Chapitre II. Chronique de guerre
p. 39-107
Texte intégral
La guerre : où et comment ?
1La guerre entre la Savoie et le Dauphiné est un conflit qui a duré deux siècles. Il s’est ouvert en 1140, dans la vallée du Grésivaudan, au temps du comte Amédée III et du Dauphin Guigues IV1 pour de simples questions de voisinage. Le Dauphin meurt au siège de Montmélian en 1141, son fils Guigues V est mis en déroute au même endroit en 1154. La situation s’envenime jusqu’en 1165, date à laquelle l’archevêque Pierre de Tarentaise obtient une trêve qui se prolonge par la participation des deux protagonistes à la croisade contre les Albigeois2. Puis les conflits reprennent et deviennent plus fréquents au fur et à mesure que la Savoie et le Dauphiné expriment leurs désirs d’expansion territoriale. L’histoire de la guerre delphino-savoyarde s’inscrit donc dans le temps long. C’est au terme de ces deux siècles que l’on voit la Savoie s’affirmer comme une puissance à cheval sur les Alpes, tandis que le Dauphiné, vaincu, affaibli, diminué territorialement, devient une province française.
2En vérité ces deux siècles, 215 ans exactement, ont plutôt vu se succéder des conflits aussi différents dans l’espace que dans leur extension dans le temps. La guerre qui s’est déroulée dans l’ancienne Manche des Coligny de 1282 à 1355 n’étant qu’un des actes de cet affrontement général. Pourtant, aussi différents qu’ils soient, ces actes relèvent tous de la même histoire, ils ont les mêmes acteurs et la trame reste toujours la même. Il s’agit de l’opposition de deux principautés, l’une en expansion, l’autre plutôt sur la défensive. L’enchevêtrement des droits et des terres en est à l’origine et fournit les causes et les prétextes qui sont souvent identiques ou se ressemblent beaucoup. Par exemple, la petite ville de Beauregard au bord de la Saône est revendiquée en même temps par le comte de Savoie, le sire de Beaujeu et le Dauphin. En 1327, le sire de Beaujeu abandonne au Dauphin les droits qu’il prétend avoir sur cette ville pour payer sa rançon. Logiquement, le comte de Savoie n’accepte pas cette solution et le problème sur Beauregard reste entier jusqu’en 1335.
3Telle une pièce de théâtre, le décor change mais les acteurs demeurent et chaque acte, tout en étant différent d’un autre, est la suite logique du précédent en même temps qu’il introduit et conditionne le suivant jusqu’au dénouement final. Le conflit qui oppose la Savoie au Dauphiné aux confins de la Bresse et du Bugey en est l’un des derniers. Par sa durée et son enjeu, il est aussi un des plus importants et pourrait former une guerre à lui seul.
4La guerre ou les guerres entre la Savoie et le Dauphiné, selon que l’on considère chaque affrontement régional comme un conflit à part entière ou comme un épisode d’une rivalité plus large, ont donc eu lieu principalement aux limites des États. Le comte de Savoie cherche davantage à grignoter les terres qui séparent Saint-Rambert de Pont-d’Ain ou de gagner sur les assises des Thoire-Villars dans le pays de Gex. Le château dauphinois de Saint-Germain, pris en 1321 par le comte Amédée V se trouve à quelques kilomètres seulement de Saint-Rambert, tout comme Varey qui est la clé de la jonction des territoires savoyards, n’est qu’à cinq kilomètres de Pont-d’Ain et d’Ambronay. Quant au Dauphin, lorsqu’il organise des opérations en des régions éloignées de ses bases, celles-ci ont lieu près des frontières de ses alliés. En 1308, depuis les environs de Trévoux appartenant à son allié le sire de Thoire-Villars, il assiège pendant huit jours le château de Beauregard3. En novembre 1311, en compagnie de Béraud de Mercueil et de Jean de Châlon, il menace Saint-Trivier-de-Courtes. À chaque fois, il a conduit son action à partir des terres toutes proches d’un allié4 sans devoir se maintenir au milieu des territoires savoyards.
5Les actions sont d’assez courte durée, de deux à dix jours au plus et encore, dans ce temps est compté le voyage aller et retour depuis le château où se sont ralliés les clients jusqu’au but de la chevauchée (cavalcata). L’objectif des chevauchées est d’affaiblir l’adversaire, de lui causer des dommages ruineux en ravageant ses terres, en brûlant ses récoltes, en détruisant ses vignobles, ses fours et ses moulins et en incendiant ses villes5. À la moindre alerte, les paysans s’enfuyaient dans les bois ou dans les marais avec leur bétail, leurs outils et tout ce qu’ils pouvaient emmener. Les petites exploitations paysannes ont sans doute moins souffert que celles des seigneurs et il semble bien que la population rurale n’ait été, globalement, qu’égratignée dans ce conflit. Il n’empêche que la répétition des saccages et des dévastations finisse par faire fuir définitivement les paysans et que les terroirs se vident, privant les princes d’une part de leurs revenus66. Les salaires des soldats partant pour des chevauchées de ce genre regorgent dans les comptes de châtellenies savoyardes. On y trouve tous les degrés de la noblesse, des armements et des moyens militaires propres à chacun. Les chevaliers (milites), les chevaliers bannerets (cum banneria) montés sur de grands chevaux (magni equi) en armure de fer (cum ferra armatura), les damoiseaux (domicelli) sur des chevaux, les écuyers (scutiferi), les cavaliers (eques) et des berruriers (berrucani), les compagnons d’armes (socii), les clients (clientes) sur des coursiers (corserii), des roncins (roncini)7 ou à pied (pedites) et des sergents (servientes)8.
6Les chevauchées sont aussi des opérations complémentaires au siège des châteaux et des places fortes. L’ensemble de ces opérations relève d’une stratégie organisée consistant à affaiblir d’abord économiquement donc militairement son rival, puis de l’attaquer sur ses bases fortifiées, car ce qui domine dans cette guerre se sont les sièges de châteaux forts. Certes, ce que l’on se dispute entre Savoie et Dauphiné se sont les territoires mais surtout ce qui les représentent et les protègent aux frontières : les châteaux et les villes9. Mais les sièges ne s’éternisent guère, huit jours pour Beauregard en 1308, dix jours pour Saint-Germain en été 1321, dix autres jours à peine pour Corlier et Saint-Martin-du-Frêne en août 1330, Varey (1325) semble un peu plus long si l’on considère la trêve (dix jours) comme faisant partie du siège qui lui-même ne dura que huit jours effectifs.
7La guerre est un phénomène politique qui se diffuse de haut en bas par les décisions des princes qui s’efforcent de mener le conflit et de le gagner. Mais ce phénomène engendre des rivalités qui remontent de la base comme une force indépendante et incontrôlée. Les haines et les rancœurs entre seigneurs, entre villageois de part et d’autre de la frontière le montrent bien. Toutes les attaques ne sont pas commanditées par les princes, ainsi qu’en témoignent, en 1282, les provocations des gens de Mâcon dont on craint une invasion au point d’y envoyer un éclaireur10. La crainte est justifiée puisque deux années plus tard, ont lieu des négociations au sujet de Saint-Laurent-les-Mâcon qui se trouve en face de Mâcon, sur la rive savoyarde de la Saône11. En 1290, les gens du roi de France s’installent dans la maison du sire Perin Isnard12 à Saint-Laurent et en 1314, les Mâconnais placent des panonceaux aux armes de France sur la rive savoyarde de la Saône, de l’autre côté du pont, malgré les ordres de Philippe le Bel de ne point inquiéter le comte Amédée de Savoie dans les terres qui ne relèvent pas du roi13. Cette provocation ne s’envenime pas au-delà d’une plainte réglée par le Parlement de Paris en 1340, mais deux ans plus tard, les Mâconnais, soutenus par leur évêque, établissent des constructions à l’endroit où il y avait autrefois les panonceaux royaux. L’affaire se termine par une chevauchée convoquée à Bagé pour détruire ces édifices14.
8Ailleurs, par deux fois le châtelain savoyard de Saint-Germain intervient pour amener à la raison Bonazeth des Echelles et Edouard de Moranges, seigneurs voisins qui se détestent15. Il est d’autres exemples qui illustrent bien l’émergence naturelle d’affrontements à la suite d’établissements de frontières nouvelles. Ce sont les conflits entre villageois aux confins de la Bourgogne16 et du Revermont, dans la montagne du Bas-Bugey entre le Rhône et Belley17, en Savoie près de Montmélian18 ou vers les terres de montagnes du sire de ThoireVillars19. Les droits et les propriétés ne sont pas reconnus et des offenses et insultes sont faites entre villages voisins, mais qui dépendent, depuis peu, d’un autre seigneur. Plusieurs enquêtes et expéditions sont menées par le bailli de Bagé et le châtelain de Coligny pour remettre de l’ordre et préciser les zones d’influence de chacun des princes.
9Il arrive aussi que les provocations soient attisées, voire organisées par celui des princes qui n’a pas obtenu autant qu’il le souhaitait ou par celui qui a dû concéder plus qu’il ne voulait lors de rencontres diplomatiques précédentes. Ces agressions qui dégénèrent sont aussi un moyen de reprendre les hostilités durant une trêve et d’en faire porter la responsabilité à son ennemi. Les expéditions répressives organisées immédiatement pour que l’affaire s’envenime en sont une preuve20 et c’est bien par ces innombrables rivalités locales le long des frontières que la guerre delphino-savoyarde semble ne jamais pouvoir s’arrêter.
10La guerre delphino-savoyarde est donc pour l’essentiel, dans la Manche des Coligny comme dans les autres régions où se déroule l’affrontement, une suite interminable d’escarmouches, de provocations, de règlements de comptes et de sièges aux abords des limites territoriales. Les frontières sont à la fois les causes et les prétextes des discordes, principalement dans la région qui nous intéresse puisque celles de la Savoie et de la Bresse sont particulièrement proches l’une de l’autre. Ce qui pousse le comte à vouloir les joindre et le Dauphin à l’en empêcher. Tout empiétement de l’un sert de prétexte à l’autre pour se dire agressé, réagir et tenter, en contre attaquant, de s’approprier du terrain. Les prétextes sont d’autant plus faciles à trouver, que la plupart des limites sont floues et incertaines et ne peuvent se définir clairement qu’au cours de négociations et de diètes21, parfois secrètes. Mais ces rencontres ne sont possibles qu’après en avoir âprement et longuement décousu et que l’un des adversaires ait militairement pris le dessus sur l’autre. Avant que des accords, garantis par des gages de paix aboutissent à des échanges de terres, des paiements compensatoires, entre le Dauphiné et la Savoie, de très nombreuses escarmouches les ont opposés. C’est ainsi qu’il faut attendre 1334, soit plus de trente ans de guerre, pour que se règle, en partie, les conflits de frontières aux environs de Saint-Rambert et Saint-Germain et encore plus de 20 ans pour que la guerre s’arrête enfin entre le Dauphiné et le comté de Savoie.
Chronique de guerre
La guerre bourguignonne, 1282-1285
11La guerre s’allume dans cette région à cause des revendications bourguignonnes sur la Manche des Coligny. Parce qu’il est allié au duc de Bourgogne, le comte de Savoie doit faire face à une multitude d’agressions et d’exactions au nord-ouest de la Bresse où ses nouvelles terres sont sans cesse le terrain de chevauchées fomentées par les gens du comte de Châlon, allié du Dauphin. En 1285, les deux tiers des redevances en froment ne peuvent être versées au châtelain de Saint-Trivier-de-Courtes à cause des dévastations et de la misère des gens22. Ailleurs, le Dauphin et ses alliés, les sires de Thoire-Villars et les comtes de Genève ne cessent d’attaquer les biens savoyards. Le sire de Thoire réalise des chevauchées dans le Revermont, du côté de Treffort23 et en Bresse vers Châtillon-en-Dombes (sur Chalaronne, de nos jours). Depuis leur château de Varey, les gens du comte de Genève saccagent les terres de l’abbaye d’Ambronay.
12Le comte de Savoie n’est pas en reste et organise lui aussi des attaques et des actions répressives contre chaque agression. En 1282, une action de grande envergure est menée par le comte contre le château de Saint-Germain-de-Joux, dans le nord du Bugey. Le château est assiégé et bombardé par deux engins venus de Saint-Trivier-de-Courtes24. On ne sait pas si le château fut pris, mais le comte Philippe reçoit de nombreuses et importantes rançons dont celles de Guidon de Coligny, Guyonnet de La Barbe, Daniot Laffrey qui s’élève pour chacun à 12 livres en plus de celle du fils de Guillaume d’Aragon25. Cette même année 1282, la guerre reprend entre le comté de Savoie et la coalition du comte et de l’évêque de Genève et de la dame du Faucigny26. En 1285, des Dauphinois sont faits prisonniers devant Ambronay27 et des clients sont envoyés à la poursuite du bâtard Perrenet Julien, noble dauphinois, qui a commis des dégâts aux environs de Bourg-en-Bresse. En 1286, le comte de Savoie ravage le Faucigny. La paix signée en 1287 à Paris calme les protagonistes pendant quelques temps.
L’implantation savoyarde autour d’Ambronay (1298-1318)
13L’achat du Revermont, en 1289, par Amédée V relance le conflit entre la Savoie et le Dauphiné. En 1290, le sire de Thoire-Villars attaque le château de Treffort et en détruit les clôtures de bois. Pendant ce temps des hommes d’armes savoyards venus de toute la Bresse ravagent et brûlent les régions de Varey et de Corlier28. Cet état de guerre dure jusqu’en 1297, date à laquelle est signée une trêve.
14Cette trêve n’empêche pas les espions savoyards de parcourir sans cesse les terres dauphinoises (et inversement) afin de connaître l’état (statum) des troupes ennemies. Ainsi, aux environs de Pâques 1298, la trêve est rompue, car le comte apprend que le Dauphin rassemble une armée à Crémieu avec l’intention de traverser l’Ain, de saccager le chantier du château de Pont-d’Ain qui commence, puis de ravager la Bresse et attaquer Bourg29. Des clients venus de Saint-Trivierde-Courtes et de Bourg-en-Bresse renforcent les garnisons d’Ambronay30 et de Saint-André, d’autres viennent de Yenne pour épauler le château de Saint-Rambert31 afin que les alliés du Dauphin ne puissent passer. Finalement la campagne militaire dauphinoise ne se fait pas et les deux princes partent en Flandres. Le Dauphin pour se battre au côté du roi de France contre le roi d’Angleterre qui a reçu l’aide d’Amédée V32, comte de Savoie.
15Le chantier de Pont-d’Ain débute par le creusement d’une vaste tranchée destinée à barrer le promontoire sur lequel est construite en même temps la tour maîtresse du futur château33 et par l’établissement, sous celle-ci, d’une ville neuve, comme l’attestent les comptes de la châtellenie de Châtillon-en-Dombes34 et le compte d’œuvres de Pont-d’Ain35. Les chantiers de la ville et du château sont protégés, peu après Pâques de la même année, par des hommes en armes venant de plusieurs châtellenies bressanes et encadrés par Berlin d’Entremont, le châtelain de Saint-Rambert. Ces clients résident à Pont-d’Ain36 et à Ambronay37 afin de couper la route aux gens du Dauphin et protéger les convois de bois destinés à la construction des palissades de Pont-d’Ain38. Les risques sont bien réels puisque l’un des clients est fait prisonnier par les gens du Dauphin aux abords de l’abbaye alors qu’il quitte son temps de garde39. Pendant ce temps, le sire de Thoire-Villars et le Dauphin menacent Treffort et Montdidier dont le comte renforce les garnisons40 et les défenses par deux engins d’artillerie et un chaffal de bois41 (chaffalus). Au printemps 1301, Rodet de Langre, le châtelain de SaintRambert, s’en va avec deux hommes en armes participer à une chevauchée vers Voiron pendant six jours pour venger le viol de la frontière au molard de Planese42. Le sire de Thoire-Villars et le comte de Genève pillent les convois des marchands de draps qui, au retour des foires de Châlon43, de Pont-d’Ain à SaintRambert, traversent la plaine pour se rendre en Savoie puis en Italie.
16Au début de l’année 1302, le comte de Savoie avait envoyé plusieurs châtelains de Bresse aux foires froides de Lagny en Champagne et à Châlon-sur-Saône. Ils y ont présenté une lettre de celui-ci au capitaine des Lombards et aux divers consuls et marchands, leur demandant de passer désormais par la Bresse et le Bugey en raison des dépenses qui ont été faites ici pour réparer des ponts (sur le Suran et sur l’Ain) et leur offrir d’autres facilités (accompagnements armés). Les marchands et leurs porteurs doivent faire le serment de passer par cette route et non par une autre, en particulier celle qui, après Lyon, passe par le Viennois et l’Ile de Crémieu44. Cette obligation de passer par la Bresse et le Bugey fait suite au traité établi en 1300 avec les Gênois fixant l’itinéraire entre la France et l’Italie du nord par les Alpes (via la Maurienne et le Val de Suse)45. Ces dispositions augmentent encore les nombreuses causes du conflit delphino-savoyard. Le Dauphin perdant ainsi les revenus des péages par lesquels passaient normalement les marchands.
17En 1303, d’autres menaces pèsent sur Ambronay et la garnison est renforcée par des équipes de quatre à cinq clients se succédant respectivement les unes aux autres pendant neuf jours46. À Lompnes (près de Hauteville) le châtelain de Saint-Rambert bloque la route de Nantua avec onze hommes en armes pour que le sire de Villars, qui à l’intention d’assiéger le Barrioz47, ne puisse être ravitaillé48. En 1304 et 1305, des clients en armes venant parfois d’assez loin se regroupent autour du prince Edouard de Savoie pour s’opposer à Jean de Châlon qui, selon le témoignage des espions et d’Hugues de Varinoles, se trouve à La Truchère avec son armée dans l’intention de ravager les terres de Bagé49 puis de traverser la Bresse pour rejoindre les terres du Dauphin et assiéger Pont-d’Ain et Ambronay50. Durant toutes ces années, les garnisons de la région sont renforcées51. Un certain Rochaiz Villain est enfermé à Treffort avec d’autres hommes pour avoir voulu livrer au sire de Thoire le château de Jasseron que le comte de Savoie venait d’acquérir pour moitié52 avec les terres et les dépendances, ainsi que tout ce qui restait à Etienne de Coligny dans le Revermont53. Le château était alors dans un état de délabrement important et incapable de se défendre. Les affrontements ont donc lieu en même temps54, un peu partout le long des frontières au gré des actions officielles et des agressions particulières. Ces opérations militaires d’importances variables, n’empêchent pas de tenir en même temps des négociations en d’autres lieux peu éloignés55.
18En 1304, les constructions du château et de la ville de Pont d’Ain sont bien avancées et le site est capable de se défendre. La garnison permanente du château comprend à cette époque, en plus du châtelain, dix clients en armes, deux guetteurs et un sonneur de trompe (bayeta ou baeta). Le pont a été entièrement reconstruit et est protégé par un chaffal à chacune de ses extrémités, plus un autre au milieu du tablier. Dans chacun d’eux résident en permanence des clients en armes. Saint-Rambert et Pont-d’Ain sont donc de solides têtes de pont qui permettent au comte de Savoie, aux troupes et aux marchands de franchir la plaine d’Ambronay à partir de points bien défendus. Mais non loin de là, le Dauphin demeure maître des châteaux de Saint-Germain qui contrôle l’entrée de la vallée de l’Albarine et domine Ambronay et la plaine de l’Ain. Les voyageurs, allant de Bresse en Savoie ou inversement, sont obligés de faire un long et périlleux détour en passant par la montagne pour rejoindre Saint-Rambert et, de là, rallier Chambéry et l’Italie. Pour protéger ce passage, le comte de Savoie, par l’intermédiaire de son fils Edouard, fait construire une bâtie, en 1305, sur la montagne de Luisandre56. Pour protéger les ouvriers et les transports de matériaux, Edouard est accompagné par cinq chevaliers bannerets, dix sans bannières et soixante six écuyers plus un nombre indéfini de clients en armes57. Avec cette fortification nouvelle, le voyage à découvert est moins long entre Ambronay et Saint-Rambert, mais c’est aussi un moyen de s’implanter dans une marche mal définie et d’occuper le terrain qui sépare le Bugey de « l’île terrestre » que forme Ambronay et son abbaye.
19La poussée savoyarde se fait sur d’autres autres fronts où des problèmes de frontières se posent avec les seigneuries voisines. C’est aussi un moyen de diviser les capacités de réaction des ennemis en les empêchant de s’unir militairement. Au tout début du mois de janvier 1305, une importante chevauchée contre le sire de Thoire-Villars est organisée depuis Saint-Rambert vers la grange de Recuse, dans la montagne de Noire-Chaux au-dessus de Varey et de Poncin. On ne connaît ni les buts ni les conséquences de cette expédition, car les comptes parlent tous « d’une affaire secrète ». Pourtant le châtelain de Saint-Rambert s’y rend avec sept cavaliers et 135 clients58.
20Deux prisonniers faits par les gens de Voiron, durant une chevauchée contre le Dauphin du côté de Saudon59, sont amenés à Saint-Rambert sur ordre du comte pour y être gardés. Mais les hommes qui les encadrent n’acceptent de les livrer que si le châtelain leur paye la rançon qu’il devra récupérer au rendu de son compte. Celui-ci hésite. Jacques du Quart, le bailli de Savoie, ordonne au châtelain de payer le transfert des deux hommes puis de les remettre aux mains de Guichard d’Yllins60.
21Le Dauphin et le sire de Thoire-Villars réagissent avec véhémence aux avancées territoriales du comte qui, à terme, menacent de couper leurs communications. Une série d’actions est menée contre les intérêts savoyards. D’abord, le Dauphin fait construire une bâtie aux Allymes, sur la montagne en face de Luisandre et un ensemble d’attaques est mené dans la région en 1305, par lui et ses alliés. L’abbaye d’Ambronay est assiégée durant une quinzaine de jours61 par un grand nombre de soldats dauphinois, renforcés par les troupes de Louis de Villars, l’archevêque de Lyon. Le comte de Savoie est en Bresse où, averti par ses espions, il a levé une armée composée de 694 hommes enregistrés et payés par les receveurs généraux auxquels il faut ajouter ceux qui sont soldés directement par les chevaliers qui les encadrent. Des renforts venus d’autres régions comme les chevaliers bannerets Hugues de Seyssel, Pierre de Alto-Vilar, le sire des Arvins et Amédée de Felens sont accompagnés chacun de plus de deux cents hommes en armes. La résistance d’Ambronay, la vitesse d’intervention du comte et la puissance de son armée font que les Dauphinois se retirent. Le comte libère une partie de son armée le 14 septembre et le reste deux jours plus tard. Cet échec dauphinois calme les conflits durant l’année 1306 et pendant la trêve qui est établie pour la région, le comte de Savoie s’occupe de fortifier ses positions, principalement à Pont-d’Ain62.
22Le comte Amédée V relance le conflit à la fin de l’année avec une course organisée par les gens d’Arandas qui permet de faire des prisonniers63 dans la montagne au sud de Saint-Rambert. Puis au début de l’année 1307, une armée composée en grande partie d’hommes d’armes venant de Bresse et du Bugey s’en va assiéger et prendre le château d’Entremont (au sud de Chambéry)64. En représailles, le sire de Thoire et Jean de Chalon préparent les sièges de Nantua et de Saint-Germain-de-Joux à la fin septembre, puis le sire de Thoire-Villars attaque le chantier de réparation du château de Jasseron. À cette occasion, un nommé Marcel, vassal local, est condamné à 5 sous d’amende pour ne pas être accouru à la défense du château quand fut lancé « le cri de Jasseron », à l’approche des ennemis65. À la fin du mois de septembre, le comte de Genève menace Seyssel où se trouve le comte de Savoie, alors aux prises avec des « négociations épineuses » (arduis negociis). Des clients sont envoyés depuis Saint-Rambert pour lui prêter main forte tandis que le châtelain de Saint-Rambert, en compagnie de six clients et de Pierre de Montfaucon, bailli du Bugey, tente de prendre le comte de Genève à revers.
23Au début de l’année 1308, se produit un événement qui aurait pu avoir des conséquences très importantes sur les positions savoyardes dans la plaine d’Ambronay. À cette époque, le châtelain de Saint-Rambert est également celui d’Ambronay où il est représenté par un prévôt. La garnison ne se compose ici que de trois clients qui restent deux à trois jours, puis sont remplacés par d’autres. Cette garnison est étonamment faible, eu égard à l’importance stratégique d’Ambronay et à la fragilité de sa position topographique. Cette faiblesse est exploitée par les habitants qui n’ont jamais beaucoup apprécié la protection savoyarde. Cela se sait, cela se dit, au point d’alarmer le prévôt, l’abbé Guillaume, le capitaine représentant le comte et le châtelain de Saint-Rambert qui, dès le 29 juin 1307 (fête des saints Pierre et Paul), demandent un renforcement de la garnison. Le comte et le châtelain sont donc informés, mais, mal renseignés par les espions et les « écouteurs » (escutes), ils s’attendent plutôt à une action contre le chantier de Pont-d’Ain dont la garnison est renforcée par douze clients supplémentaires, pendant tout le mois de décembre 130766. On y bouche la porte de la ville du côté de Varambon.
24Finalement à la fin février 1308, des partisans dauphinois qui résident à Ambronay trompent la vigilance de l’abbé en se déguisant en moines et pendent celui-ci dans l’église. Il n’y avait peut-être pas de soldats dauphinois prêts à leur venir en aide ni pour les défendre ensuite et cette action semble ne pas avoir été commanditée, ni même concertée. Ce qui pourrait se vérifier par l’ordre donné par le comte, dès qu’il fut averti par les messagers envoyés de Saint-Rambert à Belley, où il se trouvait alors. Il fait bloquer toutes les routes afin que la nouvelle ne se répande pas et que le Dauphin ne puisse profiter de cette aubaine. Ainsi onze hommes de la châtellenie de Saint-Rambert ferment les passages autour d’Ambronay67. Au mieux, il a pu se trouver quelques hommes d’armes dauphinois qui sont venus prêter main forte aux habitants depuis la bâtie des Allymes. En tout cas, Ambronay n’a pas été prise en 1308 par le Dauphin au sens où on l’entend généralement68, c’est-à-dire par une action armée ou à l’issue d’un siège.
25L’armée de contre attaque est regroupée à Saint-Rambert dans la semaine suivante. L’opération est plutôt une grosse chevauchée, ainsi que la présentent les comptes, car il n’y a que 191 clients et une trentaine de cavaliers. Mais la ville est petite, ses défenses sont en bois et il ne faut pas éveiller les soupçons des gens de Saint-Germain et des Allymes, qui observent sans cesse les mouvements savoyards. Cette chevauchée, dont le sénéchal est Hugues de la Rochette, se compose de clients venus des châtellenies de Saint-Rambert, Seyssel, Lompnes, Saint-Trivier-de-Courtes et Bagé69. L’un d’eux en se rendant à cette chevauchée se permet de déshabiller la servante d’une auberge, un autre vole une chatte, un troisième vole une poule et du pain70, ce qui vaut à chacun une condamnation à leur retour.
