Introduction
p. 5-18
Texte intégral
1L’ensemble de nos interactions (personnelles, professionnelles, administratives via toute une série de documents et d’enregistrements extérieurs) passe par le prénom que nous portons et qui nous est attaché. Comme le dit la formule, « un prénom, c’est pour la vie ». En changer n’est pas simple et nécessite de s’en détacher. Cette difficulté rend d’autant plus étranges a priori les revendications des trois petits milliers de personnes qui, chaque année en France, changent officiellement de prénom, modifiant le prénom inscrit sur leur acte de naissance. Étranges, peut-être, mais essentiellement révélatrices, pour les sociologues, de tout le travail quotidien requis pour maintenir une identité stable et surtout une identité authentique. Ce travail de stabilisation et d’authentification est d’autant plus perceptible qu’il devient problématique. L’enquête qui suit s’appuie sur les démarches qu’il faut accomplir en France pour changer de prénom. Ces démarches constituent une interface entre des revendications personnelles et leur validation ou leur reconnaissance par une institution.
2Changer de prénom est l’aboutissement d’un long processus, à la fin duquel l’identité civile des personnes correspond enfin à la représentation qu’elles ont d’elles-mêmes. Elles « en ont fini » avec leur passé, elles sont « devenues elles-mêmes ». Mais elles ne revendiquaient pas tant une identité (elles savent bien qui elles sont) qu’une vérité sur elles-mêmes en faisant accepter leur revendication par une institution. Leur nouveau prénom est « authentique », il dit qui elles sont en vérité. Changer, mais pour être soi-même, c’est ce paradoxe que j’étudierai ici.
Questions méthodologiques
Une enquête dans les tribunaux
3Nombreuses sont les personnes qui, dans la vie courante, utilisent un autre prénom que celui qui se trouve sur leur acte de naissance. Une partie d’entre elles, environ 2 800 chaque année en France, demandent à un tribunal de modifier leur acte de naissance : dans plus de 90 % des cas, leur demande est acceptée. L’enquête, qui a duré presque deux ans, a porté sur les demandes effectuées dans quatre tribunaux, qui resteront ici des lieux anonymes. Deux de ces tribunaux ont été choisis parce qu’ils traitent un grand nombre de dossiers. Le premier tribunal est situé dans une métropole comptant une proportion bien plus importante de cadres supérieurs, en bref, bien plus « bourgeoise » que ne le sont les ressorts des autres tribunaux. Le deuxième tribunal se trouve dans une banlieue populaire, point d’arrivée de nombreux migrants. Les deux derniers tribunaux ont été choisis dans un second temps, après que nous ayons commencé l’analyse des premiers dossiers : ils traitent en effet moins de dossiers (deux à trois fois moins que le deuxième tribunal). Les affaires de changement de prénom ont donc un caractère moins habituel pour les juges et les procureurs de ces tribunaux, lesquels se rapprochent ainsi du commun des tribunaux qui, en France, ne traitent qu’un petit nombre d’affaires chaque année. En outre, les caractéristiques sociales de la population du ressort de ces tribunaux ressemblent à celles du deuxième tribunal, mais ils couvrent aussi des communes plus rurales et offrent ainsi une plus grande diversité. Les quatre tribunaux sont du ressort de la même cour d’appel.
4Il y a plusieurs raisons au choix de ces quatre tribunaux. Des raisons positives : il s’agissait de faire varier les contextes sociaux, de recueillir des informations sur de nombreux dossiers et de pouvoir assister à des audiences régulières ; enfin il s’agissait d’étudier ces processus de changement de prénom sous l’angle de la routine plus que de l’exceptionnel. Des raisons négatives aussi : les négociations avec le parquet et le siège, dans les différents tribunaux, ont souvent pris plus de temps que prévu, ce qui n’a pas permis de programmer l’étude supplémentaire d’un tribunal ne traitant qu’une poignée de demandes de changement de prénom par an.
5Les traitements statistiques portent, sauf exception, sur l’ensemble des quatre tribunaux.
6Les sociologues contemporains pratiquent la combinaison des méthodes. Dans les quatre tribunaux, plus de 540 dossiers correspondant à environ une année de changements de prénom ont été pris en note et codés, presque intégralement, dans une base de données. Ont été insérés dans la base de données, pour chaque dossier : le prénom de départ, le prénom demandé, l’année de naissance, le pays de naissance du demandeur, sa profession, des données similaires sur les parents (pays de naissance, profession) ou sur le conjoint (prénom, profession). Quand l’information était disponible, le nombre et le prénom des enfants ont été recueillis. Le sexe de l’avocat, le nombre de pages de la requête, le texte de la requête, l’avis du parquet, le jugement, le sexe du juge... ont aussi été enregistrés.
