Chapitre I. Famille et territoire
p. 17-31
Texte intégral
1Les princes d’Anjou appartiennent à la grande famille des Valois et, à ce titre, ils sont naturellement appelés à jouer un rôle dans le gouvernement du royaume et à bénéficier de dons émanant du roi, leur père ou leur frère. En ceci, rien ne les différencie des autres princes du sang. L’originalité de leur histoire vient de ce qu’ils ont deux familles : l’adoption de Louis Ier par la reine Jeanne Ière de Naples change tout. Ils ne cessent alors de se réclamer des deux, de faire preuve de la même dévotion envers les défunts de l’une et l’autre, d’accumuler les terres et les droits que leur valent leur parenté et leur adoption, celle ci engendrant d’ailleurs aussi une parenté. L’acte de la reine Jeanne ouvre aux princes les portes de l’aventure, et leur fournit le titre de roi de Sicile et de Jérusalem, ce qui ajoute à l’étrangeté de leur cas : princes dans le royaume de France, et rois d’un royaume lointain, qu’ils passent leur temps à conquérir. Mais comment séparer ce qui est le fait d’une seule personne ? Louis II n’est-il pas « Sicile »pour les chroniqueurs du regnum ? Antinomie entre deux territoires et deux politiques qui écartèlent la Maison d’Anjou. Ambiguïté du « statut » de princes rois. Le théâtre où se joue ce jeu compliqué est celui de la France de la guerre de Cent Ans et de l’Occident trouble des rivalités et affrontements divers, ce qui ajoute à la confusion. Comment les princes d’Anjou ont-ils « géré » leur territoire ? Ont-ils donné à leurs fils aînés l'honor principal ainsi que les terres patrimoniales, aux cadets les terres acquises par mariage ou héritage, comme certains historiens ont cru pouvoir le déceler dans la politique capétienne ?1
I. DEUX FAMILLES, DEUX TERRITOIRES
A. Deux familles
1. Le sang Valois
2La fortune des princes d’Anjou est liée en premier lieu à leur appartenance à la famille des Valois : Louis est le second des fils nés de l’union de Jean II et de Bonne de Luxembourg. Il est « fils du roi », du vivant de son père, « fils de roi », après le décès de ce dernier. Les dramatiques circonstances de la défaite de Poitiers et de la captivité de Jean II ont sans doute donné une intensité particulière à la concession de l’apanage d’Anjou, que l’on peut trouver dans les actes datés de Calais en octobre 1360 :
Jehan, par la grâce de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous presens et avenir que, comme lestat et honneur du filz soit gloire et vie du père dont pour le bon gouvernement que nos filz ont par raison et par amour paternelle derront estre plus curieux et autentif à croistre lestat, honneur et dignité d’iceulx nosdiz filz. Et pour ce considerant en nostre cueur la vraye amour, parfaite honneur et filiale obeissance que Loys nostre tres cher et second filz nouz a tousjours porté et le bon gouvernement de li. Et que... il sest de grant voulenté exposé et offert a mectre son propre corps en hostaiges pour nous et pour nostre delivrance de prison ou nous avons esté par longtemps en Angleterre. Et avons finé espérance que tousjours en ensuivant son bon propos et commancement il sefforsa de soy toujours avancer en honneur et en bien et a nous feaux et obeiz de tout son pouvoir et la bonne amour que nous lui avons et avoir devons de bonne voulenté et grant affection nostre diz filz et ses hoirs estre avancez de nostre royale libéralité en toutes grâces, dignitez et honneurs...2
3Toute la philosophie politique du roi de France est contenue dans ce texte, où il va de soi que, au nom de l’affectivité et de la raison, le prince de sang valois a part au gouvernement du royaume. À l’amor paternalis, à l’affectio naturalis du père (texte en latin de la même concession), répondent la filialis devotio, la reverentia, l'obedientia du fils, tendues vers l’avancement en honneur et en dignité3. Louis Ier a joué un rôle de premier plan dans le royaume durant l’absence de son père et après sa mort.
4Avec l’avènement de Charles V, les rapports « fraternels » sont exaltés. Sur l’arbre royal, les frères sont les branches4. La parenté de frater germanus est la plus proche après celle de fils/père. Le roi ne se contente pas de renouveler la concession d’apanage faite par Jean II, mais il cède à son frère la Touraine, le 18 avril 1364 :
Savoir faisons que, pour l’amour et affection naturelle que touziours avons eue et voulons avoir à nostre tres chier feal frère le duc d’Anjou et qui pour le temps avenir li voulons pourveoir en accroissement de sa seigneurie et de ses rentes et revenues. Nous, ou cas que à Dieu plairoit que nous eeussions hoir masle procréé de nostre corps qui à nostre royaulme succéderait, pour laquelle chose nostre dit frère par ce serait esloigné la succession dudit royaulme. À icelui nostre frère promettons par ces lettres de certaine science, grace especial et de nostre autorité royale pour luy et son hoir masle de son corps procréé en loial mariaige, donner octroyer delaisser et transporter a tousiours la duché de Touraine avec toutes ses appartenances et appendences.5
5À cette date, ni Charles ni Louis n’ont encore de fils. Le roi admet que son frère, s’il perd l’espérance de régner un jour sur le royaume de France, a droit à des compensations. La Touraine en est une. La concession, en 1369 après la naissance du futur Charles VI, du prestigieux office de lieutenant gouverneur du Languedoc s’inscrit-elle dans cette logique ? Ainsi que l’octroi, en 1370, des Grands Jours d’Anjou ? Cependant, cette même année, alors que le futur Charles VI est né en 1368, Charles V ne concède plus qu’à vie la Touraine à Son frère. Tout naturellement il le désigne comme régent de son fils dans son testament.
6Charles VI autorise, en août 1381, la frappe de monnaies aux fleurs de lis au nom de Louis Ier : le prince a grandement contribué à l’exaltation des fleurs de lis, comme le rapporte la chronique du Religieux de Saint-Denis6, qui ne dissimule pas les entorses au code de bonne conduite faites par Louis d’Anjou. Mais il reconnaît aussi ses qualités. D’une famille si ancienne et si chrétienne, les rejetons ne peuvent que témoigner des qualités de la « race » qui les rendent aptes à gouverner. Les querelles entre frères (Anjou, Berry, Bourgogne) sont de déplorables péripéties qui doivent être surmontées pour retrouver l’indispensable entente.
7Charles VI et le jeune Louis II sont « cousins germains ». Une fois dissipée la tension de la conquête de la Provence, ils se trouvent l’un et l’autre au cœur du cérémonial. Mais la subordination de Louis par rapport au roi de France est plus souvent rappelée que sa « germanité ». Cela peut s'entrevoir, par exemple, à l'occasion des fêtes de la chevalerie des deux jeunes princes d’Anjou à Saint-Denis, en mai 1389 :
(La reine de Sicile) était sortie de Paris dans un char couvert, accompagnée des princes du sang et d’un nombreux cortège de ducs, de chevaliers et de barons ; à ses côtés marchaient les deux jeunes princes, ses nobles enfants ; ils étaient à cheval, mais dans un équipage différent de celui où on les voyait ordinairement. Conformément aux anciens usages suivis par les écuyers qui étaient promus au rang de chevaliers, ils portaient tous deux une robe large et traînante d’un gris foncé ; il n’y avait point d’or sur leurs vêtements, ni sur les harnais de leurs chevaux. Us portaient aussi, pliées en rouleau et attachés derrière eux, à la selle de leurs chevaux, quelques pièces d’étoffe pareille à celle dont ils étaient vêtus : tel était l’appareil des anciens écuyers lorsqu’ils partaient en voyage.
8Ayant eu un bain purifiant, les deux enfants prennent leurs nouveaux costumes de chevaliers : Après une partie de la nuit en prières et l’assistance à l’office religieux, Charles VI, leur fit prêter serment et leur remit l’épée.7. Quelques mois plus tard, à la Toussaint 1389, le roi de France et son cousin, qui vient d’être couronné roi de Jérusalem et de Sicile, portent, à l’issue du cérémonial, le même habit royal de « veluau vermeil » : il s’en faut pourtant qu’ils soient à égalité8.