26Dix échelles ont été fabriquées à Saint-Rambert et chacune d’elles est transportée à pied, dans la nuit du 3 au 4 mars, par deux hommes. L’assaut à lieu à l’aube71 du samedi 4 mars. La ville d’Ambronay est très rapidement prise et seuls trois hommes d’armes savoyards sont blessés au cours de l’attaque. Le comte ordonne de les indemniser72. La ville est livrée au pillage bien que le traité de pariage de 1282 stipule que jamais la ville ou l’abbaye ne devrait connaître un tel traitement quelles que soient les fautes commises par les gens d’Ambronay contre leur protecteur. Mais le comte devait marquer sa colère et donner une leçon aux bourgeois d’Ambronay et à ceux des villes qui auraient eu des velléités de changer de camp. Cet épisode illustre bien le type de guerre faite de places perdues et reprises, de surprises, de ruses et de ravages rapides durant lesquels les combattants trouvent un profit immédiat par le butin qui s’ajoute à leur solde.
27Une fois les esprits calmés et les responsables arrêtés,73 le comte renforce la garnison74. D’abord pour parer à toute tentative dauphinoise de reprise de la ville puis pour se garder des habitants. Ce renfort est obtenu par la venue d’hommes d’armes de toute la Bresse et du Valromey75. Chacune de ces équipes de renfort garde la ville et les fortifications à tour de rôle pendant dix à vingt jours. Elles sont respectivement composées de dix clients en armes.
28Alors que se déroulent les événements d’Ambronay, d’autres actions guerrières ont lieu entre Savoie et Dauphiné. Dans le Chablais, non loin de la frontière du Faucigny, les deux châteaux des Allinges dont le neuf est savoyard et le vieux dauphinois se bombardent et s’attaquent sans cesse. Ils ne sont séparés l’un de l’autre que par les quelques dizaines de mètres que forment les fossés. Finalement la bataille est gagnée par le comte de Savoie qui devient le maître des deux châteaux76.
29Poursuivant l’offensive après la reprise d’Ambronay, le comte déplace les lieux du conflit en organisant plusieurs opérations consécutives le long de la frontière orientale des terres de montagne du sire de Thoire. La première est commandée par le bailli de Bâgé contre le château de Saint-Martin-du-Frêne, au sud de Nantua. Six hommes de la châtellenie de Saint-André-enRevermont y participent. Puis peu avant la Pentecôte, une chevauchée de trois jours a lieu du côté de Nantua77 et une autre vers Arlod. Le Dauphin riposte et profitant que beaucoup d’hommes d’armes bressans sont fixés contre son allié. Il pénètre avant dans la Bresse depuis les terres de Jean de Châlon, son allié, et met le siège devant le château de Beauregard, en bordure de la Saône, à la frontière de la Bresse avec les terres de Trévoux du sire de Thoire-Villars. Au bout de huit jours, il est obligé de fuir pour ne pas être pris par une troupe de secours, partie de Saint-Rambert.
30En 1309, le sire de Thoire-Villars et l’abbé de Saint-Claude, accompagnés par des gens de l’abbaye de Chezery78 assiègent le château de Chelemo qui est aussitôt secouru par le châtelain de Saint-Germain-de-Joux qui accourt avec 60 hommes en armes. Dans la région d’Ambronay, on s’épie et on s’espionne de manière permanente. Ainsi, quatre espions savoyards demeurent cachés dans la montagne au-dessus du château de Saint-Germain-d’Ambérieu d’où ils surveillent pendant dix jours et dix nuits consécutifs, les allers et venues autour de ce château79. Ces surveillances n’empêchent pas les gens du Dauphin de venir incendier les défenses d’Ambronay en 1310. Le comte décide alors d’y augmenter la garnison permanente et de faire construire ici deux fortes tours en pierres80. Pour cela, on fait livrer quantité d’avoine à Arthaud de Montfaucon, le châtelain de Saint-Rambert et maître d’œuvre des tours d’Ambronay pour nourrir les bêtes chargées du transport des matériaux. Les pierres sont acheminées depuis Douvres et vingt clients, armés de fer protègent, pendant deux années entières, le chantier et les transports. On apporte des fléchons (flechones) et des carreaux (carrelli) pour les arbalètes81. Les tours sont terminées en 1312. A cette époque, elles sont les seules constructions en dur, tout le reste, notamment la courtine qui les relie, est en bois. Des pourparlers s’engagent pendant trois jours, en juin 1311, à propos de la frontière. Pierre de Salanove et Antoine de Clermont y participent pour la cause savoyarde. D’autres négociations ont lieu en août 1312, mais elles n’aboutissent pas et le comte de Savoie dont la position est désormais plus affirmée, grâce aux tours d’Ambronay, peut se permettre de poursuivre sa politique de jonction entre l’abbaye et Saint-Rambert. À cet effet, il fait transformer la bâtie de terre et de bois de Luisandre en une fortification de pierre82 ce qui relance évidemment le conflit après les tentatives de trêve de l’été. Les gens du Dauphin réagissent aussitôt en venant attaquer le chantier et en construisant à leur tour des défenses en maçonnerie aux Allymes83. Le comte arme la bâtie neuve de Luisandre en y faisant venir des arbalètes à tour et des carreaux depuis Ambronay84 puis il fait construire un trébuchet et une bricole avec une grande quantité de projectiles85. Des attaques sont lancées contre le chantier des Allymes86 et contre les châteaux dauphinois voisins tel celui de Saint-Germain qui est incendié avec son bourg87. Quatre clients parviennent aussi à incendier les loges des ouvriers dauphinois des Allymes.
31En 1313, se joue une partie importante et primordiale dans cette région. Le Dauphin arrive à Saint-Germain avec une armée et menace toute la contrée, mais la protection militaire que le comte de Savoie avait mise en place dans tous les châteaux environnants tant du point de vue humain que matériel rend difficile l’intervention dauphinoise88. Finalement des négociations sont organisées et une trêve est décidée89. Le Dauphin quitte Saint-Germain et s’en va mettre le siège, avec son armée, devant le château de La Perrière qui est soutenu par des renforts et des engins90. Aussitôt, dix cavaliers savoyards en profitent durant une journée et une nuit pour ravager les alentours de Saint-Germain. Pendant ce temps, en novembre, 15 clients savoyards saccagent les terres appartenant au sire de Thoire-Villars, du côté de Faysses ainsi que dans les environs de Montdidier91. Le Dauphin, quant à lui, fait édifier une bâtie à La Balme. Soixante clients en armes menés par le seigneur de Buenc viennent renforcer les garnisons du château et du pont de Pont-d’Ain. Puis toutes ces agressions et ces menaces finissent par s’estomper et à la fin de l’année 1313 des négociations organisées à Dorvan92, entre les gens du Dauphin et les nobles savoyards, Guillaume du Molard, Henri de La Balme, Humbert Roux et Humbert Vilain, aboutissent en janvier 1314, à un accord plus général signé à Villar-Benoît en Dauphiné93. À l’issue des négociations arbitrées par les évêques de Grenoble et de Tarentaise, une trêve assez longue est prévue : les places d’Ambronay, La Palud, Villeneuve, Saint-Jean-de-Bournay et Maubec demeurent au comte. La Boisse prise par le Dauphin est rendue à la Savoie après que la bâtie eut été détruite et que le comte se fut engagé à ne pas la reconstruire. Aucun des belligérants ne pourra fortifier davantage et en dur les bâties des Allymes et de Luisandre. Le comte abandonne Montrevel, Meyssieu et Danthesieu au Dauphin94. On nomme des gardiateurs pour surveiller le respect de cette trêve95. Mais celle-ci ne dure que quelques semaines. Elle est brisée par le Dauphin qui groupe une armée et menace d’attaquer Pontd’Ain, à ce que disent les espions. Craignant alors une trahison des bourgeois, le bailli de Bresse, Humbert de La Salle, ordonne au châtelain de murer la porte de la basse-cour « par laquelle on descend vers la ville ». On fait venir un artilleur de Bourg-enBresse afin qu’il prépare les carreaux et les cordes des balistes96.
32L’attaque de Pont-d’Ain n’a finalement pas lieu et les trêves sont reconduites pour la région. Respectant les accords, le comte de Savoie fait désarmer en partie la bâtie de Luisandre. Quatre balistes et les cordes des engins sont portées à Varambon, à l’ouest de Pont-d’Ain, chez un vassal du comte. Mais ce dernier se méfie et fait venir des pièces de bois pour construire deux engins et deux trébuchets avec des perches et des frondes de rechange. Malgré tout, les années 1315 et 1316 sont relativement calmes, mise-à-part la prise d’une charrette de sel par le sire de Villars. Aussitôt une expédition punitive est organisée contre lui et les soldats lui volent un charroi de fromages97.
33D’autres négociations se font à Dorvan, à propos de la frontière dans la montagne entre SaintSorlin et Saint-Rambert. Elles aboutissent à des accords selon lesquels le comte de Savoie est obligé de détruire la bâtie construite dans ces environs par Jean de Châtillon. Les trêves se poursuivent jusqu’en 1318, temps durant lequel sont construits les châteaux des Allymes et de Luisandre en dépit des accords de janvier 1314. En 1317 ou 1318, un bourg est établi à côté de chacun des deux châteaux. Celui de Luisandre accueille 28 chefs de famille à l’intérieur d’un enclos délimité par 500 pieux98. Quelques mois plus tard, ils ne sont plus que 26 chefs de familles. Deux d’entre eux ne sont pas restés, peut-être par peur de la guerre. A la même époque, en 1317, Ambronay devient une châtellenie indépendante de Saint-Rambert et le premier châtelain, le moine Jean d’Aix s’occupe de la construction en dur des murailles d’Ambronay99, tandis que le comte doit se prémunir des attaques menées par les Bourguignons de Cuiseaux contre Varennes et Saint-Sauveur, au nord du Revermont100.
34Le comte de Genève relance le conflit et des chevauchées répressives, dans lesquelles se trouvent des Savoyards de la région, ont lieu à Dorvelle en 1318101. Le Dauphin attaque pour la troisième fois le château de La Perrière en 1319. Il ne parvient pas à le prendre et par dépit, il livre le bourg au pillage et à l’incendie102. Cette même année, le comte de Genève instaure un péage à Varey que les clients de Pont-d’Ain s’attachent, en vain, à détruire103. D’autres actions ont lieu à Avallon du 12 au 21 mars 1320, à Seyssel pendant 13 jours quand le comte de Genève assiège la ville et le château, à Genève pendant six jours à partir du 14 septembre 1320, à Faverge pendant 6 autres jours, à partir du 18 octobre de la même année, à Varey les mercredi et jeudi avant la Toussaint 1320 à Châtillonde-Michaille le 2 janvier 1321. Un rassemblement est organisé à Saint-Genix en 1320 et de ce château le prince Edouard et une armée partent ravager les terres du comte de Genève à Varey et celles du Dauphin en Viennois104.
La grande offensive savoyarde, 1320-1334
35Début novembre 1320, des espions savoyards reprennent la surveillance dans les environs de Saint-Germain-d’Ambérieu et de Lagnieu. Sûr de lui et de ses positions, maintenant que Luisandre est terminé et le bourg d’Ambronay en partie entouré d’une enceinte de pierre, le comte de Savoie fait incendier le bourg des Allymes par Griset de Gratour, bourgeois de Luisandre qui gagne 100 sous pour cette action. Plusieurs bêtes et plusieurs personnes sont mortes dans l’incendie105. Les espions savoyards s’infiltrent partout pour savoir d’où va venir la réaction. La garnison de Luisandre est renforcée, les guettes sont faites par deux femmes. Le châtelain de Pont-d’Ain réclame une augmentation de sa solde, car celle-ci avait été établie en temps de paix, mais elle ne vaut plus maintenant que la guerre est menaçante106.
36Le Dauphin proteste. Le comte fait semblant de s’excuser auprès de Jacques Gros, notaire du Dauphin, venu à Saint-Rambert peu avant le 24 février 1321 pour recevoir le serment savoyard de respecter les trêves107. Mais le comte de Savoie a décidé de profiter de ses positions fortifiées pour passer à l’action et quelques jours plus tard, vers le 10 avril 1321, une chevauchée ravage pendant deux jours les terres autour de Lagnieu, puis aussitôt après, sur ordre du bailli du Bugey, un trébuchet est installé sous les murs du bourg d’Ambérieu-en Bugey. Après deux jours, l’engin ouvre une large brèche, le bourg est envahi et pris. Les Savoyards se tournent alors contre la bâtie de Chausson (Saint-Denis) qui est, elle aussi, enlevée très rapidement, puis vers Lagnieu108 afin de ravager les terres environnantes pour affaiblir et impressionner l’ennemi. La prise du bourg d’Ambérieu-en-Bugey et le ravage des terres ont donc été réalisé avant le siège du château de Saint-Germain puisque l’armée comtale est convoquée à Belley pour le mercredi de la quinzaine de sainte Marie Madeleine, c’est-à-dire peu après le 22 juillet109.
37Il peut paraître étonnant que l’armée savoyarde se regroupe si loin de l’objectif, mais cela peut s’expliquer par deux considérations. D’abord par la proximité de Chambéry qui permet au comte d’organiser l’opération depuis ses bases les plus fortes et les plus solides. Ensuite, et c’est peut-être la raison principale, il s’agit de tromper l’ennemi. Les espions dauphinois ont sans doute informé leur prince de la convergence des troupes savoyardes et des engins de guerre à Belley. Mais la situation de cette ville à mi-distance de deux zones de conflits radicalement opposées du point de vue géographique, Saint-Rambert et la Novalaise, pouvait le tromper sur la direction qu’allait prendre l’armée et la région que le comte allait attaquer. En supposant que le Dauphin ait les moyens de se garder sur les deux fronts, il divisait malgré tout ses forces et rendait l’opération savoyarde plus certaine quant à ses objectifs.
38Pour se garder de la réaction dauphinoise, le château, le pont de Pont-d’Ain et la ville d’Ambronay reçoivent des renforts. Des digues sont installées, dans le cours de la rivière, pour empêcher les ennemis de traverser l’Ain avec des radeaux (razelli). Ces digues escloses ou torne sont faites de grandes cages de bois appelées jaynes ou boydets remplies de pierres, reliées entre elles par des faisceaux de lattes et de verges tressées110. La décision d’attaquer le château de Saint-Germain est ferme et résolue.
39C’est un élément stratégique primordial dans la campagne militaire de grande envergure que le comte a décidé de mener dans la région. Le château de Saint-Germain est isolé depuis que la ville d’Ambérieu est occupée et que le comte a pris soin d’affaiblir les environs. La vallée de l’Albarine est entièrement sous son contrôle. Le péage de Saint-Rambert fonctionne sans interruption. Les routes sont gardées par des clients et les marchands sont escortés par neufs hommes à cheval et armés de fer111.
40Le châtelain de Saint-Rambert rejoint l’armée à Belley avec les clients venus de Bresse. Il a reçu trois ordres identiques pour cela, l’un émanant du comte, l’autre du bailli et le troisième du conseil du comte. Ce qui prouve que ce qui se prépare relève d’une décision réfléchie et organisée, avec des buts bien précis : à savoir se rendre maître de toute la partie occidentale de la montagne depuis Saint-Rambert et ainsi contrôler complètement la route qui mène à Chambéry par cette vallée. Il faut dominer la plaine d’Ambronay et ne plus craindre les menaces que fait peser constamment le château de Saint-Germain. C’est aussi le moyen de rejeter géographiquement le Dauphin à l’écart du passage entre Pont-d’Ain et Saint-Rambert et lui rendre quasiment impossible sinon inutile la tenue de la bâtie des Allymes.
41L’armée savoyarde se met en route et passe par Rossillon et la cluse des Hôpitaux, puis descend la vallée de l’Albarine et arrive à Saint-Rambert. Seul, le châtelain du lieu s’y arrête pendant deux jours, le temps de récupérer deux enclumes, trois maillets de fer et trois charges de charbon de bois pour les forge rons qui auront à préparer les ferrures des engins et réparer les armures. Il rejoint le siège avec également une presse, quatre pics, trois pioches et trois houes pour les mineurs112.
42Pendant ce temps, des espions parcourent le pays dauphinois pour connaître les positions ennemies. Des hommes en armes bloquent les passages vers la bâtie de Montanges, au nord du Bugey, afin que les troupes du sire de Thoire-Villars, du comte de Genève et du comte de Gex ne puissent profiter de l’occasion pour attaquer des châteaux qu’on ne pourrait venir secourir113.
43Le siège est mis devant le château et principalement sur la façade orientale où sont installés les engins. Ailleurs, le château est quasiment inaccessible puisqu’il est construit au bord d’un à-pic, mais il est encerclé de toute part, puisque la vallée de l’Albarine et Ambérieu sont sous contrôle savoyard. Les engins sont apportés en pièces détachées depuis plusieurs endroits (Ambronay, SaintRambert, Pont-d’Ain) par des chariots tirés par les bœufs des corvéables114. On recense un chat115, une truie, un trébuchet, et un mangonneau. La châtellenie de Yenne paye les vaches, le vin, le pain, les pavillons et les ustensiles de cuisine acheminés par bateaux sur le Rhône, depuis Seyssel jusqu’au port de Chantemerle116.
44Ces engins détruisent très rapidement toutes les toitures et défoncent les fenêtres des bâtiments, puis les courtines contre lesquelles s’appuient les loges entre la grande tour et l’aula. La grande tour est, elle aussi, touchée tandis que le mur en avant du château est quasiment rasé dès le début des opérations117. Les défenseurs sont particulièrement motivés et bombardent les troupes du comte. Le bailli de Bresse est blessé et son cheval est tué par un projectile. Celui d’Antoine de Clermont et de plusieurs autres nobles sont également blessés118. Cependant il y a de nombreux morts du côté dauphinois119 et le château ne semble pas pouvoir résister encore longtemps.
45Le Dauphin et son régent ne restent pas sans rien faire. Ils tentent de regrouper une armée de secours à Crémieu et à La Balme, d’après ce que rapportent les espions savoyards envoyés dans les terres ennemies120. Mais les hommes du Briançonnais refusent d’obéir et ceux qui ont daigné se rendre aux mandements de Crémieux et de La Balme, en voyant les nombreuses défections, ont finalement déserté et regagné leurs terres121. Les difficultés financières du Dauphin sont sans doute à l’origine de ces défauts. Les nobles et les hommes d’armes dauphinois doutent d’être payés et ne prennent pas le risque d’engager leurs montures, leur équipement et leur vie pour un salaire très aléatoire. Ils n’avaient pas tort puisqu’en 1337, les bourgeois de Bourgoin réclament encore le remboursement des 217 livres correspondant aux vivres fournis au régent Henri pour l’armée de secours122.
46Le mercredi 19 août123, les défenseurs du château dont l’effectif est largement affaibli sont incapables de résister plus longtemps et, se rendant compte qu’ils ne seront pas secourus, ils finissent par négocier. Le comte accorde une trêve de quatre jours à l’issue de laquelle le château lui sera remis si aucun secours ne lui est donné. Toute la garnison sera épargnée et libre. Pour se garantir de cette clause, il exige 26 otages qui sont gardés sans lien parce qu’ils sont nobles, chacun par deux gardiens dans le château de Saint-Rambert. Pendant cette trêve, le comte de Savoie s’en va attaquer Saint-Sorlin, au bord du Rhône près de Lagnieu, tandis que le reste de ses troupes reste devant le château. Une fois la trêve écoulée, c’est-à-dire le dimanche124, les défenseurs se rendent sans condition, les otages sont ramenés à Saint-Germain et, une fois le château entièrement maîtrisé par les Savoyards, ils sont libérés125.
47Du départ de l’armée à Belley, jusqu’à la prise complète du château, l’affaire aura durée 28 jours. Le Dauphin arrive à Lagnieu puis à Saint-Sorlin, le 5 septembre, mais il est trop tard, les deux bourgs sont déjà ravagés. Il menace néanmoins de reprendre Saint-Germain et Lancelot de Châtillon, le capitaine de la garnison savoyarde du château, requiert des renforts. Il est soutenu par le châtelain de Saint-Rambert et quinze hommes en armes avec des chevaux. On apporte d’Ambronay le trébuchet qui avait servi à abattre les murs d’Ambérieu126. La garnison de Luisandre est également renforcée et tous les châteaux savoyards des environs sont sur le pied de guerre et s’apprêtent à se défendre ou à secourir celui que le Dauphin attaquera127. C’est, sans doute, à cause de cette solide organisation défensive du réseau castrai que le Dauphin et le régent jugent impossible de reprendre Saint-Germain pour l’heure et que finalement, ils n’entreprennent aucune action.
48L’analyse des textes donne de la prise du château une histoire radicalement différente de celle des chroniqueurs du XVe siècle dont la version est ensuite reprise à l’unisson par d’autres, puis par les historiens du XIXe siècle. La première relation du siège est donnée en 1428 environ par Jean d’Orville, dit Cabaret, chroniqueur officiel du comte Amédée VIII. Il écrit dans Les chroniques de la maison de Savoie128 que le siège s’éternisant et le château pouvant résister encore longtemps, le comte Amédée V fit mine de lever le siège. Il fait incendier son camp et quitte les lieux avec une partie seulement de son armée, l’autre restant cachée dans les bois de la montagne proche du château. Il est suivi par une partie des défenseurs qui pensent l’attaquer par derrière. Ils affaiblissent en fait la défense du château dont la basse-cour est prise par les hommes restés dans la montagne. Le comte, revenu sur ses pas, saisit et massacre ceux qui le suivent. Jean Servion129, vers 1465 reprend cette version qui glorifie Amédée V en en faisant un chef de guerre rusé. Champier130 en fait autant en 1516, de même qu’André du Chesne131 en 1628 et Samuel Guichenon en 1650132. Les historiens du XIXe siècle ne vérifient pas et perpétuent la légende133.
49Dès le mois de septembre, le comte fait réparer le château. On construit une enceinte pour protéger un bourg neuf que l’on installe dans la vallée, plus près du péage, alors que l’ancien était juste en dessous du château. La garde dans la vallée de l’Albarine est renforcée par une maison forte prise à un noble dauphinois au lieu-dit les Balmettes entre Saint-Germain et Saint-Rambert. L’entretien de la garnison et de cette maison est assuré par la châtellenie de Pont-d’Ain en attendant que les recettes du péage, déplacé de Saint-Rambert à Saint-Germain134 et celles de la châtellenie puissent les prendre en charge135, car pour l’instant ces recettes servent aux réparations du château. Près d’Ambérieu, une autre maison dite de Tiret est une première défense en direction d’Ambronay. On établit, un peu plus tard, la valeur des maisons nobles dauphinoises dans le bourg et les fiefs relevant du château136. En 1322, après études des fortifications en place, il est décidé de remplacer ce qui reste de palissade à Ambronay par une muraille en pierre137, les murs de Saint-Germain et ceux du bourg d’Ambérieu sont relevés.
50En prenant le château de Saint-Germain, le comte avance d’un bon pas dans sa politique de liaison de la Bresse à la Savoie et marque un point très important dans sa lutte contre le Dauphin pour le contrôle de la région. Il s’est assuré une implantation complète sur tout le massif montagneux à l’ouest de Saint-Rambert et dans la vallée de l’Albarine jusqu’à son débouché dans la plaine de l’Ain. Les marchands ne sont plus obligés, depuis Ambronay, de passer par la montagne entre Luisandre et les Allymes et, outre la facilité du chemin, la distance est nettement plus courte. Le contrôle des terres et des droits qui s’y attachent, augmentent ses revenus donc ses moyens militaires dans la région tandis que ceux du Dauphin diminuent d’autant et même davantage puisqu’il doit indemniser tous les nobles qui lui sont restés fidèles et qui ont émigré. Il conserve ces fidèles avec des rentes faites sur les revenus des châtellenies de Chatte, Chevrières, SaintMarcellin et sur le moulin de Chazey-sur-Ain138.
51Le château dauphinois des Allymes ne peut causer beaucoup de torts compte tenu de son isolement et des grandes difficultés que le Dauphin a désormais pour l’entretenir et le ravitailler. Il ne peut le faire qu’au prix d’un long détour, avec de grands risques et de façon très modeste, avec seulement un couple d’ânes pour ne pas être repérer. De ce fait, la garnison est réduite au châtelain et à deux hommes d’armes139. Même si le comte de Savoie peut penser que cette enclave dans ses nouvelles possessions peut être symboliquement gênante et pourrait aussi, en cas de revers, lui être néfaste, il ne la considère plus comme dangereuse et ne fait effectuer aucune manœuvre contre elle.
52Le Dauphin se tourne vers d’autres fronts, en particulier en Bresse où ses troupes passent l’Ain et s’en vont faire une chevauchée dans les environs de Chalamont pour saccager les terres du sire de Beaujeu. Il poursuit son action par une chevauchée vers Bourg-en-Bresse à laquelle s’opposent des troupes savoyardes aux environs de Châtillon-en-Dombes. Deux clients dauphinois sont faits prisonniers et conduits enchaînés au château de Jasseron140. Le Dauphin attaque Saint-Laurent-du-Pont, le 12 novembre 1321. Les Savoyards le détournent de ce lieu en faisant une chevauchée contre Les Echelles141, à vingt kilomètres au nord de Grenoble. Les troupes dauphinoises se dirigent contre Geyriat et Seyssel142 où le bailli du Bugey est pris alors qu’il tentait de dégager le château. Pendant ce temps, une autre chevauchée savoyarde s’effectue contre Faverge-de-la-Tour, à quelque distance au nord de La Tour-du-Pin. Du 4 au 28 décembre, le comte assiège le Château de La Corbière sur le Rhône genevois143. Le châtelain de Billiat, en compagnie d’une dizaine de clients, garde les passages de Montanges, Leucey et Greyzin, sur la rive droite du Rhône, pour empêcher l’arrivée de renforts et de ravitaillements dauphinois et genevois144 · Le château résiste 10 jours, puis finit par céder et le comte se dirige alors contre Vareppes qu’il détruit après un âpre combat durant lequel le cheval du châtelain de Saint-Rambert est mortellement blessé. Puis ce dernier rejoint l’armée comtale qui va mettre le siège devant le château de Chabouz. En chemin, il est attaqué avec ses hommes par une troupe dauphinoise qui lui prend deux roncins, tue son coursier et font prisonnier un valet d’arme (garcio) qu’il rachète aussitôt. Le comte lui rembourse la rançon ainsi que la perte des bêtes. Amédée V décide, en 1322, de donner la Bresse en apanage à Aymon, son second fils qu’il considère comme l’héritier potentiel d’Edouard puisque celui-ci n’a pas d’enfant mâle pour lui succéder145. C’est à partir de cette date (le 15 juin 1322) que la Bresse devient effectivement l’apanage des héritiers du comté.
