Chapitre III. Le réseau castral
p. 109-178
Texte intégral
1La puissance territoriale de tout seigneur, prince ou roi, est étroitement liée à la possession de châteaux-forts qui défendent ses biens fonciers, marquent les limites territoriales et organisent la vie économique, sociale et juridique de la région placée sous leur dépendance. Assurant toutes ces fonctions, les châteaux sont donc les instruments essentiels qui permettent à un puissant d'exercer sa domination. Outre ces caractères effectifs et pratiques, les châteaux sont également la marque symbolique et ostentatoire de cette puissance.
2C'est ainsi qu'il apparaît logique que toute politique expansionniste d'un seigneur s'appuie en même temps que l'acquisition de terres sur une politique castrale correspondante. Les fonctions et les valeurs qui caractérisent les châteaux-forts sont reconnues et affirmées par tous les seigneurs, grands et petits. C'est avec une forte conscience de ce concept que les comtes de Savoie ont organisé et suivi leur politique d'expansion territoriale. De leur côté, les Dauphins et leurs alliés ont naturellement les mêmes points de vue et si leur attitude est plutôt défensive dans le combat qu'ils mènent contre la Savoie, elle n'en relève pas moins des mêmes considérations.
Mise en place et implantation du réseau castral
3Le réseau castral savoyard, aux confins de la Bresse et du Bugey, se compose d’une quarantaine de châteaux et sites fortifiés. Ce nombre correspond à l'ensemble des constructions ayant joué un rôle politique et militaire actif de 1282 à 1355. Cependant, plusieurs de ces fortifications n'existaient pas au début du conflit et sont apparues dans le paysage et l'organisation castrale savoyarde au fur et à mesure de l'évolution de la guerre et de l'emprise territoriale des comtes. Certains châteaux sont entrés dans le réseau savoyard après leur prise par siège, comme les châteaux de Saint-Germain, Saint-Martin-du-Frêne et La Corbière, les maisons fortifiées de Corlier et de Chabouz, la bâtie de Saint-Denis. D'autres ont été construits de toutes pièces, à des époques différentes, pour préparer ou/et marquer des appropriations territoriales visant à unir le Bugey à la Bresse et au Revermont. La conquête territoriale, puis la résistance aux réactions s'appuient toujours sur le contrôle des forteresses1. L'étude de la guerre dans la région montre que les constructions neuves et les prises de châteaux constituant le réseau savoyard se sont principalement faites à partir du Bugey en direction de Pont-d'Ain et du Revermont.
4La stratégie savoyarde semble avoir considéré qu'il était sans doute plus facile et plus logique de joindre les deux provinces à partir de Saint-Rambert-en-Bugey. Les comtes de Savoie y sont installés depuis plus d’un siècle et toutes les régions savoyardes ancestrales et contiguës peuvent y apporter des appuis militaires et logistiques. La topographie est, par ailleurs, plus favorable de ce côté-ci, puisqu'elle offre des sites escarpés plus faciles à défendre que la plaine. Les montagnes boisées permettent de fondre sur l'ennemi et d'y trouver un refuge rapide après les raids. Du côté de la Bresse et du Revermont, l’Ain forme une barrière naturelle qui ne peut être franchie aisément qu'à Pont-d'Ain. L'effet de surprise est, de ce fait, sensiblement diminué.
5Les zones frontalières qui existaient au début de la guerre et de l'évolution du conflit ont entraîné des différences notoires entre l'importance militaire et administrative des châteaux et leur évolution par rapport à ces zones. Ces différences se retrouvent tout naturellement dans leurs conceptions architecturales. Mais, rien de cela n'est fixe et des fortifications, simples et modestes à l'origine, sont transformées au fil de l'emprise territoriale en véritables châteaux-forts tandis que ceux qui se retrouvent en arrière du front perdent une grande partie de leur rôle militaire et représentatif et leur importance administrative. Tel est le cas du château de Saint-Rambert. Ce processus s'accélère par l'ascendant que prend la Savoie à partir de 1334 et par l’affaiblissement humain et économique consécutif à l'épidémie de peste de 1348-1349. Des châteaux, comme celui de Saint-André-en-Revermont, perdent toute fonction importante avant même la fin du conflit. Cette évolution géographique et militaire du réseau castral est lente, mais inexorable et la puissance savoyarde a permis qu'elle ne soit pas remise en question. Elle s'est opérée à la manière des rhizomes, en liaison directe avec les emprises territoriales et la politique savoyarde.
6Malgré leurs différences, ces châteaux et places-fortes fonctionnent de concert, dans un tissu de ramifications directes et indirectes, composé de relations administratives, financières, humaines, techniques et militaires. L'identité même des châteaux et leur utilité ne s'inscrivent pas dans la réalité propre de ces derniers, mais au sein d'un ensemble de fortifications qui, sur une assez grande échelle géographique, forme un réseau castral organisé. Le réseau dauphinois est fondé sur le même principe2 et suit une évolution étroitement liée à celle du réseau savoyard. Cependant elle est très différente, car elle tourne inexorablement vers un affaiblissement et une réduction de ses points C'est ainsi qu'au fur et à mesure que s'étend et se consolide le réseau savoyard celui du Dauphin diminue.
Géographie des lignes de fortifications
7Le réseau castral savoyard de Bresse et de Bugey s'est mis en place en différents lieux et à différentes époques. Il s'est établi à partir de châteaux anciens, construits au XIIe et XIIIe siècle, le long de plusieurs lignes frontalières séparant de façon plus ou moins large les territoires des comtes de ceux de leurs ennemis.
8Une ligne nord-sud est créée entre 1289 et 1300, allant de Saint-Amour, près de la frontière avec la Bourgogne, jusqu'au pont sur l'Ain3. Elle est interrompue entre le sud du Revermont et le Bugey par la plaine de l'Ain qui appartient au Dauphin. Elle reprend à Saint-Rambert-en-Bugey, suit les gorges de l'Albarine puis la cluse des Hôpitaux jusqu'à Rossillon et Belley. Elle s'étire alors, le long du Rhône jusqu'à son confluent avec le Guiers, à Saint-Genix-sur-Guiers, à l'ouest de Chambéry4. Ensuite, elle descend jusqu'à Saint-Laurent-du-Pont, dans une région que l'on appelle la Novalaise, avant de remonter vers Montmélian à travers le massif de la Chartreuse.
9À Saint-Rambert se termine une deuxième ligne venant elle aussi du nord, depuis les environs de Nantua. Elle suit le cours de l'Albarine depuis sa source jusqu'à ses gorges situées non loin d'Hauteville-Lompnes. D'ici, elle rejoint Saint-Rambert en passant par la montagne et les bourgs d'Evosges et Oncieu. Avec la ligne du Revermont, elle encadre les terres de montagne des sires de Thoire-Villars.
10À l'est de cette deuxième ligne, s'étire depuis Arlod une succession de châteaux-forts qui marquent la frontière entre le Bugey du nord et le Genevois5. Ce territoire est limité à l’est par le Rhône et au nord par les terres des comtes de Gex.
11Le réseau castral savoyard s’est organisé le long de ces lignes formant une sorte de Y dont la branche gauche plus longue, est séparée du reste par une quinzaine de kilomètres. Le bourg d'Ambronay et son abbaye forment une emprise savoyarde au milieu de cet intervalle. C'est pour obtenir une continuité de la ligne occidentale et la réduction de l'espace entre le Revermont et le nord du Bugey que la guerre s'est développée et exprimée.
L'état des fortifications et la mise en place du réseau
12Lorsque le comte de Savoie achète le Revermont en 1289, il ne récupère pas de fait tous les châteaux et les territoires qui s'y rattachent. Il acquiert en 1300, une première moitié du château de Jasseron en l'achetant à l'abbaye de Saint Oyen à Saint-Claude. La seconde moitié est achetée à Etienne de Coligny en 13046. Ce qui reste du château de Treffort, après les ravages de la guerre, est tenu pour moitié par un descendant des Coligny jusqu'en 1307. Enfin rappelons que les droits de pontenage sur l'Ain n'ont été acquis par le comte qu'en 1303. A l'inverse, le château de Saint-André-en-Revermont est savoyard depuis 1283, date à laquelle le comte s'en est emparé alors qu'il était l'allié du duc de Bourgogne contre le Dauphin, durant la guerre bourguignonne de 1282 à 1285.
13Ces châteaux étaient souvent délabrés ou pour le moins en mauvais état et incapables de se défendre et de soutenir un siège. Ils étaient, de ce fait, peu représentatifs de la puissance comtale et de ses objectifs politiques. Les petits seigneurs, qui les tenaient des ducs de Bourgogne puis des sires de la Tour du Pin et enfin des Dauphins, étaient pour la plupart ruinés et n'avaient pas les moyens de les entretenir. Pour finir, ces châteaux ont été attaqués, incendiés et ravagés par le duc de Bourgogne et ses alliés au temps de la guerre bourguignonne. La partie la plus méridionale était sans défense alors qu'elle se trouvait en contact étroit avec les ennemis de la Savoie. L'Ain est à cet endroit beaucoup plus large et moins profond qu'en amont et il est très facile de le franchir en période de basses eaux. Il fallut y construire le château de Pont-d'Ain pour que l'ensemble de la ligne devienne cohérent et efficace.
14Néanmoins, il faut remarquer que malgré leur état, tous ces châteaux sont de loin les plus vastes, les plus puissants et les mieux conçus de l'ensemble du réseau castral régional, sans pour autant être des forteresses inexpugnables. L'emprise au sol, la hauteur des murailles, les multiples volumes et les différentes enceintes concentriques forment une solide base de défense. Le manque d'entretien des élévations représente sans doute une des causes de la longueur des travaux. L'énergie et les dépenses pour leur achat et leur remise en état ont considérablement retardé le fonctionnement des châteaux et de ce fait, celui du réseau castral qu'ils sont sensés constituer. Il apparaît en effet que ce réseau n'est guère effectif avant 1305-1307, le temps que tous les châteaux-forts puissent tenir leur rôle administratif et militaire comme centre de châtellenie.
15La ligne des châteaux qui contrôlent les territoires pris entre ceux des sires de Thoire-Villars, des comtes de Genève et du comté de Gex a été formée différemment. Le château et le mandement d'Arlod furent acquis en 1250, en gage d'une seconde condamnation des comtes de Genève à la suite de l'enlèvement durant une trêve7, de Pierre de Savoie, le frère du comte Amédée IV. Seyssel est tenu de manière ferme dès 12798. Plusieurs autres châteaux n'étaient tenus qu'en fief ou en gage par le comte de Savoie jusqu'au début du XIVe siècle et les aléas de la guerre et des héritages les faisaient changer souvent de maîtres9 · Les guerres menées en 1282, puis de 1288 à 1293, contre la Savoie par une coalition formée du comte de Genève, de Béatrix de Faucigny et de l'évêque de Genève, offrirent la victoire à la Savoie. Le comte récupéra de plein droit les châteaux de la région à l'exception de la maison forte de Billiat qui n'est entrée dans le domaine savoyard qu’en 1317, son mandement étant alors adjoint à celui de Dorches. Mais comme ailleurs, les attaques ruinèrent plusieurs châteaux et places fortes qu'il fallut réparer et consolider.
16La zone frontalière du sud-Bugey est contrôlée par une suite assez lâche de châteaux-forts appartenant aux comtes de Savoie depuis plus d'un siècle. Ces derniers y sont bien implantés et la proximité de Chambéry leur procure un soutien effectif et efficace. Depuis longtemps, les comtes de Savoie en ont fait des centres de châtellenies10.
17Ici, le réseau est en place et semble fonctionner dès la fin du XIIIe siècle11. Les comtes de Savoie se sont installés à Rossillon, à Virieu et à Pierre-Châtel au début du XIIe siècle12, à Lompnes vers 1137, à Saint-Rambert en 1196. Ces châteaux sont modestes en taille et faiblement défendus du point de vue architectural. C’est à partir de 1282 et la reprise active du conflit contre le Dauphiné que d’importants travaux de défense et d’améliorations sont réalisés.
BRESSE | BUGEY | |
1289 | Châteaux : | Châteaux : |
1299 | Châteaux : Pont-d'Ain | |
1304 | Bâties : Crêt de l'Eculaz | |
1312 | Bâties : Luisandre# | |
1317 | Châteaux :Dorches | |
1321 | Châteaux : Saint-Germain* | |
1325 | Bâties : Gironville | |
1330 | Bâties : Jonages, Rillieux | Châteaux : |
1333 | Châteaux : Miribel. Gourdans | Bâties : Vieu-sous-Varey, Remens |
1335 | Bâties : Les Allymes*# | |
1343 | Châteaux : Remens |
Profil de l'organisation topographique du réseau castral
18Tous ces châteaux-forts constituent la colonne vertébrale du réseau castral. Ils forment une ligne continue plus ou moins serrée de fortifications. Les distances de l'un à l'autre n'excèdent généralement pas vingt kilomètres, mais elles peuvent être très variables. Douze kilomètres séparent Coligny de Treffort alors que de Jasseron à Pont-d'Ain, il y en a une vingtaine environ. Entre SaintRambert et Rossillon la distance est de trente quatre kilomètres. En revanche, il n'y a que cinq kilomètres entre Saint-Amour et Coligny et une dizaine entre Pont-d’Ain et Saint-André-en-Revermont. Ailleurs, on retrouve les mêmes distances, ainsi Lompnes se trouve à vingt-deux kilomètres de Nantua et dix-sept de Saint-Rambert. Seyssel se situe à vingt kilomètres au sud de Dorches et la même distance sépare Pierre-Châtel de Saint-Genix-sur-Guiers.
19Ces espaces entre les châteaux viennent des structures étatiques et économiques de la châtellenie dont ces châteaux sont le centre. Ils doivent avoir une circonscription territoriale et humaine suffisante autour d'eux pour fonctionner de manière autonome et participer à l’organisation générale du comté. Ce processus est en relation étroite avec l'ancien statut féodal des châteaux qui dominaient un territoire et qui voulait qu'il n'y ait nulle terre sans seigneur donc nul château sans terre. Les zones de frontières, protégées et gardées par des châteaux, sont par essence des régions de grands investissements qui demandent une bonne organisation administrative et un pouvoir fort. Les investissements faits dans leurs structures architecturales sont nécessaires aussi bien pour la défense et la protection des territoires que pour l’extension de la domination du prince aux dépens de ses voisins et rivaux. Les châteaux sont aussi un moyen d’obtenir par la menace et la crainte, la part des biens matériels produits par les populations assujetties à leur territoire de contrôle13.
20Il est donc admis que le pays alentour est placé sous la dépendance du château. Cette autorité de droit vient d'une autorité de fait, établie aux XIe et XIIe siècles qui s'est maintenue malgré les transformations politiques, parce que le château a toujours conservé sa valeur symbolique d'autorité et de domination au nom du concept bien réel qu'il n'y a pas de pouvoir sans château14. Ainsi les châteaux justifient les droits honorifiques et financiers prélevés par les seigneurs.
21À l'évolution politique du château et de ses dépendances territoriales, fiscales et juridiques correspond une évolution sémantique du mot qui désigne l'homme qui contrôle le château et les droits qui sont liés. Le châtelain est, aux XIe-XIIe siècle, un sire fieffé dans l'ordre féodal qui devient un officier dans l'ordre étatique à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle15.
22C'est à ce titre que les habitants doivent divers services et corvées, taxes et amendes, redevances en nature. La construction et la mise en état des châteaux ne correspondent donc pas à des dépenses uniquement militaires, car en assurant le développement des campagnes et des villes, les châteaux génèrent des retombées sociales et économiques. Celles-ci se font par une densification de la population qui entraîne une augmentation de la fiscalité châtelaine, la création de péages et l'emploi d'une main d'œuvre locale aux travaux des châteaux.
23Les distances plus longues entre châteaux correspondent à des terroirs moins peuplés, moins riches et plus escarpés. La plus grande superficie de leur mandement tente de compenser leur faible rentabilité. De ce fait, les châteaux apparaissent plutôt comme des forts détachés que comme une barrière véritable.
24Entre les châteaux-forts, sur la même ligne défensive ou bien très légèrement en arrière, le réseau est complété par des bourgs et des villes fortifiées. Ainsi, Saint-Etienne-du-Bois au niveau de Treffort, Ceyzériat près de Jasseron, Neuville-sur-Ain dans les environs de Saint-André-en-Revermont et Pont-d'Ain complètent le marquage fortifié dans le Revermont. Bien qu'isolé au milieu des terres dauphinoises, le bourg d’Ambronay entre Pont-d'Ain et Saint-Rambert semble bien remplir les même fonctions. Le Petit-Habergement entre Arlod et Lompnes, Génissiat et Surjoux, entre Billiat et Seyssel ont le même rôle dans le nord du Bugey, tandis que Tenay entre Saint-Rambert et Rossillon, Belley et Peyrieu entre Rossillon et Yenne complètent la ligne défensive des comtes de Savoie dans le sud du Bugey. Ces villes, ces bourgs fortifiés et leurs terroirs alentours forment des châtellenies gérées par le châtelain du château le plus proche. Ainsi Saint-Etienne-du-Bois est une châtellenie unie à Treffort, Ceyzériat à Jasseron, Châtillon-sur-Chalaronne à Bourg-en-Bresse jusqu’en 1282, Dorches à Billiat, Ambronay à Saint-Rambert jusqu’en 1318, Montagnat et Revonnas à Saint-André-en-Revermont16. Beauregard à Saint-Trivier17. La durée des exercices et les dates des comptes rendus sont absolument identiques à celles de la "châtellenie mère". Seules les recettes de ces châtellenies font l’état d’un compte spécifique, les dépenses étant gérées globalement pour les deux châtellenies et inscrites sans distinction dans le même compte18.
25Il existe donc un morcellement administratif et militaire étroitement lié au mandement de chaque châtellenie, mais celui-là est très nuancé puisque plusieurs circonscriptions sont unies l’une à l’autre sous la même responsabilité. De cette manière, des espaces géographiques importants fonctionnent de concert et dans la même logique. En outre, ce système diminue sensiblement le nombre de châtelains ce qui, du même coup, rend le fonctionnement des châtellenies entre elles, ainsi que la gestion et l’organisation globale des bailliages, beaucoup plus homogène et rationnel. Cela se vérifie dans les opérations militaires défensives et offensives et dans l’organisation des travaux de défense sur les fortifications.
26Les châteaux fonctionnent également en réseau du point de vue commercial. Le comte Amédée V a établi, en 1300, un itinéraire officiel pour les marchands qui se rendaient ou qui revenaient des foires de Châlon. C’est ainsi qu’ils passaient par Saint-Trivier, Beauregard, Saint-Martin-le-Châtel, Bourg, Montagnat, Pont-d'Ain, Ambronay, Saint-Germain (à partir de 1321), Saint-Rambert, Rossillon avant de rejoindre Chambéry puis la Maurienne et le Val de Suse selon un accord signé avec les Génois à cette époque19. La plupart des châtellenies de Bresse et du sud du Bugey avaient ainsi, quatre fois par an, le passage des riches marchands italiens dont les redevances aux péages et les étapes aux auberges amélioraient sensiblement l'économie locale. Les parcours pouvaient changer au gré des circonstances et les marchands avaient également la possibilité de franchir la Saône à Mâcon et rejoindre Bourg par Bagé ou Pont-de-Veyle. Les voies médiévales sont multiples et les voyageurs ont le choix entre plusieurs afin d'éviter les régions peu sûres. Tous ces chemins se rejoignent à points fixes qui permettent de varier les itinéraires20.
27L'accompagnement armé que les châtelains offrent aux marchands est autant destiné à leur assurer une sécurité d'un château à l'autre que pour les obliger à passer par les péages qu'ils seraient tentés d'éviter par un détour à travers les champs. Ce degré élevé de l'élaboration et de l'organisation castrale de la Savoie fut sans doute un élément primordial dans la capacité de cette principauté à mener la guerre tandis que le Dauphiné reste souvent englué dans des rivalités féodales internes et n’a pas réussit à forger une homogénéité territoriale.
28On remarque que tous les châteaux et les villes ou bourgs fortifiés, qui les épaulent et qui contribuent à fermer la ligne de défense, ne se situent pas à proximité immédiate des zones de contact, mais plutôt en retrait. Les châteaux du Revermont s'élèvent sur les premiers contreforts occidentaux des montagnes, alors que la « frontière » avec le sire de Thoire-Villars se situe plus à l'est, le long de la rivière d'Ain, à douze kilomètres environ de celui-ci, à hauteur de Treffort et à près de quinze kilomètres au niveau de Coligny. Il en est de même le long de la ligne allant de Montréal à Saint-Rambert où la distance est de trois à cinq kilomètres des limites occidentales avec les terres appartenant aux Thoire-Villars.
29Pareillement, les châteaux et châtellenies de Rossillon, Yenne et les villes de Tenay et Belley dans le sud du Bugey sont à une distance de sept à huit kilomètres à l'est de la crête de la montagne d'Innimont qui passe pour être la limite (très controversée) avec le Dauphiné. Comme ce principe est identique chez les voisins ennemis de la Savoie, les lignes puissamment fortifiées des belligérants peuvent être assez éloignées l'une de l'autre, surtout quand la configuration du terrain est montagneuse, boisée ou marécageuse. La plus grande distance entre deux lignes rivales se trouve au sud de Saint-Rambert où la ligne fortifiée du Dauphin longe la rive droite du Rhône. Elle est formée des châteaux et villes fortifiées de Lagnieu, Saint-Sorlin, Serrières-de-Briord, Morestel. Toute la montagne d'Innimont sépare les lignes ennemies.
30Cet éloignement relatif n'est pas général, car en plusieurs endroits les châteaux forts ennemis sont très proches l'un de l’autre. C'est ce qui se produit à la croisée des zones frontalières de plusieurs belligérants : Autour d'Ambronay et de la plaine de l'Ain ; Neuville-sur-Ain et Saint-André-en-Revermont sont très proches du château de Poncin appartenant au sire de Thoire-Villars. Pont-d'Ain et Ambronay sont à cinq kilomètres à peine du château genevois de Varey. Il y a moins de huit kilomètres entre le château de Saint-Rambert et celui de Saint-Germain qui est dauphinois jusqu'en 1321.
31Dans le nord-est du Bugey, Arlod et Billiat sont très proches des châteaux de Ballon, et Châtillon-de-Michaille qui sont au sire de Thoire-Villars au début du conflit. On retrouve la même proximité en d'autres régions, comme par exemple entre Montmélian et Chapareillan dans le nord du Grésivaudan.
32Les terres séparantes ne sont pas laissées sans contrôle ni défense. Ce ne sont pas des no man's land démilitarisés. Qu'elles relèvent directement du comte ou d'un de ses vassaux, elles sont le lieu et les prétextes à d'intenses et âpres conflits et chevauchées. Elles sont donc ponctuées à faible distance des châteaux-forts et des limites territoriales théoriques, de fortifications en pierre, de dimensions modestes, que les comptes nomment des maisons (domus). Ces maisons sont tenues par des officiers du comte placés sous la responsabilité du châtelain le plus proche dont elles dépendent. Ces maisons sont passées sous la domination directe du comte de Savoie à l'occasion d'un achat ou d'une vacance de l'héritage, comme par exemple la maison du chevalier Albert d’Ambronay, à Pont-d’Ain21. La maison de Tiret, au nord d’Ambérieu et celle des Balmettes près de SaintGermain ont été prises par l’armée du siège de Saint-Germain, en 1321. Les nobles dauphinois qui les tenaient ont fui ou ont été faits prisonniers. La récupération de ces maisons correspond à ce que déclare le compte de la châtellenie de Pont-d’Ain en 1322 « pour les dépenses faites à Saint-Germain pendant quatre jours pour s’enquérir de la valeur des maisons et des chaseaux de Saint-Germain et des fiefs nobles du dit lieu »22. La maison de Corlier est prise à la suite d’un siège en 1330. Le château de Montdidier et la tour de Buenc se sont trouvés, lors de l’achat du Revermont sous la suzeraineté du comte de Savoie ou bien leur seigneur a été obligé de « choisir son camp ». Dans les deux cas, ils sont devenus des châteaux rendables et, compte tenu de la situation politique très tendue qui règne dans cette région, le comte les a récupérés et a placé à Montdidier, un vicechâtelain avec une garnison dépendant du châtelain de Treffort23. La tour de Buenc relève directement de la châtellenie de Jasseron puis de celle de SaintAndré-en-Revermont24.
33On n’emploie jamais le terme maisons-fortes dans les comptes pour qualifier ces fortins avancés, mais seulement maisons. Toutes sont pourtant équipées de défenses qui sont même parfois renforcées, comme la maison de Tiret par un fossé, un pont-levis et des créneaux25. Elle est gardée par un capitaine délégué du château de Saint-Germain26. Il en est de même pour la maison des Balmettes27. Le château de Montdidier et la tour de Buenc sont également fortifiés et une garnison permanente en assure la garde28. La maison de Corlier a nécessité une préparation, une armée de siège et le matériel adéquat pour la prendre, preuve qu’elle était assez bien défendue
34Ces maisons sont appelées maisons fortes, une fois qu’elles ont été inféodées (à charge d’hommage) à des membres de la petite noblesse savoyarde, comme celle d'Anglefort, donnée à Humbert Cadot par le comte Philippe29 et celle inféodée à un certain Guillaume d’Avanchy30. Après ce don, il n’est plus jamais fait mention du personnage ni de la maison-forte. Ces résidences fortifiées ne sont plus directement sous la coupe du comte et, à partir de ce moment, elles disparaissent de la comptabilité publique.
35Cela tend à montrer qu'en Bresse et en Bugey et sans doute dans l'ensemble du comté, le mot maison-forte est spécifique au statut juridique et social de ces bâtisses et que « la maison d’un noble devient une maison noble quand elle devient le centre et le point de cristallisation indépendant et durable d’une race »31.
36Les maisons fortes ne sont pas de véritables châteaux, mais plutôt des résidences aristocratiques qui comportent des éléments de défenses et qui participent à la défense du comté dans le cadre des obligations militaires que chaque vassal doit à son suzerain. La plupart d’entre elles est dépourvue de fossés ou de terrassement, car l'autorisation de se fortifier que le prince accorde aux hobereaux locaux stipule de manière précise et formelle que le creusement de fossés autour de la demeure forte ne peut se faire sans son autorisation. Gabriel Fournier cite plusieurs exemples pour le comté de Champagne où le prince limite strictement les moyens défensifs des maisons32. En Savoie comme ailleurs, le caractère privé de ces fortifications auxquelles le prince tolère quelques droits juridiques est cependant limité dans ses capacités défensives et dans l'expression symbolique de son pouvoir.
37D'autres constructions simples et rudimentaires qu'on appelle des bâties ou bastides, faites de terre et de bois, complètent ce dispositif militaire. Les bâties sont des constructions nouvelles souvent installées à la limite extrême et parfois au-delà de « la frontière » pour préparer une accaparation territoriale. Elles sont comme des pions que l’on avance et qui marquent militairement et matériellement la mainmise territoriale dont elles densifient la ligne de fortifications. Ces postes avancés sont gardés et défendus par une garnison équipée d'engins d'artillerie et d'arbalètes. Ils sont commandés par un capitaine, mais demeurent en permanence sous le contrôle et la responsabilité d'un châtelain proche qui assure la gestion complète de la défense, l'entretien des hommes, du matériel et du site.
