Pèlerins à Saint-Maurice d’Agaune
Les métamorphoses des Thébains à la fin du Moyen-Age
p. 789-809
Texte intégral
1A l'aube de la Renaissance, si les chemins valaisans du Grand-Saint-Bernard ne sont plus aussi fréquentés qu'autrefois, et si les auteurs de chorographies pour la plupart, ne localisent plus autour d'Agaune les « sommets des Alpes », la circulation marchande en direction du Simplon demeure assez forte pour entretenir à Saint-Maurice, comme le notait J. Stumpf, « de bonnes auberges et des dépôts considérables »1. Ces auberges n'accueillent pas seulement des muletiers, mais, selon Aymar du Rivail, bon connaisseur du pays « une foule de chrétiens qui vont visiter les reliques de saint Maurice »2. Ainsi, après mille années d'existence, le souvenir des Thébains n'apparaît pas affaibli. Il est vrai que Maurice appartient au cercle très restreint des grands saints tutélaires, protecteurs de royaumes ou de principautés ; « compagnons du pouvoir » depuis l'âge carolingien3, ses armes servent d'emblèmes impériaux, ses reliques sont conservées dans des cathédrales ou des nécropoles royales, et les princes qui se partagent le territoire de l'ancien « royaume d'Arles » se disputent les insignes du vieux protecteur et les déploient dans les cortèges4. Une iconographie prestigieuse, susceptible de stimuler le culte s'ajoute donc à l'ancienne puissance thaumaturgique des Thébains. De plus, la « sainte légion » victime d'un tyran, inspire les chants patriotiques des confédérés luttant pour leur indépendance ; elle est, à Soleure et Zurich, popularisée par des jeux théâtraux5 et l'on exhume encore parfois, peu avant 1500, des restes de ses cohortes6.
2En outre, les évêques de Sion, comme les chanoines de Saint-Maurice, accueillent libéralement voyageurs, huinanistes et pèlerins. Sebastien Munster, Jean Stumpf, Josias Simler, bénéficièrent de cette hospitalité généreuse, comme avant eux le médecin astrologue Simon de Phares. Les religieux montraient à leurs hôtes les vieux cartulaires, ouvraient les arches de leur trésor et racontaient volontiers les miracles qui avaient ponctué le sacrifice de la légion thébaine et les mirabilia dont les parois rocheuses et les berges du Rhône restaient encore marquées...7.
3C’est pourquoi, nul annaliste ou descripteur n'omet d'évoquer les martyrs d'Agaune ; Mathieu Thomassin, Jean Lemaire de Belge, Symphorien Champier, Aymar du Rivail, Sebastien Munster, Josias Simler et l'auteur inconnu des « Chroniques du pays de Vaud », consacrent paragraphes ou chapitres aux événements d'Octodurum et d'Agaune, et y insèrent quelquefois de bien curieuses leçons. Si tous n'ont pas foulé le champ de Verolliez, tous ont puisé aux récits des voyageurs. Or trois d'entre eux, par chance, nous ont laissé des notes plus ou moins abondantes de leur étape mauricienne. En 1396, l'année de Nicopolis, Ogier VIII seigneur d'Anglure en Champagne, au retour de son Saint voyage de Jherusalem, fit halte « en l'église de saint Moris en Chambely ». Près d'un siècle plus tard, en 1486, Georges Langherand maire de Mons en Hainaut « pour l’honneur du saint dimanche » entendit la messe dans l'église d'Augaune et se fit montrer les reliquaires. Mais surout en 1474, Hans von Waltheym bourgmestre de Halle sur la Saale revenant d'un pèlerinage provençal, arriva un jour de mai à Saint-Maurice accompagné de son ami bernois Hans Hulde, et de son valet Kunz. Waltheym, notable d'une ville placée depuis plusieurs siècles sous la protection mauricienne désirait tout connaître du légendaire agaunien et consacra deux journées à visiter les églises et à contempler leurs trésors8.
4Ces trois pèlerins, guidés par les religieux relatent d'après eux les circonstances du martyre, informent sur la sacralité des lieux, et retransmettent surtout l'image qu'ils se faisaient de Maurice et de ses compagnons ; du même coup, ils permettent de comprendre les ornements touffus qui, chez les chroniqueurs, masquent ou parfois déforment la double tradition hagiographique9. Suivons pas à pas ces témoins et écoutons leurs propos, en commençant par le plus prolixe d'entre eux, le bourgmestre Hans von Waltheym.
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5Après avoir franchi le pont du Rhône, dont Hans, respectueux de la fable, attribue la construction au diable10, notre voyageur découvre la ville « où — l'endroit étant encore inhabité — le vénérable prince et duc saint Maurice a été décapité au pied d'un rocher très élevé. Là aujourd'hui s'élève un monastère, et le lieu où saint Maurice a été décapité se trouve dans l’abside de l'église, à main droite. Et lorsque saint Maurice a été décapité, on lui a coupé la tête avec sa propre épée. Moi Hans de Waltheym ai tenu cette épée dans mes propres mains et l'ai vue de mes propres yeux... »11.
6Si l'identification du glaive mauricien n'est guère surprenante (l'insistance de Hans n'est pas dépourvue d'hostilité envers Charles IV de Luxembourg et Sigismond, accapareurs, mais aussi dévaluateurs de reliques thébaines)12, la localisation du martyre soulève, par contre, plus de questions ; celle qui est indiquée ici va contre les traditions étrangères ou locales, en apparence du moins. La légende viennoise élaborée à la fin du IXe, ou au Xe siècle, voulait que les Thébains et leurs officiers aient été suppliciés sur les rives du Rhône et qu'ainsi, le chef du Primicier, porté miraculeusement par le fleuve, fut parvenu jusqu'à Vienne où il avait été recueilli par l'évêque Eoalde (croyance du IXe siècle) ou bien par saint Paschase (attribution attestée au XIe siècle)13. Selon les traditions agauniennes également, décimations et massacre avaient été perpétrés à quelque distance du monastère, officiers et légionnaires mêlés. A deux kilomètres de la basilique, au lieu-dit Verolliez, une chapelle dédiée à saint Maurice en rappelait dès le XIIe siècle, l’emplacement. Autour de l'oratoire s'étendait un « champ des martyrs » délimité par des murets à l'intérieur desquels il était interdit de faucher l'herbe ou de laisser paître le bétail. Lorsque Waltheym séjourna à Agaune, ses guides, peut-être honteux de leur misère, ne le conduisirent pas à Saint-Maurice de Verolliez ; les temps étaient difficiles, la guerre menaçait, et la chapelle était probablement ruinée ; quatre ans plus tard en effet, l'abbé Guillaume Bernard dut la faire totalement reconstruire14.
7Par ailleurs, les religieux pouvaient légitimement croire que le Primicier et ses compagnons les plus proches avaient été décapités à l'intérieur de l'actuelle enceinte monastique. La pseudo « fondation sigismondienne » du 30 avril 515 (acte probablement rédigé au début du IXe siècle) précisait en effet que seuls les corps des martyrs dont les noms étaient connus (Maurice, Candide, Exupère et Victor) reposeraient « infra ambitum basilice » tandis que les reliques des légionnaires demeurés anonymes seraient conservées « in loco aptissimo ». Les religieux qui conservaient la pierre sur laquelle le saint avait présenté sa tête au bourreau — identifiaient donc en toute logique lieux de sépulture et lieux de martyre, et faisaient de leur clôture un espace concrètement marqué par les prodiges alors survenus15. Voici ce que Waltheym retint de la décollation mauricienne :
« Lorsqu'on lui a coupé la tête, celle-ci a rebondi contre le rocher, et aussitôt, du roc dur et compact a jailli une source d'huile. Puis la tête du saint a rebondi une nouvelle fois contre terre et aussitôt, à cet endroit, est apparue une source d'eau vive.
