sont consolantes pour beaucoup de gens (...). Ne soyez pas plus poltron que moi »3. La réaction de Véron dut être aussi prompte que vive puisque, dès le 6 septembre, la romancière réplique par une mise au point dont les seuls fragments aujourd’hui connus permettent d’apprécier la dignité et la rigueur : « La donnée et le sujet sont tellement dans ma chair et dans mon sang qu’on me tuerait bien plutôt que de me faire abandonner la cause des pauvres qui ne lisent guère pour plaire aux riches qui me lisent peu »4. C’était donner son véritable sens au débat qu’une lettre à Charlotte Marliani résume parfaitement deux jours plus tard : « Mr Véron refuse mon dernier roman sous prétexte que les tendances ne seront pas du goût de ses abonnés »5. Fort des engagements souscrits de part et d’autre, le « Napoléon » du Constitutionnel ne devait pas s’avouer vaincu sur le champ. Mais il fut sans doute surpris, lui devant qui ses collaborateurs généralement pliaient, par la fermeté d’une rebelle qui lui envoyait peu après, par l’intermédiaire d’un ami6, sommation à publier et semblait décidée à plaider sans se soucier autrement de ses intérêts matériels. Aussi jugea-t-il sage d’abandonner la partie. C’est finalement dans la Réforme que Le Meunier d’Angibault parut en feuilleton à partir de janvier 1845, grâce à l’entremise de Louis Blanc.
4De la part d’un maître affairiste dont la position juridique était, de surcroit, des plus solides, ce renoncement a de quoi surprendre, et il n’est pas sans importance d’examiner les raisons de ce repli sans combat. Elles tiennent, de toute évidence, à la signification littéraire que le différend avait prise. Patron de presse autoritaire, le directeur du Constitutionnel savait aussi jauger ses adversaires, et possédait au plus haut degré l’art de ne pas se compromettre. Il a dû comprendre que sa réputation ne sortirait pas indemne d’une action judiciaire, en raison des indiscrétions qu’il avait cru, dans le premier moment, pouvoir se permettre. Parce qu’il savait flatter ses lecteurs comme naguère les abonnés de l’Opéra, il se croyait homme de goût, critique de bon conseil, et il avait proposé, sitôt lu le manuscrit, des modifications de nature – selon lui – à améliorer le texte. A ces suggestions au moins déplacées, la romancière avait opposé un refus catégorique, fondé sur le rappel de la liberté nécessaire au créateur. Or, en cas de procès, ce point avait toutes les chances d’être évoqué à l’audience, car l’avocat de la plaignante ne pouvait manquer d’y trouver un argument de poids, capable de couvrir la partie adverse de ridicule – devant l’opinion sinon devant les juges. Véron avait trop le sens de sa respectabilité, qui était l’un des supports de sa réussite, pour prendre un tel risque. L’affaire n’eut donc pas de suite. Mais les lettres écrites par George Sand avant qu’intervienne la transaction permettent de mieux comprendre ce que le roman représentait pour elle, dans quelles dispositions d’esprit elle l’a écrit, et par là de mesurer tout ce qu’elle y a mis d’elle-même.
5Sitôt après avoir lu le texte, son vieil ami Latouche jugeait l’héroïne du Meunier d’Angibault plus « avancée » que Jeanne ; à mon avis, « les vœux de pauvreté faits par (cette dernière) sur les recommandations de sa mère (pouvaient) passer pour une superstition qui ne blessait personne », alors que Marcelle de Blanchemont défie la classe dont elle est issue en choisissant de se séparer d’elle7. George Sand paraît beaucoup moins catégorique. Elle assure à Véron que « sa bonne foi va jusqu’à ne pas comprendre l’honneur (qu’il fait à l’ouvrage) de le trouver philosophique ou dogmatique en quoi que ce soit »8„ A Hetzel, elle vante la « simplicité » de ses personnages quand ils mettent en cause la propriété, la « naïveté des formes » que revêtent leurs attaques, si bien qu’elle juge risibles les « terreurs » du directeur du Constitutionnel 9. C’est à Hetzel encore que, peu après, elle livre sur ce point le fond de sa pensée : « Je ne pousse pas à l’émeute et aux violences, bien convaincue que le peuple arrivant par la colère ou la vengeance ferait pis que ce qui est. Seulement mon âme et mon cœur demandent sans cesse la révision des institutions sociales et la solution du problème économique, révision et solution inévitables dans l’avenir, et que les gouvernements feraient mieux de laisser librement et pacifiquement, que d’abandonner aux sombres élucubrations des fanatiques silencieux »10. De la part d’un écrivain aussi peu enclin à déguiser sa pensée, cette confidence donne à réfléchir. Elle invite à examiner de près les véritables intentions d’un ouvrage qu’au début du Second Empire le magistrat Eugène Poitou estimera dangereux, sur la seule caution de quelques formules grapillées au long du récit.
