Chapitre 2. Le village médiéval
p. 277-298
Texte intégral
1Le village constitue dès à présent un des objectifs privilégiés de l’archéologie médiévale. Et c’est justice, puisqu’il a été le cadre de vie de la plus large part des sociétés médiévales. Le paysage villageois, la civilisation villageoise sont en outre les plus malaisés à restituer suivant les méthodes traditionnelles de l’histoire : les documents mentionnent naturellement très fréquemment les habitats ruraux, mais sans souci de les décrire ; on sait que le paysan, aux yeux des scribes, était avant tout un contribuable. De sorte que seule la méthode archéologique est en mesure de procurer des informations nourries sur les structures du village médiéval, l’habitation rurale, le plan des agglomérations et les aménagements individuels ou collectifs. Et les constructions villageoises ne sont pas seules en cause ; avec elles, c’est tout un pan de la civilisation médiévale que l’archéologie peut éclairer : le mobilier domestique (au sens large) et donc les genres de vie, les instruments de travail, et donc les activités, les déchets de l’alimentation, et donc la consommation, les produits de l’activité industrielle, les monnaies en usage et donc les échanges, au total toute la civilisation matérielle du monde rural.
2Les travaux sur l’archéologie du village sont dejà trop nombreux pour être tous abordés ou même mentionnés en une recension qui se voudrait exhaustive. On s’en tiendra ici aux publications traitant de la problématique propre à ce domaine de l’archéologie médiévale, à celles aussi qui permettent de prendre connaissance des résultats obtenus par les fouilles de sites ruraux à l’échelle de la région ou de l’État. Les publications retenues serviront d’ailleurs d’introduction aux monographies dont elles donnent une bibliographie étendue.
3On verra que partout les recherches archéologiques sur l’habitat rural sont associées à l’étude des désertions de villages. C’est que les villages disparus offrent seuls des conditions pleinement satisfaisantes : possibilité d’explorer un site entier, conservation meilleure des niveaux médiévaux moins touchés qu’ailleurs par les aménagements récents, existence plus brève et donc matériel plus homogène, et bien sûr, réticences moins vives des propriétaires. Les sites désertés offrent les meilleures chances de saisir la civilisation rurale dans sa totalité, fossilisée, figée à l’heure de la mort du village. Car, à travers le village mort, c’est la vie ancienne du village que l’archéologue cherche à saisir. Et les origines de l’habitat, comme les phases de son développement, le retiendront autant que l’abandon final. Mais le processus de la désertion, ses causes, sa date, sa date surtout, car elle est souvent difficile à cerner à l’aide des seuls documents écrits, sont au nombre des informations que l’on peut demander à la méthode archéologique. Et l’exemple des recherches allemandes ou anglaises montre que la contribution de l’archéologie est en mesure d’enrichir, voire de réviser, les bilans et la problématique des désertions de village que propose l’historien.
4Commençons cette revue par l’ouvrage dont le titre – sinon le contenu – est le plus général : L’Archéologie du village médiéval, publié par le Centre belge d’Histoire rurale1. Ce fascicule est issu des travaux d’un colloque qui s’est tenu à Louvain en 1965 et qui, en dehors de M. de Boüard, ne réunissait que des archéologues ou historiens belges. Cette publication se veut un instrument de travail : on ne peut en effet la tenir pour un bilan de la recherche. Elle comporte un questionnaire d’orientation, une bibliographie abondante, quelques articles sur certains aspects de la recherche (les composantes du village et leur problématique propre), enfin deux études sur les villages désertés en Belgique. Le questionnaire très complet recouvre tous les aspects de la vie rurale et non pas seulement l’habitat villageois : il concerne aussi bien les habitants, les chemins, le terroir et son exploitation que les constructions ou que la vie quotidienne. Mais, très sec, limité à l’énoncé des objectifs de la recherche, il paraît aussi quelque peu irréaliste : on a affaire à une construction abstraite, orientée non par les possibilités propres à la méthode archéologique, mais par la curiosité d’un historien des économies et des sociétés. Parfois aussi ce questionnaire semble destiné davantage à un sociologue menant une enquête sur un village contemporain qu’à un archéologue confronté à des vestiges : est-il bien raisonnable d’inviter l’archéologue du village médiéval à s’intéresser aux bâtiments de l’école ou à ceux de la maison communale ? En revanche, aucune question sur la chronologie du village, ses origines, la périodisation de son histoire. Il semble que ce questionnaire aurait pu être conçu tout autrement, en partant non des curiosités du chercheur, mais des divers types de vestiges que rencontre l’archéologue : sépultures, constructions, mobilier, déchets de consommation, constructions agraires, structures révélées par la photographie aérienne, etc. Le lecteur aurait ainsi appris comment interroger tel type de vestige et quelles données il peut en attendre. Le point de vue auquel on se place dans le fascicule de Louvain peut toutefois se comprendre : il présente les questions que l’historien pose à l’archéologie. Mais on aurait aimé que les données archéologiques y figurent de façon plus explicite, que les leçons, les résultats procurés ici ou là par la recherche y soient inscrits autrement que sous la forme de renvois bibliographiques. Après tout il est bon de savoir que l’archéologie peut fournir des réponses à telle ou telle question, qu’elle l’a déjà fait, ou qu’il ne s’agit encore que d’un souhait ; il est bon aussi de savoir quelles limites les caractères propres à la méthode archéologique et aux vestiges qu’elle étudie imposent à la curiosité de l’historien.
5Les études qui, dans cette publication, font suite au questionnaire auraient pu sans doute répondre à ces préoccupations. Certaines le font et excellemment : c’est le cas notamment de celle de Michel de Boüard sur la motte et de celle de A. Verhulst sur l’archéologie agraire2. Ce sont de très utiles mises au point qui font état des résultats obtenus, sans borner leurs horizons à la Belgique ou même à l’Occident, qui marquent bien les limites de la recherche et posent les problèmes qui restent en suspens. L’article de Michel de Boüard est sans doute la meilleure synthèse actuelle sur le château à motte, ses structures, son origine ses fonctions, ses variantes, sa diffusion. Il faut le souligner, car on ne s’attend pas nécessairement à trouver une étude sur ce sujet dans un ouvrage consacré au village médiéval ; en fait, sa présence est parfaitement justifiée : le château fait partie du paysage villageois et il a trop d’influence sur le destin même de l’habitat pour qu’on puisse l’ignorer dans une étude sur le village. De l’article d’A. Verhulst on dira qu’il a le grand intérêt de donner enfin un sens au terme d’archéologie agraire, dont il définit les méthodes – la fouille ne figurant pas ici au premier plan – dont il indique bien les limites – celles assez étroites qu’implique la fossilisation des champs – et qu’il illustre par des exemples empruntés aux recherches d’E. Juillard sur les crêtes de labour, aux recherches néerlandaises, celles-ci peu connues, sur les traces de labourage ou de bonification.
6Les autres études sont moins convaincantes. Celle de Luc Génicot sur l’église rurale est plutôt une introduction à la recherche, utile d’ailleurs, qui rappelle, à juste titre, que l’édifice religieux est aussi un document ; l’église porte témoignage pour l’histoire du village « parce qu’elle a bougé et cristallisé en même temps. Parce qu’en un mot elle a vécu au rythme de son village »3. Mais le propos manque ici un peu de références. Il n’y a pas lieu de s’en étonner ; les églises rurales ont peu retenu l’attention des grands maîtres de l’histoire de l’art, comme si, monuments mineurs, elles devaient être abandonnées aux chercheurs locaux ; et elles ont été rarement étudiées comme le voudrait Luc Génicot en tant que documents d’histoire. Le court article de A. L. J. Van de Walle sur l’habitat rural reste assez loin de ce qu’on attendrait : il ne fait guère état que des recherches sur l’habitat du haut Moyen Âge dans les pays germaniques et laisse de côté les nombreux travaux anglais ou allemands sur le village des XIIIe, XIVe, XVe siècles qui connaît d’autres types de maisons rurales que la maison de bois à deux ou trois nefs4.