38C'est ainsi que le châtelain de Billiat tient et paye quinze hommes en garnison à la bâtie de Léaz et qu'il fournit les munitions pour les arbalètes et les balistes nécessaires à sa défense33. Le comte Amédée V en fit élever une à Luisandre au-dessus de Saint-Rambert vers 1304 et son successeur Edouard une autre à Gironville, près d'Ambronay en 1324. Lorsque la guerre s'étendit du côté du Franc-Lyonnais, le comte en fit élever une à Jonage et son allié, le sire de Beaujeu, à Rillieux34 · en 1325. En 1333, une bâtie savoyarde est réalisée à Vieusous-Varey. La garnison et son capitaine sont aux ordres du châtelain de Saint-Andréen-Revermont35.
39Pour leur part, les Dauphins et leurs alliés suivent exactement le même principe. La maison de Chazey-sur-Ain, au milieu de la plaine de l'Ain, est en avant des lignes dauphinoises de Lagnieu et Saint-Sorlin et affronte les possessions des sires de Beaujeu à Meximieux et Pérouges. La maison de Corlier est une avancée des sires de Thoire-Villars au nord de Saint-Rambert. Elle fait face aux maisons savoyardes d'Aranc et Corcelles. L'Abergement de Varey en fait autant pour les comtes de Genève en direction de Saint-Rambert et s'oppose, elle aussi, directement à la bâtie savoyarde de Luisandre. La bâtie des Allymes, construite en 1304 au nord de Saint-Germain, tente de contrôler celle du comte de Savoie à Luisandre. Elle domine et surveille le Bourg d'Ambronay.
40Ces multiples exemples permettent les constatations suivantes : d'une part, les châteaux devant constituer le réseau castral savoyard aux confins du Revermont et du Bugey n'ont pas été récupérés collectivement lors de l'achat du Revermont en 1289 ou par la conquête de La Michaille en 1288. Leur acquisition s'est réalisée en plusieurs étapes sur une période allant pour le Revermont et la Bresse de 1289 à 1307, soit 18 ans, et de 1288 à 1317 pour La Michaille, soit 27 ans, ce qui est somme toute assez long. D'autre part, les fortifications étaient loin d'être en état de fonctionnement et il a fallu toutes les reprendre et les améliorer du point de vue architectural. Les nécessités de la guerre ont obligatoirement entraîné la construction, la restauration et la modernisation des châteaux-forts. Les lignes de défense ainsi réalisées ne sont pas originellement homogènes ni logiques et des châteaux ont dû être construits pour pallier les faiblesses du réseau.
41La situation est assez différente aux limites nord-ouest de la Bresse proprement dite. Les châteaux sont en assez bon état et peu après le mariage d'Amédée avec Sybille de Bagé, ils deviennent des centres de châtellenie. Ainsi les comptes de Bagé existent-ils dès 1273, ceux de Bourg-en-Bresse en 1274, Saint-Trivierde-Courtes dès 1276 et Châtillon-sur-Chalaronne dès 128236.
42Un réseau de châteaux est donc le plus souvent, le résultat d’une entreprise longue et onéreuse qui demande beaucoup de temps, d'opiniâtreté et de constance dans ses objectifs politiques. À ce titre, le Dauphiné qui, de l'autre côté de la zone frontalière, tient pareillement à la Savoie des châteaux forts, n’a pas pu soutenir le même rythme construction. Cette principauté peu homogène territorialement n'a pu offrir aux Dauphins qu'un pouvoir faible et aléatoire37 qui ne lui permit pas d’élaborer un système de défense aussi cohérent et régulier.
Organisation et fonctionnement territorial du réseau castral
La structure du réseau castrat
43L'organisation topographique du réseau castral dans les zones frontalières reprend à l'identique les deux principes fondamentaux de la défense des châteaux-forts en général38. Ceux établis en Savoie et plus particulièrement en Bresse et en Bugey39 en sont des exemples. Ces principes établissent un premier concept de protection en profondeur qui consiste davantage à freiner l'adversaire qu'à l'arrêter. Ce système prévoit de retarder le plus possible l'envahisseur dans son approche et de l'épuiser avec l'attente de pouvoir intervenir ensuite. Dans ce but, les maisons et les bâties ont pour rôle principal de créer des pôles de surveillance et de défense des territoires. Construites en avant des lignes de châteaux-forts, elles obligent les troupes ennemies à faire des détours, à défaut d'empêcher leur passage, car la faiblesse des effectifs qu'elles contiennent ne leur permettent guère de pouvoir intervenir. La fermeture des vallées, des défilés et des cluses par ce genre de fortifications correspond à l'accès en défilement des châteaux. L'étroitesse et les coudes successifs des chemins d'accès, brisent l'élan des assaillants et limitent toute ruée à l'intérieur. La maison de Tiret, au nord d'Ambérieu, oblige les troupes dauphinoises à faire un très grand et dangereux détour pour entretenir et défendre le château des Allymes. La maison forte des Thoire-Villars à Corlier ferme le passage aux Savoyards, dans le sud de leurs terres de montagne. Certes, ces fortifications n'empêchent pas les incursions, mais elles les limitent à de courtes et rapides chevauchées dont les dégâts sont limités et circonscrits dans l’espace.
44Du point de vue offensif, elles permettent, grâce à leur situation avancée, une concentration provisoire de troupes qui se retrouvent plus rapidement dans les territoires ennemis, utilisant au maximum l'effet de surprise tout en leur offrant un point de repli efficace. De même que les barbacanes et autres fortifications avancées des châteaux forts permettent aux défenseurs de se dégager en faisant une sortie, les bâties et les maisons ont un authentique rôle militaire avancé dans le système de défense et d'agression.
45Le second principe consiste en un étagement des défenses. Ce concept est à entendre au sens propre et au sens figuré. Les châteaux puissants, sièges de châtellenie sont, pour la plupart, construits en hauteur. C'est ce que l'on appelle la hauteur absolue par rapport au sol environnant. La fortification est d'autant meilleure qu'elle commande, c'est-à-dire qu'elle domine les alentours. La règle formelle de la hauteur relative est que la deuxième ligne de fortifications doit commander la première.
46L'approche des châteaux forts est beaucoup plus difficile car ils s'élèvent en retrait de la zone de contact et représentent le dernier rempart présenté aux assaillants. Leurs murailles et leurs tours sont plus élevées que celles des maisons-fortes. Ils sont comme les donjons des XIe et XIIe qui, dans l'ensemble castral, forment la dernière ligne de défense et l'ultime refuge en cas d'assaut victorieux de l'ennemi. Les lignes fortifiées des châteaux du Revermont et du sud du Bugey en sont des exemples. Au-delà des châteaux du Revermont s’ouvre toute la Bresse, tandis que le Valromey et Chambéry se trouvent derrière ceux du Bugey du sud.
47Cette conception s'exprime, sur le plan architectural, par des murailles intérieures plus hautes que celles des périphéries. Ce système permet d'avoir les premières sous le tir des secondes et d'en organiser la défense. Les châteaux, sièges de châtellenie, commandent pareillement les maisons et les bâties, tant militairement qu'administrativement. Les châteaux ne sont jamais très éloignés des postes avancés et il est possible de rapidement se porter à leur secours ou d'exercer une menace qui peut être dissuasive, donc de commander ces défenses. Les capitaines des maisons et des bâties sont sous la direction du châtelain, tout comme les défenseurs des premières enceintes sont guidés par ceux qui, derrière eux, sont placés plus en hauteur.
48Enfin, de la même façon que les défenseurs débordés par les assaillants viennent se réfugier dans les périmètres intérieurs des châteaux, voire dans le donjon, les hommes d'armes des bâties et des maisons prises et saccagées par l'ennemi, viennent se réfugier dans les châteaux de la dernière ligne et en grossissent l'effectif.
49C’est un procédé de défense que l'on retrouve quasiment à l'identique en Navarre où des châteaux ont été construits pour maintenir les acquis territoriaux de la Reconquista40. On peut établir un parallèle avec les conquêtes savoyardes qui assurent autorité, défense et représentation par les châteaux. Il existe ainsi une ligne de forteresses précédée de positions défensives visant à sauvegarder les terres des attaques musulmanes (on dirait dauphinoises pour la Savoie). Ces châteaux servent également de point de départ et d'appuis pour les escarmouches et les chevauchées41. C'est également à partir de ces points forts que se fait le grignotage lent, mais inexorable des terroirs voisins. C'est ainsi que les mandements de frontière deviennent des mandements intérieurs au fur et à mesure de la reconquête territoriale. Ils perdent de leur puissance militaire, mais leurs revenus servent à financer ceux des frontières.
50En Navarre, les châteaux sont royaux, comme ils sont comtaux en Savoie et on en confie la garde à des nobles de confiance, aux pouvoirs restreints, d'une grande mobilité avec une grande distance d'un poste à l'autre. Ces hommes ont un rôle de gouverneur et sont en poste pour des périodes variées afin d'empêcher la tenue héréditaire des mandements et la patrimonalisation des châteaux et des pouvoirs42. Ces gens sont payés par un bénéfice, puis à partir de 1250 environ, on utilise le système français de l'officier rétribué en fonction de l'importance politique et économique du château et de son mandement43. La constitution du royaume de Navarre et d'Aragon44 s'est réalisée plus tôt (IXe-Xe siècle) mais elle est assez semblable à celle du comté de Savoie. On y retrouve les mêmes principes militaires, administratifs et humains.
L'évolution du réseau castral
51Le profil de la défense n'est pas immuable. Non dans sa forme ni ses structures générales qui restent toujours sur le modèle que l'on vient de voir, mais dans l'ordre, le rôle et l'importance des fortifications qui le constituent et de ce fait dans leur conception architecturale. Cette évolution est logique, eu égard à la politique d'expansion, de cohérence et de cohésion territoriale.
52Parmi les différents moyens d'expansion territoriale, il y a la guerre. On s'attache, à son propos, de manière quasiment exclusive aux accords finaux des traités établis entre les belligérants pour conclure que l'un d'eux s'est étendu au détriment de l'autre. Sans doute, il a bien fallu qu'il y ait des combats pour en arriver à négocier. De même, il a bien fallu qu’au cours de ces combats l'un se montre plus faible que l'autre pour qu'il abandonne des parcelles territoriales afin que s'arrête, au moins pour un temps, la pression incontrôlable et surtout imparable de son ennemi.
53Durant la guerre, l'expansion de la Savoie s'est concrétisée officiellement, par les traités de Chapareillan en 1335 puis de Paris en 1355. Mais, avant cela, elle s'est réalisée par des prises de châteaux et des avancées subreptices sans combat, certes modestes du point de vue de la superficie gagnée, mais qui ont, malgré tout, sensiblement modifié les positions de chacun et, du même coup, l'avenir et l'évolution du conflit. Les prises de châteaux et la construction des bâties représentent les principaux moyens utilisés pour la conquête, puis le contrôle des gains territoriaux.
54Les prises par sièges des châteaux ennemis constituent le premier moyen militaire d'avancement de la zone frontalière. Ces prises entraînent logiquement la conquête territoriale puisque le mandement du château appartient à l'origine directement et pleinement à l'adversaire. En outre, le château symbolise aussi le pouvoir seigneurial et le conquérant récupère, avec le terroir, la symbolique et l'ensemble des droits liés au château. Le renforcement territorial et la force de l'un des princes s'accompagne logiquement du recul de l'autre. Ce recul est relatif, dans son importance, à la valeur stratégique et militaire, sociale et économique du château et de sa région.
55Pour les belligérants, il convient donc de faire des choix judicieux dans les offensives en tenant compte d'une stratégie territoriale globale, des moyens techniques et financiers de l'opération et des conséquences immédiates que la prise va entraîner : réactions de l'ennemi, réparations des dégâts causés par les engins, prise du contrôle des terres environnantes et des droits qui y sont attachés. Il apparaît sur la longueur du conflit que les comtes de Savoie ont, de ce point de vue, été beaucoup plus rationnels et organisés que les Dauphins qui ont parfois assiégé des points peu importants et sans grand intérêt stratégique ni économique. Le siège du château de la Perrière est une illustration45
56Une fois pris, le château de Saint-Germain devient très rapidement centre de châtellenie et peut contrôler efficacement les terres gagnées sur l'ennemi. Le péage, le bourg neuf que l'on y construit, la bâtie de Chausson et le bourg d'Ambérieu, tous proches, en font un site puissant. Il devient chef-lieu du bailliage de Bugey après seulement quelques années. Son mandement est composé des territoires conquis grâce au siège. Une partie de la châtellenie de Saint-Rambert est adjointe au mandement nouveau dont ceux acquis en 1304, autour de la bâtie de Luisandre qui dépend désormais de Saint-Germain. Il fallait que Saint-Germain, placé aux avant-postes, puisse avoir les moyens de se défendre, d'organiser des chevauchées et contrôler efficacement la région. Les comptes de Saint-Rambert deviennent, dès 132246, beaucoup plus courts et les dépenses comme les recettes sont nettement moindres que par le passé. Cette châtellenie n'est cependant pas inutile, car des soutiens militaires en hommes y sont organisés pour les autres châteaux ainsi que des diettes avec les Dauphinois, mais elle a perdu sa prépondérance frontalière et n'est plus, dès cette date, qu'une châtellenie de seconde ligne. Elle ne participe que de loin à la politique et à l'action militaire. De 1331 à 1334, la châtellenie est tenue et gérée par le châtelain de Saint-Germain. Humbert de Châtillon, Girard de Grammont puis Jacques du Quart en tiennent les comptes qu'il rendent aux mêmes dates que ceux de Saint-Germain.
57Les prises de Corlier, puis de Saint-Martin-du-Frêne en 1330 procèdent de la même stratégie et entraînent les mêmes conséquences pour les fortifications de Corcelles et d'Aranc. La construction du château de Pont-d'Ain, mais surtout son élévation comme centre de châtellenie, en 1303, se font sur le même principe. C'est-à-dire qu'une partie des terres et des droits qui étaient jusqu'à cette date tenus par la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, constituent une part de celle de Pont-d'Ain. Ce nouveau château est plus grand et plus puissant que celui de Saint-André et surtout il est édifié directement en face d'Ambronay et des principaux lieux de contestations territoriales. L'Ain est plus large et moins profond et c'est par ici que passent toutes les communications entre la Bresse et le Bugey. Comme pour Saint-Germain, le patrimoine foncier, humain et juridique de Pont-d'Ain est constitué d'une partie non négligeable d’une châtellenie voisine, moins menacée et occupant un poste moins stratégique du fait de la création nouvelle.
58Les bâties sont des édifices qui, au temps de leur construction, sont un moyen d'attaque et de conquête territoriale et ensuite de défense et de soutien. Il ne semble pas qu'il y ait eu nécessité donc existence de ce genre d'ouvrage ailleurs qu'aux abords des limites frontalières. Elles représentent une offensive territoriale et toutes ont entraîné, dans les semaines qui suivirent leur élévation, des réactions violentes. Leur construction et leur maintien ne sont donc jamais sans risque de conflit dans les environs de leur élévation47. La fonction de ces fortifications avancées n'est pas de conception ancienne48, Elle est même assez nouvelle et correspond strictement à la statégie du grignotage territorial. Ainsi aucune d'elles n'a été conçue pour remplir, sous cette forme, un rôle militaire à long terme et il n'en existe pas qui aient eu une durée de vie supérieure à une quinzaine d'années. En cela, les bâties font le pendant symétrique des sièges dans le système de conquêtes puisqu'elles consistent en une appropriation des terres dites vacantes. Seul le procédé est inversé. C'est à partir d'une mainmise sur le sol que l'on construit une fortification. Aussi bien, cela revient au même que d'assiéger et prendre un château, son mandement et la population qui y réside, car dans les deux cas, il s'agit toujours d'une avancée territoriale marquée et défendue par une fortification.
59Les différences résident dans le coût et dans le caractère aléatoire du siège tandis que l'édification d'une bâtie est simple, peu onéreuse et rapide quoique la garde d'une bâtie soit sans doute plus difficile que celle d'un château, surtout les premiers temps, compte tenu des réactions de l'ennemi. Certaines ont une durée de vie très courte, comme celle de Gironville en 1324 et plus tard celle de Vieusous-Varey. Sous la forme légère de fortification en terre et en bois, à l'inverse du château, une bâtie n'a qu'un rôle militaire et aucune responsabilité économique et sociale.
60Ce procédé de grignotage territorial peut être illustré par plusieurs exemples. Chronologiquement, pour la région qui nous intéresse, la première bâtie savoyarde est celle de Luisandre, édifiée en 1304 ou 1305 à quelques kilomètres au nord de Saint-Rambert. A cette époque, le territoire savoyard ne s'étend guère au-delà de ce château, car à dix kilomètres à l'ouest s'élève le château dauphinois de Saint-Germain qui ferme l'entrée de la vallée de l'Albarine. Les Savoyards et les marchands sont obligés, pour rejoindre Ambronay ou pour en venir de passer par la montagne du mont Luisandre. C'est une région de marches incertaines qui séparent les biens savoyards de Saint-Rambert d'avec Ambronay. C'est pour s'emparer de ces terres autant que pour protéger ses troupes que le comte Amédée V fait construire49 la bâtie de Luisandre.
61Comme il s'agit d'une construction « sauvage », il est impératif que sa mise en œuvre soit simple, rapide et efficace afin qu'elle ait les moyens de se défendre et de marquer le territoire dès les premières semaines du chantier. Pour cela, les matériaux utilisés sont la terre et le bois. La rapidité et la facilité d'exécution d'une bâtie sont parfaitement adaptées à l'accaparement d'un territoire. Une sorte de vol en quelque sorte et on n’a jamais vu les voleurs œuvrer lentement ! Pour arrêter ce processus, le Dauphin fait construire une bâtie identique, Les Allymes, de l’autre côté de la vallée.
62Ainsi se marque de part et d'autre de la petite vallée une affirmation territoriale forte et sans nuance de la part des deux belligérants. De nombreuses attaques ont lieu d'une bâtie à l'autre, ce qui oblige à des travaux de réparation permanents sous la protection de renforts armés50.
63De fait, ces constructions font avancer la frontière de quelques kilomètres, mais cela ne reste pas une fin en soit, car la volonté d'unir la Bresse au Bugey demeure intacte pour les Savoyards qui n'entendent pas en rester là. Cette avancée se maintient et, considérant que le territoire entre Luisandre et Saint-Rambert est à lui, le comte fait transformer la bâtie en un véritable château de pierre à partir de 131251.
64Sans doute, les multiples attaques de part et d'autre et les réparations qu'il fallait effectuer après chaque assaut ont fait qu'à terme, il était plus raisonnable et plus économique d’avoir une construction en dur. Mais à la pérennité militaire du site, il faut ajouter la représentation de la puissance comtale et l'affirmation de ses droits qui sont mieux rendues et plus évidentes avec un château de pierre. Le territoire grignoté augmente le mandement de la châtellenie de Saint-Rambert et devient un territoire savoyard à part entière52. Lorsque le château de Luisandre est terminé vers 1318, un bourg y est construit à proximité et ouvert à la population53. Ainsi le grignotage territorial s'accompagne, à terme, d'une avancée des pôles de représentation, de défense et d'administration. À partir de juin 1321, le château de Luisandre passe dans le mandement de la châtellenie de Saint-Germain réduisant le rôle militaire et le poids politique de Saint-Rambert. L'évolution se poursuit et en 1345, dans la même région, on retrouve avec Remens, ce principe d'empiétement intempestif marqué et défendu par une bâtie dont les travaux sont en grande partie payés par des subsides spéciaux gérés par le péager de Saint-Germain54 jusqu'en 1347, date à laquelle le château devient le centre d'une châtellenie à part entière. Outre les territoires accaparés, lors de la construction de la bâtie de terre et de bois, la nouvelle châtellenie se compose de territoires et de droits enlevés à celle de Saint-Germain. Le châtelain rend compte « de ce qu'il a reçu dans cette châtellenie de revenus annuels, vers la fête de la saint Michel 1347, de ce qui a été distrait et enlevé de la châtellenie de Saint-Germain et adjoint à la châtellenie de Rémens, en raison du mandement nouvellement donné et concédé par le seigneur au château de Rémens ».
65Désormais, le château de Saint-Germain occupe une place moins prépondérante depuis que la zone frontalière avec le Dauphiné est beaucoup plus au sud, près de Saint-Sorlin et du Rhône. Il apparaît donc logique et possible de le démembrer au profit d'un autre qui doit faire face à un entretien constant et sérieux de ses défenses, assurer la subsistance d'une garnison permanente et payer des renforts ponctuels. Cet exemple montre que l'évolution génésique du réseau castral savoyard entraîne systématiquement le transfert des capacités financières, humaines et militaires d'une châtellenie vers celle qui se trouve en avant sur le front. Tels furent les cas de la châtellenie de Saint-Rambert, longtemps tête de pont entre le Bugey et la Bresse, en faveur de Saint-Germain, puis de Saint-Germain vers Remens, de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont pour Pont-d'Ain, vers 1306. Cette évolution a bien évidemment des conséquences sociales et économiques pour l'ancien comme pour le nouveau pôle militaire et administratif.
66Il faut bien noter que la prise des châteaux-forts, la transformation de bâties et l'avancée territoriale en général entraînent pour l'un et l'autre des protagonistes la constitution de nouvelles lignes de fortifications fondées sur le principe militaire et le profil défensif que nous avons vu plus haut. Du côté savoyard, les châteaux-forts, nouveaux centres de châtellenie, sont épaulés et relayés par des villes et des bourgs fortifiés pris à l'ennemi. Ainsi Ambérieu-en-Bugey contrôle l'espace situé entre Saint-Germain et Ambronay, tandis que les terres comprises entre les châteaux nouvellement savoyards et ceux qui constituaient la seconde ligne du réseau dauphinois deviennent de marches nouvelles. Pour le parti du Dauphin, les châteaux qui étaient à l'origine en arrière du front forment désormais la nouvelle ligne de défense et trouvent ainsi une importance politique et militaire nouvelle.
67À partir de 1353 alors que la paix est imminente, et plus sûrement au-delà de 1355 et du traité de Paris qui met fin à la guerre, un bon nombre de châteaux de seconde ligne et ceux qui se retrouvent au milieu des territoires comtaux, par les ajustements territoriaux établis par le traité, perdent leur intérêt stratégique. Ils ne représentent plus qu’une charge financière et finissent par ne plus être entretenus, voire abandonnés. Leur mandement déjà restreint par des démembrements préalables et une population peu nombreuse après les passages de la peste viennent s'ajouter à ceux d'une châtellenie voisine. C’est ainsi que des châteaux et des châtellenies ont souvent été grossis des mandements des petites circonscriptions. Ces châtellenies ont alors des revenus plus importants qui dépassent les deux cents livres annuelles. Leurs dépenses ne sont guère plus élevées et elles peuvent ainsi mieux participer à la politique générale du comté. L’augmentation des recettes permet également un remboursement plus rapide et surtout plus effectif des châtelains qui ont souvent géré et bouclé les dépenses sur leur propre fortune55.
68Pour les petits châteaux situés au centre des possessions territoriales, comme il est aussi souvent débiteur du châtelain en place, le comte de Savoie remédie à la situation en remettant en fief au châtelain ou à un riche administrateur central, le château, la châtellenie, des fermages56 et tout ou partie des droits de justice du mandement. La dette est supprimée et les droits d’introge font entrer de l'argent frais dans les finances comtales pour poursuivre sa politique d’expansion en Italie57.
69Dès juillet 1354, la bâtie des Allymes et les droits de justice sur les alentours furent remis en fief par le comte Amédée VI, à l'un de ses vassaux, Nicod François58. Le château et une partie des terres de Remens sont remis en fief à Jean de Longecombe en 1357. Le château s'appelle désormais Château-Gaillard. La bâtie du pont de Chausson (Saint-Denis) ainsi que le château de Lagnieu sont inféodés en 1358. Une part du mandement territorial du château de Saint-Andréen-Revermont est inféodée en 1365 à Jacques et Huet de Lucerne59, les héritiers du dernier châtelain, en remboursement des sommes avancées par leur père pour faire fonctionner la châtellenie. Le château, le péage et les banalités restent au comte et les recettes et dépenses sont inscrites dans un compte tenu à part par le châtelain de Pont-d'Ain. Finalement en 1375, la châtellenie est entièrement incorporée à celle de Pont-d'Ain60.
70En 1372, la guerre est finie depuis quinze ans. Le pays de Gex et le Faucigny sont alors des possessions savoyardes, le comte de Genève est vassal du comte de Savoie. Il n'est plus nécessaire d'entretenir le petit château de Billiat qui se retrouve en plein milieu de territoires savoyards. Le dernier compte est rendu le 25 mai 1372 et le 7 janvier 1373, Amblard Gerbais61 devient propriétaire du château, du village, du territoire, de la haute et basse justice, pour la somme de 7 000 florins d'or de bon poids62.
71Ces châteaux sont souvent vendus à de hauts fonctionnaires proches du comte. Ces derniers étaient aussi ses créditeurs et seules leurs qualités d'administrateurs et de gestionnaires pouvaient leur permettre de payer les sommes importantes demandées par celui-ci63. Nicod François est sans doute un fils ou un proche parent de Pierre François, désigné par le comte Amédée V comme négociateur du traité de Villar-Benoit en 1314. Nicod est chevalier et rempli la fonction de trésorier du comte64. Il accéda à la charge de bailli du Bugey et de Novalaise en 1366, puis du Faucigny en 137065. Amblard Gerbais est le frère de Pierre Gerbais, trésorier général du comte et membre de son Conseil66. Amblard est lui aussi un financier doué et devient trésorier général en 1386.
72Loin de voir dans ces ventes et ces inféodations une expression de la faiblesse des comtes de Savoie à l'issue de la guerre, il faut y voir une conscience du contexte et une fine pratique d’adaptation et de réforme de l’organisation du territoire et de son administration en fonction de la nouvelle donne politique et territoriale. S’il est vrai que les finances savoyardes ne sont guère reluisantes au milieu du XIVe siècle et que ces inféodations sont un des moyens utilisés pour améliorer la situation, les ventes de châteaux et des droits qui s’y rattachent restent relativement peu nombreuses. De ce fait, il n’y a pas, pour les comtes de Savoie, de grandes pertes de pouvoir ni de biens fonciers en appliquant ce système.
73Par ailleurs, les nouveaux maîtres des châteaux sont des gestionnaires doués qui, de toute façon, restent très liés au comte et à son administration. En aucun cas, malgré la privatisation des droits, des mandements et des châteaux, le comte est dessaisi de ses droits éminents. La gestion de ces châteaux disparaît certes des archives comtales, mais on les retrouve, malgré tout, à l’occasion des changements de seigneurs et des hommages qui en découlent. Les hommages prévoient que le nouveau seigneur ainsi que ses héritiers mettent leur château à disposition du prince, l’aident avec les soldats de la garnison, leurs armes et des vivres en cas d’attaque et pour toute la durée du conflit. Cependant, l’espace géographique dans lequel peuvent intervenir les hommes d’armes est limité. Il n’est pas possible de les emmener au-delà des Alpes et les quinze premiers jours sont à leurs frais, passé ce temps, c’est au comte de payer leur solde et leur entretien67. Toute mutation du château en dehors de la principauté est interdite. C’est ce qu’on appelle l’hommage jurable et rendable également utilisé par d’autres grands princes territoriaux, comme les comtes d’Anjou ou les ducs de Normandie et de Bourgogne68.