6La première question qui se pose ici est de bien délimiter les influences reconnaissables dans le texte. Monsieur Jean-Pierre Lacassagne a fait une étude exhaustive de celle de Pierre Leroux, et mis en évidence les rapprochements qui l’établissement11. Nous nous permettrons cependant de rappeler l’insistance avec laquelle, dans sa correspondance, George Sand souligne que les idées défendues dans son livre sont d’abord les siennes, qu’elles tiennent à ses convictions les plus intimes et qu’elle en assume la responsabilité entière. Cet engagement personnel explique peut-être que, comparés à l’ensemble du récit, les emprunts à Leroux apparaissent relativement peu nombreux et qu’ils n’impliquent pas toujours, tant s’en faut, une totale adhésion. Ils concernent, pour l’essentiel, outre l’économie générale de l’intrigue, le résumé que Marcelle de Blanchemont fait de sa vie passée à sa jeune amie berrichonne Rose Bricolin, et surtout les propos comme le caractère de Lémor, l’homme que Marcelle finira par épouser. Or ce fils de bourgeois, qui a choisi par idéalisme l’état d’ouvrier, n’est pas – et de fort bien – le personnage le mieux venu ni le plus convaincant, au point que le lecteur peut éprouver quelque peine à concevoir la passion qu’il inspire. Irréconciliable ennemi des privilèges de la naissance et de l’argent, il vit dans un dénuement à peu près complet après s’être défait, par fidélité à ses principes, du petit héritage qui l’aurait mis à l’abri du besoin. Eperdument épris de Marcelle, il ne consent à accepter sa main que du jour où elle a perdu les derniers débris de sa fortune. Bref, tel qu’il apparaît d’un bout à l’autre, plus soucieux du bonheur de l’humanité que du sien, il devrait ressembler à un apôtre laïque pour intéresser à sa cause, et se montrer capable d’imposer son autorité morale à tous ceux qui l’approchent. Or, tout se passe comme si la romancière avait négligé de lui conférer cet indispensable prestige. Elle a certes fait de lui un modèle de désintéressement et de dévouement, un être pur pour lequel la pauvreté devient comme un nouveau baptême après qu’il l’a choisie. Mais elle lui suggère aussi, dès le début, cette définition désenchantée et sans doute exacte de lui-même : « Je suis un rêveur obstiné et incorrigible »12. De même elle a soin de montrer, au fil des événements, les bouleversements provoqués par la passion dans « cette jeune tête volontairement stoïque »13. Mais il faudra, au dénouement, tout l’esprit de décision de Madame de Blanchemont et le concours de circonstances exceptionnelles pour que le mariage se fasse ; c’est à l’aristocrate que revient tout le mérite de la mésalliance, promise à devenir le modèle du bonheur. Ces hésitations d’un cœur trop prompt à s’abandonner à de nobles scrupules auraient pu ennoblir le personnage, s’il avait meilleure allure dans l’exercice de ce qu’il tient pour sa mission. Mais il ne paraît guère plus à l’aise avec les autres que devant celle qu’il aime. Les longues discussions qu’il poursuit avec le meunier Grand Louis le montrent peu à son avantage, et la simple logique de son interlocuteur n’éprouve guère de peine à mettre en évidence la confusion de ses propres idées. Il passe alors, sans la moindre transition, du propos réformiste à l’enthousiasme : « O peuple ! tu prophétises ! s’écria-t-il en serrant le meunier contre son cœur. C’est pour toit (...) que Dieu fera des miracles, c’est sur toi que soufflera l’Esprit Saint ! (...) Et voilà pourquoi j’ai brûlé mes livres (...) Voilà pourquoi je vais chercher, parmi les pauvres et les simples de cœur, la foi et le zèle que j’ai perdus en grandissant parmi les riches ! »14 On ne saurait plus clairement suggérer que cet ambitieux idéaliste est plus riche de sensibilité que de bon sens. « Vous êtes un malade qui cherche la santé », lui dit Grand Louis pour clôre le débat, et le lecteur a tout lieu de partager cette opinion. C’est au dénouement, grâce à son prochain mariage et à la décision qu’il prend de vivre loin de Paris, que Lémor paraît enfin capable de conquérir l’équilibre qui lui manque. Mais, au long du roman, son comportement semble de nature à compromettre plutôt qu’à recommander les plans de réforme qu’il prétend défendre. On ne retrouve nulle part, dans les propos qu’il tient, cette « logique de la Providence » qui brillait pour George Sand dans les discours de Pierre Leroux dès leur, première rencontre15. Cette distance critique prise par l’auteur face à son personnage implique, semble-t-il, qu’elle n’en faisait ni son propre interprète ni le porte parole autorisé d’une doctrine précise.