7L’étude de G. Faider-Feytmans sur « les sites ruraux en Hainaut durant l’époque romaine », pour intéressante qu’elle soit, est-elle bien à sa place dans une publication consacrée au village médiéval5 ? Sans doute le médiéviste ne peut se désintéresser des origines de l’habitat rural ; et dans les contrées qui ont fait partie de l’empire romain, se pose le problème important de la filiation qui peut s’établir entre le grand domaine de l’époque impériale et le village médiéval. Ce problème n’est pas ignoré ici, mais Mme Faider ne s’écarte guère de la méthode préconisée par Camille Jullian pour l’analyse des terroirs. Elle cherche davantage d’ailleurs à retrouver le domaine antique dans le terroir médiéval qu’à étudier l’évolution de l’habitat, de la ville antique au village, elle estime cependant qu’en Hainaut les transformations dans l’occupation du sol ont été profondes au Bas-Empire et pendant la période d’installation des Barbares. Mais le Hainaut paraît un cadre un peu étroit, et on aurait préféré une synthèse plus large et davantage orientée vers les origines du village, faisant état aussi des théories classiques sur cette question (Fustel de Coulanges, Arbois de Jubainville, A. Grenier), des méthodes archéologiques et toponymiques et de leurs limites. Il est toujours facile de relever les lacunes d’un ouvrage : elles étaient inévitables dans celui-ci, peut-être prématuré ou trop ambitieux ; mais plus que l’absence d’étude sur le site villageois ou sur le réseau routier, sujets difficiles sur lesquels les recherches sont à peu près inexistantes (s’il s’agit du Moyen Âge), on s’étonne de ne pas trouver un article sur les sépultures, les modes d’inhumation, le matériel funéraire et ostéologique et sur les enseignements qu’ils procurent.
8Les deux articles sur les villages désertés en Belgique, de A. Verhulst et de R. Noël, attestent que la Belgique ne se singularise pas par rapport à la France (au moins pour la majeure partie du territoire français)6. En Belgique aussi, les villages définitivement abandonnés au Moyen Âge sont peu nombreux, et dans les grandes plaines agricoles, ils laissent peu de vestiges7. On y rencontre aussi des résistances extrêmement longues, des villages qui reprennent vie un moment pour s’éteindre ensuite très lentement. Toutefois, on ne sera pas tout à fait d’accord pour estimer, avec R. Noël, que pour les villages disparus à la fin du XVe siècle, « le mécanisme de désertion est clair » : en fait, il s’agit de comprendre pourquoi la dépression démographique et la guerre qui ont touché tous les villages n’ont eu d’effets irrémédiables que sur certains d’entre eux.
9Inégale, en retrait sur son titre, trop souvent limitée aux horizons belges, la publication du Centre de Louvain rend cependant des services appréciables : elle a été la première publication importante en langue française consacrée à l’archéologie du village et sa bibliographie, ses références restent précieuses pour le chercheur.
10L’Allemagne, où les fouilles de villages médiévaux sont à la fois anciennes et relativement nombreuses, si on ne rétrécit pas trop la notion de village et si l’on compte avec les habitats du haut Moyen Âge, ne nous a pas encore donné la synthèse qui pourrait, semble-t-il, être esquissée dès à présent. On le regrette d’autant plus que la dispersion des publications dans des revues régionales ne facilite pas l’information. Au moins, deux articles récents de Walter Janssen permettent-ils de prendre connaissance de quelques-unes des conclusions auxquelles est parvenue la recherche allemande8. Le propos de W. Janssen cependant va plus loin : le jeune et brillant archéologue de Bonn cherche à mieux définir les objectifs de la recherche archéologique sur les habitats désertés et il précise les méthodes que met en œuvre, dans ce domaine, le Rheinisches Landesmuseum de Bonn. W. Janssen élargit la notion de Wüstungen qu’il étend non seulement aux villages et aux terroirs abandonnés, mais à tous les établissements où les hommes ont reçu ou exercé une activité : moulins, ateliers, mines, églises et châteaux. Il étend également dans le temps la notion de désertion qu’historiens et géographes allemands n’ont guère retenue que pour les Wüstungen du bas Moyen Âge : l’archéologue n’a aucune raison de limiter ses investigations et sa problématique aux périodes bien éclairées par les documents écrits. L’étude archéologique des sites désertés doit intéresser tout le Moyen Âge et remonter au-delà jusqu’à la protohistoire, tout comme elle ne doit pas s’interdire les périodes plus récentes où les débuts de la civilisation industrielle ont provoqué l’abandon d’autres établissements humains.
11En dehors des pages et des tableaux qui, trop succinctement à notre gré, résument les résultats des fouilles allemandes, on retiendra des deux études de W. Janssen ce qui concerne la contribution de l’archéologie à l’étude des Wüstungen. Contribution double : l’archéologie allonge la liste des sites abandonnés et elle enrichit et précise la périodisation des désertions.
12Jusqu’à présent, l’archéologie allemande a demandé à l’historien de lui révéler les habitats désertés ; c’est cette démarche qui a prévalu en Angleterre ou en France. Au contraire, à l’origine des recherches du Rheinisches Landesmuseum, on trouve, non le repérage des Wüstungen dans les sources écrites, mais l’identification des sites opérée par l’archéologue sur le terrain et ainsi la liste des désertions s’est accrue de localités ignorées des documents : cela vaut surtout pour les désertions du haut Moyen Âge, mais aussi pour des abandons plus tardifs. Les méthodes de prospection dont fait état W. Janssen n’ont rien de bien nouveau et sont devenues classiques : c’est la photographie aérienne, l’étude des cartes, l’enquête auprès des habitants, les observations directes sur le terrain et le ramassage de surface. On notera que W. Janssen convient qu’en Allemagne la prospection aérienne est moins favorisée qu’en Angleterre (et on en dirait autant du territoire français) : là aussi, pourtant, se dessinent sur les photographies les chemins, les enclos, les murs laissés par les anciens habitats. Sur la carte, l’annexion, fréquente dans les pays germaniques – nous l’avions noté pour l’Alsace – des finages, des villages désertés par les villages voisins se traduit par des excroissances significatives des terroirs modernes qui peuvent guider la recherche9. Ce qu’il y a de neuf dans la méthode préconisée par W. Janssen, c’est le caractère systématique de la prospection qui n’est plus subordonnée à la recherche historique : pour de petits territoires sélectionnés (dans l’Eifel) elle relève et cartographie les habitats, les trouvailles isolées, les champs fossiles, les entassements de pierres, les anciens chemins, les anciennes mines, etc. C’est en somme le principe de la carte archéologique, mais où la notion de vestiges archéologiques est considérablement enrichie et sans limitation chronologique. Cette méthode a permis pour quelques terroirs d’établir la relation entre l’occupation de l’époque antique et l’occupation médiévale : la succession continue des habitats et des champs dans certains cas ; ailleurs au contraire une solution de continuité. W. Janssen a cependant raison de noter qu’il faut s’interdire actuellement toute généralisation, même à l’échelle régionale, et c’est peut-être là le point faible de la méthode. On peut craindre qu’elle ne requière trop de temps et le concours de trop de chercheurs et de spécialités différentes pour progresser utilement. Or ses résultats ne vaudront que dans la mesure ou ils s’appuieront sur la multiplication des enquêtes et permettront ainsi une certaine généralisation.
