Chapitre VI. Autoritarisme, réformes et conflits
p. 165-183
Texte intégral
1Pendant les années de relative paix, les princes ont expérimenté diverses formes de gouvernement ; petit à petit, ils se sont éloignés de l’idéologie qui prévalut au sacre de Louis II, et par ailleurs ils n’ont plus privilégié le dialogue avec leurs sujets provençaux. L’influence des légistes est allée grandissant. Brusquement, les événements précipitent les choses : guerre en France, guerre avec l’Aragon pour les possessions italiennes, troubles intérieurs en Provence, etc. C’est l’heure de vérité pour la principauté. Les comtés méridionaux semblent très lointains au roi fourbu qu’est Louis II en 14161, inaccessibles même en raison de la guerre et de l’insécurité ; après avoir heureusement servi de base de repli à la reine Yolande, ils le redeviennent après 1423, lorsque cette dernière rejoint la France. Les incessants va-et-vient des officiers de Louis III, installé à demeure dans son royaume de Naples, entre l’Italie et la Provence, ont-ils compensé cet abandon ? L’union de la famille vole en éclats. Certes il y avait déjà eu quelque opposition entre Louis II et sa mère aux environs de 1400, à propos de la soustraction d’obédience, mais rien d’équivalent aux affrontements entre Louis III et sa mère. On le voit déjà à la mort de Louis II : princes et princesses ont deux politiques différentes, inconciliables. Apparaissent aussi en pleine lumière les difficultés à mettre en place les pouvoirs palliatifs et leurs dangers2.
2Concluant ses réflexions antérieures et pressé par la conjoncture, Louis II voit dans la création du Parlement, en 1415, consécration du pouvoir des hommes de loi, la solution, et Louis III le suivra, en 1424 et 1427, avec le conseil Éminent. Le conseil a toujours été au centre de l’État angevino-provençal, mais c’est sous une forme restreinte et avec des pouvoirs exceptionnels que les princes assurent sa promotion. Réforme majeure, mal perçue, mal reçue par les sujets provençaux et par les grands officiers. Le problème de la Maison d’Anjou, c’est la Provence. L’Anjou et le Maine ne posent pas de problème politique ou institutionnel aux princes ; ils sont certes exposés au danger de la conquête anglaise – ce qui n’est pas rien – et ils rentrent tout naturellement dans le giron de la France. La Provence, pièce maîtresse de la diagonale angevine, indispensable aux finances princières, a accepté, en 1387, la nouvelle dynastie, mais reste très attachée à ses « libertés » malmenées et à ses institutions traditionnelles.
3La reine Marie a quitté la scène en 1404 en laissant des questions non élucidées sur la période de sa régence prolongée : pourquoi, après la difficile et habile conquête de la Provence et la consolidation de l’héritage de Louis Ier, de 1381 à 1388, sa présence est-elle moins sensible – et pas uniquement en raison des lacunes de la documentation – lors de l’affrontement avec Raymond de Turenne au cours de la décennie suivante ? Son itinéraire, difficile à établir, montre qu’elle ne quitte vraisemblablement pas le comté de Provence ni le Comtat (elle réside parfois à Avignon) en 1389, 1390, 1392, 1393 et 1394 ; elle est à Angers en septembre 1391, à Paris en juin 1396, à Angers en juin-juillet 1397, à Paris en juin 1398, à Angers en juillet 1399, à Roucy, en décembre. Est-elle allée en France en 1395 ? La guerre provençale ne lui laisse pas de répit pendant les premières années du conflit, mais ce sont les États et le sénéchal qui mènent le combat au premier plan. La fin de cette phase coïncide avec la crise qu’ouvre la soustraction d’obédience en 1398, dont on connaît les effets dévastateurs que Louis II va devoir affronter à son retour d’Italie : la « vieille reine » a-t-elle vraiment démérité et cédé à la pression du royaume de France qu’elle avait si bien su éluder quelques années auparavant ? Le règne personnel de Louis II, de 1400 à 1417, est marqué par une volonté unitaire, un refus de choisir entre ses terres angevines et méridionales, entre le royaume de France et celui de Naples. Le prince s’efforce de tenir en mains toutes les pièces de son État, non sans mal, car périls extérieurs et remous intérieurs vont crescendo au cours de ces années, et acculent le Roi à sa réforme qu’il juge salvatrice. Contrairement à son père, Louis III choisit, orienté peut-être au début, fasciné ensuite, son royaume de Naples. Son absence, qui ne veut pas être un abandon, prend des proportions désastreuses à l’heure où l’Aragon attaque la Provence et où l’apanage attend du secours et le contraint, lui aussi, aux réformes pour sortir du chaos, au risque d’obtenir l’effet inverse... La période est dominée par la haute personnalité de la reine Yolande, qui, contrairement aux hommes, ne semble pas avoir connu le doute. Investie du pouvoir une première fois en 1410, lors de l’absence de son époux, elle l’exerce à nouveau à la mort de ce dernier en 1417, son fils étant mineur. En 1423 enfin, Louis III, majeur, lui confère la vice-royauté. Mais la princesse a sa propre politique, elle a choisi son camp, celui de son gendre, et les pouvoirs, au lieu de s’étayer, se heurtent, la famille se déchire. Il en va de même lorsque la lieutenance générale est conférée à un officier, ou à un frère cadet.
4Dans ce contexte de crise majeure du pouvoir angevin, il faut suivre pas à pas rois et reines.
I. ÉQUILIBRES SOUS LOUIS II : 1400-1417
5Les périodes d’accalmie sont rares dans l’histoire des princes d’Anjou-Provence. Lorsque Louis II revient, en octobre 1399, de son royaume de Naples, il a vingt-deux ans et il va s’employer à remettre de l’ordre dans ses États. Il prend, en Anjou, en 1400, des ordonnances à cet effet, nettement influencées par les institutions du royaume de France, et, en Provence, pour répondre aux plaintes de ses sujets, il restitue son obédience à Benoît XIII en août 14023. Il s’efforce aussi d’annuler les nominations d’officiers suspects et de promouvoir des hommes compétents. Il parcourt ses territoires et recueille les hommages. Ce sont des jours fastes, dans lesquels s'inscrit le couronnement à Arles, en décembre 1400. Jours fastes aussi en France, malgré quelques procès en Parlement qui l’opposent aux héritiers d’Isabelle de Roucy et au duc de Berry4 : les trêves assurent un répit dans la lutte franco-anglaise et Louis II se veut conciliateur entre Orléans et Bourgogne, qu’il amène, conjointement avec la reine Isabeau, les ducs de Berry et de Bourbon, à jurer un traité de paix en 1402. On a vu qu’il est aussi tenu en avril 1403 de prêter un serment particulier de fidélité à Charles VI5. Cependant – méfiance ou indisponibilité ? – il ne figure pas parmi les princes chargés d’exercer le gouvernement en cas de minorité, la santé du roi donnant de sérieuses inquiétudes. La mort de Philippe de Bourgogne et l’entrée en scène de Jean sans Peur font rebondir la crise et arrachent le prince au cérémonial qui se déroulait à Arles à la mémoire de la reine Marie, décédée en juin 1404, et il est de retour à Paris aux côtés du roi et de la reine, en octobre 14056. Rien encore d’irrémédiable. Cette même année, une violation de frontière par des marchands provençaux entraîne une délimitation des confins occitans7.
6Les années suivantes, bien qu’il continue à répartir équitablement son temps entre Anjou et Provence, le prince doit affronter une aggravation de la situation et essuyer un échec : l’assassinat de Louis d’Orléans, en novembre 1407, et la crise qui s’ensuit trouve un répit momentané avec la « paix fourrée » de Chartres en mars 1409, à laquelle il a travaillé de toutes ses forces, car il voudrait bien repartir outre mer ; l’échec, c’est le comte de Savoie qui le lui inflige : l’insécurité de la frontière varoise, la piraterie en Méditerranée les plaintes des Trois États poussent Louis II à faire inspecter ses forteresses orientales, et surtout à négocier avec Amédée VIII ; mais les prétentions de ce dernier annihilent la tentative de règlement amorcé en juillet 14098. Malgré tout, le roi se sent assez libre pour monter son expédition italienne, après avoir confié le pouvoir à son épouse.
7L’interrègne de Yolande d’Aragon, d’avril 1410 à août 1411 semble avoir été relativement calme : la princesse accompagne son époux jusqu’à Gien au début du mois d’avril 1410, puis elle rentre à Saumur et Angers, où elle demeure avec les enfants jusqu’au 23 octobre. À cette date, elle prend le chemin de la Provence avec trois enfants, s’arrête une semaine à Saumur et par Charlieu et Pont Saint-Esprit, elle arrive à Aix le 6 janvier 1411. La famille reste dans cette capitale jusqu’au 27 avril ; du 28 avril au 2 mai, voyage à la Sainte-Baume, et retour à Aix, où elle séjourne du 3 mai au 9 août. Le 9 août, elle va accueillir à Marseille le roi qui revient de Naples, et du 10 août au 13 décembre, les époux sont réunis à Marseille et à Aix. Le 14 décembre, la famille s’installe à Tarascon9. La princesse a bien respecté le balancement de l’itinéraire entre Anjou et Provence, et, si elle est restée plus longtemps dans le comté, c’est dans l’attente du retour du prince. Cette lieutenance, si elle apparaît comme relativement paisible, est néanmoins marquée par le début de troubles en Provence.
8Un fait ne manque point d’intriguer : Louis II est parti de Gien à la fin du mois de mars : outre le problème de la célébration ou non du mariage de Louis junior avec Catherine de Bourgogne, dont il a déjà été question, le parti armagnac a pris forme à Gien le 15 avril 1410. Louis II est donc absent à quelques jours près. Mais n’aurait-il pas rencontré, en mars, Berry, Bourbon, Alençon, Orléans ou leurs émissaires et refusé de s’engager à leurs côtés, alors qu’il vient, après réflexion, de renouer avec Bourgogne ? Il hésite et ne veut faire aucun geste définitif susceptible de compromettre son expédition italienne. Mais, au retour, il se voit contraint, devant la gravité des événements, de prendre la tête du parti armagnac, et, en Provence de faire face à de multiples troubles. L’année 1411 marque une rupture, le roi ne peut plus maintenir son pari de se partager équitablement entre ses territoires.
9Si, en 1412, Louis II guerroie contre Berry et Alençon, s’il est présent au camp royal de Bourges et à la réconciliation d’Auxerre, et si – premier avertissement – Anjou et Maine sont touchés par la chevauchée de Clarence cette même année, c’est 1413 qui marque la rupture avec Jean sans Peur et l’engagement dans le camp armagnac. Ne revenons pas sur les causes et les conséquences de cette rupture, mais relevons que, en février 1413, soit quelques mois avant la reconduite de la jeune Catherine chez son père, en novembre, Louis d’Anjou et Charles d’Orléans concluent, à Angers, une paix qui réitère le soutien à Charles VI et au duc de Guyenne et qui instaure une protection réciproque de leurs terres et de leurs sujets. Louis II y voit une assurance :
... considerans que plusieurs nobles hommes et autres de noz pays et des voisins d’iceulx, et en especial des pays et terres de nostre tres cher et tres amé cousin le duc d’Orléans.. et des nostres, durant le temps des divisions de ce royaume s’entresont fait dommage en personnes et biens, et par ce pourraient ou temps avenir eulx revenchier et faire guerre et y esmouvoir les communautez desdiz pays... et soubz ombre de ce, faire assemblée de gens d’armes.... et par especial quant nous serions absens de noz dis pays... aujourduy avons promis les amnistiez...
10Il a songé aussi cette même année 1412 à se réconcilier avec le duc de Bretagne et à rapprocher les deux familles par un mariage10. Ce n’est donc pas sans assurer ses arrières que le prince rompt avec le tout puissant duc de Bourgogne. Mais les conséquences de ce geste vont peser sur les dernières années de son règne, d’autant que la guerre de Cent Ans se ranime et prend des dimensions catastrophiques pour le royaume de France et que la santé du roi de Sicile se détériore.