« La source en question coule dans un bassin muré qui se trouve tout près du monastère. Il mesure vingt coudées de long et autant de large ; dans celui ci vivent des truites. Jamais aucun homme ne les y a mises, et jamais aucun homme n'en a capturées de vivantes. Il y a autant de truites dans ce bassin que de moines à Saint-Maurice et à Ripaille ; ni plus, ni moins ; et quand le temps arrive qu'un moine doive mourir, alors l’une des truites du bassin se met sur le dos, ventre en l'air et meurt huit jours avant le moine. Et lorsque l'événement se produit, les serviteurs de l'abbaye tirent le poisson hors de l'eau et l'enterrent. Cela arrive à tout coup, et à tout coup un moine meurt. Et la source d’eau vive est si abondante que son eau fait tourner les roues des moulins dans la ville.
« Item, la source d'huile dans le rocher était si généreuse qu'on entretenait grâce à elle 900 lampes brûlant jour et nuit sans jamais s’éteindre... ».
8Le jaillissement de fontaines constitue, comme on sait, un lieu commun de l'hagiographie. A Limoges, Saint-Germain-l'Herm, Neuffons etc., la projection des membres mutilés des martyrs donne naissance à une ou plusieurs sources ; l'écoulement d'huile demeurant toutefois extraordinaire16. Toute référence au réel ne doit pas être ici délibérément écartée. Si Sébastien Munster, fort curieux de fontaines et de minéralogie, ne signale que quelques veines de charbon de terre d'ailleurs éloignées de Saint-Maurice17, les moines avaient peut être connaissance d'exfiltrations bitumineuses proches de sources salées ou sulfureuses assez nombreuses en Valais. Mais ils interprétaient surtout, par l'allégorie, la richesse spirituelle et matérielle des temps sigismondiens, ainsi que les possibilités métaphoriques offertes par la vita du saint roi. L’acte de fondation de 515 déjà cité énumérait les curtes et les oliveraies d'Italie assignées par Sigismond à l'entretien de la laus perennis et du luminaire, et la légende voulait qu'un ange ait ordonné au roi pénitent, pour la rémission de son crime, d'instituer à l’abbaye d'Agaune neuf chœurs à la façon des neuf chœurs angéliques chantant incessamment les louanges de Dieu. Le roi put voir et entendre ces chœurs auxquels se mêlaient les voix des martyrs thébains ; il décida alors de rassembler « neuf cents chantres divisés en neuf chœurs qui ne cesseraient jamais »18.
9La similitude établie entre les lampes et les chantres, entre la psalmodie perpétuelle et la splendeur lumineuse du sanctuaire, illustrait parfaitement la fonction majeure de la psalmodie monastique élucidant le monde et abolissant les bornes de la surnature. Encore fallait-il que les moines participassent saintement à cette louange perpétuelle qui leur apportait la lumière. Or, retint Waltheym, tant que les moines vécurent dans la pureté, la source entretint le merveilleux luminaire et le monastère fut comblé de droits, de terres et d'hommes. Mais, « après un certain nombre d'années », les bénédictins négligèrent leur fonction liturgique, la discipline de leur ordre et les travaux manuels. Au surplus, ils enlevèrent et déshonorèrent un grand nombre de femmes. C'est pourquoi Dieu fit tarir la source et incita les princes à reprendre les terres et les droits que leurs ancêtres avaient concédés. L'explication donnée ne visait pas seulement les moines noirs, puisque Waltheym rapporte que les sanctions s'abattirent sur « d'autres religieux vivant à Saint-Maurice »...19
10Cette fable mélancolique exprimait tout d'abord la nostalgie de la grandeur passée. En 1474 les chanoines savaient bien que Saint-Maurice n'était plus le lieu d'élection et de couronnement des grands rois. Les princes, s'ils venaient parfois quémander des reliques, ne se faisaient plus inhumer dans les cryptes ; surtout le déchiffrement des cartulaires de l’abbaye révélait que nombre de domaines disséminés entre le Barrois et la Lombardie avaient été définitivement perdus... par l'indiscipline des anciens ! L'histoire ainsi racontée aux pèlerins présentait un visage bien étrange ; elle évoquait la nécessaire réforme (grégorienne ?) mais faisait fi de la rapacité des comptes jusqu'en 1128, puis de leur pesante avouerie. Les chanoines avaient-ils donc fait leur une relation du passé dictée par les princes ? L'espérance toutefois demeurait : la dénonciation de l'incontinence, l'accent mis sur la nécessité du travail manuel traduisaient une volonté de réforme, une quête de pureté susceptible de regagner la faveur divine. De celle-ci, les traces étaient encore palpables. Waltheym, comme on le lui avait demandé, introduisit le doigt dans une fissure rocheuse et constata qu'au fond subsistait une humidité grasse20.
11Restait d'ailleurs la source d'eau pure, jaillie du rocher et alimentant un vivier aux vertus telles que l'on pouvait y lire l'avenir proche de la communauté monastique. Près d'un siècle après Waltheym, Josias Simler entendit d'identiques propos émis par « des hommes graves étrangers à toute superstition » ; mais d'autres, précisa-t-il rejetaient cette « fable » ; pour eux, pas de doute, les truites venaient du Rhône et leur mort ne présageait rien21. A la fin du XVIe siècle toutefois, la fontaine augurale Saint-Maurice d'Agaune était si célèbre, que frère Nicolas Taillepied en décrivit les singularités, très légèrement modifiées dans son traité sur l'apparition des esprits et que S. Beraudy dans son Histoire du glorieux saint Sigismond martyr commenta longuement ce « miracle discontinué depuis l'an 1615 »22.
12Les qualités particulières attribuées à la fontaine d'Agaune avaient déjà en 1474 plusieurs millénaires d'existence et la sacralisation de cette source, dès l'antiquité classique, ainsi que le culte qui y était célébré, contribuèrent très certainement à la localisation du martyrium ainsi qu'à la puissance des reliques que Théodore y avait rassemblées23. Les pèlerins qui, auprès des châsses thébaines et sigismondiennes imploraient la disparition de leurs fièvres, de leurs paralysies, ou la résurrection d'un enfant mort-né, interrogeaient-ils les eaux pour connaître leur destinée ?24 La christianisation de la fontaine sacrée, telle qu'elle apparaît grâce au témoignage de Waltheym, s'était également accompagnée d'une transformation radicale des rituels auguraux. On ne provoquait plus les présages en jetant quelque objet dans les eaux ; les moines se bornaient à constater et interpréter des faits, somme toute naturels. « Dieu se fait admirer en des choses naturelles » expliqua plus tard le P. Beraudy. La consultation de la source ne constituaient donc pas une de ces abominables pratiques que dénoncèrent, au temps de la Contre-Réforme, J.-B. Thiers ou N. Taillepied, mais tout au contraire, pour de bons catholiques, un memento mori susceptible de soutenir les moines dans leur préparation au passage25.
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13Là ne se bornaient pas les prodiges. Les pèlerins contemplaient et vénéraient, dans l'église, les reliques de Maurice et de ses officiers. En 1225, l'abbé Nantelme avait, lors d'une « relevatio » solennelle présidée par Jean de Bernin archevêque de Vienne, extrait de la crypte carolingienne les reliques, et placé le corps de Maurice dans une chapelle jouxtant l’abside. Cette chapelle reliquaire, « à main gauche dans l’abside » dit Waltheym, avait été réédifiée grâce aux aumônes de Félix V. C'était encore là que le trésor d'Agaune était exposé au XVIIe siècle26.
14A côté des châsses, des armes, des chefs ou des bras reliquaires, deux objets provoquaient la stupéfaction des pèlerins : deux vases pleins de sang des Thébains et, en particulier, une aiguière merveilleusement décorée27. Waltheym n'en souffle mot, on comprend bien pourquoi. Mais le sire d'Anglure quant à lui, fut fortement impressionné par l'histoire de ces vases ; rapportant le martyre des Thébains, sans doute tel qu'on le lui commentait, Ogier note : « les anges reçurent partie de leur sang et en emplirent icelles deux ampoules que ils mesme apportèrent de Paradis. Et peut on bien assez cognoistre qu'elles ne furent oncques faites de main d'homme terrien... Et icelles ampoules scella monseigneur saint Martin de son grant sceel, et en sont encore scellées... »28.