7Il en va tout autrement pour Marcelle de Blanchemont, et c’est à travers la conduite de celle-ci que la signification sociale du roman apparaît le plus nettement. Présente d’un bout à l’autre dans l’intrigue dont elle est l’âme, elle s’impose comme l’une des figures les mieux dessinées et les plus sereines que George Sand ait imaginées. C’est que le roman raconte moins la conquête de l’homme qu’elle aime que l’histoire de sa propre libération. Là réside sans doute la première et la plus chère des thèses que la romancière a voulu défendre, et qui l’a conduite à mêler à sa fiction un plaidoyer féministe subtil et convaincant. Car le mariage avec Henri Lémor ne constitue que l’un des éléments d’un ensemble beaucoup plus complexe, celui d’une vie longtemps abandonnée à autrui qui reconquiert son indépendance à force de volonté et, à la faveur avec laquelle l’héroïne est traitée, on devine le plaisir de l’artiste à composer un portrait où elle avait les meilleures raisons de se reconnaître. Dès l’abord, Marcelle est représentée comme une jeune femme parfaite, l’union de la beauté, de la passion et de la pudeur, et comme la personnification de ce que la haute aristocratie pouvait alors produire de meilleur. Mais cette idéalisation n’a rien de convenu ni de mièvre. « Elle était, écrit l’auteur, de ces âmes tendres et fortes à la fois, qui ont besoin de se dévouer, et qui ne conçoivent pas d’autre bonheur que celui qu’elles donnent »16. Ainsi s’explique l’amour qu’elle ressent pour le plébéien Lémor, fondé sur le respect qu’il lui témoigne et les qualités morales qu’elle a reconnues en lui. Il était malaisé de montrer comment un sentiment si ardent et si pur avait pu naître, dans la France de 1840, entre une baronne du Faubourg Saint Germain et un ouvrier, et on découvre quelque complaisance romanesque dans la rencontre imaginée deux ans plus tôt à cet effet. Mais, pour ce qui concerne la valeur exemplaire de l’aventure et ce qu’on pourrait nommer sa fonction pédagogique, il est surtout important de remarquer qu’en refusant d’épouser Marcelle devenue veuve à cause de la fortune qu’il lui suppose, Lémor la condamne du même coup à décider seule de son avenir et de celui de son fils. La thématique naguère abordée dans le Compagnon du Tour de France est traitée, dans le Meunier d’Angibault, de façon beaucoup plus humaine. Après que Lémor l’a repoussée par excès de scrupule, l’héroïne se retrouve désormais libre d’elle-même, et l’un des enseignements les moins contestables du livre tient à l’usage qu’elle va faire de cette liberté, qui engage son enfant autant qu’elle-même. Mariée au sortir du couvent, prisonnière ensuite des seuls usages qu’elle connût – ceux de son milieu, elle s’est laissée tromper sans protester et ruiner sans vraiment comprendre que son conjoint la dépouillait. Les dures réalités qu’elle découvre après son veuvage deviennent un sévère mais décisif apprentissage, dans la mesure où elle se résout à les affronter avec courage et lucidité. George Sand n’a rien laissé au hasard pour justifier ce changement d’attitude, et bien mettre en évidence la logique de cette révolution intérieure. Le texte précise que, lorsqu’elle part pour le Berry, Madame de Blanchemont est déjà décidée à abandonner Paris et le genre d’existence auquel l’astreignait sa condition mondaine. L’amour pour Lémor, cet homme pauvre et pur, explique pour une part cette attitude. Mais nous sentons aussi que la mort du mari et la découverte de l’inconduite de celui-ci ont dû provoquer un choc décisif chez un être trop bien protégé jusqu’alors pour avoir pris conscience des réalités que lui cachait l’artiflce de la condition aristocratique. La vie d’égalité qu’elle entend mener désormais ressemble à une recherche de la vérité.