74Ce système présente de nombreux avantages. Les châteaux demeurent au service du comte chaque fois que cela lui paraît utile, sans avoir à en assurer les frais d’entretien et de garde. Ces châteaux devenus privés ne représentent donc aucun danger militaire. Ce sont par ailleurs de petits châteaux, centres de petites seigneuries, donc peu représentatifs et peu porteurs de la symbolique princière. Les châteaux de Luisandre, des Allymes et de Rémens en sont des illustrations.
75Ces fortifications deviennent ce que l’on appelle des maisons fortes, car elles sont tenues de manière indépendante par des petits nobles comme nous l’avons vu plus haut. Le mot maison forte n’exprime donc pas un type de fortification particulier puisque, à l’origine, cela peut être une maison, une bâtie ou un petit château. Que l’on continue à appeler ces constructions par ces différents noms, vient d’une simple habitude et réminiscence de leur ancienne fonction militaire et administrative dans la zone frontalière. On ne peut donc, à mon avis, dire que parmi les mots désignant une maison forte, celui de bâtie, par exemple, est une appellation homonymique utilisée pour ce genre de construction. Ainsi, je ne peux être d’accord avec Jean Mesqui qui fait une maison forte de la bâtie de Gironville69, alors que cette fortification n’est restée qu’un fortin éphémère n’ayant jamais été porteur d’un pouvoir économique et judiciaire, ni possédé de manière privée.
76On peut voir, par ces exemples, que la fonction essentielle des châteaux est militaire puisque des mutations s'opèrent en fonction des gains territoriaux. Lorsque leur situation géographique ne présente plus aucun rôle ni intérêt militaire, ils sont vendus et/ou inféodés. Ce principe n'est, cependant, pas absolu et ne s’applique pas à d'autres châteaux pour lesquels il est nécessaire de maintenir des défenses et un contrôle suffisant. C'est le cas des grosses fortifications, placées en retrait des frontières qui peuvent bloquer des groupes de malandrins et repousser un coup de main ou une grande compagnie. Il n'est également jamais question de se dessaisir des châtellenies importantes, des châteaux puissants comme ceux de Saint-Germain ou de Seyssel qui marquent hautement et fortement la puissance comtale ou de ceux qui, comme Pont-d'Ain, peuvent agréablement accueillir le comte et sa cour. Pour ces châteaux, les comptes perdurent et couvrent encore une très longue période au-delà du cadre temporel de notre recherche70.
Organisation et fonctionnement militaire du réseau castral
77Les châteaux, les maisons, les bâties et les territoires ne seraient rien sans les hommes qui, par leur présence et leur action, justifient leur rôle, leur identité et leur importance.
78Une hiérarchie à la fois administrative et militaire est déjà en place et paraît cohérente, bien structurée et organisée dans les dernières années du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Sans être complètement fixée, elle semble assez bien fonctionner dès cette époque et c'est sans doute une clé de l'expansion territoriale savoyarde.
Les cadres militaires
79La construction de la principauté savoyarde s'est réalisée à partir du milieu du XIIIe siècle par une organisation à la fois unitaire et hiérarchisée. Le personnage de base de l'organisation militaire et administrative est le châtelain. Il est nommé par le comte dans une circonscription, la châtellenie. Son recrutement, ses fonctions précises et son rôle sont devenus précis à partir des années 1270-128071. Ainsi nous pouvons établir une synthèse, sans trop de contradictions ni d'erreurs des rôles, des actions et des implications de l'ensemble des châtelains du réseau castral de Bresse et Bugey pendant la période étudiée.
80Dans un souci d'unification, de coordination et d'encadrement militaire des châtellenies et des fonctions châtelaines, Pierre de Savoie crée les baillis aux environs de 1255 dans ses terres propres du Chablais genevois, avant son accession au comté. Dès 1264, l'existence d'un châtelain remplissant les fonctions de bailli dans un regroupement territorial spécifique est établie pour l'ensemble des terres comtales. Chaque contrôle direct ou acquisition de territoires nouveaux et de grande étendue entraîne la création d’un bailliage. Les baillis sont, du point de vue militaire des coordonateurs et des organisateurs régionaux, mais cette fonction est à entendre au sens large et comprend autant l'organisation des opérations guerrières que la mise en défense des châteaux et leurs améliorations architecturales. Les fonctions judiciaires sont assurées par un juge sur un ensemble territorial qu'on appelle une judicature et qui est à peu près identique au bailliage. Les bailliages et les judicatures assurent respectivement la coordination militaire et juridique du comté, donc le renforcement du pouvoir sur un même territoire.
81Les châtelains rendent compte de leur gestion à des administrateurs centraux, appelés auditeurs (auditores), puis auditeurs de la Chambre des Comptes, à partir de 1351. Ces administrateurs proches du comte ont des fonctions de centralisation, de coordination et d'harmonisation des choix politiques, financiers et militaires. Leurs pouvoirs sont donc multiples et couvrent l'ensemble des fonctions administratives généralistes. L'organisation militaire du réseau passe par la projection, la gestion, la coordination centrale du comté pour obtenir une cohérence des actions militaires et des défenses des châteaux.
82Pour qu'une organisation fonctionne et soit efficace, il faut des personnages pour la mettre en pratique, la faire vivre et parvenir à ses buts. Cette organisation s'appuie sur une population de soldats et d'hommes d'armes aux rôles différents et hiérarchisés. Depuis le chevalier banneret qui participe aux grandes opérations jusqu'au simple guetteur d'une garnison. A ces gens, s'ajoutent les espions et les messagers qui permettent la coordination et la préparation des opérations. Ils renseignent sur les positions des ennemis et favorisent l'adaptation de la politique militaire locale et générale. Des spécialistes de la construction d'engins et d'armes nécessaires à l'art de la guerre, aussi bien offensive que défensive, sont également impliqués. Tous les châteaux possèdent et entretiennent de puissants engins de jets, des armes de tirs, des armes de poings et des pièces d’armures. Enfin, la politique architecturale et les travaux de mise en défense des châteaux sont assurées par des maîtres d'œuvre spécialisés qui ordonnent, organisent, reçoivent et vérifient les travaux. Ces hommes ont des liens directs avec l'administration centrale dont ils font, d'ailleurs, souvent partie, à l'instar d'Antoine de Clermont qui est receveur général des comptes, ordonnateur et vérificateur des travaux et membre du conseil comtal72.
Les châtellenies, les châtelains
83Les caractéristiques territoriales et institutionnelles des châtellenies se sont fixées entre 1230 et 1280. À l'origine, les châtelains ont des fonctions purement militaires et de défense, mais avec la généralisation de ce type d'administration territoriale, ils assurent également d'autres responsabilités : fiscales, judiciaires, sociales et financières73. Les châtellenies et leur mandement sont les ressorts nés de l'exercice de ces fonctions. Cependant, les fonctions essentielles des châtelains et des châteaux demeurent militaires surtout dans la région qui nous intéresse. Il se cristallise sur leur territoire beaucoup de conflits et de nombreuses opérations guerrières y ont lieu. Il existe d'ailleurs un rapport étroit entre la valeur stratégique et militaire des châteaux et leur rôle administratif et politique. En effet, il n'y a pas de circonscription châtelaine qui ne soit pas en bordure des territoires ennemis. Toutes ont une partie de leurs limites faisant frontière, au-delà et en deçà desquelles se situe un espace potentiel d'extension territoriale pour l'un comme pour l'autre des belligérants. Ainsi, chaque châtellenie se trouve à proximité immédiate d'une zone de conflit et c'est bien en fonction de cette situation et des risques qu'elle représente que s'établit le fonctionnement du centre de châtellenie. C’est ainsi que les châteaux de Saint-Laurent-les-Mâcon et Bagé sont à proximité de la frontière avec le royaume de France, sur le bord de la Saône où les désaccords avec l'évêque de Mâcon sont nombreux. Au nord-ouest de la Bresse, Saint-Martin-le-Châtel et Saint-Trivier-de-Courtes font face aux limites bourguignonnes et sont très impliqués dans la guerre bourguignonne de 1283-1286, puis à nouveau en 1348 à la mort de la comtesse Blanche. Elles participent aussi activement à de nombreuses chevauchées et renforcements de garnisons du côté du Revermont74.
84Coligny et son château marquent les territoires savoyards, au nord, face aux bourguignons et à l'est, aux « terres de montagne » du sire de Thoire-Villars. Les autres châteaux et châtellenies du Revermont, de Treffort à Pont-d'Ain sont aux limites frontalières entre la Savoie et les biens fonciers du sire de Thoire-Villars. Chatillon-sur-Chalaronne marque le début de la Bresse savoyarde au nord des terres de Dombes des sires de Thoire-Villars. Saint-Rambert, Saint-Germain, Rossillon, Yenne et plus tard Remens sont aux confins de la Savoie et du Dauphiné dans le sud du Bugey. Dans le nord, la châtellenie de Châtillon-deMichaille se trouve en pointe, face au sire de Gex au nord et au comte de Genève à l'est. La proximité des châteaux, centres de châtellenie des zones frontalières et des espaces de conflits démontre clairement le caractère et la fonction éminemment militaire de ceux-ci.
85Le châtelain est un fonctionnaire de formation militaire choisi, la plupart du temps, parmi les familles de la petite noblesse rurale75. Il est donc assez souvent chevalier ou pour le moins damoiseau76 et passe sans doute un temps à s'entraîner. Il peut avoir aussi d’autres compétences, comme celle de la conception architecturale ou de la maîtrise d’œuvre. Il ne doit pas, selon les Statuta Sabaudie, avoir de biens propres dans l’espace géographique de la châtellenie afin de ne pas être tenté de confondre le pouvoir et les biens délégués par le comte avec les siens. Cette prescription semble avoir été assez bien respectée dans l’ensemble, bien qu’il existe des exceptions. À Treffort au XVe siècle, Philibert de Corent, Guillaume Rafan et Philibert Venet sont originaires de la châtellenie77.
86Le châtelain est nommé pour une période limitée qui s'étend, dans la même circonscription, entre un et trois ans, temps durant lequel ils rendent plusieurs comptes. Pour la période et les régions qui nous intéressent, la durée moyenne d'un exercice est de quinze mois. La plupart des châtelains remplissent leur poste au-delà de cette durée et leur nomination est reconduite plusieurs fois de suite dans la même châtellenie. Ainsi Jean Bérard demeure châtelain de Pont-d’Ain durant seize et demi78, période durant laquelle il rend huit comptes dont le plus long couvre quatre années entières79.
87L’office n’est pas héréditaire, mais il peut le devenir ponctuellement et pour un temps seulement afin de rembourser les héritiers d'un châtelain, lorsque au moment de sa mort, celui-ci était créancier du prince. Des exemples foisonnent pour les bailliages de Bresse et de Bugey. De 1348 à 1352, la châtellenie de Saint-Rambert est tenue par Antoine et François Prévot puis par ses héritiers80. Jean Bérard succède à son père Conrad à tête de la châtellenie de Saint-Laurent-lesMâcon en 133081. Bon de La Balme prend la suite de son père Humbert, en 1391, comme châtelain de Treffort, puis quelques années plus tard c’est le gendre de Bon qui lui succède82. Les Corgenon tiennent la châtellenie de Bourg-en-Bresse sans interruption de 1349 à 140883.
88Le châtelain est parfois épaulé par un vice-châtelain et un lieutenant qui sont habilités à percevoir des droits et effectuer des paiements au même titre que lui, tels Ayron le Juif, lieutenant du châtelain de Saint-Rambert, en 133 384 et Jean de Valpoline son vice-châtelain à la même époque85. Ce lieutenant assiste le châtelain dans ses fonctions lorsqu’il y a plusieurs garnisons et châteaux sur le territoire de la châtellenie86. Par exemple le château de Luisandre et la ville d'Ambronay pour la châtellenie de Saint-Rambert87, le château de Leaz pour Billiat88. Ces hommes remplacent et assistent les châtelains dans toutes leurs fonctions lorsque ceux-ci sont absents de la châtellenie.
89Le châtelain participe aux opérations locales de police et aux chevauchées contre les intérêts dauphinois. Il organise la surveillance des ennemis et assure la sécurité du mandement de sa châtellenie. Il a des contacts réguliers avec les instances supérieures et il représente un maillon important dans la chaîne des relations des différents officiers comtaux. C'est un homme expérimenté, qui sait se battre et mener des hommes au combat. Son statut social89 lui permet d'être bien équipé, il possède une armure, des armes et plusieurs chevaux90. Il est responsable de l’entretien et de l’amélioration des défenses et des bâtiments du château et à ce titre, il possède de solides notions d’architecture et de maîtrise d’œuvre.
90Quoique les châtelains soient la plupart du temps des hommes de guerre, un certain nombre ne possède pas cette qualité spécifique. En revanche, ils maîtrisent très bien la diplomatie, l'administration et la gestion d'une circonscription et sont parfois des spécialistes de l'architecture militaire. C'est pour ces compétences intellectuelles et techniques qu'ils sont nommés à ce poste en des lieux et des époques où il est important d'organiser le fonctionnement et la défense de la châtellenie. On remarque qu’il n’y a que rarement des chevauchées et d'opérations militaires importantes dans le rendu des comptes de ces châtelains. La nomination de ce genre d'homme aux fonctions châtelaines se concrétise pour les circonscriptions nouvellement créées, comme celle d'Ambronay en 1318. Elle est, alors, tenue par Jean d'Aix, moine de l'abbaye91. Avant cette date, Ambronay dépendait complètement du châtelain de Saint-Rambert. Moins d'un an plus tard (37 semaines) la châtellenie étant bien organisée et les travaux bien avancés, la fonction revient à un homme de guerre : Pierre de La Balme.
91C'est le même procédé qui est utilisé pour les châtellenies créées de toute pièce à partir d'un château neuf comme celui de Remens en 1345. Jean de Croso, originaire de Montmélian, qui est un clerc92, est l'exemple type du châtelain spécialiste de l’organisation et de la gestion des chantiers, de l’administration territoriale ainsi que des missions diplomatiques93. En 1343, à la mort du comte Aymon, alors qu'il est châtelain d'Ambronay, il est chargé d'une vaste tournée d'inspection des fortifications aux frontières nord et ouest de la Bresse. Ses compétences ne sont qu'architecturales puisque, incapable de mener un combat, il est escorté par un chevalier, le bailli du Bugey94. En 1345, il est député par le jeune comte Amédée VI de Savoie et le comte de Genève Amédée III, son tuteur, pour les travaux de la bâtie ou nouveau château de Remens-sous-Saint-Germain95. Les compétences de ce personnage en matière de maîtrise d’œuvre sont indéniables puisque, dès le premier compte de subsides, il est désigné comme celui qui dirige les travaux96. Enfin il est envoyé sur ordre du conseil comtal à Saint-Trivier-en-Bresse, en 1347, pour visiter et donner des ordres pour la réparation et l'édification du château de Saint-Trivier qui menaçait ruine97 et qu'un an plus tard, la construction d'une tournelle à Ambronay se réalise avec ses conseils techniques98.
92Les châtelains sont donc en majorité des spécialistes de l'art militaire qu'il soit architectural ou opérationnel. Il n'y a pas confusion des compétences et à chacun des cas correspond le personnage type. Leur alternance dans une même châtellenie suit rigoureusement les besoins de celle-ci et le contexte politique dans lequel elle se trouve. On peut donc dire, au risque d'un anachronisme, qu'il existe une vraie gestion des ressources humaines dans le fonctionnement administratif du comté de Savoie.
Bailliages et baillis
93Un bailliage regroupe un ensemble de châtellenies sur un territoire qui peut être assez vaste et qui est composé parfois de plusieurs régions géographiques. C'est ainsi que le bailliage de Bresse comprend toute la Bresse et le Revermont et que le bailliage du Bugey regroupe l'ensemble du Bugey et le Valromey. Les limites des bailliages varient avec l'évolution territoriale et, de ce fait, avec le nombre de châtellenies qui le compose. La prise du château de Saint-Germain en 1321, puis celles de la maison forte de Corlier et du château de Saint-Martin-du-Frêne, en 1330, augmentent l'espace et le nombre des châtellenies du bailliage de Bugey. A l'inverse, la perte du château de la Perrière en 1333 diminue l'emprise territoriale du bailliage de Novalaise, mais sans pour autant diminuer le nombre de châtellenies puisque ce château n'était qu'un poste avancé sur la frontière avec le Dauphiné.
94A la mort d'Amédée V, en 1323, le comté de Savoie se compose de huit bailliages comprenant plus de quatre-vingt châtellenies99. En 1343, on en compte quatre-vingt quatorze100. En 1329-1330, les bailliages de Bresse et de Bugey se composent respectivement de dix et sept châtellenies selon le notaire-secrétaire Jean Raynard101 qui a recopié l'ensemble des hommages, bailliage par bailliage, pour le nouveau comte Aymon. Il indique chaque fois et pour chacun d'eux, le nom et le nombre de châtellenies102. Cependant le nombre de châtellenies est plus important dans chacun des deux bailliages à la vue des comptes qui sont rendus à cette époque et qui sont conservés aux archives départementales de la Côte-d'Or. Il existe douze châtellenies indépendantes l'une de l'autre en Bresse et onze en Bugey. La liste de Jean Raynard est peut être incomplète parce qu'elle n'est qu'une copie. Il en aurait omis quelque-unes ou bien, il n'a pas pu terminer son travail.
95Le bailli cumule sa fonction avec celle de châtelain. C'est ce qui explique que, dans un premier temps, la châtellenie dont il a la charge devienne centre de bailliage et varie d'un lieu à l’autre. La fonction de bailli pourrait ainsi paraître davantage liée à un personnage qu'à un centre spécifique. Mais les centres de bailliages sont peu nombreux à se succéder et se limitent à trois dans la région bressane - Bagé et Coligny, Bourg-en-Bresse - et deux pour le Bugey - Rossillon et Saint-Germain. On ne peut donc parler de lien exclusivement personnel entre l'homme et la fonction. En réalité, la fonction baillivale est tout autant personnelle que territoriale103. En 1326, Thomas de Langes, le châtelain de Saint-André-en Revermont est aussi bailli de Bresse. Mais le centre du bailliage est bien toujours Bourg-en-Bresse et non celui de sa châtellenie104. Hugues du Châtelard, châtelain de Bourg et bailli de Bresse depuis 1324105, reste à ce poste jusqu'en 1326 et retrouve sa fonction de bailli 1327106. La nomination de Thomas de Langes pendant cet intermède correspond à ses compétences architecturales et militaires. Il n'est bailli que le temps de la reconstruction du pont à Pont-d'Ain en une période qui suit la défaite savoyarde de Varey. Cet exemple illustre assez bien le caractère à la fois personnel et territorial du bailliage dans lequel le bailli est un homme de guerre compétent et le chef-lieu un site géographiquement et militairement important qu'on ne déplace pas forcément avec l’officier.
Date du 1er compte conservé | Bresse | Date du 1er compte conservé | Bugey |
1273 | Bagé | 1279 | Hauteville-Lompnes |
1273 | Saint-Trivier-de-Courtes | 1279 | Seyssel |
1273 | Pont-de-Vaux | 1291 | Ballon |
1273 | Pont de Veyle | 1295 | Yenne-Rochefort-Chanaz |
1275 | Saint-Martin-le-Châtel | 1299 | Saint-Rambert-en-Bugey |
1274 | Bourg-en-Bresse | 1307 | Briord-Lhuis |
1282 | ChâtillonsurChalaronne | 1308 | Rossillon |
1289 | Saint-André-en-Revermont | 1317 | Billiat-Dorches |
1289 | Treffort | 1318 | Ambronay |
1299 | Coligny | 1321 | Saint-Germain |
1304 | Jasseron | 1347 | Remens |
1306 | Pont-d'Ain |
96On peut considérer que dès 1321, pour la Bresse et 1326 pour le Bugey, les chefs-lieux de bailliage sont respectivement fixés à Bourg et à Saint-Germain. Bourg-enBresse n'a qu’une courte interruption dans son rôle, en 1329, au profit de Bagé. Cela correspond au retour des cendres du comte Edouard, décédé à Paris107. Il convenait qu’une pompe importante soit mise en place pour cela et une simple châtellenie ne pouvait suffir pour accueillir le cortège descendu par la Saône jusqu'à Saint-Laurent-lès-Mâcon. Girard de Grammont est bailli du Bugey à Saint-Germain jusqu'au 18 avril 1333. Il prend alors en charge la châtellenie de Saint-Rambert pour 20 jours, tout en restant bailli pendant ce court laps de temps108.
97Si la fonction baillivale est bien en relation avec les qualités particulières d'un homme, il apparaît néanmoins que le bailli remplit son poste à partir d'une châtellenie importante. Celle-ci est toujours située en léger retrait du front fortifié, mais en position centrale par rapport aux châtellenies de la zone frontalière où se situent les conflits. Il convient en effet que le bailli ne soit pas très éloigné de cette zone sous pression afin de recevoir sans retard les informations sur les mouvements des ennemis et organiser le plus rapidement possible un renforcement des garnisons ou l'organisation d'une chevauchée de contre-attaque ou de représailles.
98Ainsi, Bourg-en-Bresse se trouve sensiblement à égale distance de Coligny, au nord du Revermont et de Pont-d'Ain au sud. La châtellenie de Bagé est pareillement située par rapport à Saint-Trivier au nord de la Bresse et Châtillonsur-Chalaronne au sud et légèrement en retrait des châteaux construits le long de la rive gauche de la Saône. Dans le Bugey, Rossillon est à égale distance de Saint-Rambert, au nord et de Briord-Lhuis, à l'ouest et de Yenne, au sud. Lorsque SaintGermain devient chef-lieu de bailliage en 1326, les fortifications du Pont-de-Chausson, Ambérieu, Ambronay, Saint-Rambert et Luisandre rayonnent à égale distance du château.
99Le chef-lieu de bailliage est déterminé par sa position de pivot par rapport aux autres châtellenies. La situation géographique des chefs-lieux de bailliage est donc complètement liée au contexte politique et militaire. Bourg devient chef-lieu du bailliage de Bresse pour la première fois en 1299, à partir de l'instant où le conflit avec le Dauphiné et ses alliés s'établit pleinement aux lisières orientales et méridionales du Revermont. À cette époque, le comte de Savoie affiche clairement sa volonté de contrôler la région par l'achat et la réparation des châteaux. Il exprime aussi ses velléités de conquête de la plaine d'Ambronay par la construction du château de Pont-d'Ain. Avant cette date, Bagé était le centre du bailliage. Sans doute, c'était depuis longtemps la capitale des sires de Bresse et jusqu'à ce que Sybille de Bagé meure en 1294, il n'était guère possible de le déplacer. Mais c'est surtout la guerre bourguignonne qui, de 1283 à 1285, a logiquement fixé Bagé comme centre général des opérations et de la politique militaire.
100Dans le Bugey, Rossillon est le chef-lieu du bailliage jusqu'en 1326, c'est-à-dire quelques années après la prise du château de Saint-Germain. Dès que ce château est réparé et que son mandement est organisé, il remplace Rossillon à la tête du bailliage. La proximité des limites frontalières et les enjeux territoriaux d’une extrême importance qui se jouent dans la région, obligent logiquement à placer ici le centre militaire régional.
101Le chef-lieu du bailliage fonctionne donc comme un quartier général d’opérations militaires légèrement en retrait, mais peu éloigné de l'ensemble des points sensibles du front. Il varie logiquement en fonction de la région où se déroulent les conflits. Cette accroche foncière est renforcée par la primauté que possède la circonscription territoriale simple qu’est une châtellenie sur la durée d'exercice. Même associée au bailliage, la châtellenie et son mode de fonctionnement l'emportent sur celui-ci. Le bailli est avant tout un châtelain et les qualités militaires qui l'ont promu au bailliage ne le font pas rester à ce poste plus que sa fonction châtelaine ne le prévoit. Certes, celle-ci est également militaire, il n'empêche que le chef-lieu demeure alors que les baillis changent souvent.
102Nommé dans une châtellenie assez vaste, donc puissante, non loin de celles qui se trouvent en contact direct avec l'ennemi, avec une expérience sans doute bien aguerrie de la guerre et du commandement militaire, le bailli coordonne l’ensemble des forces armées et organise de manière cohérente, logique et suivie la politique et l'activité militaire, qu'elles soient opérationnelles, humaines, techniques ou architecturales.
103Cette activité très concrète consiste d'abord à recevoir des informations et des requêtes par messagers envoyés vers lui par les châtelains109, à prendre des décisions logiques, non contradictoires ni opposées à la politique militaire d'ensemble du comté et du bailliage. Il veille au respect des objectifs, des moyens et du fonctionnement du réseau. Cela concerne l'augmentation des garnisons en fonction des menaces ennemies110 ou la participation à des négociations111. Le bailli est un chef militaire qui organise, encadre de nombreuses expéditions qu'elles soient répressives, offensives ou de défense d'un château assiégé112. Son expérience militaire n'est pas théorique mais réelle et physique. Il organise et participe aux sièges des châteaux ennemis, tels que ceux de La Corbière en 1321113, de Corlier en 1330114 ; il est présent dans les chevauchées, les razzias115 et les représailles116, ainsi que dans les opérations de surveillance117 ou de renforts des garnisons en convoquant les troupes, en les menant sur le terrain et en participant activement aux combats118 où il lui arrive d'être blessé ou pris119.
104Il s’occupe du sort des prisonniers et organise la recette de leur rançon120, l'embauche des maîtres artisans pour des travaux d'architecture et de défense121 voire même leur nourriture122. Il prévoit la protection des chantiers comme celui de Luisandre en 1312123 ou de la bâtie de Jonage en 1330 qui est attaquée alors qu'elle est à peine commencée124 ou encore des marchands qui traversent la plaine d'Ambronay entre Saint-Rambert et Pontd'Ain125 Il tient sans doute un inventaire des armes et des engins d'artillerie en réserve dans tous les châteaux de son bailliage126 Le bailli est aussi celui qui réceptionne les ordres du comte, de ses familiers ou de son conseil qu'il est chargé de faire appliquer127 Toutes ces activités organisées par le bailli lui-même donnent lieu à des lettres d'ordre ainsi qu'à des reçus et des attestations de paiements qu'il donne aux châtelains afin qu'ils justifient les dépenses engagées par eux pour participer à toutes ces actions128
105Le bailli ne peut répondre à tout, car ses pouvoirs sont limités et nombre d'informations graves, d'appels à des renforts importants et impérieux ne font que transiter par lui, en direction du comte. Certains ne passent pas par lui, car des réponses vont directement du comte et son conseil aux châtelains129. Le bailli n'est pas pour autant mis à l'écart puisqu’il est informé des ordres donnés et qu’il s'assure de la bonne exécution de ceux-ci130.