53Le Dauphin et ses troupes passent le Rhône et menacent à nouveau Ambronay et Saint-Germain, au début du mois de septembre 1322146. Il tient son mandement à Lagnieu. Le châtelain de Rossillon qui est aussi bailli du Bugey vient se tenir à proximité avec une petite armée. Malgré cela, le Dauphin parvient à faire incendier le bourg d’Ambronay. On soupçonne que des habitants aient, une fois encore, eu le désir de lui ouvrir la place. Des enquêtes sont menées sur les personnes dont on connaît les opinions pro-dauphinoises147. Le comte de Savoie où qu’il se trouve, à Chambéry comme au siège de La Corbière ou de Chabouz à l’époque de ces faits, est tenu informé de tous ces événements.
54Au début de l’été 1323, voulant profiter de l’affaiblissement d’Ambronay par l’incendie qu’il a fait mettre l’année précédente et des travaux de réparation qu’on effectue alors, le Dauphin s’approche de cette ville. Le châtelain de Saint-Rambert envoie aussitôt des hommes en renfort et crée une diversion en attaquant, derrière les positions dauphinoises, les terres de l’ennemi. Le Dauphin abandonne la partie, mais en collaboration avec Guigonet de La Palud, il fait édifier une bâtie à Saint-Maurice-de-Rémens, non loin à l’ouest d’Ambronay148. D’ici il menace dangereusement et en permanence l’abbaye, le château de Saint-Germain et les convois de marchands sur lesquels il peut fondre très rapidement et aller ensuite se réfugier en toute sécurité. C’est alors, le 16 octobre 1323, que meurt le comte Amédée V149.
55Edouard, le nouveau comte de Savoie, pour se parer de la menace dauphinoise, et sans doute pour préparer une opération contre le château de Varey, fait édifier à partir de 1324, à l’ouest du bourg d’Ambronay, en direction de la bâtie dauphinoise, une bâtie dans le même genre, c’est-à-dire faite de terre et de bois. Cette bâtie, appelée bâtie de Gironville, est reliée à Ambronay par un large fossé, bordé par un rempart de terre et une chaussée sur une longueur de 3 kilomètres environ150, ce qui empêche ou rend difficile tout passage entre elle et le bourg d’Ambronay. A l’est, une ligne de retranchement réunit la bâtie à la rive de l’Ain sur une distance légèrement inférieure. Le chantier est protégé par des troupes envoyées à tour de rôle par toutes les châtellenies de l’arrière front, telles celles de Saint-Rambert, Saint-André-en-Revermont, Jasseron. Ces troupes font des chevauchées de subversion pour empêcher toute velléité d’attaque contre le chantier151. Le bois des palissades et des chaffaux arrive par flottage et radeaux au fil de l’Ain. Plusieurs escortes sont organisées pour l’accompagner et le protéger jusqu’à Pont-d’Ain, d’où il est transporté par voie de terre jusqu’à la bâtie.
56Pendant ce temps, la guerre fait également rage tant en Genevois, qu’en région gésienne que du côté de Seyssel. En mai-juin, le Dauphin attaque et réussit à reprendre la bâtie de Chausson (Saint-Denis) qui, sur la montagne face à Saint-Germain, encadre l’entrée de la vallée de l’Albarine152. Son armée franchit l’Ain et saccage les environs de Chalamont qui est au sire de Beaujeu avant de se diriger vers Bourg-en-Bresse. Il s’oppose à une troupe savoyarde venue de Châtillon-en-Dombes pour lui barer la route. Les savoyards font deux prisonniers qui sont conduits à Jasseron153. Puis le dauphin détruit les terreaux de Saint-Germain et au début de l’année 1325 (Epiphanie), il fait détruire le fossé qui relie Ambronay à la rive de l’Ain154.
57Face à toutes les agressions dauphinoises, aux constantes menaces que fait peser le château genevois de Varey sur Ambronay et sur les passages entre ce bourg et Pont-d’Ain et aussi pour terminer le rapprochement des terres savoyardes dans la plaine, le comte Edouard décide d’assiéger ce château. Sa prise mettrait fin aux agressions et fermerait le passage et les communications entre le Dauphin et ses alliés de Thoire-Villars et de Genève.
58Le comte Edouard prévoit sans doute qu’une armée dauphinoise va tenter de secourir le château de Varey155. Venant par Lagnieu, elle serait bloquée par la ligne fossoyée qui relie Ambronay à l’Ain et obligée de contourner par l’ouest la bâtie de Gironville. Ce détour impose alors de détruire le fossé entre la bâtie et l’Ain puis de longer, en terrain découvert, la rive gauche de l’Ain et d’être à la merci du château de Pont-d’Ain. Ce système de grands fossés creusés pour se garder d’une attaque sur ses arrières avec des fortins de terres et de bois qui en reprennent la défense est une pratique assez générale et ancienne puisqu’en 1077, elle est utilisée par le duc Guillaume de Normandie au siège du château de Remalard156.
59Tous les châteaux savoyards des environs ont leur garnison renforcée par des clients supplémentaires. Ils reçoivent aussi des carreaux et des fléchons en abondance ainsi que des arbalètes à un pied, à deux pieds et à tour157. Le comte de Savoie arrive de Chambéry et passe par Saint-Rambert, la semaine avant Pâques 1325. Il va passer les fêtes Pascales à Bourg d’où il ordonne, le 16 mars, au châtelain de Pont-d’Ain de construire des pavillons de bois et de toile sur le plateau, au nord du château pour y héberger l’armée. On installe une écurie dans le cellier du donjon pour les chevaux des nobles158. On fabrique ici des échelles et des mantelets. Le châtelain de Saint-Germain reçoit de son homologue de Châtillonen-Dombes, des marteaux, des pioches de fer et de grosses masses pour les sapeurs159. Le comte vient en mai à Saint-Rambert et ordonne au châtelain de lui préparer un engin qui lui sera amené sur place en pièces détachées. Pendant ce temps, des messagers parcourent le pays en tous sens afin de tenir informés tous les châtelains de ce qui se passe et de ce qu’ils devront faire. Le comte déclare que quiconque voudra vendre du vin à ses troupes pourra le faire en toute liberté.
60Le siège commence vers le 18 juillet. Le 22 juillet, on apprend par des espions160 que le Dauphin a passé le Rhône et qu’il tient son mandement à Lagnieu et à Leyment. Le comte de Savoie réside dans le château de Pont-d’Ain et à Ambronay. Il visite régulièrement le siège et demande encore au châtelain de Saint Rambert de lui envoyer de quoi faire des mantelets. Celui-ci lui expédie par sept chariots à bœufs menés par des corvéables ; 9 planches et 6 poutres dont on fait 59 planches, 53 plateaux et 23 autres planches161. La châtellenie de Jasseron envoie du chanvre pour les cordes des engins162. Au bout d’une semaine, le château de Varey est démantelé. Son capitaine réclame une trêve de dix jours à l’issue de laquelle il se rendra sans condition s’il n’a pas été secouru163. Le comte de Savoie rejoint son armée devant Varey.
61Le Dauphin a regroupé l’ensemble de ses troupes à Saint-Sorlin et arrive, sans doute, en passant directement entre Gironville et la rivière d’Ain, au travers du fossé qui relie ces deux sites et qu’il avait fait détruire, une seconde fois, durant la première semaine de juillet164. Une partie de son armée passe peut-être à l’est d’Ambronay, en évitant le fossé. La bataille s’engage le 7 août165, elle eut un déroulement identique à la plupart des batailles de ce temps. Les adversaires de même rang et/ou de même valeur se sont battus ensemble en s’accrochant au terrain quitte à s’enfuir précipitamment dès que la fortune des armes tourne. Le comte de Savoie qui est pourtant un excellent combattant166 est encerclé, Auberjeon de Maleys, un noble dauphinois s’est même emparé des rênes de son cheval et a mis le comte à terre. Il l’entraîne en dehors de la mêlée et commence à lui retirer son bassinet. À ce moment, Edouard de Savoie est heureusement dégagé par Guillaume de Bocsozel et son fils Hugues et par le seigneur d’Entremont, tous trois membres de sa garde167. Mais Edouard est blessé, il abandonne le terrain et court se réfugier à Pont-d’Ain168. Une panique sans remède s’empare des troupes savoyardes et l’armée du Dauphin qui n’avait pas forcément le dessus, réalise des captures massives et reçoit d’énormes rançons dont celles du duc de Bourgogne, du comte d’Auxerre et du sire de Beaujeu, les principaux alliés du comte. Guichard de Beaujeu reste prisonnier à Saint-Vallier jusqu’en 1327169.
62Les Dauphinois en profitent, en retournant à leur camp, pour prendre et détruire la bâtie de Gironville. Le comte Edouard se rend à Saint-Germain, puis à Saint-Rambert pour réorganiser ses défenses, car selon les espions, les Dauphinois sont toujours à Leyment et projettent de reprendre Ambérieu, Saint-Germain et d’attaquer Pont-d’Ain. Les espions rapportent qu’ils ont fait construire des échelles dans ce but170. C’est alors qu’à Pont-d’Ain, on consolide les écluses qui barrent la traversée de la rivière et on en ajoute une autre, en aval du pont. Un grand nombre de fléchons empennés de cuivre et d’une longueur de deux pieds (63 cm environ), est acheté pour la grande baliste placée vers la grande tour en enfilade du pont. Trois cents autres fléchons sont fabriqués sur place. Un trébuchet est construit avec plusieurs frondes en réserve171. Tout le monde est sur le pied de guerre, car il est également dit que les Dauphinois veulent ravager la Bresse, ce qu’ils font effectivement en compagnie du sire de Thoire-Villars172, mais sans passer par Pont-d’Ain.
63La progression savoyarde, depuis le château de Saint-Rambert, par la construction de Luisandre puis par la prise du bourg d’Ambérieu, du château de Saint-Germain et la bâtie du Pont-de-Chausson est stoppée net. Cependant, il est certain que la prise de Varey n’aurait pas mis fin aux combats eu égard aux réactions logiquement prévisibles du Dauphin, du comte de Genève et du sire de Thoire-Villars. Réactions qui n’auraient, sans doute, pas manquées d’être vigoureuses. Mise à part l’avancée des positions savoyardes rien n’aurait été résolu dans la région et la guerre aurait, pendant un temps sans doute, été très violente.
64Malgré tout, la victoire dauphinoise n’a pas sensiblement modifié les positions et la bataille de Varey n’a rien résolu. Il en eût été tout autrement si le comte avait été pris. En l’occurrence, le Dauphin a dû se contenter de ses vassaux. Certes, cela lui a fait gagner des rançons importantes qui ont affaibli pendant un temps le comte, mais l’ampleur des dettes delphinales a fait que ce prince n’a pas pu utiliser comme un moyen supplémentaire la mâne financière que lui rapportait ses prises. Il n’a pas pu, non plus, continuer sur sa lancée et profiter de l’avantage en attaquant les châteaux avoisinants. Ceux-ci avaient été mis en défense et dotés d’une garnison supplémentaire qui aurait entraîné un siège long et difficile avec des ennemis proches et bien protégés dans les châteaux.
65À défaut d’avoir changé les choses sur le terrain, la bataille de Varey a montré avec évidence que le Dauphin ne retrouverait pas les terres, ni les châteaux perdus s’il ne se dotait de moyens militaires, donc financiers, extrêmement importants, ce dont à l’évidence, il était incapable. Il n’avait, finalement, fait que sauver Varey des griffes savoyardes et reculer dans le temps l’inexorable rattachement de la Bresse au Bugey. Les lendemains de la bataille montraient, malgré les victoires dauphinoises, les limites de la politique du Dauphin et le fait que le comte de Savoie était finalement le vrai maître du jeu dans la région même si, à Varey, il avait marqué le pas.
66Après Varey, Le comte Edouard tient à prendre sa revanche et ne pas laisser croire ou penser qu’il est en état de faiblesse. Pendant huit ans, une série d’intenses combats se déroulent pour la domination de la plaine d’Ambronay. Ces huit années représentent sans doute la période la plus âpre et la plus permanente de la guerre dans la région, en dépit de la trêve obtenue par le pape Jean XXII et le roi de France en 1329. Cette longue série de combats permet aux protagonistes d’en tirer les conclusions majeures. Elles montrent que le comte de Savoie ayant davantage de moyens financiers, donc militaires, peut se montrer beaucoup plus déterminé et efficace pour soutenir une pression militaire importante pendant plusieurs mois consécutifs. Le Dauphin et ses alliés ont une politique défensive et tentent désespérément d’empêcher la jonction des terres bressanes et savoyardes.
67Ambronay, le point le plus exposé, est mis en défense avec un entretien constant des engins d’artillerie qui sont dotés de pièces de rechange pour ne pas se retrouver inutilisables en cas d’attaque. Pour empêcher que les gens de Varey ne viennent contrecarrer les travaux des châteaux, des hommes de Pont-d’Ain et de Saint-Rambert effectuent, dès novembre 1325, des chevauchées dans les environs du château genevois qui est en réparation. Le comte de Genève est, à cette époque, sur un autre front puisque, allié au sire de Thoire-Villars, il s’en va mettre le siège devant le château de Ballon173. Il fait faire des chevauchées par ses gens autour de Seyssel. Depuis Saint-Rambert, les Savoyards se lancent sur ses arrières pour lui faire quitter la place174.
68En avril, puis en juin 1326, les gens du Bugey aident ceux de Bresse dans des chevauchées lancées contre Trévoux et son péage qui appartiennent au sire de Thoire-Villars175. A la Toussaint, il faut lutter contre le comte de Genève qui s’en prend au château de Clermont, le fief d’Antoine de Clermont, conseiller très important du comte de Savoie. Le Dauphin mène en parallèle des actions depuis ses terres contre Ambronay et contre Arandas, dans la montagne au sud de Saint-Rambert, mais il est repoussé et trois de ses hommes d’armes sont faits prisonniers et gardés durant 30 jours à Saint-Rambert avant qu’il les rachète176.
69En avril 1327, il est présent, une nouvelle fois, avec le comte de Genève devant le château de Seyssel. Le château des Allymes est toujours aussi difficile à entretenir et à défendre, mais le Dauphin parvient malgré tout à améliorer son équipement au prix d’un bel effort afin d’attaquer Luisandre177. Cette folle tentative sans suite est immédiatement la cause d’une réaction savoyarde organisée par le bailli de Saint-Germain qui fait mettre en place dès le 20 du même mois, une surveillance constante du château dauphinois et renforce l’armement de Luisandre par des mantelets et des clients supplémentaires178. Il prépare une réaction avec des échelles, des échalassons et des crocs de fer. On apporte des carreaux d’arbalètes pour que la garnison en ait en suffisance179.
70Le Dauphin prépare une attaque contre la Bresse en passant par Pont-d’Ain. Les défenses des châteaux savoyards sont améliorées et les garnisons renforcées comme Bourg-en-Bresse qui reçoit des hommes de Saint-André-enRevermont180 · Les environs de Bourg sont mis sous la garde et la protection d’hommes d’armes qui parcourent la région181. Le Dauphin passe le Rhône vers Lagnieu pour rejoindre, à Gourdans, ses alliés de Thoire-Villars et de Genève qui assiègent le château avant de le prendre182. Puis ils remontent la plaine de l’Ain et passe en Bresse par Pont-d’Ain en incendiant le château après avoir saccagé le pont sur l’Ain et divers ouvrages en bois du château183. L’armée du Dauphin ravage les environs de Bourg-en-Bresse et de Châtillon-sur-Chalaronne184. Les clients savoyards appelés à la hâte se regroupent à Châtillon-sur-Chalaronne à l’exception de certains hommes de la châtellenie de Saint-Trivier185 et d’Asnières, près de Saint-Laurent-les-Mâcon186 qui ne se sont pas rendus au mandement du bailli. Cette armée s’en va, en guise de représailles, mettre à feu et à sang pendant une semaine entière les terres du sire de Thoire-Villars. D’abord Le Châtelard-en-Bresse187, ensuite les alentours d’Ambérieu-en-Dombes, puis elle prend d’assaut le château de Sainte-Croix, au nord de Montluel et s’en va ensuite saccager les environs du Montellier et de Loye188. Pendant ce temps, d’autres savoyards mènent une course dans le Viennois189 contre le bailli dauphinois de La Tour-du-Pin.
71Cette période d’âpres combats et de ruines des campagnes bressanes et dauphinoises s’arrête enfin et, au milieu du mois de mai, des négociations sont menées à Bourg et à Saint-Rambert190. La trêve qui est décidée ici ne concerne que la région de Bresse et de Bugey, car quelques jours avant le 15 août le comte de Genève et le sire de Thoire-Villars s’en vont à nouveau assiéger le château de Ballon191. Le bailli de Bourg et le prince Aymon de Savoie ordonnent d’aller bloquer le passage du Rhône au pas de Lousayl afin que le Dauphin ne puisse venir renforcer l’armée du siège192. Dès le 19 de ce mois, des hommes d’armes de Pont-d’Ain et de Billiat vont bloquer, comme à chaque fois, les passages à Montanges, au gué du Putiet, à Grand-Confort et à l’Ecluse, pour empêcher tout ravitaillement et toute aide supplémentaire aux assiégeants193. Du coup les troupes delphinales tentent de passer par Merlogne et Poizat dans la montagne, mais les espions savoyards découvrent leur stratégie et ne pouvant être soutenus, les assiégeants sont obligés de quitter les lieux194.
72En 1328, les trêves sont terminées pour la Bresse et le Dauphin tient son mandement à Lagnieu pour attaquer Ambronay195. Des clients viennent renforcer les garnisons savoyardes, surtout celle de Pont-d’Ain. Des courses de représailles et de subversion sont organisées contre les terres de montagne du sire de Thoire-Villars196. Finalement d’autres négociations sont établies entre le comte de Savoie et le sire de Thoire-Villars qui aboutissent à une nouvelle trêve. Pendant ce temps, le Dauphin se tourne contre le château de Fallavier puis contre celui de Sainte-Croix197 qu’il veut reprendre pour le compte de son vassal de Thoire-Villars. Mais les trêves signées entre son allié et le comte diminuent ses possibilités d’agression et il abandonne finalement la poursuite de sa chevauchée.
73C’est alors que le roi de France ayant besoin de l’aide militaire des deux princes pour mener la guerre en Flandres intervient, au printemps 1328, dans les négociations qui se font à Bourg-en-Bresse198 entre la Savoie et les gens du Dauphin. Dans le même temps, d’autres diètes se tiennent à Voiron199. Début septembre, par l’intermédiaire de Jacques Richerme, son représentant, le roi s’occupe de manière plus pressante « des affaires de Saint-Germain ». Ces dernières concernent en fait, la frontière depuis Ambérieu jusqu’à Belley et une rencontre a lieu entre les représentants du comte de Savoie200 et ceux du Dauphin au Pontde-Chausson. Sous la médiation du roi de France qui obtient la libération des Savoyards faits prisonniers à Varey201, les participants décident d’une trêve devant durer jusqu’au 24 juin 1329202. Cette trêve ne concerne que le Dauphin et le comte de Savoie et uniquement les territoires allant de Pont-d’Ain à Belley. Le comte accepte de rendre des territoires et de dédommager le Dauphin203 en compensation des terres qu’il désire absolument garder du côté de Rossillon, dans la montagne entre Belley et le Rhône.
74Afin que chacun tienne sa parole et pour mettre tout le monde d’accord, le roi de France place le château de Saint-Germain sous séquestre à partir du 26 avril204 puisque ce dernier demeure une pomme de discorde entre les princes. Les clients qui gardaient et défendaient ce château s’en vont gonfler les garnisons des châteaux voisins. Pendant la trêve, le comte se rend à Paris pour rencontrer son beau-père, le duc de Bourgogne et son gendre le duc de Bretagne (époux de Jeanne, l’unique enfant du couple comtal). Tout l’équipement205 et le ravitaillement du comte et de ses troupes transitent par la Bresse, le Revermont et la Bourgogne. Edouard de Savoie désire leur demander de l’aide pour « tirer raison du Dauphin »206. Mais il meurt subitement à Gentilly207, près de Paris et son corps est ramené aussitôt en grande pompe par Bagé208, Bourg-en-Bresse, SaintRambert avec ses 153 chevaux et ses 130 roncins (cavales)209. Le châtelain de Billiat fournit quarante et une poules à l’abbaye de Hautecombe pour le repas funéraire210.
75Aymon, le frère du comte défunt, prend très rapidement le pouvoir ce qui déplaît beaucoup à Jeanne, la fille d’Edouard qui, soutenue par son époux le duc de Bretagne, s’adresse aux Etats de Savoie pour faire valoir ses droits211. Devant la fin de non recevoir que reçoit son épouse, le duc de Bretagne, en accord avec le roi de France s’allie avec le Dauphin212. La mort du comte Edouard, les difficultés financières dues à ses dépenses excessives et aux compensations payées pour Varey ainsi que les désaccords pour sa succession pourraient être mis à profit par ses ennemis. Aymon, le nouveau comte est inquiet et il envoie un émissaire en Bretagne213 pour savoir si le duc va aider militairement le Dauphin. Les baillis de Bresse et de Bugey ordonnent à tous les châtelains de doubler les guetteurs et de prendre des clients supplémentaires pour la défense des châteaux.
76Le sire de Thoire-Villars menace depuis ses terres de montagne, les châteaux de Saint-Rambert, Luisandre et Lompnes. Le sire de Beaujeu, se rend à Corcelles pour leur barrer la route214. En septembre, Hugues de Genève mène une chevauchée dans les environs de Seyssel. Une expédition s’élance au secours de cette ville215. Le 13 février 1330216, le roi de France rend le château de Saint-Germain à Aymon de Savoie. Les trêves sont terminées et les offensives reprennent aussitôt de partout. À la fin du mois de janvier, on découvre que le château et la ville de Pont-d’Ain doivent être livrés par trahison217. En mars, il est dit que le Dauphin a regroupé des troupes et projette d’envahir la Bresse en passant par Saint-Rambert et Saint-Germain218.
77Des troupes savoyardes se forment à Châtillon-sur-Chalaronne pour l’empêcher de le faire219 puis s’en vont saccager les environs de Versailleux qui appartient au sire de Thoire-Villars220. D’autres troupes sont menées à Lent sous les ordres du sire de Corgenon pour défendre les terres du sire de Beaujeu221, tandis qu’Hugues de Genève menace Ambronay avec une forte armée222. Le Dauphin se dirige vers l’ouest en longeant le Rhône. Le 9 février, il est devant Montluel223 en mai, il assiège le château de Miribel224, mais il est délogé par les Savoyards et en juillet, pendant que le comte de Savoie assiège le château de Monthouz, il tient son mandement à Montluel avant d’aller attaquer le chantier de la bâtie de Jonage que le comte de Savoie fait construire225.
78Le comte Aymon ne reste pas sur la défensive. Dès le mois de juin, il entreprend une importante suite d’opérations militaires. Pendant que le Dauphin est fixé du côté de Jonage et que le sire de Thoire-Villars doit défendre ses terres du plateau des Dombes, une chevauchée commandée par le bailli de Bagé s’en va ravager les environs de la maison de Corlier226 qui appartient au sire de ThoireVillars, dans la montagne au-dessus d’Ambronay, Saint-Rambert et Hauteville. Par sa situation géographique cette maison fortifiée est une place très importante, car avec les châteaux de Varey, Châtillon-de-Cornelle et Saint-Martin-du-Frêne, elle forme la frontière qui de Varey à Nantua ferme la montagne au sud-est de l’Ain et empêche la jonction entre la Savoie et la Bresse.
79Cette chevauchée a pour but d’affaiblir sensiblement les capacités de ravitaillement et de défense de la maison qui est assiégée par les troupes savoyardes quelques semaines plus tard, en juillet227. Pendant la chevauchée, des espions au fait de la valeur des défenses architecturales et de la poliorcétique observent secrètement les défenses de Corlier. C’est à la suite de leur rapport qu’il est décidé qu’on tentera d’incendier la porte qui leur a parue, sans doute, fragile et mal défendue. Dans ce but, on prépare, à Saint-Germain, des fagots et de la paille228. On fabrique aussi des mantelets229 qui s’ajoutent aux armes apportées par les hommes des châtellenies de Bresse et de Bugey qui participent à l’action. Celle-ci est courte puisque la stratégie est fixée à l’avance, les lieux ont été repérés. Guillaume de Résinand, le principal responsable de l’incendie de la porte de la maison de Corlier, est blessé et les frais engagés pour le médecin et pour ses soins sont, sur ordre du comte, pris en charge par la châtellenie de Saint-Rambert230.
80Dès que la maison de Corlier est prise, le comte de Savoie y place une garnison pour la défendre231 et ordonne aux charpentiers de rapidement la remettre en état232. Il la fait pourvoir en nourriture233 afin que la garnison puisse la garder sans être obligée d’aller chercher du ravitaillement. Elle aurait d’ailleurs eu du mal à en trouver puisque la région avait été ravagée peu avant. Sans perdre de temps, le comte dirige son armée contre le château de Saint-Martindu-Frêne qui est pris à son tour après quatre jours de siège seulement234.
81Ces deux actions d’éclats font se resserrer l’étau autour de Varey en même temps qu’elle consolide les points d’ancrage savoyards dans le Bugey. Le comte de Savoie est en position de force tandis que ses adversaires sont impuissants à lui résister et perdent des places essentielles dans leur système de défense235. Ils sont incapables d’organiser une contre offensive et ils ne tentent rien pour reprendre ces deux châteaux. Le comte Aymon craint que le Dauphin demande au duc de Bretagne de venir à son aide, aussi, en mai 1331, il envoie une mission à Bruges, où se trouve le duc236.
82Les seules réactions dauphinoises sont des chevauchées autour de Saint-Rambert et dans les environs de Saint-Martin-du-Frêne. Des gens de Saint-Rambert sont faits prisonniers par les troupes du Dauphin tandis qu’un client savoyard est tué non loin de Saint-Martin, ce qui provoque immédiatement des chevauchées de répression237. Depuis Bourg, le bailli de Bresse en organise une vers Jonage contre les terres du Dauphin238 et une autre à Tramoyes, au sud des possessions de plaine du sire de Thoire-Villars239.