8Il parait peu douteux que George Sand se soit sentie comme personnellement engagée dans ce choix, et cet engagement dispense – croyons-nous – de chercher des références idéologiques trop précises dans les explications que le personnage propose de sa conduite. Des ressemblances existent sans doute entre les idées qu’elle exprime et celles de Pierre Leroux dès que ses propos tendent à devenir théoriques, comme lors de ses confidences à Rose Bricolin. Mais l’impression demeure que ses nouvelles convictions, et la conduite qu’elles inspirent, procèdent d’un état d’esprit plutôt que d’un système, car c’est avant tout la liberté et la dignité de la femme que l’auteur prétend ici illustrer et défendre. Or, par un curieux détour, cette intention serait de nature à nous amener vers Lamennais plus encore que vers Leroux. La correspondance montre combien l’attachement de la romancière demeurait vif pour « l’apôtre qui avait voulu agrandir la place du peuple dans le royaume de la terre », comme elle le nomme en 1841 dans Un hiver à Majorque 17; les preuves abondent qu’elle continuait d’éprouver à son endroit une manière de vénération. Mais Lamennais n’était guère féministe ; il demeurait sur ce point fidèle aux traditions qui avaient marqué sa première éducation et, dans les Pensée diverses jointes aux Discussions critiques publiées en mai 1841, il avait vivement reproché aux femmes de vouloir imiter les hommes. Rien n’interdit de penser que le courage et la fermeté avec lesquels Marcelle de Blanchemont assume les lourdes responsabilités auxquelles rien ne l’avait préparée, constituent des réponses, discrètes mais précises, aux acerbes remarques mennaisiennes. Le Meunier d’Angibault se présenterait alors comme la suite de la déférente polémique engagée sur ce point, au printemps de 1841, avec le prisonnier de Sainte-Pélagie18.
9Il se pourrait bien aussi que le roman doive à Lamennais les nombreuses références à l’Evangile dont il fait état, et qui ont de quoi surprendre. Rien, en effet, ne les exigeait a priori dans le récit19. A mesure qu’elle se libère de son passé, l’héroïne se détache du catholicisme dans lequel elle a été élevée, et la pratique comme les préoccupations religieuses paraissent assez peu marquer la vie de la plupart des paysans, riches ou gueux, qui nous sont présentés. Le père Bricolin s’en moque ouvertement, sa femme semble surtout tenir à respecter les convenances en ces matières, et l’inquiétant mendiant Cadoche, qui évoque à tout instant le Ciel et les saint, attend l’article de la mort pour restituer le trésor qu’il a volé. Grand Louis, au contraire, apparaît soucieux, d’un bout à l’autre, de mettre sa conduite en accord avec les principes chrétiens dont il se réclame. Une foi naïve et sereine l’habite, et Marcelle lui fait à bon droit compliment d’avoir « la vraie religion dans le cœur »20. La formule prend tout son relief si l’on remarque comment, au terme de péripéties fort mouvementées, l’action s’achève – en bonne partie grâce à la probité du meunier – par la récompense des bons et la punition des pervers. Ce serait sans doute une erreur de voir dans l’heureux dénouement le simple souci de « bien finir » : l’incendie de la ferme – la pire des catastrophes à la campagne, et surtout l’épouvantable mort de la Bricoline relèvent trop de la tragédie pour autoriser cette interprétation. Tout se présente et s’enchaîne comme si l’auteur avait voulu conclure en suggérant que les derniers événements revêtaient une signification quasi surnaturelle : celle du triomphe de la justice immanente. Le vieux Bricolin se retrouve ruiné au moment précis où le bonheur récompense les mérites de ceux qui avaient failli devenir ses victimes. Dans cette perspective, les allusions à l’Evangile qui, grâce à Grand Louis, ponctuent l’action prennent un relief particulier. S’il ne saurait évidemment être question de faire du Meunier d’Angibault un roman religieux ni de méconnaître son caractère laïque, voire anticlérical à l’occasion, on ne saurait négliger non plus le rôle qui semble bien y être dévolu à la Providence. Le Grand Louis réaffirme sa confiance en elle alors même que l’avenir a tout l’air d’être fort mal engagé pour lui21 ; son attitude, en totale contradiction avec le réalisme borné du père Bricolin, symbolise assez exactement l’atmosphère propre à l’ouvrage.