106Le rôle des baillis est donc prioritairement militaire avec une autorité déléguée sur l'ensemble des châtellenies du bailliage par le comte et formalisée par des lettres patentes131 qui organisent et justifient ses actions et ses ordres. Cette autorité concerne aussi bien les inspections des places-fortes132 et les mises en défenses des châteaux du point de vue architectural et humain, l'organisation des chevauchées de représailles et de préparation des sièges de châteaux, les sièges eux-mêmes et les négociations qui suivent. Les baillis sont le maillon essentiel dans la hiérarchie militaire et l'organisation administrative du comté. Ils se situent entre les instances supérieures qui ont une vision globale de la politique comtale et les châtelains qui sont au cœur des opérations. Ils apportent des éléments de la réalité sociale aux décisions des gouvernants et coordonnent les actions châtelaines.
Le comte de Savoie et son conseil
107Le comte Savoie possède logiquement tous les pouvoirs, mais « selon l'usage féodal il prend conseil de ses vassaux »133. Ce conseil fait partie des obligations qu'ont ces derniers vis-à-vis de leur suzerain. Le nombre des membres du conseil est d’ordinaire de sept à huit personnes, mais ce chiffre peut varier en fonction de problèmes qui demandent l'avis de spécialistes. Les attributions du conseil sont très larges et il peut traiter toute affaire importante134. Les affaires féodales, juridiques, politiques, économiques, diplomatiques, matrimoniales et bien sur militaires. La quantité d'affaires à régler ne cessant d'augmenter, le conseil éclate en deux organismes. B. Demotz pense que cela s'est réalisé vers novembre 1329, d'après les lettres patentes qui évoquent à cette date la constitutio sive ordinatio consilii Chamberiaci residentis135. Un conseil demeure en permanence auprès du prince et l'accompagne dans tous ses déplacements c'est le consilium cum domino residens qui est appelé le conseil itinérant. Il suit le comte de Bourg136 à Belley, Chambéry, Treffort, Hautecombe, Montmélian137, Le Bourget138, Ripaille139 et l'aide à répondre aux problèmes locaux. Il semble que les ordres établis et donnés par ce conseil apparaissent toujours dans les comptes de châtellenies ou de péages sous l'unique responsabilité du comte (de mandate domini) en indiquant le lieu où il les a fait rédiger. Le conseil itinérant n'est jamais nommé, sans doute parce qu'il est directement présidé par le comte qui représente l'autorité commune.
108A l'inverse, les ordres inscrits dans les comptes comme émanant du conseil du comte sont toujours donnés à Chambéry140. Il s'agit alors du conseil résidant en permanence à Chambéry, mais ce Conseil existerait bien avant 1329 puisque l’on trouve l'indication de Chambéry, dès 1310-1312141. Il ne peut être confondu avec le conseil itinérant qui serait alors avec le comte dans cette ville, car lorsque celui-ci s'y trouve, tout ordre émane uniquement de lui et il n'est jamais question des conseils142, ni itinérant ni résident. Quoiqu'il en soit, les différents comptes témoignent tous de l'implication directe du comte et de ses conseils dans les affaires militaires. Il n'y a pas de spécialisation de l'un ou de l'autre pour régler les problèmes relatifs à la guerre. Les deux conseils agissent aussi bien dans les œuvres architecturales que dans l'ordonnance et l'organisation des opérations militaires et la mise en défense des villes et des fortifications. Leurs ordres sont souvent datés et on connaît le lieu de leur rédaction. Cela permet de situer les événements dans le temps avec assez de précision.
109Les objets des interventions du et/ou des deux conseils sont militairement les mêmes que ceux des baillis, mais ils s'étendent sur l'ensemble du comté143. Le comte et son conseil itinérant convoquent par l'intermédiaire des baillis, d'un membre de son conseil144 et parfois directement par les châtelains, les nobles et les clients qui doivent se rendre à son armée145 pour un siège, une chevauchée ou aller renforcer la garnison d'un château ou d'un bourg menacé par ses ennemis146. Ce même genre de décisions et d'ordres vient pour une part égale du conseil résident à Chambéry147.
110Dans l'autre sens, les châtelains leurs envoient des messagers148 pour les tenir informés de la situation des ennemis et recevoir d’eux les ordres correspondants aux positions rivales149. Le comte et son conseil savent que les châtelains connaissent bien la région et leur confient des missions de négociations pour les limites territoriales150 ou les dédommagements151. L'organisation des opérations militaires comme le blocage des routes, pour ne pas être pris à revers durant un siège ou pour empêcher l'ennemi d'être ravitaillé152, est commandée par le comte ou son conseil itinérant. Ils ordonnent directement aux châtelains de couvrir ces opérations et se préoccupent tout autant de l'armement, des engins d'artillerie, des châteaux153 et des constructions154 en intervenant directement auprès des châtelains et en payant une part des dépenses155. En revanche, l'inspection des places fortes et les décisions d'y effectuer des travaux importants semble venir davantage du conseil itinérant, de même que le sort des prisonniers, des otages et le montant des rançons156. Cela semble assez logique puisque ce sont des situations locales spécifiques qui demandent une connaissance du terrain et la possibilité de juger sur place.
111La hiérarchie des cadres militaires, dans le comté de Savoie en général et en Bresse et en Bugey en particulier, s'appuie sur des officiers locaux, les châtelains, chefs d'une circonscription de base. Ils sont encadrés sur une échelle géographique plus grande par un bailli qui centralise et coordonne les opérations. Au-dessus des baillis, couvrant l'ensemble du comté, le comte et ses conseils, l'un itinérant, l'autre fixe. Ils unifient et rendent homogène et cohérente la politique militaire de la principauté par des liaisons efficaces allant de la base vers le sommet et inversement. La relative bonne organisation de ce système et son bon fonctionnement permettent d'avoir une connaissance rapide des événements et d’effectuer des interventions et des réactions quasiment immédiates comme pour Ambronay en 1308157. Cela permet également de bien connaître le contexte général et d’établir une politique et une stratégie logique et cohérente.
Organisation et fonctionnement défensif et offensif du réseau castral
Les hommes d'armes et les clients
112Le comte de Savoie, certains membres de son conseil itinérant, les baillis et les châtelains participent tous aux opérations militaires. Si les cadres supérieurs de l'organisation ne sont présents qu'aux grandes chevauchées et aux sièges, les châtelains et les baillis font partie des hommes qui participent quasiment à toutes les opérations guerrières. Celles-ci sont considérées comme inhérentes à leur fonction quant à l'organisation, à la direction des hommes dans les chevauchées et à leur implication dans les combats. Elles n’en sont pas moins indépendantes du point de vue financier puisque les frais engagés par eux et le prix de leur intervention n’est pas compris dans leurs salaires de châtelains ni de baillis lorsqu'ils remplissent cette fonction. De même ils sont remboursés de la perte des montures ou des soins apportés à leurs chevaux blessés pendant les opérations. Cependant, la remonte n'est pas directement prise en charge par la châtellenie. Le châtelain se paie le remboursement de ses pertes sur la châtellenie, mais uniquement après en avoir demandé l'autorisation aux receveurs des comptes158 ou en avoir reçu l'accord écrit du comte ou du bailli159.
113Cela montre que, même s'ils sont officiers du comté, les châtelains et les baillis effectuent toujours un service soldé indépendant de leur fonctions administratives. Il en va de même pour tous les chevaliers, damoiseaux, seigneurs féodaux de quelque importance qui ont leurs biens fonciers dans le comté de Savoie et qui ne remplissent pas de fonctions administratives. A ces personnages s'ajoutent « les clients » dont il est très difficile, malgré leur grand nombre, de définir facilement et précisément le niveau social160.
114Ils regroupent, à mon avis, un ensemble de personnages roturiers ou de petite noblesse ayant des équipements militaires plus ou moins importants, mais de toute façon plus modestes que les chevaliers et les damoiseaux. Le mot client pourrait remplacer celui de sergent à cheval, terme qui est généralement en recul à partir de 1250161. Certains sont écuyers, berruyers162 et sont armés de fer163, d'autres sont des bourgeois voire des paysans locaux. Les clients confinés dans les garnisons permanentes ou aux surveillances proches et très courtes des environs du château sont des piétons164 Ils sont encadrés par des chevaliers, des damoiseaux165 et des nobles qui servent parfois à pied eux-aussi166. On trouve, parmi les participants aux chevauchées, des clients qui ont des roncins ou des coursiers qui sont appelés equites167. Ils sont nettement différenciés des nobles d'un niveau social plus élevé qui possèdent de grands chevaux168.
115Les différences de statut social des guerriers bien équipés sont surtout visibles au niveau des comptes où les grands sont très souvent appelés par leur nom et leur rang dans la hiérarchie militaire : chevaliers bannerets169, chevaliers, damoiseaux. On nomme aussi par leur nom ceux qui possèdent un coursier, tout en les regroupant sous le nom générique de cavaliers170, mais les comptes ne donnent jamais ou très rarement l'identité de ceux qui n'ont qu'un roncin171 ni celle des piétons, sauf quand ils sont nobles172.
116La différence ne s'arrête pas à la dénomination des personnages, mais aussi au niveau de leur salaire. Un homme qui possède un cheval est payé cinq à sept sous viennois par jour, que ce soit pour une chevauchée, un renfort de garnison ou sa participation à un siège173. Ceux qui n'ont qu’un coursier ou un roncin174 ne touchent que trois sous par jour pour les mêmes opérations. Quant aux piétons qui restent en garnison permanente dans les châteaux, leur salaire est de huit livres à l'année soit cinq deniers par jour, ce qui correspond au salaire des clients à pied, chargés d'opérer une surveillance locale. En 1322, trente-cinq clients sont embauchés pour surveiller pendant une nuit et une journée les abords du château de Saint-Germain. Ils sont payés dix sous pour cela, soit cinq deniers pour la journée et cinq sous pour la nuit175. Pour des opérations très importantes et primordiales comme la reprise d'Ambronay en 1308 et sa garde durant les mois qui suivirent, les salaires sont sensiblement supérieurs. Les hommes à cheval reçoivent sept à dix sous par jours176. En 1324, alors que le Dauphin menace Pont-d'Ain, les clients venus renforcer la garnison du château reçoivent dix huit deniers par jour177.
117On peut dire que la classe militaire se compose de deux grandes catégories de guerriers :
Les nobles aisés qui sont chevaliers ou damoiseaux ainsi nommés parce qu'ils n'ont pas été adoubés ou hommes d'armes. Ils montent des chevaux et possèdent des armures de fer178. Parmi eux se trouvent la plupart des châtelains.
Les clients qui regroupent sous cette appellation des hommes de guerre d'un statut social allant de l'écuyer au bourgeois roturier. Ils sont différemment équipés et possèdent un roncin ou au mieux un coursier. Par leur nombre et leur efficacité ils ont une très grande importance. Ces derniers servent dans toutes les opérations militaires. Ils participent aussi à des actions de moindre envergure comme l'escorte des marchands ou de la garde-robe du comte ou de la comtesse179.
118Les hommes en armes sont donc classés selon leur titre nobiliaire. Mais bien que ce statut entraîne logiquement un équipement militaire complet et sophistiqué, c'est avant tout cet équipement qui détermine le salaire et non le statut social. Un chevalier peut utiliser un simple coursier afin d'économiser son destrier, lors de simples chevauchées ou razzias. Il n'est alors pas mieux payé qu'un client ayant le même équipement. Nous ne possédons pas pour la Savoie et pour la période, d'actes notariés, d'ordres comtaux qui exigeraient un certain armement, ni de comptes d'armuriers qui à l'instar du Rouergue180, nous permettraient de connaître les armes défensives et offensives des différents guerriers. Cependant, on peut penser qu'en Savoie comme ailleurs, l'armure de mailles demeure la protection fondamentale du buste des chevaliers et que les plaques de métal ne recouvrent que leurs membres et leurs épaules. Ils ont la tête protégée par un heaume. Les clients ont sans doute une seule côte de maille, renforcée pour certains de quelques plaques de fer. Les hommes d'armes peuvent n'avoir qu'un vêtement de cuir fort et un casque qui peut n'être qu'une simple cervelière. Ces équipements évoluent au fil du temps et il est certain que les armures à plates sont d'un usage plus fréquent à la fin de la période étudiée qu'à son début181.
119Le salaire est standardisé et calculé en fonction de l'équipement et du nombre de journées que durent les opérations, le voyage aller-retour étant inclus182. Cette organisation du salariat militaire marque et rappelle que la convocation et le montant de la solde viennent de l'initiative comtale. Elle évite le marchandage entre les soldats et le comte tout en mettant les nobles sur le même rang lorsqu'ils fournissent un équipement identique. L'appel aux clients soldés qui peuvent être assez bien armés, oblige les grands personnages à être moins exigeants quant à leur participation.
120Les hommes d’armes et les clients sont des gens de la châtellenie. Ils sont tous soldés en fonction de leur équipement pour des mobilisations qui vont de quelques jours pour les chevauchées et les sièges, par exemple pour le siège de La Corbière en décembre 1321183, à quelques semaines quand il s'agit de renforcer la garnison d'un château très exposé ou de faible défense comme la ville et l'enceinte d'Ambronay en 1312184.
121Le service armé soldé permet l'enrôlement de ces gens pour la stricte période où l'on on a besoin d'eux. Il facilite également la diffusion des ordres de convocation pour les nobles par des lettres individuelles d’appel ou de prière envoyées par le bailli, le comte ou son conseil. Cette lettre est présentée au châtelain afin de justifier sa venue et son paiement. Elle est à nouveau présentée au rendu du compte par le châtelain pour justifier sa dépense. Ce principe fait, qu'à l'instar des autres puissances politiques185, l'auxilium féodal traditionnel est quasiment inexistant, même pour les petites opérations. Cependant l'ensemble des moyens militaires humains des comtes de Savoie fonctionne encore, mais de loin, sur le modèle chevaleresque. Ce sont les mêmes milieux sociaux qui fournissent les hommes à cheval, en armures de fer, qui encadrent les clients et se mettent au service de leur suzerain seigneur, malgré la solde et le changement de leurs obligations morales et juridiques.
122Les clients petits nobles ou roturiers sont mobilisés par l’intermédiaire des cris publics contrôlés par les châtelains. Ces gens, à l’inverse des nobles, se rattachent davantage aux mercenaires, car si leur participation aux opérations est requise, obligatoire et soldée, ils mettent en balance le risque, le dérangement et la distance avec le gain et se permettent de ne pas se répondre « au cri » du château dont ils dépendent. Les comptes témoignent souvent des amendes infligées à ceux qui ont fait défaut à la chevauchée du châtelain, du bailli ou du comte. Cela peut être le fait d'un client186, mais aussi de tout un groupe d’hommes d'une même contrée187.
Les garnisons
123La charge première du châtelain, on l’a vu plus haut, est d’ordre militaire. A ce titre, il assure le commandement du château et de la garnison qui y réside. Cette dernière est plus ou moins importante selon les dangers qui menacent la région, mais en temps de trêve ou si le château n'est pas concerné par les opérations militaires du moment, le nombre d'hommes est généralement assez faible. En plus du châtelain, il n'y a que deux clients en armes et un ou deux guetteurs et si le château est un peu plus vaste, un sonneur de trompette que l’on appelle une baête et parfois un portier188.
124En 1314, à l'époque de la trêve de Villar-Benoit, le château de Saint-Rambert n'a que deux clients et un guetteur dans ses murs189. Pourtant à cette époque, il est aux avant-postes de la frontière savoyarde du bas Bugey. La garnison normale de Pont-d'Ain est de quatre clients et un guetteur, mais en 1317, le calme régnant dans la région, le comte supprime deux clients et les remplace par un guetteur (gaytia). En 1292-1293, quelques années après la guerre bourguignonne, il y a le même effectif à Saint-Trivier190. On trouve une garnison identique à Billiat, au rendu du premier compte de la châtellenie, en 1317191.
125Seul le bourg d'Ambronay qui est entouré de toutes parts par les terres ennemies est un peu plus fourni en hommes d'armes. La garnison permanente, payée par les receveurs généraux, n'est pourtant constituée que de quatre clients qui gardent uniquement les portes en 1303-1305192, mais d'autres venant des châtellenies proches s'y succèdent à tour de rôle193, mais de manière fort irrégulière, laissant parfois la place sans beaucoup de défense. Sans doute les bourgeois avaient à assurer des gardes194, mais eu égard aux convoitises dont ce bourg était l'objet, cela semble bien peu. Ce fut sans doute une des faiblesses mise à profit par les Dauphinois, pour s'emparer de la ville en 1308.
126Les maisons fortifiées195 ne sont pas plus équipées en hommes durant ces mêmes périodes et pourtant elles offrent, du point de vue architectural, moins de résistance que les châteaux et se situent plus près de l'ennemi. En 1315, il y a au château de Luisandre la même garnison qu'à Saint-Rambert dont dépend alors ce château, soit deux clients et deux guetteurs196. Les maisons fortes de Tiret et des Balmettes, dans les environs d'Ambérieu et de Saint-Germain ont chacune, en plus de leurs deux capitaines respectifs, deux clients et un guetteur pour tout effectif197.
127Il apparaît, à la vue de ces exemples que tous les châteaux ont sensiblement la même garnison, composée de deux clients et un guetteur et que l'effectif d'une fortification en temps de trêve est standardisé à ce nombre, quelle que soit la taille des châteaux. Ce nombre d'hommes est convenu par accord officiel entre le comte et le châtelain au moment de la nomination ou de la reconduction de ce dernier à son poste198. Les salaires sont également conventionnés et calculés à partir d’une somme de vingt livres par an en 1305199, vingt-cinq livres à partir de 1312 jusqu'à la fin de la période étudiée200. Cette somme est fixée à l'année pour une garnison de deux clients et un guetteur, châtelain compris, mais le salaire de chacun des hommes est spécifique à sa fonction et son statut militaire. Le châtelain perçoit dix-sept livres, un client huit livres et chaque guetteur cent sous201. Comme il arrive très souvent que l'exercice ne dure pas exactement ce temps-là, les salaires sont calculés en proportion du temps passé à ce service202. Ils sont également proportionnels au nombre de clients et de guetteur qui peuvent varier légèrement. Il ne faut pas croire, à mon avis, que les clients comme les guetteurs sont en permanence les mêmes personnes. Les comptes ne les différencient jamais, mais pour les guetteurs au moins, il est très probable qu'ils se relaient pour des périodes définies par le ban ou le droit féodal sur lequel se greffent les salaires.
128La stricte limitation des effectifs des garnisons en temps de trêve correspond bien sur à la période de calme que les belligérants sont en droit d'attendre de ces périodes de répit, même si beaucoup d'entre elles ne sont pas respectées. En outre, les châteaux sont assez fortifiés pour s'opposer, d'une part, aux chevauchées rapides et d’autre part, ils se situent en profondeur dans le réseau. Avant de les atteindre, il faut traverser les marches, éviter les maisons et les bâties. L'ensemble offre suffisamment de difficultés à l'assaillant pour qu'une troupe de secours ait le temps d'intervenir. Une surprise n'est guère possible et sauf à les prendre par siège ou par trahison les châteaux sont peu menacés. Les sièges demandent un effort financier important autant que d'organisation. Le regroupement des hommes d'armes, les subsides levés, les préparatifs techniques ne peuvent passer inaperçus aux yeux des espions et aux oreilles des écouteurs (escuteriis) et on peut ainsi organiser la défense des châteaux menacés. Il n'apparaît donc pas logique d'entretenir matériellement et financièrement de nombreux hommes d'armes en permanence dans les châteaux.
129Plus que la quasi-certitude de ne pouvoir être pris soudainement par une forte armée, la faiblesse des effectifs dans les châteaux et les maisons fortes semble plutôt venir de considérations économiques et stratégiques. Les soldats coûtent cher, aussi bien en salaire qu'en entretien, car il faut les nourrir et les chauffer aussi. Par ailleurs, retenir des hommes en armes dans des lieux sans risque n'est pas très intéressant quand on a une guerre à mener et des opérations de saccages et de conquêtes à faire ailleurs. Les clients et les autres combattants ont donc une activité militaire offensive en plus des gardes. Ils participent à de très nombreuses chevauchées, à des blocages de routes et de passages ou à des sièges en compagnie du comte et du bailli. Ils ne peuvent donc pas être, en même temps, à la garde des châteaux et il est alors préférable de les utiliser à des fins de conquêtes ou de représailles.
130Si deux clients et un guetteur peuvent paraître bien peu pour garder un château et représenter la puissance comtale, il faut multiplier cet effectif par autant de châteaux, de maisons fortifiées et de bâties qu'il y en a dans le comté. Au final cela représente une quantité d'hommes importante pour l'époque. Il faut considérer aussi que les trêves sont locales et que tous les châteaux d’un même bailliage n'ont pas un effectif réduit aux mêmes périodes. Il y a, de ce point de vue, une très grande disparité. Certains se trouvent dans une zone de conflit et demandent à être mieux armés et défendus alors que d'autres, très éloignés, ne risquent pas d'être attaqués203. Enfin, la taille des châteaux est relativement modeste. Aucun d'eux n'a une emprise au sol et un ensemble défensif bâti comparables à ceux de certaines grandes forteresses du nord de la France. Il y a donc une adaptation des effectifs à la taille des châteaux considérant qu'il est préférable de disposer d'un château plus petit, mais bien défendu et bien surveillé qu'une forteresse presque vide.
131La permanence du guet dans les bourgs adjacents aux châteaux est attestée par les constructions de guettes et d'échauguettes sur les tours qui les défendent. L'obligation du guet pour les habitants va de pair avec l'entretien et les réparations des murailles dont le paiement est principalement assuré par les bourgeois, à l'exception des gros travaux de construction ou pour réparer les dégâts d'un siège. Cette part de la défense et de la surveillance, contiguë à celle qu'effectuent les gens dans le château, nous échappe par faute de sources comptables dans la gestion des bourgs. Elle est faite par les habitants eux-mêmes, sous contrôle seigneurial et représente autant d'économie pour le seigneur.
132Les bâties doivent compenser la fragilité de leur construction et de leur position avancée par davantage d'hommes en armes toujours prêts à intervenir ou à devoir se défendre. Ce système est identique à l'ensemble du comté et on trouve les mêmes effectifs dans les autres bailliages204.
133C’est pour mieux gérer le potentiel humain autant que financier que les effectifs des places fortes sont organisés de manière unifiée et conventionnelle. Les effectifs réduits ne font pas perdre d’argent inutilement et la normalisation permet une facilité de gestion et de contrôle des châtellenies, des châtelains et des capacités militaires en hommes de guerre du bailliage. En outre, les châteaux ne sont pas des lieux de grande fréquentation humaine. Le châtelain n'y est pas toujours présent et les trois ou quatre personnes chargées de sa garde y vivent enfermées. Il n'est pas question d'avoir une vie grouillante et tumultueuse dans un château. Un fort effectif demanderait des apports réguliers de vivres et de matériel nécessaire à la vie des soldats, or il ne faut pas que les gens du bourg puissent aller et venir à leur gré à l'intérieur et favoriser une trahison ou une prise soudaine et insidieuse. D'ailleurs, la plupart du temps, les portes sont fermées et les ponts relevés. Les passages se font principalement par une porte piétonnière pour éviter les allées et venues intempestives.
134En résumé on peut dire que l'effectif courant d'un château-fort en temps de trêve est réduit à un nombre minimum commun pour tous. Mais cette norme n'est ni absolue, ni générale, ni permanente et les effectifs des garnisons changent en fonction du contexte politique dans lequel se trouve chaque château. Il faut aussi considérer le nombre relativement élevé de fortifications qui, à elles toutes, utilisent un nombre global non négligeable de soldats. Les châtellenies du nord et de l'ouest de la Bresse ne donnent jamais la composition des garnisons permanentes, seulement un salaire total. Néanmoins, sur les deux bailliages de Bresse et de Bugey, on peut évaluer un ensemble d'environ une centaine d'hommes en armes et une centaine de guetteurs uniquement dévolus à la garde permanente des châteaux, maisons fortes et bâties pour un coût global de cinq à six cents livres par an.
135Il n'est malheureusement pas possible d'établir l'effectif complet et le coût financier qu'il représente pour chacun des deux bailliages. Des comptes sont perdus et ceux des châtellenies du nord-ouest de la Bresse Bagé, Saint-Trivier, Pont-de-Vaux et Pont-de-Veyle ne parlent que du salaire du châtelain, mentionnant parfois que la somme versée est aussi pour la garnison, mais sans donner plus de détails.
Effectif de la garnison | Fortifications | Salaire de la garnison | |
1315* | |||
7 clients - 1 guetteur | Châtillon-sur-Chalaronne | 45 livres | |
6 clients - 4 guetteurs | Treffort | 50 livres | |
3 clients - 1 guetteur | Jasseron | 30 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-André-en-Revermont | 25 livres | |
6 clients - 2 guetteurs | Pont-d'Ain | 75 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-Rambert-en-Bugey | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Luisandre | 19 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Seyssel | 25 livres | |
Total | 30 clients - 12 guetteurs | 300 livres | |
1335** | |||
2 clients - 1 guetteur | Châtillon-sur-Chalaronne | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Jasseron | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-André-en-Revermont | 25 livres | |
2 clients-2 guetteurs | Pont-d'Ain | 35 livres | |
2 clients - 2 guetteurs | Saint-Ramberten-Bugey | 25 livres | |
10 clients - 2 guetteurs | Luisandre | 40 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Ambronay | 10 livres | |
8 clients - 3 guetteurs - | Saint-Germain | 45 livres | |
1 baete - 1 portier | |||
2 clients - 1 guetteur | Billiat-Dorches | 25 livres | |
Total | 32 clients 14 guetteurs | ||
1 baete - 1 portier | 255 livres | ||
1350** | |||
2 clients - 1 guetteur | Châtillon-sur-Chalaronne | 25 livres | |
1 client - 2 guetteurs - 1 portier | Treffort | 25 livres | |
2 clients 1 guetteur | Jasseron | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-André-en-Revermont | 25 livres | |
2 clients - 2 guetteurs - 1 portier | Pont-d'Ain | 35 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-Rambert-en-Bugey | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Luisandre | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Ambronay | 25 livres | |
8 clients - 4 guetteurs - 1 baete | Saint-Germain | 45 livres | |
3 clients - 2 guetteurs | Remens | 35 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Billiat-Dorches | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Seysse | 125 livres | |
Total | 30 clients - 18 guetteurs - | ||
1 baete - 1 portier | 340 livres |
136Après une opération militaire réussie, pour se garder des réactions dauphinoises ou à l’annonce d'un regroupement d'ennemis susceptibles d'envahir les terres savoyardes et peut-être d'assiéger des châteaux205, les effectifs des garnisons sont renforcés. L’augmentation d'effectif suit une procédure que les comptes de châtellenies et de péages permettent de reconstituer avec assez de précision.
137Les campagnes et les villes ennemies sont parcourues en permanence par des espions et des écouteurs recrutés et payés par les châtelains. Ils apportent des informations sur l'état et les positions des troupes ennemies206 qui sont aussitôt transmises au bailli, au comte et au conseil par des messagers. Il est remarquable que les salaires d'espions coïncident toujours avec des salaires de messagers à la fin des comptes de châtellenies207 et parfois même, les dépenses sont inscrites sous une rubrique commune (exploratores et nuncii). Ce qui montre la relation étroite qu'il y a entre ces deux types d'informateurs pour les mêmes événements.