83Une multitude d’attaques brèves ont ainsi lieu de part et d’autre durant toute l’année 1331. Enfin, le jour de la sainte Cécile, le 22 novembre, une rencontre a lieu pour faire cesser les attaques et établir des dédommagements réciproques240. Mais ces négociations n’aboutissent pas et, dès les premiers jours de janvier 1332, des menaces dauphinoises se précisent non loin d’Ambronay241 et de Saint-Germain. Au début du mois de février, le Dauphin tient son mandement à Lagnieu avec l’intention de ravager la Bresse en compagnie de son allié Jean de Châlon242. Sur les ordres des baillis de Bourg et de Saint-Germain, des clients en armes viennent renforcer les garnisons des châteaux d’Ambronay et de Pontd’Ain243. Quelques-uns d’entre eux se lancent dans une chevauchée du côté de l’Abergement, au sud des terres de Varey. Ils interceptent ici deux hommes d’armes genevois qui s’étaient emparés d’un habitant de la châtellenie de Saint-Rambert244. Le Dauphin n’insiste pas et se retire. Alors aussitôt, le comte de Savoie passe à l’offensive et utilise les renforts mis dans les châteaux pour aller ravager Varey et ses environs245 et y faire des prisonniers.
84Puis au printemps, Aymon de Savoie se tourne contre les terres du comte de Genève pour lesquelles une trêve de deux ans avait été obtenue par le roi de France246. En mai, le château de Soirier247 et celui de la Balme de Sillingy sont repris à Hugues de Genève. Ce dernier réagit en s’emparant du bourg de Monthoux avant d’assiéger et prendre le château en juillet. L’armée du comte de Savoie arrive à Seyssel248. Elle se rend à Monthoux et écrase celle d’Hugues de Genève qui parvient à s’enfuir avec quelques compagnons249.
85Bien que des trêves royales aient été signées en juin entre le Dauphin et le Comte et qu’Aymon Guiers et Aymon de La Chambre, du côté savoyard, en aient vérifié l’exécution250, le comte s’acharne à nouveau contre Varey en septembre où tout est saccagé et brûlé251. Il poursuit ses ravages à la fin du mois d’octobre, pendant huit jours consécutifs contre la petite ville d’Ambutrix qui est brûlée, puis il retourne encore une fois saccager et brûler Varey et l’Abergement252. Une attaque du château des Allymes est menée depuis Saint-Germain. Le choc est brutal, car le châtelain dauphinois est tué et le cheval du bailli du Bugey abattu par les défenseurs253. La violence et les ruines se poursuivent par une attaque contre la Tour-du-Pin où le Dauphin tient son mandement dans le but d’attaquer Pont-d’Ain. Il avait fait fabriquer des échelles à cet effet254. Les Savoyards y font 17 prisonniers qu’ils ramènent à Pont-d’Ain pour y être gardés quelques jours avant de les emmener à Lent, dans les terres du sire de Beaujeu. Certains d’entre eux sont blessés, car il est loué une charrette pour les transporter255. Il se peut que le comte de Savoie livre ces prisonniers au sire de Beaujeu afin de le dédommager, en partie, de la rançon que son vassal a payée pour sa prise à Varey.
86Une autre expédition punitive s’en va près de Chazey-sur-Ain, dans la plaine du côté de Meximieux, parce qu’une trentaine de savoyards dont un noble, Michel Chapiti d’Ambronay, ont été pris par les gens du Dauphin. Une chevauchée de représailles est menée à Arandas dans la montagne entre Saint-Rambert et Belley, puis à Lhuis, au bord de cette montagne sur la rive droite du Rhône, parce que les gens de ces lieux ont volé ceux de Saint-Rambert. Le château de Varax, appartenant au sire de Thoire-Villars et situé à la frontière nord de ses terres de Dombes, est pris d’assaut256. Pour se parer d’une attaque sur Saint-Germain, des hommes de la châtellenie vont chercher dans les bois de la montagne qui domine le château, le matériel nécessaire pour la construction d’un engin, d’une bricole et d’une guérite en bois pour la défense du château257. En novembre une opération est à nouveau lancée contre Chazey dont la ville est brûlée258. L’année 1332 se termine par une course menée par le sire de Beaujeu vers Montluel259, tandis que 1333 débute par 10 jours de ravages, à Trévoux et dans les terres de Dombes du sire de Thoire-Villars260.
87Au début de l’année 1333, le comte, ayant conscience du formidable ascendant qu’il a réussi à prendre sur ses rivaux et voulant consolider ses positions pour en finir de la jonction du Bugey avec la Bresse, fait construire une bâtie de terre et de bois à peu de distance du château de Varey. On l’appelle, dans les comptes, la bâtie de Vieu-sous-Varey261. Cette bâtie pourrait avoir été reliée à la rive gauche de l’Ain par un fossé si on se réfère à la toponymie du lieu qui appelle cet espace « les Brotteaux ». Cela n’est pas certain et on ne connaît pas la position géographique exacte de cette bâtie. Elle devait, plus sûrement se situer dans les environs de la petite ville actuelle de Saint-Jean-le-Vieux. Le comte de Savoie est ainsi installé de manière très proche tout autour de la montagne qui sépare le Revermont du Bugey savoyard. Avec cette bâtie, la maison forte de Corlier et le château de Saint-Martin-du-Frêne, il referme encore un peu plus l’étau autour de ses ennemis.
88Les attaques sanglantes menées contre Varey et l’Abergement ont considérablement affaibli les résistances et les capacités de réaction dauphinoise. Pour affaiblir encore cette région, d’autres chevauchées sont menées contre les villages de Cornelle, Chauz (Chaux) et Buigers. Hugues de Genève et le sire de ThoireVillars ont compris que le comte de Savoie allait s’emparer de toute la montagne. Aussi ils tentent de détruire, par une multitude d’attaques, la bâtie de Vieu-sous-Varey qui ferme l’unique accès qu’il leur reste avec le Dauphiné. Le Dauphin se tourne contre Voiron pour créer une diversion. Pendant ce temps, des renforts savoyards sont envoyés par groupe de plusieurs hommes dans les châtellenies qui entourent Varey262.
89La bataille de Varey en 1325, on l’a vu plus haut, à défaut de terminer la guerre dans la région avait révélé que le comte de Savoie demeurait le plus fort, mais qu’il lui serait très difficile sinon impossible de faire la jonction entre Bresse et Bugey depuis Pont-d’Ain et Ambronay. La stratégie élaborée ensuite fut d’encercler la montagne. La prise des châteaux du sire de Thoire-Villars qui marquent la frontière du côté oriental de cette montagne en était la première phase. Puis des attaques violentes et destructrices contre Varey et les sites de cette montagne permettraient d’anéantir les possibilités de réaction contre la terrible pression que le comte allait exercer ici. Sans doute, la position de la bâtie de Vieu-sous-Varey n’est pas facile à tenir263, mais le comte est en position de force et ses acquis lui donnent des moyens pour négocier à son avantage.
90En juillet, le Dauphin assiège le château de Chabouz264 et le sire de ThoireVillars en compagnie d’Hugues de Genève parvient à prendre et détruire la bâtie de Vieu-sous-Varey. Le comte la fait immédiatement refaire et la place sous la responsabilité du châtelain de Saint-André-en-Revermont265. Des renforts lui sont envoyés par le châtelain de Pont-d’Ain et de Saint-Laurent-les-Mâcon. Des opérations de contre-attaques sont menées depuis cette bâtie. Pendant ce temps, d’autres chevauchées ont lieu à Morestel contre le Dauphin et à Montréal contre le sire de Thoire-Villars266, tandis qu’une armée dauphinoise assiège le château de La Perrière, au nord de Grenoble. Bien soutenu par des renforts, le château résiste et le Dauphin Guigues VIII s’y rend en personne. Mais en voulant veiller aux opérations du siège, il s’expose sans protection et est atteint en plein front par un carreau d’arbalète. Il meurt sur le coup le 26 août 1333267.
91La série de défaites ajoutées aux difficultés financières importantes font qu’Humbert II, le nouveau Dauphin offre des négociations. Le pape Jean XXII profite du changement de prince pour tenter une réconciliation. Les premières rencontres pour l’établissement de la paix ont lieu dès le mois d’août à SaintRambert et au Pont-de-Chausson en compagnie de Jacques de Richerme, représentant du roi de France268 qui a offert sa médiation pour les mêmes raisons qu’en 1329 : Le roi a besoin de l’alliance des deux rivaux pour résister au roi d’Angleterre269. Ces négociations ne se font pas dans le calme et la sérénité. La pression demeure toujours aussi forte, au point que le capitaine de la bâtie de Vieu-sous-Varey fait état de son désir de l’abandonner tant sa position est insoutenable270. Le château de La Corbière est assiégé par Hugues de Genève et une chevauchée de répression est menée vers Montréal, le principal centre urbain du sire de Thoire-villars dans ses terres de montagne271. Il en est ainsi pendant deux années entières durant lesquelles de difficiles négociations aboutissent à des accords qui se signent en même temps que des combats se déroulent. Les négociations s’appuient sur des enquêtes menées à propos des frontières controversées. Pendant quatre jours, André Maître, le procureur du comte en Bugey assisté de deux notaires, Berthelet de Seyssel et Martin Clef, entendent et enregistrent les témoignages et les réponses des habitants d’Arandas et de Charvieux à propos des forêts et des limites avec la chartreuse de Portes qui est sous la garde du Dauphin. Ces premières négociations se poursuivent par une diète au Pont-de-Chausson, le 25 et le 26 octobre 1333, et d’autres, un peu plus tard, à Saint-Rambert, à Varey, à Ambronay et à Saint-Martin-du-Frêsne272. D’autres ont encore lieu à Pérouges273 et à Montluel.
92Ces différentes diètes concernent uniquement des problèmes territoriaux et juridiques locaux. Des accords sont passés, mais ils restent théoriques et sont à nouveau discutés ou pour le moins présentés lors des négociations générales entre les belligérants. Les négociations n’empêchent pas les agressions principalement fomentées par le sire de Thoire-Villars et Hugues de Genève qui voient sans doute d’un mauvais œil les pourparlers entamés par le Dauphin. Tous deux ont perdu plusieurs châteaux et pensent sans doute qu’ils ne les récupéreront qu’avec la guerre. Continuer les attaques restent, selon eux, l’unique moyen de peser sur les négociations, face à la puissance du comte de Savoie et à la force de ses arguments.
93Contre ces attaques, la réponse savoyarde est cinglante et claire puisqu’une opération est menée contre Reyrieux, Trévoux puis Villars-lès-Dombes et le Châtelard-en-Dombes pendant une dizaine de jours, en janvier 13 34274. Les châtelains de Billiat, Pont-d’Ain, Saint-André y sont présents avec des hommes de leur ressort. Une autre chevauchée savoyarde dans les mêmes lieux, fait deux prisonniers en juin. Ces deux hommes sont envoyés à Antoine de Clermont, car le comte est en train de négocier avec le Dauphin et le comte de Genève après l’opération faite par celui-ci à Chabouz à la même époque. Hugues de Genève attaque et détruit le bourg du château de Monthouz en juillet275.
94Le châtelain de Billiat reçoit d’ailleurs une lettre d’ordre de se rendre à Belley le plus vite possible et sans la moindre discussion276. Sans doute, le comte Aymon tient cette attitude à la suite des défections, plusieurs fois répétées, des clients des châtellenies éloignées comme Saint-Trivier-de-Courtes, Saint-Martinle-Châtel ou Saint-Laurent-les-Mâcon.
Le traité de Chapareillan, 1334.
95Malgré tout, les négociations mènent à un premier traité établi à Chapareillan, dans le Grésivaudan, le 2 mai 1334. Ce traité est confirmé et scellé par les grands sceaux de Savoie et du Dauphiné à Lyon, le 7 mars 1335 entre Aymon et Humbert II. Il est ratifié le 7 septembre 1335 à Sainte-Sylve en Dauphiné. Dans ces négociations, les diplomates ont cherché à établir une meilleure cohésion des domaines par échanges de territoires et/ou compensations financières. Ils font entériner les accords par un troisième traité signé en 1337. Sans mettre fin aux conflits, ces traités résolvent tout de même un certain nombre des causes de la guerre dans la plaine de l’Ain et, plus au nord, entre le Bugey et la Bresse. Le comte de Savoie renonce à toutes ses prétentions sur La Valbonne et Montluel et s’engage à détruire la bâtie de Vieu-sous-Varey qui est une véritable provocation à l’égard du comte de Genève. Le comte rend également le péage de Varey et le château de Saint-Martin-du-Frêne. En contrepartie, il reçoit le château des Allymes277 que le Dauphin ne peut plus tenir et qui ne lui est plus d’aucune utilité, d’autant plus que les droits du comte sur le château de Saint-Germain sont pleinement reconnus. Les terres entre Ambronay et Pont-d’Ain passent sous le contrôle savoyard, mais le sire de Thoire Villars garde un droit de libre passage. Dans la plaine de l’Ain, toute la frontière dauphinoise recule près de l’Albarine.
96La paix signée à Chapareillan permet au roi de France d’avoir l’appui militaire de ces deux grands princes dans la guerre contre les Anglais. Le comte de Savoie doit rejoindre l’armée française en septembre 1337278 et le châtelain de Billiat est chargé d’expédier dix vaches grasses à Saint-Martin-le-Châtel pour la provision du comte279. Mais l’expédition française est reportée et on rend les vaches aux propriétaires qui doivent rembourser ce qu’on leur avait payé280. Les mois qui suivent le traité de Chapareillan voient quasiment disparaître les agressions de grande envergure, dans la contrée281. On ne trouve aucun témoignage de conflit important dans les différents comptes, à l’exception d’altercations, malgré tout assez nombreuses, entre les villageois ou les seigneurs qui ont changé de princes. L’insécurité reste grande, les contestations sur la frontière de l’Albarine demeurent très vives jusqu’en 1339. Des menaces pouvaient encore venir du comte de Genève ou du sire de Thoire-Villars. Pour ces raisons, les murailles et les défenses sont entretenues, comme par exemple à Ambronay où, en juin 1339, l’abbé autorise les habitants à percevoir le treizain, c’est-à-dire le droit sur la vente des vins, à condition d’en employer les recettes à l’entretien des murailles et des tours.
97Les châteaux et les villes des environs sont le siège de rencontres destinées à régler des problèmes anciens de frontières ou de dédommagements, aussi bien entre le comte et le Dauphin282 qu’entre le comte et ses vassaux. Ambronay reçoit, à partir du 5 juillet 1337, un grand nombre de seigneurs pour tâcher de régler les difficultés qui existent entre le comte de Savoie et les sires de Beaujeu depuis que Guichard de Beaujeu avait été pris par le Dauphin lors de la bataille de Varey283. Celui-ci, pour payer sa rançon avait été obligé de céder au Dauphin ses droits sur des châteaux qu’il avait dans la région de Meximieux et le comte pour le dédommager lui avait donné, à charge d’hommage, plusieurs châteaux et maison, en janvier 1328. Mais ce don n’avait jamais été effectif parce les comtes de Savoie n’avaient jamais accepté que Guichard VIII de Beaujeu donne Beauregard au Dauphin en 1327. De leur côté, les Beaujeu s’étaient sentis trompés par leur suzerain. À Ambronay, il s’agissait de recevoir les témoignages des seigneurs qui avaient été témoins du dédommagement annoncé en janvier 1328284, car le comte Edouard et Guichard VIII de Beaujeu étaient morts tous les deux285.
98Le comte de Savoie doit également résoudre des conflits entre ses vassaux comme celui qui oppose Amédée de Virieu à Pierre de Genos286, entre Galois de la Beaume et le seigneur du Quart287 ou encore l’altercation violente qui a lieu entre les gens du sire de Beaujeu et les gens de Varax dans les Dombes, en 1338288. Le châtelain de Saint-Germain qui est aussi le bailli du Bugey est envoyé ici pour calmer les esprits parce qu’il est originaire de la région. À Pâques 1338, à Chambéry puis un peu plus tard à Saint-Germain, des diètes sont organisées à propos des contestations soulevées par les Dauphinois au sujet de l’Albarine entre Ambérieu et son confluent avec l’Ain. Le traité de Chapareillan avait précisé que cette rivière formait la frontière entre Ambérieu et son confluent avec l’Ain, mais cela était sans doute une exigence purement savoyarde à laquelle le Dauphin n’avait pas forcément répondu clairement. En outre, la revendication savoyarde n’avait pas tenu compte de la bâtie dauphinoise de Saint-Maurice, construite sur la rive gauche de la rivière qui menaçait les positions savoyardes.
Les derniers conflits, 1335-1355
99Ces résolutions plus ou moins pacifiques des problèmes sont purement locales, car dans d’autres régions la guerre se fait sans discontinuer, notamment dans le pays de Gex et aussi en amont de Lyon, sur la rive droite du Rhône où le comte comme le Dauphin sont impliqués, par vassaux interposés : Beaujeu contre Villars, à Rillieux, Tramoyes, Miribel, Montluel et Estambes dont le sire de Thoire-Villars s’est emparé du château289. Ces conflits ont sans doute des répercutions sur les châteaux concernés par le traité de 1335 et surtout sur les gens qui ont gardé des affinités pour leur ancien maître et qui espèrent que la situation va rapidement basculer, quitte à forcer un peu le destin. C’est pourquoi on change les serrures de toutes les portes du château de Saint-Germain parce qu’on pense que le château a été vendu aux Dauphinois290. Les soldats des garnisons et les habitants des bourgs ne sont donc pas vraiment sûrs et il faut prévenir les trahisons autant que les attaques de l’extérieur. C’est un fait récurent au Moyen-Âge de voir des châteaux et des villes livrés à l’ennemi par les gens qui sont normalement chargés de les défendre. Le château et la ville de Pont-d’Ain ont été plusieurs fois obligés de murer des portes, renforcer les garnisons pour parer à cela. On a vu que le château de Jasseron avait été menacé d’être vendu au sire de Thoire-Villars et que la ville d’Ambronay fut, en 1308, effectivement prise ainsi par des gens du parti dauphinois.
100En juin 1339, une chevauchée est prévue en France contre les gens de Mâcon qui ne cessent de provoquer les Savoyards sur le côté bressan du pont. Le châtelain de Billiat chargé de nourrir les soldats, achète sept vaches grasses et les fait porter à l’hôtel du comte qui attend à Bourg l’arrivée des hommes d’armes convoqués pour cette chevauchée. Celle-ci ne se fait finalement pas et les vaches sont rendues aux paysans, sauf une qui a été consommée291. L’archevêque de Lyon qui est le frère du sire de Thoire-Villars attaque et détruit, le 22 juin, la bâtie de Rillieux que le sire de Beaujeu avait fait édifier ici292 et qui, si près de Lyon, était une véritable insulte. Une chevauchée répressive est aussitôt organisée dans les terres de Dombes sans faire cas que la vengeance s’exerce sur les terres du frère et non sur celles du responsable direct.
101La réaction savoyarde est suivie de négociations à Lent, Montluel et Miribel, à l’issue desquelles des gages sont donnés pour les différends qui existent autour de ces villes. D’autres négociations sont faites à Pont-d’Ain et à Ambronay au mois de novembre et ce sont sans doute les dernières auxquelles participe Antoine de Clermont293 puisqu’il meurt le 6 décembre 1339. Ces négociations n’ont sans doute pas abouti puisque les garnisons de ces villes et châteaux sont renforcées par des guetteurs supplémentaires et qu’on fabrique une baliste neuve à Pont-d’Ain. Malgré les accords qui ont pu être établis en d’autres négociations, il n’est pas du tout certain que les clauses soient respectées et des espions de tous les partis circulent en permanence pour connaître ce qui se prépare chez l’ennemi294. Ce climat de suspicion permanente n’est pas propre à apaiser les rivalités. Le moindre incident peut dégénérer en agression suivie de représailles. Si les causes du conflit sont maintenant éloignées, on a vu que les réactions et les vengeances pouvaient s’exprimer n’importe où ailleurs. Ainsi toutes les frontières savoyardes aussi bien que les dauphinoises sont concernées par les conflits qui se déroulent quelque part.
102En 1340, d’autres négociations sont organisées à Ambronay, à propos de la frontière du côté d’Innimond, à l’ouest de Belley295 et à Saint-Jean-le-Vieux avec le sire de Thoire-Villars296. L’année 1341 s’ouvre par des discutions avec le comte de Genève. Elles sont organisées en deux fois au château de Fabrique, les premières en janvier, les secondes en février et d’autres à Colomonte et à Chausson avec les gens du Dauphin297. Cette même année, trois jours après la Pentecôte, un incendie ravage la grande tour, la tour du comte, l’étable et la moitié de la ville d’Ambronay298. Durant l’été 1342, le comte de Savoie se rend à l’armée du roi France qui, par deux lettres respectivement datées du 8 mai et du 4 juin, lui demande de se présenter avec 300 ou 400 hommes299.
103Plusieurs diètes sont tenues à Voiron pour un total de dix journées à propos de la frontière entre cette ville et Grenoble. Le clerc Jean de Croso est chargé des lettres émanant du comte de Savoie et de son conseil qui lui indiquent ce qu’il est possible de céder et ce qui ne l’est pas300. Les négociations sont difficiles à mener et plusieurs autres rencontres sont décidées. Jean de Croso fait d’incessants allers et retours, en 1343, entre Voiron et Le Bourget où se tient le comte à cette époque. Le Dauphin offre comme gages de paix pour cette région, la salerie de Jonage et celle des Avenières301 et afin que les compensations financières que propose le comte de Savoie soient justes, on va à Lyon pour connaître avec précision la valeur réelle des petits tournois302. Puis des territoires sont échangés après que la valeur des terres et l’inventaire des habitants et des constructions aient été faits.
104Pendant ce temps, d’autres vassaux du comte se battent entre eux et une mission est organisée par deux fois à Bourg pour apaiser la guerre que se font à nouveau Bozanet des Echelles et Edouard de Moranges. Une enquête est menée pour connaître les causes de leur désaccord et établir les responsabilités des agressions. Il est fait de même à Romenay, au nord de Saint-Trivier-de-Courtes où des agressions se sont produites entre savoyards et bourguignons. Le bailli de Bagé et le châtelain de Saint-Germain vont discuter avec les gens du duc pour pacifier les environs et échanger des gages pour le respect de la paix. On arrive à un accord signé sous l’égide de l’évêque de Mâcon et le château de Romanay est échangé contre celui de Bruyzic303.
105En mai, une chevauchée très importante est convoquée à Bagé pour aller détruire les constructions que les gens de Mâcon ont à nouveau édifié du côté savoyard du pont304. En septembre une nouvelle réunion regroupe, à SaintGermain, des nobles savoyards avec Pascal des Fabriques, le représentant du comte en Bresse. Elle concerne les différends qui continuent d’exister entre les gens de Varey et ceux d’Ambronay et qui obligent à garder de jour comme de nuit les portes de la ville d’Ambronay avec des clients supplémentaires305. Le 17 novembre une autre réunion est organisée. Elle concerne cette fois le château de Chalamont306.
106La frontière, dans la montagne au sud d’Ambérieu et de Saint-Rambert, déterminée par le traité de Chapareillan n’est pas respectée par les Dauphinois qui résident à proximité, surtout vers l’entrée de la vallée de l’Albarine et aux environs de Saint-Germain. Ils commettent des actes de violences et de brigandages à l’encontre des marchands. Le châtelain de Saint-Germain qui est aussi le bailli du Bugey, envoie des messagers à Bourg pour que des nobles viennent effectuer une chevauchée répressive dans les terres dauphinoises. Finalement de nouvelles discussions sont organisées à Saint-Germain et à Chausson, en présence des châtelains de Pont-d’Ain et d’Ambronay, à l’issue desquelles les délégués donnent des gages de paix307. Cependant, le Dauphin fait reconstruire le bourg de Chausson qui avait été incendié en 1333 lors de la prise de la bâtie. Des espions savoyards sont envoyés dans les environs à dix reprises durant le mois de septembre 1343 pour savoir ce qui se passe et connaître pourquoi le Dauphin masse des hommes en armes dans cette région. Des rencontres ont lieu à ce sujet, le 18 décembre à Saint-Germain, en présence de l’abbé de Saint-Rambert. Il apparaît que le Dauphin ne voulait que protéger la reconstruction du bourg et il donne des gages de paix en livrant au comte les villes de Saint-Sorlin et Chazeysur-Ain qui passent sous le contrôle du châtelain de Saint-Rambert308. Le comte de Savoie, en tenant en gage la ville de Saint-Sorlin, affirme sa main mise entre l’Albarine et le Rhône et exprime pour la première fois que le bord du Rhône est une zone d’influence savoyarde dans la région, tandis que les bourgs de Chausson et de Lagnieu marquent encore de manière concrète les territoires dauphinois. Avec Chazey-sur-Ain, situé sur la rive gauche de l’Ain, le comte obtient une assise en arrière de Lagnieu et de ce fait, contrôle la plaine de l’Ain au sud de l’Albarine. Cette position lui permet d’être en face de Meximieux et de Loye qui relèvent du sire de Thoire-Villars. Il fait ainsi peser une menace sur ce seigneur qui pose alors beaucoup de problèmes en ne respectant pas les trêves, en arrêtant subitement les négociations et en rendant coup pour coup les accaparations savoyardes. Comme par exemple à Miribel, lorsque les tractations relatives à ce lieu furent arrêtées brusquement et qu’on envoie des messagers pour qu’une autre diète puisse être organisée par le bailli de Bresse et le châtelain de Chalamont309.
107La mort du comte Aymon, le 24 juin 1343, la jeunesse de son successeur, Amédée VI, le futur « comte vert »310 qui n’a alors que neuf ans, ne semblent pas provoquer le moindre ralentissement ou affaiblissement de la politique savoyarde du point de vue de l’expansion territoriale, des négociations et des affirmations des droits. Alors même que le comte vient de mourir, les espions continuent à parcourir les terres du Dauphin dans l’Ile-de-Crémieu et à Morestel pour connaître l’état des ennemis, pour y envoyer ensuite des troupes et provoquer les gens, leur faire peur en se montrant déterminé et agressif afin d’en recevoir des gages. Ces gages de paix qui sont en quelque sorte des gages de soumission, le comte de Savoie en recueille de toutes parts. Des gens de Morestel et de Crémieu aussi bien que sur le front du Rhône, entre Lyon et la Valbonne.
