La mosquée de Tinmal
p. 85-88
Texte intégral
1C’est en hommage à Ibn Tumart, fondateur du mouvement almohade, que fut édifiée, dès 1153-1154, dans une vallée du Haut Atlas la mosquée de Tinmal (fig. 1).
2Le plan montre une symétrie parfaite de l’édifice par rapport à l’axe que forment l’entrée nord (une seule porte), le centre de la cour, la nef centrale (légèrement plus large que les autres) et le mihrāb (fig. 2). L’ensemble dessine un carré presque parfait, qui couvre 1800 m2 ; dans un espace modeste et sur un bâtiment qui se veut sans prétention à la “grande” architecture, sont réunis tous les éléments qui trahissent les influences lointaines de Kairouan (Tunisie) ou de Cordoue (Espagne), et conditionnent l’évolution de l’art islamique d’Occident. Modèle de la mosquée “occidentale”, la mosquée de Tinmal propose une organisation équilibrée des volumes ; la nef axiale forme avec la travée de qibla – richement et soigneusement décorée – un “T” qui renforce la symbolique du double axe signalant l’orientation sacrée vers La Mecque.
3Le monument s’inscrit bien dans la tradition islamique d’Occident. Les arcs à lambrequins, les décors de muqarnas sont apparus et se sont développés à l’époque almoravide (milieu XIe-milieu XIIe siècle). Il fait preuve d’originalité par l’absence d’un véritable minaret (remplacé par une surélévation du mirḥāb) et par la présence de deux coupoles d’angle aux extrémités de la travée de qibla. On a dit que ces dispositions, qui rappellent celles de mosquées de Tunisie et d’Égypte, reflétaient les influences orientales et chiites sur l’idéologie almohade.
4Très caractéristique des mentalités almohades, l’encadrement décoratif du mihrâb présente une série de motifs géométriques qui découpent et rythment l’espace : les entrelacs – de même que les arcs polylobés du mirhâb – structurent, habillent et ornent les surfaces sans rien enlever à la sobriété de l’ensemble.
5Il en est de la décoration de Tinmal comme de tout le décor almohade ; ses caractères principaux sont l’occupation de l’espace, les jeux de symétries et des panneaux répétitifs, le recours au géométrique et aux effets particuliers d’un floral fortement stylisé (palmettes, fleurons et entrelacs). Tout devient, avec Tinmal, référence et modèle pour l’avenir artistique de l’Occident musulman.
Bibliographie
Bibliographie : P. Ricard, « Notes sur la mosquée de Tinmal », Hespéris, 1923, p. 524-532 ; J. Benslimane, Ch. Ewert, A. Touri & J. P. Wisshak, « Tinmel. Fouilles de la mosquée almohade », Bulletin d’Archéologie Marocaine, XIV, 1981-1982, p. 277-312 ; H. TRIKI, J. Hassar Benslimane & A. Touri, photos de Ch. Lignon, Tinmel, l’épopée almohade, Milan (Fondation ONA), 1992.
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