138Un ordre écrit des baillis, du comte, du juge du bailliage ou des membres du conseil208 voire de chacun d'eux209, enjoint les châtelains des bailliages de Bresse et de Bugey d'envoyer des renforts en hommes d'armes et en clients vers les châteaux, les maisons et bâties concernées210. Il est évident qu'il est impossible de dégarnir des mandements proches et voisins des châtellenies menacées, il n'est donc pas étonnant de voir des hommes d’armes et des clients venir de l'autre côté de la Bresse pour soutenir la défense de châteaux du Revermont et du Bugey211. Ces apports extérieurs sont complémentaires à ceux du mandement même de la châtellenie, car le châtelain du lieu menacé reçoit lui aussi un ordre écrit par les instances supérieures pour recruter des hommes dans son mandement212. Ces renforts peuvent être très importants en nombre, compte tenu des dangers encourus et de la valeur stratégique du site. C'est ainsi qu'Ambronay reçoit un renfort de cinquante et un clients pendant trente jours, en décembre 1312213.
139En d'autres occurrences, les espions ne rapportent que de simples soupçons ou rumeurs et des clients locaux viennent renforcer la garnison pour un jour ou deux seulement. Il semblerait dans tous les cas que le nombre d'hommes en armes et de clients des renforts, ainsi que le temps de leur présence sont établis et donnés avec l'ordre de recrutement et de mission par les baillis, le comte et ses conseils plutôt que par les châtelains214.
140Ces clients supplémentaires ne restent pas dans le château qu'ils sont venus renforcer pendant toute la durée des menaces et des conflits. Des groupes originaires de différentes châtellenies se succèdent les uns après les autres dans le château qu'il faut défendre215 · Les périodes sont très variables, allant d'une à deux journées216, jusqu'à parfois presque deux semaines217, voire plusieurs mois218, comme pour la maison fortifiée de Langes dans le sud du Bugey ou le château de Pont-d'Ain quand les dangers sont grands et perdurent longtemps. Leur statut militaire et social est variable ainsi que leur nombre. Le châtelain de Saint-Rambert envoie, en même temps, trois hommes d'armes et quarante clients à Ambronay en 1303219. Le châtelain de Seyssel en envoie vingt à Châtillon en 1308220. L'importance des renforts est donc en relation avec les risques que court chaque fortification.
141Ces hommes d'armes et ces clients sont, la plupart du temps, payés par la châtellenie qui les envoie ou par celle dont ils dépendent et pour laquelle ils sont venus renforcer la garde du château. Il arrive cependant qu'ils soient soldés par le châtelain qu'ils viennent épauler, comme en 1332 à Ambronay221. La durée prolongée de leur séjour n'ayant pas été prévue par le contrat qui fut établi en temps de paix avec le comte de Savoie, il arrive que les châtelains demandent une révision des clauses puisque les conditions ont changé et que la guerre est menaçante222.
142Les appuis ne se composent pas uniquement de gens de guerre. Le guet est également renforcé durant ces périodes de tension par un ou deux guetteurs supplémentaires. Cette augmentation du guet est, elle aussi, toujours ordonnée par le bailli ou le comte, mais c'est le châtelain du lieu qui recrute et paie les personnes223.
143La garnison d'un château en temps de guerre, reste somme toute assez réduite ce qui conduit à une relative faiblesse des défenses et explique peut-être la brièveté de la plupart des sièges. C'est une pratique générale à tout le comté. Le château de Charousse, au cœur du Faucigny, n'a que 8 clients et 2 guetteurs en 1331, au plus fort du conflit avec les comtes de Genève dans cette région. Les fortifications et leur garnison n'ont pas pour but de décourager une véritable armée, mais de résister aux coups de main d'une poignée de cavaliers. Avec de faibles garnisons même renforcées, mais peu nombreuses de toute façon, les châteaux peuvent tenir indéfiniment contre les chevauchées et les simples attaques. Mais quant à soutenir un siège, cela devient vite impossible. L'effectif réduit des garnisons interdit souvent toute intervention contre les courtes et furtives chevauchées ennemies. Les clients sont immobilisés à la garde des fortifications, laissant le plat-pays sans défense face aux ravages des troupes rivales. Comme le profil de défense en profondeur n'empêche nullement les troupes ennemies de s'introduire dans le mandement et de brûler les hameaux et les maisons isolées et que les maisons fortifiées et les bâties ne pourront pas mieux réagir, il suffit à l'assaillant de les éviter pour ne pas risquer grand-chose dans ce genre d'opération. Il y a donc un paradoxe et une conception qui nous peut nous paraître illogique du rôle militaire des châteaux qui coûtent très chers parce qu'ils sont pensés comme indispensables à la défense, mais qui sont, en même temps, incapables de protéger complètement les terres et les biens placés sous leur autorité. Du coup, les campagnes s'appauvrissent et la récurrence des chevauchées ne leur permet guère de se remettre, tandis que l'entretien des garnisons et des ouvrages défensifs mobilise en permanence d'importants fonds financiers.
144Pourtant, la fonction des châteaux et de leur force armée réside normalement dans la protection du mandement. Cette protection existe, mais seulement dans la mesure où les espions et les écouteurs ont pu avoir connaissance de la chevauchée. Pour cela, il faut que le regroupement soit d'importance, sinon ses préparatifs passent inaperçus et rien n'empêchera la campagne d'être mise à sac. C'est un mal récurrent contre lequel il n'y a rien à faire, mais qui est, somme toute, limité à la distance que peut effectuer un petit cheval dans une journée, en comptant le retour.
145Au temps de la féodalité, le château-fort, centre d'une seigneurie banale et foncière pouvait fonctionner avec un faible effectif, car son voisin et rival n'avait pas plus de capacités militaires que lui. En revanche, le château-fort, centre d'une circonscription administrative d'une principauté en guerre, exige une organisation de ses moyens militaires autrement différente pour être pleinement efficace. Dès lors que le fonctionnement se fait sur le même principe, les limites voire les incohérences du système apparaissent comme évidentes.
Effectif de la garnison | Fortifications | Salaire de la garnison | |
1308* | 2 clients 1 guetteur | Saint-Trivier-de-Courtes | 25 livres |
2 guetteurs | Châtillon-sur-Chalaronne | 10 livres | |
6 clients - 4 guetteurs | Treffort | 40 livres | |
6 clients - 2 guetteurs - 1 baete | Jasseron | 55 livres | |
6 clients - 1 guetteur | Saint-André-en-Revermont | 35 livres | |
15 clients | Pont-d’Ain | 65 livres | |
4 clients - 3 guetteurs | Saint-Rambert-en-Bugey | 45 livres | |
Total | 39 clients 11 guetteurs - 1 baete | 275 livres | |
1321* | |||
2 clients - 4 guetteurs | Châtillon-sur-Chalaronne | 30 livres | |
6 clients - 3 guetteurs - 1 portier | Treffort | 40 livres | |
3 clients - 1 guetteur | Jasseron | 35 livres | |
compte perdu | Saint-André-en-Revermont | ||
14 clients - 2 guetteurs | Pont-d'Ain | 75 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-Ramberten-Bugey | 25 livres | |
7 clients - 2 guetteurs | Luisandre | 40 livres | |
2 baetes 2 chiens | |||
2 clients - 1 guetteur | Ambronay | 20 livres | |
7 clients - 1 guetteur | Billiat-Dorches | 25 livres | |
Total | 33 clients - 14 guetteurs - | ||
2 baetes - 1 portier - 2 chiens | 290 livres | ||
1330** | |||
2 clients - 1 guetteur | Saint-Trivier-de-Courtes | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Châtillon-sur-Chalaronne | 25 livres | |
4 clients - 3 guetteurs - 1 portier | Treffort | 45 livres | |
3 clients - 1 guetteur | Jasseron | 35 livres | |
6 clients - 2 guetteurs | SaintAndré-en-Revermont | 45 livres | |
10 clients 4 guetteurs 1 baete | Pontd’Ain | 125 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Saint-Rambert-en-Bugey | 25 livres | |
7 clients - 2 guetteurs - 2 baetes | Luisandre | 40 livres | |
4 clients - 2 guetteurs | Ambronay | 20 livres | |
9 clients | Saint-Germain | 45 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Billiat-Dorches | 25 livres | |
2 clients - 1 guetteur | Seyssel | 25 livres | |
Total | 53 clients - 19 guetteurs - | ||
1 baete 1 portier | 340 livres |
Les châteaux, centres de ralliement des opérations militaires
146Eu égard à leurs manques et incohérences dans une partie de leur fonction militaire, la prise des châteaux-forts pourrait paraître dérisoire voire, superflue. Pourtant ces places fortes sont convoitées et si elles semblent indispensables à l'un et l'autre des protagonistes, c'est, du point de vue militaire, autant pour leurs capacités défensives en général que pour être le point de ralliement et de départ des expéditions prédatrices que sont les chevauchées et les razzias. Ce sont également à partir des châteaux proches les uns des autres que se regroupent les hommes d'armes et que s'organise l'armée d'un siège. Ce sont sur ces lignes fortifiées que s'appuient à la fois, et tour à tour, la résistance de ceux qui se défendent et l'offensive de ceux qui progressent224.
147Les regroupements des hommes de guerre aux abords des châteaux se font en une ou deux séquences, selon le type d'opération prévue.
148Un seul regroupement a lieu lorsqu'il s'agit de chevauchées de proximité, courtes dans le temps, un jour ou deux parfois une nuit225. Alors, ce sont principalement les hommes de la châtellenie qui se réunissent au château quoique des apports supplémentaires venant d'une châtellenie voisine peuvent grossir les rangs des cavaliers. La durée du regroupement est assez court, le temps pour le châtelain de vérifier les présences, les armements et les montures. L'effet de surprise est de règle, on ne peut se permettre d'inquiéter et d'avertir l'ennemi par une attente prolongée.
149Ces opérations se font à cheval afin d'être rapides et insaisissables. Pour ce genre d'action, les nobles n'utilisent guère d’autres montures que des coursiers, voire des roncins, ne voulant pas mettre en péril leur grand cheval de guerre. Ces chevauchées commandées au châtelain par le bailli, le comte ou son conseil226 ne peuvent durer, sauf accident, plus longtemps que prévu et leur coût doit être limité, ce qui est peut-être aussi une des causes de l'usage de chevaux de moindre qualité. À leur retour, les hommes se débandent à l’exception de quelques-uns qui sont retenus par le châtelain en attendant que reviennent les espions partis prendre la mesure de la réaction adverse. Si celle-ci se précise le châtelain augmente la garnison dans la proportion et dans la durée indiquée par l'ordre de mission.
150L’ennemi dauphinois fonctionne exactement de la même manière et il faut que les châtelains se gardent des dangers que représentent ces opérations. C'est pour cela que les pays sont parcourus en permanence par des espions et qu'une chevauchée ennemie peut être éventée pourvu qu'elle soit assez importante en nombre de cavaliers. Dans ce cas, le même type de regroupement s'effectue alors en catastrophe dans la châtellenie menacée, sans demander l’accord du bailli ou du comte. Aux hommes à cheval s'ajoutent des clients à pied qui vont bloquer les passages s’ils en ont le temps et effectuer des surveillances pendant quelques jours. Ils peuvent être assez nombreux si la menace est grande et les passages multiples. Au printemps 1299, quatre-vingt-dix-neuf clients à pied, encadrés par trois damoiseaux à cheval et le châtelain de Saint-Rambert, vont fermer et surveiller, pendant quatre jours, les vallées dans la montagne, au sud de Saint-Rambert227. La nomination des nobles dans le compte permet d'établir leur lieu de résidence dans la circonscription châtelaine de Saint-Rambert. Ces hommes sont Guillaume du Molard, petit hameau à quelques kilomètres au sud d'Ambronay, Thomas de Langes qui possède une maison forte en face de Saint-Rambert, de l'autre côté de l'Albarine et Pierre d'Evosge, village perché sur la montagne, à l’est de Saint-Rambert au débouché des gorges de l’Albarine228. En 1321, le château de Seyssel est fortement menacé par les troupes du comte de Genève et ce sont les clients à pied de Châtillon-de-Michaille qui, encadrés par des hommes à cheval, vont garder les passages entre le pays de Gex et La Michaille229.
151Les petites chevauchées sont les seules qui puissent être organisées par une châtellenie dont le château subit d’importantes réparations ou modifications architecturales ou qui emploie l’essentiel de ses recettes à la construction d’un autre château, comme celui de Luisandre pour la châtellenie de Saint-Rambert. Toutes les capacités financières de la châtellenie sont alors utilisées pour ces travaux et les opérations militaires sont prises en charge par les autres châtellenies. Il y a durant ces périodes de construction peu de traces d’actions guerrières dans les comptes230, même si des combats ont lieu tout autour de la châtellenie. L’urgence de la situation et la proximité des territoires à défendre font que les piétons sont aussi des gens de la châtellenie. D’ailleurs, nous le verrons plus loin, dans toutes les causes de regroupements armés, les piétons sont toujours des gens venant de la châtellenie ou d’autres peu éloignées. Seuls les hommes de guerre avec montures effectuent de longues distances. Les piétons en grand nombre peuvent aussi participer à des opérations de saccages dans les territoires avoisinants. Tels les cent-trente-cinq clients emmenés en janvier 1306 par le châtelain de Saint-Rambert dans la montagne au-dessus de Varey, avec un encadrement de seulement huit hommes à cheval231.
152Parmi les autres types d’opérations, toutes appelées chevauchées par les comptes, sont les secours portés aux châteaux assiégés ou menacés de l’être. Un premier regroupement a lieu dans chacune des châtellenies ayant reçu un ordre du bailli ou du prince. Les hommes peuvent venir de différents bailliages. La réunion de chaque troupe est rapide et ne comporte que des hommes ayant une monture, car il s'agit de faire vite, surtout si on doit aller assez loin. Plusieurs exemples nous sont donnés par les comptes, comme les cavaliers d'Ambronay et de Saint-Rambert pour aller à Beauregard sur la rive gauche de la Saône en 1306232, ceux de Saint-Trivier-de-Courtes233, de Bagé234, de Lompnes235 et de Seyssel236 pour reprendre Ambronay en 1308. Les châtellenies proches du château assiégé fournissent l'essentiel des piétons. C'est ainsi que 167 clients à pieds sont regroupés à Saint-Rambert pour cette opération237. « Le comte demande au châtelain de Billiat, de rejoindre le bailli avec autant d'hommes à pied et cavaliers au lieu et jour que le bailli lui signifiera »238. Tous ces hommes se retrouvent au lieu de rassemblement prévu par les ordres. C'est le centre de châtellenie le plus proche du château assiégé. Par exemple à Sexcens239, en 1320, pour dégager Seyssel qui était assiégé par le comte de Genève ou à Seyssel, quand le même comte de Genève menace Clermont240. La délivrance du château de Monthoux en 1334, s'est réalisée avec des hommes venant de Billiat, Pont-d'Ain et Saint-Germain, qui se sont regroupés auparavant à Hermance241. Ils se mettent alors sous les ordres du bailli242 ou ceux du comte, si celui-ci est présent. Les uns participent directement au déblocage du château, les autres vont surveiller les abords et fermer les passages avec l'aide des piétons, afin qu'aucune aide ne puisse être fournie aux assiégeants243.
153Le même processus est mis en place pour le siège des châteaux, à l'exception du lieu de rendez-vous de l'armée qui est souvent un peu plus éloigné de l'objectif pour que l'ennemi ne connaisse pas la direction géographique de l'opération. C'est ainsi que l'armée est réunie à Belley pour le siège de Saint-Germain en 1321, à Seyssel pour celui de La Corbière en décembre 1321, et de Ballon en 1327, à Châtillon-sur-Chalaronne pour ceux de Corlier et de Saint-Martin-du-Frêne en 1330. Afin de ne pas dévoiler les objectifs de la mobilisation, les engins indispensables aux sièges sont acheminés à partir d'autres châtellenies. Il n'y a guère que pour le siège de Varey, en 1325, que l'armée s'est regroupée à Pontd'Ain et Saint-Rambert, c'est-à-dire à proximité du site.
154Dans les deux cas, délivrance ou prise d’un château, une organisation efficace est établie autour du château où se regroupe l'armée. L'hébergement des hommes de guerre se fait selon leur rang, dans le château ou dans des pavillons de toile montés à proximité244, car la superficie des fortifications permet difficilement le casernement complet de grosses troupes. Il est également prévu la nourriture des hommes245 et celle des chevaux246. Le siège de Varey ayant été pensé de longue date des modifications architecturales sont apportées au château de Pont-d'Ain afin de pouvoir héberger le plus de chevaux possibles à l'intérieur du château247. Pendant que l'armée se réunit et s'approche, les fortifications de la châtellenie la plus proche de l'objectif accumulent les munitions248 · les matériaux, les armes et les engins d'artillerie249 et ceux nécessaires pour l’avance rapprochée des hommes tels que les mantelets250, les guérites251, les chats252, les échelles253 et les échalassons254. La durée des sièges est courte quand l’organisation est efficace, surtout contre des châteaux qui, nous aurons à y revenir, ne sont pas de redoutables forteresses.
155Enfin, le troisième type d'opérations militaires qui exigent deux rassemblements consécutifs consiste en de grandes chevauchées organisées sur une dizaine de jours, voire davantage. Seuls des hommes à cheval y participent et se regroupent d'abord auprès de leur châtelain respectif, avant de se rendre auprès du bailli, dans le centre de la châtellenie que celui-ci a déterminé comme lieu de rassemblement général et qui est souvent la plus proche des territoires à ravager. Il lui est demandé de venir avec le plus de gens possible avec armes et chevaux255. Bourg-en-Bresse est le centre de ralliement, en 1327, quand le Dauphin chevauche en Bresse et qu'il s'agit de l'en faire sortir256, puis d'opérer à son tour une grande chevauchée de représailles. À partir de Châtillon-sur-Chalaronne pour une grande razzia de dix jours dans les terres de Dombes du sire de Thoire-Villars, allant au Châtelard-en-Dombes, Ambérieu-en-Dombes, jusqu'à Trévoux257.
156Ces chevauchées peuvent avoir plusieurs objectifs :
157Préparer un siège en saccageant profondément le pays, exercer de fortes représailles, affaiblir fortement les moyens économiques de l'adversaire pour le contraindre à négocier ou faire une opération de diversion et d'intimidation face à une chevauchée ennemie de grande ampleur. Elles sont toutes organisées par le bailli de la région voisine où elles se déroulent, mais cela n'exclut pas la participation des baillis et des hommes d'autres bailliages258. Ces opérations peuvent mener les gens assez loin de leur bases. Plusieurs fois, les gens de Bresse et de Bugey sont allés en Suisse ou en Italie en se regroupant d'abord à Seyssel. Ainsi, ils sont allés à Neufchâtel et Lausanne en 1327259, à Genève et Fribourg depuis Saint-Germain en 1337260, en Lombardie en juillet 1334 et en Piémont en novembre de la même année261, à Neublans, en Bourgogne, en 1326262, en Valais en 1352263.
158En offrant autant de points de départ pour les conquêtes territoriales, les représailles et les moyens d'endiguer les grandes chevauchées, les châteaux ont des fonctions militaires offensives aussi importantes que défensives. La guerre, dans ces deux phases, est donc étroitement liée aux fortifications. D'où la volonté de contrôler celles-ci et de les prendre, car en même temps que l’on s’empare d’un château, on enlève à l’ennemi une base essentielle pour ses moyens d'attaque et de défense. Ce qui peut avoir pour conséquence de désorganiser son réseau castral avec son fonctionnement et engendrer un effritement inexorable de sa puissance.
159On se rend compte, par l'organisation des regroupements dans les différents châteaux en fonction de l'opération menée que l'ensemble des châtellenies fonctionne dans un maillage fonctionnel et, qu'à très juste titre, on peut parler de réseau castral. Cela est valable tant pour les offensives que pour les secours portés aux châteaux assiégés et les grandes chevauchées. Tout est décidé par le comte, organisé par les baillis et effectué par les châtelains. L'ensemble des responsables œuvre en correspondance et font fonctionner le réseau castral de la même manière. Du côté dauphinois, ce réseau ne fonctionnait pas aussi bien. La rapidité des prises de châteaux par les Savoyards et l'incurie du Dauphin à défendre des places hautement stratégiques, tel que le château de Saint-Germain, en seraient une preuve.
L'équipement technique des châteaux - Armes et artillerie
160Les armes et les machines de guerre ont un rôle important et souvent décisif dans la prise d'un château comme dans sa défense. Le comte de Savoie possède ainsi un parc d'armes et d'engins divers, réparti de manière inégale dans toutes les fortifications. Le capital en armes et engins de chaque châtellenie n'est pas fixe, il est même en perpétuel mouvement avec des réceptions et des fabrications d'engins quand il y a du danger, des envois vers les châteaux neufs ou ceux placés à proximité d'une zone de friction. Dans ce contexte, les châtelains ou des notaires établissent un état des armements en réserve dans les châteaux lorsque les châtelains les quittent pour une autre châtellenie264 ou qu'à la suite d'un incendie, il est fait un inventaire de ce qui a put être sauvé des flammes265.
161On trouve dans ces inventaires, dans les achats d'armes et constructions d'engins, des arbalètes (balista) en bois à un pied, à deux pieds avec leur levier (tellerio), à tour avec leur manivelle (aucicona), avec des arcs en corne ou en fer de différentes tailles266, toutes suspendues à des rateliers267. Il est fait mention de noix268 en corne, de cordes de chanvre, de fourrage en peau de poisson de mer269 ou en peau de mouton, de ferrures de renfort, de vernis, de suif pour graisser les cordes270. Les pieds dont on parle pour les arbalètes ne correspondent pas à des tailles plus ou moins grandes de ces redoutables engins de tir, mais à la façon de les armer. Un pied que l'on glisse dans l'étrier à l'extrémité de l'arbrier pour retenir l'arme quand on tire la corde. Deux pieds pour une arbalète plus grande et plus puisante dans laquelle on place les deux pieds de part et d’autre de l’arbrier et que l'on tend éventuellement avec un levier de fer en forme de S (tellerio ad tendendum balistarum). Avec un tour, c'est-à-dire à crémaillère, pour les plus puissantes que la force humaine seule ne peut arriver à mettre en tension (ad turnum trahendes). On trouve également des fléchons, des carreaux de différentes longueurs, ferrés et empennés271 dans des quantités parfois impressionnantes272. Des lances, des targes (targas), des baudriers (baudreys) et des pièces d’armures273, des gerles et des cabats contenant de la poix, des frondes (fronda ou scutalis) en cuir pour les trébuchets et les bricoles, du cuir de vache, de porc et de truie pour en fabriquer d'autres274, des roues ferrées pour les engins275 sont également entreposées en réserve dans les châteaux.
162Les comptes témoignent aussi d'achats, d'entretien, de fabrication et de transports en pièces détachées d'engins d'artillerie tels que balistes et espingualles276 qui sont de grosses arbalètes sur châssis, parfois doubles (duplex) c'est à dire qu'elles ont deux arcs. On trouve des bricoles277 (bricola) qui sont des machines à balancier équipée d’un contrepoids, mais actionnée également par des hommes qui aident au basculement de la perche en tirant sur des cordes. Les reconstitutions de cet engin qui était souvent installé sur les remparts, ont montré qu’il pouvait lancer des pierres de 30 kg à une distance de 80 m. et qu’avec une équipe de 16 hommes bien entraînés, la cadence pouvait être d’un tir par minute. L’intensité des bombardements ajoutée à la force du projectile (140 km/h) désorganisaient les rangs des assaillants et leurs installations278. Les comptes parlent de borras279 qui semblent être des engins à contrepoids, de garrots (garrios) qui sont très certainement ce que l'on appelle des onagres, des chats et un beffroi en réserve dans le château de Billiat280. On trouve également des truies (troia) qui, selon Froissard281, seraient un beffroi dans lequel se tiendrait un engin. Des pierres sont taillées et entreposées comme projectiles et pour remplir sans riper les contrepoids des engins282. Celles qui sont destinées à être lancées sur les troupes ennemies ou contre les murailles d'un château sont d'un poids différent selon les engins. Les projectiles conservés à Carcassonne pèsent entre 44 et 97 kg. Un boulet de pierre d’un poids de 50 kg et d’un diamètre de 40 cm fut retrouvé sur le site de Gironville en 1864. Il est conservé à la mairie d’Ambronay. Quoiqu'il en soit, toutes sont pesées afin que le couple projectile-contrepoids soit toujours identique et que l’impact ne soit pas aléatoire. La distance du tir peut atteindre 200 mètres283.
163Les comptes de châtellenies savoyardes ne décrivent jamais complètement ni entièrement ces engins. Seul un compte d'artillerie284, daté de 1433, décrit un trébuchet qu'il appelle ruine (ruina). Il n'est pas dans mon propos de reconstituer ici les différents engins ni de décrire leur fonctionnement285, mais l'abondance des informations que l'on peut croiser, permettrait de le faire sans trop de difficulté. On peut quasiment reconnaître à coup sûr à quoi correspond chaque type d'engins286 dont il est question et en donner le système d'armement et de projection287 à l'exception des gardepas (gardapas) qui semblent être une variété d'espingalle.
164La construction d'une bricole, d’un trébuchet ou d'une espingualle requiert beaucoup de connaissances techniques et de travail. Les pièces de bois sont exclusivement en chêne afin d'avoir une bonne solidité des espars, à l'exception des perches qui sont en sapin pour une question de longueur, de souplesse et de droiture. Les troncs sont recherchés dans les forêts et dans les bois capables de fournir les longueurs et les sections nécessaires. Il en faut beaucoup et souvent en plusieurs exemplaires pour avoir de quoi changer les pièces qui subissent d'énormes contraintes, comme les perches (pertica) et les pieds-droits (colonna) des trébuchets288. Il est très difficile de transporter ces lourds et immenses poteaux à travers les forêts et les montagnes et ensuite par flottage sur les rivières289. Il faut environ cent cinquante journées de charpentiers pour préparer les pièces de bois et construire un engin290. L'ensemble du travail coûte cher : 40 livres, 6 sous et 4 deniers viennois, au moins, pour la bricole construite à Saint-Rambert en 1314291.
165Tout est réalisé sous les ordres et la responsabilité d'un maître des engins292. Ce sont des spécialistes qui, outre la construction d'un engin neuf, dirigent les réparations et le remontage de ceux qui ont été déplacés en pièces détachées d'un lieu à un autre293. Ils en assurent à chaque fois le réglage294 et dirigent les servants durant les opérations295. Eu égard au travail et au coût de chacun de ces engins et surtout à l'importance qu'ils ont dans la défense ou l'attaque d’un château, on comprend qu'il en soit pris grand soin, que les membres du conseil itinérant les inspectent eux-mêmes ou par l'intermédiaire d'un spécialiste de la poliorcétique. Ces personnages acquièrent de plus en plus d’importance compte tenu du nombre de sièges dans la guerre. Certains sont comme des fonctionnaires qui travaillent pour tout un bailliage comme par exemple Jean de Longecombe296. Ces spécialistes ont des avantages fiscaux et sont payés assez cher. En France, sous Philippe le bel, le charpentier Thomas, maître des engins du roi (magister ingeniorum) reçoit 100 livres par an pour sa fonction297.