15Dès l'époque mérovingienne, les poètes avaient évoqué une terre d'Agaune perpétuellement empourprée par le sang des martyrs29. La plus ancienne liste des reliques de l’abbaye d'Engelberg (XIIe siècle) mentionnait « de la terre trempée de sang d'Agaune »30 ; depuis très longtemps aussi, les ampoules que les gardiens du trésor présentaient aux pèlerins passaient pour être celles de saint Martin. Selon une légende dont les plus anciennes traces datent de 1168, Martin au retour d’un pèlerinage romain serait allé lui-même demander aux religieux de Saint-Maurice des reliques thébaines et, grâce à ses prières, aurait obtenu de Dieu ce que les moines lui refusaient. Au début du XIIIe siècle Péan Gastineau, dans sa Vie monseigneur saint Martin, vulgarisa les épisodes majeurs de ce pèlerinage martinien ; conduit par les moines sur le champ de Verolliez, Martin gratte le sol avec un coutelas afin d’en détacher quelques mottes, mais « Saillit.../ Un bouillon de sang contremont/ Martin a III ampoles prises/ Si y a des reliques mises/ Que nostre Sire li donna »31...
16Dans cette œuvre, le pèlerinage a lieu bien après le martyre, les ampoules ont été apportées par saint Martin lui-même ; elles sont scellées de son sceau, et deux d'entre elles sont retenues par les moines. Or l'interprétation du seigneur d'Anglure s'écarte très fortement de ce modèle ; pour lui l'intervention angélique a lieu durant les décollations et Martin se borne à sceller les ampoules celestielles.
17En 1485 Georges Langherand donne, lui aussi, une relation fort ambiguë du miracle ; il voit « un reliquaire de saint Martin à la manière d'un pot de chucades (confitures) duquel l'on dit que, après que saint Maurice eust la teste tranchée, il recueilliz de son sang sur la terre et mesme d'un couteau qui nous fust monstré il relevoit ledit sang et le mit audit plat. Et après aucuns luy volrent oster icelluy sang, et par miracle ce devint comme pierre... »32. Ici le partage des rôles entre Maurice et Martin devient bien incertain, et le lecteur pourrait croire que Maurice lui-même recueillit son propre sang... Deux siècles plus tard, le prêtre bolonais Sébastien Locatelli dit la messe au trésor et admire « les deux grandes carafes d’agathe qu'on dit avoir esté données par un ange au saint (Maurice) pour y recueillir le sang des martyrs, ses compagnons... »33.
18Ainsi la fréquente céphalophorie des compagnons de Maurice parvient logiquement à marquer le martyre de leur chef. A Zurich, Felix et Regula avaient porté leurs têtes jusqu'à l'endroit où devait s'élever la basilique dédiée à leur mémoire, et l'on croyait à Soleure que Victor, Ursus, Come et Damien, avaient agi pareillement sur les rives de l'Aar34. Maurice était en outre un vieux compagnon de Denis. L’auteur des récits légendaires reproduits dans les Miracula sancti Dionysii et les Gesta Dagoberti présente Maurice, Denis et Martin arrachant l'âme du bon roi aux démons qui voulaient l'entraîner en enfer35. Cette sainte association des patrons de la Gallia dont les noms se côtoient dans les laudes regiae devenus pour un temps les protecteurs de l'exercitus francorum était, au milieu du Xe siècle, rappelée par Rodolfe abbé de Saint-Maurice d'Agaune lorsqu'il demandait l'aide du roi des Francs pour la restauration du monastère36 ; quand saint Louis en 1264 obtint de l'abbé Girold des reliques du primicier, celles-ci furent d'abord conservées dans la chapelle Saint-Denis du château de Senlis37. En terre germanique, Saint-Emmeran de Ratisbonne, ancienne gardienne de la sainte lance, avait prétendu garder les restes de Denis. Ainsi, comme Denis, Maurice — par un miracle inouï — parfois suggéré dans l'iconographie a doublement triomphé de la mort physique, et cette victoire procède largement d'une vulgate martinienne que F. Lecoy de La Marche n'hésitait pas à qualifier de véritable chanson de geste38.
19C'est justement en héros d'épopée qu’apparaît parfois saint Maurice au crépuscule du Moyen Age...
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20En 1385, Ogier d’Anglure tire de son étape mauricienne de bien étranges leçons. Il a vu « de mult dignes reliques et belles, entre lesquelles nous fust monstré très grant partie du corps de Monseigneur saint Morise noblement envaissellé. Et si nous furent monstrées deux dignes ampoles plaines de sang de VI mille chevaliers qui furent occis illec près, pour maintenir nostre foy, et eulx combattant contre les mécréants »39.
21Notons qu'Ogier d'Anglure n'empruntait pas son récit aux jongleurs, mais aux gardiens des reliques ; certains d'entre eux se représentaient donc les chevaliers d’Agaune en combattants (Mathieu Thomassin, vers 1450, fait d'eux les vainqueurs de vilains nommés Breganz) finalement massacrés lors d'une bataille malheureuse contre les infidèles40.
22Cette ramification légendaire était-elle vraiment neuve ? Procédait-elle seulement de l'imaginaire héroïque du XIVe siècle, d'une aristocratie militaire peu encline à concevoir un saint chevalier tendant volontairement le cou au glaive des mécréants ? Il ne le semble pas. Le témoignage du sire d'Anglure éclaire en effet fort crûment un propos énigmatique de Gervais de Tilbury. L'auteur des Otia imperialia, relatant les origines du cimetière des Alyscamps béni par le Christ lui-même, rappelle tout d'abord que les corps d'innombrables chrétiens, confiés à des barques sans nautes, parvinrent par le Rhône des régions les plus lointaines jusqu’à leur sépulture à l'ombre de Saint-Honorat. Au centre du cimetière reposent surtout nombre de paladins ; et Gervais exaltant le vieux royaume de Bourgogne dont Arles devait être la tête, précise : « Apud omnes majores autoritatis Galliarum principes et clericos inolevit, quod maxima potentum pars, qua in Galliis aut circa Pyreneos montes aut Alpes Pennines in pugnis paganorum moriebantur, illec sepulturam habent »41.
23La localisation des combats dans les monts Pyrénées ne laisse évidemment aucune place au doute ; vers 1200 dans la vallée du Rhône, chacun savait depuis deux générations au moins que les héros bourguignons de Roncevaux (et parmi eux Samson) avaient trouvé en Arles la terre salvatrice du repos éternel. Mais de quels combats dans les Alpes Pennines Gervais voulait-il parler ? Ce savant avait lu Pline, Tite Live, César et Ammien Marcellin ; il possèdait une excellente culture géographique et savait localiser très précisément le Mons Penninus. L'expression, sans aucun doute, veut désigner Agaune et donc évoquer le combat d’une légion thébaine massacrée par les infidèles. Le chef des vainqueurs pouvait bien se nommer Maximien ; une telle présentation des faits engageait irrésistiblement le lecteur des Otia dans une démarche analogique et faisait de Saint-Maurice d'Agaune l'harmonique de Roncevaux42.
24Du même coup, les Alyscamps d'Arles — et c'est bien l'image que désirait imposer Gervais — occupaient désormais le centre d’un espace protégé par deux frontières sacrées ; ils devenaient nécropole commune de paladins morts à Roncevaux comme à Saint-Maurice, et par là même, cimetière majeur d'un royaume d'Arles incluant symboliquement la Transjurane comme la Narbonnaise43. A la fin du XIVe siècle, cette similitude Roncevaux/Agaune semble être assez largement acceptée, même à la cour de France, car l'illustrateur du Bréviaire de Charles V n’hésite pas à représenter un Maurice blanc martyrisé par des bourreaux noirs44. L'homologie s’exprime également dans la statuaire germanique, puisque souvent, les Maurices et les Rolands des ville de Hanse portent d'identiques armes, sont figurés dans les mêmes attitudes et ont une manière commune de porter la lance...45.