13Quoique encore limitées à une quarantaine de sites, les fouilles de villages disparus en Allemagne font apparaître la nécessité d’élargir et de réviser la périodisation des Wüstungen proposée par les historiens. L’archéologie prouve que les désertions sont un phénomène de toutes les époques : celles du bas Moyen Âge cessent d’apparaître comme uniques et sans précédent. Ainsi, les fouilles ont montré qu’aux XIe et XIIe siècles, à une époque d’expansion, de peuplement, de défrichements et de fondations de nouveaux villages, des habitats étaient abandonnés et pas en petit nombre. Les recherches faites en France, à travers les seuls documents écrits, avaient déja fait entrevoir que des désertions accompagnaient l’expansion des siècles des grands défrichements10. Une autre phase d’abandon apparaît, à travers les fouilles allemandes, au IXe siècle et surtout dans la première moitié du IXe siècle : si l’on y ajoute les désertions du VIIIe siècle, on arrive au chiffre d’une quinzaine de Wüstungen pour cette période du haut Moyen Âge. Et il s’agit pour la plupart d’habitats ayant eu une courte existence, d’à peine un siècle. La phase de désertion du IXe siècle correspond donc à une phase de colonisation de la fin du VIIe ou du VIIIe siècle, phénomène jusqu’ici assez mal aperçu11. Avec celle des désertions, c’est aussi l’histoire du peuplement, que l’archéologie du village peut renouveler : l’expérience allemande à cet égard est concluante.
14L’habitation du paysan médiéval occupe peu de place dans les études des historiens de la vie rurale en France. En Angleterre, les historiens ne peuvent plus la passer sous silence ; c’est que la maison paysanne de l’Angleterre médiévale est maintenant bien connue, grâce au travail des archéologues. De quels éléments d’information dispose en effet le chercheur ? Jusqu’ici on s’est beaucoup inspiré des plus vieilles maisons subsistant dans les villages contemporains : la méthode présentait des risques évidents, car on n’imagine pas qu’une maison rurale ait pu traverser les siècles sans subir des transformations décisives. L’un des mérites de l’archéologie anglaise est de convaincre qu’il faut définitivement renoncer à cette démarche : l’Angleterre a connu entre 1570 et 1640 une énorme reconstruction des demeures urbaines et campagnardes, qui s’est accompagnée de profondes modifications dans les structures et les plans. Et les fouilles anglaises ont montré que, même avant le XVIe siècle, la maison paysanne n’avait rien d’immuable et qu’elle ne restait guère en usage au-delà d’une génération. À Wharram Percy (Yorkshire), neuf édifices ont été construits successivement sur le même emplacement entre le XIIe siècle et 1500, avec de fréquentes modifications dans l’emploi des matériaux. Quant aux documents, si nombre d’entre eux – cherches de feux (assessments), terriers (manorial rentals), enquêtes (Hundred Rolls) – mentionnent la maison paysanne, ils ne la décrivent pas ; les renseignements qu’ils fournissent, d’autres sources doivent les éclairer. En fin de compte, l’exemple anglais prouve, une fois de plus que seule la méthode archéologique apporte des informations satisfaisantes.
15Dans ce domaine, la recherche anglaise a été favorisée : les désertions de villages sont apparues comme un phénomène majeur de l’histoire rurale anglaise, bien mis en lumière par le beau livre de Maurice Beresford12. Dès 1952, un groupe de recherches a été fondé, bénéficiant de participations bénévoles mais nombreuses, le Deserted Medieval Village Research Group (D.M.V.R.G.), dont les objectifs étaient le repérage des établissements désertés dans les documents et sur le terrain, la constitution de dossiers historiques sur les sites et la fouille du plus grand nombre possible d’entre eux. En 1965, la liste comptait déjà plus de 2 000 villages totalement disparus. Les fouilles se sont multipliées, provoquant un essor exceptionnel en Europe occidentale de l’archéologie médiévale : celle-ci s’est développée assez pour que soit créée une Society for Medieval Archaeology, avec un organe de publication régulier, Medieval Archaeology, la seule revue pendant très longtemps à être entièrement et uniquement consacrée à ce domaine de la recherche.
16Entreprises dès avant la guerre avec notamment la fouille de Beere (Devon), conduite en 1938-1939 par le professeur Jope13, les fouilles de villages désertés concernent maintenant plusieurs dizaines de sites : il est impossible de les mentionner toutes. Il est même difficile de citer les plus importantes sans risquer d’oublis fâcheux : Wharram Percy (Yorshire), Upton (Gloucestershire), Hound Tor (Devon), Hangleton (Sussex), Garrow Tor (Cornwall), Riplingham (Yorkshire). Mais il est aisé de prendre connaissance des recherches passées ou en cours : le D.M.V.R.G. publie chaque année un copieux rapport qui s’enrichit même d’informations sur les recherches similaires conduites hors d’Angleterre dans toute l’Europe14, Medieval Archaeology publie dans son volume annuel, à côté d’importants rapports de fouilles, des notices brèves qui informent des progrès de la recherche sur chaque site. Enfin, une synthèse est prête, dont la publication est imminente : Deserted Medieval Villages, dont Maurice Beresford et John Hurst, les fouilleurs de Wharram Percy, sont les maîtres d’œuvre. En attendant la parution de cet ouvrage qui sera lu et médité non seulement par les archéologues, mais espérons-le, par les historiens, des éléments d’une synthèse plus rapide peuvent être trouvés dès à présent dans deux études de John G. Hurst, données, l’une dans la publication du Fourth Viking Congress, l’autre dans l’ouvrage collectif publié par l’Académie des Sciences de Berlin (D.D.R.) Siedlung, Burg und Stadt, et également dans un ouvrage d’histoire, A Medieval Society, de R. H. Hilton, le fouilleur de Upton15.
17John Hurst évoque rapidement les méthodes de fouille : les chercheurs du D.M.V.R.G. ont répudié la stratigraphie verticale au profit de la stratigraphie horizontale16. Ils ont renoncé aux tranchées et aux carrés : il est vrai que la méthode de fouille en carrés, ou en damier, a été mise au point par un archéologue anglais, Sir Mortimer Wheeler, et que nul n’est prophète en son pays. Au vrai, la stratigraphie verticale dans les fouilles anglaises est sauvegardée par des banquettes témoins relevées et dessinées avant d’être supprimées. Mais l’archéologue s’attache à mettre au jour l’ensemble cohérent formé par les structures, les dispositifs et les sols appartenant à un même niveau avant d’enfoncer la fouille au niveau inférieur. Ce qui implique que l’extension et le plan de la fouille sont commandés par les structures découvertes : l’habitation et les constructions adjacentes. C’est peut-être trop sacrifier à la stratigraphie horizontale. Cette double exigence est malaisée à satisfaire : elle peut conduire à adapter le système Wheeler, sans doute pas à l’abandonner. Et peut-être faut-il l’avoir adopté pour s’autoriser ensuite à l’adapter ?
