Avant-propos
p. 7-8
Texte intégral
1Lorsque débuta l’enquête archéologique sur les villages désertés, il s’agissait pour la première fois en France d’étudier, au moyen de fouilles, les éléments matériels qui caractérisent les modes de vie des sociétés rurales médiévales. Jusqu’alors, l’archéologie ne s’était guère aventurée dans les périodes postérieures à l’an 800 – qui constituait son terminus administratif – et n’y avait guère porté son attention sur des établissements qui ne fussent de caractère monumental. Dans ce domaine, la recherche française accusait un certain retard sur ce qui avait été entrepris, notamment depuis l’après-guerre, en Allemagne, en Angleterre ou au Danemark. Ce retard fut assez rapidement réduit par la réalisation de plusieurs chantiers de fouilles dans le cadre universitaire : l’École des Hautes Études en Sciences Sociales sur les sites de Condorcet (Drôme), Montaigut (Tarn), Saint-Jean-le-Froid (Aveyron) et Dracy (Côte-d’Or), l’université de Provence à Rougiers (Bouches-du-Rhône) sous la conduite de G. Démians d’Archimbaud et l’université de Caen dans les enquêtes sur les habitats seigneuriaux ruraux initiées par M. de Boüard. Ces institutions sont devenues à ces occasions, et constituent encore aujourd’hui, les principaux laboratoires français d’archéologie médiévale. Les promoteurs de ces entreprises de fouilles d’habitats ruraux ont alors bénéficié des expériences de certains de leurs prédécesseurs étrangers, engagés plus tôt dans une archéologie méthodologiquement rigoureuse, et il faut citer à cet égard les chercheurs anglais du Deserted Medieval Research Group et ceux de l’Instytut Kulturii Materialnej de l’Académie polonaise des Sciences. Dans les années soixante-dix c’est en direction de l’Italie, de l’Espagne et de la Grèce que des chercheurs français vont être appelés à jouer à leur tour un rôle similaire.
2On peut dire que cette recherche archéologique, en prenant comme premier objet les villages désertés, naquit en quelque sorte sur un mal-entendu : dans la démarche originelle, qui était celle de l’histoire économique, on pensait en effet interroger des sites d’habitats abandonnés sur les causes particulières de leur désertion, un des phénomènes majeurs de l’histoire des campagnes au bas Moyen Âge. On acquit à vrai dire peu dans cette optique, mais en revanche que de données nouvelles on exhuma ! Ce sont non seulement les circonstances, les modalités, la chronologie de l’abandon de ces établissements, mais aussi et surtout les innombrables aspects de l’activité paysanne et des modes de vie à la veille de cet abandon qui furent mis au jour et constituent un apport essentiel à la connaissance des sociétés rurales du Moyen Âge, dont l’étude à partir des seuls textes fournit une image si floue et si partielle.
3Malgré les développements récents de l’archéologie médiévale rurale en Europe, ce champ de la recherche manque encore d’œuvres de synthèse, qu’il s’agisse de monographies ou de mises en perspective des « archives du sol ». C’est pourquoi il a paru utile de rassembler ces études et de les proposer en un volume qui se présente tout à la fois comme un apport global à la connaissance de la culture matérielle des villageois du bas Moyen Âge et comme le témoignage de l’évolution de la pensée et des connaissances dans ce domaine.
4Les matériaux qui ont servi de base à cette démonstration provenant en majeure partie du site bourguignon de Dracy, il est juste de citer ici les personnes qui, aux côtés de Jean-Marie Pesez, ont dirigé ce chantier depuis les origines, en particulier A. Abramowicz, M. Glosek, † A. Nadolski, F. Piponnier et T. Poklewski. Il faudrait bien sûr mentionner aussi les étudiants qui ont participé à ces fouilles, mais, même si l’on se limitait à ceux qui figurent aujourd’hui parmi les acteurs de l’archéologie, leur nombre ne le permettrait pas. Enfin, il faut remercier ceux qui ont contribué à la réalisation du présent ouvrage : D. Alexandre-Bidon, N. Dusserre et P. Veyriras.
5décembre 1997
Post scriptum
6Jean-Marie Pesez est décédé en septembre 1998, quelques mois avant la mise sous presse de cet ouvrage. Ce projet éditorial, qui était dans mon esprit destiné à offrir un outil commode aux chercheurs, aux étudiants et au public, en même temps qu’un témoignage de reconnaissance à l’occasion de son départ en retraite, revêt désormais, aussi, le caractère d’un hommage à son apport scientifique et d’un témoignage de la pérennité de son œuvre.
7J.-M. P.
janvier 1999
Auteur
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