25La « roncevalisation » d'Agaune et la métamorphose des Thébains en preux ne fut, notons-le bien, qu’une ornementation latérale de la légende mauricienne. J. Devisse avait observé — sans pour autant l'expliquer — que Maurice, saint protecteur des armées, modèle des vertus militaires, invoqué lors de l'adoubement, n'était pas devenu une figure marquante de la culture chevaleresque46. Et pour cause : Maurice appartenait tout d'abord aux souverains ou aux princes ecclésiastiques et, au temps où s'élabora le système des valeurs aristocratiques, sa vita s'accordait bien mal aux modèles reçus par la culture profane47. Toutefois, lorsque les cours princières se laïcisèrent, quand les valeurs mondaines prévalurent au sein de la chevalerie, les potentialités épiques des martyrs thébains, jusqu'alors contenus, purent assez librement s'épanouir, par le discours et par l'image.
26L’héroïsation procédait de sources fort diverses ; de l'iconographie tout d'abord, présentant dans l'aire alémanique surtout, Maurice ou ses officiers chargeant comme des chevaliers, l'étendard à la dextre, ou bien debout derrière leurs écus et armés de toutes pièces48 ; de la lecture des chroniques qui localisaient vers Agaune et Octodurum de multiples combats49 ; de la légende de Théodule qui transformait l'évêque de la « relevatio » en contemporain d'un Charlemagne lui devant son salut, et offrant à Notre-Dame de Sion la Préfecture du Valais (i.e. droits comtaux) par l'épée qui la symbolisait50. Cette héroïsation puisait naturellement à la Geste du vieux Girard rassemblant ses milites derrière « l'enseigne saint Maurice » et les ralliant en clamant son nom51 ; elle s'alimentait à la puissance victorieuse de la lancea sacra dressée devant l'empereur au Lechfeld après l'avoir été, croyait-on, en Espagne devant Charles le Grand52. Cette héroïsation enfin, était suggérée, au cœur même du sanctuaire d'Agaune, puisque parmi les châsses proposées à leur vénération, les fidèles découvraient un reliquaire « sancti Karoli Magni ecclesiae datum super quo victos infideles jurare faciebat ad fidem et servandam... ». La chevalerie du dux Maurice n'avait-elle pas remporté des victoires préfigurant celles de l'empereur Magne, avant de succomber à Verolliez ?53
27Car pour Ogier d'Anglure, comme pour Hans von Waltheym, les Thébains sont chevaliers et Maurice prince54. Les maîtres du Parlement de Paris qui, en octobre 1400, prononcent leur arrêt en faveur de l'église de Vienne, ne les désignent pas autrement ; comme après eux Hartmann Schedel ou Aymar du Rivail parmi bien d'autres55. Patron d'ordres de chevalerie créés par des souverains, Maurice ne peut être que de très haut lignage. C'est d’ailleurs en seigneurs revêtus de cottes et d'armures précieuses que les imagiers figurent les principaux Thébains. Croix pectorales, ceintures ornées de pierres rares, couronnes ou chapeaux ruisselants de rubis et de perles, définissent la qualité sociale du primicier et des ses lieutenants56. Peintes au temps de Waltheym, les fresques de la crypte du Grossmunster de Zurich représentent Maurice à la tête de sa légion de cavaliers, accueilli devant la porte d'une cité par les magistrats, tel un souverain lors de sa première entrée57.
28Interprétation flamboyante et mondaine d'un art de cour conquérant ? Pour une part sans doute ; mais n'oublions pas que, depuis plusieurs siècles, les moines et évêques détenteurs de reliques thébaines avaient voulu, en toute conscience, présenter des figures de rois à la vénération des fidèles, eux-mêmes avides de telles images.
29On sait que Boson — d'après son épitaphe et sa notice obituaire — aurait fait ciseler, pour la tête du martyr, un reliquaire en forme de chef, orné d'or et de pierres précieuses. Ce chef coiffé d'une couronne fut, un demi siècle plus tard, enrichi d'un second diadème offert par le roi Hugues. Le chef-reliquaire couronné de Saint-Maurice de Vienne, aurait ainsi le redoutable honneur d'être le premier chronologiquement connu...58
30R. Poupardin, E.P. Schramm et E. Kovacs ont voulu croire que les « restaurations » réalisées au XIe siècle n’avaient pas dénaturé l'architecture primitive des deux couronnes, et que les descriptions de Peiresc (1612) en restituaient l'allure originelle59. Ces auteurs n'ont aucunement critiqué la date de l'épitaphe de Boson, pas plus que sa notice obituaire ; mais surtout le symbolisme politique très riche de ce chef-reliquaire (la couronne dite de Boson avec ses deux étriers orthogonaux est une « couronne fermée »...) n'a guère retenu leur attention... Il y aurait lieu, me semble-t-il de réviser les dates des « couronnements » successifs du chef de Saint-Maurice de Vienne, peut-être contemporains des concessions de domaines fiscaux, d'immunités et de regalia dont cette église fut au Xe siècle comblée60. Il serait bon surtout de s'interroger sur la signification temporelle de ces couronnements. Quand les moines de Saint-Denis, vers 1160, rédigèrent le privilège d'un pseudo Charlemagne reconnaissant tenir son royaume de Dieu par l'intermédiaire de saint Denis, ils prirent bien soin de préciser que le roi empereur en déposant sa couronne sur l'autel, reconnut ostensiblement la seigneurie — le dominium regale — du martyr61. Un siècle plus tard encore, lorsque Guillaume II Durand, évêque de Mende, eut à défendre les droits régaliens de son église contre les prétentions des officiers royaux, il prétendit que les évêques avaient été de toute ancienneté « souverains du Gévaudan » et que le sceptre que tenait en main l'image de saint Privat constituait le signe évident de leurs droits62. Ainsi, l'ostension d’emblèmes royaux légitimait les pouvoirs exercés, en même temps qu'elle répondait aux besoins des hommes de ce temps. Par le chef doublement couronné (référence probable à la réunion des deux royaumes) l'archevêque de Vienne tenait de saint Maurice comme Charlemagne de saint Denis. L'image royale du saint protecteur était, dans le Viennois, à profusion répandue : sur les sceaux de l'église, Maurice apparaissait en majesté et tenant un sceptre63 ; son chef couronné se retrouvait sur les deniers frappés avant 1050, et l'insigne relique était portée quatre fois l'an dans la ville, et lors des entrées princières ou archiépiscopales64. A Saint-Maurice d'Agaune également, le chef de saint Candide fut, à la fin du XIIe siècle, surmonté d'une couronne fermée et, après 1225 sur la châsse de l’abbé Nantelme, Maurice assis tel un souverain sur un large trône — insigne majeur de majesté selon E.P. Schramm — et tenant en senestre une palme évoquant un sceptre, accepte, bras droit tendu, la couronne que le roi Sigismond agenouillé lui présente, ainsi que les épées offertes en hommage par ses fils65.
31Comment, devant ces images multiples et insistantes, pèlerins et chroniqueurs n’auraient-ils pas cru que Maurice était de souche royale ? « saint Maurice estoit nepveu filz de la soeur de Sigismond IVe de ce nom, roy des Allobroges »... Symphorien Champier, auteur de ces lignes66 se bornait comme beaucoup d'auteurs contemporains à puiser dans les généalogies fabuleuses des rois de Bourgogne, multipliées au XVe siècle67 ; toutes mentionnaient plusieurs Sigismonds ; le premier d'entre eux roi et martyr passait pour contemporain de Dioclétien. Ce Sigismond mythique dont les qualités étaient logiquement attribuées aux successeurs du même nom, avait été grand fondateur d'églises, grand constructeur aussi ; l'un de ses descendants avait victorieusement combattu les Huns, et le saint roi « père de trois gémeaux » (S. Champier) pécheur insigne, mais sauvé et puissant thaumaturge68 — grâce peut être à un Théodule — est déjà figuré, sur la châsse de l'abbé Nantelme, sous l'aspect d'un vieillard à barbe blanche ; on le représente à Fribourg au XIIIe siècle ayant en main le globe crucifère, et deux siècles plus tard Piero della Francesca comme L. Cranach le Vieux choississent eux aussi de peindre un souverain chargé d'ans, à la barbe fleurie. Sigismond se transforme ainsi en figure archétypale de Charlemagne, Maurice préfigurant Roland69.
