[5]. La délimitation géographique, ethnique et culturelle du Dar al islam : la marche de Lérida dans les textes et l'archéologie
p. 39-45
Texte intégral
1Il est évidemment impossible, dans le cadre d'un choix de textes forcément limité, d’aborder tous les problèmes touchant à la composition de la population andalouse, problèmes qui entraîneraient bien au delà de la période considérée, et supposeraient que l’on s'interroge sur la formation et le développement de la société de l'Espagne musulmane de la conquête à la fin du califat. Je renverrai sur ce point à mon livre sur les Structures sociales "orientales" et "occidentales" dans l'Espagne musulmane, paru en 1977, ou, plus brièvement, à ma contribution à /Histoire des Espagnols publiée sous la direction de Bartolomé BENNASSAR, en rappelant que l'on trouvera aussi de nombreuses indications sur ces problèmes, en dehors même de la classique Histoire de l'Espagne musulmane de LEVI-PROVENCAL, dans les ouvrages et articles en français publiés par des arabisants ou hispanistes comme Henri TERRASSE et Henri PERES (voir par exemple, sur les problèmes ethniques et linguistiques à la fois, et plus particulièrement centré sur les XIe-XIIe siècles : PERES, "Les éléments ethniques de l'Espagne musulmane et la langue arabe aux Ve-VIe siècles". Etudes d’orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-Provençal, Paris, 1962, t. II, pp. 717-733)
2Il n'est pas possible non plus de se livrer à la minutieuse étude à la fois géographique et chronologique qui serait nécessaire pour appréhender le problème de la "frontière" d'al-Andalus, frontière dont la délimitation a évidemment constamment varié en fonction des rapports de forces, et comme on le sait dans le sens d'un recul quasi-continu au fur et à mesure de l'avancée de la Reconquête chrétienne. On trouvera dans ce livre quelques cartes qui tentent de situer l'espace andalou aux diverses phases de l'histoire des XIe-XIIe siècles, mais il conviendrait évidemment de préciser et de nuancer les données relatives à chaque période et à chaque secteur géographique.
3Il m'a semblé que l'on pouvait introduire à l'appréhension de ces deux problèmes et en donner un aperçu, en les associant sur un exemple concret, étudié depuis quelques années par divers chercheurs espagnols et français, celui de la "Marche supérieure", expression qui désigne, à l'époque musulmane, la vallée ou plaine de l'Ebre, région à toute époque riche et active, dominée par les trois villes principales de Saragosse, Huesca et Lérida. Des articles et ouvrages récents, publiés surtout par Philippe Sénac et Josep Giralt, ont attiré l'attention sur les textes arabes relatifs à cette région, et surtout les ont associés à des travaux archéologiques consistant en fouilles, sondages et prospections systématiques, qui devraient contribuer à éclairer d'un jour nouveau l’organisation de l'habitat et la culture matérielle de ces zones frontalières d'al-Andalus, jusqu’ici très mal connues de ce point de vue. J'ai utilisé principalement dans le dossier ci-dessous, outre les ouvrages classiques permettant de situer les grands faits de l’histoire de ces régions limitrophes de l’Espagne chrétienne (principalement : La Reconquista española y la repoblación del paίs, ouvr. coll., Saragosse, C.S.I.C., 1951, et Antonio DURAN GUDIOL, De la Marca superior al reino de Aragón, Sobrarbe y Ribagorza, Huesca, 1975) les travaux suivants : Ph. SENAC, "Note sur les husun de Lérida", Mélanges de la Casa de Velázquez, XXIV, 1988, pp. 53-69, et C. ESCO, J. GIRALT, Ph. SENAC, Arqueologίa islámica en la Marca superior de al-Andalus, Huesca, 1988. Il convient de renvoyer aussi aux actes du colloque de Huesca de mai 1988 sur La Marche supérieure d'al-Andalus et l'Occident chrétien, sous presse, Casa de Velázquez, et à ceux du colloque Castrum 4, sur La frontière, Erice, Trapani, sept. 1988, sous presse également).