11Désormais, devenu l’un des chefs de ces « bandés » haïs des Parisiens, il est très présent dans la capitale et aux côtés de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, il assiste à de nombreuses séances du conseil, présidé par le roi, la reine, le duc de Guyenne, séances où se joue le sort du gouvernement et des armes. En 1413, il est à Paris (et à Marcoussis) du 31 août jusqu’à la fin de l’année, et il est présent, au mois de septembre, à cinq conseils, et à une séance du Parlement en octobre. Il est toujours à Paris pendant le premier trimestre de 1414, et en février il siège à plusieurs reprises au conseil, notamment le 10 février, où fut décidé le bannissement de Jean sans Peur, et le 2 mars, où la confiscation des biens des rebelles est à l’ordre du jour. Mais, trahi par ses forces, il n’accompagne pas les princes, aux Rameaux, lorsqu’ils vont prendre l’oriflamme à Saint Denis, et chevaucher de Compiègne à Arras, et il part pour Angers, et de là, pour la Provence : il est à Tarascon en décembre, à Arles (et Aix ?) en janvier, à Tarascon du début février à la fin juillet. La reine l’y rejoint le 18 février. C’est la dernière fois qu’il vient en Provence. Il rentre en France par Nîmes, Montélimar, Valence, et retrouve Charles VI au Mans, l’accompagne jusqu’à Rouen, mais, malade, ne peut participer à la bataille d’Azincourt ; il regagne Paris par la Seine, et, le 10 décembre, à cinq heures du matin, il quitte la ville pour Angers11.
12Après Azincourt, la scène politique se vide : prisonniers, les ducs d’Orléans et de Bourbon, morts, les ducs d’Alençon et de Bar, morte la fine fleur de la chevalerie du royaume. Et lorsque le vieux duc de Berry décède en juin 1416, Louis II est presque seul, plus roi de France que de Sicile, présent dans les résidences royales avec l’ombre de Charles VI. En mars 1416, il escorte Sigismond jusqu’à Saint-Denis. En avril, un complot est éventé qui le visait, ainsi que Jean de Berry :
le XIIIe jour davril.... entreprindrent aucuns des bourgeois de Paris de prendre ceulx qui ainsi tenoient Paris en subgection, et devoient ce faire le jour de Pasques, qui furent le XIX'davril, mais ilz ne le firent point... car il fut sceu par ceulx de la bande, qui les prindrent et les misdrent en prinson12...
13Jusqu’en décembre le roi Louis règne dans la capitale, malgré l’hostilité du peuple. Il participe au conseil le 25 juin, le 25 juillet : c’est à cette séance que Charles VI fait don du duché de Touraine à « Charles de France, comte de Ponthieu »... qui est le futur gendre du roi de Sicile13. Le 3 septembre, au conseil, il est question du démantèlement de la grande Boucherie de Paris, et, en octobre, de la suppression de celle de Chartres ; et d’un allègement des impôts sur le sel en Languedoc. Mais, rongé par la maladie, le prince doit renoncer à son rôle politique en décembre, et il regagne Angers le 8 janvier pour y mourir le 29 avril 1417.
14Sans doute le prince n’a-t-il pas été exempt d’arrière-pensées au cours de ces dernières années, où il possède un pouvoir sans précédent dans son règne, bien que contesté et menacé. Il n’oublie jamais son royaume d’outre monts et d’outre mer, et il a dû ronger son frein, en 1414, de ne pouvoir exploiter la mort de son ennemi, Charles de Duras. À défaut, il cherche toujours des fonds, mais que peut-il garder pour lui alors que le royaume de France est en danger éminent ? Le bourgeois de Paris se plaint, en 1414 :
Et ce pendant ceulx qui devoient garder la ville comme le roys Loys, le prevost de Paris et leurs bandez, firent et ordonnerent une tres grosse taille et firent crier parmi Paris que chascun portast la bande, et tantost plusieurs la prindrent tout a plain, et fut au moys davril apres Pasques14.
15Les scrupules ne retiennent pas Louis II, on l’a vu dans le passé, et la tentation est grande de profiter des ressources qui sont à portée de sa main. Sa présence au conseil, si elle est marquée par le souci des intérêts du royaume de France, ne peut manquer d’infléchir des décisions en faveur des intérêts particuliers de la Maison d’Anjou et de ses proches : ainsi l’octroi de la Touraine à Charles de Ponthieu. En outre, en 1416, les grands qui siégeaient d’habitude au conseil ont disparu, et le conseil se tient plus restreint, où l’on trouve parfois, aux côtés du cardinal de Bar, qui est un proche parent, l’évêque d’Angers, conseiller et chancelier de Louis II ; il est vrai que les ecclésiastiques sont très présents avec les archevêques de Reims, de Bourges, l’évêque de Lisieux, etc. en lieu et place de Berry, Orléans, Bourbon, Alençon, Eu, etc. deux ans auparavant.
16Les problèmes des comtés de Provence et de Forcalquier ne sont pas ceux du royaume de France, bien qu’il y ait des similitudes. Séquelles du grand Schisme et contestation des officiers sont les causes des troubles que l’on peut appréhender : la Maison d’Anjou s’est ralliée au pape de Pise, et elle subit les conséquences du second siège d’Avignon, de mai 1410 à novembre 1411, entre les partisans de Benoît XIII et ceux de Jean XXIII. Le passage d’hommes d’armes et l’arrivée de réfugiés entraînent des perturbations et des violences que la justice du prince s’emploie à châtier. L’affaire de l’évêché de Gap a-t-elle la même origine ou est-elle totalement indépendante ? Le 20 octobre 1411, Jean Cadieu, bayle et capitaine de la cour royale de Sisteron, reçoit ordre, par lettres de la princesse Yolande de février 1411, de hisser la bannière royale sur la tour du palais de Gap, en signe de majus dominium. Est visé par cette mesure l’évêque, Antoine Jouvène, qui a succédé à un fidèle de la maison d’Anjou, Jean de Saints. Il ne semble pas qu’il y ait connexion avec les troubles du Schisme, mais simple rappel de la dépendance de l’évêché par rapport à la Cour royale de Sisteron. Les pressions ne viendraient-elles pas du Dauphiné ? Les trois États se plaignent à plusieurs reprises des intrusions de ce voisin15. Les violences touchent aussi les officiers du prince, les biens des frères Jean, Georges et Marc Arnaud à Châteauneuf-le-Rouge sont pillés : il y eut sans doute de véritables émeutes urbaines en 1411, pour les quelles Louis II amnistie les Aixois et les Marseillais, et en 1414, où il accorde à ces derniers un nouveau pardon. L’insécurité et la violence sévissent en effet à nouveau dans les années 1413 et 1414 : le sénéchal renforce son pouvoir judiciaire et fait réparer les fortifications d’Aix. À côté de ces manifestations populaires, certains nobles ont-ils « trahi » ? Le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset écrit :
L’an que desus (1414) le jour XI de décembre... lo Rey Lois segon fis talhar la testa a monseur Refosat d’Agout, quavalier, en lo luoc de Tarascon. Lo cors fan donat al senesqual de Proensa et fes los sebelir ad Fraires Menos de Tarascon. Item monseur Refosat dessus dig avié cornes tres mot grandas trasions contra son senhor lo noble Rey Lois...
17Quelles trahisons avait donc commises ce chevalier issu d’une grande et ancienne famille provençale ? À part le fait que Louis II fit don à son fils Charles des biens du condamné, nous ne savons rien de plus16. L’arme redoutable de la lèse-majesté avait déjà été utilisée contre Raymond de Turenne.
18Le roi Louis est face à un double défi : la situation tragique du royaume de France et les troubles des comtés de Provence et de Forcalquier. On peut suivre les étapes de son cheminement à travers quelques documents essentiels : arrivé à Arles le 15 janvier 1415, le prince assiste à l’ouverture de l’assemblée des trois États qui se tient dans cette ville, et il obtient un don de 100 000 florins en échange de la promesse de lutter contre les maux dont souffrent les Provençaux, notamment du fait des officiers. Le 6 février, avant de quitter Arles pour rejoindre Tarascon, il rédige l’acte concernant les scriniaires et les silentiaires – termes qu’il emploie pour la première fois – ces partes ipsius principis qu’il juge normal d’exempter d’impôts. Il accomplit son dernier séjour en Provence, quitte Tarascon le 25 juillet, mais au lieu de prendre directement la vallée du Rhône pour rejoindre le cœur du royaume de France, il fait un détour par Nîmes, où il reste du 14 au 19 août. Pourquoi ce détour ? Espère-t-il, comme en 1411, bénéficier d’une partie des aides ? S’assurer de la fidélité des officiers et du soutien des États de Languedoc à Charles VI ? Le 14 août, il prend la décision, à Nîmes même, de créer ce Parlement à Aix qui ne doit à l’influence de la France que son nom. L’acte est donné par les mains de Jean Louvet, chevalier, seigneur d’Eygalières, président de la chambre des rationaux d’Aix, conseiller et fidèle, lieutenant du Juge Mage – mais cet office n’a pas de titulaire à cette date – Cet homme a-t-il été l’inspirateur de la réforme ? On ne peut s’empêcher de songer aussi au « juge de Nîmes », Guillaume Saignet, conseiller du prince, en procès à cause de l’office de sénéchal de Beaucaire, et que l’on retrouve à Paris en 1416, lors de la visite du roi des Romains. Serait-il l’idéologue qui influença le prince ? Cet acte capital est enregistré aux archives d’Aix le 25 octobre 1415, à l’heure où la chevalerie française est décimée dans la boue d’Azincourt17.
19Ce texte se présente comme une réponse aux desiderata des États d’Arles, en particulier au sujet des provisions pour l’office de Juge Mage, les exactions des commissaires, la non résidence des officiers à Aix, etc. En forme de lettres patentes, il est adressé à tous les officiers majeurs et mineurs des deux comtés et des terres adjacentes pour la tranquillité des sujets, l’utilité de la chose publique et la persistance de la justice selon la coutume. La décision a été prise après délibération du conseil et de plusieurs notables des trois États. Le prince remplace l’office de Juge Mage par six présidents laïcs, gradués, qui connaîtront, au civil et au criminel, des causes relevant habituellement du conseil royal, sans acception de personnes, justice d’appel consécutive aux jugements ordinaires. En cas de présomption d’erreur, ils sont habilités pour réviser les procès et se prononcer dans de stricts délais. Ils prêteront serment entre les mains du roi ou du sénéchal, résideront à Aix, tiendront leurs audiences dans le palais, n’accepteront pas de cadeaux. Ils prendront leurs décisions à la majorité : quatre voix sur six ou trois voix sur quatre ou cinq présents. Les lettres émanant de leurs audiences seront prises au nom du roi, adressées aux officiers de Provence et scellées du sceau royal. Deux secrétaires ou notaires assisteront à leurs audiences, et d’autres officiers royaux seront tenus de les assister de leurs conseils lorsqu’ils en seront requis. Avocat et procureur fiscal seront présents pour les causes fiscales et deux Maîtres Rationaux, qui ne seront occupés à rien d’autre, « observeront » du droit domanial (Jean Drogoli et Antoine Isnard aux gages de 300 francs). L’auditoire fera exécuter les édits des princes et pourra prendre, au nom du roi, des lettres patentes. Il sera en vacance du 1er août au 1er octobre18.