32La dynastie de Luxembourg ne fut certainement pas étrangère à cette progressive « impérialisation » sigismondienne, et Ton sait l’attention que portèrent Charles IV et l'empereur Sigismond au culte du roi Burgonde. C'est pourquoi Hans von Waltheym consacra une partie importante de son « journal agaunien » aux reliques du saint roi, et se fit raconter par le curé de Saint-Maurice la visite impériale aux termes de laquelle le chef de l'antique souverain fut transporté à Prague...70.
33Tous les pèlerins d'Agaune, et en particulier les citoyens du Valais et du Pays de Vaud, ne faisaient pas de Maurice le neveu d'un grand roi de Bourgogne. Les membres des communautés urbaines ou villageoises luttant pour leurs libertés associaient, depuis le XIVe siècle au moins, le martyre des Thébains aux combats qu'ils menaient contre la tyrannie. Ce furent probablement ces chants guerriers s'alimentant à la vieille tradition qui inspirèrent les lignes que l’anonyme auteur des Chroniques du Pays de Vaud consacra aux héros du pays d'Agaune71. Pour lui, Maurice, Candide, Exupere, Innocent et Victor avaient, par le succès de leurs prédications, converti au christianisme les cités de Sion, Genève, Nyon. Assiégées par les impériaux, ces villes durent capituler et, au mépris des conventions passées, leurs consuls furent décapités et leurs murailles abattues. Alors la légion thébaine et les habitants survivants se réfugièrent « en Agabum pour la chrestienne réformation », où une nouvelle fois encerclés par la soldatesque, les légionnaires furent mis à mort et le peuple décimé. Cette interprétation, à l'évidence marquée par les troubles religieux, transformait le primicier en prédicateur et « naturalisait » ses légionnaires en les associant aux communautés citadines dont les magistrats devenaient les premiers martyrs. Comme il se doit, la parole prenait ici le pas sur l'image jusqu'alors productrice majeure des métamorphoses thébaines.
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34Ces métamorphoses des Thébains, « filles échevelées » de la tradition hagiographique, témoignent tout d'abord, malgré leurs dissemblances, de la vitalité du culte mauricien. Si Ogier d'Anglure, Georges Langherand, Hans von Waltheym — ce dernier n'hésitant pas à prendre en main l'épée de la décollation — ne ressentent certainement plus, devant les reliquaires, l'effroi qui saisissait autrefois les pèlerins prosternés dans la pénombre des cryptes ; si chacun d'eux selon sa culture et sa nationalité choisit l'objet privilégié de sa contemplation, tous s'attendrissent et confortent leur foi à la vue des sacralités scintillantes offertes à leur soif de mirabilia ; ils entrelacent dans leur vénération, la fable, l’histoire et le sacré ; l'image certes, gouverne leur pensée, mais elle la vivifie. Je n'aurai donc pas l'outrecuidance de penser qu’au sortir d'Agaune, l'imaginaire enrichi de Hans von Waltheym avait étouffé en lui le sens de l'inimaginable...
Notes de bas de page
1 Cit. in L. Dupont Lachenal, « Agaune vu par ses hôtes au cours des siècles », dans Ville Congrès des Fêtes du Rhône, Lausanne, 1935, pp. 72-79.
2 A. Du Rivail, De Allobrogibus, libri novem (vers 1535), ed. A. De Terrebasse, Vienne, 1844, p. 71.
3 L'expression est de J. Devisse, « Un noir sanctifié, Maurice », in M. Mollat et alii, L'image du noir dans l'art occidental, t. II. Des premiers siècles chrétiens aux grandes découvertes, Paris, 1979, p. 159.
4 Je veux ici parler du royaume historico-légendaire s'étendant du Rhin à la mer et des Alpes aux monts Cévennes et donc aux Pyrénées ; royaume à la tête duquel se succèdent Allobroges, Burgondes, Bosonides et Rodolphiens.
5 H.G. Butz, « Les martyrs thébains dans l'art et la littérature de Suisse alémanique », dans Annales valaisannes, 2e s. t. VIII, 1952-1953, pp. 413-430. Un chant dédié à l’héroïsme de Maurice et des Thébains soutient les Appenzellois qui, au début du XVe siècle conquièrent leur indépendance. A Soleure, le Mystère de saint Ours est joué en 1502 puis en 1539. A Zurich, le jeu de Felix et Requla est, en 1504, mis en scène devant le Grossmunster.
6 Ainsi à Shoz, près de Lucerne, où l'on découvre en 1489 : 200 cadavres (référence momentanément perdue).
7 Cf. Dupont Lachenal, supra note 1 ; C. Santschi, « Jean Stumpf et l'historiographie valaisanne », dans Vallesia, XXIV, 1969, p. 170-171 ; J. Stumpf a eu en mains, comme J. Simler, le cartulaire de Saint-Maurice. Simon de Phares avait herborisé dans le Valais et séjourné plusieurs semaines dans l'abbaye où il partageait la table des chanoines. Il connaissait parfaitement les chroniques et légendes rhodaniennes ; recevant à Lyon dans son studium, une foule de clients et d’érudits curieux de son exceptionnelle bibliothèque, il contribua à les propager. cf. Elucidaire de Simon de Phares (vers 1490). Recueil des plus célèbres astrologues, ed. E. Wickersheimer, 1929, p. 142.
8 Ces relations ont été évoquées et pour certaines utilisées, mais très partiellement et sans commentaire critique par L. Dupont Lachenal, op. cit. supra note 1. Les éditions sont les suivantes :
a. Le sainct voyage de Jherusalem du seigneur d'Anglure, ed. F. Bonnardot et A. Longnon, S.A.T.F., Paris, 1878, pp. 100-101.
b. Voyage de Georges Langherand mayeur de Mons en Haynaut, ed. Marquis De Godefroy De Menilglaise, Mons, 1861, pp. 11-12. Ce qui concerne Saint-Maurice est reporduit dans E. Aubert, Le trésor de Saint-Maurice d'Agaune, Morel, Paris, 1872, t. II, p. 237.
c. Die Pilgerfahrt des Hans von Waltheym im Jahre 1474, herausgegeben von Friedrich Emil Weltii, Bern, Stampili, 1925. N. Coulet qui prépare une édition critique des séquences provençales de ce journal de pélerinage, m'a très amicalement transmis les pages relatives à Saint-Maurice d’Agaune ; qu’il trouve ici l'expression de ma gratitude, ainsi que J. Clerc, spécialiste de littérature germanique médiévale à l'Université de Lyon II, qui a aimablement traduit le texte difficile de Waltheym.
Halle, rattachée par Otton à l'évêché de Magdebourg, possédait probablement une chapelle dédiée à saint Maurice dès avant l'an mille. Monastère (1184), école, hôpital (1200) sont placés sous ce patronage. L'iconographie mauricienne est dans cette ville particulièrement riche ; plusieurs statues de Maurice se dressent dans l'église ainsi que sur la façade méridionale de l'hôtel de ville. Ernest de Saxe archevêque de Magdebourg (1476-1513) réduit les libertés municipales, édifie la forteresse de Moritzburg, et y accumule des reliques thébaines. Son successeur fait de la ville un centre de résistance à la réforme cf. J. Devisse, Un noir sanctifié, op. cit., pp. 155 et 182 ; Gude Suckale Redlefsen, Mauritius der heilige Mohr, Menil Foundation, Scheel und Steiner, Houston, Munchen, Zurich, 1987, p. 82 sq.
9 Traditions dérivées : 1/ de la Passion d'Eucher ; 2/ de la Passion anonyme récemment éditée par E. Chevalley, « La Passion anonyme de Saint-Maurice d'Agaune, édition critique», clans Vallesia, XLV, 1990, pp. 37-119.