9Par la suite, le lien se distend-il entre Charles VII d’une part, Louis III et ses frères, René et Charles, de l’autre ? De par le mariage de Marie d’Anjou, fille de Louis II et de Yolande d’Aragon, avec celui qui deviendra Dauphin, puis roi, Charles de Ponthieu, les princes sont unis par une autre fraternité. En raison de la forte personnalité de la reine Yolande, qui a eu à sa cour le futur Charles VII, le lien maternel prend une importance capitale. Lorsque, en 1424, le roi concède la Touraine et Loudun à sa « belle » famille, il écrit :
Nous ayans consideracion a la proximité du lignaige en quoy nous attint nostre dit frere et aux bons et agreables services que nostre tres chiere et tres amée mère la Royne de Sicile et nostre dit frere son filz nous ont faiz et aussi les grans aides et soutenances que nous avons eues en noz necessitez pour le soustenement de nostre seigneurie et que encore avons par chascun jour continuelement deulx et de leur pais et subjez a grant charge deulx.
10On retrouve là les mêmes considérations qu’autrefois avec le roi Jean et le roi Charles V : les liens de parenté, le soutien de la « seigneurie » royale appellent en contre partie des concessions de terres. En 1443, Charles VII ne dira pas autre chose en cédant Gien à Charles du Maine :
Pourquoy nous ayons consideracion aux choses dessus dictes, à la proximité du lignaige et affinité en quoy nous actient nostre dit frere et cousin et à plusieurs autres grans et louables services et plaisirs qu’il nous a fais en maintes manieres, le grant et loyal vouloir qu’il a à nous et à l’exaltation et recouvrement de nostre seigneurie comme il a tousjours montré9.
11La « race » est donc un atout capital dans le jeu de la deuxième Maison d’Anjou : d’elle découlent les droits qu’ont les princes aux terres et au gouvernement du royaume, les qualités dont ils témoignent. Mais il y a beaucoup de princes « du sang » en France aux XIVe et XVe siècles, et beaucoup de compétitions, qui mettent à mal la loyale affection que les membres de la famille Valois doivent avoir les uns pour les autres. Et toute famille ne se définit pas uniquement par le sang : l’adoption établit des liens comparables à ceux d’une famille par le sang.10
2. La (ou les) famille(s) adoptive(s)
12À la suite d’une intense activité diplomatique, dans laquelle s’illustre Clément VII, le pape d’Avignon, Louis Ier d’Anjou est adopté par la reine Jeanne Ière de Naples en juin 1380. Les motivations de ce geste sont d’une part la nécessité d’assurer la protection de l'Église, ainsi que celle des terres et des sujets de la reine, d’autre part la famille à laquelle appartient Louis d’Anjou, et les qualités qu’il a manifestées. Il est « fils de feu le roi de France » (Regis quondam Francorum filius), (Serenissimi Principis Domini Karoli Regis Francorum germanus). Il a fait preuve de « magnanimité » (magnanimitas), de « diligence » (strenuitas) et d'« efficacité » (potentia). C’est la « race » qui lui vaut d’être adopté. Les vertus intrinsèques de la famille naturelle font de Louis d’Anjou le meilleur fils adoptif possible. La reine le reçoit et l’adopte « in nostrum legitimum filium », en sorte que le prince est comme s’il était un fils « naturel » de sa mère adoptive : (filius, heres et successor noster legitimus)11. Après l’assassinat de Jeanne, en juillet 1382, Louis d’Anjou se doit d’aller la venger. Après la mort du prince, son fils est exhorté à l’action par le comte de Potenza en ces termes, en décembre 1384, à Angers :
... Assigna quatre causes qui les mouvaient a acclamer monsieur Loys en Roy : l’une, pour ce que du droit, le royaulme li est deu ; l’autre pour l’amour que il avoient à son père le Roy, que Dieu absoille ; l’autre pour ce que la vengeance n’est pas accomplie de la mort crudele de leur dame la Royne Jehanne de Secille, laquelle il espoirent de Dieu estre ordennée a estre faite, ou de monsegneur le Roy Loys second, lequel est innocent ; la quarte raison est l’espérance que il ont que cest enfant doie ensuivre la vaillance du père...
13La messe célébrée à Saint-Aubin d'Angers, en 1385 pour les funérailles de Louis Ier, voit le « liseur des Augustins » au prône, exalter le thème de l’adoption : « Maintenant il n’est plus esclave, mais fils et héritier grâce à dieu.12 «Oublié, le testament du roi Robert, qui stipulait que, en cas de décès de sa fille Jeanne sans héritier, la cadette, Marie, succéderait. Marie étant morte en 1366 avant sa sœur, laisse trois filles, dont les droits incontestables ont été occultés13. Oubliées, les incursions et les déprédations de Louis Ier en terre provençale, alors qu’il est gouverneur du Languedoc... Cette adoption est-elle le fruit de considérations légitimes ou du seul opportunisme politique ?
14Si les grands du royaume de Naples sollicitent la venue du jeune Louis II, c'est que « le royaume lui est dû » (cf. supra), la reine Jeanne Ière ayant institué ses héritiers Louis Ier et ses descendants (ejus posteros). En fait, tout n’est pas aussi simple, et Louis III avec l’aide de sa mère, Yolande d’Aragon, va être obligé de se battre pour obtenir l’adoption de Jeanne II, ce qui est acquis seulement en 1433, après que la reine ait eu des velléités d’adopter Alfonse V d’Aragon. La papauté étant toujours en principe suzeraine du royaume de Naples, rien ne peut se faire sans son aval. Mais les troubles du Grand Schisme et de la crise conciliaire brouillent les cartes, et on voit, dans les instructions des princes d’Anjou à leurs ambassadeurs au concile de Constance, le souci qu’ils ont que l’investiture donnée par Jean XXIII soit toujours valable14. Dans son testament, en 1434, Louis III recommande à Jeanne II d’adopter son frère René.
15S’il est relativement fréquent de voir un souverain désigner son successeur, alors qu’il n’a pas d’héritier direct, l’adoption proprement dite est rare. L’adopté est choisi en fonction de son appartenance à une grande famille, aux vertus qui y sont liées, et aussi parce qu’il apparaît comme un champion, apte à conquérir et à garantir un territoire, capable de protéger ses sujets, et de bien gouverner. Le souvenir du droit romain n’est pas absent de ce processus.
16Les princes d’Anjou ont fait l’objet d’une autre adoption, moins surprenante, plus proche, qui apparaît comme une solution à une succession compliquée : en août 1419, le cardinal Louis de Bar, grand oncle maternel de René d’Anjou, le choisit comme héritier, pour éviter la « détestable division des dictes seigneuries, laquelle pourrait estre ruyne ey desolacion dicelle et perdition de nom et armes de Bar... » et « destruction de bons et loyaux sujets » et le jeune René est déjà dans la famille de Bar, et le cardinal ne fait que resserrer ces liens
ou regard à la grant proximité de lignage dont nous tient tant de par père que de par mère... messire René est descendu en droite ligne de feu nostre tres chier seigneur et père, monseigneur Robert, duc de Bar, dont Dieu ait l’âme, par le moyen de nostre tres chiere et tres amée dame et soeur aisnée, la Royne d’Aragon, sa grand mère, et est yssu de hault sang et lignaige des couronnes de France, de Sicile, d’Aragon, voyre des deux coustez de sang et lignaige imperial, et est encore alyé par affinité à nostre tres chier et redoubté seigneur monseigneur le Daulphin...