7J’ai assisté – seul ou avec une assistante – à de nombreuses audiences, dans trois tribunaux différents. Des entretiens informels ont été réalisés avec plusieurs greffières1, juges et procureurs, ainsi que quatre entretiens enregistrés avec des avocats.
8Le cœur de l’enquête est constitué par les dossiers et le travail des juges et procureurs. Ces dossiers ont été saisis à des états différents de leur circulation dans le tribunal : dès leur arrivée au greffe du siège parfois, ou alors au sortir du bureau du procureur, juste avant l’audience, ou encore juste après le jugement. À ce stade, ces dossiers sont qualifiés de « vivants », et ce sont les dossiers les plus riches, car ils comportent toute une série de pièces que ne comprennent plus les dossiers « morts », ceux qui sont archivés après retranscription du changement de prénom sur les actes de naissance et de mariage.
9Ces dossiers, dans l’état varié de leur composition, contiennent diverses pièces :
- une requête, rédigée par un avocat, exposant l’intérêt légitime au changement de prénom ;
- des attestations, rédigées par les proches des requérants ;
- des lettres, parfois, écrites par la personne souhaitant changer de prénom (dans le cas, par exemple, d’un enfant mineur devant signifier son accord) ;
- des documents administratifs (carte nationale d’identité, factures, bulletins scolaires) montrant que le prénom demandé a été utilisé depuis un certain temps ;
- des « notes d’audience », transcriptions par la greffière des propos tenus lors de l’audience ;
- l’avis (les « conclusions ») du procureur ;
- une liste des documents à fournir, rédigée par le greffe (les éléments de cette liste varient suivant les tribunaux) ;
- des notes de la greffière précisant des points particuliers (communication orale avec l’avocat ou autre) ;
- les actes de naissance, de mariage, des personnes concernées par le changement de prénom.
10La base de données comporte donc, outre les caractéristiques sociales des requérants et de leur entourage proche, du texte : celui de la requête, des attestations, du jugement, et parfois le texte des « notes d’audience » rédigées à la main par la greffière ou la juge. Une description des documents administratifs présents dans le dossier a aussi été recueillie.
Garantir l’anonymat des personnes dans une enquête portant sur les prénoms
11J’ai eu accès, dans les tribunaux, à des données extrêmement privées. Il fallait donc rendre complètement anonymes des lieux et des personnes. C’est pourquoi les tribunaux ne sont pas nommés. Les dates et les âges ont été légèrement modifiés, ainsi, parfois, que certaines indications géographiques.
12Il n’était pas possible de conserver les noms et les prénoms des personnes cherchant à changer de prénom. Dans l’ensemble du texte, donc, les noms de famille des demandeurs ont été supprimés ou limités à une initiale : sauf exception, je cite « Paulette » ou « Samir G. ». Ces prénoms sont de faux prénoms : les sociologues ont l’habitude de modifier les prénoms de leurs enquêtés, tâche difficile quand les chercheurs souhaitent conserver les connotations associées aux prénoms. Une « Simone » n’est pas une « Sabrina », mais est-elle une « Marcelle » ? La difficulté a été redoublée par la nécessité de modifier aussi les nouveaux prénoms : une « Simone » qui souhaite devenir « Catherine » est-elle une « Marcelle » qui souhaite devenir « Isabelle » ou une « Paulette » qui aimerait être « Nathalie » ?
13Cette anonymisation a été réalisée en tenant compte des revendications des demandeurs et de leur avocat : s’ils insistaient sur le caractère démodé du prénom, j’ai opté pour un prénom fréquent au début du xxe siècle ; s’ils insistaient sur la connotation allogène, j’ai choisi un prénom que j’estimais aussi connoté.
14Les autres acteurs sont réduits à des fonctions : l’avocat, le procureur, la juge, la greffière, alors que ces personnes se manifestent, dans les dossiers, par un nom et un prénom. Cela a pour effet de limiter leur présence dans le texte, de les désingulariser et d’hypostasier en conséquence l’institution judiciaire, qui serait faite d’un ensemble de rouages interchangeables, ce qui – faut-il le préciser ? – n’est pas le cas.
Choisir un prénom, choisir son prénom
15Le prénom, selon l’expression de Philippe Besnard, est « un bien symbolique gratuit dont la consommation est obligatoire » (1979, p. 347). Cela en fait un objet rêvé pour tout pratiquant des sciences sociales intéressé par l’objectivation, en ce qu’il permet de voir apparaître le « jugement de goût sans la médiation du coût » (ibid.). Pour la grande majorité des individus, le prénom, choisi par les parents, est fixe et définitif. Et de nombreuses recherches ont montré que le choix de ce prénom suivait, de nos jours, des phénomènes de mode différenciés suivant les milieux sociaux (Besnard & Desplanques, 1999 ; Besnard & Grange, 1993 ; Lieberson, 2000). D’autres recherches, moins nombreuses, ont porté sur les conséquences de ce choix parental pour les porteurs du prénom, notamment en ce qui concerne les discriminations sur le marché du travail (Algan, Mayer & Thoenig, 2013 ; Bertrand & Mullainathan, 2004 ; Fryer & Levitt, 2004).