4Divers géographes relativement tardifs, l’Oriental al-Qazwini (1203-1283), le Maghrébin al-Himyari (XIVe-XVe siècles), et l'auteur anonyme du Dhikr Bilad al-Andalus, qui date du XVe siècle et a été récemment publié et traduit en espagnol par Luis Molina (Una descripción anónima de al-Andalus, Madrid, 1983), apportent sur cette région, et plus concrètement la zone de Lérida-Fraga, un certain nombre de précisions qui se recoupent plus ou moins et sont certainement empruntées à des auteurs plus anciens qu’ils n’identifient malheureusement pas. Elles font ressortir d'une part la relative richesse et la densité du peuplement de la région, d'autre part la menace constante des chrétiens, qui oblige à des modes de défense particuliers. L'affirmation du Dhikr selon laquelle il y avait près de trois mille villages ou qura dans les environs de Fraga, chacun pourvu d'une mosquée à usage communautaire où se faisait le sermon du vendredi n'a évidemment de valeur que symbolique, comme témoignage en la croyance de la profonde islamisation d'une région que le texte d'al-Himyari décrit plutôt comme mis en valeur par de nombreuses exploitations agricoles de dimensions inférieures à ce que l'on désigne habituellement en al-Andalus comme qarya, des "fermes" ou diya' qu'il présente comme généralement fortifiées.
5Le même souci défensif se retrouve dans la mention des husun, châteaux ou localités fortifiées de cette région de la Marche, dont Philippe Sénac, en collaboration avec d'autres chercheurs espagnols, a entrepris l'inventaire et l'étude (voir, outre l'article cité précédemment, et des publications en espagnol, les travaux en français publiés dans Mélanges de la Casa de Velázquez, XXIII, 1987, pp. 125-150, et Annales du Midi, 100,1988, pp. 17-33, qui portent sur des husun de la région de Huesca). La cartographie des husun identifiables de la frontière de Lérida permet de dessiner les limites du "district" musulman de cette ville au XIe siècle. Les enquêtes archéologiques en cours devraient permettre de mieux connaître les formes d'organisation du peuplement ayant existé dans ces régions à l'époque musulmane, et peut-être de les comparer à celles qui prévalaient du côté chrétien de la "frontière", en Aragon ou en Catalogne. Du point de vue de la culture matérielle, l'archéologie apporte déjà des éléments de comparaison utiles. En dehors même des décors de stuc de l'époque des taifas retrouvés dans la citadelle (ou zuda) islamique de Balaguer, qui concernent un niveau social aristocratique, des objets céramiques d’usage courant, comme les élégantes petites jarres (jarritas) à décor de cuerda seca partielle trouvés à Lérida et Balaguer, permettent de mettre en évidence la "frontière culturelle" qui sépare, dans ce domaine, la civilisation raffinée d'al-Andalus, pleinement intégrée au Dar al-Islam (comparer avec 3*), de celle beaucoup plus fruste de la Catalogne chrétienne, qui ne connaît à l’époque que de rustiques "céramiques grises", aux formes peu élaborées et sans décor. Du point de vue de la chronologie, les abondantes et riches céramiques de Balaguer présentent un intérêt particulier, car elles ont été trouvées sur le vaste site fortifié du "Pla d'Almatá", qui domine topographiquement la ville actuelle et a été abandonné postérieurement à la conquête chrétienne qui se produit pour Balaguer à l'extrême fin du XIe siècle (la ville semble avoir été vassalisée par le comte Ermengol d'Urgel en 1082, conquise temporairement en 1097, et occupée définitivement en 1105).
6La frontière politico-militaire s'établit, au début du XIe siècle, sur une ligne qui suit les premiers contreforts de la chaîne pyrénéenne, ne la pénétrant profondément que dans le secteur central, où les musulmans ont tenu longtemps la région de Boltana ("Barbitanie"). Cette ligne apparaît, à la fin du califat, comme la limite de la zone de peuplement musulman intensif, au delà de laquelle les armées califales lancent des attaques dévastatrices plus au nord, ravageant le sud de l'Aragon et la Ribagorza, et occupant sans doute temporairement des forteresses pyrénéennes. Mais la crise du califat et le rapide renforcement des Etats chrétiens pyrénéens transforment au contraire ces premières hauteurs en une ligne défensive. Sous le roi de Navarre Sanche le Grand (1005-1035), se produit l'occupation définitive par les chrétiens du saillant de Boltaña, et la restauration et consolidation de leur présence dans le sud de l'Aragon. Le Sobrarbe, petite seigneurie chrétienne qui semble avoir été plus ou moins autonome ou vassale des gouverneurs musulmans de la Marche est réunie à l'ensemble aragonais, de même que la Ribagorza. Des forteresses dominant la plaine sont édifiées par les chrétiens, dont le puissant château de Loarre, qui ne fera que se renforcer dans le cours du XIe siècle.