18Quoi qu’il en soit, la recherche anglaise a su retracer l’évolution chronologique de la maison paysanne, évolution qui se traduit d’abord dans l’emploi des matériaux. C’est encore John Hurst qui nous informe des étapes de cette évolution17. Du Ve au XIIe siècle, la maison paysanne est en bois, en turf ou en brique crue. L’emploi de mottes de gazon, non seulement pour la toiture mais pour les parois, est attesté à Hound Tor, où Mrs Minter a compté quinze phases de construction, à partir de la période anglo-saxonne, faisant toutes appel à ce matériau ; cependant, les parois étaient revêtues de clayonnage. Les cabanes excavées, concurremment avec la grande maison construite au niveau du sol, s’observent également assez longtemps jusqu’aux XIe et XIIe siècles. La pierre reste très rare jusqu’à la fin du XIIe siècle, même dans des régions ou elle abonde, parfois sous forme de pierres de surface. En revanche à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, la pierre tend partout à remplacer le bois, et jusque dans les zones pauvres en pierre de construction. Pour expliquer cette transformation des usages, John Hurst invoque essentiellement la raréfaction du bois de construction à la suite des défrichements et de l’exploitation intensive des forêts, et la protection des forêts qu’imposent les autorités au XIIIe siècle. À la fin du Moyen Âge, on revient pourtant à la construction en bois – et ce retour aux anciens modes s’explique moins aisément – mais en conservant toutefois l’emploi de la pierre pour les soubassements.
19La maison de bois ne présente jamais, en Angleterre, le système de l’empilage de poutres caractéristique de l’Europe slave et grand dévoreur de bois de construction : elle utilise les poutres verticales et le plus souvent uniquement pour le bâti de la construction. C’est en fait la maison à pans de bois, dont les parois sont pour l’essentiel en torchis sur clayonnage. La charpente fait appel à deux systèmes différents : soit le système classique de la ferme reposant sur les poteaux corniers, soit celui des crucks, pièces de bois courbes assemblées en arche, soutenant d’un seul jet le toit et les parois. La maison de pierre ignore le mortier, mais ne présente pas non plus de murs en pierre sèche : les murs sont hourdés de glaise. Pour les toitures, pas de tuiles ni de lauzes : on peut supposer que la couverture était en chaume ou en gazon. Les sols sont le plus souvent en terre battue : fréquemment nettoyés, ces sols finissent par présenter un profil concave et ne permettent pas la formation de véritables couches d’occupation ; l’absence, ou au moins la minceur, des couches d’occupation dans les demeures médiévales est un phénomène bien connu des archéologues et une caractéristique déplorée ! Les foyers sont en règle générale des foyers ouverts occupant le centre des pièces d’habitation, dont l’âtre est simplement fait de terre, au mieux de pierres.
20Les fouilles de Wharram Percy et d’Upton, comme les rapports des spécialistes anglais au Congrès de Munich de 1965, nous avaient familiarisés avec le plan caractéristique du type le plus fréquent de la demeure paysanne en Angleterre médiévale : la long house, qui réunit bêtes et gens sous un même toit, et qui présente très régulièrement les mêmes éléments : living part et upper room, séparées de l’étable ou de la grange par le cross passage. Dans son chapitre consacré à la maison du paysan, l’ouvrage de R. H. Hilton a l’intérêt d’évoquer les dimensions et les divers types de l’habitation, en les rapportant aux classes qui divisent la société rurale de l’Angleterre médiévale. Les dimensions de la maison sont parfois transcrites dans les documents : elles sont évaluées, comme on pouvait s’y attendre, non en unités de mesures uniformes mais en unités de construction en travées qui sont rythmées par les crucks ou les fermes, ces éléments essentiels de l’ossature de la construction. La maison à 3 travées apparaît comme la plus fréquente à travers les rôles du Worcestershire ; elle correspond sans doute à la long house, à côté de laquelle le paysage médiéval connaît deux autres types de demeures rurales : le cottage, bâtiment plus petit, sans grange ni étable, et la ferme qui sépare l’habitation des bâtiments d’exploitation, ici plus importants. Si la maison longue correspond sans doute à la catégorie sociale la plus représentée, celle des villains, tenanciers soumis aux prestations et aux corvées du domaine, le cottage semble être la demeure du manouvrier, pauvre en bétail et en récoltes, et la ferme, celle du yeoman, tenancier libre et aisé.
21Mais la maison ne constitue pas à elle seule l’unité d’habitation, bien mieux représentée par la parcelle qui supporte les charges fiscales et qui façonne le paysage villageois en imprimant au village son plan, son extension et ses limites : l’enclos. Le village anglais, comme le village français en pays d’habitat groupé, est davantage fait d’enclos que de maisons. Or la morphologie du village, à la lumière des fouilles, apparaît comme essentiellement mouvante18. La maison elle-même est fréquemment reconstruite et suivant des axes parfois sensiblement différents, et les enclos bougent également, s’agglutinent ou se partagent, parfois se déplacent. Au total, on y insistera encore, l’archéologie anglaise nous détourne d’accorder notre confiance au village actuel pour restituer le village médiéval : le village n’a cessé de bouger, de se renouveler dans ses constructions comme dans sa morphologie. L’universalité de la long house dans l’Angleterre antérieure au XVIe siècle a surpris : on n’en connaissait quelques rares témoins que pour les hautes terres de l’ouest. De là à lui attribuer une origine celtique… John Hurst, étudiant les origines de la maison longue, est obligé de la comparer à la maison à deux nefs ou à trois nefs des pays germaniques du haut Moyen Âge, sinon à la grande maison néolithique de Köln Lindenthal. En fait, elle apparaît bien comme un avatar de la maison traditionnelle du haut Moyen Âge, traduite en matériaux différents et pour une structure sociale et familiale qui a, elle aussi, changé.
22Dans les pays de l’Est européen, l’archéologie médiévale prolonge très souvent l’archéologie protohistorique et connaît, de ce fait, un développement plus considérable qu’en Occident. Plus que le village, c’est la ville et ses origines qui ont attiré les archéologues et orienté les programmes de recherches. Mais, très attachés à étudier les civilisations dans leur ensemble, les archéologues des pays slaves n’ont pu ignorer les aspects ruraux qui restent prédominants dans les sociétés médiévales. Les cultures et la vie rurale tiennent ainsi une certaine place dans le livre que Witold Hensel a consacré à la civilisation slave du haut Moyen Âge, sans toutefois y être aussi largement étudiées que l’artisanat, les villes ou les fortifications19. En fait, les données de l’archéologie sont peut-être ici moins importantes pour le moment que celles de la linguistique et de l’ethnographie. Dans une communication qu’il a faite à la Semaine de Spolète en 1965, W. Hensel a montré que si les apports de l’archéologie à la connaissance de la vie rurale au Moyen Âge pouvaient être nombreux et variés, ils dépendent de la mise en œuvre de méthodes également multiples et qui sont encore mal affirmées20. Il fait état aussi des limites de la méthode archéologique : les résultats dépendent, entre autres choses, des modes de conservation dans le sol des matériaux. Ainsi, l’outillage en bois qui tenait, selon toute vraisemblance, une place considérable, échappe le plus souvent aux investigations. Parmi les méthodes citées par W. Hensel, certaines ont déjà fait leurs preuves : la palynologie pour la restitution du paysage végétal, la photographie aérienne pour l’étude du parcellaire, l’analyse de la teneur des sols en phosphates pour la délimitation des zones habitées21. Il en est de plus neuves – encore mal assurées parfois – comme l’étude des superficies cultivées à partir de la capacité des silos, ou la détermination des groupes sanguins par l’analyse des ossements procurés par les fouilles de cimetières. On conçoit que W. Hensel insiste sur la nécessité pour mener de telles recherches d’associer des spécialistes nombreux et de faire choix de cadres géographiques limités.