17Le cardinal Louis de Bar prend cette décision par, et accepte que son petit neveu, qui lui devra foi et hommage pour les terres cédées, porte les armes de Bar15
18Le choix du cardinal a sans doute été sollicité : la diplomatie de Yolande d’Aragon est fort active en l’an 1419, où les périls sont grands dans le royaume de France. S’agit-il d’une véritable adoption ? Rien à voir avec l’entrée de Louis Ier dans une nouvelle famille puisque René appartient déjà au lignage du cardinal. Cependant, aussi bien chez une reine sans héritier que chez un homme d'Église qui, par la force des choses, se trouve dans le même cas, la nécessité d’élire un successeur s’impose. Pour maintenir l’unité d’un territoire ou simplement le conserver, pour sauvegarder les sujets, l’un comme l’autre désignent des princes de « hault sang ». Aptes à gouverner de par leurs qualités ? Celles-ci sont à l’état de promesses chez le jeune René d’Anjou, qui est mineur.
B. Deux territoires16
1. L'apanage
19La concession de terre à leurs fils cadets ou à leurs frères cadets par les rois de France apparaît comme le corollaire de la place que tiennent ces princes dans la famille royale : il va de soi qu’ils aient part à la terre du royaume afin de pouvoir « tenir leur estat » et la bien gouverner. Les historiens sont plus sensibles aujourd’hui à cet aspect des choses qu’à l’aliénation du domaine royal perpétrée malgré son interdiction dans de nombreuses ordonnances. Disons qu’il s’agit d’une aliénation pas tout à fait comme les autres, dont l’acte de création définit en outre les règles. Louis devient Louis d’Anjou lorsque son père lui octroie, comme on l’a vu, en octobre 1360
a heritaige perpetuellement tenir pour luy et pour ses enffans masles nez ou creez de loial mariaige, les contez Danjou et du Maine, et le chastel et chastellenie et baronnie de Chastel du Loir assis audit conté du Maine, et le chastel et chastellenie de Chastouceaux a tenir perpetuellement possider et exploiter et ses enffans masles comme dessus est dit paisiblement...17 Le jour même, Louis fait hommage à son royal père (24 octobre ?). Le comté d’Anjou devient duché. Dès 1345, la baronnie de Château-du-Loir avait été faite par Philippe VI « de si noble condition comme est la conté du Maine »18.
20À ce bel ensemble territorial, cohérent, situé au cœur du royaume s’ajoute la châtellenie de Champtoceaux qui le parfait vers l’estuaire de la Loire, mais dont l’inclusion dans l’apanage fait problème : revendiquée par les beaux parents de Louis Ier (il a épousé en juillet 1360 Marie, fille de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre} qui ont reçu la promesse de leur gendre d’intervenir en leur faveur auprès de Jean II, elle ne sera restituée au duc de Bretagne, Jean IV de Montfort, qu’enl367, après la défaite de la Maison de Blois-Penthièvre. En compensation, Charles V cède à son frère la châtellenie de Loudun, bastion au cœur du jeune état angevin : la châtellenie et le château de Loudun, avec les droits et appartenances, sortent du domaine royal pour aller entre les mains du duc d’Anjou et de ses héritiers mâles, sous réserve de l’hommage et du ressort19.
21On sait que, à son avènement, et là aussi en guise de compensation, Charles V, le 18 avril 1368, donne à son frère la Touraine à titre héréditaire, mais, seulement à vie en 1370. La châtellenie de Chinon complète — momentanément — le territoire ligérien20.
22Ces terres sont abandonnées « avecques toutes juridictions, hautes moyennes et basses, toutes les citez, villes, chasteaux, forteresses, cens, rentes, fiefs et arriere fiefs, hommes et hommaiges, et droits de patronnage et collations de benefices, forêts, vignes, terres, prez, pastures, forêts avec pastures, estangs, garennes, moulins, pescheries, ports et touz et singuliers droiz et appartenan ces universelles... ». Le roi en excepte les droits de régale et les exemptions des églises cathédrales, et les autres droits dont la connaissance appartient à la couronne de France et à la Cour de Parlement, et il se réserve la féauté, l’hommage et le ressort, ainsi que les monnaies et autres droits de souveraineté21.
23En 1384 après la disparition de Louis Ier, les héritiers et successeurs s’efforcent de sauvegarder ces territoires : malgré ses efforts, Marie de Blois ne peut retenir la Touraine au sein de l’apanage (rappelons que la concession de 1370 n’était plus faite qu’à vie) et en 1387 ce duché va pour un temps entre les mains de Louis, frère de Charles VI. On sait qu’en 1424 Yolande d’Aragon l’obtient à nouveau. La plus grande menace qui a pesé sur l’apanage d’Anjou-Maine est venue de la guerre franco-anglaise : entre 1417 et 1438 ces terres sont envahies, occupées, pillées ; des combats s’y déroulent, dont le plus célèbre est celui de Baugé (1421). Le Maine est plus éprouvé que l’Anjou, dont seules les marges ont été touchées durablement22. Et surtout, le jeune roi de la Double Monarchie, Henri VI, concède à son oncle, duc de Bedford, l’Anjou et le Maine, en 1424,
considerant la prouchaineté des lignaiges et les grans peines et charges et labeurs qu’il a soustenuz continuellement depuis sa régence et encore soustient chasque jour... et afin que par le moien des terres et seigneuries estans en nostre dit royaume il soit fait et constitué nostre vassal en icellui, pour vu toutesfoiz que nostre dit oncle le Regent les conquerre...23
24On notera au passage que les motivations de l’acte sont à la fois proches et éloignées de celles de la création de l’apanage par Jean II. Il faut récompenser et intéresser Bedford.
25Bien loin d’avoir cédé à la conquête anglaise, le duché d’Anjou a représenté une position de repli pour le Dauphin Charles, encore sous la tutelle de sa belle-mère, un môle de résistance jouxtant les domaines du roi de Bourges. En 1429, Charles VII aliène entre les mains du jeune Charles troisième fils de Louis II et de Yolande d’Aragon, le comté de Mortain, en révoquant le don qu’il en avait fait à Jean, bâtard d’Orléans, sans doute pour associer davantage la Maison d’Anjou à la lutte contre la Double Monarchie. À cette date, ledit comté est encore occupé. Sa mère étant dans l’incapacité de l’aider,
obstans leurs grans affaires tant pour le fait du royaulme de Secille où ja longuement ont soustenu guerre et encores maintenant comme pour garder et deffendre leur pais d’Anjou et du Maine contre nos anciens ennemis les Angloys lesqueix pais leur sont a présent de petite valeur obstans la guerre et en est maintenant en partie occupée par lesdiz Angloys24.
26La position géographique des terres de l’apanage lie étroitement la Maison d’Anjou aux destinées de la monarchie des Valois, particulièrement dans la dramatique conjoncture de la première moitié du XVe siècle.
2. Le deuxième territoire
27L’adoption de 1380 entraîne un changement de cap : royaume de « Sicile », comté de Provence tombent entre les mains de Louis d’Anjou, et avec eux, le prestigieux titre de roi de Jérusalem. Mais le royaume de « Sicile », ou plutôt le royaume de Naples, est à conquérir à la mort de la mère adoptive, Jeanne Ière, assassinée en juillet 1382. La Provence aussi qui va se déchirer entre partisans de la Maison d’Anjou et partisans de la Maison de Duras. Louis Ier ne résiste pas à l’attrait de l’aventure méditerranéenne, il la prépare depuis longtemps : en 1375, Isabelle de Majorque comtesse de Roussillon et de Cerdagne, sœur et héritière de Jacques III de Majorque, troisième époux de Jeanne Ière, reine de Naples, qui vient de décéder, le choisit comme héritier. En 1376, elle lui cède ses droits sur l’Achaïe, la Morée et la Romanie, au grand dam de la Maison de Montferrat25. En pleine expédition d’Italie, Louis obtient, en juillet 1383, de Jacques des Baux, « empereur de Constantinople » et prince de Tarente, la principauté de Tarente26, qui ira à son fils cadet, Charles. Le paradoxe est que, si le prince recherche une certaine cohésion de ses territoires localement, il n’hésite pas à édifier un État distendu, écartelé. Avant même la conquête, la titulature du prince affirme son droit, et son ascension : en 1382-83, Louis est « fils de roi de France, duc de Calabre, d’Anjou et de Touraine », et, pour la première fois, le 30 août 1383, « roi de Sicile »27. Dans son testament du 26 septembre 1383, à Tarente, il est28. Le fait qu’il soit prince et roi ne simplifie pas les choses : on le verra dans ses rapports avec la famille Valois et dans le gouvernement de ses états. Ni le fait que, prince-roi, il soit vassal de deux hauts personnages d’Occident : le roi de France pour l’apanage et le pape pour le royaume de Naples.