7Dans la seconde moitié du siècle, Les rois d'Aragon, les comtes de Barcelone et d’Urgel, mènent une lutte acharnée pour la conquête des positions frontalières musulmanes : on sait que Ramiro Ier est tué en assiégeant Graus en 1063, et qu'une croisade franco-aragonaise prend temporairement Bobastro l'année suivante. Graus est finalement pris en 1083, Monzón en 1089, Huesca en 1096, Barbastro en 1100. Du côté catalan, Ager, qui semble avoir été disputé pendant au moins deux décennies à partir de 1030, est définitivement acquis au plus tard en 1047-1048, alors que Balaguer, ainsi qu'on vient de le voir, ne l'est qu'un peu plus d'un demi siècle après. C'est principalement la documentation chrétienne qui nous renseigne sur la chronologie de cette progression : ainsi le document de donation de divers biens sur le territoire du château de Gerb par le comte Ermengaud IV d'Urgel au noble catalan Mir Arnal, joint à ce dossier, montre-t-il que cette position située dans la vallée du Segre à quelques kilomètres au nord de Balaguer (qui ne nous est pas connue antérieurement), est occupée dès 1082. Des documents de ce genre peuvent apporter quelques informations sur les modes d'occupation du sol antérieurs à la conquête chrétienne (ici la mention d'almunia/s ou demeures d'agrément entourées d'un domaine foncier, et de tours). La conquête des villes importantes, (Saragosse en 1118, Tudela en 1119, Calatayud en 1120, Lérida et Fraga en 1147) ne tarde plus ensuite que quelques décennies.
8Il est difficile de savoir quelle pouvait être la composition ethnique de la population, fortement islamisée (il existe des noyaux mozarabes, mais ils ne semblent pas très importants quantitativement) dans ces régions. L'un des textes proposés insiste sur l'existence d'un apport initial arabe. Les dynasties tudjibide et hudide qui gouvernent la Marche à l'époque des taifas se réclament de cette origine, certainement avec raison pour la première dont la généalogie était bien connue. La toponymie suggère également la présence d'éléments berbères, comme la tribu des Miknasa, qui a donné son nom à Mequinenza. Il est cependant évident que l'origine d'une grande partie, sans doute la majorité, de la population est à chercher dans l'élément indigène, hispano-wisigothique, progressivement islamisé durant les VIIIe-XIe siècles. C'est à cet élément qu'avait appartenu la puissante famille des Banu Qasi, à laquelle il est fait allusion dans le texte d'al-Himyari. Elle descendait d'un comte wisigoth (du nom de Cassius ?), et avait joué un rôle politique prépondérant dans la région au IXe siècle. Mais on notera qu'à la suite des violentes luttes ethniques de la fin du IXe siècle, et comme d'autres puissantes familles muwallad, c'est à dire indigènes islamisées, les Banu Qasi disparaissent complètement à partir du Xe siècle, pour laisser la place à une aristocratie dirigeante arabe (les Banu Tudjib en l'occurrence). Cette constatation ne vaut évidemment que pour le niveau aristocratique, et même pour la seule classe dirigeante, mais la profondeur de l'"arabisation" socio-culturelle de l'ensemble de la société andalouse, y compris dans ces régions septentrionales, ne fait à mon avis guère de doute.
A. Deux textes géographico-historiques sur la région de Lérida-Fraga
9(Lérida :) Dans la marche orientale d’al-Andalus. C'est une ville ancienne, qui fut bâtie au bord d'un cours d'eau qui provient du pays de Djilliqiya [habituellement la Galice, mais ici il s'agit plutôt de la Gaule], et qu’on nomme le Segre : c'est la rivière d'où l'on retire des parcelles d'or pur. Lérida se trouve à l’Est de Huesca. Cette ville avait été ruinée et dépeuplée ; elle fut bâtie à nouveau par Isma'il b. Musa b. Lubb (Lope) b. Qasi, en l'année 270 (883-84). Son hisn (fortification ou citadelle) est très fort, défiant toute attaque ou tout long siège ; dans la partie la plus haute de ce dernier se trouve une mosquée principale (masdjid djami') de belle construction, qui fut édifiée en 288 (901). Le hisn domine une vaste plaine, qu'on appelle la plaine (fahs) de Mashkidjan.