23Une publication illustre assez bien les propos de W. Hensel : c’est celle des travaux du 1er Congrès International d’Archéologie slave qui s’est tenu à Varsovie en 1965. Le volume IV est consacré, en même temps qu’aux origines des villes, à l’évolution de l’habitat rural22. Là encore, les recherches sur le village tiennent moins de place que les travaux sur les centres fortifiés et les villes. Le rapport de V. Dovzenok rassemble cependant quelques-uns des résultats obtenus en Russie par la fouille de sites ruraux : gros villages groupant une cinquantaine de familles et s’opposant à de petites agglomérations de 2 à 4 fermes ; habitations à demi excavées dans des enclos plantés ; exploitations paysannes d’une superficie d’environ 15 ha, ce qui correspond à l’ancienne mesure agraire russe appelée plug (charruée). À travers les sources archéologiques, le paysan de la Russie kiévienne apparaît aussi comme riche en outils de fer, socs de charrue, faux, haches, outils divers, et en parures d’argent ou de cuivre : sa condition semble, au total, meilleure que ne l’affirmait l’histoire traditionnelle23. Pour la Pologne, à côté de communications sur les fouilles de sites isolés – Bruszczewo, village qui, du VIIe au Xe siècle, modifie sa morphologie sans transformer le type de ses constructions, Sypniewo, où le matériel du village ouvert contraste avec celui du grod voisin – on retiendra surtout les rapports qui font état de recherches conduites à l’échelle de la région : c’est le peuplement et la colonisation qui font ici l’obiet des études archéologiques, la densité des habitats, la conquête du sol, l’origine et l’évolution des villages24. Ces travaux supposent des entreprises nombreuses et le rassemblement systématique de toutes les observations procurées par les trouvailles de hasard ou les fouilles de sauvetage : 40 établissements ont été ainsi explorés dans la région de Rzeszov. Dans cette région, au sud-est de la Pologne, du VIe au XIIIe siècle, on voit une progressive conquête du sol, qui, partie des terres loessiques et des vallées, s’étend ensuite aux autres zones qui restent cependant longtemps moins densément peuplées. L’habitation évolue également : d’abord entièrement creusée dans le sol, elle n’est plus, à partir du Xe siècle, que semi-excavée ou encore est construite au niveau du sol. Dans la région de l’Obra, au sud-ouest de la Grande Pologne, Zofia Hilczerowna étudie les rapports entre les habitats fortifiés (les grods) et les villages ouverts : le VIe siècle ne connaît que des établissements ouverts et dispersés établis dans des vallées marécageuses ; aux VIIe et VIIIe siècles au contraire, de vastes sites, sommairement fortifiés, regroupent pratiquement toute la population : c’est l’époque des grandes migrations des Slaves, génératrices d’insécurité ; aux IXe et Xe siècles, de petits castra aux mains des puissants dominent la campagne ouverte et s’entourent de villages non fortifiés. Ainsi, en Pologne, les sources archéologiques, sollicitées par des recherches multipliées mais dont les résultats sont centralisés par les stations régionales de l’Institut d’Histoire de la culture matérielle, suppléent à l’absence des documents écrits, à l’insuffisance de la toponymie pour retracer l’histoire de l’habitat et de l’occupation du sol. La leçon ne devrait pas être perdue pour l’Occident où les données des sources écrites restent malgré tout lacunaires, où celles de la toponymie n’échappent pas à la suspicion25.
24Les recherches hongroises en archéologie médiévale sont exposées par une chronique de Imre Holl, donnée dans les Acta Archaeologica de l’Académie des Sciences de Hongrie en 197026. L’exposé de I. Holl s’appuie sur les résultats des fouilles effectuées depuis 1946 jusqu’en 1964 et le village y tient la première place, avant l’église et le château : c’est dire l’importance que les archéologues hongrois accordent aux recherches sur l’habitat rural. Comme en Pologne, comme aussi en Allemagne, ces recherches revêtent deux formes : l’enquête de topographie archéologique à l’échelle de la région, et la fouille d’un certain nombre de sites. Des méthodes mises en œuvre par l’enquête régionale, I. Holl ne nous dit rien ; il nous informe en revanche de ses objectifs et des principaux résultats obtenus en diverses parties du territoire hongrois. La recherche en topographie archéologique s’attache à suivre l’évolution de l’habitat du haut Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne. Elle prouve l’ancienneté de l’occupation dans un pays pour lequel les renseignements documentaires font souvent défaut avant une date tardive et où la toponymie a été trop souvent renouvelée pour être d’un grand secours : elle apprécie l’effet, variable suivant les régions, des incursions mongoles et coumanes, parfois moins dévastatrices qu’on ne le penserait, et des invasions turques en Hongrie, celles-ci plus graves : lors de l’expansion turque en Hongrie, cinquante pour cent des villages et des bourgs sont détruits ; les désertions de ce temps ne sont que rarement définitives, mais la reconstruction se fait en général sur un nouvel emplacement qui laisse l’église en dehors de l’agglomération.
25Les fouilles n’intéressent encore qu’une dizaine de sites, mais elles procurent déjà des résultats intéressants, notamment en montrant toute la distance qui sépare le village de l’époque arpadienne du village du bas Moyen Âge et du début des Temps modernes : de l’un à l’autre, tout diffère, plan du village, structures, construction, dimensions de l’habitation. À l’époque arpadienne, le village disperse ses habitations sur un vaste espace, sans qu’on puisse y discerner un plan ordonné. L’habitation, en règle générale, est très petite, proche du carré par le plan (2,20 x 2,20 m ou 4,5 x 4 m à Razom, 3 x 4,8 m à Kardoskut) et entièrement excavée. Deux poteaux ou une ligne de poteaux centrale soutiennent le faîtage de la toiture, celle-ci à deux pentes et faite de roseaux. Curieusement, l’entrée n’est pas ménagée dans l’un des pignons, mais sur l’un des côtés longs. Le four occupe un des angles de la demeure ou est creusé dans l’une des parois. Des fours extérieurs, dont certains par leur structure montrent qu’ils étaient destinés à fumer les viandes, des silos à grains creusés dans le sol, des drains servant à évacuer les eaux de pluie accompagnent régulièrement les habitations. Le mobilier est pauvre, constitué pour l’essentiel de quelques pots à cuire, mais les déchets d’alimentation attestent l’importance de l’élevage et de la pêche, et quelques trouvailles manifestent la présence dans le village de tisserands, de fondeurs, de vanniers et de potiers.
26Le village du XVe ou du XVIe siècle offre un paysage très différent. Plus compact sur un territoire plus restreint, il adopte souvent une forme allongée, étirant ses constructions de part et d’autre d’un étang ou d’un cours d’eau. L’église occupe une position centrale, dégagée et à Nyärsapat, elle fait face de l’autre côté de la rivière, franchie à cet endroit par un pont, à la maison seigneuriale. Les maisons, distantes de 20 mètres à Nyärsapat, de 40 à 60 mètres à Möric ont au XVe siècle un axe perpendiculaire à celui de la rue ; elles s’alignent au XVIe siècle parallèlement à l’axe du village. Construites maintenant au niveau du sol, elles ont des murs d’argile ou de pisé sur une armature de bois et parfois un clayonnage ; certaines présentent un soubassement de pierre. Les habitations sont assez vastes : 17 à 21 m de long sur 4 à 6 m de large à Möric. Elles diffèrent entre elles par le mode de construction, plus ou moins soigné et par le nombre de pièces : les maisons à 1 ou 2 pièces s’opposent à celles de 3 pièces et cette différence traduit, comme le montre aussi le mobilier, des écarts sociaux. Dans la maison à trois pièces, la cuisine occupe le centre : elle comporte un foyer ouvert ; le poêle en carreaux de terre cuite de la chambre voisine et le four extérieur mais contigu au mur de la maison sont alimentés et chargés depuis la cuisine. La troisième pièce est le plus souvent une étable. Le mobilier est plus abondant ; la céramique est plus diversifiée, pots à cuire, cruches, gobelets. Ceux-ci sont cependant rares, de même que les écuelles de terre qui n’apparaissent qu’à l’époque moderne. Le verre n’est pas absent mais représenté seulement par des flacons à remèdes ou à parfums. Le reste du matériel traduit les activités domestiques (fusaïoles, dés à coudre) et agricoles (faucilles, parties ferrées de bêches) tandis que, encore à cette époque, l’abondance des ossements animaux atteste le rôle de l’élevage dans l’économie hongroise. Le matériel marque aussi une évolution dans la mesure où il s’appauvrit à l’époque moderne ; les trouvailles se raréfient et la construction devient plus fruste. Cet appauvrissement montre une fois de plus que les critères purement typologiques peuvent être menteurs. En matière de construction, notamment – et les recherches anglaises le prouvent aussi – l’évolution n’a pas toujours le sens d’un progrès technique.