16Car le prénom n’est pas un simple identifiant individuel choisi par les parents ; il joue le rôle de signal : signal d’une ethnicité revendiquée, d’un âge ou d’un sexe, d’une religion, ou d’autre chose encore. Le prénom connote : il associe à son porteur des caractéristiques collectives. Les changements de prénom vont donc porter sur ces deux dimensions, sur la capacité du prénom à bien identifier et à bien associer.
Identification et identité individuelle
17En sciences sociales, le nom est à première vue considéré comme le plus petit dénominateur de l’identité individuelle, parce qu’il est fixe et universellement distribué, parce que tout le monde en a un, et qu’il reste le même tout au long de la vie. Pierre Bourdieu le souligne dans un article célèbre, « L’illusion biographique » : « le nom propre est l’attestation visible de l’identité de son porteur, à travers les temps et les espaces sociaux » (1986, p. 70). Mais ces caractéristiques aujourd’hui attribuées au nom sont le fruit d’une longue évolution historique.
18Le prénom n’existe aujourd’hui qu’en regard du nom de famille (que l’on appelait anciennement le « patronyme », car souvent transmis par le père à ses enfants), même s’il développe une vie autonome. Ce binôme « (prénom) Baptiste (nom) Coulmont » nous apparaît naturel, mais il n’est pas universel. Dans l’Antiquité par exemple, les Romains ont utilisé pendant plusieurs siècles un trinôme : le praenomen était un nom personnel, et les deux autres, nomen (ou gentilice, le nom du clan) et cognomen (le nom de la famille) étaient héréditaires. Après l’effondrement de l’Empire romain et durant le Moyen Âge, le nom est réduit à un nom personnel unique. Aujourd’hui encore, dans les sociétés faiblement étatisées, ou au sein de groupes échappant à l’emprise de l’État, les noms personnels uniques prédominent. Le binôme nom-prénom ne s’est imposé, en Europe et ailleurs, qu’avec l’extension de l’emprise de l’État sur les personnes. Pour l’anthropologue James C. Scott, l’intérêt de ce système de fixation de l’identité des personnes est de rendre « lisibles » des populations : « Les pratiques de nomination étatiques [...] sont élaborées pour guider un officiel étranger dans son travail d’identification sans ambiguïté des personnes et des lieux, non seulement dans une localité, mais dans de nombreuses localités, en utilisant des techniques administratives standardisées » (Scott, Tehranian & Mathias, 2002, p. 4). Il faut donc retenir que noms et prénoms fixes ne se sont pas imposés comme une manière d’exprimer son identité, qu’elle soit individuelle, locale, ethnique ou spirituelle, mais en tant que système de référence, système d’identification pour autrui (Heymann, 2011).
19Cette emprise croissante de l’État s’est accompagnée en effet de la fixation de l’identité : travail de longue haleine, qui n’est pas encore pleinement réalisé et ne le sera sans doute jamais, sauf sous la forme du numéro d’identification (comme le numéro INSEE ou numéro de sécurité sociale, le plus souvent fixe et définitif2). Anne Lefebvre-Teillard (1990) a fort bien décrit l’histoire juridique de la fixité, nommée immutabilité par les juristes, du nom en France3. La pression exercée pour l’immutabilité a longtemps été moins forte sur le prénom que sur le nom : si le prénom était lié à l’identification des individus, il n’était pas directement lié (au contraire du patronyme) aux questions d’héritage. Mais il fut l’enjeu de luttes symboliques : l’Église catholique, notamment avec la Contre-Réforme, en a fait un outil d’inculcation religieuse. Le baptême y est devenu à la fois une cérémonie de nomination et une cérémonie d’affiliation spirituelle et sociale (par l’intermédiaire du saint patron et du parrain ou de la marraine, qui portent souvent le même prénom que l’enfant).
20L’immutabilité des prénoms tente de s’imposer avec la période révolutionnaire et le Code civil de 1804, qui, de fait, ne prévoit pas la possibilité de modifier ses prénoms4, même s’il prévoit la modification du nom, c’est-à-dire du patronyme. Cette immutabilité légale du prénom, toutefois, ne s’impose que lentement dans les usages, car dans les faits, les Français utilisent souvent un prénom qui n’est pas celui de l’état civil, un prénom d’usage. La loi du 6 fructidor An II (23 août 1794), encore en vigueur, décrète bien qu’« aucun citoyen ne pourra porter de nom ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance ». Mais cette interdiction n’a que peu d’effet au cours du xixe siècle. La comparaison d’enregistrements variés portant sur les mêmes personnes (actes de naissance, actes de baptême, listes nominatives du recensement, actes de mariage et de décès, actes notariés...) montre que de nombreux Français et Françaises ne portent pas le même prénom tout au long de leur vie. Deux illustrations pourront permettre de se faire une idée de cette fluidité passée.