L’épidémie de peste et le « transport » du Dauphiné à la France
108L’ascendant que prend le comte de Savoie sur le Dauphin semble de plus en plus évident. Le Dauphin paraît à bout de ressources diplomatiques et politiques. Il est vrai qu’il est aussi en proie à de graves difficultés financières auxquelles s’ajoute l’angoisse de sa succession puisqu’il n’a plus d’enfant311. Dès 1337, il envisage de vendre ses Etat à Robert d’Anjou, puis au pape Benoit XII après une rapide estimation de leur valeur fixée à 450 000 florins. Le pape fait réaliser, en avril 1339, sa propre évaluation et se rend compte que le prix demandé est nettement prohibitif. L’enquête menée à la même période, par les gens du Dauphin montre également que le prix était surestimé312. Le sire de Thoire-Villars et son frère Henri, archevêque de Lyon, le décide de choisir en faveur du roi de France, l’abandon de sa principauté. C’est une solution qui convient aux grands seigneurs dauphinois, mais qui plaît moins aux gens du petit peuple que les malheurs de la guerre ont beaucoup éprouvés. Ces derniers préféreraient entrer dans la mouvance savoyarde et voir le comte quitter ses froides montagnes pour venir s’installer près d’eux. Ils profiteraient ainsi des besoins de sa cour. Cette vue est d’autant plus forte que le comte de Savoie a de réelles visées sur le Dauphiné. L’intégration de cette principauté agrandirait considérablement ses états et les ferait venir jusqu’aux portes orientales de Lyon. Cependant, tous les sujets dauphinois ne partagent pas cet intérêt à devenir savoyards. Les gens du Faucigny sont farouchement opposés à la mainmise du comte sur leur territoire. Après 1355, le comte est obligé d’intervenir en plusieurs campagnes militaires de grande envergure pour obtenir la soumission des Faucignerans313.
109Le comte de Savoie envoie des émissaires à Paris, dont Guillaume de la Beaume, pour déjouer les tractations que les frères De Villars mènent avec le roi de France. Mais ils arrivent trop tard, car le 23 avril 1343, le projet de donation au roi de France était signé, au château de Vincennes. Il prévoyait que le Dauphiné reviendrait au roi à la mort du Dauphin contre un versement de 120 000 florins et une rente annuelle de 10 000 livres314. Amédée VI met alors tout en œuvre pour compenser ce traité et se rapprocher du roi. Il parvient à faire épouser Blanche de Savoie à l’héritier de France, mais la cour royale pousse ce dernier à prendre un château du sire de Beaujeu, vassal du comte de Savoie. Du coup, les relations franco-savoyardes s’enveniment315.
110En 1344, le roi de France s’assure la fidélité des sujets dauphinois avant même que les choses aient évolué pour le Dauphin. Du côté savoyard, on craint des attaques autour de Saint-Germain316. Mais l’essentiel des problèmes se situent en Bresse et vers Varey avec les Thoire-Villars. Ceux-ci ont d’importants différends avec le sire de Beaujeu pour ses terres « à part d’Empire » qui jouxtent les leurs du côté de Pérouges, Meximieux et Loye. En avril, le bailli du Bugey est à Chalamont pour parlementer avec le bailli de Montluel au sujet de la chevauchée que les gens de Chalamont doivent effectuer contre le bourg et le château de Loye317. Des rivalités ont également lieu en France, du côté de Villefranche où le sire de Beaujeu s’oppose à Henri de Villars, l’archevêque de Lyon. Le comte en tant que suzerain est obligé d’intervenir plusieurs fois à Lyon et à Villefranche pour régler les différends. Il campe dans des pavillons qui sont ensuite gardés par le sire de Beaujeu. Ce dernier les fait rapporter à Bourg en 1349318 d’où ils sont transportés en Piémont.
111Humbert II devient veuf en 1345319 alors qu’il participe à une croisade contre les Turcs, en Asie Mineure. Il en revient ruiné et ses espoirs s’éloignent d’avoir un jour un héritier. Il cherche alors à épouser la fille aînée du duc de Bourbon, mais le roi s’y oppose pour des raisons politiques et parce qu’il ne veut pas que le Dauphiné lui échappe. On s’achemine un peu plus sûrement sur la main mise du Dauphiné par la France. Les négociations continuent entre les belligérants en de multiples endroits320. Du 24 au 27 mai, les gens du comte rencontrent ceux du sire de Thoire-Villars dans la vallée de Rougemont à propos du mont de Meyria321. Les 11 et 12 juin, une autre diète est tenue au sujet de Dolomieu avec les Dauphinois322. En 1346, beaucoup de dissensions disparaissent, mais il en est qui ressurgissent comme celles entre les gens d’Ordonnaz dans la montagne d’Innimond entre Belley et le Rhône et ceux de Saint-Germain qui tuent ici quatre Dauphinois. En 1347, des négociations ont lieu avec le sire de Thoire-Villars à Ambronay et à Montmerle, dans le Revermont, d’autres ont lieu avec le Dauphin afin de fixer les limites avec précision et certitude dans la montagne du Bugey, entre Belley et le Rhône.
112Le 20 janvier 1349, une procession est organisée à Ambronay en l’honneur de saint Sébastien pour qu’il intervienne contre la peste qui ravage le pays. La peste s’est étendue en Bresse au printemps 1348. En mars de cette année, le fermier du four banal de Pont-d’Ain est mort ainsi que toute sa famille323. A la même époque, le four banal de Pont-de-Vaux ne fonctionne plus qu’une fois par semaine324. Selon C. Dussuc, il semble que 86 % de la population soit morte dans cette ville325. Le petit village d’Esvoges perd la moitié de sa population, en août la mortalité est dure et virulente à Pont-d’Ain, quant à la châtellenie de SaintAndré-en-Revermont, il ne reste que la moitié de la population à la fin de l’année 1349326. A la fin du mois de septembre 1348, le revenu de la ferme du rouage est nul à Ceyzériat et les bancs des cordonniers et des bouchers sont vides à Treffort327. Le châtelain de Remens ne peut produire les détails des recettes, car beaucoup de gens sont morts328. Il n’y a quasiment plus de ban de concorde, d’introges ni de lods et vente dans les comptes de châtellenies, mais beaucoup d’échutes dues à la mort de familles entières. Le péage de Saint-Germain rapporte deux fois moins que les autres années en 1348 et en février 1349 celui de Pontd’Ain a diminué de 99 %329. La ferme de Blairie vers Saint-Trivier est mise en « sufferte » à cause de la mortalité qui a empêché toute enchère330. Les bœufs et les vaches sont tous morts faute de soins et de fourrage dans la châtellenie de Remens et les champs ne sont pas semés en 1350-1351331. L’année suivante, les comptes parlent encore de la mortalité et de la baisse des revenus332. La misère est si grande à Jasseron et à Ceyzériat où un terrible orage a ravagé toute la région et détruit les récoltes que le comte ordonne de réduire de 10 livres sa part sur les fermes333, l’autre moitié revenant à l’abbé de Saint-Oyen (Saint-Claude).
113En Savoie, la peste aurait tué, en moyenne, entre un tiers et la moitié des habitants. Les feux recensés à Bourg font apparaître une perte totale de 60 feux, 35 à Saint-André-en-Revermont, 22 à Ceyzériat334. Après la première récurrence de 1361, les feux ont diminué de 52 % à Montmélian depuis 1347, 40 % à Aiguebelle et 43 % à Cordon335. Les 417 feux comptés en 1347 pour huit paroisses de la vallée de l’Isère près de Montmélian ne sont plus que 197 en 1349, soit une perte de 42,75 %336. Les taux de pertes humaines sont quasiment identiques pour le Faucigny337, le diocèse de Genève338 et le Chablais339. Pourtant il existe des villages qui sont totalement épargnés sans pour autant être très éloignés de ceux qui sont presque exterminés. C’est le cas de Saint-Martin-du-Mont, petit village assez proche de Ceyzériat, qui a sans doute su se replier complètement sur lui-même et ainsi se prémunir de l’épidémie.
114Les juifs sont accusés d’avoir empoisonné les puits pour exterminer les chrétiens et, sur l’ordre de Jean de Saint-Amour, un conseiller du comte, ils sont tous arrêtés et enfermés entre le temps des moissons et celui de vendanges340. Ils sont nombreux à mourir à Châtillon-sur-Chalaronne, à Pont-de-Vaux, à Treffort et à Pont-d’Ain sous les coups des habitants qui viennent les tuer dans leur prison.
115La guerre et ses dévastations ont certainement eu un poids sur les capacités économiques des paysans et de ce fait sur leur alimentation. La conséquence en fut une moindre résistance aux épidémies dans les milieux les plus pauvres. En retour l’épidémie pesteuse a évidemment eut des répercutions sur la guerre et sur l’économie. Les hommes sont moins nombreux et de ce fait le prix du travail est plus élevé alors que les capacités financières des châtellenies ont diminué. C’est pour répondre en partie à ce problème que Jean de Saint-Amour emploie de force, les juifs survivants aux travaux de fortification de Bagé341. Les opérations militaires sont moins nombreuses mais ne disparaissent pas pour autant. Blanche de Bourgogne, la veuve du comte Edouard, est morte de la peste le 28 juillet 1348. Aussitôt, on envoie des messagers à la frontière bourguignonne pour avertir les châtelains et leur demander de mener bonne garde sur les territoires que Blanche avait apporté en dot à son époux. Ils sont désormais pleinement savoyards, mais pourraient être revendiqués par les Bourguignons. En novembre 1348, une commission composée de châtelains et de membres du conseil comtal visitent, sur ordre de Philippe de Savoie, l’un des tuteurs du jeune comte Amédée VI, les lieux et les villes342 parce qu’ils sont des sujets de controverse. Les biens savoyards sont attaqués par les seigneurs de Bourgogne. Une expédition est menée pour secourir les terres du comte du côté de Saint-Trivier-de-Courtes où l’on indemnise plusieurs personnes qui avaient été prises par les Bourguignons ou qui avaient perdu tous leurs biens dans les agressions343. On livre des munitions pour les arbalètes344 des châteaux de ces régions. Ailleurs, on continue de négocier. En juin 1349, des journées sont tenues à Saint-Germain entre Louis de Savoie, Amédée de Genève, le sire de Beaujeu et les gens du Dauphin345. Ce dernier, atteint dans ses revenus alors qu’il était déjà dans une situation financière très difficile, finit de se laisser persuader par le général des Chartreux de se retirer dans un monastère et de rendre effective la donation de 1343. Le traité de Romans, signé le 30 mars 1349, organise la cession immédiate des Etats dauphinois. Celle-ci devient effective par un acte du 16 juillet 1349, et l’ensemble du Dauphiné passe aux mains de Charles le petit fils du roi de France346. Charles de France347, le nouveau Dauphin, jure à Lyon de respecter les chartes accordées par ses prédécesseurs348. Le Dauphiné relevant de l’Empire, le nouveau Dauphin prête hommage à l’empereur.
La fin de la guerre
116Le comte de Savoie ne peut s’opposer à ces décisions et les fondés de pouvoir du roi Jean II et ceux du comte Amédée VI signent, en 1351, un traité d’alliance contre les Anglais. Le roi achète l’aide militaire savoyarde au prix de 60 000 florins d’or bon poids349. Ces accords n’empêchent nullement les discordes et les attaques de se poursuivre sur le terrain, car beaucoup de rivalités frontalières ne sont pas réglées. On essaie donc de faire des échanges de territoires pour résorber les problèmes, mais les brouilles incessantes anéantissent le travail des députés. Comme par exemple, les agressions faites par les gens du sire de Thoire-Villars contre Ambronay et les villages du Revermont et celles des Savoyards contre les gens de la montagne de Thoire et contre Varey350. Des gages sont échangés en vain par les princes pour tâcher de maintenir la paix, car au milieu de l’année 1352, un regain d’agressions violentes relance complètement la guerre entre la Savoie et le Dauphiné. Il est demandé à tous les châtelains savoyards de la région de répondre brutalement et systématiquement à toutes les injures dauphinoises351. Les garnisons de châteaux sont renforcées352. Le châtelain d’Ambronay réclame des engins de guerre. Le comte lui fait livrer des arbalètes depuis Chambéry, accompagnées de 25 clients qui sont originaires de Lompnes353. Les châtelains et les nobles de Bresse sont priés de se rendre en armes, à Bourg354. Des espions parcourent le pays jusqu’à Lyon355 et des sentinelles veillent jour et nuit du côté de Varey. Ces surveillances n’empêchent pas Hugues de Genève, le capitaine général du Dauphin, de mener une chevauchée sanglante et incendiaire à travers toute la plaine d’Ambronay, depuis Varey jusqu’en Dauphiné, les châteaux et les villages qui se trouvent sur son chemin sont pris et saccagés. Une chevauchée répressive est lancée depuis Saint-Rambert où l’on fabrique des engins pour se défendre, jusqu’à Saint-Genix pendant 24 jours.
117En 1353, Hugues de Genève ravage le pays de Gex à plusieurs reprises356. Les trêves ne sont jamais respectées et, en tout lieu, on vit sur le pied de guerre avec des espions qui parcourent en permanence les terres du Dauphin357. Le comte proteste auprès du roi et menace de représailles. Celui-ci promet d’intervenir, mais ne fait rien.
118En 1354, les Dauphinois tiennent une armée à Lagnieu et on craint qu’ils envahissent la Bresse358. Le château de Pont-d’Ain reçoit cinq cents carreaux et douze arbalètes pour se défendre. Le mandement dauphinois se réunit finalement du côté de La Tour-du-Pin avec l’intention de remonter vers le nord et de franchir le Rhône aux environs de Hières-sur-Amby. Le comte de Savoie regroupe son armée à Yenne, Bourg-en-Bresse359, Saint-Genis-sur-Guiers360 et Chambéry, puis part à la rencontre des troupes ennemies pour les empêcher de se mettre en route. La rencontre se fait aux Abrets et le comte qui veut en finir des exactions dauphinoises engage la bataille et y remporte une probante victoire faisant, par ailleurs, de nombreux prisonniers361.
119Humbert II, l’ancien Dauphin, devenu patriarche d’Alexandrie, intervient dans les premières discussions qui suivent la défaite de ses anciens chevaliers. 11 est promoteur d’une paix complète et un premier traité provisoire est signé à Mâcon, en juillet 1354, après les premières tractations qui eurent lieu à Chambéry et à Saint-Martin-le-Châtel. Le 5 janvier 1355 est signé le traité de Paris362 qui termine la guerre entre la Savoie et le Dauphiné.
120Les territoires, tant disputés depuis 1335, au nord du Rhône, de Saint-Genissur-Guiers jusqu’à Jons et Montluel sont acquis au comte de Savoie. Ainsi toute la plaine de l’Ain lui appartient désormais directement. Ce dernier récupère également de plein droit, les villes proches de Lyon pour lesquelles son vassal, le sire de Beaujeu, lui doit hommage (Jonage, Miribel, Rillieux).
121Le comte reprend possession complète du Faucigny, gagne encore beaucoup de terrain dans le Genevois en prenant l’Albanais, Annecy et Saint-Julien-enGenevois et en récupérant l’ensemble du Chablais, le Faucigny, le duché d’Aoste et une partie du pays de Gex. Les sires de Thoire-Villars lui prêtent désormais hommage pour leurs terres de montagne363. En échange, il abandonne le Viennois au Dauphin ainsi que les terres et les villes (Voiron) à l’ouest du Guiers, depuis Saint-Genix-sur-Guiers jusqu’à Saint-Laurent-du-Pont.
122La bataille des Abrêts a donc permis, par la victoire des savoyards, de régler les différends entre les deux principautés. La Savoie tient de nombreux prisonniers et possède ainsi les moyens de ses exigences territoriales et récupère tout ce pourquoi elle se battait depuis des décennies. Outre l’élargissement très important de son espace géographique donc économique et politique, le comté devient territorialement beaucoup plus homogène. La Bresse est franchement accolée au Bugey, le Faucigny cesse d’être une enclave fort gênante. L’abandon du Viennois enlève au comte un souci de défense et d’obligation militaire pour un espace certes intéressant, mais consommant l’ensemble de ses revenus pour sa défense364. L’échange de la rive gauche du Guiers contre la rive droite du Rhône, de part et d’autre de Saint-Genis-sur-Guiers, procède du même concept de cohésion des terres et de la frontière qui est ici d’autant plus remarquable qu’elle est marquée de manière naturelle sur une très grande longueur par les deux cours d’eau.
123Le Dauphiné est certes vaincu, mais aux Abrêts, en 1354, et cela depuis 1349, ce n’était plus, politiquement, le même état. Le Dauphin n’est plus le prince originaire de la région qui défend son patrimoine. Même si le roi n’a aucun intérêt à perdre des territoires et ne pas s’occuper de la principauté qu’il a achetée, il n’en revient pas moins que mener une guerre, pour des terroirs éclatés et composés de multiples enclaves, à partir d’une histoire qui n’est pas la sienne, ne l’intéressait guère. Celui-ci préférait, d’une part, avoir une province aux contours bien délimités, homogène territorialement et politiquement. D’autre part, avoir pour voisin et allié le comte de Savoie est nettement plus intéressant que d’avoir à lutter contre lui pour ce qui, vu de Paris, n’était que des broutilles territoriales et féodales. La guerre contre les anglais365 est autrement plus importante pour le roi à cette époque qui paye 40 000 florins de Florence l’aide militaire savoyarde, en juin 1355366.
Stratégie et tactique militaire
124La réunion de la Bresse au Bugey ne pouvait se faire autrement que par la guerre puisque l’espace entre les deux régions appartenait aux ennemis du comte de Savoie. On peut dire que ce fut une guerre de conquête, même si l’espace concerné n’est pas très étendu. Une quinzaine de kilomètres seulement sépare Pont-d’Ain de Saint-Rambert. Pourtant, la réunion des deux pays s’est réalisée sur quarante six années, de 1289 à 1335. L’objectif territorial est primordial, sans doute, mais pas de manière urgente. Ce fut une guerre de sièges, de surprises, de chevauchées pour lasser l’adversaire et occuper ses positions l’une après l’autre. Sans doute la guerre delphino-savoyarde est une succession de heurts entre des troupes qui ne comptaient jamais de gros effectifs. Il n’empêche que qu’elle a déjà la forme d’une opposition farouche entre deux principautés qui cherchent à se nuire l’une et l’autre et que des principes « nationalistes » apparaissent en filigranes. De ce point de vue, la conduite de cette guerre par les savoyards, aux confins de la Bresse et du Bugey et pour les régions de La Michaille et du FrancLyonnais correspond à une stratégie prenant en compte un ensemble de paramètres faisant qu’il vaut mieux aller lentement, mais sûrement.
125Il est possible qu’une action puissante et de grande envergure ait permis au comte Amédée V de se rendre maître rapidement de l’étroite bande de terre qui séparait la Bresse du Bugey. Cela eût été possible dès que le château de Pont-d’Ain fut en situation de se défendre, c’est-à-dire à partir de 1306-1308. Seulement, il eût été très difficile de conserver les acquis territoriaux sans déployer en permanence une force militaire importante et coûteuse. Même si ce coup de force paraît envisageable, il faut considérer l’immense importance du site dont la prise allait engendrer des réactions d’une violence extrême, ainsi qu’en témoigne l’intervention dauphinoise lorsque le comte Edouard s’attaque à Varey, l’ultime défense fortifiée avant la jonction. En outre, les positions savoyardes ne seraient pas faciles à tenir compte tenu de l’étau dans lesquelles elles se seraient trouvées, prises entre les Thoire-Villars et le Dauphin. Enfin le comte avait à soutenir le conflit sur d’autres fronts, à mener ailleurs le même genre de conquête territoriale. D’où la stratégie du grignotage lent, certes, mais inexorable.
126Cette façon de mener la guerre n’est pas propre à la Savoie. Les guerres médiévales sont pour la plupart constituées d’actions rapides et courtes, suivies d’un repli dans un point fortifié. Ce qui explique l’aspect pris par la majorité des conflits de cette époque où l’absence de bataille décisive engendre des guerres interminables. On pourrait penser que cette manière de faire est relative à la puissance des belligérants et que c’est un manque de moyen qui détermine cette forme des conflits. Il n’en est rien puisque les Etats les plus puissants procèdent de la même manière et tentent souvent d’éviter les rencontres. Ce n’est que lorsque l’armée d’agression est acculée en un lieu que le conflit se règle sur le terrain367. Il est d’ailleurs remarquable que la bataille de Varey ne soit pas la rencontre logique et organisée de deux armées en marche l’une contre l’autre, mais le choc d’une armée de siège contre une armée de secours.
127Une bataille répond au paroxysme de la tension entre les rivaux. Elle est un passage à l’acte, une tentative osée pour résoudre le problème, le moyen d’en découdre vraiment et tâcher d’en finir. C’est en quelque sorte une première procédure vers la paix368 pendant un temps au moins. La bataille peut s’apparenter à une sorte d’ordalie qui règle le conflit de deux opposants persuadés d’être dans leur droit.
128S’il n’y eut pas plus de batailles dans les guerres médiévales, en général, et dans le conflit delphino-savoyard, en particulier, c’est qu’en premier lieu, il existe un vrai risque d’être pris, mis en fuite ou tué. L’issue normale d’une rencontre est la déroute de l’un des adversaires, situation qui entraîne la débandade de son camp. Ensuite, et le risque que l’on vient de voir en est en partie la cause, il est souvent difficile, voire impossible de réunir une grande armée et si on peut malgré tout l’envisager du point de vue numérique, cela ne peut durer que quelques semaines, car rapidement l’ardeur et la motivation retombent. Nombreux sont les clients et hommes d’armes qui font défaut à l’ost du prince369.
129Enfin, la bataille n’est pas la guerre. Celui qui la remporte ne gagne pas forcément la guerre. La bataille ne fait que résoudre un conflit particulier, en un lieu spécifique. À cet égard la bataille de Varey est un exemple représentatif. Le vaincu du jour peut demeurer en position de force sur un ensemble d’éléments aussi bien économiques, qu’humains, territoriaux, structurels. Les batailles n’ont souvent jamais résolu les rivalités ni les causes profondes des conflits. Elles n’ont que retardé pour un temps, plus ou moins long, l’ascendant de l’un des protagonistes ou seulement accéléré un processus d’affaiblissement. Si une bataille met fin à la guerre, c’est parce que le vaincu est déjà complètement épuisé et qu’il n’a d’autre possibilité que de négocier. Elle n’est en l’occurrence que la dernière réplique d’une longue pièce dramatique.
130Ainsi, il n’y eut que deux batailles durant les 215 années du conflit delphinosavoyard, ce qui est tout à fait significatif d’une stratégie qui ne veut pas tout perdre en une seule journée, mais préfère s’assurer lentement, mais sûrement sa réussite
La stratégie savoyarde
131Cette stratégie est plus évidente du côté savoyard, d’abord pour des questions de sources. Les sources savoyardes sont plus nombreuses et surtout plus précises que les sources dauphinoises. Ensuite, la Savoie se pose comme « l’Etat » conquérant dans le conflit qui l’oppose au Dauphiné et aux sires de ThoireVillars. Une conquête ne saurait se faire de manière empirique, elle doit élaborer une stratégie qui tient compte des priorités, d’une chronologie des objectifs, d’une analyse des capacités de réaction des adversaires et de la mise en place de moyens efficaces.
132Les Dauphins et leurs alliés sont les seigneurs agressés dans cette guerre ; ce sont leurs territoires que convoitent les comtes. Ils sont bien obligés d’attendre et de voir ce que va faire la Savoie pour intervenir à leur tour. Ils se tiennent donc davantage sur la défensive. Dans les faits, il apparaît nettement que les Dauphins ont plutôt répondu au coup par coup, subissant le conflit plus qu’il ne le menait. D’une part, ils se sont surtout attachés à préserver leurs positions plutôt qu’à considérer que l’attaque est la meilleure des défenses, d’autre part, ils ont parfois fait preuve d’un manque de discernement et de logique quant à leur réaction et à l’importance stratégique de leurs objectifs. Il est vrai que ces derniers semblent d’emblée en position d’infériorité et que, par-delà le conflit, le Dauphiné montre un ensemble de faiblesses importantes dans ses structures370. Les comtes ont mieux choisi leurs alliances, celles-ci leur sont souvent plus profitables et plus durables que celles qu’avaient contractés les Dauphins. L’organisation administrative, très importante quant à la conduite d’une guerre, s’est développée bien antérieurement et de manière plus efficace pour la Savoie371 Enfin, l’emprise territoriale et la puissance des comtes ont toujours été plus homogènes que celles auxquelles pouvaient prétendre les Dauphins372. Ce qui a fait de la Savoie une principauté mieux organisée donc mieux armée, certains disent réussie373, tandis que le Dauphiné portait en lui, les germes de sa défaite militaire et politique dés le milieu du XIIIe siècle374.
133Pour parvenir à leurs fins dans la conquête de la Manche des Coligny, les comtes de Savoie ont mis en place et suivi une stratégie comprenant trois procédés complémentaires et fonctionnant de manière simultanée :
- un processus général qui vise au grignotage des terres dauphinoises à partir de Saint-Rambert en direction d’Ambronay et de Pont-d’Ain. Le grignotage s’effectue par l’accaparation des marches grâce à la construction de « bâties » et par la prise des châteaux ennemis et de leur mandement (Saint-Germain en 1321, Corlier et Saint-Martin-du-Frêne en 1330) ;
- une tactique opérationnelle immuable qui utilise des opérations militaires successives permettant de s’emparer du territoire convoité ;
- des moyens techniques comprenant l’élaboration, l’organisation et la réalisation matérielle des deux formes du grignotage territorial.
Le procédé général
134La stratégie du grignotage des terres est la résultante de plusieurs considérations. La première concerne la gestion des capacités financières et militaires du comté. La guerre se déroule en d’autres lieux contre divers rivaux et il convient de soutenir l’effort de défense sur tous les fronts. On ne peut donc pas tout investir au même endroit.
135La deuxième correspond à une vision globale du conflit visant à ne pas disperser ses forces et à organiser les campagnes militaires les unes après les autres en fonction du contexte de l’époque, des positions ennemies, de la suite logique de l’expansion territoriale. Cela permet aux comtes d’utiliser des hommes nombreux, venant de tous les bailliages et de concentrer d’importants moyens techniques sur un ou deux fronts précis à la fois. Cette façon de faire la guerre est pour les comtes un moyen de parvenir à un objectif déterminé et pour cela, ils n’hésitent pas à bousculer les rythmes courants et à imposer leurs efforts au-delà des distances et des périodes communément admises. D’où l’existence de campagnes militaires en plein hiver375, s’étalant parfois sur une année entière avec des hommes d’armes venus, par alternance, de tout le comté. Les grandes distances que l’on fait faire aux clients pour renforcer une garnison, résister à une menace, aller au secours d’un château assiégé ou encore participer à une chevauchée ou à un siège sont une tradition ancienne en Savoie, selon B. Demotz376. Sans doute, mais il n’explique pas les raisons de cette habitude. Il se pourrait, selon moi, que ce soit un moyen utilisé par les comtes pour souder l’unité savoyarde et que cette principauté, tardivement construite, soit défendue par des gens de toutes les contrées, reconnaissant ainsi le pouvoir du comte sur l’ensemble des hommes et des terres.