10Cette présence implicite de la référence chrétienne est particulièrement sensible dans le procès incessant que le livre fait à l’argent. La malfaisance et l’effet corrupteur de la richesse y sont mis en lumière avec une rigueur d’autant plus redoutable qu’elle procède d’abord de la connaissance de la psychologie paysanne. A travers son fermier sur le point de devenir gros propriétaire, George Sand montre avec un art digne de Balzac comment « l’argent passe dans le sang », permettant à celui qui en possède assez de rejoindre « l’aristocratie nouvelle, la noblesse des bons écus »22, et comment cette apparente réussite entraîne, en toute logique, les pires catastrophes. Au contraire, le désintéressement de Marcelle garantit le bonheur de ses amis autant que le sien. Mais c’est ici encore l’exemple de Grand Louis qui paraît le plus éclairant, dans la mesure où l’oubli de son propre intérêt et l’empressement dont il fait preuve à tout instant pour aider ses semblables ressemblent fort à la pratique de l’amour chrétien du prochain. Et ce trait, lui aussi, nous ramène plus près de Lamennais que de Leroux. Si, en effet, la philosophie de ce dernier se présentait vers 1840 comme une « philosophie religieuse », elle n’en réduisait pas moins le christianisme à un moment dépassé de la révélation progressive dont le devenir de l’humanité racontait l’histoire. Lamennais, en revanche, demeurait persuadé, même après sa rupture avec l’Eglise institutionnelle, que l’Evangile avait exposé une fois pour toutes la seule doctrine capable d’établir le règne de la fraternité, c’est-à-dire d’un bonheur fondé à la fois sur la charité et sur la justice. Quand elle avait, en 1838, défendu contre Lerminier le « radicalisme évangélique » du Livre du Peuple, George Sand avait affirmé son absolue confiance dans le succès de la croisade inaugurée par l’ouvrage contre ce qu’elle nommait « l’impiété sociale »23, pour reconquérir « l’héritage du Christ ». C’est précisément de cet héritage que, face à Lémor, le meunier se réclame explicitement quand il montre, dans l’Evangile et dans l’action des Apôtres, un modèle dont son ami avait tout intérêt à s’inspirer au lieu de se perdre dans les spéculations fumeuses24. La conclusion du roman autorise, semble-t-il, à poursuivre ce rapprochement. Le dernier chapitre du Livre du Peuple évoque, on l’a dit25, « la peinture idéale d’une nouvelle Salente », imaginée à partir du message évangélique tel que Lamennais l’interprétait alors. Mais la communauté fraternelle esquissée à la fin du Meunier d’Angibault ranime le souvenir de ce rêve idyllique et chrétien. Certes, de précises réminiscences de l’Emile viennent s’y mêler ; la « petite maison bien propre, avec du chaume dessus et des pampres verts autour » dont parle Grand Louis, ressemble comme une sœur à celle que Rousseau avait imaginée pour en faire l’asile de la félicité26. Mais ceux qui se préparent à y vivre travailleront en intime union avec leurs frères du moulin tout proche pour être utiles aux autres, et – comme le souhaitait Le Livre du Peuple – leur existence harmonieuse, féconde et paisible ignorera les rivalités nées de la concurrence et de l’appât du gain.