27En Tchécoslovaquie, comme en Angleterre, en Allemagne ou en Hongrie, après quelques expériences isolées plus anciennes, les recherches archéologiques sur le village médiéval ont été entreprises plus systématiquement après la Deuxième Guerre mondiale. Elles ont paru assez avancées pour que soit organisée ces dernières années une exposition itinérante ayant pour thème le village disparu. Le catalogue de cette exposition, paru en plusieurs langues, et dont la version originale comporte une traduction anglaise, est dû à Vladimir Nekuda, le fouilleur de Mstenice et de Pfaffenschlag27. Ce fascicule présente avec assez de développement l’histoire et les résultats des recherches tchèques, en même temps qu’il donne la bibliographie des publications de fouilles. Peut-être l’auteur, appartenant à la section de Brno de l’Institut archéologique de Prague, a-t-il davantage insisté sur les fouilles en Moravie.
28En Tchécoslovaquie comme ailleurs, les recherches sur le village sont étroitement associées à l’étude des désertions. Celles-ci sont relativement nombreuses – plus de 3 000 villages désertés en Bohême, près de 1 400 en Moravie et en Silésie – et sont de toutes les époques, mais avec un maximum aux XVe et XVIe siècles. Le déguerpissement des serfs, écrasés par les exactions féodales et l’attraction des villes, apparaissent à V. Nekuda avec l’abandon des terroirs répulsifs comme les facteurs de désertion les plus fréquents : ici, comme en France et ailleurs, les expulsions autoritaires ordonnées par les maîtres de la terre apparaissent comme exceptionnelles : elles sont décidément un trait original de l’histoire rurale anglaise.
29L’histoire et les structures de l’habitat en Tchécoslovaquie évoquent d’assez près celles rencontrées en d’autres régions européennes, Allemagne et plus spécialement Hongrie. Rien de surprenant à cela, mais il y a là les éléments d’un schéma qui pourrait bien s’appliquer à toute l’Europe continentale, voire aussi à l’Occident. Malheureusement, les recherches en Pologne et en Russie ont rarement dépassé les XIIe-XIIIe siècles, et en Angleterre les fouilles de villages saxons ne sont pas aussi nombreuses que celles des habitats plus tardifs. En Tchécoslovaquie, les villages des Xe, XIe, XIIe siècles ne présentent guère que des habitations excavées ou semi-excavées (Krasovice, niveaux anciens de Mstenice, sites de Slovaquie) distribuées sans ordre. Le village des XIIIe, XIVe, XVe siècles offre au contraire un plan régulier, rigoureux même à Pfaffenschlag, où les maisons sont alignées suivant le même axe et régulièrement espacées. Les habitations de cette deuxième génération de villages sont en bois, faites d’empilages de poutres mais sur un solin de pierres, et présentent souvent des parties entièrement construites en pierre. Les plans sont variés, mais l’un des plus fréquents évoque assez bien la maison longue, comme la maison du village hongrois, avec ses deux parties séparées par un hall central : toutefois, les bâtiments d’exploitation sont souvent rejetés en annexes de l’habitation28. Parmi les aménagements, on notera le poêle, caractéristique de la maison d’Europe centrale, le four à pain souvent extérieur et protégé par un toit, des celliers ouvrant dans la maison, mais se développant à l’extérieur. Les silos enterrés, piriformes, rencontrés aussi en Hongrie, sont fréquents, mais surtout dans les sites et les niveaux anciens : à partir du XIVe siècle apparaît le grenier au-dessus de l’habitation29. Les trouvailles sont en relation avec les activités du village, activités agricoles, mais aussi fabrication de la poterie (Mstenice), travail du fer (Zaluzany), du bois, de l’os et des textiles. Enfin, comme le hall seigneurial en Angleterre, comme le Wasserburg allemand, comme la maison-forte française, la maison seigneuriale, plus ou moins fortifiée, fait partie du paysage villageois en Moravie ou en Slovaquie.
30En Roumanie, les recherches archéologiques sur le village médiéval marquent un temps de retard sur la recherche hongroise ou tchèque. Elles se développent actuellement avec les travaux de Nicola Constantinescu, de Radu Popa et de quelques autres chercheurs de l’Institut archéologique de l’Académie des Sciences de Roumanie. Cependant, il faut nous en tenir à un article de N. Constantinescu de 1964 qui insiste sur la nécessité d’étudier les sites ruraux et réagit contre la primauté dont ont longtemps bénéficié en Roumanie les recherches sur les aspects urbains de la civilisation médiévale30. À la date où il écrit, N. Constantinescu ne peut faire état que de fouilles peu nombreuses, où souvent c’est la rencontre fortuite de niveaux médiévaux sur des sites explorés pour leurs vestiges plus anciens qui a permis quelques observations sur le village roumain du Moyen Âge. La plupart de ces sites se trouvent en Valachie : ils ont essentiellement procuré la découverte de fonds de cabanes. Le village médiéval apparaît ainsi constitué en Roumanie d’habitations semi excavées mais il s’agit du village du XVe siècle : la Valachie paraît marquer un certain décalage chronologique sur d’autres régions européennes. En Valachie, cependant, comme ailleurs, les deux activités villageoises les plus fréquemment rencontrées en dehors des activités purement agricoles sont la fabrication de la poterie (Verbicioara, Vadastra, Coconi) et le travail du fer (Coconi). Mais il faut sans doute attendre de nouvelles informations et mises au point sur la base des travaux plus récents pour pouvoir affirmer avec sécurité l’originalité ou la conformité du village roumain du bas Moyen Âge par rapport aux autres modèles européens. De l’article de M. Constantinescu, on retiendra encore les buts qu’il assigne aux recherches archéologiques sur le village : l’étude des phases de l’histoire de l’habitat, de la structure spatiale du village, de ses types d’habitation, de leur répartition et de leur évolution. N. Constantinescu voit aussi dans la fouille un moyen de saisir l’évolution sociale du village et son progressif asservissement au pouvoir « féodal », préoccupation propre à l’histoire des pays de l’Est européen et qui relève de l’analyse marxiste de la société médiévale. Mais on s’accordera avec lui pour estimer que le but des recherches historiques et donc archéologiques est l’étude dans son ensemble de la vie économique et sociale et que le milieu rural, le plus représenté au Moyen Âge, s’inscrit de toute évidence au premier plan du programme de l’archéologie médiévale.