20Les six heureux présidents sont : Jean de Sade, Jean de Genoards, Louis Guiran, Jordan Brice ou Brès, docteurs ès-lois, Jean Raynaud et Antoine Suavis, licenciés ès-lois ; les deux secrétaires : Pons de Rousset et Arnaud de Summères, Bertrand, frère de Pons, succèdera en cas de vacance. Pas de surprise dans le choix des présidents, tous conseillers, trois anoblis, tous légistes, tous provençaux (rappelons que la famille de Jean de Genoards est originaire de Lucques) sauf peut-être Jean Raynaud si toutefois il est le fils de Pierre Raynaud, originaire d’Embrun, juge des premiers appels et conseiller de Marie de Blois. Jean de Sade a été lieutenant du Juge Mage et Jean de Genoards est Maître Rational. Antoine Suavis est un président un peu à part dudit Parlement, puisque avocat et procureur fiscal auprès du dit auditoire. Tous incorruptibles ? L’affaire Pons de Rousset est encore à l’horizon lointain...19
21Quelle est la portée de cette réforme ? En premier lieu, elle simplifie la hiérarchie complexe des juridictions d’appel, puisque l’Auditoire absorbe – in situ judicis majoris – la juridiction du Juge mage, celle des seconds appels et l’appel au conseil royal siégeant à Aix. Au dessus des justices royales inférieures des viguiers et bayles et des justices seigneuriales n’existent plus que le juge des premiers appels et le Parlement en question. Simplification et concentration. Mais qu’était devenu le Juge Mage dans les premières années du XVe siècle ? Entre Raymond Bernard Flaminges, qui disparaît en 1402, et Pons Cays, qui devient Juge Mage en 1417 (cf. infra), il y a grand vide, l’office n’est pas attribué, sauf peutêtre à Jean de Sade en 1411 ; on trouve des lieutenants ou des conseillers du Juge Mage (Jean Drogoli en 1407), mais point de Juge Mage. Le prince a-t-il considéré que ce pouvoir lui portait ombre ? En fait toute la « gubernatio de la Provence » se trouve modifiée par cet acte, les présidents ayant pouvoir exécutoire et licence de promulguer des lettres patentes, toutes choses qui sont ôtées de facto au sénéchal par lettres du 18 mai 1416 (cf. infra)20. Les comtés méridionaux seront désormais dirigés par une petite équipe de silentiaires et de scriniaires, travaillant de conserve avec les Maîtres Rationaux, au service de la politique et de la justice du roi. À part le conseil royal d’Aix, les autres institutions sont mises en veilleuse.
22La réaction des trois États à cette réforme révèle l’ampleur du malentendu : l’exigence de justice passe pour eux par la désignation d’un Juge Mage more debito. Ils veulent le retour à la coutume et non un changement de structures. Le consilium generale trium statuum a-t-il en outre ressenti cet auditoire comme un rival insupportable ? La crise qui éclate au grand jour en 1415-17 a longtemps couvé : certes Louis II, à son retour d’Italie, a joué le jeu et écouté les doléances des États à propos de la soustraction d’obédience ; il a tenu l’assemblée informée de ses grandes décisions : nomination de Pierre Dacigné comme sénéchal en 1405, pouvoir conféré à Yolande d’Aragon en 1410, etc... Il assiste à la session d’Arles en 1415. Mais les rapports avec les États des comtés de Provence et de Forcalquier ne sont plus ce qu’ils étaient lors de la conquête des dits comtés ; les serments que le jeune prince aurait dû renouveler ne l’ont pas été ; Louis II consulte moins que sa mère (trois sessions de 1399 à 1417 contre douze de 1388 à 1398) et moins que ne le feront sa veuve et son fils (cinq sessions de 1417 à 1434). S’il est normal de trouver parmi les élus des trois États des conseillers du prince ou de la princesse, ce n’est pas une caution suffisante pour que l’entente règne entre ces deux institutions. L’existence des États implique celle de structures propres, parallèles et rivales des organes du gouvernement comtal : les élus veulent contrôler les levées fiscales, et des commissions sont créées à cet effet. Durant la lutte contre Raymond de Turenne, le travail s’effectuait par ces petits groupes d’élus qui travaillaient vite et bien en cas d’urgence et faisaient front de tous côtés, dont la reprise en mains de Louis II annihila la diversité. L’assemblée a la volonté de contrôler les comptes des collecteurs et des trésoriers, et aussi de veiller sur le domaine comtal, tâche qui incombe aux gens des Comptes d’Aix. Elle a sa propre diplomatie, ce qui lui assure une permanence en dehors des sessions. Elle prétend contrôler la conception et la dévolution de l’office, et contester les commissaires royaux. Défendre les Provençaux et exiger « Madame la Justice »21. Autant de prétentions que Louis II supporte de moins en moins : ses officiers évincent peu à peu les élus dans la collecte des impositions. Il gouverne avec son conseil, ses légistes et ses secrétaires. La création du « Parlement » a sans doute été longuement mûrie, même si la décision en a été prise « à chaud ».
23De retour en France, Louis II se préoccupe des conséquences qu’a pu entraîner sa réforme, notamment dans le domaine fiscal. Par lettres, données au château d’Angers, le 10 avril avant Pâques 1416, par Nicolas Perregaut, le prince demande au trésorier Philippe de Vieta de recenser les dettes de la cour et de tenir compte des « entrées » et des « sorties ». Et surtout, ses lettres patentes délivrées à Paris le 18 mai 1416, par les mains de Jean Louvet – qui décidément a pris beaucoup d’importance en cette fin de règne – en présence de la reine, de l’évêque d’Angers, de Pierre de Beauvau, de Jean Balard, le doyen du Mans, de Jean Dupuy et d’autres, se présentent comme un complément de sa réforme de 1415 : il est rappelé aux officiers que les Maîtres Rationaux sont les conservateurs des droits du fisc, que le procureur fiscal doit leur adresser tous les renseignements sur les droits et provendes, qui seront portés par écrit dans des caternes ; les règlements édités par les Maîtres Rationaux doivent concourir à la sauvegarde des droits du prince ; les contrats de toutes sortes doivent toujours être enregistrés et conservés par les soins des secrétaires et des archivaires, etc. Le prince semble craindre que le rôle des gens des comptes d’Aix soit amoindri par la création de l’Auditoire et il ne le veut pas. Mais comment garantir la bonne harmonie entre les deux organes de gouvernement, complémentaires mais rivaux ? Malade, absorbé par le drame qui se joue dans le royaume de France, il n’oublie pas la Provence et ses lettres, de Paris, le 10 octobre 1416, adressées aux présidents du Parlement le disent bien :
Nous avions dellibere envoier nostre filz de Guise en Prouvence mais pour les causes et empechemens qui depuis sont survenues, il ni pueut si brief que nous pensions.22
II. SCHISMES SOUS YOLANDE D'ARAGON ET LOUIS III : 1417-1434
24À la mort de Louis II, sa veuve Yolande d’Aragon, occupe le devant de la scène pendant de longues années, d’abord en tant que régente, le jeune héritier universel étant mineur en 1417. La princesse avait déjà l’expérience du pouvoir qu’elle avait exercé en l’absence de son époux en 1410-1411. En lui conférant cette lieutenance générale, Louis II avait reconnu son « sens » et sa « bonne discrecion », sa « tres grant loyaulté, obeissance et parfaite amour » et sa capacité à « garder noz dîz pays doppressions » et « a tenir noz diz sugiez en bonne et vraye obeissance ». Elle va devoir affronter le paroxysme de la tempête qui secoue la principauté et faire preuve d’une incontestable autorité23.
25Ne voulant pas régner contre ses sujets et malgré sa fidélité à l’œuvre de son mari, la reine ne peut que donner satisfaction à l’ambassade des trois États des comtés de Provence et de Forcalquier venue à Angers au lendemain du décès du prince pour demander l’abrogation de la réforme de 1415. Toutefois, quelques voix discordantes se sont fait entendre, si l’on en juge par l’acte de rémission accordé par Yolande, « administratrice » de son fils mineur, à Antoine Isnard, docteur ès-lois, Maître Rational et à Jean Isnard, son frère, licencié ès-lois, condamnés par la Grand Chambre pour avoir manifesté leur désapprobation de la destitution des « présidents » et avoir entretenu complots et agitation rémission en date de février 141924. Ces concessions ont néanmoins laissé la princesse libre de faire front ailleurs : on la suit d’Angers à Saumur, de Saumur à Loudun, de Loudun à Chinon pendant les derniers mois de 1417, toute l’année 1418, le premier semestre 1419 ; ensuite, en Provence, où elle se réfugie de juillet 1419 à juin 1423. La dispersion des territoires, inconvénient majeur à la cohésion de l’état, révèle dans cette conjoncture ses avantages.
26Yolande d’Aragon commence par obtenir de Charles VI l’autorisation de conclure des trêves avec l’Angleterre au début de l’année 1418, la conquête de la Normandie par Henri V menaçant l’apanage25. La princesse attaque ou contre-attaque dans trois directions : la défense et l'agrandissement du territoire, la réconciliation avec d’anciens adversaires et la préparation de l’expédition de son fils vers l’Italie. Jouant du fait qu’elle est la fille de Yolande de Bar, et donc la nièce du cardinal de Bar, elle parvient à faire adopter par ce dernier son fils René, on l’a vu, comme héritier, et à conclure le mariage du même René avec la fille de Charles II de Lorraine. Dans le même temps, elle réaffirme les droits de ses enfants sur le fief hennuyer. Ces deux actions se placent avant l’assassinat de Jean sans Peur, le 10 septembre 1419, et la définitive collusion anglo-bourguignonne, et pourtant elles semblent bien s’inscrire dans une contre-offensive visant la Maison de Bourgogne. Même éloignée de l’Anjou, elle ne le perd pas de vue, comme en témoigne l’affaire de l’hommage refusé de Jean de Beaufort par le capitaine de Baugé, en 1420. Elle peut compter sur la fidélité de ses officiers, des gens des Comptes d’Angers, et aussi de la chevalerie angevine et mancelle, victorieuse à Baugé en mars 1421. Anjou et Maine sont intégrés à la défense du royaume de France et dépendent directement du roi et de ses représentants. La princesse est toujours restée en relation épistolaire avec ses serviteurs, mais les courriers se sont raréfiés en 1420-1421. En mai 1422, arrivent à la Chambre des Comptes plusieurs lettres apportées de Provence par le secrétaire Jean Micaël :
Premièrement un grant blanc scellé des sceaulx de la Royne de Sicile et du Roy son filz. Item trois autres blans scellés du seel de la dite Dame. Item, une lettre de la dite Dame confirmatoire du mariage du dit Roy et de Ysabeau fille du duc de Bretaigne. Item une autre lettre du dit Roy contenant ratification et aprobation du dit mariage. Item une autre lettre scellée des sceaulx des dits Dame et Roy son filz contenant puissance à messires de leur conseil de bailler en gaiges des chasteaux, forteresses des pais d’Anjou et du Maine pour en emploier les deniers à la conqueste du Royaume de Sicile26.
27Tout en veillant sur ses terres, la princesse n’oublie pas l’éternel besoin d’argent de la dynastie et la pratique de l’hypothèque. Rappelons toutefois qu’elle a réussi une étonnante recomposition domaniale en Provence.
28Deux projets, amorcés par Louis II lui tiennent à cœur : le règlement du contentieux avec la Savoie et la réconciliation avec la Bretagne des Montfort. Après avoir persisté (pour la forme ?) à revendiquer les terres perdues en 1388 et maintenu la garnison implantée à Monaco, la princesse conclut, en octobre 1419, avec le duc Amédée VIII un accord où chacun doit trouver son compte et la Provence, la sécurité sur mer et à la frontière varoise. Le duc a baissé ses prétentions pécuniaires et la reine, accepté la perte de Nice, Vintimille, Barcelonnette. Avec Jean V de Montfort, le rapprochement s’ébauche en juillet 1417, avec la visite du duc à Angers et l’accord qui prévoit l’union de Louis III avec Isabelle de Bretagne, union qui deviendrait effective en 1422, pour les douze ans de la jeune fille. Le mariage n’est pas célébré à cette date, mais le jeune roi de Sicile se dit toujours d’accord et désigne ses procureurs en 1424 depuis Aversa, d’autant que son beau frère, Charles VII, met dans la balance la cession de la Touraine. Entre temps, le duc de Bretagne s'était rapproché des Anglo-Bourguignons : hésitations, atermoiements qui rendent sinueuses les voies de la diplomatie27.