28Pour les successeurs de Louis Ier, le royaume de Naples est un souci primordial, qui se traduit par l’absence des princes de leurs possessions de ce côté-ci des Alpes, obligés qu’ils sont d’aller conquérir et reconquérir ce royaume : Louis II, âgé de douze ans en 1389, s’éloigne jusqu’en 1399. À l’automne 1409, il est à Rome et à Prato. De la fin avril 1410 jusqu’en août 1411, il combat pour son royaume. Louis III, après un premier voyage en Italie en 1420, quitte définitivement la Provence en 1423, et abandonne également l’apanage aux heures noires. Comme son aïeul, mort à Bari, en septembre 1384, il termine ses jours, à trente et un an, en Italie, à Cosenza, en novembre 1434. Il faut pallier ces longues absences en confiant le pouvoir aux femmes ou aux officiers dans l’apanage et en Provence. Toute la politique des princes d’Anjou subit les conséquences de cette obsession.
29La grande réussite des héritiers de Louis Ier est la conquête des comtés de Provence et de Forcalquier, que nous connaissons dans toutes ses péripéties grâce au journal du chancelier Jean Le Févre. Marie de Blois-Penthiévre, veuve du fondateur, en est l’artisan principal : son sens politique, sa diplomatie, mais aussi son intransigeance ont réussi, entre 1385 et 1388, à rallier les opposants à sa dynastie et à s’emparer de la terre provençale, terre en principe toujours dans les limites de l’Empire, mais où, en réalité, les comtes sont leurs maîtres. Le deuxième territoire, c’est la Provence. L’ombre au tableau de la victoire sur la Ligue d’Aix, est la « dédition », en 1388, de Nice et d’autres terres de Provence orientale, entre les mains du comte de Savoie, non acceptée par la princesse Marie. Ce n’est qu’en octobre 1419 que la veuve de Louis II, Yolande d’Aragon, reconnaîtra cette perte, en se réconciliant avec Amédée VIII29.
30Ainsi s’est mise en place la « diagonale angevine »30 sur l’échiquier occidental. Mais, si l’apanage d’Anjou-Maine est acquis dès le début, il a fallu que les princes conquièrent la Provence et – tâche plus délicate encore – le royaume de Naples.
3. Un troisième territoire ?
31L’adoption de René par le cardinal de Bar, en 1419, ébauche une autre implantation, fort éloignée de la « diagonale angevine ». Mais l’intérêt stratégique de cet ancrage n’a pas échappé à Yolande d’Aragon tenue de contrer l’offensive anglo-bourguignonne. La Maison d’Anjou s’implante donc dans le Barrois : le cardinal cède à son neveu les quatre bailliages de Bar, Bassigny, Saint-Mihiel et Clermont-le Château, ainsi que le titre de marquis de Pont. Par lettres du même jour que son testament, 19 août 1419, il transporte à René les terres dont il se réservait l’usufruit : Sathenay, Clermont-la-Ville et Varennes, à condition que ce dernier fasse renoncer sa grand-mère, reine d’Aragon, à son procès. En outre le cardinal renonce, en octobre 1419, à l’usufruit de la cité du Pont, des châtellenies de Briey, Mousson, Loubby. Louis de Bar retient, dans son testament d’août 1419 le bail et le gouvernement de son neveu jusqu’à l’âge de quatorze ans. Si René meurt sans héritier du vivant ou après le décès du cardinal, l’héritage ira à son frère Charles. Si René et Charles meurent sans héritier du vivant du cardinal, la succession doit revenir à ce dernier31. Simultanément, le traité du Foug (20 mars 1419), en prévoyant le mariage du jeune René avec Isabelle, fille et héritière en cas d'absence d'héritier mâle, de Charles II de Lorraine, conforte la position de la deuxième Maison d’Anjou. René, qui n’a alors que dix ans, doit rester sous la tutelle de son beau-père jusqu’à sa majorité, et l’union des duchés de Bar et de Lorraine ne sera que personnelle32.
32Dix ans plus tard, l'ambiguïté de la politique du cardinal de Bar, et peut-être aussi celle de la Maison d’Anjou, se révèlent dans la question de l’hommage au roi de la Double Monarchie. Peu de temps après que Jeanne d’Arc ait réussi à faire couronner Charles VII, beau-frère de René, à Reims, le prince envoie, le 3 août 1429, une lettre à Bedford, renonçant à tout lien de foi et hommage qui aurait été fait en son nom par son oncle le cardinal de Bar (lequel a fait hommage le 5 mai)33. Il a dû se jouer, dans ces années cruciales, une partie décisive, sur laquelle nous n’avons pas tous les renseignements. Quand on rapproche l’intérêt stratégique du Barrois aux heures paroxystiques de l’affrontement franco-anglais, l’origine barroise de Jeanne d’Arc, l’influence à la cour de Charles VII de sa belle-mère, Yolande d’Aragon, on ne peut s’empêcher d’ébaucher un scénario qui n’est sans doute qu'imaginaire... Scénario infirmé par l’absence de la Maison d’Anjou Provence à ce moment là.
33René, duc de Bar, devient duc de Lorraine en 1431 et, en 1434, à la mort de son frère, maître de l'État angevin accru de ses terres de l’Est. Les convoitises seront d’autant plus grandes dans les années 1470-1480, et les rivalités exacerbées : le vainqueur de Charles le Téméraire à Nancy, en 1477, n’est autre que René II, petit-fils de René d’Anjou.
II. IMPÉRIALISME ET DISPERSION
34Pour certains historiens, les terres de la deuxième Maison d’Anjou-Provence ne méritent pas, en raison de leur dispersion, l’appellation de principauté. C’est injuste si l’on tient compte des efforts des princes pour tenir en mains et gouverner ces terres, mais c’est un incontestable problème. Comme les princes ses contemporains, Louis Ier a cherché par tous les moyens à accumuler les possessions, en mettant en avant sa qualité de « fils de roi de France », et de « frère du roi de France ». Guettant au sein des grandes familles d'Occident en proie à des difficultés financières ou successorales, les héritages ou acquisitions possibles, il investit tout particulièrement les douairières. Sur son chemin, il rencontre les ambitions d’autres princes.
35La politique de Louis d’Anjou n’est pas incohérente pour autant. Il acquiert d’abord des territoires dispersés, mais qui consolident les acquis de l’apanage : son mariage, en 1360, avec Marie de BloisPenthièvre, lui apporte la terre de Guise, les châtellenies (situées dans le Maine) de Mayenne, Ernée, Villaine, Pontmain, et les « appartenances entour Paris », Chailly et Longjumeau34. En 1371, il obtient d’Amaury de Craon et de sa soeur Isabelle, dame de Sully et Craon, les châtellenies de Sablé et de Précigné (Maine) et, de Guillaume de Craon, seigneur de La Ferté-Bemard, La Roche-aux-Moines (Anjou) ; de Guillaume de Mathefelon, la châtellenie de Brulon (Maine), et, en 1376, de la dame de Baucay, femme de Charles d’Artois, Champigny, La Rayasse, Champvent, Le Coudray35.