10 Une chapelle dédiée à saint Michel, puis dès 1476 à saint Théodule gardait le pont dont l'arche unique impressionnait tous les voyageurs. La légende voulait que le diable ait construit le pont, contraint par le patron du Valais qui, déjà, lui avait joué de bons tours (cf. AA.SS. août II p. 278 sq). G. Langherand fait lui aussi état de la fable. Au XVIe siècle on attribua l'ouvrage à Jules César rendant ainsi la vallée inexpugnable : « lorsque le pont est levé, toute la région des Vallésiens est close comme une boette » écrit G. Paradin reprenant S. Munster.
11 Ainsi Waltheym ne croyait pas qu'Octodurum était l'ancien nom d'Agaune comme par exemple Aymar du Rivail (de Allobrogibus, ed. cit. p. 291) ou Marlian dans ses commentaires du De Bello Gallico. G. Tschudi, De prisca ac vera Alpina Rhaetia, Bâle, 1560, p. 100 et Beatus Rhenanus, Rerum germanicarum, Bâle, 1551, p. 139 distinguent Martigny/Octodurum de Saint-Maurice après une lecture critique de la Passion.
12 Waltheym revient un peu plus loin sur cette « sainte épée » qui dit-il « a une garde très courte mais une très longue lame (l'arme que mania Waltheym fut donnée en 1590 à Charles Emmanuel de Savoie, avec d'autres reliques, et désormais conservée à Turin). L'épée de saint Maurice était devenue, depuis 1365 un sujet d'âpres rivalités à l'intérieur de l'aire germanique. On sait que Charles IV de Luxembourg, désireux de rehausser le prestige des insignes impérieux, avait restitué à la lance de saint Maurice sa désignation de Lancea sacra imperialis (lance « constantinienne » de la Passion du Christ), lui substituant, comme emblème mauricien, l'épée du couronnement impérial, réputée instrument de la décollation du primicier. Cette substitution ne réussit pas à s'imposer dans le diocèse de Magdebourg ; cf. R. Folz La légende et le souvenir de Charlemagne dans l'empire germanique médiéval, Paris, 1950, p. 458 sq. également Gude Suckale-Redlefsen, Mauritius, op. cit. pp. 35 et 61 sq.
13 Question en partie traitée par P. Cavard, Vienne la sainte, Vienne, 1977, pp. 92-95, et étroitement liée à la possession, par la cathédrale, du chef de saint Maurice. Pour la critique des sources, cf. infra note 60 ; bornons-nous ici à croire, avec P. Cavard, que Vienne honorait sans doute des reliques thébaines dès l'épiscopat de saint Avit.
14 Ou Verolliat, ou Verollieu (verus locus ?) ; J.-M. Theurillat attribue la construction de cette chapelle à l'abbé Borcard, entre 1170 et 1178 ; elle est alors dite « capellam in medio prato ad opus infirmorum » ; « Textes médiévaux relatifs aux monuments archéologiques de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune », dans Genava, nouv. série, t. XI, 1963. L'édifice fut reconstruit à la fin du XIIIe siècle, et une nouvelle fois à la fin du XVIe siècle.
15 Texte de la « fondation sigismondienne » in Gallia Christiana, t. XII, Instrumenta c. 421. Document composé au début du IXe siècle ; cf. J.-M. Theurillat, op. cit., p. 164.
16 Liste de ces jaillissements dans P. Sebillot, Folklore de France. Les eaux douces, reprint, Imago, Paris, 1983, pp. 16, 17, 25.
17 S. Munster, Cosmographie universelle, Bâle, 1552, f. 377 sq. signale seulement une veine de charbon de terre « comme il y a à Aix-la-Chapelle et au Liège » dans la vallée de Bremis vis-à-vis de Sion.
18 La légende des trois visions angéliques de saint Sigismond est reproduite dans J. Bernard De Montmelian, Saint Maurice et la légion thébaine, Paris, 1888, t. 1., p. 382. Cette interpolation de la vita du saint roi ed. par M. Besson, Monasterium Acaunense. Études critiques sur les origines du monastère de Saint-Maurice-en-Valais. Fribourg, 1913, p. 134-139, est peut-être contemporaine de la fabrication de la châsse dite des enfants de saint Sigismond. Elle date probablement de la fin du XIIe siècle, emprunte à la légende de Théodule et exprime la conception d'une sainteté associant vie contemplative et vie active.
19 A quelle période historique les religieux de 1474 attribuaient-ils ce relâchement moral ? à l'âge précarolingien ? au temps de l'abbatiat laïc qui dura jusqu'en 1125 ? à la fin du XIIIe siècle qui vit s’installer le régime de la prébende ? S. Berody en 1665, l'imaginait contemporaine des successeurs immédiats d'Althée ; mais je croirais volontiers que les religieux du XVe siècle dataient cette décadence de la phase de « dilapidation » du patrimoine monastique · ceci à l’aide de leur cartulaire. Celui-ci, aujourd'hui conservé à Turin, révèle que, dans la seconde moitié du Xe siècle et au début du XIe siècle, l'abbaye dut aliéner une très grande partie de ses biens. Plus de 70 possessions furent ainsi soustraites à sa gestion ; dans le but de relever les ruines consécutives aux invasions et aux pillages écrit J.-M. Theurillat (« Textes médiévaux », op. cit. p. 166) pour une part, sans doute, mais probablement aussi, dans le dur contexte de la mutation féodale afin de chaser des milites, et d’encasteller.
20 Sur l’état de l'abbaye et de ses dépendances à la fin du XVe siècle, cf. O. Roduit, « L'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune de 1520 à 1572 », dans Annales valaisannes, 1987, pp. 111-154 et 1988 pp. 85 à 116. L'auteur, qui adopte un champ chronologique plus vaste que ne le laisserait supposer le titre de l'étude, brosse un tableau assez peu flatteur des mœurs du clergé agaunien autour de 1500. L’abbé Bernardi meurt en 1520 laissant un fils, comme le chanoine J. Bocquis ; la vie commune est pratiquement inexistante etc. voir pp. 125 et 139.
21 Ce vivier, auprès duquel il arrivait aux notaires d'instrumenter (J.-M. Theurillat, « Textes médiévaux », op. cit., p. 172) se trouvait dans le « clos » de l'abbaye au sud-ouest de la basilique. Curieusement les qualités de ce vivier n'ont été évoquées que par le chanoine P. Bourban, Les fouilles aux basiliques de Saint-Maurice d'Agaune, Zurich, 1917, pp. 205-207, qui ne cite que deux témoignages tardifs (XVIe et XVIIe siècles). La forme sous laquelle Waltheym entendit cette fable était relativement récente puisque le sort des communautés de Ripaille et d'Agaune se trouvait confondu. Le prieuré avait été fondé par Amédée VIII, futur Félix V, en 1410 ; règle, constitution et habit des religieux de Ripaille étaient ceux de Saint-Maurice. Voici ce qu’en dit J. Simler (Vallesiae et Alphum descriptio — 1574 — Lugdunum batavorum, 1633, pp. 92-93) : « Non possum hoc loco praeterire quod a viris gravibus ac ab omni superstitione alienis qui sese oculatos testes asserebant audivi, in piscina coenobii mauritiani, pieces servati pro fratrum numero, notis insignitos certis, quorum si quis moritur brevi fratrem aliquem consequi et omnino certissimam mortem fratrum alicui portendi si piscis mortuus in aquis appareat, quidam tamen fidem huic narrationi derogant atque nullos alios pisces in vivariis coenobii servari ajunt quam truttas e Rhodano huc deladelatas... ».
22 N. Taillepied, Psichologie ou traité de l'apparition des esprits, à scavoir des âmes séparées, fantosmes, prodiges et accidents merveilleux qui précèdent quelquefois la mort des grands personnages ou signifient changement de la chose publique, Paris, G. Bichon, 1588 (ed. utilisée, Rouen, 1609, p. 130). L'auteur ne cite qu'un autre exemple comparable « en la seigneurie de l'archevesque et Électeur de Trêves, se void un viver ou estang en lieu connu de ceux du pays, duquel quand il sort quelque poisson de grandeur démesurée et qui se monstre, on tient que c'est un certain présage de la mort de l'électeur et que, par longue suite d'années, on a vérifié ceste adventure ».