10La ville de Lérida a un territoire fertile, bien que le sol de la région voisine soit stérile [il doit s’agir du "désert" des Monegros] ; elle possède de nombreux jardins et des fruits en abondance. Elle est spécialisée dans la culture du lin, dont il y a beaucoup de plantations et qui est excellent. On l'exporte de là dans toutes les régions de la zone des Marches. Quant à la plaine de Mashkidjan, on y compte des fermes (diya'), des cultures et des pâturages en grand nombre. Chaque ferme sans exception y possède une tour (burdj) ou un abri souterrain (sirdab), dans lequel les cultivateurs (al-'amirun) se retranchent en cas d'attaque de l'ennemi. Les gens de Marches se servent pour leur construction des fonds (provenant) des testaments et des sadaqat (aumônes volontaires).
AL-HIMYARI, Kitab al-rawd al-mi'tar, d'après la trad. E. LEVI-PROVENCAL, Leyde, E. J. Brill, 1938, notice no 157, partiellement citée par Ph. SENAC, "Husun de Lérida” (cf. supra), p. 62.
11Fraga est une des capitales du Sharq al-Andalus (Andalus oriental). C'est une ville de fondation ancienne. Ses habitants sont d'origine arabe. Des tribus yéménites s'établirent ici lors de la conquête et leurs descendants continuent d'y vivre. Ce sont des gens pieux et de foi solide. Elle produit beaucoup de miel et du safran de qualité. Sur son territoire se trouvent des montagnes escarpées, des forteresses (husun) et de nombreux villages (qura) dont le nombre est supérieur à trois mille. Dans chacune d'entre elles a lieu le sermon du vendredi.
Passage du Dhikr bilad al-Andalus (Descripción anónima de al-Andalus), cité par Ph. SENAC, "Husun de Lérida" cit. supra ;, p. 59.
B. Ermengaud IV d'Urgel donne à Mir Arnal diverses tours, 'almunias' et alleux sur le territoire du château de Gerb, et autant de maisons qu'il voudra pour établir ses hommes dans l'enceinte de ce dernier (le 30 mars 1082)
12Sous le nom sacré du Dieu Tout Puissant, moi, Ermengaud, par la volonté de Dieu comte et marquis d'Urgel, par cette écriture de donation, je te donne à toi Mir Amal, de ces alleux qui sont dans le château de Gerb : l'alleu qui est d'Alcacarre jusqu'au défilé de Balaguer, avec la montagne qui le domine, et l'almunia qui est sur la rive du Segre avec ses limites (qui sont) d'un côté l'alleu de Saint Saturnin, de l'autre l'alleu de Ramon Gerall, du troisième le fleuve Segre. Et une pièce d'alleu qui est dans l'orta (huerta) de Gerb, et qui a pour confronts d’un côté l'alleu d'Ysarn Guitard, de l'autre la vigne de l'évêque, de l'autre le torrent, du quatrième la route. Et une tour qui est dans la même orta, avec deux ortals [grands jardins généralement irrigués] de vigne qui sont proches de la tour, et un autre jardin qui est devant la villa de Gerb, au dessus du réservoir (desuper bassa), et qui a pour confronts d'un côté le jardin de Ricard, de l'autre les Perers, du troisième le torrent. Et une condamine qui est dans l’abeurador (abreuvoir) de Gerb, et qui a pour confronts d'un côté la Regera, de l'autre la route, du troisième Pugol. Et la tour rouge (roga) qui est entre (San) Llorenç et Gerb, avec les alleux qui appartiennent à cette tour, et qui ont pour confronts d'un côté le torrent, de l'autre l'alleu de Saint Sauveur, du troisième la route qui va à Lorenç, du quatrième la sierra d'Aiguaviva. Et le tiers de l'alleu que moi, Mir Amal, et Raymond Gerall et Guillem Guitard, nous avons reçu (acaptavimus) du comte : il a pour confronts d’un côté le torrent de Somera, de l'autre le torrent de Gerb, du troisième la route de Lorenç. Et une combe (coma) d'Almacir avec les oliviers qui s'y trouvent. Et toutes les maisons que vous voudrez faire dans le château (castel) de Gerb, vous et les hommes que vous y mettrez. Et moi, Ermengaud, je vous donne ces alleux, et tout ce qui est contenu dans leurs limites, entièrement et sans tromperie, pour en user à ta volonté, toi et ta postérité pour tous les siècles. Et avec les dîmes de Laor, et le ravitaillement (nutrimentum) que vous pourrez y faire vous et les vôtres. Tout cela, je vous le donne avec l'almunia de Saulo, avec ses territoires, ses alleux et ses dîmes, et toutes les appartenances de cette almunia. Ses confronts sont d'un côté la source de Gaulo, de l'autre l'esponal ( ?) de Monle, du troisième la tour de Plana, du quatrième le fleuve Segre.