36Il sollicite les grandes Maisons d’Occident, proches parentes ou non, et il profite aussi des circonstances, notamment de la contre-offensive menée, à partir de 1369, par Charles V, où il s’illustre en tant que lieutenant-général, aux côtés de Duguesclin. Isabelle d’Avaugour, vicomtesse de Thouars, tante de Marie de Blois, compromise par son choix du camp anglais, réfugiée en Guyenne se voit condamnée à la confiscation de ses biens. Louis Ier, dans ces circonstances, met la main sur Talmont, les Sables-d’Olonne, les îles de Ré et d'Oléron, en 1373. Isabelle d’Avaugour garde à vie les ressources de la châtellenie de Mayenne-la-Juhel, qui faisait partie de la dot de sa nièce. À sa mort, la châtellenie en question doit revenir aux princes d’Anjou-Maine36.
37Louis d’Anjou a bel et bien ébauché une politique océane avant d’être attiré par de plus fascinants horizons : il a déjà entre les mains, en 1360, la châtellenie de La Roche-sur-Yon. Cession sans doute concédée par Jean II, abandon théorique, puisque La Roche-sur-Yon est située dans les terres cédées aux Anglais par le traité de Calais37. Terre revendiquée par la Maison de Clisson, qui parvient sans doute momentanément à la récupérer : en 1394, c’est elle qui en reçoit les aveux.
38Louis Ier regarde aussi du côté de ce qui fut la florissante Maison de Roucy aux XIIe et XIIIe siècles, à bout de souffle à la fin du XIVe siècle : à sa tête, Isabelle de Roucy, sans descendance, vend au prince le comté de Roucy, comprenant les châtellenies de Roucy, Montaigu, Chateauneuf-sur-Aisne, Pierrepont, Nify. Cet abandon déclenche l’ire du comte de Breyne, qui affirme avoir des droits sur le comté et engage un procès contre la deuxième Maison d’Anjou. Isabelle abandonne (vend ?) également à Louis Ier la châtellenie de Mirebeau, véritable place forte, qui vient barricader l’Anjou sur son flanc méridional, aux côtés de la châtellenie de Loudun38.
39Prestigieuse s’il en fut, la Maison d’Etampes a eu affaire avec le prince d’Anjou : Louis d’Evreux, comte d’Étampes, petit fils de Louis d’Evreux, fils du deuxième mariage de Philippe III le Hardi et de Marie de Brabant, reconnaît, en 1381, Louis d’Anjou comme héritier, au cas où il viendrait à mourir sans héritier (des quatre enfants qu’il a eus avec Jeanne de Brienne, le seul fils est décédé en 1360), de ses seigneuries d’Étampes et de Gien-sur-Loire, et de ses châteaux et châtellenies de Dourdan et d’Aubigny-sur-Nère, ainsi que ses hoirs mâles. Héritage convoité par d’autres, et non des moindres : le duc Jean de Berry, frère de Louis d’Anjou, qui a aussi traité avec le comte d’Étampes : en 1382, Berry renonce à Gien et Anjou à Aubigny39.
40En novembre 1381, Louis d’Étampes vend au prince d’Anjou la baronnie de Lunel et Massillargues, terres qui lui viennent de sa mère, Marie d’Espagne, fille de Ferdinand de la Cerda, et que lui avait reconnues, en 1361, Jean II le Bon. L’attrait du Languedoc pour le prince, qui en est lieutenant-général de 1365 à 1380, n’est plus à démontrer : face à la Provence, guettée avant d'être conquise, cette région a été pillée par Louis Ier, qui en exprimera des remords dans son testament40.
41Hors du royaume de France, Louis Ier a-t-il lancé une offensive en direction du Hainaut ? Oui, si l’on en croit le journal du chancelier Jean Le Fèvre, qui mentionne les requêtes présentées par le duc sur les terres de Raismes et Aymeries au duc Albert de Bavière, régent, puis comte de Hainaut. Le gouverneur de Guise reçoit procuration pour recueillir ce territoire au décès de la duchesse de Brabant41.
42Diagonale ou nébuleuse angevine ? L’offensive en toutes directions du fondateur de la principauté obéit à une certaine logique : consolider l’apanage et – ceci sera toujours primordial – avoir quelques bases dans la région parisienne, Chailly, Longjumeau, Étampes, Dourdan, etc, des étapes sur la voie fluviale comme Gien ; les vallées de l’Aisne et de l'Oise, avec Roucy et Guise, et la route du Nord. S’il regarde du côté de l’Océan, c’est que la guerre franco-anglaise y pousse et que la Loire, axe vital de l’Anjou, y débouche. Quant aux rives de la Méditerranée, on pourrait dire qu’il en rêve depuis toujours, avant même l’adoption par Jeanne Ière. Sa politique ne diffère pas de celle de ses frères, et le champ de ses ambitions est aussi celui d’autres princes. Cela coûte cher aussi.
43Que reste-t-il de ces multiples expectatives, de cette poussière de petits territoires sous Louis II et Louis III ? Les princes doivent accepter des pertes, consentir à des échanges. En 1385, Marie de Blois Penthièvre, qui défend vaillamment les droits de son fils, se heurte à son beau frère, Jean de Berry, qui veut échanger Tarente, que son frère lui avait cédée en 1382, contre l’héritage du comte d’Etampes, qui lui avait également fait des promesses. Malgré sa résistance, la princesse, pressée de conclure par Clément VII, s’incline, en juillet 1385 : Berry prend Etampes, Dourdan, Gien et Lunel, et restitue Tarente. Charles VI ratifie le traité en août, et Louis d’Étampes donne son consentement en septembre42. Mais, quelques années plus tard, Yolande d’Aragon, veuve de Louis II, réussit à récupérer Lunel, qui avait été vendue à Raymonet de la Guerre, en 1417, par Jeanne de Boulogne, deuxième femme du duc de Berry. En 1423, Yolande est qualifiée de « dame de Lunel », et Charles VII lui cède les droits qu’il perçoit sur la dite baronnie. En 1385, un autre échange a été conclu : Isabelle d’Avaugour, tante de Marie de Blois, reprend Talmont et abandonne Mayenne-la-Juhel à Louis II43.
44La deuxième Maison d’Anjou maintient ses prétentions sur le fief hennuyer : en juillet 1407, Louis Il fait hommage de la terre de « Cruiz » au comte de Hainaut, et sans doute aussi de celles d’Aymeries, Pons-sur-Somme, Doulens et Raymes. En 1419, lors de sa magistrale contre-offensive dans l’Est, et de son aggiornamento en Provence, Yolande d’Aragon demande, par lettres, un délai pour faire cet hommage au nom de son fils, au duc Jean et à la duchesse Jacqueline de Brabant, comte et comtesse de Hainaut. Or, le duc est le neveu de Jean sans Peur. Ces lettres sont envoyées quelques mois avant l’assassinat de Montereau. Les Angevins chassaient-ils sur les terres des ducs de Bourgogne ?44
45La terre de Guise devient un comté en 1407, et, à partir de cette date, qui est celle des fiançailles de Louis III et de Catherine de Bourgogne, le prince héritier est « comte de Guise », titre qui remplace celui de duc de Calabre. Guise est perdue en 1424, lors des affrontements avec la Maison de Bourgogne et la Maison de Luxembourg. Si René (cf. supra) a fait hommage en 1429 à Henri VI, c’est dans l’espoir de récupérer ce comté. On a vu qu’il était revenu sur cet hommage45.
46La Maison d’Anjou s’est-elle maintenue à La Roche-sur-Yon ? Après avoir échappé aux Clisson et être passée entre les mains de Marguerite de Penthièvre, vicomtesse de Limoges, nièce de Marie de Blois, qui la revend à Louis II (en 1408 ou 1412), cette seigneurie est toujours au rang de ses possessions, en 143746.