166Cet arsenal apparaît très important en nombre d'engins et d'armes. Il est en renouvellement constant et reçoit un entretien régulier. Les balistes et les espingualles sont protégées par des couvertures en cuir et souvent placées à l'intérieur des tours-porches298 prenant en enfilade l'approche du château. Celles qui sont apportées comme complément défensif en temps de guerre sont installées dans des loges299, voire sous la halle du bourg300. Les engins de faible hauteur, comme les onagres, sont abrités par des appentis de bois, mais la plupart des autres sont en plein air, prêts à servir et ne sont pas couverts. Les énormes catapultes à pierres sont placées sur un espace aménagé pour elles en un endroit stratégique à l'intérieur du château, comme à Pont-d'Ain ou un gros engin est installé près de la tour maîtresse pour tirer sur le pont de l'Ain301. Elles ne peuvent être protégées à cause de leur grande taille et le bois qui les constitue est vite pourri et doit être remplacé régulièrement302. Les cordes qui les consolident (ligatura ou capristo), celles qui les fixent au sol et celles des ressorts se détériorent assez vite. Lorsque les trêves semblent établies durablement, ces engins sont démontés et leurs espars mis à l'abri303.
167Les comptes parlent rarement d'engins, d'armes et de munitions les premières années qui suivent l'acquisition ou la construction des fortifications. Pourtant, il y en a dès le commencement des chantiers, car il est impératif de les défendre pendant le temps où l'ennemi peut profiter du désordre qu'occasionnent les différents travaux d'architecture. On trouve donc, mais un peu plus tard, des mentions d'entretien, de réparations ou d'approvisionnements en munitions pour des arbalètes ou des engins qui logiquement sont déjà là depuis quelques années. Si les comptes des châteaux n'en parlent pas c’est que la construction et le transport de ces armes et engins sont organisés et payés par d'autres châtellenies, sans doute assez proches pour avoir pu intervenir rapidement. C'est ce que suggèrent plusieurs comptes, l'un tenu par le châtelain de Saint-André-en-Revermont pour la construction de la bâtie de Gironville, en 1324, dans lequel il indique, après une foule de renseignements sur les apports de matériaux et leur mise en œuvre, la présence de trois espingualles, le transport par neuf chariots attelés de deux bœufs chacun de plusieurs catapultes en pièces détachées, des pierres de leur contrepoids par trois autres charrettes304 ainsi qu'une livraison de cuivre afin d'empenner les dards (garroto) des espingualles. L'autre compte provient du châtelain de Jasseron qui paye le transport, depuis Châtillon-sur-Chalaronne jusqu’à Gironville, de six arbalètes et quatre mille carreaux305. Le chantier du château de Luisandre, en 1313, est défendu par des engins neufs préfabriqués à SaintRambert306. Ce château n'a pu se dégarnir d'une partie de ses propres engins à cause des attaques menées par les Dauphinois depuis Saint-Germain : il a donc été décidé par le comte de lui faire financer et construire les engins nécessaires. A Remens, en 1346, dès le début des travaux du château, il y a des arbalètes en réserve pour défendre le chantier307.
168Quand les châteaux sont en état de se défendre et qu'ils sont équipés en armes de tir et en engins d'artillerie ils peuvent, de la même manière que leur garnison est augmentée en cas de menace, se renforcer en moyens balistiques. Les dangers annoncés sont l'occasion de nombreuses réparations308 effectuées parfois à la hâte et avec ce que l'on a, telles que les pièces de bois récupérées d'un vieil engin et d’une guérite à moitié pourrie pour réparer une bricole au château de Saint-Germain en 1330309. Les armes, les engins et les munitions qui sont installés en complément sont d'abord financés par la châtellenie concernée qui fait faire sur place des carreaux d'arbalètes310 et les engins neufs311. Elle paye, sur ordre du comte, le transport de munitions ou de pièces d'engins fournis et transportés depuis d'autres châteaux312 situés un peu en retrait de la zone de conflit ou à d'autres, plus éloignés, si les risques d'attaque s'étendent sur toute la région. Chambéry fournit ainsi des arbalètes supplémentaires aux châteaux de Pont-d'Ain et d'Ambronay en prévision de la réaction dauphinoise, après les prises des châteaux de Corlier et de Saint-Martin-du-Frêne, en 1330313. Comme cette réaction risque de s'étendre sur tous les châteaux du Bugey et du Revermont, il n'est pas étonnant que les armes arrivent d'un lieu plus lointain et non des châteaux qui risquent d'être attaqués. Le châtelain qui cède ainsi une partie de son potentiel défensif trouve, en recevant de l'argent, le moyen de refaire le capital d’armement de la châtellenie dont il a la garde quand le comte lui en donnera l'ordre. Globalement cela ne coûte rien au comté, excepté le transport, puisque l'argent tourne dans le réseau castral, d'une circonscription à une autre. Ainsi, il faut considérer les mouvements financiers liés aux mouvements des moyens de défenses comme un système organisé au service du prince. Lorsque le danger s'éloigne ou que des trêves sont établies, le surplus des armes et des munitions regagne son lieu d'origine, s'en va fourbir des châtellenies qui en ont besoin ou est envoyé en réserve à Chambéry.
169Lorsque la châtellenie ne peut subvenir entièrement à ses propres besoins balistiques ou si la menace est si proche que l’on aura pas le temps de rien fabriqué, l'aide technique est alors payée par les châtelains qui fournissent les armes et les munitions. Le choix des châtellenies pourvoyeuses se portent évidemment sur les châtellenies qui disposent des moyens financiers et matériels pour fournir cette aide. Elles sont, dans la mesure du possible, souvent proches pour faire vite et limiter les frais de transport. C'est ainsi qu’en 1320, le châtelain de Billiat livre au château de Léaz, dans le pays de Gex, deux cent carreaux à deux pieds, deux cents à un pied et cent pour les arbalètes à tour314.
170À l'évidence, cela demande au bailli une connaissance assez précise et régulièrement actualisée des réserves matérielles et des aptitudes financières et techniques de chacun des châteaux. C'est grâce à la maîtrise de ce potentiel qu'il peut informer le comte et son conseil des moyens disponibles dans son bailliage pour qu'à leur tour, ces derniers puissent établir une stratégie et donner des ordres précis aux châtelains.
171Certes, les châtellenies pourvoyeuses se retrouvent sous équipées pendant un temps, mais au niveau du comté et même du bailliage, il n'y a pas d’affaiblissement puisque le capital financier et balistique ne fait que tourner. Ces châtellenies sont éloignées des zones conflictuelles et ne courent pas de grands dangers. Par ailleurs, ce sont des situations qui ne durent pas, car ces châtellenies reçoivent ultérieurement un ordre du comte pour s'équiper à nouveau soit en achetant elles-mêmes ou se faisant acheter ou livrer par une autre les armes dont elle s'est démunie. Ainsi le château de Pont-d'Ain ne possède plus une seule munition pour ses arbalètes à la suite du siège et de la bataille de Varey, en 1325. Sur ordre du comte, le conseiller Antoine de Clermont en fait livrer depuis son château propre315.
172Les aides balistiques consistent en des livraisons d'arbalètes et de carreaux. Cela peut aller jusqu'à fournir les arbalétriers qui savent s'en servir, comme le font, à plusieurs reprises, les châtelains de Saint-Trivier et de Jasseron316. Les renforts en engins d'artillerie se font d'abord par des livraisons de pièces de rechange destinées à remplacer les espars en mauvais état ou ceux qui risquent de se briser en fonctionnant, principalement les pieds droits et les flèches. Ces longues pièces de bois sont durement sollicitées et la plupart des châteaux en ont souvent en réserve. L’abbaye de Saint-Sulpice, conserve les grosses pièces de bois des engins du château de Hauteville-Lompnes317.
173Elles sont donc fournies toutes prêtes pour gagner du temps et limiter les coûts de mise en défense des châteaux qui en ont besoin. Il en va de même pour les cordes, le métal et toutes les autres pièces nécessaires au renforcement des jointures qui ne peuvent être fabriqué rapidement318. Cependant, il arrive que les châtellenies sollicitées ne puissent se libérer de leur propre matériel à cause des dangers qui pèsent également sur elles. On utilise alors leurs moyens techniques et financiers pour qu'elles fassent fabriquer des pièces de rechange ou des engins complets qu'elles envoient ensuite aux châteaux menacés. Par exemple, le châtelain de Billiat fait fabriquer plusieurs engins, en 1322, avec du bois venu par flottage sur le Rhône. Il les livre en pièces détachées à Seyssel où ils sont remontés319.
174Les engins sont souvent décisifs dans les sièges de places fortes tout comme les arbalètes qui en sont l'arme par excellence. Les dégâts occasionnés aux murailles d'Ambérieu et de Saint-Germain en 1321320, de Varey en 1325, montrent qu'ils sont la cause principale de reddition des garnisons. Si l'armée se regroupe assez loin pour tromper l'ennemi sur sa destination, il n'est pas possible, sauf à ralentir dangereusement celle-ci, de transporter les engins d'artillerie sur une longue distance. Une organisation sensiblement identique aux renforcements balistiques des châteaux est mise en place, en correspondance avec la stratégie globale de l'opération. C'est ainsi que les engins destinés au siège de Saint-Germain sont regroupés à Ambronay321, à l'exception d'un chat, fait de 110 troncs de chêne à Billiat et envoyé à Belley par flottage sur le Rhône322. C'est à Pont-d'Ain et à Ambronay que sont livrés, depuis Chambéry323, des carreaux, des arbalètes et une partie des engins nécessaires aux sièges de Corlier et Saint-Martin-du-Frêne. Ils sont transportés sous escorte depuis Billiat324, alors que l'armée s'est regroupée à Châtillon-sur-Chalaronne. C'est à Billiat que se fabriquent et se regroupent les engins pour le siège du château de Ballon325 en 1325. Ces engins arrivent entièrement démontés et repartent ainsi, après inventaire, jusqu'aux abords du château assiégé où ils sont dressés sous les ordres des maîtres enginieurs du comte de Savoie. Les carreaux, les traits, les pierres suivent les engins auxquels ils sont destinés. Après le siège, une partie des armes et des engins restent sur place pour assurer la défense de la prise, car ceux des défenseurs ont souvent été détruits, incendiés ou passablement abîmés. Les autres repartent dans leur lieu d'origine, à moins que d'autres opérations les fassent mener vers elles, comme à Saint-Germain après Ambérieu et Saint-Martin-du-Frêne après Corlier. En 1325, dans la débâcle de Varey, on a rapatrié les armes et les munitions que l'on a pu sauver, dans les châteaux de Saint-Germain et Saint-Rambert326.
175Enfin, il existe une production d'arbalètes et de carreaux liée aux nécessités permanentes des fortifications et aux incidents ponctuels. La perte des carreaux durant les sièges, aussi bien pour se défendre que pour attaquer, ainsi que les livraisons faites aux châteaux en difficulté, entraînent un renouvellement presque constant des munitions. Il existe donc une production importante, mais discontinue des traits, principalement à Chambéry327 et à Pont-d’Ain d'où viennent de nombreuses armes et carreaux. Un atelier de production d'armes est installé ici en 1341 pour répondre aux besoins du bailliage. Le maître arbalétrier et son valet restent six ans à Pont-d'Ain et y fabriquent, durant ce temps, deux cents quatre-vingt-six arbalètes328 dont quinze à tour avec quatre carreaux chacune, quatre-vingt une à deux pieds et cent quatre-vingt-dix à un pied. Les arcs de fer sont fabriqués par le maréchal-ferrant du château et les cordes par les gens d'Ambronay. Quatre-cent-quatre-vingt tiges de carreaux et de traits non empennés ni ferrés sont également réalisés. Une partie est livrée à Ambronay où l'incendie de 1342 a privé le château et le bourg de tous ses moyens de défense329, le reste est mis en réserve. Il est remarquable qu’une part importante des carreaux fabriqués et livrés aux châtellenies ne soit pas entièrement terminée. En effet, bon nombre de traits ne sont pas empennés ni ferrés à leur pointe. C'est au châtelain à qui ils sont destinés de les faire préparer avec les empennages de cuivre et les pointes de fer qui sont livrés à part, depuis Bourg ou Clermont, mais surtout Chambéry, principal lieu de production pour le comté.
176La châtellenie de Pont-d'Ain est aussi un centre de construction et de préparation d'engins d'artillerie et de munitions dont les comptes sont tenus en parallèle de ceux de la châtellenie par le même châtelain330. Il s'agit surtout d'espingalles et de gardepas qui sont livrées avec des munitions dans toute la Bresse et jusque dans le Valais pour y garnir les châteaux-forts pendant les années 1352-1353. À chaque livraison le maître artilleur accompagne les engins pour les mettre en place, les faire fonctionner et les régler331.
177Tous ces engins appartiennent en exclusivité au comte de Savoie332. Les arbalètes sont d'ailleurs marquées à ses armes333 et tous les ordres d'achats d'armes et de munitions, de réparations et de livraisons d'arbalètes ou d'engins émanent uniquement du comte. Les maîtres des engins et les fabricants d'arbalètes et de carreaux semblent être des spécialistes fonctionnaires ou indépendants assermentés qui se déplacent et œuvrent sur ordre du comte334. Il y a donc un monopole de la fabrication des armes et une stricte gestion et surveillance de leur production à l'intérieur du comté. Gestion et contrôle s'établissent à partir des baillis qui sont les responsables directs de l'inventaire et de l'entretien de ces armes ainsi que des informations sur l'état des engins et les besoins des châteaux. Si les décisions sont centralisées au niveau du prince, le fonctionnement et le financement sont régionaux, ce qui permet souplesse, rapidité et économie financière.
178Le potentiel des moyens poliorcétiques est connu, entretenu et assez savamment utilisé pour ne pas en avoir trop et bien faire tourner les armes et engins d'un endroit à l'autre selon les nécessités. C'est un poste qui coûte très cher, car les carreaux sont en grande partie perdus après usage, les engins ont tôt fait de se détériorer à cause des intempéries, des terribles secousses de leur contrepoids et des ressorts ; les arbalètes, comme toute arme de précision, demeurent des objets fragiles et difficile à construire.
179Par les différents aspects de leur utilisation ainsi que par la gestion et l'entretien du parc balistique, on voit que la poliorcétique s'appuie entièrement sur le réseau castral. Que ce soit pour les fabrications et constructions, les lieux de dépôts des armes et des engins, les lieux de leur utilisation, tout procède en liaison avec le contexte militaire et le maillage des fortifications du réseau, à l’instar des garnisons et des troupes d'intervention. Il y a comme une respiration commune, au rythme de la guerre et de la politique militaire, de tous les éléments constitutifs de défense et d'attaque fixés sur les châteaux.
Organisation et fonctionnement financier du réseau castral
180Il n'est pas dans mon propos d’étudier l'économie du comté de Savoie et des divers organismes qui perçoivent et gèrent l'argent pendant la guerre. De nombreuses études ont été réalisées aussi bien pour la comptabilité générale335 que pour les châtellenies336 ou les péages337. Il est évident que toute l'économie tourne autour de la guerre et qu'une part importante des moyens financiers y est engloutie sur l'ensemble de la période. Je vais plutôt essayer d'établir et analyser les ramifications financières qui existent entre les différentes sources de recettes d'une part et les dépenses militaires d’autre part et tâcher de montrer qu'en matière de finances, il existe le même fonctionnement interactif à l'intérieur du réseau castral que pour les soldats, les armes et les engins. L’organisation financière vit, elle aussi au rythme de la guerre et de la stratégie militaire des comtes de Savoie. Peut-être arriverais-je ainsi à soutenir l'affirmation, déjà proposée par Ch. Guilleré, que c'est bien la guerre qui a fait évoluer les rouages administratifs et financiers du comté338 plutôt que l'inverse.
181Il n'existe pas, au début du XIVe siècle, une organisation financière totalement centralisée sur Chambéry avec une redistribution des ressources. Du point de vue des moyens financiers et militaires, les relations sont plutôt régionales ; intra et inter bailliages. Même si la plupart des comptes sont rendus à Chambéry, à l'exception du Chablais où est en poste un receveur général des deniers du comte339, c'est davantage au niveau des bailliages que se font les passages financiers, sous l'ordonnance directe du comte et de son Conseil ou par l'intermédiaire des baillis.
182De 1283 à 1355, on distingue un certain nombre de comptes dont les dépenses touchent essentiellement à la guerre. Ces dépenses militaires sont à considérer tant au point de vue architectural, c’est-à-dire les constructions, l’entretien et les améliorations des fortifications que du point de vue humain par les renforcements de garnisons, les armées de siège, les troupes des chevauchées. On pourrait y ajouter les salaires des espions et des messagers, les fabrications et les transports des engins et des armes. Autant d'éléments de dépenses qui gonflent singulièrement le coût de la guerre et impliquent des financements multiples et variés, gérés par des officiers spécifiques à chacun.
183- Au centre de l'administration financière des comtes de Savoie, se trouvent les receveurs généraux, mais ceux-ci traitent fort peu de la guerre et des constructions dans les régions concernant cette étude. En effet, on ne trouve sur l'ensemble de la période que des payements de gages aux clients envoyés pour la défense d'Ambronay340 et pour les constructions de l'enceinte et des tours de 1316 à 1318. Plus tard, pour les réparations des fossés et l'envoi d'arbalètes341. D'autres dépenses sont effectuées de 1312 à 1315 pour la transformation de la bâtie de Luisandre en château-fort et en 1345 pour Remens.
184Les comptes des châtellenies sont si nombreux et si détaillés que l'on peut en tirer une fine connaissance des moyens financiers et économiques locaux. Dans les recettes de beaucoup d'entre elles, on trouve des versements extérieurs (forisseca) effectués sur ordre du comte, par d'autres châtellenies, par des péages et plus rarement par les receveurs généraux. Parfois les revenus viennent de la frappe monétaire ou des emprunts faits aux Lombards ou des avances sur leurs droits de banc.
185Les dépenses dépassent assez régulièrement le total des recettes342. On trouve alors à la fin des comptes ce qui est dû au châtelain parce qu'il a payé sur ses deniers propres, les travaux, les salaires et les gages. Parmi les ressources financières, il faut donc compter les emprunts faits aux châtelains, emprunts qui ne figurent pas en tant que tels dans les comptes de châtellenies, mais qui peuvent atteindre parfois des sommes très importantes. Les créances dues aux châtelains par le comte de Savoie expliquent l’allongement des exercices et la reconduction parfois systématique des mêmes hommes dans la châtellenie. C'est ainsi que la dette envers le châtelain de Pont-d'Ain s'élève à près de 930 livres en 1338343 et que ce dernier demeure seize ans à la tête de cette châtellenie. Les revenus de celle-ci sont, en quelque sorte, tenus en gage par le créancier. La dette s’entretient d’elle-même par ces emprunts renouvelés du comte344, générant ainsi des dynasties de châtelains.
186- Les comptes de péages dont le bénéfice est versé la plupart du temps aux receveurs généraux, mais il arrive qu'une partie voire la totalité des recettes soit utilisée directement pour financer des travaux ou les gages des garnisons. C'est ainsi que les recettes du péage de Saint-Germain vont en totalité aux réparations du château après sa prise en 1321, à l'installation d'engins d’artillerie et aux payements des gages des clients de la garnison et de celles des maisons de Tiret et des Balmettes345. En 1343, l'ensemble du revenant-bon du péage va au financement de la construction du château de Remens346. Il arrive que les recettes d'un péage soient complètement et de manière permanente incorporées à celles de la châtellenie du lieu. Il n'y a aucune différenciation des dépenses par rapport aux recettes. Tel est le cas pour Pont-d'Ain dès 1302 et pour toute la durée de l'étude à l'exception de deux années en 1347-1348 durant lesquelles le péage est dégagé de la châtellenie afin d'aider au financement du château de Remens347.
187- Les comptes des œuvres civiles et militaires sont moins nombreux, car ponctuels, mais non moins riches d'informations. Ils traitent des recettes spéciales pour les constructions et les fortifications. Ces subsides sont levés sur le territoire de la châtellenie concernée et aussi sur celui des voisines lorsque l’on a besoin de beaucoup d’argent. Il arrive qu’on exige de châtellenies assez éloignées comme celle de Bagé pour le château de Treffort348, les subsides nécessaires à une construction. La levée n’est pas forcément faite pour l’une ou l’autre des constructions - civiles ou militaires - mais éventuellement pour les deux en même temps. Ainsi en 1296, est levé un subside pour la réparation du pont sur l’Ain, la construction d’une halle pour les marchands et les premiers travaux du château de Pont-d'Ain349. Le subside peut être également levé pour deux châteaux. Le conseiller Martin Gratoux a effectué une levée de subsides dans la région de Bagé afin de financer des travaux de fortifications pour les villes de Saint-Trivier-deCourtes et de Treffort350. Le comte de Savoie l’a fait savoir par une lettre rédigée en double exemplaire, mais portant le nom respectif des deux villes. Ces lettres sont recopiées dans le début du compte351.
188Pour les travaux d'architecture importants, une sorte de commission se réunit préalablement pendant plusieurs jours pour étudier les besoins, faire des relevés et des mesures, établir des choix et mettre en place un programme. Cette commission se compose de spécialistes de la guerre de siège, de l'architecture militaire et de maîtres artisans. Ces spécialistes sont entourés de financiers, juifs, caorsins ou lombards, qui établissent les devis et déclarent ce qu’ils sont en mesure de prêter ou avancer de l'argent nécessaire pour les travaux352. Ensuite une seconde commission regroupe des fonctionnaires de haut rang et de plusieurs horizons pour mettre en place les modalités de levée du subside353 qui peut être payé en un, deux ou trois versements. Le comte établit, à la réception du subside, un récépissé pour les bourgeois qui l’ont payé354.
189Ces comptes sont alors tenus par un officier spécialement nommé par le comte de Savoie. On le voit pour les premiers travaux de Pont d'Ain355 ou de Remens356 ou par un châtelain proche, comme ceux de Saint-André pour la bâtie de Gironville357, de Saint-Germain pour Remens358 ou encore de Pont-d'Ain pour l'enceinte du bourg neuf de Saint-Germain359. L’argent récolté est emmené sous escorte au teneur du compte comme en témoigne le châtelain de Châtillon lors de l’achat du Revermont360. Le député du comte ou le châtelain enregistre les recettes, effectue les dépenses et tient le compte en marge de ceux de la châtellenie.
190- Les comptes de judicature dont l’essentiel des recettes va dans les frais de déplacements du juge et des greffiers, dans la fabrication ou la réparation des sceaux. Une part variable va aux financements des travaux de châteaux ou de chevauchées. Par exemple en 1295, la moitié des recettes va aux constructions du château de Treffort361.
191- Les comptes d'artillerie tiennent leurs recettes des receveurs généraux, des châtelains, des péagers et les dépenses vont à la fabrication d'arbalètes, de carreaux et de fléchons, de pièces pour les engins. La production de munitions est impressionnante362. Ces comptes anticipent ceux des trésoriers de guerre à l'instar des comptes de sièges comme celui de La Corbière363.
192"La nécessité est la mère de l'invention" : malgré l'anachronisme de cette citation, elle illustre bien les comptes qui organisent et gèrent des recettes spécialement créées pour des dépenses tout à fait spécifiques et ponctuelles et que les comptes établis sur des recettes permanentes et régulières interviennent si besoin dans le financement de la guerre. Il y a donc ajustement des recettes aux dépenses nécessaires ce qui, avec le temps, crée des relais entre les moyens financiers et la guerre, montrant ainsi que c'est d'abord par les besoins, donc par le conflit que se sont construits puis organisés les systèmes administratifs et financiers. A ces financements organisés et, pour partie, généralisés qui s'appuient sur l'ensemble des moyens du ban et de la fiscalité du comte dans les châtellenies et les bailliages, s'en ajoutent d'autres, issues des châtellenies et parfois des péages sous des formes directes et particulières qui ne relèvent pas d'une levée ou du revenant-bon, mais sur les revenus pendant l'exercice même du compte. On a vu plus haut que les châtellenies et les péages des deux bailliages étaient sollicités pour envoyer des hommes en armes et des clients qu'ils rémunéraient eux-mêmes pour les renforts de garnisons. Du point de vue architectural, il arrive que des châtellenies prennent en charge directement une partie des frais de constructions ou de réparation d'un château proche pendant l'exercice même du compte, telle que celle de Pont d'Ain pour le bourg neuf de Saint-Germain364. Dans d'autres cas, les châtelains envoient des maîtres charpentiers, des maçons ou des ouvriers pour travailler sur un autre château et prennent totalement en charge leur salaire et leur frais de route. Enfin, l'aide peut être matérielle et un châtelain expédie de la chaux, du bois ou même des éléments complets d'architecture en pièces détachées. Le châtelain de Pont-d'Ain envoie un grand chaffal de bois pour le château de Remens en 1345365 et celui de Saint-André finance un raffour à Pont-d'Ain en 1309366. On se rend compte qu'en matière financière il en est comme pour la défense et les opérations militaires, c'est-à-dire que l'organisation et le fonctionnement des moyens se fondent en large part sur le tissu que forme le réseau des châtellenies à l'intérieur des bailliages, mais que toutes les décisions concernant la création et l’utilisation des recettes proviennent du pouvoir comtal comme pour la politique et la stratégie militaire.
193Ce sont les éléments de la stratégie savoyarde qui déterminent l'ensemble des opérations, qu'elles soient militaires, architecturales ou humaines. Tout se fait en fonction des possibilités financières, mais aussi et surtout du contexte et de la logique. Néanmoins nous ne saurions rien des détails de cette politique et de sa mise en pratique sans les comptes rendus financiers qu'ils ont suscités. Les mises en rapport des périodes où sont faites les plus grandes dépenses militaires avec celles des grands travaux d'architecture nous fait découvrir le rythme de la guerre. Il s'en dégage assez clairement que l’essentiel des moyens financiers est dépensé pour la guerre en des types d’investissements qui alternent dans le temps. C'est ainsi que les importants travaux d'architecture militaire n'ont pas lieu les mêmes années que les grandes opérations sur le terrain. Les moyens financiers ne peuvent tout prendre en charge et par ailleurs on ne peut affaiblir un château par des travaux alors que les conflits sont proches et violents.
194L'ensemble des châteaux, sièges de châtellenies avec les maisons et bâties situées dans leur mandement territorial forment à l'intérieur d'un bailliage un réseau de moyens défensifs, offensifs, matériels, humains et financiers. Dans son fonctionnement, ce réseau est loin de se limiter aux terres du bailliage. Il arrive, fort souvent, que chacun de ces réseaux est en relation étroite avec d'autres et forment ainsi un unique ensemble qui consolide et rend possible la politique du prince. Les bailliages, les châtellenies sont donc les outils de base de la politique comtale et le réseau castral en est le système de fonctionnement.
195Rien n'est fermé, ni définitif dans ces outils comme dans leur fonctionnement. Ils peuvent changer, prendre de l'importance ou en perdre, mais ces évolutions sont toujours en correspondance avec la politique et ses objectifs ainsi qu'avec les événements et le contexte. Ces possibilités d'adaptation sont rendues possibles par la « régionalisaton » des moyens qui permet des réponses rapides et efficaces tout en restant logiques et homogènes, puisqu'elles émanent d'une direction centrale et unique : le comte et ses conseils.
196La structure géographique du réseau est tout aussi mouvante, mais elle reste toujours adaptée au contexte guerrier. Les centres de bailliage occupent une position centrale légèrement en retrait tout en étant peu éloignée des châtellenies ayant à soutenir effectivement la guerre. Ils peuvent ainsi les informer, les diriger et organiser les chevauchées, les renforcements de garnisons et les mises en défenses des châteaux sans distorsion de distance et de temps. A l'inverse, ils peuvent recevoir rapidement les renseignements nécessaires à l'élaboration d'une stratégie militaire commune et cohérente à l'ensemble du territoire.