29Enfin, Yolande d’Aragon, quoi qu’elle en ait, se garde d’oublier le royaume de Sicile : des trêves avaient été signées avec la République de Gênes en 1417 ; deux ans plus tard, le 12 octobre 1419, la princesse et son fils envoient des ambassadeurs afin de conclure la paix : la Maison d’Anjou-Provence craint l’Aragon, et le doge Campofregoso, Philippe-Marie Visconti, ce qui explique l’aide que les deux parties se jurent mutuellement par le traité du 20 novembre. Y a-t-il eu, en coulisses, l’action du pape Martin V, du roi des Romains et du Dauphin ? Gênes s’engage à préserver les libertés des Provençaux et « autres sujets » des princes, et demande, en échange, qu’en cas d’attaque, son domaine, « depuis Livourne jusqu’à Monaco », soit protégé. La République peut librement commercer avec la Provence, à condition d’acquitter les droits accoutumés ; des conservateurs de la paix veilleront à la bonne application du traité, et les deux parties saluent la mémoire du roi Charles II et rappellent l’accord de 1307. Ce traité ouvre à Louis III la route de l’Italie, comme y contribue aussi l’entente avec la Savoie. La princesse n’a pas négligé pour autant la préparation théorique de la reconquête du royaume de Naples, en envoyant au concile de Constance une délégation soigneusement choisie, dès août 1417, pour plaider le bon droit du jeune roi28.
...La reine de Sicile, veuve du roi Louis de bonne mémoire, donna congé à Louis, son fils aîné, non pas sans peine de cœur, d’aller à Rome, afin que de la main de Notre Saint Père le pape il fut couronné roi. Et le bailla aux Florentins et aux Génois sur leur loyauté, lesquels estoient entrés atout quinze galées d’armes au port de Marseille...
30Ceci se passe en 1420, d’après Monstrelet : Louis III est bien à Marseille, à Saint-Victor, le 7 juillet 1420, prêt à prendre la mer29. Il avait suivi Yolande en Provence, en juillet 1419, après avoir chevauché en Anjou et Maine, en 1417-18. S’il ne fut pas couronné à Rome, du moins prit-il son envol vers son mythique royaume. Lorsqu’il s’éloigne, le traité de Troyes vient d’être signé, marquant les limites de la réussite de la politique de Yolande d’Aragon, comme le fait l’impossibilité de réconciliation avec la Bourgogne. Jean sans Peur, avec qui Louis II recommanda vivement à son fils de se réconcilier, dans son testament, tombe le 10 septembre 1419, vraisemblablement sous les coups de serviteurs franco-angevins du Dauphin : crime prémédité ? On a vu la place que tint Jean Louvet auprès de Louis II en 1415-16 ; il est aussi au service du Dauphin. Il aurait été l’instigateur du crime, avec Tanguy du Chatel. Par contre Robert le Maçon, qui fut sénéchal d’Anjou et chancelier du Dauphin, aurait ignoré le complot30. Cette affaire met en lumière l’ambiguïté des serviteurs de deux maîtres, qui peuvent, par leurs actions, compromettre l’un et l’autre. La princesse n’a en rien pris part à cette décision mortifère, mais n’a-t-elle pas (ou son fils ?) protégé par la suite les criminels ?
31La dernière décennie (ca 1423 – ca 1434) est la plus tragique qu’ait vécue la deuxième Maison d’Anjou-Provence : elle s’ouvre avec, le 21 octobre 1422, la mort de Charles VI et, le 20 novembre 1423, le sac de Marseille par les Aragonais. D’un côté, l’espoir de voir accéder à la royale majesté un prince étroitement lié à la famille, au sein de laquelle il a passé une partie de ses jeunes années, mais déshérité par le traité de Troyes, contesté et réduit à la portion congrue du royaume, où le Val de Loire sert de position de repli ; de l’autre, le traumatisme d’une agression sur le territoire même de la Provence, victime de la relance de la politique italienne et, à jamais, enchaînée à cette galère31. Et, conséquence de ces événements, à l’intérieur de la principauté, les tares du gouvernement apparaissent comme grossies. Et l’historien est perplexe car il semble que Ton connaisse tout et rien à la fois. Tant de descriptions contestables de la fascinante personnalité de la reine mère n’ont souvent qu’une mince base. Le puzzle est d’autant plus ardu à reconstituer que le fil conducteur de l’itinéraire s’estompe, le deuxième registre de la Chambre aux Deniers de la princesse étant loin de donner autant de renseignements à ce sujet que le premier, et le précieux journal de la Chambre des Comptes d’Angers s’arrêtant en 1424. Une seule certitude : la principauté a failli sombrer, la famille s’est déchirée que Ton croyait unie, la crise a entraîné des ruptures qui semblaient irréversibles32.
32C’est une étrange chose que les princesses, Marie de Blois comme Yolande d’Aragon, veuves, aient la plénitude des titres de reine, duchesse, comtesse des terres de la Maison d’Anjou-Provence dans le même temps où leur fils aîné, majeur mais célibataire, est roi, duc et comte... D’où de possibles rivalités. Cependant le roi demeure le seul à pouvoir légitimer l’autorité de la reine. Louis III, après son voyage à Rome, en 1420, était revenu en Provence : il est à Tarascon le 31 janvier 1421, à Aix le 5 février 1422. Yolande quitte la Provence le 26 juin 1423, et, de Rome, le. 1er juillet 1423, sur la route de Naples (10 septembre) et d’Aversa (15 octobre), son fils lui confère la vice-royauté. C’est la première fois que la vice-royauté est octroyée à une reine, la même Yolande, en 1410, avait eu une lieutenance générale. Seul le titre diffère – et ce n’est pas sans importance – le contenu de ces pouvoirs s’avérant identique. L’acte présente cette investiture comme une suite logique du « gouvernement et bail finiz qu’elle avoit paravant ». Rappelons que Louis III est majeur depuis 1421. Le jeune homme vante les vertus de sa mère, rappelle son expérience de la potestas du vivant de son père, sa bonne gestion après le décès de ce dernier. Il évoque les bienfaits qu’il en a reçus pendant son adolescence et jusqu’à sa majorité. Il lui confie donc l’administration et la vice-royauté qu’elle exercera au nom du roi et en son nom : le gouvernement des officiers, leur nomination, leur destitution ; les ventes et aliénations ; prendre des lettres patentes ; disposer des rémissions pour délits et crimes, y compris dans le cas de lèse-majesté ; exiger les droits du fisc, etc.. Qu’on ne lui objecte pas la fragilité du sexe féminin et que tous obéissent à sa mère.33 Elle est en France, il est en Italie, mais ils ont l’un et l’autre pouvoir sur l’ensemble de la principauté. Ne s’agit-il pas plutôt d’un partage territorial de facto, au roi, les terres ultramontaines, à la reine, les cismontaines ?
33Yolande d’Aragon rejoint donc Angers, Saumur, Loudun, dans son duché, dont les frontières sont sous la menace de l’offensive anglaise. Sa première visite est pour sa fille, Marie, qui vient de mettre au monde un fils, à Bourges. Elle retrouve aussi un « beau fils », du même âge que son fils aîné, et qui a vécu de dix à seize ans le plus souvent à la Cour d’Anjou. Il a vingt ans et il est roi d’une partie de la France. Le 9 mars 1424, « la royne Yolant se parti d’Angers pour aler à Selles devers le roi au grant conseil », signale le journal de la Chambre des Comptes d’Angers. Les États, convoqués à Selles-sur-Cher accordent une aide pour la guerre ; aux côtés du roi siègent la reine de Sicile, le duc d’Alençon et Charles de Bourbon. En juillet, à Poitiers, même cérémonial : grand conseil avec Arthur de Richemont et son jeune frère Richard d’Étampes ; États Généraux de Languedoc et Languedoil qui, le 1er octobre, votent une aide de 120 000 livres tournois34. Yolande persévère dans sa volonté de réconciliation – un moment compromise – avec la Maison de Montfort : elle est à Nantes en novembre-décembre 1423, en mai 1424, et l’accord est enfin signé à Saumur, le 7 octobre 1425, par Jean V, Charles VII et la reine de Sicile. Les parties avaient souhaité un rapprochement avec Philippe de Bourgogne, et c’est dans cette perspective qu’il faut lire les lettres du roi de France concernant Jean Louvet, instigateur du crime de Montereau : Charles VII reconnaît qu’il a « sans aucune déliberacion de conseil » donné puissance à Jean Louvet, par laquelle lui était
commise la totale administracion de toutes noz finances quelles qu’elles soient de noz pais de Languedoc et duchié de Guienne et aussi de nostre pais du Daulphiné de Viennois par tel et si ample povoir quil en puet faire et disposer comme bon lui semblera..., et aussi un autre povoir dengaigier ou et ainsi que bon lui semblera certains noz joyaulx quil dit avoir en gaige de nous montans à grant finance den prendre et retenir pour lui une partie et des meillieurs et plus riches... Et qui plus est a obtenu de nous puissance generale pour traictier et dutout conclure et accorder en nostre nom toutes manieres daliances avecques quelconques personnes qui bon lui semblera tant amis qu’ennemis de nous et de nostre royaume..., lesquelles lettres avecques autres plusieurs seellées en blanc de nostre dit grant seel il a emportées... Et depuis ayans plus avant pensé à la matiere et aux dangiers et inconveniens irreparables qui... en pourraient sourdre et sur ce demandé le bon advis et conseil de nostre tres chiere et tres amée mère la Royne de Jherusalem et de Sicile dautres aussi de nostre grant conseil...
revocons, rappelions, cassons et les mectons du tout au neant...
34lesdites lettres de puissance. Le roi reconnaît qu’il a agi « legieremens »... Ces lettres sont datées de Poitiers, le 5 juillet 1425, au moment où se tient le grand conseil35. À quelles dates le roi avait-il donné ce pouvoir au « président de Provence » ? Cet acte révèle la dépendance absolue du gendre de Yolande par rapport à ce serviteur devenu le maître du royaume. Il révèle aussi l’influence que prend la reine de Sicile dans la politique française. C’est elle qui décide de la disgrâce de Louvet, elle aussi qui a voulu l’accord tripartite de Saumur. A-t-elle aussi travaillé à détacher Arthur de Richemont de la triple alliance d’Amiens (avec les Britonno-Anglo-Bourguignons) pour l’intégrer au camp de son gendre et faire de lui le connétable ?36 Elle a choisi de se battre dans le royaume de France et pour lui. Ce n’est pas un hasard si c’est en 1425 que le « Juratoire et livre des fondations de la chapelle royale du Gué-de-Maulny », fondation qui remonte à Philippe VI, en 1329, s’enrichit des miniatures des ducs et duchesses d’Anjou : une manière pour la reine de réaffirmer l’appartenance de sa famille à la dynastie valoisienne37.
35Ce succès de la politique angevine ne peut faire oublier la défaite de Verneuil, en août 1424, et la capitulation du Mans en août 1425. La situation est si préoccupante que, cédant, du moins épistolairement, aux objurgations de sa mère, Louis III, d’Aversa, le 17 décembre 1426, demande qu’on lève une aide pour financer son retour :
comme pour nostre retour du pais d’Italie en France pour obeir aux commandements de mon tres redoubté seigneur le Roy nous sommes du tout disposez et determinez cestassavoir à le faire le plus brievment que nous sera possible, nous soit besoing de trouver grans finances... savoir faisons que nous avons en toutes choses... telle parfaite confiance en nostre tes redoubtée dame et mère madame Yolant Royne desdits royaumes que le filz doit avoir en sa dame et mère et lui avons fait supplier encore supplions par ces presentes que benignement lui plaise prendre charge pour nous de pourvoir audit pais de France au recouvrement desdites finances...
36Le prince ne viendra pas. Et pourtant l’apanage n’est pas menacé que militairement : le 26 juin 1424, le jeune Henri VI, roi de la Double Monarchie, a cédé à son oncle, le Régent, Jean, duc de Bedford, l’Anjou et le Maine « pourveu toutesvoies que nostre dit oncle les conquerre... »38.