47L’aventure angevine ne diffère pas sensiblement de celles des autres princes du royaume de France : ils ont chassé sur les mêmes terres. Les Angevins ont-ils été les seuls à avoir un « horizon chimérique » ?47 Aucun prince ne saurait résister à l’attrait d’une couronne royale. Princes et princesses n’ont pas manqué de réalisme dans leur politique : ils ont réussi à garder Anjou, Maine, Provence contre vents et marées. Ils ont consolidé l’apanage en l’étayant de terres de provenances diverses : les baronnies de Mirebeau et de Château-du-Loir, la châtellenie de Loudun sont peu à peu intégrées administrativement à l’Anjou et au Maine48. Le cœur de leurs possessions résiste au choc de la guerre franco-anglaise. Les comtés méridionaux ont sans doute plus souffert de la dispersion des objectifs de la deuxième Maison d’Anjou.
III. FAMILLE ET RÉPARTITION DU TERRITOIRE
48Si les liens familiaux ont joué un rôle capital dans la genèse de l'État angevin, ils n’ont pas été moins importants dans la gestion du territoire. Les princes ont eu plusieurs fils, et la place des cadets dans la principauté s’est posée, comme elle s’est posée dans le royaume de France. Rappelons que l’union de Louis Ier et de Marie de Blois-Penthièvre a donné deux fils nés après dix-sept ans de mariage, en 1377, pour Louis, dix neuf ans pour Charles, en 1379. Six enfants naissent du couple Yolande d’Aragon-Louis II, entre 1403 et 1417 : Louis, Marie, René, Yolande, Charles, et, sans doute la dernière, une petite fille décédée en bas âge, dont le prince évoque la sépulture dans son dernier testament. Louis III meurt en célibataire sans que sa jeune épousée, Marguerite de Savoie, ait pu le rejoindre en Italie, et la scène est alors occupée par René et Isabelle de Lorraine, unis depuis quinze ans49.
49Le schéma qu’A.W. Lewis applique aux premiers Capétiens se retrouve-t-il dans l’histoire de la deuxième Maison d’Anjou ? À chaque succession, l'honor principal et les terres patrimoniales indivises seraient transmis au fils aîné ; les cadets auraient les territoires acquis50. Dans son testament, fait à Tarente le 26 septembre 1383, Louis Ier distingue l'« héritier universel et principal » des « héritiers particuliers ». Son fils aîné, Louis, encore mineur à cette date, héritier universel et principal, duc de Calabre, se voit attribuer l’Anjou et le Maine (apanage héréditaire), la Touraine, les comtés d'Étampes et de Gien, Talmont, les hôtels de Paris, Bicêtre et Cachan. Le cadet, Charles, aura le comté de Roucy, les terres de Guise et de Chailly. Si la conquête en est faite, Louis aura le comté de Provence et le royaume de « Sicile ». Dans ce cas, Charles aura Étampes, Gien et Rochefort (« si nous l'acquerons »), le duché de Duras et le comté d’Albe, si ses cousins veulent bien s’en démettre ( ?)51. L’Anjou et le Maine constituent indubitablement l'honor principal. Le prince espère que la Touraine, concédée à vie par Charles V en 1370, restera dans sa famille. Étampes, Gien, Talmont, les hôtels sont des acquisitions. Les comtés de Provence et de Forcalquier sont à conquérir, ainsi que le royaume de Naples, où le prince est parti pour venger sa mère adoptive. Espère-t-il parvenir à un accord avec les Duras ? Les terres de Guise et de Chailly, qui sont dans la part du cadet, peuvent être qualifiées de terres « matrimoniales », puisqu’elles viennent de la Maison de Blois-Penthièvre. Le comté de Roucy est une acquisition.
50Le premier testament de Louis II, du 10 février 1410, à l’heure où il s’apprête à partir pour l’Italie, désigne son fils aîné, Louis, comme héritier. René, le cadet (à cette date, le prince n’a que deux fils)’aurait les terres et baronnies de Guise, Chailly, Longjumeau, Aymeries, Berre et Martigues. Remarquons qu’en 1399, Charles « de Tarente », fils cadet de Louis Ier, avait déjà reçu la baronnie de Berre : s’ébaucherait-il une sorte de dotation pour les cadets assise sur cette terre ? L’héritier universel et principal a la quasi-totalité de l’héritage, apanage et conquêtes. Avec Guise, Chailly et Longjumeau, comme précédemment, ce sont les terres de la Maison de Blois-Penthièvre qui sont le lot de l’héritier particulier. La mention d’Aymeries illustre bien la volonté de Louis II de s'accrocher à cette terre du Hainaut, mais est-ce un héritage ? une acquisition ? Si Louis meurt, René devient l’héritier universel52. On peut trouver un peu étrange la volonté d’implanter le cadet d’une part en Provence, de l’autre au nord-est du Bassin Parisien et en Hainaut. Mais le choix du prince a sa logique.
51Le deuxième testament de Louis II, du 27 avril 1417, à Angers, où il va mourir deux jours plus tard, fait de Louis, son fils aîné, l'héritier universel et principal. Les héritiers particuliers sont René, deuxième fils, qui doit avoir Guise, Chailly et Longjumeau, et Charles, troisième fils, qui aura la seigneurie de La Roche-sur-Yon. Un fils gardien des ambitions nordiques, un autre, de l’expansion à l’Ouest. Et l’héritier principal tenant entre ses mains l’apanage, la Provence et l’hypothétique royaume de « Sicile », les deux territoires hérités des deux familles. À René, des terres du lignage Blois-Penthièvre, à Charles, une précieuse acquisition53.
52Louis II envisage le cas où, son fils aîné étant mort en laissant femme et enfants, il faudrait alors asseoir le douaire de ladite femme sur la baronnie de Guise et les autres terres revenant à René. Celui-ci serait indemnisé de la valeur de la « dot ». Si l’aîné meurt sans descendant légitime, René devient l’héritier universel et principal.
53Dans son premier testament, celui de 1410, le prince se soucie de sa fille Marie : elle aurait une dot de 80 000 francs pour son mariage et, en cas d’absence d’héritier mâle, elle serait, elle ou ses enfants légitimes, apte à lui succéder, à lui ou à ses héritiers. Clause assez surprenante. En effet, que Marie puisse succéder en cas d’absence d’héritier mâle, en Provence et au royaume de Naples voilà qui est conforme aux normes desdits comté et royaume. Mais l’apanage a été concédé à Louis Ier et à ses héritiers mâles seulement. Louis II a-t-il été effleuré par la tentation de l’amalgame ? Dans son dernier testament, il ne parle plus de la possible succession des filles (Marie et Yolande) : il a trois fils en 1417, ce qui doit le rassurer.
54Lorsque Louis III fait son testament, à Cosenza, le 30 novembre 1434, les circonstances sont autres : il n’a pas d’enfant, et il désigne son frère, René, comme héritier universel et principal, tout en suppliant la reine Jeanne II, qui l’a adopté, lui, précédemment, d’adopter René. Ce dernier, déjà duc de Bar et de Lorraine, hérite le royaume de Sicile, le duché d’Anjou, les comtés de Provence, Forcalquier et Piémont. Charles, le plus jeune frère reçoit le comté du Maine54. Pour la première fois, l’apanage est partagé entre deux héritiers. Louis III a-t-il voulu éloigner Charles de la Provence, où, quelques années auparavant avaient éclaté autour de lui des scandales majeurs ?
55Dans leur manière de gérer leur patrimoine, les princes révèlent leur conception de la principauté. Avec Louis Ier, celle-ci n’est encore qu’ébauchée, il y a trop de terres à conquérir, trop de châtellenies dispersées, que le prince distribue à ses héritiers. Le môle fixe est l’apanage et Louis Ier est avant tout duc d’Anjou, fils de roi, puis frère de roi, apanagiste. Louis II témoigne d’un profond souci de l’unité de son État : duché d’Anjou et comté du Maine, comtés de Provence et de Forcalquier, royaume de « Sicile », territoires géographiquement dispersés, mais qu’il entend bien maintenir dans une destinée commune. Le peu qu’il abandonne aux cadets n’est pas non plus dépourvu de signification. Avec Louis III, un glissement (un dérapage ?) se produit : le royaume de Sicile devient premier, la Provence et le Piémont (revendiqué aussi par le duc de Savoie) assurent les arrières. L’apanage perd son unité, mais l’héritier principal ne peut être privé de l’Anjou. Les terres patrimoniales sont partagées55.