23 Tarnaia possédait un vaste sanctuaire dédié au Jupiter gaulois Taranis maître des eaux et de la foudre ; et la source d’Agaune bénéficiait d’un culte, antérieur semble-t-il à l'occupation romaine.
24 La tombe de saint Sigismond recueillit sans aucun doute l'héritage thaumaturgique de la « source thébaine » que la clôture rendait inaccessible aux laïcs.
25 P. Sebillot, Folklore de France. Les eaux douces, op. cit., pp. 66 et 78 : « Au début du XVIIe siècle dans certaines paroisses du Finistère, on faisait, le premier jour de l'an, à quelques fontaines des offrandes d'autant de pièces de pain, qu'il y avait de personnes dans la famille, jugeant de ceux qui devaient mourir dans cette année là, par la manière dont ils voyaient flotter les morceaux jetés en leur nom ». S. Berody, Histoire du glorieux Sigismond, op. cit., p. 128. J.-B. Thiers, Traité des superstitions selon l'Écriture sainte, Paris, 1697, p. 194 : « On distingue ordinairement deux sortes d'augures ou de présages ; les uns naturels, les autres artificiels. Les augures artificiels dépendent de l'institution ou de l'artifice des hommes pour deviner les choses qui doivent arriver non pas nécessairement, mais librement et volontairement. Les augures naturels sont permis pourvu qu’on n’en abuse pas... Les augures artificiels sont interdits ».
26 L. Dupont-Lachenal, « A Saint-Maurice d'Agaune au XIIIe siècle. L'abbé Nantelme (1223-1258) et la révélation des martyrs de 1225 », dans Annale valaisannes, 1956, p. 394. Étude minutieuse de l'événement, mais d'un point de vue délibérément local. La « relevatio », entourée d'un grand faste, procède certes d'un mouvement général de « relèvement » et d'ostension des reliques, mais aussi de faits intéressant le culte de saint Maurice ; en 1206, l'abbaye de Rheinau (diocèse de Coire) avait fait ciseler un chef-reliquaire du Primicier ; mais surtout le 28 IX 1220 l'archevêque de Magdebourg avait installé dans sa cathédrale un chef de saint Maurice obtenu de Frédéric II ; dans les mêmes années enfin, Zurich entourait d'une publicité toujours plus grande la céphalophorie de Felix et Regula en attendant celle d'Exuperantius. La chapelle évoquée par Hans von Waltheym se trouvait effectivement à main gauche dans l'ancienne église (abandonnée au XVIIe siècle) à laquelle on accédait par la tour-porche ; construite vers 1440 à l'extrémité orientale du collatéral sud, ses voûtes à clés armoriées sont encore visibles dans le corridor de l'abbaye actuelle. Sur le trésor, cf. E. Aubert, Le trésor, op. cit. ; P. Bouffard, Saint-Maurice d'Agaune. Le trésor de l’abbaye, introduction de J.-M. Theurillat, Bonvent, Genève, 1974 ; et la thèse à paraître de D. Thurre.
27 Ce sont les no 20 et 21 de l'inventaire du trésor de l'abbaye, écrit de la main de l'abbé J. Miles (1550-1572) : no 20 « Alabastrum ab angelo sancto Martino allatum in Viroleto » ; no 21, « Cantharus argenteus miro decore omatus quem sanguine sanctae Thebaicae legionis plenum idem sancus Martinus reliquerat ». Cf. E. Aubert, Le trésor, op. cit., t. II, p. 238-239, p.j. no 35.
28 Ibid. t. II, p. 237.
29 Hymnes de Venance Fortunat, de Walafrid Strabo, de Marbode de Redon etc. Au XVe siècle encore, un auteur évoque « les champs teintés de pourpre d'Agaune » (Bibl. de l'Arsenal, ms. 940).
30 E.A. Stuckelberger, Geschichte der Reliquien in der Schweiz, t. I, p. XXIX sq. Cit. in L. Dupont Lachenal, « L'abbé Nantelme », op. cit., p. 411, note 52.
31 Si Grégoire de Tours indique que les reliques de saint Gervais et saint Protais ont bien été apportées à Tours par saint Martin, il ne dit rien de tel pour celles des martyrs d'Agaune qui « ab antiquis fuerunt collocatae... ». La légende du pèlerinage martinien à Rome apparaît dans une vie de Saint Maxence à la fin du Xe siècle. La lettre des chanoines de Tours, en réponse aux questions de l'archevêque de Cologne (AA.SS. septembre VI, p. 385) est encore muette sur les vases apportés par les anges. Péan Gastineau (Vie Monseigneur saint Martin, B.N. ms. 7353, reprod. m J. Bernard De Montmelian, Saint Maurice, op. cit., t. II, pp. 293 et 352-353) se montre également fort discret sur ce point ; mais la « divine largitas » dans le premier texte, et l’ambiguïté entourant le don divin (sang ou fiole ?) dans le second, autorisaient tous les développements. Pour S. Berody (Histoire du glorieux Sigismond, op. cit.) saint Martin ayant rempli les deux vases qu'il avait apportés, demande l’aide de Dieu ; un ange, aussitôt lui laisse « un objet d'un prix inestimable » qu'il lui commande d'offir, avec son coutelas, à l'église d'Agaune.
32 Voyage de Georges Langherand, ed. cit. p. 12.
33 A. Vaultier, Voyage de France, mœurs et coutumes françaises (1664-1665). Relation de Sébastien Locatelli, prêtre bolonais, Paris, Picard, 1905, p. 303.
34 Sur la légende de Felix et Regula (AA.SS. Septembre III, c. 763 sq.), cf. R. Folz, Le souvenir et la légende de Charlemagne dans l'empire germanique médiéval, Paris, 1950 ; R. Walpen, Studien zur Geschichte des Wallis im Mittelalter (9 bis 15 Jahrhundert), P. Lang, Bern, Frankfurt a. M., New-York, 1983, p. 100 sq. Les martyrs sont figurés en céphalophores sur le sceau de l'église et, en 1225 sur celui de la municipalité. Pour Soleure, F. De Belleforest reprenant S. Munster (Cosmographie universelle, 1575 t. II, p. 1060) cite la légende selon laquelle « un chascun de ces martyrs après qu'ilz furent decollez porta sa teste l'espace de cent pas ou plus où aussi ils furent enterrez ». Ce miracle est longuement décrit dans la Mauritiana tragoedia et Ursina de 1581.
35 Thierry III, en 672 qualifie saint Maurice de « patronus noster » (cit. in E. Kovacs « Le chef de saint Maurice à la cathédrale de Vienne — France — », dans Cahiers de Civilisation médiévale, VII, I, 1964, pp. 19-26. Dans la vie de saint Séverin, composée selon J.-M. Theurillat à la fin du VIIIe siècle, l'abbé d’Agaune guérit Clovis des fièvres qui, durant deux ans, l'avaient accablé.
36 Laudes royales (795-800) cit. in R. Folz, Le couronnement impérial de Charlemagne, Paris, 1964, p. 273, Gallia Christiana, t. XII, p. 793.
37 E. Aubert, « Reliquaires donnés par saint Louis à l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune », dans Revue archéologique, 1868. Le roi fonde ensuite, sous l'invocation de la Vierge, de saint Maurice et de ses compagnons, une basilique avec 14 chanoines sous un prieur, suivant la règle de saint Augustin ; ils portent le même habit que les religieux d'Agaune. Le 1 VI1264 la dédicace est célébrée par Robert, évêque de Senlis, en présence de plusieurs prélats (charte de fondation in E. Aubert, Le trésor, op. cit., t. II, p.J. no 25).