136« L’esprit de clocher » règne dans chaque village, dans chaque seigneurie attisant les haines et les agressions. Les partisans dauphinois d’Ambronay qui par deux fois, au moins, tentent de livrer la ville au Dauphin montrent qu’il faut aussi lutter contre une mentalité et tâcher d’y introduire des principes « d’identité nationale ».
137La troisième considération est d’ordre territorial. C’est sans aucun doute la plus importante. Le grignotage s’est réalisé de deux manières ; par la prise arbitraire d’une partie des terres, aussitôt soutenue par la construction d’un ouvrage rapidement mis en œuvre, peu onéreux et facilement réparable, que les comptes appellent une « bâtie ». Par trois fois, les comtes réalisent de cette façon, une partie du grignotage. En 1304, avec la bâtie de Luisandre, en 1332 avec celle de Vieusous-Varey, en 1343 avec celle de Remens. Il ne faut pas croire que ces prises de territoires se sont réalisées spontanément et sans fondement. Avant chacune de ces accaparations, les comtes avaient réussi à se placer ici en situation de force, le contrôle territorial répondant en même temps à une affirmation de leur position.
138L’avancée savoyarde depuis Saint-Rambert jusqu’à Luisandre s’appuie sur le contrôle d’Ambronay dans la vallée et sur celui de Saint-Rambert dans la montagne. Depuis cinq ans que le pont sur l’Ain est reconstruit, les marchands qui circulent sont obligés de passer par les contreforts montagneux qui séparent les deux sites. Ils sont toujours accompagnés d’hommes en armes savoyards et, de ce fait, le comte est militairement présent en permanence dans cette montagne. La construction de la bâtie de Luisandre est la matérialisation de cette présence, en même temps que l’affirmation officielle de l’assise savoyarde entre Saint-Rambert et Ambronay.
139Voyant cela, le Dauphin qui n’était jamais intervenu dans cette partie de la montagne, fait ériger une bâtie du même genre sur le molard d’en face, aux Allymes. On a, par cet exemple, une illustration assez évidente de la politique delphinale qui intervient et réagit en fonction de la Savoie lui laissant toujours, comme au jeu d’échec, l’avantage du premier coup.
140La construction de la bâtie de Vieu-sous-Varey procède, elle aussi d’une position de force du comte à cet endroit après la prise des places fortes de Corlier et de Saint-Martin-du-Frêne en 1330. Cette affirmation veut également s’opposer au péage institué par le comte de Genève. Quant à la bâtie de Remens, elle s’inscrit, en 1343 dans le contrôle de la rive droite de l’Albarine après le traité de Chapareillan. Ce contrôle demeure largement théorique et est loin d’être officiellement accepté. La « bâtie » de Remens affirme ici l’emprise savoyarde en face de la bâtie dauphinoise de Saint-Maurice-de-Gourdans.
141Une fois qu’un territoire est passé sous le contrôle du comte, il faut que cette assise nouvelle soit consolidée et affirmée par une présence militaire permanente et une protection efficace sur le terrain. Lorsque la domination savoyarde semble bien implantée et relativement admise, la bâtie est transformée en château de pierre (Luisandre en 1312). Une période de huit années est nécessaire souvent entre l’édification d’une bâtie et sa transformation en château, mais cette durée est purement aléatoire et ne correspond en rien à une prévision organisée. Ailleurs, après la réparation et l’amélioration des défenses du château pris d’assaut, l’emprise savoyarde se consolide par le contrôle effectif et efficace des terres environnantes et des gens qui y résident, souvent en créant un bourg neuf et une châtellenie autour du nouveau château.
142La seconde façon de se rendre maître d’un territoire correspond au contexte militaire de chaque époque. Lorsque ce territoire est déjà dominé et contrôlé par un château ou une maison fortifiée, le seul moyen de s’en rendre maître est d’assiéger et prendre les places fortes. De ce fait, la guerre delphino-savoyarde se trouve être principalement, quant à ses grandes opérations, une guerre de sièges. Dans la Manche des Coligny, le comte de Savoie a assiégé les châteaux de SaintGermain, Montdidier, Varey, Saint-Martin-du-Frêne, les bâties des Allymes et du Pont-de-Chausson, la maison fortifiée de Corlier, les bourgs d’Ambérieu-en-Bugey et Ambutrix.
143Quand le comte a bien affirmé sa présence et son pouvoir, qu’il a fait reculer ou qu’il a anéanti tout risque de réaction soudaine, le grignotage reprend, sous une de ces deux formes, à partir du point dernièrement acquis. De Saint-Rambert et Luisandre en direction de Saint-Germain en 1321, de Saint-Germain et Luisandre vers Varey en 1325. L’échec de Varey n’a amené qu’une adaptation de la stratégie et rien est foncièrement changé dans les objectifs. Après quelques années nécessaires au redressement de la situation financière, pour retrouver l’appui militaire des alliés et comprendre qu’il serait impossible d’établir une liaison Bresse-Bugey sur une bande de terrain de faible largeur, le grignotage reprend en 1330 depuis Saint-Germain et SaintRambert en direction de Corlier et Saint-Martin-du-Frêne. Le comte étire la zone de contact avec l’ennemi, le forçe à diluer ses actions, le paralyse en maintenant une puissante pression permanente. Le grignotage territorial s’est donc effectué en largeur au lieu d’être réalisé en pointe. C’est l’unique différence dans la stratégie savoyarde.
144Ces trois considérations expliquent la lenteur de la conquête de la plaine d’Ambronay. Cette lenteur n’empêche pas pour autant de poursuivre avec fermeté les objectifs prévus, quitte à marquer un temps d’arrêt pour repartir sous la même forme. C’est en cela que la politique d’expansion de la Savoie apparaît souvent comme opiniâtre et terriblement déterminée. À ce jeu, le Dauphiné, malgré ses efforts pour résister, s’est ruiné et épuisé pour finalement être obligé de céder.
La tactique opérationnelle
145La main-mise sur les territoires défendus par une place forte s’est opérée en plusieurs phases successives.
146Chronologiquement, ce sont d’abord les razzias et les escarmouches très nombreuses dont le but essentiel est de détruire et faire du butin. En ruinant l’économie de la châtellenie ennemie, on diminue sensiblement ses capacités financières à entretenir le château, les hommes de la garnison et les forces de réaction. Certes, une aide extérieure venant du seigneur ou des châtelains voisins peut être fournie, mais il suffit de mener simultanément de telles agressions en d’autres lieux proches ou de revenir tout saccager quelques temps plus tard, pour maintenir localement un état chronique de faiblesse et d’insécurité. À ce jeu là, on se rend compte que celui qui a les moyens de bien se défendre et aussi de prendre l’initiative possède un avantage qui, à la longue, devient déterminant. Il semble que, de ce point de vue, la Savoie ait été souvent plus efficace que le Dauphiné.
147En tant que conquérant et agresseur, le comte de Savoie est moins respectueux des trêves et c’est souvent lui qui reprend l’offensive. Il sait que son rival dauphinois est en proie à d’importantes difficultés financières qui ne lui permettent pas, comme lui en est capable, d’entretenir des opérations militaires régulières. S’il respecte les trêves, le comte de Savoie se tient prêt pour la date exacte de leur fin et attaque ses ennemis sans une seule journée de retard. C’est ainsi qu’il procéda en 1321, lors de l’offensive contre Ambérieu-en-Bugey et Saint-Germain. De l’autre côté, on a vu que plusieurs fois les chevauchées delphinales ont avorté face aux moyens défensifs mis en place par les comtes de Savoie et grâce à la rapidité et à la force de réaction que ces derniers pouvaient déployer comme, par exemple, en 1305 pour défendre Ambronay.
148Entre ou simultanément à ces razzias courtes dans le temps et l’espace, généralement réalisées avec un petit nombre d’hommes, se lancent des opérations du même genre, mais de plus grande envergure. Elles consistent à préparer le siège d’un château et correspondent à une seconde phase dans la stratégie militaire opérationnelle. Ces grandes chevauchées sont plus meurtrières et réalisées avec un plus grand effectif militaire. Des gens en armes sont convoqués dans plusieurs bailliages et l’opération peut être menée par un bailli, voire par le comte luimême. On s’attaque aussi bien aux grosses bourgades qu’aux villages, car il s’agit alors de ruiner complètement les environs du château qu’il est prévu d’attaquer. Plusieurs de ces importantes chevauchées peuvent être menées à quelque temps l’une de l’autre. La première est organisée parfois plusieurs mois avant le siège. Les suivantes amènent une ruine profonde et durable de la région, en empêchant le château de regrouper des provisions pour soutenir le siège. En outre, ces grandes razzias successives permettent de tester les capacités de réaction militaire de son rival. Elles offrent la possibilité d’observer les moyens défensifs du château et connaître la géographie environnante pour un meilleur placement des engins et se prémunir des contre-attaques. La prise de la maison forte de Corlier en est un exemple significatif.
149Après une saison de razzias, viennent les sièges des châteaux. Ce sont des opérations organisées qui prévoient d’abord le repérage des lieux et l’espionnage des forces. Il ne s’agit pas d’attaquer une fortification près de laquelle circule une troupe en armes prête à intervenir. Il faut aussi connaître les environs du château à assiéger, en évaluer sa force, repérer ses points faibles et déterminer un plan d’action. Il y a une véritable élaboration des projets de sièges et des tentatives d’annexion territoriale qui y sont liées : il faut tenir compte d’une réflexion et d’une analyse des événements et des moyens.
150La réalisation effective d’un siège est souvent courte dans le temps. Une armée coûte cher et il faut gérer les dépenses au plus serré. En outre, il n’est pas envisageable de demeurer longtemps aux abords d’un château ennemi, ni au milieu des terres de son rival sans le voir réagir et risquer de perdre tout l’investissement mis dans l’opération. En 1325, pour avoir accepté la trêve demandée par le châtelain de Varey, Edouard est obligé de livrer bataille aux troupes dauphinoises. Il perd du même coup la bataille, nombre de ses alliés et le château. Le succès dépend donc de la rapidité qui, elle-même dépend pour une large part de l’organisation et des renseignements pris auparavant. La prise de Corlier est " représentative de cette organisation par l’étude préalable des défenses du château qui amène les responsables à décider d’incendier la porte. Cela implique d’apporter des fagots et tout ce qu’il faut pour suivre la stratégie décidée et, de fait, l’incendie de la porte de la maison fortifiée de Corlier débouche sur sa rapide reddition. Les maisons fortes de Arlod et Léaz sont, elles aussi, promptement prises par l’observation préalable de leurs fortifications et défenses par deux clients377 qui sont récompensés après le succès des opérations.
151Eu égard à la rapidité avec laquelle les comtes de Savoie ont pris les châteaux dauphinois dans la région, il faut reconnaître qu’ils semblent avoir bien maîtrisé le procédé de ravages des terres puis de préparation technique. En l’occurrence, la puissance et la détermination des comtes de Savoie apparaît encore une fois plus grande et plus efficace que celles des Dauphins. On a vu plus haut que le comte faisait bloquer les passages et les routes aussi bien quand il assiégeait un château afin de ne pas être attaqué sur ses arrières, que lorsque le Dauphin en assiègeait un, afin de le priver de ravitaillement. Très souvent les troupes dauphinoises ont dû quitter la place avant la fin des opérations ce qui est rarement arrivé aux Savoyards.
152Par exemple, les Dauphinois s’y sont pris à quatre fois pour enlever le château de La Perrière aux Savoyards. Pourtant ce petit château de frontière n’était même pas le centre d’une châtellenie et se trouvait assez éloigné des bases savoyardes. La quatrième tentative, en 1333, est la bonne, mais à quel prix ! Le Dauphin y perd la vie, la résistance acharnée des défenseurs a tué beaucoup de Dauphinois et fait durer le siège.
153Outre le manque d’efficacité opérationnelle, puisque le Dauphin s’est spécialement rendu sur place dans la mesure où ses troupes ne parvenaient pas à prendre le château, cet épisode illustre bien la différence d’esprit entre le Dauphiné et la Savoie. En attaquant La Perrière, le Dauphin a seulement réagi de manière épidermique à la destruction du château de Paladru par les Savoyards quelque temps auparavant. Le château de La Perrière ne recouvrait pas une importance capitale à une époque où les enjeux se situaient autour de Varey. Le Dauphin n’a sans doute pas mesuré le déséquilibre qu’il y aurait entre la dépense et le profit de cette action. Il y a, pour le coup, un manque certain d’analyse et de réflexion sur la valeur des enjeux.
154A l’inverse, on a vu que le comte de Savoie ne s’était pas encombré d’un siège du château des Allymes à la suite de la prise de Saint-Germain en 1321. Il n’était pas nécessaire d’investir du temps et des moyens pour prendre un château qui allait causer au Dauphin plus de difficultés à l’entretenir qu’à l’avoir perdu.
155La guerre est donc, avant tout, une question de réflexion et de stratégie logique et adaptée à l’évolution politique et militaire que les comtes de Savoie ont globalement mieux géré que les Dauphins. Mais pour aussi élaborées qu’elles soient, la stratégie et les opérations demandent sur le terrain une organisation technique efficace afin que les objectifs soient atteints.
Les moyens techniques
156Comme on vient de le voir, la guerre est menée de manière rationnelle, structurée et évolutive. À l’origine des opérations, le lieu et les moyens sont déterminés conjointement par le comte et son conseil, en relation avec les baillis. Ces derniers peuvent donner des renseignements précis sur la région et les forces en présence. Les escarmouches et les chevauchées brèves et rapides dans les terres voisines sont organisées et menées par un châtelain depuis le château dont il a la garde, sur ordre du bailli. Les chevauchées de plus grande envergure ainsi que les troupes qui se portent au secours d’un château assiégé ou qui vont participer à un siège sont ordonnées aux baillis par le comte et son conseil. Le châtelain reçoit du bailli, l’ordre de se rendre avec un nombre plus ou moins important d’hommes en armes à l’endroit où se tient le mandement de ce dernier. Bourg-en-Bresse ou Châtillon-sur-Chalaronne, lorsqu’il s’agit d’aller ravager les terres de la Dombes du sire de Thoire-Villars, à Pont-d’Ain, Saint-Rambert quand il s’agit d’attaquer le Dauphin ou défendre les châteaux de Monthoux ou de La Corbière. On a vu plus haut que pour le siège de Saint-Germain, le châtelain de Saint-Rambert avait reçu le même ordre par chacune des trois instances. On peut assez facilement dater l’époque de toutes ces opérations parce que les comptes de châtellenies précisent la date et le lieu de la rédaction de l’ordre par les baillis, le comte ou son conseil. Cela n’est pas le but de cette étude, mais disons qu’en outre, il serait possible de suivre assez précisément, en lieux et en date, les comtes de Savoie dans leurs déplacements.
157La décision d’assiéger et de prendre un château se fait selon la suite logique de l’avancement territorial du comté. Elle est effectivement prise après s’être assuré le contrôle des terres voisines. Elle entraîne la mise en place d’un premier ensemble de moyens militaires ; tels que les chevauchées destructrices. Simultanément sont mis en place et organisés les moyens matériels. L’organisation technique du siège du château de Varey a commencé plusieurs mois à l’avance du fait de l’importance primordiale de ce château. Il était, avec la terre qu’il commandait, le dernier espace entre Bresse et Bugey savoyard. Il était absolument certain que le Dauphin et ses alliés mettraient tout en œuvre pour empêcher cette jonction en dépêchant une armée de secours contre les assiégeants. Il était logique qu’elle arrive par la plaine d’Ambronay afin de prendre l’armée comtale en verrou : c’est pourquoi le comte ferma ce passage par la construction de la bâtie de Gironville et le creusement d’un long et large fossé qui la reliait à Ambronay à l’Ain. L’importance de l’enjeu est bien présent dans la conscience savoyarde, car le comte Edouard est présent dans la région plusieurs mois avant le début des opérations pour organiser l’ensemble des moyens d’attaque et contrôler l’enrôlement des hommes.
158Durant les chevauchées, le problème de la nourriture de la troupe ne se pose pas, car celle-ci est largement fournie par le pillage. En revanche, l’hébergement de nuit est plus délicat. Les clients peuvent être surpris par une troupe ennemie qui s’est rapidement organisée pour s’opposer à elle. C’est pourquoi les chevauchées ravagent le pays ennemi en le traversant en une journée, les soldats allant dormir le soir dans une châtellenie comtale toute proche. À Pont-d’Ain ou Ambronay, quand elle est partie de Saint-Rambert ou à Châtillon quand elle est partie de Bourg. Le lendemain, la chevauchée repart saccager la même région en suivant un autre parcours avant d’aller se réfugier dans un autre château savoyard. Cela peut durer une dizaine de jours pour les plus grandes chevauchées.
159Durant les sièges de châteaux, l’hébergement des hommes d’armes se fait dans des pavillons de toile, tels ceux que le châtelain de Pont-d’Ain fait fabriquer et construire aux abords du château lors du regroupement de l’armée pour le siège de Varey. Le comte Edouard a passé ses nuits à Pont-d’Ain et à Ambronay. Les châtelains doivent fournir, sur ordre du bailli, une large part du ravitaillement des troupes, du comte et de ses capitaines. Il n’est pas vraiment possible de vivre sur le pays puisque celui-ci a été ravagé en préparation du siège. Ce genre de dépenses apparaît sous le titre de « dépenses pour l’hôtel du seigneur alors qu’il était au siège de... » dans les comptes de châtellenies.
160Le siège d’un château nécessite l’usage de tout un matériel technique sophistiqué et lourd. Pour des raisons de commodités de transport et de limitation des distances, c’est souvent le rôle dévolu aux châtelains qui sont les plus proches des objectifs que de le fournir et l’apporter. Que ce soit pour le siège de Saint-Germain ou celui de Varey, les châtelains de Saint-Rambert, de Pont-d’Ain et d’Ambronay, entre autres, ont fourni tout un équipement technique. Engins d’artillerie transportés en pièces détachées puis construits sur place, mantelets pour les arbalétriers, échelles, armes et munitions, outils pour la forge et les sapeurs. L’ensemble de ce matériel, absolument nécessaire pour mener à bien la prise d’un château, requiert des moyens humains spécifiques. Ce sont des spécialistes qui construisent les engins de jet, les réparent, les dressent et les font fonctionner. Leur usage se fait en concertation avec les mouvements offensifs des assaillants.
161Les types d’engins utilisés correspondent aux abords des châteaux sur lesquels ils pourront être installés et à la force des défenses architecturales. On trouve des chats pour la protection des sapeurs et divers engins d’artillerie mécanique assez connus comme les trébuchets et les bricoles. Il y a aussi des balistes que les comptes appellent espinguella. Les moyens d’attaque et l’architecture militaire sont en étroite relation et ont une grande influence l’une sur l’autre. Les fossés et les escarpements empêchent ou limitent fortement l’abord des murailles par les beffrois qui sont de grande tours en bois que l’on fait rouler près des murailles pour tirer sur les défenseurs et aborder les chemins de ronde378.
162Comme nous le verrons plus loin, il convient de tenir compte de manière permanente des règles et des manières de mener un siège à cette époque pour comprendre les dispositions architecturales et éclairer les zones d’ombres, les contradictions et les illogismes apparents que peuvent susciter les textes et les études archéologiques.
Les batailles
163La prise d’un château est également un moyen de mettre fin aux chevauchées régulières et ravageuses qui sont organisées depuis celui-ci, aux conséquences humaines et économiques dramatiques. Le siège du château de Varey en 1325 en est l’illustration. Le comte Edouard est venu à Varey pour prendre, selon la stratégie du grignotage territorial ce qui restait des « terres séparantes » et mettre fin, en même temps, au vandalisme des Genevois. Le siège aboutit à une bataille rangée dont les objectifs revenaient au même, à la différence que dans une bataille l’enjeu se joue en une journée durant laquelle l’erreur ou l’instant de faiblesse ont des conséquences graves.
164Le comte de Savoie a certainement accordé la trêve aux défenseurs de Varey en sachant que les troupes dauphinoises approchaient. Il a peut-être vu dans la bataille un moyen de faire coup double, à savoir vaincre ses ennemis et s’emparer de Varey. L’idée était assez judicieuse, car vaincu, le Dauphin ne pourrait pas de sitôt organiser une contre-offensive pour déloger le comte. Celui-ci peut avoir confiance en lui et en ses troupes. Edouard de Savoie passe pour être un excellent combattant, la prise du château de Varey était quasiment réalisée et les troupes savoyardes ont eu le temps de se reposer et d’attendre l’ennemi. De son côté, le Dauphin n’a pas d’autre solution que d’intervenir. Si le comte s’empare du château de Varey, la jonction des terres savoyardes est faite. Sans doute le comte ne sera pas dans une position facile à tenir, mais il aura marqué un point très important. Par ailleurs, la coalition dauphinoise aura perdu le château le plus important pour empêcher la jonction. Sans doute le Dauphin aurait préféré que l’armée comtale lève le siège à son approche. Ce qui explique, peut-être, la raison pour laquelle il est resté quelques jours à Lagnieu et Saint-Sorlin avant d’intervenir.
165Face à ces deux positions radicalement opposées et ne pouvant pas accepter le moindre compromis, la bataille est apparue comme l’unique solution pour l’un comme pour l’autre. Savoie et Dauphiné sont alors au paroxysme de leur rivalité. L’un a tout à gagner et l’autre tout à perdre. Finalement, le comte est vaincu et plusieurs de ses alliés sont pris. Le Dauphin profite de cette victoire pour détruire la bâtie de Gironville et reprendre celle de Chausson. Il récupère pleinement certains châteaux qui avaient été engagés aux sires de Beaujeu par les Dauphins de la seconde race. Mais les gains financiers sont engloutis dans les soldes des soldats, dans les dettes immenses que devait le Dauphin, si bien que la politique dauphinoise ne put profiter de cet argent pour continuer la guerre et reprendre ce qu’elle avait perdu. Les châteaux repris au sire de Beaujeu lui permirent de se défendre, mais l’obligèrent à libérer de nombreux prisonniers sans rançon en 1329, à la demande du roi de France qui tentait de régler les différends entre les partis.
166Malgré ce qu’elle impliquait d’un point de vue psychologique et financier, la défaite de Varey ne représente pas une catastrophe pour les Savoyards, Les frais du siège et les soldes ainsi que les indemnisations des prisonniers augmentèrent sans doute de manière sensible les difficultés de trésorerie du comte Edouard. Mais le réseau castrai savoyard, son organisation et sa puissance ont empêché les troupes dauphinoises de prolonger leur action. Elles ne tentèrent rien pour reprendre le château de Saint-Germain, attaquer Pont-d’Ain, Luisandre ou Saint-Rambert. Le comte reste donc sur ses positions. A défaut de terminer la guerre dans la région, la bataille de Varey montrait de manière évidente les limites du Dauphin, mais aussi que le comte de Savoie demeurait en position de force dans la région et qu’il devrait s’appuyer sur un plus large front pour joindre ses deux régions.
167Vingt-neuf ans plus tard, en 1354, se déroule aux Abrêts la seconde bataille de cette interminable guerre. Après une période de calme due aux trêves et surtout à l’épidémie de peste, les chevauchées et les escarmouches reprennent en 1352. Elles sont principalement le fait des Dauphinois menés par Hugues de Genève, le lieutenant du Dauphin.
168Il semble que la guerre des dernières années soit celle des seigneurs dauphinois contre la Savoie plutôt que celle des deux princes. De fait, il n’y a aucun Français parmi les troupes dauphinoises des Abrêts. Mais pour les seigneurs du Dauphiné, du Genevois et du sire de Thoire-Villars, les causes du conflit et la vision qu’ils en ont, sont restées les mêmes et ils ne semblent pas avoir vu qu’en changeant de prince, ils changeaient d’Etat. Pour les princes, la guerre ne pouvait avoir le même sens, mais pour les seigneurs, les règlements de comptes, les chevauchées, les provocations avaient toujours la même signification et les mêmes buts que depuis le début des affrontements. Rien n’était résolu des querelles de frontières et des haines qu’elles engendraient. La chevauchée d’Hugues de Genevois, en 1352, à travers la plaine d’Ambronay en est un exemple.
169Afin de faire cesser ces violences et empêcher une grande chevauchée ravageuse qui se prépare, le comte de Savoie vient barrer la route des Dauphinois avec son armée. Une bataille se dessine, acceptée par les deux partis comme le moyen incontestable de faire pencher le droit de son côté. Le comte pour affirmer et faire reconnaître une bonne fois pour toute son assise territoriale, les coalisés pour reprendre ce qu’ils ont perdu et exprimer leur haine du Savoyard. Ne pouvant accepter ce qui est fait, ce qui se prépare et les escarmouches ne pouvant rien résoudre, les deux rivaux règlent leurs différends en un duel : la bataille des Abrêts. Cette bataille met fin à la guerre parce que les Dauphinois sont largement battus, mais surtout parce qu’ils n’ont plus aucun moyen de redresser la situation. Lentement, mais inexorablement ils se sont épuisés par les innombrables escarmouches et ravages qui sont l’essence même des conflits. C’est ainsi que les Dauphinois ont perdu la guerre, on peut même dire qu’ils étaient politiquement vaincus avant la bataille et que celle-ci n’est que le coup de grâce d’une faillite économico-politique379. La défaite des Abrêts n’est pas l’élément déterminant de la fin du conflit. Si les Dauphinois avaient été dans une autre situation, les conséquences de la défaite auraient été différentes, à l’instar de celles que connurent les Savoyards après Varey et la guerre aurait peut-être duré encore plus longtemps.
170Certes, il est plus facile avec le recul du temps de voir plus clairement la signification des choses, mais on peut dire que, dès 1343, avec les premiers accords établis entre Humbert II et le roi de France commença, sans que personne ne puisse alors évidemment le soupçonner, la mise en marche d’un processus qui trouve les moyens de sa résolution avec le traité de Paris en 1355. De ce fait, et en considération de la nouvelle donne politique depuis son annexion par la France, le Dauphiné n’a pas tant perdu que cela avec le traité de Paris. Bien sûr, de grands territoires comme le Faucigny ne sont plus de son ressort, mais son ensemble géographique tout comme celui de la Savoie est beaucoup plus homogène et nettement délimité. Ce regroupement des territoires permet au Daupin d’exercer une souveraineté moins précaire que celle qui a été la sienne jusqu’alors. L’arrêt de la guerre lui donne les moyens d’user ailleurs que dans celle-ci les revenus qui avaient fait tant défaut à Humbert II, au point qu’il en était devenu insolvable et que le « transport » à la France était, avant tout, le constat d’un échec
Les malheurs de la guerre
171Souvent l’histoire des guerres ne retient que les grands événements militaires et le nom de ceux qui les ont vécus ou provoqués. Ces événements ont parfois changé la suite des structures et des organisations politiques, mais les batailles ne font pas les guerres. Si l’on considère qu’une guerre est plutôt l’interminable suite de violences courtes, rapides, imprévues engendrant une insécurité constante, une ruine pouvant être définitive, on peut dire que les populations l’ont souvent vécue autant que les gens d’armes et les seigneurs. Car pour ce qui concerne les hommes, qu’ils vivent sur les lieux des conflits ou sur le passage des chevauchées ou même nettement en retrait des zones de combat, ils mènent une existence inquiète et menacée dans ses moindres instants. Ils connaissent tous la crainte, l’insécurité, la pression fiscale et ce qu’on appelle généralement les malheurs de la guerre.