Conclusion
56Les testaments laissent tout loisir de mesurer l’attachement des princes de la deuxième Maison d’Anjou à leurs familles et à leurs terres. Tous les quatre souhaitent que leur dépouille ou leur cœur seulement (Louis Ier et Louis III) repose dans la cathédrale Saint-Maurice d’Angers. Tous sont fidèles à l’Anjou. Le sang Valois l’emporte chez Louis Ier, qui veut que son corps soit inhumé à la Sainte Chapelle. Et les liens avec la famille adoptive et le royaume conquis priment chez son petit fils. Louis II songe uniquement à l’apanage. La Provence n’a pas de place dans ses dernières volontés.
57La personnalité et la politique des princes sont sensibles à travers le nombre de sanctuaires investis par la célébration de l’obit. Presque tous les hauts lieux de la dévotion dans le royaume de France, le comté de Provence, l’Italie du Sud retentiront de messes pour le repos de l’âme de Louis Ier. Ses successeurs font preuve de plus de modestie : Louis II se contente, en 1417, de deux messes anniversaires (du jour du décès et du jour des obsèques) perpétuelles à Angers, Le Mans et Tours, ainsi qu’à Saint-Antoine-en-Viennois, et renonce à celles qu’il souhaitait, en 1410, à Notre-Dame de Chartres et à Saint-Denis. Les familles sont associées au cérémonial, et les vivants aux morts. Les princes n’oublient pas leurs épouses, ni leurs ancêtres. Louis Ier unit les Valois, son père Jean II et son grand père, Philippe VI, ainsi que sa mère, Bonne de Luxembourg, à sa belle-famille de Blois-Penthièvre (on sait qu’il s’efforça de faire canoniser Charles de Blois, son beau-père), et à sa mère adoptive, Jeanne de Naples. Louis II est encore fidèle à la mémoire du vaincu d’Auray, mais le roi René ne songe plus qu’à ses parents et à sa grand-mère, Marie de Blois. Les racines de leur race et de leur fortune s’estomperaient-elles dans la mémoire des descendants de Louis Ier ?56
Notes de bas de page
1 P. Lewis, La France à la fin du Moyen Âge, la société politique, Paris, 1977, p. 277-283 ; A.W. Lewis, Le Sang royal, la famille capétienne et l'État, France Xe-XIVe siècle, Paris, 1986.
2 A.N., P 13341, no 14 ; A.D. BdR., B 205, p. 53-55.
3 A.N., P 13341, no 14 : vidimus de 1434.
4 Christine de Pisan, Le livre des fais et bonnes mœurs du sage roy Charles V, éd. S. Solente, t. 1, Paris 1936, p. 134 : « les branches de l’arbre sont ses très nobles frères trespassez et en vie ».
5 A.N., J 375, no 3. Louis Ier et Charles V sont « frères germains » : cf. B. Guenée, Un meurtre, une société, l’assassinat du duc d’Orléans, 23 novembre 1407, Paris, 1992 : le roi et ses parents, p. 28-35. M. Ornato, « quelques réflexions sur la représentation en synchronie d’un réseau de parenté médiévale », dans L'État moderne et les élites XIIIe-XVIIIe siècles, apports et limites de la prosopographie, Paris, 1996, p. 78-94 : cf. notamment l’acception de « frère germain » et de « cousin germain », p. 8-87.
6 Religieux de Saint-Denys, Chronique, t. I/1,. rééd. Paris, 1994, p. 165 : « Les Français se flattaient de l’espoir que par lui les lis répandraient au loin un doux parfum de gloire » ; et p. 329-331.
7 Idem, t.1/2, p. 585-589. F. Autrand, Charles VI, la folie du roi, Paris, 1986, p. 222.
8 Cf. infra chap. IV.
9 A.N., P 1340, no 468 : Charles VI confirme la cession de Loudun à son beau frère, de peur qu’il n’y ait équivoque à propos de l’accord passé entre son aïeul et le duc d’Anjou qui puisse faire croire que Loudun allait revenir à la couronne ; A.N., P 1342, no 546.
10 C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 216-225 : à propos du « sang de France ».
11 A.D. BdR., B 586 ; A.N., J 1043, no 3. Rappelons que la reine Jeanne P" appartient à la branche de Naples de la première Maison d'Anjou-Provence.
12 Jean Le Fèvre, journal, éd. H. Moranvillié, Paris, 1887, p. 79 sq. et 77.
13 É.-G. Léonard, La reine Jeanne Ière de Naples, t. 1, Paris-Monaco, 1932, p. 135-136.
14 M.-R. Reynaud, « La deuxième Maison d’Anjou-Provence et la Papauté (ca 1380-ca 1434) », dans Papauté, monachisme et théories politiques. Mélanges Marcel Pacaut, t. I, Lyon, 1994, p. 170. La résurgence de l’adoption (antique ? barbare ?) semble, en l’occurrence, être issue de la volonté pontificale avignonnaise désireuse de défendre à tout prix son royaume vassal de Naples et de se trouver un champion. La reine Jeanne II appartient aussi à la première Maison d'Anjou-Provence, mais à la branche de Duras. Elle la fille de Charles III, adversaire de Louis Ier et sœur de Ladislas, ennemi de Louis II. Cf. É.-G. Léonard, Les Angevins de Naples, op. cit. ; cf. Tableau généalogique.
15 A.N., P 133417, no 63. A. Girardot,« Les Angevins, ducs de Lorraine et de Bar », dans Le Pays Lorrain, 1978, p. 1-17. Ch. de Mérindol, Le Roi René et la seconde Maison d’Anjou, Paris, 1987, p.18 : généalogies de la deuxième Maison d’Anjou, Bar, Lorraine et de la Maison d’Aragon. Rappelons que des enfants du duc Robert de Bar, père de Yolande de Bar, deux fils (Édouard III et Jean) sont morts en 1415 ; reste Louis, cardinal de Bar.
16 Cf carte I, L'empire de Louis Ier en 1384 ; carte II, Possessions de la Maison d'Anjou-Provence en 1425.
17 A.N., P 13341, no 14 ; A.D. BdR., B 205, p. 53-54 ; la concession de l’apanage à Louis a été sans doute prévue dès 1356, et entérinée en 1360. Le comté (alors) d’Anjou avait été élevé à la pairie en 1297 par Philippe IV : A.N., P 13341, no 1. C’est donc, en 1360, un duché-pairie. On peut admettre que l’apanage a des caractères d'« institution familiale », mais contester l’ensemble des conclusions (cf. infra) de A.W. Lewis, « The Capetian apanages and the nature of the French Kingdom », dans Journal of Medieval History, II, 1976, p. 119-134. L’apanage se présente comme la concession « naturelle » d’une partie du royaume à un prince de la famille régnante, qui, par essence, est donc apte à gouverner ce territoire dont il va vivre. Malgré le serment, cela n’a rien à voir avec une « nouvelle féodalité » ; dans le cas de Louis Ier, l’apanagiste ne renonce pas à ses droits à la succession royale tant que le roi n’a pas de fils. Et, dans ce cas, il y a bel et bien des « compensations » quoi qu’en dise J. Amado, « Fondement et domaine du droit des apanages » dans Cahiers d’Histoire, XIII, 1968, p. 355-377.
18 A.N., P 13341, p. 7v
19 A.N., J 375, no 1 ; P 1339, no 1438. On ne relève pas d’hommage séparé pour la châtellenie de Loudun : unie personnellement au duc, elle sera de plus en plus intégrée à l’Anjou. M.-R. Reynaud, « Maison d’Anjou et maison(s) de Bretagne (vers 1360-vers 1434) » dans 1491, la Bretagne, terre d’Europe, Brest, 1992 p. 179-181.