37Entre temps, d’autres conflits ont surgi loin du Val de Loire, dans la « patrie provençale », conflits qui touchent au cœur même des institutions et des structures du pouvoir. Les comtés méridionaux ont souffert du vide dû à l’absence du roi et de la reine ; ils ont pâti aussi du « trop plein » des remplaçants. Pour assurer la présence d’un membre de la famille, Louis III nomme, en août 1424, son jeune frère, Charles, né en 1414, vice-roi : cette vice-royauté dans la vice-royauté universelle de sa mère, est circonscrite aux comtés de Provence et de Forcalquier. En raison de la jeunesse dudit Charles, le prince le fait encadrer par deux de ses fidèles : Tristan de la Jaille, nommé gouverneur en 1426, et Pierre de Beauvau, sénéchal devenu gouverneur lui aussi, en 1427. Se met en place ainsi une sorte de partition de facto de la principauté : à Louis III, le royaume de Naples, à Charles, la Provence, à Yolande, l'apanage. En droit, aucun des deux, ni la mère ni le fils – Louis – n’ont renoncé à prendre des décisions et à effectuer des nominations dans les comtés méridionaux. D’où la confusion la plus absolue entre ces pouvoirs qui empiètent les uns sur les autres, et l’anomalie de provisions multiples aux offices. Conscient de l’absurdité de la situation et des scandales qui peuvent en découler, Louis III, par lettres d’Aversa du 10 juin 1427, suspend le « gouvernement » de Pierre et de Tristan, et unit entre les mains de son frère vice-royauté et gouvernement ; il annule les provisions de lieutenance données par sa mère et par lui39. La chronologie de cette période fiévreuse prouve, comme celle de 1414-1415 sous le règne précédent, que le jeune roi recherche des solutions : quelques mois après avoir désigné son frère comme vice-roi, en août 1424, il instaure, par lettres d’Aversa en date du 20 novembre 1424, le Conseil Éminent. Ces ordonnances, en forme de lettres adressées à Charles, qualifié de lieutenant-général – ce qui tendrait à corroborer l’équivalence de la lieutenance générale et de la vice-royauté quant à leur contenu – exprime les préoccupations du roi devant les abus commis par les officiers, qui s’écartent des statuts de Provence et négligent leur office. Mû par la même exigence de justice réclamée par son peuple que celle qui inspira Louis II, il ne crée pas un nouvel organe de gouvernement, il érige le grand conseil qui siège à Aix en Conseil Éminent, « consistoire ou tribunal majeur », qui jugera en appel des décisions des juges des premiers et seconds appels. En dernier ressort, l’appel au souverain, toujours possible mais difficile en raison de l’éloignement, sera réservé aux litiges d’importance. Le consistoire doit juger simplement et sans bruit, et, en cas de désaccord, se prononcer à la majorité, Pour toute cause dévolue à ce tribunal suprême, les sessions de commissions spéciales devront s’effacer. Soucieux d’assurer, comme son père, la collaboration entre les Maîtres Rationaux et le Conseil Éminent, Louis III astreint deux Maîtres Rationaux, Antoine Suavis, déjà en place, et André Boutaric imposé à cette occasion, à résider à Aix. Y aurait-il une telle désorganisation au sein des gens des Comptes d’Aix que le souverain avoue qu’un seul réside à Aix ? Et que devient le Juge Mage dans cette réforme ? Il semble que sa fonction ne fasse plus qu’une avec celle du juge des seconds appels... Or l’acte en question, pris in consilio mentionne la présence à ce conseil à Aversa de Jordan Brès, Juge Mage de Provence... avec Pierre de Beauvau, Helion de Faucon et Vital de Chabannes, juge des premiers appels... Le deuxième volet de ces ordonnances a trait aux offices : Louis III en interdit la vente, s’en réserve la provision et la collation, à moins que sa mère ne réside en Provence, auquel cas elle fera jouer sa lieutenance. Néanmoins, tant qu’il sera dans son royaume, notamment durant les trois mois qui précèdent le temps de la provision des offices (soit avant le 1er mai), l’admission aux offices sera le fait du lieutenant et du conseil. Le troisième volet traite de la défense des droits fiscaux du prince, qui nomme à cet effet Jean Martin et Jacques Boysson d’Aix. Beaucoup d’autres questions sont évoquées dans ces ordonnances : l’interdiction d’exporter du blé, sauf à fournir caution suffisante de ne pas le livrer aux ennemis ; la condamnation des émeutes de Manosque contre les Juifs et l’ordre de procéder contre les meurtriers, l’affirmation de la capacité du conservateur des Juifs a connaître des causes criminelles concernant les Juifs. Enfin, toute lettre contenant une grâce doit être exécutée sans qu’il soit besoin de lettres exécutoires du sénéchal ou du gouverneur40. Ces lettres révèlent la profonde désorganisation des comtés de Provence et de Forcalquier : justice en miettes entre les mains de multiples commissions, offices à l’encan, non résidence des officiers, etc. Même le bastion des gens des Comptes d’Aix effrité... Au mal de l’absence du prince vient s’ajouter celui de l’absence de l’élite des officiers et conseillers, qui rejoignent fréquemment Louis III dans le royaume de Naples. Une tare qui n’existait pas sous Louis II, ses absences ayant été plus limitées. Avec son fils, qui réside en permanence depuis 1423 en Italie, c’est une véritable hémorragie qui se produit. En l’occurrence, la présence du Juge Mage et du juge des premiers appels à Aversa permet d’avancer l’hypothèse que Jordan Brès et Vital de Chabannes sont venus conseiller le prince sur la réforme de la justice...
38Comme la « création » du Conseil Éminent complétait la nomination de Charles comme vice-roi, ainsi les lettres du roi, d’Aversa, le 22 août 1427 in perpetuam rei memoriam répondent à l’unification du gouvernement et de la vice-royauté entre les mains du dit frère, le 10 juin de la même année ; elles corrigent plutôt. Le prince a été informé en un temps record des nouveaux tangages du navire provençal. Le jeune Charles, sorti de l’âge de l’enfance, n’en fait qu’à sa tête : sans respecter l’obligation de se faire assister du conseil, résistant aux directives données par les lettres et les mandements royaux, ignorant la volonté de la majorité du conseil royal, il a convoqué des « magnats et nobles sujets » pour délibérer avec eux. En conséquence, Louis III ordonne que son frère, et tous les autres « sénéchaux, vice-rois, gouverneurs ou lieutenants » tous ceux qui « présideront au sommet le regimen », le gouvernement et l’administration de la Provence ne pourront rien faire sans l’avis et délibération du conseil royal, y compris la convocation de l’assemblée des trois États. Aucune des assemblées réunies par Charles sans la délibération du conseil ne peut se mettre sur le même plan que le conseil royal. Le vice-roi se voit donc subordonné étroitement au Conseil Éminent, qui, pour le roi, est redevenu le conseil royal. La reine Yolande n’est pas concernée par cette restriction du pouvoir de vice-roi... quand elle sera en Provence. Le Conseil chargé d’assister le vice-roi se compose de : Jean, évêque de Fréjus – Jean Balard, anciennement doyen du Mans – du Juge Mage, du juge des premiers appels, des Maîtres Rationaux, des avocats et procureurs fiscaux, le jurispert Pierre de Loubières, et les secrétaires ordonnées par lettres antérieures. L’acte révèle les noms des titulaires, en les chargeant de divulguer leur contenu à Aix : le Juge Mage est Antoine Isnard, les deux Maîtres Rationaux, André Boutaric et Antoine Suavis, l’avocat et procureur fiscal, Jean Martin. Pour ce faire, manquent le Juge des premiers appels (Vital de Chabannes ?) et le deuxième avocat et procureur fiscal, Jacques Boysson. Les gradués tiennent une place éminente : Antoine Isnard et André Boutaric sont docteurs ès-droits, l’évêque de Fréjus, docteur ou licencié utriusque juris, Vital de Chabannes et Jean Martin sont docteurs ès-lois, Antoine Suavis, présenté comme jurispert, est licencié ès-lois. Veut-il enrayer le mécontentement des nobles, à qui Charles du Maine prêta l’oreille ? Le roi ajoute à cette élite de juristes quatre seigneurs provençaux : Foulques d’Agoult, seigneur de Forcalqueiret, Pierre de Venterol, seigneur du dit lieu, Bertrand de Grasse, seigneur d’Albaron et Reforciat de Castellane, seigneur de Fos41. Comme son père, par des chemins différents, Louis III parvient à la conclusion que le meilleur gouvernement de la Provence passe par les mains des légistes. En fondant dans le Conseil Eminent le Juge Mage et les Maîtres Rationaux, a-t-il résolu le problème des compétences rivales ? Il ne peut cependant empêcher la dualité du pouvoir, alors que le Parlement de Louis II apparaissait comme seul pouvoir au sommet en l’absence du prince.
39Bien qu’il ne perde pas une occasion de placer hors critique le pouvoir de sa mère, Louis III n’en affirme pas moins qu’il n’a voulu en rien renoncer à son propre pouvoir. À l’arrière plan de ces années troubles, Yolande et Louis III s’opposent sans nul doute, comme on le voit dans l’affaire de l’évêque de Gap, Ligier (ou Laugier) Sapor : évêque de ce diocèse depuis 1412, conseiller de la reine-mère, général des aides en Languedoc en 1417, il devient chancelier de Provence en 1420. Il assiste aux hommages à Aix et à l’assemblée des trois États en 1420 ; en 1421, on le trouve au château de Tarascon, « féal chancelier et conseiller » de la reine, pour l’acte établissant le douaire d’Isabelle de Lorraine. Brusquement, en 1425, le drame éclate : par lettres patentes d’Aversa, en date du 24 novembre, Louis III démet l’évêque de ses fonctions. Ayant appris par des personnes dignes de confiance que ses sujets provençaux, au lieu d’être protégés contre leurs ennemis, subissaient exactions, oppressions, violations de leurs droits, extorsions d’argent, etc. du fait du chancelier et de ses gens, qui mettent à profit l’absence de la reine, il ordonne aux membres du Conseil Éminent, créé l’année précédente, de destituer Ligier et de prendre en mains la situation afin de restaurer la paix dans la patrie provençale. Il invoque l’aide qu’il a obtenue du pape, les efforts qu’il a faits pour un bon regimen, et il réitère l’obligation pour le « consistoire majeur » de résider à Aix (sauf en cas de peste !) et lui enjoint, outre le renvoi de l’évêque de Gap, de poursuivre en justice les officiers inférieurs coupables d’exactions. Suite de l’affaire en 1426, où des lettres patentes du 10 juin, toujours d’Aversa, adressées au gouverneur Tristan de la Jaille et au Conseil, nous apprennent que, en vertu de l’autorité apostolique – sur lettres de Martin V – et de l’autorité royale, l’évêque et le secrétaire, Pons de Rousset, sont détenus et leurs biens confisqués ; que les commissaires continuent l’enquête ; que des lettres « closes et patentes » de la reine-mère en faveur des prisonniers ont arrêté toutes les investigations, les commissaires redoutant l’ire de Yolande. La princesse réclame en outre que Ligier puisse se déplacer dans tout le château de Tarascon, où il est détenu, et s’entretenir avec ses amis, et que les biens de Pons de Rousset soient restitués à lui ou à son épouse. Le roi s’élève violemment contre la non application de ses ordres, et il affirme qu’il n’a pas abdiqué son pouvoir. Il donne l’ordre à ses officiers d’obtempérer sous peine d’encourir sa colère42.
40Jamais la tension n’a été plus vive entre la mère et le fils... Que dire sinon : 1. Que le Conseil Éminent peine à imposer sa toute nouvelle autorité ; 2. Que la reine-mère s’est constituée pendant qu’elle réside en Provence, de 1419 à 1423, une clientèle qui continue à appliquer ses directives après son retour en France, 3. Que la mère et le fils ont deux politiques opposées, deux conceptions du gouvernement de la Provence, Yolande préférant s’appuyer sur le sénéchal, comme elle l’a fait en 1417, ou sur un chancelier, ressuscité après des années d’interruption : espère-t-elle retrouver l’entente Marie de Blois/Jean Le Fèvre ? Ces divergences rejoignent-elles la réaction nobiliaire que connaît le comté au gouvernement d’un groupe de légistes, qui se manifeste peu après ? La Provence, terre refuge, puis terre désertée, champ expérimental, a du mal à trouver la stabilité. La reine n’a sans doute pas renoncé à influencer son plus jeune fils, Charles, à défaut de pouvoir dominer l’aîné, contraint d’avouer qu’il n’est plus obéi.