172Bien sûr, le paysan qui vit dans les environs d’Ambronay a plus à craindre que celui qui réside à Bagé, mais ceux qui n’ont jamais vu un combat ou une chevauchée supportent les mêmes contraintes fiscales. Si leurs récoltes ne sont pas pillées ou incendiées, si leurs bêtes ne sont pas tuées, elles sont réquisitionnées. Ce qui fait que cela leur manque autant. Comme les autres, ils ont à subir la pression fiscale pour la mise en défense du château et de la ville, pour payer la garnison. Tous les comptes de châtellenie montrent l’importance des dépenses pour la fortification des châteaux pendant toutes ces années, quand bien même certains ne sont jamais attaqués. Ils payent aussi les hommes en armes qui vont participer à une chevauchée ou à un siège. Ils fournissent l’hôtel du comte lorsque celui-ci tient son mandement et qu’il attend, à Bourg ou à Belley, l’arrivée des nobles qu’il a convoqués. Nous avons pu voir combien les revenus châtelains ne pouvaient être perçus complètement en raison de l’extrême misère due aux malheurs de la guerre.
173Pendant la guerre de Cent ans, les habitants de la ville de Nimes, qui n’est guère exposée, sont obligés de payer des impositions régulières pour la réfection des murailles, l’entassement de provisions, le versement d’indemnités aux Anglais, aux bandits et aux grandes compagnies.
174Par ailleurs, les clients qui partent à la chevauchée ou qui en reviennent ne sont pas moins dangereux que les ennemis qui saccagent la contrée. Ceux-ci, forts de leur statut social, de leur supériorité armée croient que tout leur est permis et ne se gênent pas pour voler des poules, violer la fille du paysan ou rosser le bourgeois s’il se permet d’intervenir et brûler sa maison en guise d’au revoir. À voir dévaster, on cesse de semer et les paysans finissent même par quitter le pays.
175La limitation des pillages ne peut être exigée que de la classe nobiliaire et encore. Les soldats, les simples clients trouvent en cela un moyen d’améliorer leur ordinaire et leur solde et ils n’obéissent guère à l’interdiction qui est de mise lorsqu’il s’agit des territoires propres du seigneur ou d’une terre qu’il veut conquérir. Il ne s’agit pas, dans ce second cas, d’un fait humanitaire du premier ordre, car il n’est pas d’un grand intérêt de récupérer un territoire exsangue avec quelques survivants qui garderont longtemps une haine féroce contre leur nouveau maître. En revanche, lorsqu’il s’agit seulement de mener une action courte, violente et destinée à affaiblir l’adversaire, le respect des biens et des personnes civiles n’est plus la règle. Ainsi, fut-il fait autour de Varey en 1332 et partout ailleurs en Savoie comme en Dauphiné, durant toute la durée de la guerre. Les moulins sont brûlés, les ateliers et les récoltes détruits, le bétail massacré, les chaussées des étangs défoncées ainsi qu’en témoignent les textes entre 1282 et 1355.
176La guerre entre la Savoie et le Dauphiné s’est caractérisée par sa longueur et l’extrême confusion des causes du conflit et des lieux où il s’est déroulé. Elle a sévi de manière endémique se rallumant en un lieu dès qu’elle s’éteignait ailleurs. Ce qui a souvent fait penser qu’elle ne pourrait jamais se terminer. Les batailles qui peuvent être un moyen de règlement des rivalités sont quasiment inexistantes. Il n’y avait donc aucune raison ni de possibilité de voir les tensions et les exactions se finir puisque la guerre atteignait certes le comte et ses vassaux dans leur richesse et leurs moyens, mais seulement de manière indirecte. Tant que c’était aux paysans de subir les malheurs de la guerre et qu’eux-mêmes n’étaient pas pris, ni réellement vaincus, il n’y avait aucun moyen de la faire cesser. Telles sont les guerres qui toujours atteignent ceux qui ne les ont pas voulues et à qui elles ne rapportent jamais rien.
177La guerre delphino-savoyarde n’a pas encore été étudiée pleinement. La chronique que j’en propose, à partir des sources comptables contemporaines, ne concerne vraiment que la partie territoriale des opérations situées entre Bresse et Bugey. Elle ne représente aussi qu’une période d’un affrontement qui a commencé plus d’un siècle plus tôt. Sans doute, c’est ici et à cette époque que cette guerre fut la plus âpre, mais il faudrait étendre l’étude sur un plus long terme et à l’ensemble des régions touchées par ce conflit pour comprendre, dans son ensemble, les mutations profondes qui affectent le Dauphiné et la Savoie et saisir la construction politique savoyarde et les faiblesses dauphinoises.
178Néanmoins, cette chronique et l’analyse que j’en tire peuvent servir de base pour l’étude de ce qui s’est passé en d’autres lieux, en d’autres années. La stratégie territoriale et castrale des comtes de Savoie est globale et l’exemple de la Bresse et du Bugey permettent d’en comprendre le fonctionnement.
179Toutes les chevauchées destructrices ont un château pour point de ralliement et de départ. Toute opération, toute tentative armée part et revient à eux et tous les contrôles territoriaux, humains et fiscaux s’appuient sur eux. Ce qui montre le rôle essentiel de ces derniers dans la guerre. Celui qui possède et maîtrise le plus de châteaux tient une grande part de la victoire dans ses mains. La guerre s’est organisée et s’est développée à partir des châteaux dans leur ensemble. Chacun d’eux est comme une cellule indépendante l’une de l’autre, mais tous fonctionnent l’un par rapport à l’autre comme à l’intérieur d’un corps qui serait le comté de Savoie tout entier. C’est parce que chacun d’eux participe effectivement à la guerre que l’on trouve, par le biais de leur comptabilité, tant de détails ayant traits à celle-ci. Mais il faut dépasser les faits pour en tirer la compréhension des phénomènes qui ont fait naître ce long conflit qui l’ont fait vivre et qui l’ont terminé. Ces phénomènes sont tous liés aux châteaux, c’est la raison pour laquelle, il m’a semblé si important de les remettre dans leur contexte historique et dans leur fonctionnement militaire afin d’en avoir une image assez complète.
Notes de bas de page
1 Guigues IV est le premier à porter le titre ou le surnom de Dauphin (Dalphinus) dont l’origine est incertaine. Cf. B. Bligny, « Le Dauphiné, quelques remarques », dans Les principautés au Moyen-Âge, Actes du congrès de la S.H.M.E.S.P., Bordeaux, 1979, p. 79-84 ; Ch. Prudhomme, « De l’origine et du sens des mots Dauphin et Dauphiné », dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t. 54, 1898, p. 429-456.
2 L. Jacob, op. cit., p. 18-24.
3 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1307-1308, op. cit., p. 40.
4 A.D.C.O., B 9946, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 4e compte, peau 25, 1311-1312.
5 Ceci est une caractéristique des guerres médiévales qui se retrouve à tous les degrés de puissance. Au début du XIVe siècle, le nord de l’Angleterre est régulièrement ravagé par les Écossais et les ruraux deviennent des vagabonds. Cf. R.W. Kaeuper, Guerre, justice et ordre public, La France et l’Angleterre à la fin du Moyen-Âge, Paris, 1994. p. 107. Durant les guerres contre l’Ecosse Edouard III d’Angleterre agit de même pendant la guerre de cent ans. Cf. Ph. Contamine, La guerre au Moyen-Âge, Paris, 1994, p. 369-371, qui cite Les chroniques de Froissait.
6 A.D.C.O., B 7081, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 3e compte, peau 10, 1286-1287 ; cf. aussi M. Chiaudano, Compte de la châtelenie de Rue, 1271-1272, p. 21.
7 Pour les clients savoyards voir B. Demotz, « A propos des clientes du comte de Savoie aux XIIIe et XIVe siècles », dans Le combattant au Moyen-Âge, Actes du colloque de Montpellier, S.H.M.E.S.P., Paris, 1992, p. 257-265.
8 À propos du vocabulaire relatif aux combattants, voir E. Charpentier « Le combattant médiéval : problèmes de vocabulaire de Suger à Guillaume le Breton » dans Le combattant au Moyen-Age, op. cit., p. 25-35 et Ph. Contamine, La guerre au Moyen-Age, op. cit., p. 161-163.
9 En 38 ans de règne, Amédée V aurait soutenu 32 sièges. Cf. éd. E. Mallet, La plus ancienne chronique de Genève. 1303-1355 (Fasciculus temporis), Genève, 1855 (Mémoires et Documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 9). no44, p. 306.
10 A.D.C.O., B 7079, Compte du péage de Bourg-en-Bresse, 3e compte, peau 2, 1274-1275. A propos des droits que revendiquent en Bresse, les évêques de Mâcon, voir M. Gacon, op. cit., p. 159.
11 A.D.C.O., B 7081, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 5, 1284-1285.
12 A.D.C.O., B 7560, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 7e compte, peau 14, 1289-1290.
13 A.D.C.O., B 547, Compte de Bresse, 1314, folio 1.
14 A.D.C.O., B 9595, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 7. 1342 ; Ibid., B. 7574, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 7, 1342-1343.
15 Ibid.
16 A.D.C.O., B 9940 (1), Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 1er compte, peau 2, 1279-1280 et aussi B 9940, 3e compte, peau 4, 1282-1283,
17 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1333-1334, op. cit.. p. 173.
18 Id., « Remens... », 1350-1351, op. cit., p. 83.
19 Id., « Billiat... », 1328-1329, op. cit.. p. 147.
20 Id., « Saint-Rambert... », 1323-1323, op. cit., p. 119.
21 Id., p. 65, 150, 163, 187, 192 et aussi « Pont-d’Ain... », 1321-1321, op. cit., p. 117, « Remens... », 1347-1348, op. cit., p. 53 ; « Billiat... », 1337-1338, op. cit., p. 198.
22 A.D.C.O., B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 1er compte, peau 1, 1285-1285
23 A.D.C.O., B 10146, Compte de la châtellenie de Treffort, 2e compte, peau 5, 1289-1293.
24 A.D.C.O., B 9940, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 4e compte, peau 10, 1282-1283
25 A. Decour, Le château de Saint-Germain, Trévoux, 1977, p. 91.
26 N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen-âge, Paris, 2001, p. 36-38.
27 Ces prisonniers sont gardés au château de Curzieu. Cf. A.D.C.O., B 7081, Compte de la Châtellenie de Bourg-en-Bresse, 2e compte, peau 5, 1285-1286.
28 A.D.C.O., B 7082 (1), Compte de la Châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 4, 1289-1290, Ibid.,.B 9941, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 6e compte, peau 20, 1289-1290.
29 A.D.C.O.. B 7085, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 4, 1297-1298.
30 A.D.C.O., B 7087 (2), Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 2e compte, peau 6, 9, 1299-1300,
31 A.D.C.O.. B 10369. Compte de la châtellenie de Yenne-Rochefort-Chanaz, peau 6, 1298-1300.
32 A.D.C.O., B 10147, Compte de la châtellenie de Treffort, 7e compte, peau 14, 1299-1300. Depuis 1239, les relations entre la Savoie et l’Angleterre sont assez ténues. Par ailleurs, le comte de Savoie est fortement impliqué dans les affaires flamandes. Cf. A. Marchandisse, « La maison de Savoie et les principautés belges », dans Pierre II, Le petit Charlemagne, op. cil., p. 237-238.
33 A. Kersuzan, La construction du château et de l’enceinte urbaine de Pont-d’Ain d’après les comptes de la châtellenie, 1299-1355, Mémoire de maîtrise, Université Lyon 2, Lyon, 1997, (dactyl.), p. 26-30.
34 Parmi les dépenses, il est fait mention de 60 livres viennois données à Antoine de Sales, châtelain de Saint-André-en-Revermont (maintenant sur-Suran). Cf. A.D.C.O., B 7562, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 6, 1301-1303.
35 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1298-1299, op. cit., p. 28.
36 A.D.C.O., B 10149, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 1302-1303.
37 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1299-1300, op. cit., p. 19.
38 A.D.C.O., B 7087. Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 3e compte, peau 6, 1300-1300.
39 A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv. 16/1, 1299-1300.
40 A.D.C.O., B 10148, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 5, 1299-1300.
41 Ibid.
42 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1300-1301, op. cit., p. 21.
43 À partir de 1294, à cause de la guerre, le passage par le Jura se ferme. La route qui passe par la Bresse et le Bugey connaît un important gonflement du trafic. Cf., H. Dubois, Les foires de ChalonsurSaône et le commerce dans la vallée de la Saône à la fin du Moyen-Âge, vers 1280 - vers 1430, Paris, 1976, p. 78 et 273-276.
44 A. Perret, op. cit., p. 910.
45 H. Dubois, op. cit., p. 78.
46 A.D.C.O., B 6744, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 5, 1302-1303.
47 A.D.C.O., B 10149, Compte de la châtellenie de Treffort, 3e compte, peau 6, 1303-1304.
48 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, op. cit., p. 31.
49 A.D.C.O., B 9945, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 1er compte, peau 10, 1305-1306.
50 A.S.T. inv. 16. Compte des receveurs généraux, rouleau 3, peau 19, 1304-1304 ; A.D.C.O., B 6744, Compte de la châtellenie de Bagé, 3e compte, peau 8, 1304-1305.
51 A.D.C.O., B 7562, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 2e compte, peau 7, 1303-1304 ; ibid., B. 10149, Compte de la châtellenie de Treffort, 6e compte, peau 16, 1306-1306.
52 A.D.C.O., B 8050 à B 8066. Tous les comptes de la châtellenie de Jasseron, 1304-1355.
53 Entre autres acquisitions, le droit du péage à Pont-d’Ain et la ville de Ceyzériat. Cf. ibid.
54 A.D.C.O., B 7562, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 2e compte, peau 7, 1303-1304. Ibid., B. 10149, Compte de la châtellenie de Treffort, 4e compte, peau 10, 1304-1305.
55 Des conférences ont lieu entre les gens du Dauphin et du comte de Savoie à propos de la frontière dans la montagne de Dorvan (montagne située entre l’Albarine et le Rhône, au sud d’Ambérieu et de Saint-Rambert. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1301-1302, op. cil., p. 25.
56 A.D.C.O.. B 9945, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier-de-Courtes, 1er compte, peau 9, 1305-1306.
57 A.D.C.O., B 7088, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, peau 3, 1304-1305.
58 P. Cattin, « Saint-Rambert.... », 1305-1306, op. cit., p. 37.
59 Près du Rhône, dans la montagne entre l’Albarine et le Rhône, au sud-est de Lagnieu.
60 L’un des deux prisonniers est Albert d’Hières, un noble dauphinois important. On comprend pourquoi les gens de Voiron étaient si pointilleux sur le paiement sans doute élevé de leur prise. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1305-1306, op. cit., p. 37.
61 De fin août au 13 septembre 1305. Cf. A.S.T. inv. 16, Compte des receveurs généraux, rouleau 2, peau 19.
62 P. Cattin, « Pont d’Ain... », 13051307, op. cit., p. 39-51.
63 Id., « Saint-Rambert... », 1305-1306, op. cit., p. 37.
64 Id., « Pont-d’Ain... », 1305-1307, op. cit., p. 54-55.
65 Le cri d’un château est le moyen d’avertir les vassaux de se rendre immédiatement au château auquel ils sont soumis afin d’en assurer la défense. A.D.C.O., B 8053, Châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 3, 13071308. Ce cri (cride ou clamo) est un son de trompe. ; Le château de Pont-d’Ain est pourvu de quatre trompettes à cet usage en 1327. Cf. P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., p. 157 ; deux cornes en terre cuite sont acquises par la châtellenie de Saint-André-de-Briord et Lhuis pour sonner l’alarme. Cf. A.D.C.O., B 9513, Compte de la châtellenie de Briord-Lhuis, peau 3, Si la plupart du temps, les comptes savoyards comptent un sonneur de trompe dans l’effectif permanent des garnisons, en d’autres régions, le cri est plus souvent donné par des cloches. Cf. J. Micquel, L’architecture militaire dans le Rouergue, op. cit., p. 199.
66 Le compte de la châtellenie de Pont d’Ain donne la liste très précise des clients qui se relaient par tranche de 10 jours pour la garde et la défense du château. Cf. P. Cattin, « Pontd’Ain... », 1307-1308, op. cit., p. 61-62.
67 P. Cattin, « Saint-Rambert.... », 1303-1304, op. cit., p. 30.
68 L. Poncet, L’abbaye d’Ambronay, op. cit., p. 59 ; P. Cattin, « Pontd’Ain... », op. cit., p. 10 ; A.C.N. de La Teyssonniere date cet événement en 1316 et selon lui il ne se serait rien passé de notable en 1308 à Ambronay, op. cit., p. 184..
69 A.D.C.O., B 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, 2e compte, peau 12, 1307-1309 ; ibid., B 6747, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 6, 1307-1308 ; ibid., B 10087, Compte de la châtellenie de Seyssel-Dorches, 3e compte, peau 6, 1307-1309 ; cf. aussi P. Cattin, « Saint-Rambert... ». 1307-1308, op. cit., p. 4L
70 A.D.C.O., B 9946, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 1er compte, peau 27, 1307-1309.
71 La prise par échelades se fait tôt le matin afin de surprendre la garde qui n’est pas trop nombreuse et qui ne peut repousser partout les assaillants. Cf. J. Miquel. L’architecture militaire dans le Rouergue au Moyen-Âge, op ; cit., p. 237.
72 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1307-1308, op. cit., p. 39-41.
73 On parle de frais de garde pour les traîtres d’Ambronay avant de les emmener au Bourget. Cf. A.D.C.O.. B 9522, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 3e compte, peau 2, 1308-1311.
74 A.D.C.O., B 10151, Compte de la châtellenie de Treffort, Ier compte, peau 6, 1306-1308 ; ibid., B 6747, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 4, 1307-1308.
75 A.D.C.O., B 6747, Compte de la châtellenie de Bâgé, 1er compte, peau 4, 1307-1308 ; ibid., B 9522, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 1er compte, peau 3, 1308-1311.
76 M. Thibout, « Les châteaux des Allinges », dans Congrès archéologiques de France, CXX, 3e session, Savoie, Société Française d’Archéologie, Paris, 1965 ; cf. aussi M. Constant, op. cit., p. 253-281.
77 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1303-1304, op. cit., p. 31.
78 O. Guichard, L’abbaye de Chezery, des origines à la grande peste (1140-1348), Société d’Histoire et d’Archéologie du pays de Gex, Gex, 2001.
79 Ibid., p. 47.
80 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv 16., rouleau 3, peau 9. 1308-1310
81 Ibid.
82 A.D.C.O., B 10152. Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 13111313 ; cf. aussi P. Cattin, « Le château de Luisandre dans les comptes de la châtellenie de Saint-Rambert, 1312-1317 », dans Cahiers René de Lucinge, 1982-1983.
83 S. Ulmann - P. Cattin, Le château des Allymes, Bourg-en-Bresse, 1991, p. 14.
84 A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 3, peau 22, 1312-1314.
85 P. Cattin, « Saint-Rambert... »,1312-1314, op. cit., p. 58-59.
86 A.D.C.O., B 6750, Compte de la châtellenie de Bagé, 3e compte, peau 15, 1312-1313 ; ibid., B 10152. Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4, 1311-1313 ; A.S.T. Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 3, peau 15 1312-1314.
87 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1310-1311, op. cit., p. 47.
88 A.D.C.O., B 6750, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 6, 1312-1313 ; ibid., B 7093, compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 2e compte, peau 6.
89 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 3, peau 15, 1312-1314. Cf. aussi P. CATTIN, « Saint-Rambert... », 1311-1312, op. cit., p. 49.
90 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 3, peau 15, 1312-1314.
91 A.D.C.O., B 9946, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 6e compte, peau 12, 1312 1313.
92 P. Cattin, « Saint-Rambert... »,1312-1314, op. cit., p. 59.
93 A.C.N. de La Teyssonnière, Recherches historiques sur le département de l’Ain, t. 3, Roanne, 1979, p. 174-179.
94 Texte du traité reproduit par Valbonnais, op. cit. t. II, Preuves XXIX, p. 155-156.
95 P. Cattin, « SaintRambert... »,1312-1314, op. cit., p. 60.
96 Ibid., 1318-1319, p. 86.
97 A.D.C.O., B 10153, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 4. 1316-1317.
98 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1317-1318, op. cit., p. 82 - 83.
99 A.D.C.O., B 6687, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 2, 3. 4, 1317-1319.
100 A.D.C.O., B 7565, Compte de la châtellenie de ChâtillonsurChalaronne, 3e compte, peau 8, 1317-1318.
101 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 13201320, op. cit., p. 96.
102 U. Chevalier, Inventaire des archives des Dauphins de Viennois à Saint-André-deGrenohle en 1277, Paris, 1869.
103 Ce péage est récupéré par le comte avec l’incendie de Varey en 1333. Il en partage alors le produit avec l’abbé d’Ambronay. mais doit le rendre au sire de Thoire-Villars en 1335, selon les clauses du traité de Chapareillan.
104 A.D.C.O., B 7093, Compte de la châtellenie de Bourg, 2e compte, peau 8, 1320-1321.
105 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1320-1321, op. cit., p. 99.
106 Id., « Pont-d’Ain... », 1320-1321, op. cit. p. 114..
107 Id., « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit. p. 102
108 Ibid., p. 103
109 Ibid., 13211322, p. 108
110 Ces écluses ou digues obligent également, en temps de paix, à emprunter le pont et à en payer le passage. Les noms de jaynes et boydets sont des mots du patois bressan. Cf. A. Kersuzan, La construction du château et de l’enceinte urbaine de Pont-d’Ain, op. cit., p. 44.
111 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p. 103.
112 Ibid.
113 Id.. « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 104.
114 Id., « Saint-Rambert... », 13211322, op. cit., p. 108.
115 Ce chat est fourni par la châtellenie de Billiat. Il est fait de 110 chênes. Cf. P. Cattin, « Billiat... », 1321-1322, op. cit., p. 104
116 A.D.C.O., B 10372, Compte de la châtellenie de Yenne, 3e compte, peau 7.
117 A.D.C.O., B 9581, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 4, 1322 1324.
118 A.D.C.O., B 9581, Compte du péage de Saint-Germain, 1er compte, peau 2, 13201321.
119 A.D.C.O., B 7093, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 3e compte, peau 6, 1322-1322.
120 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1321-1321, op. cit., p. 118 et « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p 104 et 108.
121 A.D.Isère, B 3867, Compte de la Chambre des comptes du Dauphiné, folio 2, 1322 ; ibid., B 4442, folio 38-39, 1322.
122 Ibid., B 4344, Compte de la Chambre des comptes du Dauphiné, folio 12-14, 1337-1338.
123 Les otages sont remis au comte, le mercredi avant la saint Barthélémy. Cf. P. Cattin, « SaintRambert... », 1321-1321, op. cit.,p. 104. Le jour consacré de cette fête est le 24 août et correspondait à un lundi, cette année là.
124 Un compte de la châtellenie de Saint-Rambert témoigne par deux fois de la durée et des dates précises de cette trève. Il déclare que les otages furent gardés à partir du mercredi et rendus le dimanche matin et que le châtelain paye pour la nourriture de chaque otage 12 deniers par jour et 12 autres deniers par jour à chacun des deux gardiens assignés à chaque otage. Ce qui porte le total de la dépense à 15 livres et 12 sous viennois comme indiqué par le compte. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1321-1321, op. cit., p 104.
125 Ibid..
126 Ibid., p. 108
127 A.D.C.O., B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 5, 13211321.
128 Jean D’Orville, Chroniques de la Maison de Savoie, Archives de l’Etat, Genève, 161. J. Cordey en propose une transcription, op. cit., p. 110-114.
129 Monumenta historiae patriae scriptorum, t. 1, Turin, 1840.
130 Les grans croniques des gestes et vertueux faicts des très excellens catholiques, illustres et victorieux duczs et princes des pays de Savoyes et Piemont avecque aussi la généalogie des dessusditz ducs et princes de Savoye, Paris, 1516.
131 Histoire des comtes d’Albon et Dauphins de Viennois, Paris, 1628. Il est cependant le seul à situer le siège sous le règne du Dauphin Guigues VIII.
132 Histoire de Bresse et Bugey, op. cit., p. 59.
133 Lateyssonnierre, op. cit., p. 186-187, ainsi que A.vingtrinier, op. cit., p. 20.
134 J. M. Lescuyer-Montdesert, op. cit., p. 23.
135 Les réparations furent, pour l’essentiel, vite menées puisque dès 1323, on trouve mention des Balmettes dans les comptes de la châtellenie. Cf., A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 4e compte, peau 17, 1325-1328.
136 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1322-1323, op. cit., p. 125.
137 A.D.C.O., B 7093, Compte de la châtellenie de Bourg, 3e compte, peau 8, 1322-1322.
138 Reg. Dauph., Valence, no 21 283.
139 P. Cattin, « Les comptes de la châtellenie des Allymes à l’époque dauphinoise », dans Etudes archéologiques, historiques et littéraires des pays de l’Ain, Cahiers René de Lucinge, no 20, 1977, p. 14-17.
140 Il s’agit de Girard du Bois et de Gaillard de Montferrand. Cf. A.D.C.O., B. 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 7, 1321-1321.
141 Id., « Pont-d’Ain... », 1322-1323, op. cit., p. 124 et « Saint-Rambert... », 1321-1322, p. 108.
142 Ibid., 1323-1323, p. 119.
143 M. de La Corbière, A la conquête d’une châtellenie genevoise au pays de Gex : le comte Amédée V de Savoie et La Corbière (1285-1323), op. cit. ; L. Menabrea, « De l’organisation militaire au Moyen-Âge d’après des documents inédits », dans Mémoires de l’Académie Royale de Savoie, 2e série, t. 1, p. 190-192.
144 P. Cattin, « Billiat... »,1321-1322, op. cit., p. 106 - 107.
145 Archives d’Etat de Turin, 1322, protocole 151, série camérale, folio 1 : « En nostre mayson de Gentilly furent les chouses ordenées et jurées par les diz Edduard et Ayme sus sains Evangiles en nostre presence », cité par J. Cordey, op. cit., p. 3.