13Fait le 3 des calendes d'avril, l'an 22 du règne du roi Philippe.
14Moi, Ermengaud, qui ai ordonné d'écrire cette charte et du signe + l'ai signée de ma propre main, et ai ordonné aux témoins de la signer.
15Si+gne du vicomte Geral Pons. Si+gne.de Raymond Geral. Si+gne de Béranger Raymond.
16Pierre, prêtre, requis, ai écrit le jour et l'an (susdits).
Texte latin dans : José María FONT RIUS, Cartas de población de Cataluña, I : Textos, Madrid-Barcelone, C.S.I.C., 1969, pp. 66-67.
C. La frontière d'al-Andalus avec l'Aragon et la Catalogne
171. Carte schématique de la frontière au début du XIe siècle (Philippe SENAC).
182. La zone de Lérida-Fraga et les husun limitrophes du territoire chrétien au début du XIe siècle (d'après Philippe SENAC, "Note sur les husun de Lérida", Mélanges de la Casa de Velázquez, XXIV, 1988, p. 66).
D. Céramiques musulmanes du XIe siècle trouvées à Balaguer et à Lérida (et formes de céramiques chrétiennes contemporaines)
19Ces céramiques, trouvées à Lérida (D 2*) et Balaguer (D 1*), dont les formes se rattachent au type de jarrita à haut col et à filtre présenté dans le document 3, ont un décor courant aux XIe-XIIe siècles, de "cuerda seca partielle" (appelé aussi "verdugón") : dessins en traits noirs de peinture au manganèse, remplis d'un émail coloré, généralement vert turquoise ; ce décor ne couvre qu'une partie de la pièce, et se détache sur la couleur jaune pâle ou ocre de la pâte cuite (C 1 et 2*). Les motifs prolongent l'ornementation d'époque califale (tresses, rinceaux) ou évoluent vers des formes simplifiées plus géométriques (zig-zags). La pièce 1 a été trouvée dans le sous-sol de la ville de Lérida, la pièce 2 dans les fouilles du "Pla d’Almatá" de Balaguer. Elles correspondraient plutôt à la première moitié du XIe siècle. Pour les décors, les formes, les pâtes, il s'agit de céramiques d'une qualité bien supérieure à celle des céramiques catalanes produites à la même époque de l'autre côté de la "frontière", qui s'apparentent aux céramiques du Midi de la France à la même époque, et dont des formes-type sont présentées en D 3-5* (sources : Arqueología islámica en la Marca superior, réf. supra, no s 59 et 53 ; Manuel RIU et al., Ceràmica grisa i terrissa popular de la Catalunya medieval, "Acta Mediaevalia", Annexos d'Arqueologia medieval, Annex 2, Universitat de Barcelona, 1983-1984, p. 18).
E. Fragments de décor de stuc du XIe siècle provenant de la citadelle de Balaguer
20Les fouilles de l'importante citadelle islamique de Balaguer, qui remonte à l'époque émirale, mais fut sans doute transformée en palais résidentiel durant les taifas, ont fourni de nombreux vestiges de riches décors de stuc dérivant de modèles cordouans de l'époque califale (Christian EWERT, Hallazgos islámicos en Balaguer y la Aljaferia de Zaragoza, vol. 97 des "Excavaciones arqueológicas en Espana", Madrid, Dirección General del Patrimonio Artίstico, 1979, fig. 33).
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