31En France, l’archéologie du village compte encore des sceptiques, voire des détracteurs : historiens qui, attendant tout des documents, sont tentés d’y voir un luxe inutile, archéologues qui, quoi qu’ils en aient, demeurent attachés à une archéologie pourvoyeuse de musées et trouvent le mobilier rustique un trop maigre gibier. Certains archéologues médiévistes même mettent en avant d’autres priorités ; pour les uns, l’archéologie médiévale doit avant tout se consacrer à forger ses instruments de travail, à savoir la typologie de la céramique ; pour d’autres, à l’inverse, seules compteraient les fouilles spectaculaires capables d’emporter l’adhésion des autorités scientifiques et administratives dispensatrices de crédits. La recherche française, à elle seule, ne peut sans doute convaincre les sceptiques ni vaincre les réticences. Pour intéressantes quelles nous paraissent, les fouilles françaises de sites ruraux et médiévaux restent encore trop peu nombreuses, trop dispersées peut-être, dans l’espace sinon dans le temps : celle, si exemplaire pourtant, de Rougiers, celles qu’a lancées la VIe section de l’École Pratique des Hautes Études avec l’aide de l’Institut d’Histoire de la culture matérielle, celle plus limitée mais si utile de l’habitat de Bruère-Allichamps31. Mais pourquoi limiter nos horizons aux recherches françaises quand les entreprises similaires conduites à l’étranger sont là, avec leur problématique, avec leur moisson de résultats pour prouver que l’archéologie est déjà en voie de renouveler l’histoire du village médiéval et de restituer sa civilisation ?
32Et ce n’est pas seulement dans les pays pauvres en documents écrits comme le sont les pays de l’Est européen pour les hautes époques, ce n’est pas seulement pour l’étude du village du haut Moyen Âge qu’il est fait appel à la méthode archéologique : en Angleterre, en Allemagne, pays qui ne sont pas moins riches que la France en sources écrites, le village du bas Moyen Âge fait l’objet de recherches qui s’avèrent aussi fructueuses et nécessaires. Les découvertes de l’archéologie du village sont à la mesure de la civilisation qu’elle étudie : elles ne peuvent procurer de trésors artistiques ; aussi bien n’est-ce pas là leur objet. Elles ne sont modestes d’ailleurs que prises isolément : les résultats d’une enquête un peu étendue sur les villages médiévaux sont finalement aussi spectaculaires que les apports de la fouille d’une ville antique, et souvent beaucoup plus neufs. Les recherches conduites dans l’Europe nordique, centrale et orientale montrent encore que l’archéologie médiévale n’a pas à attendre d’avoir totalement perfectionné ses instruments pour passer aux actes, pour accomplir son programme : c’est en étudiant toutes les traces de l’occupation humaine, et au premier chef les habitats, qu’elle forgera ses outils, affinera sa méthodologie, précisera ses bases théoriques.
33Malgré l’ampleur des recherches, si on les envisage à l’échelle européenne, les résultats restent encore inégaux. L’aspect le mieux éclairé par l’archéologie de la civilisation des campagnes médiévales, c’est sans doute le village lui-même : ses modes de construction, sa morphologie, son évolution. Dans ce domaine, certains traits généraux commencent à se dégager : la large diffusion dans l’Europe du haut Moyen Âge des habitations excavées ou semi-excavées, type de construction qui perdure souvent jusqu’aux XIIe et XIIIe siècles pour faire place ensuite à des bâtiments de pierre ; la fréquence aussi de la maison longue qui regroupe généralement en trois pièces gens, bétail et récoltes ; la régularisation et l’affermissement du plan du village après le haut Moyen Âge. L’inégal développement des recherches interdit encore les généralisations trop affirmées, mais il y a là un peu plus que des hypothèses de travail. L’étude du peuplement, de la conquête du sol, est trop liée aux conditions géographiques et historiques locales pour se prêter aisément à la synthèse. Au moins l’archéologie du village atteste-t-elle que les désertions d’habitats constituent un phénomène permanent de l’histoire rurale avec des périodes d’intensité maximale dont la principale pour beaucoup de pays se situe avec de légers décalages chronologiques à la fin du Moyen Âge : XIVe-XVe siècles, ou XVe-XVIe siècles. De même, des étapes nouvelles de la colonisation commencent à se faire jour : l’extension du peuplement des XIe-XIIe siècles a souvent été précédée d’une ou deux phases d’expansion au haut Moyen Âge.
34L’étude des terroirs, des systèmes de culture et des techniques agricoles est sans doute la parente pauvre de l’archéologie du village : les méthodes, ici, sont encore au stade expérimental : les résultats aussi dépendent trop de conditions accidentelles rarement rencontrées. L’organisation de la recherche peut-être est plus encore à mettre en cause : elle se prête mal actuellement à l’association des diverses spécialités, dont beaucoup sont hors du domaine traditionnel des études archéologiques et dont le concours est cependant indispensable à l’archéologie agraire. Enfin, certains aspects de la civilisation matérielle du monde rural, genres de vie et niveaux de vie, techniques et activités, ne sont pas non plus aussi bien mis en lumière que les constructions du village : les documents ne manquent pas, mais leur exploitation reste insuffisante dans les publications actuelles32. C’est notamment le cas en Angleterre où, si le matériel mobilier est généralement amplement publié, il n’est guère étudié que pour lui-même, pour sa typologie et non comme témoin de la civilisation du village. C’est sans doute que les recherches se heurtent ici à une double difficulté : les trouvailles ne prennent un sens qu’additionnées, confrontées à d’autres et éclairées par les témoignages procurés par d’autres sources, documents écrits, iconographiques et ethnographiques ; surtout, l’inventaire archéologique reste nécessairement lacunaire, tributaire des conditions de conservation des matériaux et donc délicat à interroger. Il faut reconnaître honnêtement cette faiblesse de nos études, sans pour autant tenir le pari pour perdu. Les sources archéologiques ne sont pas plus décevantes que les documents écrits : elles doivent, comme ceux-ci, être soumises à une critique serrée, utilisées avec prudence, mais utilisées.
35L’archéologue doit ici préciser ses méthodes, avec le concours, sans doute, de la statistique et de l’informatique. Il doit aussi multiplier ses recherches : l’archéologie du village médiéval n’a guère plus de vingt ans ; les succès obtenus dans certains aspects de ses travaux permettent d’affirmer qu’elle est capable, avec le secours des autres méthodes historiques, de restituer la civilisation globale du monde rural au Moyen Âge.
Notes de bas de page
1 L’Archéologie du village médiéval. Centre belge d’Histoire rurale. Publication no 5, Louvain et Gand, 1967.
2 M. De Boüard, « La motte », L’Archéologie du village médiéval, p. 35-55 ; A. Verhulst, « L’archéologie et l’histoire des champs au Moyen Âge : introduction à l’histoire agraire », ibid., p 84-102.
3 L.-F. Génicot, « L’église, un grand document de pierre », ibid., p. 56-70.
4 A. L. J. Van De Walle, « L’habitat rural », ibid., p. 71-83.
5 « Les sites ruraux en Hainaut durant l’époque romaine », ibid., p. 104-119.
6 A. Verhulst, « Note pour servir à l’étude archéologique des villages désertés », ibid., p. 104-119 ; R. Noël, « Les villages disparus de Gaume à la fin du Moyen Âge », ibid, p. 133-139.
7 Cf. J.-M. Pesez et E. Le Roy Ladurie, « Le cas français : vue d’ensemble », supra.
8 W. Janssen, « Mittelalterliche Dorfsiedlungen als archäologisches Problem », Frühmittelalterliche Studien, Jarhbuch des Instituts für Frühmittelalterforschung der Universität Munster, vol. 2, p. 305-367 ; W. Janssen, « Methodische Probleme archäologischer Wüstungforschung », Nachrichten der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-Historische Klasse, 1968, no 2, p. 29-56. Le premier de ces articles donne une bibliographie très complète des recherches allemandes sur le village de l’Antiquité au XIIe siècle.
9 Pour l’Alsace, cf. J.-M. Pesez et E. Le Roy Ladurie, supra.
10 Ibid.
11 Robert Fossier, en s’appuyant sur la toponymie, a pressenti cette vague de peuplement qu’il situe peut-être un peu plus tardivement, aux VIIe-Xe siècles, en Picardie, après la phase de peuplement qui a suivi immédiatement l’occupation barbare. R. Fossier, La Terre et les hommes en Picardie, Paris-Louvain, 1968, tome I, p. 155-158.