197C'est un système souple et adaptable qui ne fonctionne pas pour autant en autonomie et dont les grandes structures comme les bailliages ne sont pas fermés l'un à l'autre. Nous avons étudié ici les aspects militaires du réseau castral. Il est vrai qu'il recouvre logiquement la majeure partie du fonctionnement durant la guerre, mais cela montre par toutes les activités artisanales, financières et commerciales que toute la vie du comté de Savoie s'organise et fonctionne, à cette époque, autour et avec les relations militaires entre les châteaux.
198Le réseau châtelain savoyard mis en place de manière discontinue au XIIIe siècle puis étendu à l'ensemble des terres du comté s'est ensuite affirmé dans ses rouages, entre autre par la généralisation de l'écrit au travers des comptes de châtellenie, puis vers 1260, par une coordination régionale et militaire avec la création des baillis. Les règnes de Pierre II puis de Philippe sont de ce point de vue remarquables, car avec eux le comté de Savoie s'est doté d'un appareil politique et administratif visant à le transformer en une véritable principauté. La guerre contre le Dauphiné a obligé la consolidation et l’affirmation des rouages en même temps qu'elle a généré des pratiques relationnelles nouvelles et plus ténues entre les châteaux, entre les bailliages et avec les appareils administratifs centraux. Il a bien fallu connaître l'état des moyens militaires disponibles, savoir ce que préparait l'ennemi et s'organiser pour y répondre, prendre l'initiative, créer un réseau castral et des lignes de fortifications. La guerre a entraîné toute une organisation technique des travaux d'architecture militaire.
199La création de la chambre des comptes en 1351, soit quelques années avant la fin de la guerre, montre le rôle important que cette dernière a tenu dans l'obligation de s'organiser pour la soutenir financièrement. Cette création est consécutive d'un besoin de centraliser plus officiellement et plus finement les moyens financiers.
200La guerre a globalement entraîné un perfectionnement du système administratif savoyard sous tous ses aspects comme souvent les guerres génèrent un ensemble de progrès techniques et sociaux. Les guerres sont des temps de passage entre une période et une autre, la guerre delphino-savoyarde fait déboucher la Savoie sur une organisation et une conception affirmée de l'Etat alors qu'elle n'était qu'une principauté encore en devenir auparavant.
Notes de bas de page
1 G. Fournier, Le château dans la France médiévale, Paris, 1978, p. 35-36.
2 C. Duguy et A. Perrin, « Villes et châteaux dans la baronnie de La Tour-du-Pin en Dauphiné (XIe-XVe siècle) », dans Le château et la ville, conjonction, opposition, juxtaposition (XIe-XVIIIe siècle), Actes du 125e congrès des sociétés historiques et scientifiques de Lille, 2000, Paris. 2002, p. 179-197.
3 Ce réseau se compose, du nord au sud, des châteaux de Saint-Amour, Coligny, Treffort, Jasseron, Saint-André-en-Revermont et Pont-d’Ain.
4 Cette seconde partie du réseau est faite des châteaux de Saint-Rambert, Rossillon, SaintAndré-de-Briord, Voiron, la bâtie de Luisandre
5 Les châteaux sont Arlod, Billiat et Dorches, Seyssel, Pierre-Châtel, Yenne.
6 J.-F. Genevois. Le château et la seigneurie de Jasseron au Moyen-Age, Jasseron, 1973, p. 86-94.
7 P. Duparc, Le comté de Genève, Genève, 1955, p. 159-179.
8 Le premier compte de châtellenie, conservé à Dijon, date de 1279. Cf. A.D.C.O., B 10084 (1), Compte de la châtellenie de Seyssel-Dorches.
9 Pierre de Savoie légua à Béatrix, sa fille unique, mariée au comte d'Albon et de Viennois, des châteaux et des territoires en Michaille. Cf. P. Duparc, op. cit., p. 175.
10 Ces châteaux sont ceux de Saint-Rambert-en-Bugey, Rossillon. Pierre-Châtel, Yenne, Rochefort, Chanaz, Saint-André-de-Briord, Lhuis.
11 Les comptes de la châtellenie de Saint-Rambert sont conservés à partir de 1299. Il est quasiment certain que d'autres plus anciens existaient et faisient état de la gestion de la châtellenie depuis le règne de Thomas 1er ou de Pierre II, à tout le moins.
12 B. Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle, Genève, 2000, p. 26.
13 Ph. Contamine, « Le combattant dans l'Occident médiéval », dans Le combattant au MoyenÂge, Actes du 18e congrès de la S.H.M.E.S.P., 1987, Nantes, 1991, p. 18.
14 A. Debord, Aristocratie et pouvoir, le rôle du château dans la France médiévale, Paris, 2000, p. 18.
15 G. Castelnuovo et Ch. Guilleré, « Les finances et l'administration de la Maison de Savoie au XIIIe siècle », dans Pierre II de Savoie, ‘Le petit Charlemagne’. Actes du colloque international de Lausanne, 1997, CLHM, 27, 2000, p. 59-60.
16 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 4e compte, peau 15, 1327-1327.
17 A.D.C.O., B 9942. Compte de Saint-Trivier, 7e compte, peau 4, 1298-1299.
18 A.D.C.O., B 9942, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 6e compte, peau 12, 12971298 ; ibid, B 7079, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 2, 1274-1275.
19 H. Dubois, Les foires de ChalonsurSaône et te commerce dans la vallée de la Saône à la fin du Moyen-Âge, vers 1280-vers 1430, Paris, 1976, (dactyl.), p. 78 ; Y. Renouard, « Les voies de communication entre la France et le Piémont », dans Etudes d’histoire médiévale, t 2. 1968, p. 713.
20 F. Bréchon, « Réseau routier et implantation castrale en Vivarais. Méthode et résultats », dans Pages d'Archéologie médiévale VII, 2001, à paraître ; G. Fournier, Le château dans la France médiévale, op. cit., p. 165 ; J. Le Goff. La Civilisation de l'Occident Médiéval, Paris, 1964, p. 174.
21 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », t. 1, op. cit., p. 183.
22 Ibid, p. 125.
23 A.D.C.O., B 10148, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 1299-1300.
24 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André en Revermont, 2e compte, peau 4, 1326-1327 ; ibid., B 8054, Compte de la châtellenie de Jasseron, 6e compte, peau 1. 1312-1312.
25 A.D.C.O., B 9583, Compte du péage de Saint-Germain, 4e compte, peau 31, 1322-1322.
26 A.D.C.O., B 9584, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1331-1332.
27 Ibid., B 9582, 4e compte, peau 18, 1325-1328.
28 A.D.C.O., B 10147, Compte de la châtellenie de Treffort, 5e compte, peau 22, 1297-1298.
29 A.D.S, SA, 29, Planaise. 1.
30 P. Cattin, « Billiat... », 1335-1336, op. cit., p. 183.
31 K. Schmid, « Zur Problematik von Familie Sippe une Geschlecht, Haus und Dynasties beim mittelalterlichen Adel. Vorfragen zum Thema » Adel une Herrchaft in Mittelalter » Zeitschrift für die geschichte des Oberrheims, no105, 1957, cité par G. Duby, "Structures de parenté et noblesse dans la France du nord aux XIe et XIIe siècle", dans La société chevalresque, Paris, 1988, p. 166.
32 Le château dans la France médiévale, Essai de sociologie monumentale, Paris, 1978, p. 339-340.
33 P. Cattin, « Billiat... », 1320-1321, op. cit., p. 99.
34 Cf. supra, p. 83.
35 Cf. supra, p.76.
36 Châtillon-sur-Chalaronne avait une comptabilité unie à celle de Bourg de 1272 à 1282. Cf A. Kersuzan, La construction des châteaux-forts dans l'ancienne Manche des Coligny, Mémoire de DEA, Université de Savoie, 1998, (dactyl.), p. 23.
37 B. Bligny, « Le Dauphiné, quelques remarques », dans Les principautés au Moyen-Age, Actes du 4e congrès de la S.H.M.E.S.P. Bordeaux, 1973, 1979, p. 80.
38 A. Chatelain, Châteaux forts, images de pierre des guerres médiévales, Paris, 1988, p. 65-66.
39 Cf. A. Kersuzan, La construction du château et de l'enceinte urbaine de Pont-d’Ain d'après les comptes de la châtellenie, 1299-1355, Mémoire de maîtrise, Université Lyon 2, 1997, (dactyl.), p. 41-43.
40 J.-.J.-.M., Ruiz, Castillos reales de Navarra, siglos XIII-XVI, Pampelune 1994, p. 59.
41 Ibid., p. 61.
42 Ibid., p. 67-68.
43 Ibid., p. 70
44 Ces deux provinces sont unies dans le même royaume jusqu'à la mort d'Alphonse le Batailleur en 1134.
45 Cf. supra, p. 78-100.
46 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1322, op. cit., p. 113.
47 La bâtie de Gironville est attaquée peu de temps après sa réalisation par les troupes dauphinoises qui détruisent le fossé. La bâtie de Vieu-sous-Varey est menacée à plusieurs reprises avant d'être détruite par les ennemis du comte. Cf. supra, p. 64, 66, 77, 76, 77.
48 Les documents qui s'y rapportent datent du XIIIe et XIVe siècle. Cf. J.-M. Poisson, « Recherches archéologiques sur un site fossoyé du XIVe siècle : La bastide de Gironville (« Fort-Sarrazin », Ambronay, Ain) », dans Château Gaillard, XII, 1984, p. 225-236.
49 A.D.C.O., B 7088, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, peau 3, 1304-1305.
50 A.D.C.O., B 8054, Compte de la châtellenie de Jasseron, 9e compte, peau 4, 1313-1314. Cf. aussi, P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1312, op. cit., p. 56 ; « Billiat... », 1324-1325, op. cit., p 127.
51 P. Cattin, "Saint-Rambert...'', 1312-1312, op. cit., p. 54.
52 Id.
53 Ibid., 1318-1319, p. 8687.
54 Id., « Remens... », 1343-1344, op. cit., p. 13.
55 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1329-1330, op. cit., p. 158 ; « Pont-d’Ain... », op. cit., t. 2, 1335-1336, p. 71 ; « Billiat... », 1325-1326, op. cit., p. 134.
56 C. Guilleré et J.-L. Gaulin, « Des rouleaux et des hommes : premières recherches sur les comptes de châtellenies savoyardes », dans Etudes Savoisiennes, I, 1992, p. 98.
57 P. Cattin, « Billiat... », op. cit., p. 287.
58 Les droits d’introge s’élevèrent à 2 000 florins. Cf. B. Ducretet, « Nicod François, premier seigneur des Allymes », dans Cahiers René de Lucinge, no 1718, 19731974, p. 47-58, et « Les nouvelles recherches sur Nicod François, premier seigneur des Allymes », Ibid no 23, 1980-1981, p. 35-42.
59 Les terres furent cédées à Jacques et Fluet Lucerne. Cf. S. Guichenon, Histoire de Bresse et de Bugey, Preuves, Roanne, 1972, p. 196.
60 A. Kersuzan, La construction des châteaux forts dans l'ancienne manche des Coligny, op. cit., p. 26.
61 M. Mamet, Bourgeois, trésorier et noble seigneur : l'ascencion sociale de Pierre Gerbaix de Belley (milieu XIVe–milieu XVe). Mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1998, (dactyl.).
62 S. Guichenon, op. cit., p. 184.
63 C. Guilleré et G. Castelnuovo « Le crédit du prince, l'exemple savoyard au bas Moyen-Âge'', dans Crédit et société : les sources, les techniques et les hommes, XIVe-XVIe s., Asti, Chambéry, sept. 1998, Centre européen d'études bourguignonnes (XIVe-XVIe s.), no39, 1999, p. 151-164.
64 P. Cattin, « Billiat... », 1353-1355, op. cit., p. 272, 282.
65 B. Decretet, op. cit. p. 35-42.
66 S. Guichenon, op. cit. p. 184.
67 Ibid., Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie, t. 3, Roanne, 19762, t. 3, p. 86.
68 G. Fournier, Le château dans la France médiévale, op. cit., p. 141-144.
69 J. Mesqui, Châteaux et enceintes de la France médiévale, t. 1, op. cit., p. 225.
70 Les comptes de la châtellenie de Pont-d'Ain se poursuivent sans la moindre interruption jusqu'en 1565. Finalement le château de Pont-d'Ain est inféodé en 1586, en même temps que ceux de Treffort et Jasseron. Cf. S. Guichenon, Histoire de Bresse et de Bugey, t. 2, Roanne, 1992.
71 C.-E. Dullin, Les châtelains dans les Domaines de la Maison de Savoie en deçà des Alpes, Grenoble, 1911 ; G Castelnuovo, « Centre et périphérie. Le recrutement social et géographique des châtelains en terre savoyarde, moitié XIVe - moitié XVe siècle », dans Savoie et région alpine, p. 97-108 ; id., Ufficiali i gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo mediœvo, Turin, 1994 ; id. et C. Guilleré, « Les finances et l'administration de la maison de Savoie au XIIIe siècle », dans Pierre II de Savoie, ‘Le petit Charlemagne’ Lausanne, 2000, p. 74-79.
72 D. De Raemy, « Aymonet Corniaux, maître des œuvres de la Maison de Savoie. Son activité en Pays de Vaux et en Chablais », dans Amédée VIII - Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451), Lausanne, 1992, no103, p. 327-335 ; J.-M. Poisson, « La maîtrise d'œuvre dans les chantiers de construction des châteaux du comté de Savoie au XIVe siècle », dans Du projet au chantier, maîtrise d'ouvrage et maîtres d'œuvre aux XIVe-XVIe siècles, Actes du colloque de Vincennes, 1998, E.H.E.S.S., 2001, p. 163-175.
73 C.-E. Dullin, Les châtelains dans les Domaines de la Maison de Savoie en deçà des Alpes, op. cit. ; G Castelnuovo, « Centre et périphérie ». op. cit.,p. 97-108 ; Ch. Guilleré et J.-L. Gaulin, « Des rouleaux et des hommes » : op. cit., p. 51-108.
74 A.D.C.O., B 9710, Compte de la châtellenie de Saint-Martin-le-Châtel, 2e compte, peau 6, 1311-1312.
75 G. Castelnuovo, « Centre et périphérie », op. cit., p. 97-108. Id. et Ch. Guilleré, « Les finances et l'administration de la maison de savoie au XIIIe siècle », op. cit, p. 96-103.
76 Parmi les nobles certains sont adoubés ; les chevaliers, d'autres ne le sont pas ; les damoiseaux qui peuvent être aussi appelés écuyers. Cf. J. Flori, Chevaliers et chevalerie au Moyen-Âge. Paris, 1998, p. 83-89 ; Ph. Contamine, La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII, Paris 1997, p. 56, 280.
77 Cf. F. Cotton, La vie rurale à Treffort et en Revermont au Moyen Âge, Bourg, 1984, p. 13.
78 Du 8 novembre 1322 au 31 janvier 1349.
79 Du 30 novembre 1342 au 29 janvier 1346, Cf. A.D.C.O. B 9027, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 1.
80 A.D.C.O., B 9753, Compte de la châtellenie de Saint-Rambert-en-Bugey, comptes 1 à 5, 1348-1352.
81 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1329-1330, op. cit., p. 156.
82 F. Cotton, op. cit., p. 14.
83 G. Dubois, Les finances, le pouvoir et l’administration dans la châtellenie de Bourg au XIVe siècle d’après les comptes de la châtellenie, 1367-1391, Mémoire de Maîtrise, Université Lyon 2, 1995, (dactyl.), p. 26.
84 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1333-1334, op. cit., p. 173.
85 Ibid., p. 172.
86 Les lieutenants (vicecastellani) sont plus nombreux à partir des années 1330. Cf. M. Constant, « L'établissement de la maison de Savoie au sud du Léman, La châtellenie d’Allinges-Thonon », dans Mémoires et documents publiés par l’Académie Chablaisienne, Thonon, LX, 1972,p. 158 ; cf. aussi G. Castelnuovo, « Centre et périphérie », op. cit., p. 328333.
87 P. Cattin, « Saint-Rambert... »,1333-1334, op. cit, p. 172.
88 Id., « Billiat... » op. cit., 1320-1321, p. 100.
89 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 4e compte, peau 1, 1327-1328 ; ibid,. B 6752, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 1, 1315-1316 ; ibid, B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 6e compte, peau 24, 1330-1331 ; ibid, B 9521, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 3e compte, peau I, 1298-1299 ; ibid, B 7566, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, peau 1, 1324-1325. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d'Ain... », 1315-1316, op. cit., p. 93, 121, 149, 157 ; « Billiat... », 1341-1342, op. cit., p. 209, 270 ; « Saint-Rambert... », 1323-1323, op. cit., p. 118, 166, 170, 175.
90 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont. 4e compte, peau 3, 1327-1328 ; ibid, B 9585. Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3, 1333-1333 ; ibid, B 8054, Compte de la châtellenie de Jasseron, 9e compte, peau 5, 1313-1314 ; cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1319-1320, op. cit., p. 100 ; « Saint-Rambert... », op. cit., 1324-1325, p. 126-127.
91 A.D.C.O., B 6687, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 1, 1317-1319.
92 P. Cattin, ''Remens...", 1343-1344, op. cit, p. 13 ; « Billiat », 1353-1354, op. cit., p. 271.
93 Cf supra, p.
94 A.D.C.O., B 9595, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 8, 1342-1342.
95 P. Cattin, « Remens... », 1345-1346, op. cit., p. 25
96 Ibid., 1343-1344, p. 13.
97 Ibid., 1347-1348, p. 53.
98 A.D.C.O., B 6698, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1336-1337.
99 E. Dullin, op. cit., p. 87.
100 B. Demotz, « La géographie administrative médiévale : L'exemple du comté de Savoie. Début XIIIe - début XVe siècle », dans Le Moyen-Âge, LXXX/2, 1974, p. 261-300 ; G. Castelnuovo, « Quels offices, quels officiers ? L'administration en Savoie au milieu du XVe siècle », dans Etudes savoisiennes, 2, 1993, p. 5-41, et plus particulièrement p. 12-13 et 36-37.
101 Il est sans doute le fils d'Etienne Reynard qui occupait les mêmes fonctions auprès d'Edouard en 1301. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1301-1302, op. cit., p. 24.
102 A.S.T. Corte, PC, vol. 153.
103 G. Castelnuovo et Ch. Guilleré, « Les Finances et l'administration de la maison de Savoie au XIIIe siècle », op. cit., p. 80.
104 P. Caton, « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., t. 1, p. 150.
105 Ibid., 1324-1325, p. 140.
106 Ibid., 1327-1328, p. 159
107 S. Guichenon, Histoire généalogique, op. cit., p. 380.
108 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1333-1333, op. cit., p. 170.
109 A.D.C.O., B 6692, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 2, 1341-1343 ; ibid, B 6702, peau 3, 1352-1353 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1318-1319, op. cit., p. 86 ; « Pont-d’Ain...», 1324-1325, t. 1, op. cit., p. 141 ; « Remens... », 1353-1354, op. cit., p. 101.
110 A.D.C.O., B 9581, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 5, 1322-1323 ; ibid, B 9522, Compte de la châtellenie de Saint-Andréen-Revermont, 5e compte, peau 3, 1312-1312 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312, 1321, op. cit., p. 50, 105 ; « Pont-d’Ain...», 1308/1309, 1321, 1325, t. 1, op. cit., p. 66, 86, 113, 118, 131, 147, 160. t. 2, 1328-1330, 1332, 1335, p. 11, 19, 24, 35,42.
111 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 23, 1328-1329 ; ibid, B 6692, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 2, 1341-1343.
112 A.D.C.O., B 6688, Compte de la châtellenie d'Ambronay, 1er compte, peau 4, 1332-1333 ; ibid, B 9524 (5), Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 5e compte, peau 3, 1327-1328 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1307-1308,1326-1327, op. cit., p. 40, 139 « Billiat... », 1328-1330, op. cit., p. 150, 154.
113 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1328, op. cit., p. 108.
114 Id., « Pont-d’Ain... ». 1329-1330, t. 2, op. cit., p. 18, « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 154.
115 A.D.C.O., B 6702, Compte de la châtellenie d'Ambronay, 3e compte, peau 4, 1353-1354 ; ibid, B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-Andréen-Revermont, 3e compte, peau 4. 1326-1327 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1307-1308, 1317-1319, 1323, op. cit., p. 40-41, 71, 88, 120 ; « Pont-d’Ain... », t. 1, op. cit., 1324-1325, 1327-1328, p. 140, 153, 160, t. 2, p. 10, 40,42 ; « Billiat... », 1324-1325, 1329-1330, 1341-1342, op. cit., p. 127, 153, 162, 210.
116 P. Cattin, « Saint-Rambert... », op. cit., p. 119 ;« Pont-d’Ain... », 1325-1306, op. cit., t. 1, p. 41, t. 2, 1332-1334, p. 41.
117 Id., « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p. 103 ; « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., t. 1, p. 159, « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 107,
118 A.D.C.O., B 9522, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 1er compte, peau 2, 1299-1300 ; cf aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1322, op. cit., p. 111 ; « Billiat... », op. cit., p. 126, 127, 166, 167.
119 A.D.C.O., B 7093, Compte de la châtellenie de Bourgen-Bresse, 3e compte, peau 10, 1322-1322.
120 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1305-1306, op. cit., p. 37 ; « Pont-d’Ain... », 1305-1306, op. cit., t. 1. p. 40-41 ; « Billiat... », 1326-1328, op. cit., p. 142.
121 A.D.C.O., B 9027, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 9, 1342-1346 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1314, op. cit., p. 60 ; « Pont-d'Ain... », op. cit., 1312, t. 1, p. 83, t. 2, p. 16 ; « Remens... », 1345/1346, 1347/1348, op. cit., p. 29, 53.
122 P. Cattin, « Remens... », 1345-1346, op. cit., p. 39, « Saint-Rambert... », 1318-1319, op. cit., p. 87.
123 Ibid., 1312/1314, p. 56, 61-62.
124 Id., « Billiat... », 1329-1330, op ; cit., p. 153-155 ; « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p 18.
125 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 2e compte, peau 4, 1326-1327 ; cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., t. 2, p. 41.
126 Cf. infra p. 64.
127 P. Cattin, « Remens... », 1343-1344, op. cit.. p. 24.
128 Id., « Saint-Rambert... », 1320-1320, op. cit., p. 96.
129 « Pont-d’Ain... », 1321-1321, t. 1, op. cit.,p. 118.
130 Id., « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p. 103, 105.
131 Un exemple de ce type de lettre délivrée à Jacques du Quart, bailli du Chablais par Amédée V est cité par B. Demotz, Le comté de Savoie, op. cit., p. 385-386.
132 A.D.C.O., B 6749, Compte de la châtellenie de Bagé, peau 6, 1309-1310 ; ibid, B 9595, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 8, 1342-1342.
133 B. Demotz, Le comté de Savoie, op. cit., p. 325.
134 Ibid., p. 325-332.
135 Ibid. p. 330.
136 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 6e compte, peau 27. 1330-1331.
137 P. Caton, « Saint-Rambert... », 1307-1308, 1312-1314, 1321, op. cit., p. 40, 41, 59, 60, 64, 65, 67, 103, 127, 140.
138 Id., « Billiat », 1324-1325, op. cit., p. 125 ; « Pont-d’Ain... », op. cit., p. 128.
139 Id., « Pont-d'Ain... », 1315-1316, op. cit.. t ; 1, p. 94.
140 Id., « Saint-Rambert... », 1313, 1321, 1325, op. cit., p. 46, 52, 60, 61, 103, 132 ; « Pont-d’Ain...», 13121314, op. cit., p. 87 ; « Billiat... », 1324-1325, 1341-1342, op. cit., p. 125. 211.
141 A.D.C.O., B 8054, Compte de la châtellenie de Jasseron, 9e compte, peau 5, 1313-1314 ; cf. aussi P. Caton, « Saint-Rambert... », 1310-1311, op. cit.. p. 46.
142 P. Cattin, « Billiat... », 1353-1354, op. cit., p. 274.
143 Ibid., 1329, 1337/1338, 1346/1347, p. 151, 198, 203, 231.
144 Id., « Saint-Rambert... », 1315-1316, », op. cit., p. 67 ; « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 100, 104.
145 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv 16. rouleau 3, peau 15, 1311-1312 ; A.D.C.O., B 6697, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 3, 1347-1348 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Saint-Rambert...», 1301-1302, 13291330, op. cit., p. 24, 30, 37, 41, 155 ; « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., t. 1, p. 152, t. 2, p. 18 ; « Billiat... », 1321-1322, op. cit, p. 105, 106, 154, 166.
146 A.D.C.O., B 9581, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 5, 1322 1322 ; ibid, B 6703, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1354-1355 ; ibid, B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 5, 13201321 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1302-1303, 1320, 1329-1330, op. cit., p. 27, 48, 97, 119, 156 ; « Pont-d’Ain... », 1324-1325, op. cit., t. 1, p. 140, t. 2, p. 24 ; « Billiat... »,1320-1321, 1329, op. cit, p. 101, 151.
147 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1311, 1312, 1320, op. cit., p. 46, 52, 96 ; « Billiat... », 1326-1328, 1333-1334, op. cit., p. 139, 170.
148 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 4e compte, peau 18, 1325-1328 ; ibid, B 6692, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1342-1343 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1320-1321, op. cit., p. 95, 104 ; « Pont-d’Ain... », 1321, 1324-1325, op. cit., t. 1, p. 118, 141 ; « Remens... », 1348-1349, op. cit, p. 74.
149 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1312, op. cit., p. 52.
150 A.D.C.O., B 9031, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, 3e compte, peau 4. 1351-1351 ; ibid 7092, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 6, 1315-1316.
151 A.D.C.O., B 6693, compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 4, 1343-1344 ; Ibid, B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 3e compte, peau 12, 1324-1325.
152 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, 1307-1308, op. cit., p. 31, 39 ; « Pont d’Ain... », 1325-1325, op. cit., t. 1, p. 145 ; « Billiat... », 1326-1328, op. cit, p. 142.
153 A.D.C.O., B 9033, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, 2e compte, peau 10, 1352-1353 ; ibid B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 23, 1328-1329 ; ibid, B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 5, 13201321 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312, 1314, op. cit., p. 59 ; « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., t. 1, p. 154 ; « Billiat... »,1325-1326, 1326-1327, op. cit, p. 132, 137.
154 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 4, peau 6, 1315-1316 ; cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1305-1306, 1317, op. cit., t. 1, p. 43, 94, 104, 144, t.2, p. 8, 9, 76, 84 ; « Billiat... », 1324-1325, 1329-1330, op. cit, p. 126, 153.
155 N. Laperriere, Les comptes de la trésorerie générale d'Amédée V de 1308 à 1314, Mémoire de maîtrise. Université de Savoie, 1992, (dactyl.).
156 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 6e compte, peau 27, 1330-1331 ; cf aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p. 104.
157 Cf. supra, p. 50-51.
158 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1322, op. cit., p. 111.