41Pour finir, Ligier perd ses biens, quitte la Provence et devient évêque de Maguelonne. Une fois encore (cf. supra en 1411) la bannière royale est hissée sur la tour du palais épiscopal de Gap en signe de majus dominium. Les comtés de Provence et de Forcalquier se passeront de chancelier quelques années encore43.
42L’annulation du mariage breton, au grand dam de l’entente avec les Montfort élaborée par la reine, parachève la rupture : Louis III choisit de s’unir avec la fille d’Amédée VIII de Savoie, Marguerite, qu’il épouse par procuration en 143144.
43Spectateurs et acteurs de la scène politique, les États de Provence ne sont plus en mesure d’imposer leurs volontés, s’ils affirment toujours leur présence. Le prince a besoin d’eux pour lever des impôts. Autant ils avaient manifesté une virulente opposition à la création du Parlement, autant ils n’ont apparemment pas contesté celles de Louis III : est-ce parce que le Juge Mage demeure, intégré au Conseil Éminent ? Le consilium generale persiste à défendre les coutumes, critiquer les lenteurs et les imperfections de la justice comtale, attaquer les exactions des officiers. On a vu que sa convocation est toujours d’importance, et que Louis III avait laissé ce pouvoir au vice-roi, avec l’aval du Conseil. Yolande et Louis III assistent à la séance de mai 1420 « en lo petit tinel » du palais royal d’Aix, avec le Juge Mage, Pons Cays, de même, en 1429 « monseigneur Charles » avec Jordan Brès. Mais lorsque les députés soulèvent une question gênante, ils s’attirent une réponse très sèche : l’assemblée de 1419, qui, en raison de la longue absence des princes, ose demander une réunion périodique, voire même impromptue si le besoin s’en fait sentir, en cas d’éloignement de leurs Majestés, se voit rétorquer qu’il y sera pourvu ; et, en 1420, aux États qui expriment leur souhait d’avoir des défenseurs et des conservateurs de leurs droits, il est répondu : « La reine et le roi ont été, sont et veulent être les exécutants, conservateurs et défenseurs de ces mêmes droits et donc ils entendent faire en sorte qu’ils soient sauvegardés »45. Les trois États n’ont pas renoncé à leur mobilité et leur son action diplomatique. Outre la célèbre délégation de 1417, une autre revient, en 1418 departibus Andegavie, où elle est allée négocier les modalités d’un affouagement ; en 1428, une ambassade va jusqu’à Salerne pour supplier le roi de bien vouloir révoquer la nomination de Tanguy du Chatel, ancien prévôt de Paris, compromis dans l’assassinat du pont de Montereau, comme capitaine sur le fait des guerres. Ce n’était certes pas la première fois que le principe de l’indigénat était violé, mais cette fois, les Provençaux se révoltent, l’image de marque du fidèle de Charles VII s’avérant détestable. Au retour, les ambassadeurs font leur compte rendu et expriment leur inquiétude au vice-roi, bien qu’ils aient, semble-t-il, obtenu des assurances de Louis III46. L’opposition entre la reine-mère et son fils se répercute-t-elle dans le dialogue avec les États ? La princesse avait promis, en 1417, d’abolir les sauvegardes dont bénéficiaient les Juifs de Provence. L’a-t-elle fait ? En 1419 et 1420, l’assemblée revient à la charge, et leurs Majestés résistent et entendent maintenir les Juifs dans la juridiction où ils sont. Rappelons que Louis III, en 1424, restaure le pouvoir du conservateur des Juifs et veut poursuivre les assassins des Juifs de Manosque. Mais pour combien de temps ?47 Yolande d’Aragon avait accepté en 1418, un « recours de feux », en raison du dépeuplement des comtés méridionaux, recours qui les fit passer de 8 869 en 1400 à 5 151 : le roi y souscrit. Mais, dans ses lettres d’Aversa de mars 1429, Louis III casse la commission formée sur ordre de sa mère, commission composée de Louis Guiran – un des « présidents » de 1415-, Reforciat de Castellane – introduit par le prince au Conseil Éminent en 1427 – et Pons de Rousset, libéré de sa prison, qui a opéré une nouvelle réduction de feux de 5 000 à 4 000, et il ordonne que tous apportent les réductions ainsi faites devant la Cour des Maîtres Rationaux. D’un côté les « clients » de Yolande d’Aragon, recrutés largement, de l’autre, les fidèles du Roi : Astorge de Peyre, Tristan de la Jaille, Guillaume de Villeneuve et Vital de Chabannes. Ce nouveau recours de feux lui causerait un grave préjudice, affirme le prince : sera-t-il obéi ? L’assemblée des trois États réunie à Aix, en mai 1429, mentionne la « réduction de feux dernièrement faite... »48.
44Yolande prêterait-elle plus volontiers l’oreille aux revendications de ses sujets que son fils ? Il n’y paraît guère dans la politique économique, où les princes font preuve d’un dirigisme intermittent : contre certains de leurs sujets qui veulent la liberté de vente des blés, les princes l’interdisent en cas de pénurie, l’autorisent en cas d’abondance à condition de ne pas exporter les blés vers l’ennemi (aragonais alors) ; à côté de ces divergences, d’autres révèlent l’antagonisme qui existe entre les gros, qui ont des excédents de blé à vendre, même en temps de disette, et les petits qui réclament que ces derniers subviennent aux besoins de leurs voisins, et que ces grands propriétaires ne taxent pas les blés, les fruits etc.49. Les États ont perdu le combat politique qu’ils ont mené pour occuper le terrain en l’absence des princes. Ils sont en passe de perdre, sinon celui du consentement à l’impôt, du moins celui de l’équité fiscale, et ils ont beau jeu de rappeler que Louis Ier avait promis qu’il n’y aurait pas de charge supplémentaire. En outre, les trois ordres se divisent entre privilégiés ou non face à l’impôt. Reste à lutter encore et toujours contre les faiblesses de la justice, les méfaits des commissaires, les violences contre le territoire en raison ou non des lettres de marque, d’une voix de moins en moins écoutée. Le contrepouvoir, si contre-pouvoir il y a eu, se solde par un échec50.
Épilogue
45Paradoxalement, alors que le territoire semble définitivement éclaté, la crise s’apaise : la reine, après une éclipse à la Cour de son triste gendre où la lutte de clans fait rage, revient en force et pousse Charles de Mortain (comté gracieusement octroyé par son beau-frère en 1425) sur la scène politique en 1433-1434, et au conseil du roi de France :
tres sage prince et bien eloquent... avoit toutes belles gens d’armes du royaume a son mandement... gouvernoit et regentoit tout. Moult aimoit livres et belles doctrines et mist grand peine a les acquerir... grâce luy donnoit aucuns d’etre peu affecté aux Bourguignons par douleur de son frere le roy infortuné...
46René, dont l’histoire de jeunesse est distincte de celle de la Maison d’Anjou, duc de Bar et de Lorraine depuis la mort de son beau père Charles II de Lorraine, se bat contre Vaudémont et Bourgogne et se fait capturer à Bulgnéville en juin 1431. L’Anjou a échappé à l’étau qui l’enserrait, l’offensive anglaise a « ciblé » Orléans et non Angers, et, malgré le raid de Rodrigue de Villandrando en 1432, il est libéré en 1434. Il faudra quelques années encore pour que le Maine le soit. Néanmoins, la Maison d’Anjou est absente du couronnement de Charles VII et du traité d’Arras. Le jeune René mène sa politique à l’Est sans trop se soucier des affaires du royaume de France : il ne désavoue l’aveu, fait en son nom, par le cardinal de Bar à Henri VI le 5 mai 1429, que le 3 août, soit après le sacre de Reims. Rien ne permet de dire, jusqu’à preuve du contraire, que la reine Yolande a « protégé » ou « soutenu » Jeanne d’Arc : de 1427 à 1431/32, on l’a dit, la princesse et les siens sont tenus à l’écart de la Cour et des décisions de Charles VII. Louis III est en Calabre, Charles, en Provence. Quant au traité d’Arras, les discussions se sont sans doute amorcées entre le duc Philippe de Bourgogne et René captif, Le contentieux pèse lourd. Les conférences générales d’Arras doivent plus à la médiation du pape Eugène IV et du duc Amédée VIII. Au rang des plénipotentiaires français figure Etienne Bernard, dit Moreau, longtemps au service des princes d’Anjou-Provence. Bien que les sceaux de René, en tant que duc d’Anjou, et de Charles aient été apposés avec ceux des autres grands au traité, la réconciliation entre les deux familles ennemies, angevine et bourguignonne, se scelle en fait à Lille en janvier 143751
47Entre temps, la Provence a retrouvé un certain calme, en partie grâce aux trêves avec l'Aragon conclues en 1431. Pons de Rousset a été condamné à mort par décapitation « pour divers délits et crimes et crime de lèse majesté » par le conseil royal résidant à Aix, en octobre 1429, selon la lettre de Louis III de « Montis Leonis » en Calabre. Ses biens, confisqués et vendus, en janvier 1430, sont achetés pour moitié par Jean Martin... Et le Roi fait cadeau à sa mère du castrum de Gardanne avec ses appartenances, ancienne propriété du condamné qui fut son serviteur. Cynisme ? Ou volonté de réconciliation à tout prix ? Il y a quelques notes shakespeariennes dans les rapports entre la mère et le fils. Les dernières années, de 1431 à 1434, un duumvirat tient en mains le gouvernement de la Provence : Pierre de Beauvau, lieutenant-général (flanqué de ses deux lieutenants, son frère, Bertrand, et Louis de Bouliers), « assisté du conseil », et Jordan Brès, professeur utriusque juris, seigneur de Velaux et de Châteauneuf-le-Rouge, juge des appels majeurs et seconds. Le « féodal » et le légiste, l’Angevin et le Provençal. Et ceci, bien que l’ombre d’un doute au sujet du pouvoir de l’homme fort qu’est Pierre de Beauvau quant aux finances royales ait surgi au moment ultime. Louis III avait souhaité que le Conseil Éminent prenne le pas sur le gouverneur. C’est sans doute l’inverse qui s’est produit à l'heure où le jeune roi obstiné meurt à trente et un ans, en priant la reine Jeanne II – qui va mourir peu après – d’adopter son frère, René52.
Conclusion
48Malgré tout, la principauté n’a pas sombré. Elle ne sort cependant pas indemne de cette tempête. Si l’apanage a souffert de la guerre, il n’a pas connu de crise politique autre que celle qui affecte le royaume de France. Au plus fort de l’orage, il s’intègre, on l'a vu, à ce qu’il reste du royaume hors domination anglo-bourguignonne ; la médiatisation s’estompe, soit que le duc d’Anjou se conduise en roi de France, soit que le roi de Bourges abrite sa pauvre monarchie dans le Val de Loire. Si la royauté française a usé de la Maison d’Anjou, celle-ci lui a rendu la pareille. Politiquement et institutionnellement, c’est la Provence qui a été la plus touchée. La difficile maturation de l’État moderne s’y montre en pleine lumière, avec, en outre, les problèmes spécifiques d’une principauté écartelée d’où les princes sont absents. Louis III a été plus fidèle à l’œuvre de son père que la reine mère : le Conseil Éminent se situe dans la droite ligne du Parlement, et les deux rois ont privilégié la compétence des hommes de loi. À diverses reprises, le jeune prince s’étonne et s’indigne que les Provençaux ne suivent pas sa législation novatrice. Il s’irrite de l’influence que sa mère peut avoir, même de loin, sur ses fidèles et de sa capacité à contrarier ses plans... tout en protestant de la vénération qu’il lui porte. La société politique des comtés méridionaux est ébranlée : réaction nobiliaire, trouble au cœur de la forteresse des legum doctores appelés au sommet du gouvernement, rejetés, rappelés, qui ne savent plus à quel prince se vouer... et qui complotent, comme les frères Isnard ou changent de camp, ainsi que le fait Louis Guiran... Société divisée aussi, où la noblesse traditionnelle voit d’un mauvais œil le pouvoir aux mains d’une caste de légistes, où l’ensemble des Provençaux manifeste une certaine animosité à l’égard des Aixois, de ceux du moins qui constituent le gouvernement royal. Le peuple s’obstine à souhaiter que justice et pouvoir aillent de pair, et s’étonne que l’appel au souverain ait été limité, en raison de l’éloignement de ce dernier, aux causes de plus de 200 francs, disposition prise par Louis III, en 1424 dans l’acte de création du Conseil Éminent53.