21Le fondateur de la sociologie française, Émile Durkheim, peut servir d’exemple individuel à cette variation des prénoms au cours de la vie. Il est enregistré sous le prénom David-Émile en 1858 à sa naissance. Mais en 1891, sur le registre du recensement, il s’appelle David, sa femme Julie, et sa fille Bella. En 1901, sur les mêmes registres individuels, il s’appelle Émile, sa femme Louise, et sa fille Marie, or il s’agit bien des mêmes personnes (Béra, 2011). Parallèlement à cela, dès ses premiers articles, son identité publique est celle d’Émile Durkheim. Plus largement (ce sera le second exemple), Jacques Dupâquier a comparé, pour la région française du Vexin, les registres de l’état civil (où se trouvent les prénoms déclarés à la naissance par les parents) et les archives du recensement de 1836, où se trouvent les prénoms déclarés par les individus eux-mêmes aux agents recenseurs. Dans Le Temps des Jules, il peut écrire :
Les prénoms usuels diffèrent souvent de ceux de l’état civil. Dans le Vexin français, par exemple, au recensement de 1836, sur 666 garçons bien connus par leur acte de naissance, 331 seulement sont désignés identiquement [...]. Chez les filles, la situation est tout aussi anormale : sur 594 cas étudiés, le ou les prénoms ne sont identiques que 241 fois ; il en manque un ou deux dans 214 cas, et il y a 139 cas d’innovation. (Dupâquier, Pelissier & Rébaudo, 1987, p. 4.)
Au xixe siècle donc, il semble bien que la relation que les individus entretiennent avec leur prénom d’état civil est moins étroite qu’aujourd’hui. Cette fluidité s’est poursuivie au xxe siècle : les ethnologues de la France rurale, jusque dans les années 1960, repèrent des pratiques locales de plurinomination (Segalen, 1980).
22Mais l’association stable entre un prénom fixe et une personne se renforce au cours du xxe siècle, quand des institutions (écoles, armée, grandes entreprises, systèmes de protection sociale, banques...) identifient une personne par l’intermédiaire de son prénom et de son nom, et que cette personne trouve un intérêt à une identification correcte par ces institutions. Cependant, de nos jours, l’identification est souvent assurée par d’autres éléments qu’un prénom et un nom de famille fixes : du numéro de sécurité sociale aux multiples inscriptions administratives, l’existence sociale des individus est assurée a minima sans l’intervention du prénom. L’État a pu alors relâcher, mais sous contrôle, la fixité du prénom.
23Le prénom, associé au nom de famille, devient alors progressivement un support de l’identité civile, mais aussi un support de l’identité « personnelle ». Il n’exprime pas seulement une « vérité » pour l’État et ses représentants ; il exprime aussi une vérité pour soi. Une « morale d’état civil » (Foucault, 1969, p. 28) entoure les individus contemporains. Au cours des deux derniers siècles, le prénom, de simple accessoire secondaire du nom de famille, est devenu un élément mobilisé dans l’expression de soi.
24Ceci se perçoit directement à travers ses usages, qui ont fortement changé au cours des deux derniers siècles. Au niveau des relations individuelles, au niveau « microsociologique », le prénom est devenu un signe choisi plus qu’un signe hérité, et un signe utilisé quotidiennement. Les historiens ont montré la disparition de la transmission familiale des prénoms, par un parrain à son filleul : le prénom servait alors à inscrire dans une lignée, il sert aujourd’hui à exprimer la singularité d’un individu.
Dans le modèle classique, le prénom facilite une intégration de l’individu dans une communauté à la fois religieuse (relation étroite avec un saint), régionale (usage fréquent de prénoms caractéristiques de la province), familiale (le prénom appartient au capital symbolique de la famille et manifeste la parenté spirituelle qui lie l’enfant à ses parrain et marraine). Or nous assistons, au cours du xixe siècle, à une modification progressive de ce triple rôle. (Perouas et al., 1984, p. 164‑165.)
Le prénom est désormais choisi, et choisi par les parents à l’exclusion d’autres personnes : l’article 57 du Code civil précise que « les prénoms de l’enfant sont choisis par ses père et mère ». En l’absence de règles formelles d’héritage du prénom, le goût des parents pour certaines sonorités ou certaines références dicte à présent le choix d’un prénom. Il appartient, à première vue, à l’empire de la mode.