159 A.D.C.O., B 9945, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 3e compte, peau 5, 1307-130 ; ibid, B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 6e compte, peau 27, 1330-1331 : ibid B 9585, 1er compte, peau 5, 1333 ; ibid, B 7101, Compte de la châtellenie de Bourg, peau 6, 1350-1351 ; cf. aussi P. Cattin, p. 41 ; « Billiat... », 1335, 1336, op. cit, p. 178, 183.
160 B. Demotz se contente finalement d'énumérer les emplois que l'on fait d'eux du point de vue militaire, sans jamais essayer de les identifier socialement. Cf., « A propos des clientes du comte de Savoie », op. cit., p. 257-265.
161 Ph. Contamine, La guerre au MoyenAge, op. cil., p. 164.
162 A.D.C.O., B 6688, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 1er compte, peau 4, 1335-1336 ; ibid, B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 8, 1330-1331.
163 A.D.C.O., B 9581 (2), Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 5, 1321-1322.
164 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1322-1323, op. cit., p. 114 ; « Billiat... », 1321-1322, 1325-1326, 1326-1328, op. cil., p. 104, 106-107, 133, 140-142.
165 Id., « Billiat... », 1320-1321, op. cil., p. 100.
166 A.D.C.O., B 6702, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 2e compte, peau 3, 1352-1353.
167 Les equites sont des cavaliers, mais ils ne sont pas chevaliers. Ce sont des sergents à cheval du point de vue militaire. Du point de vue social ils peuvent être nobles mais non adoubés, c’est à-dire damoiseaux ou écuyers. Cf. J. Flori, op. cit., p. 90.
168 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, 1320, 1326-1327, op. cit., p. 30, 31, 96, 103, 139 ; « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., t. 1, p. 158159 ; t. 2, p. 29 ; « Billiat... », 1326-1328, op. cit., p. 139.
169 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 2, peau 19, 1304-1304.
170 A.D.C.O., B 6702, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 1er compte, peau 4, 1352-1353 ; ibid, B 6688, 2e compte, peau 4, 1336-1336 ; cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., t. 2, p. 41 ; « Billiat... », op. cit. p. 113, 126-127, 139.
171 Leur nom a cependant été donné par le châtelain au rendu des comptes, mais le clerc qui a mis au net le compte n’a pas jugé intéressant de copier le nom des gens de cette condition. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1322-1323, 1325-1326, op. cit., p. 114, 136.
172 P. Cattin. « Pontd’Ain... », 1332-1334, op. cit., t. 2, p. 41, « Billiat... », 1324-1325, op. cit., p. 126-127,
173 AD.Côte d’Or, B 9946, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 5e compte, peau 32, 1312-1313 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, 1312, 1315-1316, 1321, 1322-1323, op. cit., p. 32, 56, 71, 88, 96, 103, 114, 120 ; « Pont-d’Ain... », 1328-1329, 1329-1330, op. cit., t. 2, p. 10, 18.
174 Quant à la spécificité physique et technique des différentes montures, voir R.-H. Bautier et A.-M. Bautier, « Contribution à l'histoire du cheval au Moyen-Âge. L'élevage au Moyen-Âge et les chevaux de guerre du XIIIe siècle à la guerre de Cent ans », dans Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1978, p. 9-75 ; V. Chomel, « Chevaux de batailles et roncins en Dauphiné au XIVe siècle » dans Cahiers d'histoire, VII, 1962, p. 5-23 ; J. Flori, op. cit., p. 106 ; G. Raab, « Du cheval médiéval », dans Histoire médiévale, 19, 2001, p. 26-29.
175 P. Cattin, « SaintRambert... », 1322-1323, op. cit., p. 114.
176 Ibid., 1307-1308, 1311-1312, p. 41, 50.
177 Id., « Pont-d’Ain... », 1325-1325, op. cit., t. 1, p. 146.
178 Ibid., t. 1, 1312-1314, p. 86, t. 2, 1332-1334, p. 42.
179 Id., « Saint-Rambert... », 1303-1304, op. cit., p. 30, 32, 40.
180 J. Miquel, L'architecture militaire dans le Rouergue au Moyen-Âge, t. 1, Rodez, 1981, p. 205-207.
181 Ph. Contamine, La guerre au MoyenÂge, op. cit., p. 309331 ; C. Gaier, « Evolution et l’usage des armes de l’armement personnel défensif au pays de Liège du XIIe au XIVe siècle », dans Armes et combats dans l'univers médiéval, Bruxelles, 1995, p 125-149.
182 P. Cattin, « Billiat..1328-1329, op. cit., p. 147.
183 Id., « Saint-Rambert... », 1321-1322, op. cit., p. 108.
184 A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv 16, rouleau 3, 1er compte, peau 5, 1308-1308.
185 Ph. Contamine, La guerre au Moyen-Âge, op. cit., p. 204-205.
186 A.D.C.O., B 9948, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 3e compte, peau 27, 1322-1327 ; ibid 4e compte, peau 36, 1327-1328 ; ibid, B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-Andréen-Revermont, 3e compte, peau 2, 1326-1327.
187 A.D.C.O., B 9696, Compte de la châtellenie de Saint-Laurent-les-Mâcon, 2e compte, peau 4, 1313-1314. Les comptes des châtellenies Faucignerantes témoignent de refus en masse de se rendre aux chevauchées. 70 refus à Samoëns, 108 à Montjoie et plus de 450 à Châtillon et à Cluses. Cf., N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny..., op. cit., p. 48
188 A.D.C.O., B 9026, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 15, 1340-1342.
189 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1314, op. cit., p. 62.
190 A.D.C.O., B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 12e compte, peau 19, 1286-1287.
191 P. Cattin, « Billiat... », 1317-1318, op. cit., p. 61.
192 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 2, peau 15, 1300-1301.
193 A.D.C.O., B 7082, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 2, 1289-1290.
194 La charte de 1297, accordée par les moines, prévoit des tours de garde et de guet en plus des réparations et entretien des fossés par les gens de la ville et du territoire. Cf. L. Poncet, L'abbaye d'Ambronay, Colmar, 1980, p. 55.
195 Il n'existe, à ma connaissance, aucune mention des effectifs dans les bâties de Gironville et Vieu-sous-Varey. Pour Luisandre la première date de 1314. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1314, op. cit.. p. 62.
196 Ibid., 1315-1316, p. 71.
197 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Gemain, 9e compte, peau 9, 1330-1331.
198 A.D.C.O., B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 12e compte, peau 19, 1292-1293 ; ibid, B 9740, Compte de la châtellenie de Saint-Rambert, 9e compte, peau 15, 1312-1314 ; ibid, B 7054, Compte de la châtellenie de Billiat, 5e compte, peau 8, 1328-1329 ; ibid, B 6692, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1341-1343.
199 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1304-1305, 1311-1312, op. cit., p. 35, 50.
200 A.D.C.O., B 9527, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont 1er compte, peau 3, 1341-1342 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1311-1312, 1314-1315, 1316-1317, op. cit., p. 50, 65, 71, 77 ; « Pont-d’Ain... », 1319-1320, op. cit., p. 108 ; « Billiat... », 1321-1322, 1334-1335, op. cit., p. 108, 155, 175, 184, 207, 225, 251,275, 283, 289, 295, 301, 306, 310, 322, 328.
201 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1314-1315, op. cit., p. 91.
202 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 5, 1333-1333 ; ibid, 3e compte, peau 2, 1333-1334 ; ibid, B 6691 Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 2, 1340-1340 ; ibid, B 6700, peau 3, 1350-1351.
203 En 1325, autour de Varey et de la plaine de l'Ain, tous les châteaux savoyards sont sur le pied de guerre alors qu'à la même époque ceux de Saint-Trivier, Bagé, Pont-de Vaux, Saint-Laurent-les-Mâcon n'ont pas à se défendre. Ils participent néanmoins aux opérations militaires en envoyant des hommes en armes pour renforcer les garnisons. Par exemple, la garnison du château de Saint-Germain se compose du châtelain, d'un chevalier en armes, huit clients armés de fer, sept guetteurs et un sonneur de trompe. Cf. A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 3, 1328-1329. A la même époque, les comptes de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes ne mentionnent aucune dépense pour une garnison dans le château. Cf. ibid., B 9948, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 2e compte, 1325-1326.
204 B. Demotz, « A propos des clientes du comte de Savoie », op. cit., p. 258.
205 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325, 1327-1328. t. 1, op. cit., p. 146, 153, 160.
206 A.D.C.O., B 9581, Compte du péage de Saint-Germain, 1er compte, peau 5, 1320-1321 ; ibid B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 22, 1328-1329 ; ibid, B 6688, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 1er compte, peau 4,1335-1336 ; cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1327, t. 1, op. cil., p. 154, 161, « Remens... », 1353-1354, op. cit.. p. 101.
207 A.D.C.O., B 9581, Compte du péage de Saint-Germain, 1er compte, peau 5, 1320-1321 Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1327, 1328, t. l, op. cit., p. 154, 161.
208 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1299-1300, 1302-1303, 1311-1312, op. cit., p. 19, 27, 50, « Remens... », 1352-1354, op. cit., p. 95, 101.
209 Id., « Pont-d’Ain... », 1320-1321, op. cit., t. 1, p. 113.
210 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de SaintGermain, peau 3, 1333-1334 ; ibid, B 7085, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 2e compte, peau 6, 1297-1298. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1320-1321, 1325-1326, op. cit. p. 100, 104, 105, 132, 133, « Saint-Rambert...», 1302-1303, 1310-1311, 1323, 1327-1328, op. cit., p. 27, 42, 48, 56, 119, 145, « Pont-d’Ain...», 1332-1334, t. 2, op. cit., p. 41.
211 A.D.C.O., B 9942, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 15e compte, peau 28, 1296-1296 ; ibid, B 9710, Compte de la châtellenie de Saint-Martin-le-Châtel, 2e compte, peau 6, 1311-1312.
212 A.D.C.O., B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 13e compte, peau 29, 1292-1293. Cf. aussi P Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325, t. l, op. cit., p. 146, 153, 160 ;« Saint-Rambert... », 1307-1308, op. cit., p. 42 ; « Billiat... », 1320-1321, op. cit., p. 101.
213 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv 16, rouleau 3, peau 15, 1312-1314.
214 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1296-1298, op. cit., t. 1, p. 24.
215 A.D.C.O., B 9581, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 4, 1324 1325.
216 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1299-1300, 1302-1303, p. cit., p. 19, 27.
217 ld., « Pont-d’Ain... », 1325-1325, op. cit., t. 1, p. 146.
218 Id., « Saint-Rambert... », 1307-1308, op. cit., p. 42 ; « Pont-d’Ain... », 1320-1321, 1327-1328, op. cit., t. l, p. 113, 118, 160 ; « Remens... », 1353-1354, op. cit., p. 101.
219 Id., « Saint-Rambert... », 1299-1300, 1302-1303, op. cit., p. 19, 27.
220 A.D.C.O., B 10087, Compte de la châtellenie de Seyssel-Dorches, 3e compte, peau 8, 1309-1310.
221 A.D.C.O., B 6688, Compte de la châtellenie d'Ambronay, 1er compte, peau 4, 1335-1336 ; ibid, 2e compte, peau 8, 1336-1336.
222 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1320-1321, op. cit., t. 1, p. 114.
223 Ibid., 1325-1325, p. 146.
224 R. Durand, « Guerre et fortification de l'habitat au Portugal aux XIIe et XIIIe siècles », dans Castrum 3, 1988, p. 182.
225 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1314, op. cit., p. 59.
226 Id., « Billiat... », 1326-1328. op. cit., p. 139.
227 Id., « Saint-Rambert... », 1299-1300, op. cit., p. 19.
228 Ibid.
229 Id., « Billiat... », 1323-1324, op. cit.. p. 120.
230 La châtellenie de Pont-d'Ain ne participe à aucune chevauchée avant 1325. Cf., A.D.C.O., B 9015 ; Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, 1er et 2e compte ; ibid, B 9016 ; ibid, B 9017. A.D.C.O., B 9741, Compte de la châtellenie de Saint-Rambert.
231 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1305-1306, op. cit., p. 37.
232 Ibid., 1307-1306. p. 40.
233 A.D.C.O., B 9546, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 5e compte, peau 32, 1312-1313.
234 A.D.C.O., B 6747, Compte de la châtellenie de Bagé, peau 6, 1307-1308.
235 A.D.C.O., B 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, peau 12, 1308.
236 A.D.C.O., B 10087, Compte de la châtellenie de Seyssel-Dorches, 3e compte, peau 7, 1309-1310.
237 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1307-1308. op. cit., p. 40.
238 Ibid., « Billiat... », 1332-1333, op. cit.. p. 167.
239 Ibid., 1319-1320, p. 96.
240 Ibid., 1326-1328, p. 139 ; « Pont-d’Ain... », op. cit., t. 1, p. 153.
241 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3, 1333-1334. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1332-1333, op. cit., p. 166 ; « Pont-d’Ain... », 1332-1334, t. 2, op. cit., p. 41.
242 P. Cattin, « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 106.
243 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 22, 1328-1329. Cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, op. cit., p. 31.
244 Pour le siège de Saint-Germain, en 1321, cf., A.D.C.O., B 10154, Compte de la châtellenie de Treffort, 4e compte, peau 14, 1322-1324. Pour le siège de Varey, en 1325. Cf. P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1325, op. cit., t. l, p. 145.
245 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 21, 1330-1331 ; ibid, B. 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, 1er compte, peau 3, 1308 ; ibid, B 7336 (4), Compte de la judicature de Bresse et de Bugey, 4e compte, peau 8, 1306-1307 ; cf. aussi P. Cattin, « Billiat... » 1326-1328, 1337-1338, 1341-1342, op. cit., p. 141, 197, 202, 210 ; « SaintSaint-Rambert...», 1322-1323, 1337-1338, 1339-1340, op. cit., p. 114, 187, 193.
246 A.D.C.O., B 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, 1er compte, peau 3, 1305-1307.
247 A. Kersuzan, La construction du château et de l'enceinte urbaine de Pont-d'Ain, op. cit., p. 73.
248 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1327-1328, op. cit., p. 144.
249 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 22, 1328-1329 ; ibid, B 10148, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 1299-1300. Cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit ; p. 104.
250 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1325-1325, op. cit., p. 132.
251 Id., « Pont-d'Ain... », 1325-1327, t. l, op. cit., p. 152.
252 Id., « Billiat », 1321-1322, op. cit. p. 104.
253 Id., « Saint-Rambert... », 1307-1308, op. cit., p. 39.
254 Ibid., 1327-1328, p. 146.
255 Id., « Billiat... »,1333-1334, op. cit., p. 170.
256 A.D.C.O.. B 9948, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 3e compte, peau 26, 1322-1327 ; ibid, 4e compte, peau 36, 1327-1328 ; ibid, B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-Andréen-Revermont, 5e compte, peau 4, 1327-1328 ; Ibid, B 8058, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 5, 1325-1326. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., p. 153.
257 P. Cattin, « Pont-d'Ain... », op. cit., t. 1, 1327-1328, p. 158-159. « Saint-Rambert... », 1327-1328, op. cit., p. 146 ; « Billiat... », 1333-1334, op. cit., p. 170.
258 Id., « Saint-Rambert... », 1327-1328, op. cit., p. 146.
259 Id., « Billiat... », 1326-1328, 1329, op. cit., p. 140, 151.
260 A.D.C.O., B 9592, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1339-1340.
261 Id., « Billiat... », 1334-1335, op. cit., p. 174.
262 Id., « Saint-Rambert... », 1326-1327, op. cit., p. 139.
263 P. Cattin, « Remens... », 1352-1353, op. cit., p. 95.
264 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 3e compte, peau 4, 1325 ibid, B 9944, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 4e compte, peau 4, 1304-1305. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1306-1306, t. l, op. cit., p. 50, 56.
265 A.D.C.O., B 6693, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1343-1344.
266 A.D.C.O., B 9026, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 9, 1340-1342. Au musée de l'armée à Paris on conserve deux arcs d'arbalètes l'un d'une longueur de 1,90 mètre en nerf de bœuf et l'autre de deux mètres en deux pièces de bois recouvertes de tiges de corne. Le château d'Yverdon, en Suisse, possède une petite arbalète dont l'arc est constitué de cornes emboîtées l'une dans l'autre.
267 A.D.C.O., B 10149, Compte de la châtellenie de Treffort, 7e compte, peau 3, 1306-1307.
268 La noix est le crochet qui retient puis libère la corde tendue d'une arbalète ou d'une espingualle.
269 Ibid.
270 A.D.C.O., B 9027, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 8, 1342-1346.
271 A.D.C.O., B 6693, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1343-1344 ; ibid, B 9523, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 1er compte, peau 3, 1323-1325.
272 A.D.C.O., B 9026, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 9, 1340-1342 ; A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 3, peau 17, 1312-1314.
273 A.D.C.O., B 9587, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 5, 1335-1336.
274 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 3e compte, peau 14, 1325-1325.
275 Ibid.
276 Ibid. Cf aussi ibid, B 9523 (1), Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 1er compte, peau 3, 1323-1325.
277 Ibid.
278 R. Beffeyte, Les machines de guerre au Moyen-Âge. Rennes, 2000, p. 9-10.
279 On ne sait à quoi ressemblait cet engin. A.D.C.O., B 6703, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1354-1355.
280 P. Cattin, « Billiat... », 1324-1325, op. cit., p. 125.
281 Chroniques II, II,5 « un grant engin que Ton appelle truie, lequel engin estoit de telle ordonnance que il jetoit pierres de faix, et se pouvoient bien cent hommes d'armes ordonner dedans ».
282 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3, 1333-1334 ; ibid, B 9523, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 1er compte, peau 3, 1323-1325. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1329-1330, t.2, op. cit., p. 15.
283 J.F. Fino, Forteresses de France, Construction attaque défense, Paris, 1977, p. 154.
284 Ce compte est transcrit par L. Menabrea, loc. cit., t. 1, 1851, p. 221-224.
285 J.-F. Fino, « Le feu et ses usages militaires », dans Gladius, 1970 p. 15-30 ; id. « Machine de jet médiéval », dans Gladius, 1972, p.25-43 ; id., Forteresses de France, op. cit., p. 149-163 ; W. Foley, G. Palmer, W. Sœdel, « L'arbalète » dans Pour la science, no89, mai 1985, p. 24-30.
286 Il n'est pas possible, malgré tout, de savoir si les gros engins à contrepoids appelés bricole ou truie sont des trébuchets ou des mangonneaux.
287 Plusieurs articles dans différents comptes offrent des renseignements qui, mis bout à bout, donnent des descriptions complètes. Cf. A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1333-1334. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », op. cil., t. 2, p. 14-15.
288 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1314-1315, op. cit., p. 64.
289 Ibid.
290 Ibid.
291 Ibid.
292 A.D.C.O., B 9033, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, peau 4, 1352-1353. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1322-1322, 1324-1325, op. cit., p. 111, 125, « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p. 14 ; « Remens... », 1353-1354, op. cit., p. 100.
293 A.D.C.O., B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 6e compte, peau 5, 1323-1323.
294 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1320-1321, op. cit., t. 1, p. 111.
295 Il faut huit hommes pour actionner les treuils, abaisser la perche d’un trébuchet et le réarmer. Cf. Guillaume Le Breton, Philippide, Livre II, vers 55-56, cité par J.-F. Fino, Forteresses de la France médiévale, op. cit., p. 154.
296 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de SaintGermain, 1er compte, peau 4, 1333-1333. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., t. l, p. 158.
297 H. Charnier, « Notes sur l’origine du génie au Moyen-Âge », dans Revue du génie militaire, 1954, p. 25.
298 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3, 1333-1334.
299 A.D.C.O., B 9026, Compte de la châtellenie de Pont-d’Ain, peau 9, 13401342 ; A.D.C.O., B 9587, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1335-1336 ; ibid, B 9582, 9e compte, peau 30, 1330-1331 ; ibid, B 6689, Compte de la châtellenie d'Ambronay, 1er compte, peau 3, 1335-1336 ; ibid, B 6702, 1er compte, peau 3, 1352-1353.
300 Ibid., peau 4,
301 P. Cattin, « Pont-d'Ain... », 1328-1329, op. cit., t. 2, p. 8.
302 P. Cattin, « Billiat... », 1324-1325, 1328, op. cit., p. 125, 136.
303 Ibid., 1323-1324, p. 116.
304 P. Cattin, « Le compte de la construction de la bastide de Gironville », 1323-1325, op. cit., p. 15-16.
305 A.D.C.O., B 8058, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 6, 1323-1325.
306 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1312-1314, op. cit., p. 59.
307 Id., « Remens... », 1345-1346, op. cit., p. 40.
308 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de Saint-Germain. 1er compte, peau 4. 1333-1333.
309 A.D.C.O., B 958 ;, ibid, 9e compte, peau 4, 1330-1331.
310 A.D.C.O., B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 11e compte, peau 15, 1293-1293. Cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1320-1321, op. cit., p. 104.
311 P. Cattin, « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 103.
312 A.D.C.O., B 6688, Compte de la châtellenie d'Ambronay, 2e compte, peau 3, 1336-1336 ; ibid, B. 9942, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 12e compte, peau 16, 1299-1299.
313 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 8, peau 20, 1330-1331. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p. 17-18.
314 Id., « Billiat... », 1320-1321, op. cit., p. 99.
315 Id. « Pont-d’Ain... », 1324-1325, op. cit., t. 1, p. 141.
316 A.D.C.O., B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 4, 1320-1321 ; ibid, B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 1er compte, peau 4, 1285-1285 ; ibid, 3e compte, peau 4, 1286-1287.
317 A.D.C.O., B 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, peau 2, 1279-1281.
318 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 13291330, op. cit., t. 2, p. 14.
319 Id., « Billiat.... », 1322-1322, op. cit., p. 111.
320 A.D.C.O., B 9581, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 8, 1321-1322. Cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert », 1321-1322, op. cit., p. 108.
321 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1322, op. cit., p. 108,
322 Id., « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 104.
323 Id., « Pont-d’Ain... », 1329-1330, t. 2, op. cit., p. 17.
324 Ibid., 1325-1327, t. 1, p. 154.
325 Ibid., 1323-1324, t. 1, p. 131-132.
326 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 22, 1328-1329.
327 D’importantes quantités d'arbalètes et de carreaux sont en pronvenance de Chambéry, en 1311-1312 les receveurs payent l'envoi de plus de cinq mille cinq cents carreaux de différentes tailles à Ambronay. Cf., A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv 16, rouleau 8, peau 17, 1312-1314. En 1348, le château de Remens reçoit de Chambéry cinq cents carreaux de un et deux pieds et une centaine pour les arbalètes à tour. Cf. P. Cattin, « Remens... », 1348-1349, op. cit., p. 65.
328 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p 17.
329 A.D.C.O., B 6693, Compte de la châtellenie d'Ambronay, peau 3, 1343-1344.
330 A.D.C.O., B 9032, Compte d'artillerie, 1351.
331 Ibid.
332 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv 16, rouleau 8, peau 32, 1330-1331.
333 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 3e compte, peau 14, 1325-1325.
334 A.D.C.O., B 9027, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 4, 1342-1346 ; Ibid, B 9033, 3e compte, peau 6, 1352-135. Cf. aussi P. Cattin, « Le compte de la construction de la bastide de Gironville près d'Ambérieu-en-Bugey » dans, Cahiers René de Lucinge, no 22, 1979, p. 15.
335 M. Chiaudano, « La curie sabaude nel sec. XIIIe », dans Bilbl. soc. stor. subalpina, L III/1, 1929.
336 Ch. Guilleré et J.-L. Gaulin, « Des rouleaux et des hommes », dans Études savoisiennes 1, 1992, p. 51-109.
337 M.-C. Daviso di Charvensod, I peddagi delle Alpi occidentali nel Medio Evo Turin, 1961, Deputazione subalpina di Storia Patria, série IV, t. V ; A.-C. Esteve, Les péages du bailliage de Savoie : trafic marchand et gestion financière sous Amédée V (1285-1323), Mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1996, (dactyl.) ; J.-M. Lescuyer-Montdesert, « Un péage à Saint-Germain d'Ambérieu en 1355 », dans Arts et histoire des pays de l'Ain 3, 1979 ; L. Moyret, Le péage de Pontd'Ain au début du XIVe siècle, Mémoire de maîtrise, Université Paris I, 1983 (dactyl.).
338 C. Guilleré, Le financement de la guerre au Moyen-Âge : L'exemple savoyard sous le règne d'Amédée V, Actes du XXXVIe congrès des Sociétés Savantes de Savoie, Montmélian, 1996, Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, t. C, 1998, p. 61 et 79.
339 B. Andenmatten, « Amédée V et le nerf de la guerre, Organisation financière et dépenses militaires en Chablais durant la première moitié du XIVe siècle », dans Études Savoisiennes, 4, 1995, p. 19-31.
340 A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 2 à 7, 1301-1319.
341 Ibid., 1330-1331, rouleau 8.
342 Cf., annexe p. 379-390.
343 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1336-1338, op. cit., t. 2, p. 95.
344 G. Castenuovo et Ch. Guilleré, « Le crédit du prince », op. cit., p. 158-164.
345 A.D.C.O. B 9581, Compte du péage de Saint-Germain, 1er compte, peau 3, 1320-1321.
346 Ibid., B 9591, premier compte, peau 3, 1338-1339.
347 A.D.C.O., B 9029, Compte du péage de Pont-d'Ain. 1er et 2e comptes, 1347-1349.
348 A.D.C.O., B 6769, Compte des œuvres pour Treffort et Saint-Trivier, 1345-1346.
349 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1298-1299, op. cit, t. 1. p. 27-29.
350 A.D.C.O., B 6769, Compte des œuvres pour Treffort et Saint-Trivier, 1345-1346.
351 Ibid.
352 P Cattin, « Pont-d’Ain... », 1335-1336, op. cit., t. 2, p. 68.
353 P Cattin, « Billiat », 1330-1331, op. cit., p. 159.
354 A.D.C.O., B 7560 (5), Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1289-1290.
355 Id., « Pont d'Ain... », 1296-1306, op. cit., p. 21-48.
356 Id., « Remens... », 1345-1346, 1347-1348, op. cit ; p. 25-45.
357 Id., « Compte de la construction de la bastide de Gironville », 1323-1325, op. cit., p. 4-18.
358 P. Cattin, « Remens... », 1343-1344, op. cif, p.13-24.
359 A.D.C.O., B 9021, Compte d'œuvre pour le bourg neuf de Saint-Germain, 5e compte. 1323-1324.
360 A.D.C.O., B 7560, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 5e compte, peau 10, 1287-1288.
361 A.D. Côte d’Or, B 7335, Compte de la judicature de Bresse et de Bugey, peau 4, 1294-1296.
362 Ibid., B 9032, 1351-1351, Compte d'Artillerie.
363 L. Menabrea, « De l’organisation militaire au Moyen-Âge », dans Mémoires de l'Académie de Savoie, 2e série, t. 1, 1851.
364 A.D.C.O., B 9026, Compte de la châtellenie de Pont-d'Ain, peau 26, 1340-1342. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1323-1324, op. cit., t. 1, p. 133.
365 A.D.C.O., B 9027, Compte de la châtellenie de Pontd'Ain, peau 28, 1342-1346.
366 A.D.C.O.. B 9522, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 2e compte, peau 5, 1308-1311.
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