12 M. W. Beresford, The Lost Villages of England, Londres, 1954.
13 Contemporaine de celle que dirigeait en Allemagne, dans le Harz, Paul Grimm sur le site de Hohenrode.
14 Le 17e rapport annuel du D.M.V.R.G. date de 1969.
15 J. G. Hurst, « The Medieval Peasant House », The Fourth Viking Congress, Aberdeen, 1965, p. 190-196 ; J. G. Hurst, « Medieval Village Excavation in England », Siedlung, Bury und Stadt, Berlin, Akademie-Verlag, 1969, p. 258-270 ; R. H. Hilton, A Medieval Society, The West Midlands at the end of the Thirteenth Century, Londres, 1966 ; Villages désertés et histoire économique, Paris, 1965, ρ. 533-580. L’ouvrage collectif dirigé par J. G. Hurst et M. Beresford est paru depuis que cette chronique a été rédigée (Lutterworth Press, London 1971).
16 J. G. Hurst, « Medieval Village Excavation », cit.
17 Ibid.
18 Ibid.
19 Édition allemande, W. Hensel, Die Slaven im Frühen Mittelalter. Berlin Akademie Verlag, 1965.
20 W. Hensel, « Perspectives de la recherche sur le milieu rural en Europe Occidentale du haut Moyen Âge », Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, XIII (1965), Spolète, 1966, p. 695-721
21 Voir aussi sur ces méthodes, spécialement la palynologie, R. Noël, Sciences naturelles et histoire des campagnes au Moyen Âge. Orientation des recherches en Belgique. Centre d’Histoire rurale de l’Université catholique de Louvain, Publication no 4, Louvain, 1966.
22 1° Miedzynarodowy Kongres Archeologii Slowianskiej (1965), vol. IV. Wroclaw, Ossolineum, 1968.
23 V. Dovzenok, « Problèmes concernant les études archéologiques des anciens villages russes de l’époque prémongole », 1° Miedzynarodowy Kongres…, IV, p. 19-33.
24 1. Gorska, « L’habitat rural du haut Moyen Âge dans la partie nord-est de la Mazovie « , ibid, p. 119-123 ; Z. Podwinsky, « Changements de forme des agglomérations rurales à l’époque du haut Moyen Âge », ibid., p. 84-89 ; A. Kunysz, « Rural Early Medieval Settlements in South Eastern Poland », ibid., p. 111-118 ; Z. Hilczerowna, « Le développement des formes de colonisation… du VIe au XIe siècles… dans la Grande Pologne du Sud-Ouest », ibid., p. 90-96.
25 C’est dans cette voie que s’est engagé Gabriel Fournier, dont la thèse sur Le Peuplement rural en Basse Auvergne durant le haut Moyen Âge (Paris, 1962) montre que la richesse relative des sources écrites n’interdit pas le recours à l’enquête archéologique : sources écrites et sources archéologiques se complètent et s’éclairent mutuellement. Pour la Pologne, il faut citer une autre enquête régionale dont les premiers résultats ont été résumés par J. Kazmierczyk, « Recherches sur l’habitat humain dans la région de Trzebnica à l’époque du Moyen Âge », Archeologia Polona, X, p. 171 sq.
26 I. Holl, « Mittelalterarchäologie in Ungarn, 1946-1964 », Acta Archaeologica Academiae Scientiarum Hungaricae, 22, 1970, p. 365-411.
27 V. Nekuda, Zmizely Zivot. Vyskum zaniklych stredovekych osad no uzemi CSSR (Missing Life. Research of Deserted Medieval Villages in CSSR), Brno, 1967.
28 J. G. Hurst insiste dans sa définition de la maison longue sur le fait qu’elle abrite sous le même toit que les habitants les récoltes et le bétail.
29 En France, les sites de Montaigut et de Condorcet présentaient également de nombreux silos piriformes : ceux-ci étaient absents, au contraire, à Dracy et à Saint-Jean-le-Froid, mais dans ces deux derniers sites, le sous-sol ne se prêtait pas à de tels aménagements. Cf. Archéologie du village déserté, Paris, A. Colin, 1970.
30 N. Constantinescu, « Le stade et les perspectives de la recherche archéologique du village médiéval de Roumanie », Dacia, nouvelle série, VIII, 1964, p. 265-278.
31 Sur les fouilles de Rougiers, G. Démians d’archimbaud, « L’archéologie du village médiéval, exemple anglais et expérience provençale », Annales E.S.C., 1962, p. 477-488. Id., « Archéologie et villages désertés en Provence : résultats des fouilles » Villages désertés et histoire économique, Paris, 1965, p. 287-301. Id., « Problèmes d’archéologie rurale en Provence », Actes du 90’Congrès des Sociétés Savantes (1965), Paris, 1966, p. 125-137. Sur les fouilles de la VIe Section de l’École Pratique des Hautes Études, W. Hensel et coll. « Le village déserté de Montaigut » et « Le village déserté de Saint-Jeanle-Froid », dans Villages désertés et histoire économique, p. 303-326 et 327-339 ; Archéologie du village déserté, Paris, A. Colin, Cahiers des Annales 27, 1970, 2 vol. Sur la maison des Varnes à Bruère-Allichamps, E. Hugoniot « Une aire d’habitation à Bruère-Allichamps (Cher) », Revue Archéologique du Centre, avril-juin 1969, p. 111-132. Sur le village du haut Moyen Âge en France, les recherches les plus intéressantes, celles de P. Demolon à Corbehem (Nord), celles de G. Fournier à Ronzières (Puy-de-Dôme) n’ont pas encore été publiées ; on peut cependant citer J. Scapula, « Habitats successifs sur la butte d’Isle-Aumont (Aube) », Revue Archéologigue de l’Est et du Centre-Est, tomes VII et VIII ; P. Pétrequin et J.-L. Odouz, « Fouilles d’une cabane et de sépultures à Mandeure (Doubs) », Revue Archéologique de l’Est et du Centre-Est, t. XVIII, 1967, p. 177-184.
32 Il faut cependant nuancer : on a vu que les habitations et le matériel domestique reflètent les divers niveaux de la société villageoise. De même, les vestiges animaux permettent, dans certains cas, d’apprécier l’importance de l’élevage que les documents écrits éclairent assez mal. Enfin, la fouille atteste que forges et officines de potiers étaient très souvent présents dans le village ; l’importance du forgeron de village a été reconnue par les historiens, celle du potier l’était moins jusqu’à présent.
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Séjourner au bain
Le thermalisme entre médecine et société (xive-XVIe siècle)
Didier Boisseuil et Marilyn Nicoud (dir.)
2010
Le Livre de saint Jacques et la tradition du Pseudo-Turpin
Sacralité et littérature
Jean-Claude Vallecalle (dir.)
2011
Lyon vu/e d’ailleurs (1245-1800)
Échanges, compétitions et perceptions
Jean-Louis Gaulin et Susanne Rau (dir.)
2009
Papauté, monachisme et théories politiques. Volume I
Le pouvoir et l'institution ecclésiale
Pierre Guichard, Marie-Thérèse Lorcin, Jean-Michel Poisson et al. (dir.)
1994
Papauté, monachisme et théories politiques. Volume II
Les Églises locales
Pierre Guichard, Marie-Thérèse Lorcin, Jean-Michel Poisson et al. (dir.)
1994
Le Sol et l'immeuble
Les formes dissociées de propriété immobilière dans les villes de France et d'Italie (xiie-xixe siècle)
Oliver Faron et Étienne Hubert (dir.)
1995