49Le roi a exercé le pouvoir avec une équipe restreinte, d’autant plus restreinte qu’elle travaille aussi bien en Provence que dans le royaume de Naples : comment Pierre de Beauvau peut-il être présent à Aversa et à Aix, être à la fois gouverneur de Calabre et de Provence. De même Jordan Brès, ou Nicolas Perregaut ? Combien de traversées ont-ils faites ? Certains s’ancrent en Italie, tel Antoine Hermentier, qu’on retrouve « justiciaire » de Calabre. Louis III multiplie les dons (canonicats entre autres), mais ces serviteurs ont-ils été payés ? On peut en douter. Quant au conseil Éminent, devenu simple Conseil royal, il semble s’être dilué dans les institutions aixoises54.
Notes de bas de page
1 Cf. infra, note 22.
2 M.-R. Reynaud, « L’absence du prince... », art. cit.
3 M.-R. Reynaud, « La politique de la Maison d’Anjou et la soustraction d’obédience... », art. cit.
4 Religieux de Saint-Denis, réed., t. II/2, p. 91 ; et cf. supra, chap. I, note 38.
5 L. Douët d'Arcq, op. cit., t. 1, no 101, p. 220-226 et no 109, p. 252-253. F. Autrand, Charles VI..., op. cit., p. 393-394 et cf. supra, chapitre IV.
6 Le « cantar » de la reine Marie de Blois a eu lieu à Arles le 21 septembre 1405. La reine est décédée le 2 juin 1404 (à Angers : B. Boysset, op. cit, p. 376.
7 A.D. BdR., B 608. Louis II accueille le roi de Trinacrie (Sicile), Martin le Jeune, arrivé à Marseille en février 1405, et l’admet à son conseil, alors qu’en 1400, il le qualifiait d’« ennemi » (A.D. BdR., B 600). À cette même date, le roi fait le projet d’aider Manuel Paléologue. Aurait-t-il en tête une vaste politique méditerranéenne ? D vend l’Achaïe à l’ordre de l’Hôpital ( ?).
8 F. Autrand, op. cit., p. 351-361. M.-R. Reynaud, « La Maison d’Anjou-Provence et la perte de Nice... », art. cit., p. 262.
9 Cf. supra, chapitre IV, « La maîtrise de l’espace ».
10 L. Douët d'Arcq, op. cit., t. 1, no 159, p. 359-362. De Vernon, où il se tient, Louis II envoie à Pontoise deux hommes de confiance, Guillaume Saignet et Jean de Tucé : A.N., KK 243, p. 23. Si l’on en croit le Religieux de Saint Denis, rééd., t. III/1, p. 161, ce projet de mariage breton serait la cause de la rupture avec Bourgogne. Cf. supra, chapitre II.
11 Ordonnances des rois de France..., t. IX, p. 197-198 (Louis II est déjà très présent au conseil en 1407-1410), p. 203-205, 267-269, etc., et t. X, p. 140, 181, 365-371, 377-378, 382-386, etc. la présence de « Sicile » de 1413 à 1416.
12 Bourgeois de Paris, Journal..., p. 70.
13 Ordonnances des rois de France..., Charles VI, t. X, p372-373. Charles de Ponthieu a-t-il gardé la Touraine jusqu’à ce qu’il devienne roi, et que ce duché réintègre le domaine ? Rappelons qu’avant de l’offrir pour conforter le projet de mariage Louis III/Isabelle de Bretagne (octobre 1424), Charles VII en avait fait don au comte de Douglas en août 1423 : A.N., Xla 8604, p. 65-66.
14 Bourgeois de Paris, Journal..., p. 50.
15 J. Chiffoleau, Les Justices du pape..., op. cit., p. 238. A.D. BdR., B 608. Antoine Jouvène est à la tête du diocèse de Gap d’août 1409 à juin 1411 : Gams, op. cit., p. 553. Et cf. supra, chap. III, p. 91.
16 B. Boysset, op. cit., p. 393-394. Ce chevalier est-il le fils de Raymond III d’Agoult ? A.N., P 1351, no 682. M.-R. Reynaud, « Noblesse et pouvoir... » (à paraître en décembre 2000).
17 B. Boysset, op. cit., p. 64-65. A.D. BdR., B 9, p. 281 ; A.C. Marseille, FF2 ; A.D. BdR., B 8, p. 306-307. Pour Guillaume Saignet, cf. supra, chap. IV. Une fois de plus, le Languedoc se révèle comme base essentielle de la monarchie française face à l’agression anglaise. En mars-avril 1415, la Chambre aux Deniers de la reine Yolande n’a-t-elle pas payé pour l’« hostelage des gens de monseigneur de Ponthieu » à Nîmes ? Que s’est-il tramé dans ces mois décisifs ? Cf. supra, chap. IV, p. 117.
18 A.D. BdR., B 8, p. 306-307.
19 Bien qu’une tache masque en partie sur le manuscrit le nom de Jean de Sade, sa présence au rang des « présidents » ne fait pas de doute : rappelons qu’il fut anobli par Louis II, qui, en outre, lui fit donation, en 1411, des castra de Majastres, de Saint-George et de Creisset (baylie de Moustiers). A.D. BdR., B 9 p. 187v
20 F. Cortez, op. cit., p. 178 sq. ; A.D. BdR., B 628, no 7.
21 G. Gouiran, M. Hébert (éd.), Le Livre Potentia..., p. XXXIII sq. À l'assemblée de 1401, sur vingt-deux membres du clergé, trois sont conseillers de la reine Marie : les évêques de Marseille et Senez, et l’abbé de Saint-Victor ; trois sont ou vont être conseillers de Louis II : les évêques de Riez et de Fréjus, le commandeur de l’ordre des Hospitaliers. Ajoutons Artaud, évêque de Sisteron, conseiller successivement des deux. Du côté des nobles, six conseillers de Marie de Blois sur trente-sept : Raymond d’Agoult, seigneur de Sault, Isnard de Glandevès, seigneur de Cuers, Louis de Forcalquier, seigneur de Céreste, Agoult d’Agoult, seigneur de Mison, Raymond de Montauban, seigneur de Masauges et Guido Flote, qui fut viguier de Marseille en 1385 ; quatre sont ou seront conseillers de Louis H : Antoine de Villeneuve, seigneur de Flayosc, Boniface de Castellane, seigneur de Fos, Elziar de Sabran, seigneur d’Ansouis et Pierre de Venterol. Trois siègent aux conseils des deux : Carie Albe, seigneur de Pierrerue, Foulques d’Agoult, seigneur de Forcalqueiret, et Louis d’Anduze, seigneur de la Voulte. Il n’en va pas de même pour les députés des communautés. A.D. BdR., B 190, p. 230-232. Quant au nombre des sessions, cf. infra, n. 50.
22 A.D. BdR., B 628, no 5 ; B 9, p. 307. Dans cette dernière lettre, signée de sa main, Louis II affirme être « en bonne santé de sa personne », et envoie des nouvelles de « part desa » : le Dauphin a sollicité « beau cousin le conte de Haynau », le roi des Romains et le roi d’Angleterre sont réunis à Calais, et le prince espère des trêves entre la France et l’Angleterre. Considérant la « distance et longueur de chemin de nostre pais de Provence a venir par deca » et le danger, il donne puissance au sénéchal de « faire rémissions » selon la forme de ses lettres patentes, avec le conseil et délibération du Parlement. Pour finir, il conteste la vente (2 000 livres tournois) du château d’Aiguières (Eyguières ?) qui appartient à son conseiller Jean de Sauze, qui remboursera la somme. Pour la première fois, la distance entre les pays de par deçà et de par delà apparaît comme un obstacle insurmontable. Et c’est aussi l’aveu que Louis II ne peut se passer de l’exécutif que représente le sénéchal. Ces lettres ont mis seize jours pour arriver à destination.
23 A.D. BdR., B 9, p. 184-185. Cf. supra, chap. IV. L’âge de la majorité des princes-rois fait problème : 1. En France vingt et un ans d’après le testament de Louis Ier en 1383. Mais en 1417, si le jeune Louis III doit jurer le traité de mariage avec Isabelle de Bretagne à quatorze ans, n’est-ce pas parce que la majorité est à cet âge ? 2. En Provence et dans le royaume de Naples, dix-huit ans. A.N., P 133417 no 33 ; P 1334“no 69, et supra, chap. II, p. 42.
24 A.D. BdR., B 631, no 35 ; l’ambassade des trois États à Angers en 1417 comprenait : l’abbé de Montmajour, le précepteur de Manosque, Foulques d’Agoult, Antoine de Villeneuve, Pierre de Venterol, Bertrand de Grasse, Reforciat d'Agoult, Jacques de Pontevès ; Bertrand Pigon d’Aix, Pierre de Loubières de Tarascon, maître Arnaud Fuzan, notaire d’Hyères, Antoine Desprès ou Deprat de Draguignan, licencié en médecine, P. Aymes de Grasse, Georges Raynaud de Seyne, J. Bernard, jurispert de Sisteron, Elziar Bernard de Forcalquier. A.D. BdR., B 10 p. 55 (ou 57 ?) ; rappelons qu'Antoine Isnard était Maître Rational lors de la création du Parlement et destiné à travailler en liaison avec lui.
25 A. Bouton, Le Maine..., op. cit., p. 44 : trêves valables jusqu’au 1er octobre 1418, puis prolongées. Ph. Contamine, « La “France anglaise” au XVe siècle, mythe ou réalité ? », dans La France anglaise au Moyen Âge, Paris, 1988, p. 17-29.
26 A.N., P 13344, p. 145v. La Chambre des Comptes d’Angers n’a réceptionné que peu de lettres de la reine pendant son absence en Provence : en février 1422, le sire des Fontaines apporte des lettres de Yolande l’instituant lieutenant général ès pays d’Anjou et Maine sur le fait du gouvernement de la guerre : A.N., P 13344, p. 144v. C’est aussi en février 1422 que le conseil de la reine à Angers décide que, pour la baronnie d’Ambrières, Gilles de Rays, vassal mineur, aura la tierce partie des revenus de cette terre, le reste allant à celle qui en a la garde, la reine Yolande : provocation ou vœu pieux à l’heure de la conquête anglaise ? A.N., P 13344, p. 144 ; Et cf. supra, chapitre III. Ajoutons, en ce qui concerne le courrier pour les pays méridionaux, que, hors crise, la reine le fait suivre à son fils en Italie : cf. par exemple les lettres qui informent de l’infirmité et de la mort de Pons Cays (fin 1419) : Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p. 280.
27 M.-R. Reynaud, « Maison d’Anjou et Maison(s) de Bretagne... », art. cit., p. 184-185.
28 A.D. BdR., B 205, p. 43r-47v. L’aide apportée par Gênes sera d’au moins six galées. Trois ans plus tard, en janvier 1423, la princesse Yolande consultera les Etats de Provence sur un projet d’entente avec le duc de Milan, amorçant donc ce renversement d’alliance dans l’intérêt du royaume de Naples : G. Gouiran, M. Hébert (éd.), Le Livre Potentia..., p. LXXVIII.