25Parallèlement à cette évolution, mais plus récemment, le prénom a commencé à être utilisé quotidiennement. Les signes tangibles de ces usages ne sont pas simples à objectiver : il nous faudrait un corpus large et varié pour saisir la trace de ces changements (lettres, copies d’élèves, discours...). Le prénom a longtemps été utilisé dans la famille proche – par les parents comme terme d’appel pour leurs enfants, ou entre frères et sœurs. Mais ce « petit nom » n’était pas d’un usage aussi répandu qu’aujourd’hui. Jusqu’au début du xxe siècle, divers manuels de bonnes manières, dont celui de la baronne Staffe, précisent : « Un homme, qui n’est pas son parent, ne doit pas désigner une femme par son prénom, hors de sa présence ni en sa présence, à moins d’une très grande intimité. [...] On n’a pas du tout le droit de donner leur prénom tout court aux domestiques étrangers, c’est-à-dire à ceux qui ne font pas partie de nos gens » Ou encore : « un homme bien élevé ne tutoiera jamais sa cousine, et il ne l’appellera par son prénom tout court que s’il existe une assez grande intimité entre eux ; encore vis-à-vis des étrangers cette façon de parler est-elle peu convenable » (Staffe, 1889, 1891, p. 132 et 215). Le prénom servait ainsi explicitement à exprimer l’intimité et la hiérarchie.
26Aujourd’hui le prénom est devenu un terme d’appel et de référence dont le spectre d’utilisation s’est élargi. Il est utilisé dans les espaces scolaire, professionnel, administratif en plus de l’être dans le monde familial. Si les clercs de notaire, chez Balzac ou dans les romans français du début du xxe siècle, étaient appelés par leurs seuls noms, les jeunes cadres, les professeurs des écoles ou les candidats aux jeux télévisés portent aujourd’hui des prénoms.
Le prénom, torsion dans l’authenticité
27Le prénom est à la fois fixe et signifiant, il accompagne la personne de la naissance à la mort, et il est d’usage quotidien. C’est ainsi qu’il est devenu le point de convergence des tensions entre soi et soi-même.
Une tension interne au sujet
28Dans le cas général, le prénom est choisi par quelqu’un d’autre que soi (les parents) tout en résumant le « soi » pour les autres, et peut-être aussi pour soi-même. Dans une société où est valorisé l’accomplissement personnel, où il est « impératif d’être soi », etc., l’extériorité du prénom peut devenir un point sur lequel achoppe le rapport de soi à soi. Dans des cas particuliers, le prénom utilisé n’est pas le prénom de l’état civil alors que, de manière croissante au cours des derniers siècles, le prénom de l’état civil en est venu à être perçu comme le « vrai » prénom (de Pina-Cabral, 2010). Cette discordance, souvent vécue sans difficultés, est parfois à l’origine de questionnements d’autrui sur l’authenticité de la personne : « qui est-elle si elle n’est pas “vraiment” Nadine ? » Dans d’autres cas particuliers, le prénom donné à l’état civil ne l’a pas été par les personnes en droit de le faire, c’est-à-dire auxquelles une légitimité a été reconnue.
29Dans de nombreux cas, donc, le prénom est un masque qui cache la vérité profonde de l’individu, il inscrit une brèche dans l’authenticité de la personne et changer de prénom répare cette brèche. C’est ainsi que l’on peut comprendre toutes ces demandes qui, en résumé, disent « ce prénom, ce n’est pas moi », qui souhaitent « en finir avec ce prénom ».
Un impératif d’authenticité ?
30La brèche dans l’authenticité est aujourd’hui intimement ressentie. Elle empêche parfois de vivre.
31Richard Sennett propose une généalogie de la recherche d’authenticité (1974, 1979). Il décrit le xviie siècle comme une société dans laquelle la vie publique et privée se concevait sur le mode du théâtre, où diverses marques (vestimentaires par exemple) servaient à exprimer le statut. Sennett inscrit la naissance d’une exigence d’authenticité dans le long terme des révolutions politiques, économiques et sociales des trois derniers siècles, tout en soulignant son importance pour la période la plus récente. Il montre, en s’appuyant sur des indices variés, le développement de ce qu’il appelle une « vision intimiste de la société » (p. 13), dans laquelle « la question de savoir si les gens sont “authentiques” et “directs” les uns avec les autres devient le critère des rapports intimes », mais aussi celui des rapports publics (p. 17). Une véritable relation est alors une relation mettant en contact deux individus qui laissent apercevoir leur personnalité, leur être profond. Être authentique devient une injonction, une exigence. Il ne s’agit pas d’une authenticité matérielle, d’une exigence qui porterait sur une étroite correspondance entre l’apparence et le statut social, il s’agit d’une authenticité morale, d’une exigence de correspondance entre ce qui est exprimé et les sentiments qui nous animent. Cette exigence, ce « désir de s’authentifier » (p. 20), pèse sur les individus qui s’examinent eux-mêmes, écrit Sennett, elle fait du « moi de chaque individu [...] son principal fardeau ».