20 A.N., J 375, no 3.
21 A.N., P 13341, no 14 ; A.D. BdR., B 205, p. 53-54. Il y a quelques variantes entre le vidimus en latin des Archives Nationales et le vidimus en français des Archives des Bouches-du-Rhône : mention du merum mixtum imperium dans le premier seulement : parce qu’intraduisible en français ?
22 A. Bouton, Le Maine, histoire économique et sociale, XIVe, XVe et XVIe siècles, Le Mans, 1970, p. 11-72.
23 A.N., J 172, no 518, p. 290-292. Cf infra, chap. VI. Henri VI offre également à Bedford, en septembre 1430, la vicomté de Beaumont : A.N., X1a 8605, acte 584 p. 15 vv-16v
24 A.N., P 1345, no 625.
25 A.N., P 13541, no 843 ; P 13542, no 865.
26 A.N., P 13542, no 872. Jacques des Baux avait d’abord envisagé de laisser la principauté de Tarente à son fils, François des Baux, mais la reine Jeanne Ière en avait investi son quatrième époux, Otton de Brunswick.
27 Ch. de Mérindol, op. cit., p. 35. Et cf. infra chap. IV.
28 A.N., P 133417, no 33.
29 M.-R. Reynaud, « La maison d’Anjou-Provence et la perte de Nice (1388) », dans 1388, la dédition de Nice à la Savoie, Paris, 1990, p. 263-264.
30 1. Bonnot (ss dir. de), Marseille et ses rois de Naples. La diagonale angevine 1265-1382, Aix-en-Provence, 1988.
31 A.N., P 1350, no 659, 660 et 661. Dans un premier temps, le cardinal se réservait aussi l’usufruit de la terre de Vienne et il semble ne pas l’avoir cédé.
32 A.N., P 133417, no 52, p. 22-23.
33 A.N., J 582, no 27, 32 et 33. René s’efforce de récupérer le comté de Guise : N. Coulet, A. Planche et F. Robin, Le Roi René, le prince, le mécène, l’écrivain, le mythe, Aix-en-Provence, 1982, p. 18. Et cf. supra note 15.
34 A.N., P 13341, no 6. La terre de Guise vient de Charles de Blois-Chatillon, père de Marie de Blois. Quant à Chailly, s’agit-il de Chilly (aujourd’hui Chilly-Mazarin) ou de Chailly-en-Bière ? Je penche pour cette dernière hypothèse.
35 A.N., P 1344, no 586 ; P 13341, p. 3 : en 1380, Brulon, cédé par Amaury de Craon à Guillaume de Mathefelon, passe des mains de ce dernier à celles de Louis d’Anjou. Le Coudray ne peut être Le Coudray-Macouard, qui est entre d’autres mains : s’agit-il du Coudray (Loiret) ?
36 A.N., P 645, no 633.
37 Le douaire de Marie de Blois est, en partie, assigné sur la châtellenie de La Roche-sur-Yon : A.N., P 133418, no 54.
38 A.N., P 13341, p. 4. Si l’on en croit Michel Pintoin, un arrêt du Parlement restitue Roucy, en 1408 : Religieux de Saint-Denys, op. cit., t. II/2, p. 91. La terre de Mirebeau est vendue à Louis d’Anjou, en 1379, 18 000 francs d’or : A.N., P 1340, no 481-482.
39 A.N., P 1345, no 644 ; P 1342, no 545.
40 A.N., P 1352, n 713 ; pour la généalogie de la Maison d’Etampes cf. Père Anselme de Sainte Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des pairs et grands officiers de la couronne..., t. 1, 3e éd Paris 1726 p. 279-281.
41 J. Le Fevre, p. 328 et 331. En 1387, la duchesse de Brabant est Jeanne, veuve de Venceslas de Luxembourg
42 J. Le Fèvre, p. 131 ; A.N., P 1345, no 647 et 648.
43 A.N., P 13341, p. 1 ; J. Le Fèvre, p. 97.
44 A.N., P 13344, p. 85v et 94 ; et cf. infra, chap. VI.
45 Cf. supra chap. I, note 22.
46 La Roche-sur-Yon a été hypothéquée à plusieurs reprises entre les mains de Clisson, de la comtesse de Penthièvre (en 1405) et, en 1425, de Pierre de Beauvau : A.D. BdR., B 1387, p. 3V. Avec Charles du Maine une nouvelle expansion « océane » se dessine : Queue-de-Vache (près de La Rochelle) et Parthenay. La châtellenie de Montfaucon, ancienne possession des Clisson, fait hommage au duc d’Anjou en 1437 : A.N., P 1341, no 519 ; P 1343, no 546 ; P 1121, p. 99-100.
47 N. Coulet, A. Planche et F. Robin, op. cit., p. 13 sq.
48 Ces trois châtellenies-baronnies relèvent de la Chambre des Comptes ; elles deviennent des circonscriptions pour la réception des aveux, au même titre qu’Angers, Saumur, Baugé, Le Mans, Mayenne ; de même pour la levée des aides.
49 Cf. arbre généalogique et Livre d’Heures du Roi René : Bibl. Méjanes, Rés., ms. 1,19 (620).
50 A.W.Lewis, Le sang royal.., op. cit., p. 203 sq.
51 A.N., P 133417, no 33. Louis Ier a complété son testament en décembre 1383 et ajouté un codicille, à Bari, le 20 septembre 1384 : A.N., P 133417, n 34 et 35 ; A.N., J 1043, no 5. Rochefort, s’il s’agit de Rochefort-sur-Loire, et non de Rochefort-en Mirebalais, semble être en possession des ducs d’Anjou en 1408 : A.N., P 13344, p. 91. Pour les hôtels que possède à Paris le duc d’Anjou, cf. J. Favier, Paris au XVe siècle (1380-1500), Nouvelle Histoire de Paris, Paris, 1974, p. 108-109. Ajoutons que Pierre d’Alençon vend, en 1390, au roi de France l’hôtel de Sicile (qu’il avait acquis à quelle date ?) : L. Douët d’Arcq, Pièces inédites relatives au règne de Charles VI, t. 1, Paris, 1863, p. 100-101. Et que Louis II achète 6 000 écus, en 1408, l’hôtel Saint-Marcel, mais vend l’hôtel de Bohême à Charles VI (qui le donne à son frère) et l’hôtel de Bicêtre au duc de Berry : A.N., P 13344 p 89
52 A.N., P 133417, no 42.
53 A.N., J 907, n 3 ; P 133417, no 44 ; A.D. BdR., B 168, p. 74-85 ; Louis II avait rédigé un codicille à son premier testament en 1412 : A.N., P 133417, no 43.
54 A.N., P 133417, no 52, p. 15-17 ; A.D.BdR., B 168, p. 90-93v et p. 100-102 ; A.N., J 860, no 32 et 33 Pour le Piémont angevin (ou revendiqué comme tel par Louis III) cf. E. Baratier, G. Duby et E. Hildesheimer, Atlas historique de Provence, Comtat, Orange, Nice, Monaco, Paris, 1969, carte 58. Louis III réclame l’hommage de Roccasparviera et de Demonte. Louis Ier l’aurait cédé à Amédée VI de Savoie.
55 Précisons que, dans son testament du 12 novembre 1442, à Saumur, la reine Yolande ratifie la donation faite à son fils Charles des baronnies et seigneuries de Lunel, Berre, l’Ile de Martigues, sur lesquelles elle avait des droits (cf. infra) et laisse à son fils René ses droits dans le duché de Bar et le marquisat du Pont (elle était, on l’a vu, la nièce du cardinal de Bar) : A.N., P 133417, no 52, p.17v-22.
56 M.-R. Reynaud, « Foi et politique : autour de la mort des princes d’Anjou-Provence (environ 1383-environ 1480) » dans Provence Historique, 1986, p. 21-43.
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