29 E. de Monstrelet, op. cit., t. IV, p. 236. A.D. BdR., B 10, p. 119.
30 F. Autrand, Charles VI..., op. cit., p. 594-595. Robert le Maçon, chancelier du Dauphin, est récompensé pour son travail et sa diligence : Charles, « fils de Roi », Régent du royaume, Dauphin de Viennois lui octroie le 7 novembre 1420, les revenus du péage de Trèves-sur-Loire, Robert le Maçon étant déjà seigneur et baron du château du même lieu : A.N., Xla 8604, p. 52-53.
31 M. Agulhon et N. Coulet, Histoire de la Provence, Paris, 1987, p. 44-45. P. Guiral et P. Amargier, Histoire de Marseille, Paris, 1983, p. 95. P. Amargier, « Le sac de la ville », dans P. Joutard (ss dir.), Histoire de Marseille..., op. cit., p. 72-83.
32 A.N., KK 244 ; c’est une curieuse entreprise que d’attribuer systématiquement la politique de Louis II à son épouse, « reine blanche », opposée à la « reine noire », Isabeau de Bavière, quelle qu’ait été l’influence de la princesse sur son époux : J. Markale, Isabeau de Bavière, Paris, 1982, p. 165-182.
33 A.D. BdR., B 10, p. 89v et 58 ; A.N., P 13341, p. 45-46. Les témoins de cet acte capital sont le seigneur de La Jaille, grand sénéchal (sic), Guillaume de Villeneuve, Hélion de Faucon, Antoine Hermentier ; et le secrétaire qui l’a rédigé, Pierre Bricoan.
34 A.N., KK 243, p. 63 ; A.N., P 13344, p. 149r : « le samedi IIIe jour de juillet lan milCCCCXXIII environ III heures Loys premier filz de Charles Roy de France et de Marie, Royne, fille de Loys de bonne mémoire jadis Roy de Sicile et duc d’Anjou et de Yolande sa femme. Et fust nommé sur fons par le duc Jehan d’Alençon et la comtesse de Tonnerre. »
35 A.N., Xla 8604, p. 76v-77v ; Charles VII demande aussi que Jean Louvet lui restitue les joyaux. Cet acte est donné par le roi en son conseil, auquel étaient la reine de Sicile, le maréchal de La Fayette, le grand Maître de l’Hôtel, l’amiral, le premier président et plusieurs autres. Texte publié in E. Cosneau, Le Connétable de Richemont, Arthur de Bretagne, 1393-1458 Paris 1886, p. 507.
36 E. Cosneau, ibidem, p. 111.
37 Ch. de Mérindol, « L’imaginaire du pouvoir... », art. cit., p. 66-67. Cf. aussi l’exposition en la chapelle du château d’Angers (juin-septembre 1998) : « Quand le duc s’appelait Louis ». Rappelons que la reine Yolande n’avait pas hésité à s’opposer à son gendre quand l’intérêt de la Maison d’Anjou était en jeu : dans l’affaire de Beaufort en 1420, cf. supra, p.258, et chap. III, p. 66-67.
38 A.N., P 13542, no 859 ; Etienne Bernard dit Moreau est chargé de la levée. Cf. supra, chap. IV. A.N., JJ 172, no 518, p. 290-292.
39 A.D. BdR., B 10, p. 78-79. Pierre de Beauvau avait été nommé gouverneur du duché de Calabre en février 1426 et gouverneur de Provence en février 1427 : a-t-il cumulé ces deux offices, du moins pendant quelques mois ? A-t-il exercé réellement ces deux fonctions ou touché simplement les gages de l’une d’entre elles ? Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p. 244 ; A.D. BdR., B 644, no XV et B 10, p. 214, (ou 217). Le prince se plaint aussi du pillage du Domaine : cf. supra, chap. II, p. 59, et infra, p. 179.
40 A.D. BdR., B 10, p. 171-172. Sans doute pour se concilier les Aixois, le roi accompagne la création du Conseil Éminent de concessions pour le studium de la ville : Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p. 274. Jordan Brès, présent au conseil du Roi, à Aversa, pour la dite création, et présent à Aix, en janvier 1425, pour la publication des lettres royales, en présence de Louis Guiran, Hugues Audurin, Pons de Rousset, Jacques Boysson, a vu sa nomination comme Juge Mage, faite par la reine Yolande, confirmée par Louis III, le 6 novembre 1424 : ibidem, p. 269.
41 A.D. BdR., B 10, p. 220v-222v. Louis III est-il influencé par les structures politiques italiennes ? Le terme de « magnats » qu’il emploie pour stigmatiser les opposants le laisserait à penser. On sait par ailleurs qu’en 1425 les membres du Conseil Eminent sont : Jean, évêque de Fréjus, Jordan Brès, Juge Mage, Louis Guiran, Antoine Isnard, André Boutaric, Antoine Suavis, Maîtres Rationaux, Vital de Chabannes, juge des premiers appels, Hugues Audurin, président de la Chambre rationale, Jean Martin, avocat fiscal : A.C. Aix, AA 2, p. 5.
42 Gams, op. cit., p. 553 ; H. Gilles, Les Etats de Languedoc au XV‘ siècle, Toulouse, 1965, p. 29 ; A.D. BdR., B 770, p. 159 et B 1185 ; A.N., P 133418, no 70. A.C. Aix, AA 2, p. 5 ; A.D. BdR., B 643 (une des rares lettres de certa nostra scientia).
43 A.D. BdR., B 644 ; B 11, p. 63 ; Bibl. Méjanes, RA, p. 4 : A.D. BdR., B 648. Rappelons que Guillaume Saignet devient chancelier ca 1432-33.
44 Cf. supra, chap. II. À la même date, un nouveau traité de mariage est conclu pour Isabelle de Bretagne. Bien loin d’en exprimer son mécontentement (cf. marquis G. Dufresne de Beaucourt, Histoire de Charles VI, t. II, Paris, 1881, p. 271), Louis III avait pris ses distances avec cet engagement.
45 G. Gouiran et M. Hébert (éd.), Le Livre Potentia..., p. 218 et 230 : « et quant nos absentarem del pays, provesirem a la demanda en forma que lo pays aura remedi » (États d’Aix 1419). Pour Pons Cays, cf. supra, chap. IV, p. 124, note 92, et p. 174, note 26.
46 A.D. BdR., B 631, no 35 ; B 199, p. 38 ; la délégation de 1418 a certainement été motivée par la demande d’un recours de feux : A.D. BdR., B 10, p. 253-254. la délégation de 1428 comprend : l’archevêque d’Aix, l’évêque de Sisteron, Bertrand de Grasse seigneur d’Albaron, Baudouin, seigneur d’Oraison, le prévôt de Forcalquier, licencié ès-lois, Christophe Riboyre de Grasse, et Jean de Malerbe de Tarascon. La nomination de l’ancien prévôt de Paris à cet office a été ordonné per regionem majestatis : Laquelle des deux « majestés » ? Yolande ou Louis III ? Sans doute ce dernier. Tanguy du Chatel poursuivra sa carrière sous le roi René : il devient, en 1438, vice-roi et lieutenant-général en Provence : A.D. BdR., B 11, p. 343v-345.
47 G. Gouiran et M. Hébert, ibidem, p. 219 et 132 ; et cf. supra A.D. BdR., B 10, p. 171-172. D. Iancu, Les Juifs de Provence (1475-1501), de l’insertion à l’expulsion, Marseille, 1981.
48 A.D. BdR., B 647. Les ordres de Louis III sont-ils parvenus à temps ? L’assemblée entérine, deux mois après, en mai 1429, cette réduction de feux : G. Gouiran et M. Hébert, ibidem, p. 253.
49 Ibidem, p. 255, 268 et 290
50 La liste des sessions est sujette à caution : se fiant au livre « Potentia » (A.D. BdR., B 49), les auteurs en recensent d’octobre 1399 à avril 1417, soit pendant le règne personnel de Louis II, seulement deux, et une troisième à Arles, en 1415, hors du livre « Potentia » : donc, octobre 1399 à Aix, avril 1401 à Aix, et janvier 1415 à Arles. De 1417 à 1434, cinq : septembre 1419 à Aix, mai 1420, janvier 1423, mai 1429, juin 1432, toutes à Aix. Ces trente années sont en dessous de la moyenne du demi-siècle (en comptant la période de Marie de Blois), où l’on compte environ une session tous les deux ans (une vingtaine de réunions en quarante ans) : ibidem, p. LXXIII-LXXV. La liste de J. Denizet, Les États de Provence..., op. cit., p. 198-204, parait exhaustive.
51 G. Cabourdin, « La Lorraine et René... », art. cit., p. 34-41. E. Cosneau, Le Connétable de Richemont..., op. cit., p. 164-165 ; la version de l’auteur sur le « soutien » de Yolande à Jeanne d’Arc a été suivie par d’autres historiens. E. Cosneau, Les Grands Traités de la guerre de Cent Ans, Paris, 1889, p. 118-151. G. Chastellain, Chronique, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t II, Bruxelles, 1863-66, chap. 42. Et A.N., P 133418 no 104. Cf. supra, chap. I, p. 25 et chap. IV, p. 100, note 10. Ajoutons : 1. Que René est absent du conseil royal de son beau-frère pendant ces années cruciales, notamment à la séance du 9 juillet 1429 à Troyes. Charles « du Maine » y fait son apparition en avril 1434 : cf Ordonnances des rois de France..., t. XIII, p. 142 et 194 ; 2. En août 1431, la reine Yolande aurait assisté à Amboise au mariage de sa fille Yolande avec François de Montfort : cf. Dufresne de Beaucourt, op. cit., t. II, p. 283. Rien de probant dans cet ouvrage sur la « protection » supposée de Jeanne d’Arc. Que Jeanne, à son passage à Tours, ait logé chez Jean Dupuy, serviteur de Yolande, ne prouve pas davantage ce soutien. Cf. J. Calmette, E. Deprez, Histoire du Moyen Âge, t. VII/1, La France et l’Angleterre en conflit, Paris, 1937, p. 411, note 21 (avec référence à J. Quicherat, Aperçus nouveaux sur l’histoire de Jeanne d’Arc, Paris, 1850, p. 30).
52 A.D. BdR., B 11, p. 3r-v ; B 11, p. 45 ; Bibl. Méjanes, RA 65, p. 4 ; Jean Martin achète la moitié des biens de Pons de Rousset situés dans le diocèse de Sisteron, mais quels sont ces biens ? Rappelons que les biens confisqués à Ligier sont Châteaurenard et Beynes. A.D. BdR., B 11, p. 116-119. Pour les doutes au sujet du pouvoir de Pierre de Beauvau en matière de finances, cf. supra, chapitre IV, « Le prix de la grandeur ». Et Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p 393v-395v. Louis III a aussi gouverné par commissions : par exemple, en 1431, il donne pouvoir à Pierre de Beauvau et à Nicolas Perregaut de le représenter dans tous ses États : Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p. 327v
53 G. Gouiran et M. Hébert, op. cit., p. 285. Ce sont les États de 1437 qui ont présenté cette revendication, en souhaitant que petite ou grande cause ait toujours possibilité d’appel au souverain.
54 Louis III récompense son petit nombre de fidèles avec des bénéfices ecclésiastiques grâce au bon vouloir du pape Eugène IV : ainsi Jacques de Villechartre, fidèle secrétaire, reçoit provision d’une prébende en l’église de Gap, et Jean Rougé, commissaire départi sur le fait des entrées et des sorties des finances en Italie, un canonicat au Mans ainsi que Jordan Brés en 1431 : BNF. Fds pr. 3907. Et par l’octroi de capitaineries : Sisteron à Jean Tressemanas ; Auvare, récemment acquise par le vicomte de Reillanne, à Antoine Hermentier, qui en devient gouverneur et capitaine ; Brégançon à Jean Radulphe ; Boulbon à Jean Louvet (donc, nonobstant son passé, protégé par le prince) ; Le Puy-Sainte-Réparade à Arnulphe Boutaric. Bibl. Méjanes, ms 538, RLT, p. 360 et 362v, p. 290, 393v, 394. C’est Guillaume Saignet qui préside le conseil à Aix en 1433 : ibidem, p. 376.
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