32À la suite de Sennett, les sociologues – en France – ont principalement trouvé dans les années 1960-1970 le moment de développement et de diffusion à tout le corps social de cette injonction à l’authenticité. Comme Sennett, ils insistent sur l’encadrement social de cette exigence.
33Pierre Bourdieu, dans La Distinction (1979, p. 243), repère dans certaines fractions de la nouvelle petite bourgeoisie des années 1960 une « recherche de l’authenticité comme style de vie », version contemporaine du « culte du naturel ». Cette « nouvelle petite bourgeoisie » s’oppose ainsi, sur le plan du style de vie, à ce que ses membres considèrent comme les styles « simili », « faux », « hypocrites »... d’autres fractions de l’espace social. La recherche de l’authenticité s’exprime aussi bien dans le domaine matériel (« vestes en peau de chèvre ») que dans le domaine moral (où l’expression directe des désirs doit pouvoir s’affirmer).
34Ce qui était spécifique à une fraction de classe semble rapidement se diffuser à d’autres groupes sociaux. Luc Boltanski et Ève Chiapello indiquent par exemple que la « dénonciation de l’inauthenticité connaît une diffusion et un succès public sans précédent » à la fin des années 1960 (1999, p. 532). Mais la quête de l’authenticité est rapidement critiquée et décrite comme illusoire tout en étant largement répandue. Ce que les deux sociologues exposent comme « le nouvel esprit du capitalisme » s’appuie non pas sur une authenticité absolue, mais sur une tension entre une exigence d’adaptation (être flexible, polyvalent...) et une exigence d’authenticité dans les engagements pris au sein d’une société désignée comme un « réseau ».
La tension entre, d’une part, l’exigence de flexibilité et, d’autre part, la nécessité d’être quelqu’un, c’est-à-dire de posséder un soi doté à la fois d’une spécificité (d’une « personnalité ») et d’une permanence dans le temps est, dans un monde connexionniste, une source constante d’inquiétude. Le slogan qui exprime l’idéal d’une vie réussie dans le fait de devenir soi-même, c’est-à-dire de changer pour faire advenir ce que l’on était, en quelque sorte en puissance, de façon à ne plus être le même tout en dévoilant sa conformité à un soi originel, constitue l’expression typique de cette tension. (Ibid., p. 560.)
35Comme nous le verrons plus tard, cette exigence d’authenticité s’accompagne d’un discours psychologique, non seulement parce que le noyau de l’authenticité est localisé dans l’intériorité, mais aussi parce qu’elle repose sur l’examen de soi par soi.
36Enquêter sur les changements de prénom permet de saisir les déclinaisons empiriques de cet impératif d’authenticité, les outils permettant de revendiquer une vérité personnelle, l’acceptation par la justice de la légitimité de ces revendications. Or les déclinaisons empiriques sont bien renseignées parce que le changement de prénom est un changement institué.
Un changement de statut organisé
37« Devenir » soi-même implique de changer de statut. Les sociétés traditionnelles disposaient de rites de passage collectivement régulés. Les sociétés contemporaines se sont dotées de dispositifs de changement de statut. Les rites de passages, en effet, permettent d’accomplir un destin : ceux qui y sont soumis sont ceux qui sont censés s’y soumettre, et ces rites séparent, pour la société, ceux qui y sont soumis de ceux qui ne pourront jamais y participer (Bourdieu, 1982). Les dispositifs de changement de statut s’appliquent à des individus, et visent à valider un changement d’identité.
38Les changements de prénom nécessitent un appareillage institutionnel. On ne change pas de prénom seul, mais en impliquant, autour de soi, des institutions et des personnes capables de confirmer, de valider cette revendication de changement. Même dans les pays de common law comme aux États-Unis, le recours à la justice pour changer de prénom s’est imposé. J’ai besoin des autres... pour devenir moi-même. C’est parce que le changement est organisé, pris en charge par une institution, que nous disposons de traces objectives et que la possibilité d’une recherche empirique existe, sur la base du recueil des matériaux concernant la fabrique de soi-même.
39Disposer de matériaux empiriques permet d’enquêter sur des changements biographiques qui ont été globalement peu étudiés par la sociologie. « Socialisation primaire, déterminismes sociaux et engagements involontaires » – autant d’instances largement étudiées par les sociologues – maintiennent les individus sur des chemins tracés, et l’étude des « bifurcations » n’en est rendue que plus compliquée (Soulet, 2011). Quelques travaux récents, cependant, ont ouvert la voie à l’analyse de ces changements.