146 P. Caton, « Pont-d’Ain... », 1322-1323, op. cit., p. 126..
147 A.D.C.O., B 7093, Compte de la châtellenie de Bourg, 3e compte, peau 6, 1322-1322.
148 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1322-1323, op. cit. p. 116.
149 Le service funèbre qui est célébré en l’abbaye de Hautecombe est payé par la châtellenie de Billiat. Cf. P. Cattin, « Billiat... », 1323-1324, op. cit., p. 117.
150 P. Cattin, « Comptes de la construction de la bastide de Gironville », dans Cahiers René de Lucinge. n °12, 1979, p. 4-18 et no 24, p. 21-24 ; J.-M. Poisson, « La bastide de Gironville à Ambronay » dans Châteaux de terre, de la motte à la maison forte », Décines, 1988, p. 61-64 ; J. M. Poisson, « Recherches archéologiques sur un site fossoyé du XIVe siècle : La bastide de Gironville », dans Château-Gaillard, XII, 1984, p. 225-236.
151 A.D.C.O., B 8058, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 5, 1325-1326.
152 P. Cattin, « Billiat... », 1324-1325, op. cit., p. 126.
153 Il s’agit de Girard du Bois et de Gaillard de Montferrand. Cf. A.D.C.O., B 8057, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 6.
154 Ibid., p. 127.
155 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 3e compte, peau 23, 1325-1325 ; ibid., B 9583, Compte du péage de Saint-Germain. 2e compte, peau 5, 1324-1325.
156 G. Louise, « La mise en place du réseau castrai sur les confins de la Normandie et du Maine (Xe-XIIIe siècles) », dans Autour du château médiéval,. Actes des rencontres historiques et archéologiques de l’Orne, 1997, Alençon, 1998, p. 20.
157 W. Foley - G. Pabner - W. Sœdel, « L’arbalette », dans Pour la science, no 89, mai 1985, p. 24-30 ; V. Serdon, « Les fers de traits médiévaux : approche d’études archéologiques chrono-typologique des carreaux d’arbalète », dans Pages d’Archéologie Médiévale en Rhône-Alpes, Lyon, no3, 1995, p. 75-85.
158 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1324-1325, op. cit., p. 141, 144 et 146.
159 A.D.C.O., B 9582. Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 4e compte, peau 22, 1325-1328.
160 L’espionnage est considéré comme une nécessité absolue pour les princes. Cf. J.-R. Alban et C.-T. Allmand, « Spies and spying in the 14th century », dans War literature and politics, Oxford, 1989, p. 73-101 ; A.D.C.O., B 9582 (2), Compte du péage de Saint-Germain, 2e compte, 1325.
161 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1325-1325, op. cit., p. 132.
162 A.D.C.O., B 8058, Compte de la châtellenie de Jasseron, 2e compte, peau 4, 1325-1326.
163 A. Vingtrinier, Vieux châteaux de la Bresse et du Bugey, 1882, p. 6.
164 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1326-1327, op. cit., p. 139..
165 Le Dauphin Guigues VIII n’est âgé que de 15 ans, Je ne pense pas qu’il ait effectivement participé à la bataille. Pas plus que son tuteur Henri qui est évêque de Metz.
166 Il a combattu déjà très jeune à la bataille de Mons-en-Pévèle, en 1304, au côté du roi de France Philippe IV qui le fit chevalier en raison de son brillant comportement, puis il avait prit plusieurs châteaux pour le compte de son père Amédée V.
167 S. Guichenon, cite les Chroniques de Savoie. Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, Preuves, Roanne, 1976 p. 61.
168 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1325, op. cit., p. 146.
169 Pour payer sa rançon, Guichard II, sire de Beaujeu, livre au Dauphin ses droits sur les seigneuries de Loye, Meximieu, Montellier, Corzieu. BourgSaint-Christophe. Le comte de Savoie le dédommage de ces pertes en lui donnant le château de Buenc, dans le Revermont et le château de Lent en Bresse en plus d’une compensation financière. Cf. La Teyssonnierre, op. cit., t. 3, p. 211 - 216 ; S. Guichenon, Histoire de Bresse de Bugey, op. cit., p. 39 et 61 ; G. Paradin, Histoire de Savoie, Lyon, 1561, cité par C. Garrin, « La Bresse », t. 1, p. 378.
170 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1325-1325, op. cit., p. 146.
171 Ibid, p. 154.
172 Id., « Saint-Rambert... », 1326-1327, op. cit., p. 139 et aussi « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., p. 146 et 153.
173 P. Cattin, « Billiat... », 1325-1328, op. cit., p. 131-132 et 139.
174 Id., « Saint-Rambert... », 1326-1327, op. cit., p. 138-139.
175 Id., « Pont-d’Ain... », 1325-1327, op. cit., p. 151.
176 Id., « Saint-Rambert... », 1326-1327, op. cit., p 142.
177 Ibid, 1/03/13271328, p. 145.
178 Ibid., p. 144-146
179 Ibid
180 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-Andréen-Revermont, 4e compte ; peau 9, 1327-1328.
181 Ibid
182 P. Cattin, « Pont d’Ain... », 1327-1328, op. cit., p. 159-160.
183 Ibid, p. 157-158.
184 A.D.C.O., B 9583, Compte du péage de Saint-Germain, 3e compte, peau 7, 1326-1328.
185 A.D.C.O., B 9948, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 3e compte, peau 26, 1322-1327.
186 A.D.C.O., B 9997, Compte de la châtellenie de Saint-Laurent-les-Mâcon, 4e compte, peau 9, 1327-1329.
187 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., p. 159.
188 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 5e compte, peau 14, 1327-1328 ; ibid., B 8058, Compte de la châtellenie de Jasseron, 3e compte, peau 9, 1328-1329.
189 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 4e compte, peau 14, 1327-1328 ; cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., p. 160.
190 P. Cattin, « Saint-Rambert », 13281329, op. cit., p. 150.
191 Id., « Pont-d’Ain... », 1327-1328, op. cit., p. 159.
192 Ibid.
193 Id., « Billiat... », 1326-1328, op. cit., p. 140-142.
194 Ibid..
195 A.D.C.O., B 10155, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 8, 1328-1329.
196 Ibid. ; cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1328-1329, op. cit., p. 147 ; ibid., « Pont-d’Ain... », 1328-11329, t. 2., op. cit.,p. 10.
197 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1328-1329, t. 2., op. cit., p. 10.
198 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de SaintGermain,7e compte, peau 27, 1328-1329.
199 Les résultats, tenus encore secrets, sont rapportés à Bourg par Jean de Sathonay. Cf. ibid.
200 Il s’agit d’Antoine de Clermont, Aymon Gras, Pierre François, Jean Bertrand et le prieur de Lemenc. Ils sont hébergés chez Laurent Evêque, l’aubergiste de SaintRambert. Cf. P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1328-1329, p. 149.
201 B. Demotz, « La politique internationale du comté de Savoie », op. cit. p. 53.
202 Cette trêve pour laquelle le Pape Jean XXII a également beaucoup œuvré, permet aux troupes dauphinoises et savoyardes de participer auprès du roi de France, à la bataille de Cassel. Cf. J. Cordey, op. cit., p. 15 ; Vidal (abbé), « Intervention du pape Jean XXII dans le conflit entre la Savoie et le Dauphiné, 1334 », dans Revue des questions historiques, 1900.
203 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1328-1329, op. cit., p. 150.
204 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 5e compte, peau 25, 1328-1329 ; ibid.. B 9582, 8e compte, peau 29, 1330-1331.
205 A.D.C.O., B 10155,Compte de la châtellenie de Treffort, 4e compte, peau 18, 1329-1329 ; ibid.. B 9948, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 3e compte, peau 14, 1329-1330.
206 S. Guichenon, Histoire de Bresse et Bugey, op. cit., p. 62.
207 Ibid., Histoire généalogique de la royale Maison de Savoie, op. cit., p. 380. Les comptes ne parlent jamais des causes de cette mort inattendue, seuls les comptes de châtellenies parlent de son départ et les comptes de l’hôtel de sa présence à Paris. Cf. Archives de Turin, comptes de l’hôtel, 2e cat., no 39, folio 111, 1329-1330.
208 A.D.C.O., B 6754, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 5, 1328-1330.
209 A.D.C.O., B 7094, Compte de la châtellenie de Bourg, 1er compte, peau 11, 1328-1329.
210 P. Cattin, « Billiat... », 1329-1330, p. 153 ; voir aussi N. Pollini, La mort du Prince, Rituels funéraires de la maison de Savoie (1343-1451), Lausanne, 1993.
211 M. Cibrario, Storia della monarchia di Savoia, t. 3, Turin, 1840-1843, p. 29.
212 G. Valbonnais, Histoire du Dauphiné et des princes qui ont porté le nom de Dauphin, 2 vol., Genève, 1722, p. 228-229.
213 A.D.C.O., B 6754, Compte de la châtellenie de Bagé, 2e compte, peau 11, 1330-1331.
214 A.D.C.O., B 8059, Compte de la châtellenie de Jasseron, peau 4, 1329-1330.
215 A.D.C.O., B 7096, Compte de la châtellenie de Bourg, 2e compte, peau 8, 1329-1330. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », op. cit., 1329-1330, p. 18 ; ibid., « Saint-Rambert... », 1329-1330, op. cit., p. 155 ; ibid., « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 153.
216 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1329-1330, op. cit., 156.
217 Id., « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p. 1819.
218 Id., « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 154.
219 A.D.C.O., B 7568, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 10, 1330-1331.
220 A.D. C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 30. 1330-1331.
221 A.D.C.O., B 7096, Compte de la châtellenie de Bourg-en-Bresse, 1er compte, peau 3, 1329-1330.
222 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 30, 1330-1331.
223 A.D.C.O., B 10155, compte de la châtellenie de Treffort, 6e compte, peau 25, 13291330
224 P. Cattin, « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 153.
225 A.S.T., Compte des receveurs généraux, inv. 16, rouleau 16, peau 22, 1330-1331. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 153.
226 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1329-1330, op. cit., t. 2, p. 18.
227 Id., « Billiat... », 1329-1330, op. cit., p. 154.
228 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 34, 1330-1331.
229 Ibid.
230 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1330-1331, op. cit., p. 160.
231 A.D.C.O., B 7568, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 10, 1330-1331.
232 A.D.C.O., B 9582, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 9e compte, peau 30, 1330-1331.
233 Ibid.
234 Ibid.
235 Poursuivant l’offensive sans s’arrêter, le comte de Savoie s’empare, le 24 août 1330, du château de Monthoux dans le Faucigny. Cf. P. Duparc. Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, Genève, 1955, p. 272.
236 A.D.C.O., B 6756, Compte de la châtellenie de Bagé, 1er compte, peau 6, 1332-1333.
237 A.D.C.O., B 9584, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1331-1332.
238 A.D.C.O., B 7568, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 10, 1330-1331.
239 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1331-1332, op. cit., p. 29.
240 Id., « Saint-Rambert... », 1331-1332, op. cit., p. 163.
241 A.D.C.O., B 6689, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 1er compte, peau 3, 1331-1332 ; ihid., B 7568, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 1er compte, peau 10, 1330-1331.
242 A.D.C.O., B 7568, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 3e compte, peau 8, 1331-1333.
243 A.D.C.O., B 9584, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1331-1332. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1331-1332, p. 29-30.
244 A.D C.O., B 9584, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1331-1332.
245 Ibid. Cf. aussi., B 7570 (4), Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 4e compte, peau 18, 1333-1334.
246 J. Cordey, op. cil., p. 198 ; P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1332-1333, op. cil., p. 168..
247 A.D.C.O., B 6689, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 2e compte, peau 4, 1332-1333.
248 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1333-1333 ; cf. aussi, P. Cattin, « Billiat... », 1332-1333, op. cit., p. 166-167.
249 P. Duparc, op. cit., p. 274. et L. Blondel, Châteaux de l’ancien diocèse de Genève, Genève, 1956, p. 300.
250 Ibid.
251 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1332-1333.
252 Ibid.
253 Ibid., peau 7.
254 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., p. 42.
255 Ibid, p. 4041.
256 A.D.C.O., B 7570, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, Ier compte, peau 9, 1331-1333.
257 A.D.C.O., B 9585, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1333-1333.
258 Ibid..
259 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., p. 42.
260 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 11e compte, peau 21, 1333-1334. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1333-1334, op. cit., p. 170.
261 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3. 1333-1334. Cf. aussi P. Cattin, « Billiat... », 1333-1334, op. cit., p. 172.
262 A.D.C.O., B 7570, Compte de la châtellenie de Châtillon-sur-Chalaronne, 4e compte, peau 18, 1333-1334. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., p. 41.
263 A.D.C.O., B 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 11e compte, peau 21, 1333-1334.
264 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 3, 1333-1334.
265 A.D.C.O., B. 9524, Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, 11e compte, peau 22, 1333-1334.
266 A.D.C.O., B 9586, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 4, 1333-1334.
267 M. Colardelle, J.P. Moyne, E. Verdel. « La prise du château de La Perrière, Episode de la guerre delphino-savoyarde (1333) », dans ChâteauGaillard, 19, 2000, p. 27-31.
268 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1333-1334, op. cit., p. 173.
269 Les comtes de Savoie, depuis 1320, se sont tournés vers la France, abandonnant leurs relations pourtant étroites avec l’Angleterre, depuis que le fief-rente de 100 livres sterling octroyé par Henri III à Boniface de Savoie n’est plus versé. Cf. B. Demotz, La politique internationale du comté de Savoie, op. cit., p. 52. Il se pourrait plutôt que le roi d’Angleterre ait cessé de le verser parce que le comte de Savoie ne lui prête plus hommage. Cf. B.-D. Lyon, From Fief toIndenture : The Transition from Feudal to Non-feudalContact in Western Europe, Cambridge, Mass., 1957.
270 P. Cattin, « Pont-d’Ain... »,1332-1334, op. cit., p. 4L
271 Id., « Billiat... »,1334-1335, op. cit., p. 175.
272 Id., « Saint-Rambert... », 1333-1334, op. cit., p. 173
273 Id., « Pont-d’Ain... », 1332-1334, op. cit., p. 4L
274 Ibid.
275 Id., « Billiat... », 1334-1335, op. cit., p. 174-175.
276 Ibid., 1333-1334, p. 170.
277 Le château des Allymes fut remis au comte le 23 novembre 1335 par Guy de Lutrin dernier châtelain Dauphinois. Cf. S. Tenand-Ulmann - P. Cattin, op. cit., p. 24.
278 L’armée royale était convoquée à Amiens puis, le 2 octobre, le roi Philippe VI demande au comte, par une lettre fermée, de se présenter dans la quinzaine qui suit la Toussaint avec 300 hommes au moins. Cf. J. Cordey, op. cit., p. 288-290.
279 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1337-1338, op. cit., p. 187. et « Billiat... », 1337-1338, op. cit., p. 197.
280 Ibid.
281 C’est ce qui a fait dire à de nombreux historiens que le traité de Chapareillan mettait un terme à la guerre entre Savoie et Dauphiné, dans la région. Cf. Ch. Jarrin, La Bresse et le Bugey, leur place dans l’histoire, Bourg, 1883 ; E. Quinsonas, op. cit ; M. Gacon, op. cit.
282 P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1338-1340, op. cit., p. 117 et « Saint-Rambert... », 1337-1340, op. cit., p. 187-192.
283 L. Poncet, op. cit., p. 60.
284 S. Guichenon, Histoire de Bresse et Bugey, op. cit., p. 62.
285 Le comte Edouard est mort en 1329 et Guichard VIII de Beaujeu le 3 octobre 1331. Cf. S. Guichenon, Histoire de la souveraineté des Dombes, vol. 1, Roanne, 1874, p. 232.
286 A.D.C.O., B 9589, Compte du péage de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1337-1338.
287 P. Cattin, « Saint-Rambert... », 1333-1334, op. cit., p. 174.
288 A.D.C.O., B 9589, Compte du péage de Saint-Germain, Ier compte, peau 4, 1337-1338.
289 A. D. C.O., B 9589, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 7, 1338-1338. Cf. aussi P. Cattin, « Pont-d’Ain... », 1338-1340, op. cit., p. 121 ; « Saint-Rambert... », 1339-1340, op. cil., p. 193.
290 Ibid.
291 P. Cattin, « Billiat... », 1339-1340, op. cit., p. 202-205.
292 A.D.C.O., B 9592, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1339-1340.
293 Antoine de Clermont est un personnage très important à la cour de Savoie. Il est receveur des travaux, membre du conseil comtal et il a longtemps été le chef des receveurs généraux. Son nom apparaît très souvent dans les comptes de toutes les châtellenies de Bresse et de Bugey.
294 A.D.C.O., B 9592, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, peau 5, 1339-1340.
295 A.D.C.O., B 9591, Compte du péage de Saint-Germain, 3e compte, peau 9. 1340-1341.
296 Ibid.
297 A.D.C.O., B 9591, Compte du péage de Saint-Germain, 4e compte, peau 15, 1341-1342.
298 A.D.C.O., B 6692, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 4, 1341-1343.
299 J. Cordey, op. cil., p. 298-299.
300 A.D.C.O., B 6693, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 4, 1343-1344.
301 Ibid.
302 Ibid.
303 A.D.C.O.. B 9595, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 7, 1342-1343 ; ibid., B 9596, 1er compte, peau 5, 1343-1344.
304 A.D.C.O., B 9596, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 7, 1343-1344.
305 A.D.C.O., B 6693, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 4, 1343-1344.
306 Ibid.
307 A.D.C.O., B 9596, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 5, 1343-1344.
308 Ibid.
309 Ibid.
310 Amédée VI fut appelé ainsi parce qu’en 1348, à l’âge de 14 ans, il était vêtu d’un habit vert lors d’un tournoi à Chambéry : La Teyssonniere, op. cit., p. 319-320.
311 Il a souvent été dit que l’héritier du Dauphiné était mort d’une chute dans le Drac par défenestration. Selon La Teyssonniere, il est mort d’une longue maladie, mais il ne prouve pas son affirmation. Ibid., p. 283.
312 N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny..., op. cit., p. 44
313 Ibid., p. 46-48.
314 J. Cordey, op. cit., p. 88-89.
315 B. Demotz, « La politique internationale du comté de Savoie », op. cit., p. 39.
316 Un maître balistier vient à Saint-Germain pour réparer et préparer les engins, on renforce la garnison du château. Cf. A.D.C.O., B 9596, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 1er compte, peau 4, 1343-1344.
317 Ibid. ; cf. aussi. A.D.C.O., B 9750, Compte de la châtellenie de Saint-Rambert, 2e compte, peau 5, 1343-1344.
318 A.D.C.O., B 7100, Compte de la châtellenie de Bourg, 1er compte, peau 5, 1349-1350.
319 Il était marié à Marie de Baux.
320 A.D.C.O., B 9596. Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 7, 1344-1345.
321 Ibid. B 9596, 3e compte, peau 11.
322 Ibid.
323 A.D.C.O., B 9028, Compte de la châtellenie de Pont-d’Ain, peau 2, 1346-1347.
324 A.D.C.O., B 9164, Compte de la châtellenie de Pont-de-Vaux, peau 2, 1348-1349.
325 C. Dussuc, L’impact de la peste noire dans les châtellenies savoyardes de Bresse, Mémoire de maîtrise, Université-Lyon III, Lyon, (dactyl.), 1988, p. 63.
326 A.D.C.O., B 9530 (2), Compte de la châtellenie de Saint-André-en-Revermont, peau 3.
327 A.D.C.O., B 10156, Compte de la châtellenie de Treffort, peau, 1348-1349.
328 P. Cattin, « Remens... », 1348-1349, op. cit., p. 57.
329 C. Dussuc, op. cit., p. 119.
330 A.D.C.O., B 9951, Compte de la châtellenie de SaintTrivier, 1er compte, peau 5, 1351-1352.
331 P. Cattin, « Remens... », 1350-1351, op. cit., p. 77.
332 Ibid., 1351-1352, p. 87.
333 A.D.C.O., B 8064, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 2, 1351-1353.
334 C. Dussuc, op. cit., p. 64.
335 R. Brondy, « La population savoyarde, étude démographique », dans La Savoie de l’an mil à la Réforme, Rennes, 1984, p. 180-191.
336 M. Hudry, J. Chatel, A. Bernard, Découvrir l’histoire de la Savoie, Albertville, 1980, p. 80.
337 En 1339, le Dauphin Humbert II a fait effectuer une enquête dans le Faucigny pour connaître le revenu réel des terres. Cf. A. Fierro, Les enquêtes de 1339 en Dauphiné et Faucigny, intérêt démographique. Thèse de l’Ecole des Chartes, 1965, (dactyl.) ; N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen-Age, Economie et société, fin XIIIe-début XIVe siècle, Paris, 2001, p. 75-92.
338 L. Binz, « La population du diocèse de Genève à la fin du Moyen-Âge », dans Mélange d’histoire économique et sociale en hommage au professeur A. Babel, Genève, 1963, p. 145-196.
339 P. Dubuis, « Le jeu de la vie et de la mort, la population dans le Valais (XIVe-XVIe s.) », dans Cahiers lausannois d’histoire médiévale, Lausanne, 1994, p. 97-179.
340 A.D.C.O., B 6773 (1), Compte de la châtellenie de Bagé, peau 3, 1348-1349.
341 C. Dussuc, op. cit., p. 121.
342 A.D.C.O., B 9596, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 5, 1344-1345.
343 A.D.C.O., B 9599, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 7, 1348-1349 ; ibid., B 9949, Compte de la châtellenie de Saint-Trivier, 1er compte, peau 3, 1348-1349.
344 A.D.C.O., B 7098, Compte de la châtellenie de Bourg, 2e compte, peau 4, 1348-1349.
345 A.D.C.O., B 9600, Compte du péage de Saint-Germain, 4e compte, peau 3, 1349-1350.
346 J. Cordey, op. cit., p. 222.
347 Le futur Charles V.
348 Une copie de ce serment fut établi par les bourgeois et transcrite par La Teyssonniere, Recherches historiques sur le département de l’Ain, p. 327-335.
349 J. Cordey, op. cit., p. 226.
350 P. Cattin, « Billiat... », 1352-1353, op. cit.. p. 267.
351 A.D.C.O., B 9601, Compte de la châtellenie de Saint-Germain, 2e compte, peau 7, 1352-1353.
352 Ibid. et A.D.C.O., B 10159, Compte de la châtellenie de Treffort, 1er compte, peau 6, 1352-1353 ; ibid., B 9033, Compte de la châtellenie de Pont-d’Ain, 1er compte, peau 5, 1351-1352 ; ibid.. B 6701, Compte de la châtellenie d’Ambronay, peau 3, 1351-1352.
353 Ibid.
354 A.D.C.O., B 7103, Compte de la châtellenie de Bourg, 2e compte, peau 10, 1351-1352.
355 P. Cattin, « Remens... », 1352-1354, op. cit., p. 95 et 101.
356 Id., « Billiat... », 1353-1354, op. cit., p. 274.
357 A.D.C.O., B 6702, Compte de la châtellenie d’Ambronay, 3e compte, peau 12, 1353-1354.
358 A.D.C.O., B 8065, Compte de la châtellenie de Jasseron, 1er compte, peau 4, 1353-1354.
359 A.D.C.O., B 6780, Compte de la châtellenie de Bagé, peau 6, 1353-1354.
360 A.D. Cote d’Or B 6957, Compte de la châtellenie de Ballon-Léaz, peau 5, 1353-1355.
361 Amédée VI avait embauché pour cela une grande compagnie menée par Anichino Baumgarten, un des pires capitaines de compagnies de cette époque. Cf. B. Tuchman, Un lointain miroir, Paris, 1978, p. 187.
362 Ce traité est transcrit dans son intégralité par J. Cordey, op. cit., p. 312-325.
363 J. Cordey, op. cit., p. 229.
364 Les revenus du viennois savoyard sont assez élevés. Le mandement de Saint-Symphorien d’Ozon perçoit 900 livres, les foires qui sont organisées ici rapportent 270 livres, les mandements de Bocsozel et La-Côte-Saint-André 300 livres d’argent. Cf. L. Jacob, op. cit., p. 3738.
365 En 1354, la France a déjà perdu les batailles de l’Ecluse en 1340 et Crécy en 1346. Calais est anglaise depuis 1347. Les Anglais ont incontestablement le dessus et le roi de France a besoin d’alliés.
366 La demande faite au comte de se présenter à la mi-juin avec son armée et la quittance du comte Vert pour les 40 000 florins reçus pour aller lutter contre les Anglais sont publiées par J. Cordey, op. cit. p. 327-328.
367 Ainsi en 1214, le roi de France et son armée s’occupent de ravager la Flandre. C’est lorsqu’il se trouve talonné par ses ennemis que Philippe II engage la bataille à Bouvines, non sans avoir tenté de l’éviter jusqu’au dernier moment. Cf. G. Duby, Le dimanche de Bouvines, Paris, 19962, p. 868869. En 1356, le Prince noir mène une cruelle chevauchée à travers le Poitou et le Berry. 11 tente à tout prix d’éviter la rencontre avec l’armée française. Il faut un concours de circonstances pour que celle-ci finisse par connaître les positions anglaises et que se sentant bloqué, Edouard d’Angleterre accepte la bataille à Poitiers, après négociations préalables. Cf. J. Favier, La guerre de cent ans, Paris, 1980, p. 212-213 ; Ph. Contamine, La guerre au Moyen-Âge. op. cit., p. 365, 369, 379-389 ; C. Gaier, Art et organisation militaires dans le principauté de Liège, Bruxelles, 1968, p. 204.
368 G. Duby, Le dimanche de Bouvines, op. cit., p. 938-941.
369 Cf. supra, p. 55 et note 183 et 184.
370 G. Giordanengo, « L’Etat » dauphinois au milieu du XIIIe siècle, une esquisse », dans Pierre II de Savoie « Le petit Charlemagne ». Actes du colloque de Lausanne 1997, Lausanne 2000, p. 333-368.
371 Ibid
372 B. Bligny, op. cit., p. 81.
373 B. Demotz, Le comté de Savoie du début du XIIIe siècle au début du XVe siècle. Étude du pouvoir dans une principauté réussie, op. cit.
374 G. Giordanengo, op. cit., p. 364.
375 Voir le siège d’Entremont, en janvier 1307.
376 B. Demotz, La frontière au Moyen-Âge, op. cit., p. 109.
377 A.D.C.O., B 8209, Compte de la châtellenie de Lompnes, peau 6, 1305-1307.
378 E. Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’Architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, 1854, t. 3, p. 448-470.
379 B. Bligny, op. cil., p. 80-84.
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