11La conclusion s’impose, au terme de ces analyses, que les intentions didactiques du texte se bornent finalement à reprendre certains engagements personnels de George Sand, et des plus chers. Mais, étroitement associés au progrès de l’intrigue, ils apparaissent assez indépendants d’une doctrine précise, et plus proches en définitive du combat de Lamennais que des idées de Leroux. Le Meunier d’Angibault confirme à sa manière l’opinion du conservateur catholique Louis de Carné qui, dans la Revue des deux Mondes du 1er septembre 1841, avait réuni le prêtre démocrate et la romancière dans une identique réprobation, avant de les désigner du même geste à la vigilance du pouvoir politique. Il suffit cependant de lire le roman, et de goûter le plaisir qu’il sait encore dispenser, pour comprendre que cette discrète propagande n’en épuise nullement la valeur. Occupait-elle même, lors de la rédaction, le premier rang dans les préoccupations de l’auteur ? La correspondance échangée avec Véron à l’automne de 1844 incite à en doute27 . L’ouvrage a été écrit d’une traite, comme si l’inspiration s’était nourrie d’elle-même, et lorsque, par crainte des réactions de ses lecteurs, le directeur du Constitutionnel avait cru pouvoir se transformer en censeur, il avait provoqué cette mise au point : « Ce que les gens de lettres appellent un peu fastueusement leur inspiration, je l’appellerai tout bonnement, l’entrain, le plaisir ou l’amusement que je trouve à écrire »28. La confidence vaut sans doute pour l’ensemble de l’œuvre romanesque. Dans le cas précis, elle permet de rétablir une juste hiérarchie, car les mots employés – entrain, plaisir, amusement – sont révélateurs d’un état d’esprit. Ils suggèrent que, pendant les nuits laborieuses de l’été de 1844, la romancière a été conquise par l’histoire qu’elle inventait, et on imagine mal que les idées qu’elle cherchait à défendre aient pu susciter, à elles seules, tant d’alacrité et de joie. Il est significatif que la documentation historique et, de manière générale, ce qu’on pourrait nommer l’apport livresque jouent dans Le Meunier d’Angibault un rôle beaucoup plus discret que dans Le Compagnon du Tour de France. Ici, l’auteur a pratiquement tout tiré de son propre fonds. De ce fait, la volonté de critique sociale apparaît moins évidente que l’aisance et la spontanéité avec lesquelles George Sand évoque les paysages et les gens qui lui étaient familiers depuis l’enfance. A ce titre, le premier mérite du roman est d’inaugurer la série des récits berrichons. Le difficile voyage de l’héroïne vers le domaine de sa famille offre l’occasion de décrire la Vallée Noire vue des hauteurs de Corlay, et ce morceau d’anthologie est si réussi qu’il ne sera plus recommencé : ce sera désormais sous d’autres points de vue que, dans l’œuvre à venir, les environs de Nohant seront représentés. De même, à partir du moment où on a identifié le château de Blanchemont avec celui de Sarzay, la localisation des lieux devient d’autant plus aisée et précise qu’ils sont, le plus souvent, désignés par leur nom véritable. L’habileté avec laquelle s’enchaînent les péripéties assez mouvementées de l’intrigue s’explique en bonne part par la connaissance intime que la romancière possédait de ce petit terroir, où elle se sentait comme chez elle. Mais le décor n’est pas ici seul en cause, car les rebondissements en apparence les plus romanesques procèdent souvent d’incidents qu’elle avait personnellement vécus ou dont elle avait été le témoin. Au début, l’épisode de la patache embourbée au milieu d’un gué est la transposition d’une mésaventure qui lui était survenue une trentaine d’années plus tôt, à peu de distance de Corlay, en compagnie de sa mère, et il suffit d’en lire la relation dans l’Histoire de ma vie pour retrouver la plupart des détails repris dans le roman29. A la fin, l’incendie de la ferme Bricolin reproduit un sinistre identique survenu près de Nohant en septembre 1842, auquel elle avait assisté30. Si le mendiant Cadoche avoue, au dénouement, avoir fait partie d’une bande de chauffeurs dans sa jeunesse, c’est selon toute vraisemblance que les gens du pays n’avaient pas oublié, vers 1840, les crimes commis vers 1800 par des brigands de ce type tout près de chez eux, dans le Cher31. On pourrait sans peine allonger la liste. A chaque instant, au fil des pages, l’imagination prend appui sur le souvenir, et, par exemple, l’amitié du meunier Grand Louis pour sa jument Sophie ressemble fort aux sentiments que George Sand portait à sa propre monture, baptisée Colette. A s’en tenir à ses composantes paysannes et rustiques, Le Meunier d’Angibault apparaît plus riche de détails authentiques, voire d’indirectes confidences, que La Mare au Diable, François le Champi ou La petite Fadette.