40Jean-Claude Kaufmann s’est ainsi intéressé aux changements microscopiques, aux basculements temporaires entre différents rôles, afin de mettre en lumière ce qu’il nomme « le travail permanent du sujet pour s’unifier » (2008, p. 18). Dans sa perspective, l’unité du sujet n’existe que comme résultat incertain : c’est un résultat voulu, mais en permanence remis en cause par des attachements divergents. Des bifurcations ont lieu tout le temps.
41Nathalie Heinich d’un côté, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot de l’autre, ont porté leur attention sur de grands changements biographiques. Leurs perspectives sont divergentes, mais elles considèrent dans les deux cas qu’il est pertinent de concevoir un sujet dont l’unité est remise en cause par un événement de grande ampleur. Heinich, à travers l’étude des récipiendaires du prix Goncourt ou du prix Nobel, se penche sur de brusques changements de dimension (de « petit écrivain inconnu » à « prix Goncourt ») et leurs conséquences pour le sentiment de soi.
Cette réarticulation des moments de soi est la forme proprement identitaire de l’écart de grandeur : un écart qui se manifeste doublement, à la fois sur l’axe temporel de la différence entre « avant » et « après », et sur l’axe spatial de la discordance entre l’intériorité de l’auto-perception et l’extériorité de la désignation, reliées par le travail de représentation de soi. (1999, p. 191.)
Les lauréats du prix Goncourt, décrits par Heinich, travaillent alors à résoudre ces écarts entre leurs souvenirs, leurs habitudes et leur nouvelle vie, entre ce qu’ils étaient à leurs propres yeux et ce qui les définit aux yeux des autres. De leur côté, les Pinçon-Charlot, en s’intéressant aux gagnants du Loto, décrivent de brusques déplacements dans l’espace social : alors que l’obtention d’un prix littéraire prestigieux est la reconnaissance par les pairs d’une forme d’excellence, gagner au Loto n’a aucune justification morale. « Plus la distance est grande entre la position sociale avant le gain et le montant de celui-ci, plus les difficultés sont potentiellement difficiles à surmonter » (Pinçon & Pinçon-Charlot, 2010, p. 258), car l’image de soi, l’image renvoyée aux autres et la désignation de « riche », viennent troubler une identité qui repose – selon les Pinçon-Charlot – sur les socialisations cristallisées sous la forme d’habitus.
42Si Kaufmann et Heinich insistaient sur la réarticulation, une forme de travail de soi, les Pinçon-Charlot insistent sur ce qu’avaient déjà acquis les gagnants du Loto, et qui leur permet, plus ou moins facilement, de faire face à leur nouveau statut. Changer de prénom apparaît comme un changement biographique important, qui ne provient pas cependant d’un événement extérieur soudain (prix littéraire ou loterie), mais d’une action volontaire en justice. Le rôle joué par l’institution apparaît de façon bien plus centrale que dans les exemples précédents.
Une relation d’authentification
43Le rapport de soi à soi-même qui est visible à travers les changements de prénom n’est pas qu’une relation intime, une forme d’introspection. Car le prénom est un objet d’État, un outil de gouvernement, et en changer implique d’entrer en relation avec des agents aptes à valider une revendication d’authenticité, d’entrer dans une relation d’authentification.
44La justice est intéressée à l’expression de l’authenticité. Les demandeurs – celles et ceux qui cherchent à changer de prénom – ne sont pas les seuls à user du registre de l’authenticité. Les différents agents du monde de la justice, greffières, avocats, juges et procureurs, vont mobiliser explicitement des dispositifs chargés d’authentifier les demandeurs et leurs demandes.
45Il s’agit d’abord d’authentifier les personnes, et c’est la procédure la plus simple : dans la grande majorité des cas, l’identité civile est assurée. Il s’agit ensuite d’authentifier la demande, et là, les procédures sont plus complexes. Jean-Philippe Dupont est-il un escroc – qui cherche à usurper une identité ? Pour s’en assurer, le parquet demandera un extrait de casier judiciaire. La demande provient-elle bien du demandeur lui-même ? Ou provient-elle en vérité d’un autre émetteur ? Marie Kadra qui souhaite retrouver son prénom de naissance, Fatima, n’est-elle pas poussée à le faire un peu malgré elle ? Il s’agit enfin d’authentifier le changement de prénom lui-même, en assurant, par une chaîne ininterrompue d’écrits, l’inscription sur l’acte de naissance (et éventuellement de mariage).
46Il ne faudrait cependant pas se limiter à voir l’expression d’un sentiment d’authenticité d’un côté et l’actualisation de procédures d’authentification de l’autre : avocats, juges et procureurs reconnaissent une certaine légitimité au discours de l’authenticité psychologique.
Devenir soi-même
47Les chapitres de ce livre vont donc étudier les ressources mobilisables pour devenir soi-même, ainsi que les contextes institutionnels permettant l’utilisation de ces ressources. De quelles armes disposent les individus cherchant à devenir eux-mêmes ? D’armes légales (la jurisprudence), mais aussi de formes extra-juridiques (corps, émotions, « mise en histoire »).
48Pour étudier la fabrique de l’authenticité, je me tournerai tout d’abord vers le droit, qui prend en compte, de manière croissante, ce que l’individu conçoit comme sa vérité. Le premier chapitre montre ainsi la lente déprise de l’État : le prénom, qui est d’abord un élément d’identification de l’individu par les instances étatiques, est de plus en plus conçu comme un support de la personne, mais il n’est pourtant laissé à l’individu que de manière encadrée. Malgré la « libéralisation » de l’état civil constatée, la part grandissante que prend, dans les jugements, la fonction « connotative » du prénom, c’est-à-dire les appartenances qu’il suggère, rend problématique la jurisprudence.
49Le deuxième chapitre analyse les replis de la « morale d’état civil », au travers des usages narratifs qui sont faits de l’état civil dans les témoignages des requérants, quand les catégories d’État telles que le nom et le prénom sont réinvesties par des acteurs comme des éléments intégrés à leur histoire personnelle, dans un but extérieur à celui de l’État. La mise en cohérence de l’histoire que raconte l’état civil et de l’histoire vécue par les individus constitue un premier pas vers la reconnaissance de l’intérêt qu’il y a à changer de prénom.
50Le chapitre suivant étudie comment les caractéristiques des individus (âge, sexe, apparence physique, etc.) sont prises en compte lors des processus de changement de prénom. La « vérité » matérielle, tangible, des individus est mobilisée pour modifier le prénom, afin de chercher à assurer une correspondance entre l’état civil et le corps.
51Le quatrième chapitre s’éloigne du corps pour examiner les « vêtements de papiers » (Fraenkel, 2011) qui soutiennent l’identité civile des personnes. Alliés aux témoignages, ces « papiers » divers (cartes, badges, bulletins...), obtenus tout au long de la vie, peuvent être utilisés contre « les papiers » (ceux qui dérivent de l’acte de naissance). Ayant réussi à inscrire leur vérité dans une chaîne de papiers distincte de celle qui découle de l’état civil, les individus peuvent mobiliser cette chaîne contre l’autre.
52Le dernier chapitre se penche sur l’identité nationale des requérants, dont la plupart ont un ou deux parents nés à l’étranger. Cette identité nationale, devenue une identité intime, est mobilisée dans les demandes de changement de prénom. C’est une des fonctions évidentes du prénom que d’indiquer par connotation une appartenance nationale – plusieurs États ont d’ailleurs établi des listes de prénoms nationaux –, mais certaines demandes posent parfois question aux juges, qui interrogent l’authenticité de la démarche.
53Le prénom est donc appréhendé ici à première vue sous l’angle de l’État, de l’administration, plus que sous l’angle de son usage personnel. Mais les dossiers, et les audiences, laissent filtrer ce qu’en font les personnes tout en montrant le contrôle, et l’encadrement, de la création identitaire.
54Le nom et le prénom ne sont plus le « premier outil d’identification » sociale (Herzog-Evans, 1997), ce rôle est joué par le numéro (de sécurité sociale par exemple). Mais en perdant une partie de son rôle d’outil d’identification, le prénom n’a pas été relégué à l’arrière-plan de la vie sociale. Il a partiellement cessé d’être un identifiant (concurrencé par d’autres dispositifs), mais il est devenu le support d’un rapport intime à soi. En dissociant en partie le nom et le prénom de l’identification, le numéro d’enregistrement montre directement que « les anthroponymes ne sont jamais des termes conventionnels, interchangeables ou vides de sens » (Zonabend, 1980, p. 18). Le changement de prénom n’est donc pas réductible à un jeu avec les formes contemporaines de l’identification étatique des personnes, il a aussi à voir avec l’ensemble des « connotations » associées aux prénoms.
Notes de bas de page
1 Je n’ai rencontré que des femmes aux postes de greffières et juges aux affaires familiales lors de mon enquête, d’où les emplois féminins dans cet ouvrage.
2 Et même dans ce cas, comme le premier chiffre indique le sexe, certaines personnes demandent une modification du numéro. Une circulaire du 30 septembre 1996 autorise les rapatriés d’Algérie à modifier le nombre « 99 » qui indiquait une naissance à l’étranger par un chiffre indiquant une naissance en France. Journal officiel (JO), 1er oct. 1996, p. 14431.
3 Si la France partage avec de nombreux pays l’usage du binôme nom-prénom, elle se distingue en un point particulier, qui est le traitement fortement différencié du nom et du prénom. Le droit du nom et le droit du prénom se sont développés sur des bases différentes, le prénom étant, dans cette histoire, un parent pauvre.
4 Cette possibilité était cependant explicitement prévue s’il s’agissait de prénoms « révolutionnaires », donnés vers 1792-1793.
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