12Le texte y gagne une densité, et comme une épaisseur sociale, qui manquent parfois aux idylles campagnardes. En octobre 1844, l’auteur assurait à Véron avoir écrit son livre « de bonne foi, comme un roman d’actualité, purement roman, peinture de mœurs par dessus tout »32. Si l’on excepte Marcelle de Blanchemont et Lémor, qui sont deux Parisiens, cet aspect documentaire apparaît clairement dans la peinture du petit monde paysan, à la fois humble et complexe, qui revit sous les yeux du lecteur. Plus nombreux et mieux diversifiés ici qu’ailleurs, les personnages berrichons forment aussi un groupe plus homogène, et l’appartenance à cet ensemble à la fois fortement structuré et refermé sur lui-même, confère une valeur quasi exemplaire à leur modeste communauté. Le père Bricolin, à lui seul, mériterait de retenir l’attention des historiens. Cet homme rusé qui a su comprendre la puissance sociale du capital, au lieu de se contenter de thésauriser comme Grandet, se présente comme le typique représentant de toute une classe rurale, celle qui votera massivement pour le parti de l’ordre en 1849, et constituera l’un des plus fermes soutiens du Second Empire dans les campagnes. Il est aisé, à l’inverse, de retrouver dans le meunier Grand Louis plus d’un trait caractéristique du paysan français d’après la Révolution, ainsi qu’il s’en vante lui-même devant Marcelle de Blanchemont pour expliquer la liberté de ses manières où plus rien ne paraît de l’obséquiosité du vieux temps. A l’idée de dîner à l’office avec les domestiques, s’il était d’aventure invité au château, il ressent la même jumiliation que Madame Roland avait éprouvée dans sa jeunesse en pareille circonstance33, et la conscience qu’il possède de sa dignité personnelle justifie l’assurance dont ne cessent de témoigner ses propos et sa conduite. Affranchi des anciennes servitudes, cet être serviable et généreux se présente d’abord comme un homme libre, et il entend être toujours traité comme tel. Plus instruit qu’on aurait pu croire à première vue, il sait dépasser l’horizon de son village34. Il a entendu parler des réformateurs désireux d’améliorer le sort des pauvres, et il s’intéresse à l’occasion aux solutions qu’ils imaginent, même si son bon sens l’incite à mettre en doute l’efficacité des remèdes qu’ils proposent. Bref, ce paysan bien typé est en passe de devenir un véritable citoyen. Mais on aurait tort de voir dans son attitude une idéalisation toute gratuite, ou une déformation de la réalité exigée par la thématique que le roman était chargé d’illustrer. Des faits précis établissent en effet que ce portrait est, lui aussi, exactement observé. Dans ces mêmes années 1840, à Neuvy Saint-Sépulchre gros bourg situé à une quinzaine de kilomètres d’Angibault, un petit groupe de gens très simples avait décidé de se réunir régulièrement pour discuter de ce qu’on appelait alors la question sociale, et l’animateur de cette modeste assemblée, le tailleur Dessoliaire35, correspondait avec Lamennais, son grand homme, et aussi avec George Sand. Dans une lettre datée d’octobre 1844, celle-ci lui recommande de se laisser guider dans son action par « un véritable esprit de charité, un profond sentiment de fraternité », et de témoigner « de la douceur avec les autres hommes imbus de principes contraires »36. C’est l’enseignement du Livre du Peuple, mais aussi – la douceur en moins peut-être ! – le rappel des principes inspirés de l’Évangile auxquels le meunier cherche à conformer sa conduite. On sait, par sa correspondance, que la romancière avait d’abord pensé intituler son récit Au jour d’aujourd’hui, en reprenant une locution que le père Bricolin aime employer pour justifier sa conduite quand l’intérêt lui commande de faire violence à la morale. Une fois le manuscrit terminé, le fermier dut céder la place à son inférieur... Ce changement révèle la véritable intention de l’ouvrage, en honorant le personnage qui, cheville ouvrière de l’intrigue, est aussi – avec Marcelle de Blanchemont – celui qui en résume le mieux l’esprit. Plus encore que dans le renoncement de l’aristocrate à sa condition, c’est à travers les propos et les initiatives de Grand Louis que l’engagement social de George Sand se laisse le mieux percevoir. Mais c’est à son modèle Dessoliaire que cet honnête plébéien doit sa chaleur humaine et la sympathie qu’on ne peut guère lui refuser.
13Ce cas particulier a valeur d’exemple. Il suffirait d’examiner avec quelque attention d’autres aspects du texte, comme la place dans l’intrigue de l’amour et de ses conséquences, pour mesurer tout ce que l’auteur y a mis de son art, de son expérience, autant dire du plus profond d’elle-même. Il serait grand temps, en vérité, de libérer Le Meunier d’Angibault de la trop commode étiquette de roman « socialiste ». Ce livre n’est de circonstance qu’en apparence. Il mérite de prendre place, de plein droit, au côté de ses successeurs plus heureux, les autres romans rustiques qui procèdent de la même veine sans toujours l’exploiter avec autant de bonheur.
Notes de bas de page
1 Cette renaissance est d’abord l’œuvre de M. Georges Lubin, auquel il convient de rendre ici un particulier hommage.
2 Mémoires d’un bourgeois de Paris, Paris, 1856, t. III, pp. 306 sq.
3 Correspondance, éd. G. Lubin, Paris, 1969, t. VI, p. 611.
4 Ibid., p. 616.
5 Ibid., ?. 620.
6 Gabriel Falempin (cf. ibid., p. 634).
7 Lettre citée par Wladimir Karénine, George Sand. Sa vie et ses œuvres, Paris, 1912, t. III, p. 651.
8 Correspondance, op. cit., p. 657.
9 Ibid., pp. 653-654.
10 Ibid., ?. 661.
11 in Histoire d’une amitié. Pierre Leroux et George Sand, Paris, 1973.
12 Le Meunier d’Angibault, Paris, 1899, p. 12.
13 Ibid., ?. 155.
14 Ibid., p. 185.
15 Oeuvres autobiographiques, Paris (Pléiade), 1971, t. II, p. 356.
16 Le Meunier d’Angibault, op. cit., p. 16.
17 Oeuvres autobiographiques, op. cit., p. 1146. La date de 1841 est celle de la publication dans la Revue des deux Mondes.
18 Cf. Correspondance, op. cit., T.V., pp. 301 sq.
19 Cf. notamment Meunier d’Angibault, op. cit., p. 282.
20 Ibid., p. 110. De même Lémor (ibid., p. 237) lui dit qu’il a « l’âme vraiment évangélique », et la Piaulette, une pauvresse qui est l’image du total dénuement, fait de lui un saint (p. 277).
21 Ibid., p. 184.
22 Ibid., pp. 77, 257.
23 Revue des deux Mondes, 15 janvier 1838, Lerminier : Du radicalisme évangélique, et 1er février 1838, G. Sand : Lettre à M. Lerminier sur son Examen critique du Livre du Peuple, p. 335.
24 Meunier d’Angibault, op. cit., p. 185. – L’observation a d’autant plus d’importance que, peu auparavant, (p. 182) Lémor venait de prétendre, au contraire, que le christianisme n’avait plus grand’chose à offrir au réformateur moderne : « On ne peut pas recommencer le petit monde des premiers chrétiens, on sent qu’il faudrait la doctrine ; on ne l’a pas, et d’ailleurs, les hommes ne sont pas disposés à la recevoir ».
25 Charles Boutard, Lamennais, sa vie et ses doctrines, Paris, 1913, t. III, p. 224.
26 A ce titre, la fin du Meunier d’Angibault ressemble à l’un de ces « rêves champêtres » dont l’auteur dira, dans l’Avant-propos de François le Chatnpi, avoir souvent songé à écrire l’histoire.
27 « Comprenez bien, je vous en supplie, que je n’ai pas de parti-pris quand j’écris un conte. Il vient comme il peut », (octobre 1844), in Correspondance, op. cit., t. VI, p. 673.
28 Ibid., p. 671. De même, dès le 12 juillet 1844, p. 584 : « mon roman m’amuse (...) je travaille avec entrain ».
29 Oeuvres autobiographiques, op. cit., t. I, pp. 685 sq.
30 Cf. Hommage à George Sand. Publication de textes inédits et essais critiques présentés par L. Cellier, Paris, 1969, p. 83.
31 A la Celle Bruère. Le Dictionnaire de P. Larousse précise que les chauffeurs échappaient souvent à la condamnation en raison de la peur qu’ils inspiraient.
32 Correspondance, op. cit., t. VI, p. 657.
33 Mémoires de Madame Roland, éd. Paul de Roux, Paris, 1966, p. 274. La visite au château de Fontenay, propriété du fermier-général Haudry de Soucy, avait eu lieu en 1772.
34 C’est à des lecteurs tels que lui qu’était destiné L ’Eclaireur, journal des départements de l’Indre, du Cher et de la Creuse, dont le premier numéro parut le 1er septembre 1844, et à la fondation duquel George Sand avait pris une part active.
35 Cf. sur ce curieux personnage J. Gadille, Lamennais « instituteur » de la démocratie, in L ’actualité de Lamennais, Strasbourg, 1981, pp. 61-63.
36 Correspondance, op. cit., t. VI, p. 695.
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