38 Sur la châsse de l'abbé Nantelme (1225) le saint n'est pas à genoux comme c'est souvent le cas dans les scènes de décollation ; il est debout appuyé sur son bouclier. De même dans le legendarium de Regensburg (peu après 1271), le massacre est représenté par un groupe de six légionnaires agenouillés visages tournés vers saint Maurice debout, mains jointes dans une attitude de prière (aimable communication de D. Thurre). Sur la céphalophorie ainsi que sur l'accaparement — temporaire — de saint Denis par Saint-Emmeran de Ratisbonne, cf. A. Lombard-Jourdan « Montjoie Saint Denis ! ». Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis. Paris, C.N.R.S, 1989, pp. 271 et 305 sq.
39 Sainct voyage, ed. cit. p. 100-101.
40 M. Thomassin, Registre delphinal (traité élaboré peu avant 1460), B.M. Grenoble, ms U909 f. 42 v° : « Sous Dioclétien, populaires vilains nommés Breganaz, sous capitaines Amandus et Elianus, desconfitz par les gendarmes de l’empereur dont l'une appelée Tébée. Le capitaine estait Sermurus (sic) lequel, pour ce qu'il ne vouloit pas sacrifier es ydoles eust la teste coupée... ». Ici, M. Thomassin utilise, directement ou indirectement l'une des Passions anonymes (Honorius Augustodunensis, dans sa Summa gloria se fonde sur cette tradition) ; la légion thébaine a bien combattu et « déconfit » les révoltés l'exécution de Sermurus survient après les combats. Le terme breganaz transforme les bagaudes en brigands. Sur ce manuscrit cf. G. Letonnelier, « Mathieu Thomassin et le Registre delphinal » dans Annales de l'Université de Grenoble, 1929.
41 Otia imperialia, ed. G.W. Leibnitz, Scriptores rerum brunsvicensium, t. I Hanovre, 1707, Decisilo III, cap. XC, p. 990.
42 Ibid, p. 915, De provinciis et urbibus Galliae.
43 Pour Gervais, l'ancienne Provincia Narbonensis dont Arles recueille en partie l'héritage, s'étendait jusqu’à l'Espagne, cf. Otia, ed. cit., p. 94. Par un mouvement inverse, Agaune devient — à une date que je ne peux encore préciser — la nécropole mythique rivale des Alyscamps, ou préfiguratrice de ceux-ci ; cf. P. De Rivaz Eclaircissements sur le martyre de la légion thebéenne, Paris, Berton, 1779, p. 155 ; repris par M. Schiner, Description du département du Simplon, Sion, 1811, p. 511 : « Les Romains qui étaient si jaloux de leur sépulture et qui croyaient que leur mémoire était flétrie lorsqu'on la violait, avaient fait de Tarnade ou d'Agaune le cimetière des illustres personnages qui mouraient dans les Gaules ». Le nombre « prodigieux » d'inscriptions sépulcrales, le prouvait. Ces auteurs citent en particulier — et le choix est chargé de symboles — une inscription à A. Severe dont le corps avait été transporté de Narbonne à Tarnaia. Les voyageurs humanistes du XVIe siècle prêtaient déjà une attention toute particulière à ces inscriptions funéraires.
44 Référence empruntée à J. Devisse, Un noir sanctifié, op. cit., note 180, p. 249.
45 R. Folz, Souvenir et légende de Charlemagne, op. cit., p. 512, et note 112. Gude Suckale Redlefsen, Mauritius, op. cit., p. 141. La gestuelle rolandienne est caractéristique des représentations de saint Maurice dans le choeur de la cathédrale de Magdebourg à partir de 1220 et sur plusieurs bracteates. On pense même que plusieurs statues de Rolands d'apparence négroïde ont été primitivement des Maurices du type développé à Magdebourg au XIIe siècle. Les historiens d'art se demandent si telle statue — par exemple à Juterborg — est un Roland ou un Maurice.
46 J. Devisse, Un noir sanctifié, op. cit., note 46, p. 243.
47 Gude Suckale-Redlefsen, Mauritius, op. cit., p. 139 explique, à la suite de A.J. Herzberg, ce relatif désintérêt de « la classe moyenne ascendante » aristocratique (i.e. la chevalerie) par l'accaparement impérial du protecteur, dont le culte fut longtemps réservé « à la plus haute aristocratie ». Mais il y a plus : les Passions anonymes proposaient un modèle d'obéissance militaire que ne pouvait accepter une petite noblesse toujours plus rivale de la puissance princière.
48 Ces représentations chevaleresques, annoncées au XIe siècle (Evangéliaire de Mayence, Passionnaire d'Hirsau) se multiplient dans la seconde moitié du XIIe siècle, d'abord peut-être, ainsi que le note G. Suckale, dans les aires helvétique et alémanique ; le saint Maurice équestre de la châsse des enfants de saint Sigismond (1150-1150) constitue un bel exemple de ces figurations « épiques », avec les fresques d'Areines (1180), le lectionnaire de Sarnen (1180), les vitraux de la cathédrale de Strasbourg (1200) sans oublier les sceaux de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune à partir de 1217 ; cf. sur ce point D.L. Galbraith Sigilla agaunensis. Les sceaux de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune antérieurs à 1500, Lausanne, 1927. Sur l'évolution générale de l'iconographie mauricienne, les travaux de D. Thurre apporteront bientôt une réponse attendue.
49 Je pense aux invasions lombardes, connues par la chronique de Marius d'Avenches, aux dévastations sarrasines rapportées par la Vita Uldrici, par les Annales de Flodoard et par un sermon d'Odon de Cluny ; mais surtout à la pénétration de la geste carolingienne dans le domaine alpin ; cf. R. Folz, Le souvenir et la légende, op. cit., p. 348 sq.
50 La légende de Théodule attribuée au moine Ruodpert est trop connue pour que je m'y arrête. Ordinairement datée du milieu du XIIe siècle, F. O. Dubuis la juge d'un demi siècle antérieur ; cf. « Saint Théodule patron du diocèse de Sion et fondateur du premier sanctuaire d'Agaune. Les expression d'une indéfectible vénération », dans Annales valaisannes, 2e s. 56e a., Sion, 1981. F. Deleglise, « Illustris civitas, office rimé de saint Théodule (XIIIe siècle) », dans Vallesia, XXXVIII, 1983, pp. 173-187 fournit un excellent état de la question. Rappelons que cette légende est fondatrice de la « donatio carolina » ; mais ce n'est qu'au milieu du XIVe siècle que l'évêque prend le titre de comte et préfet du Valais.
51 Girard de Vienne par Bertrand de Bar sur Aube, publié par W. Van Emden, S.A.T.F., Paris, Picart, 1977 : « la gent Girard saint Morise rescrient.../ François s'escrient Monjoie saint Denis/ et Viennois l'ensengne seint Morise », cf. w. 3232, 3607, 4348 etc. A. du Rivail se disait fier d'avoir servi sous la bannière de saint Maurice (De Allobrogibus, ed. cit. p. 25) et un siècle plus tard N. Chorier éprouvait le besoin de rappeler que « le nom de ce grand martyr estait le cry des soldats qu'elle (Vienne) armoit et son image estait ce qui remplissoit ses rapeaux et ses enseignes » ; dans la même envolée, l'historien du Dauphiné citait le moine Gunther et G. de Viterbe ; cf. Histoire générale du Dauphiné, Grenoble, 1661, t. I, p. 403.
52 Belles pages d'A. Lombard-Jourdan sur la signification de ces armes rituelles ; cf. Montjoie Saint-Denis ! op. cit., pp. 131 sq. et 218 sq. L'histoire de la sainte lance confondue avec la lance de saint Maurice probablement sous Otton 1er a été retracée par R. Poupardin, E.P. Schramm, R. Folz, L. Hibbard Loomis (bibliographie in Gude Suckale-Redlefsen, Mauritius, op. cit., p. 146). Rappelons seulement que la lancea sacra remise par le comte Samson au roi Rodolphe, puis par celui-ci à Henri 1er devint, aux Xe et XIe siècles l'emblème majeur de l’Empire. Concurrencée par d'autres insignes, la lance impériale « porteuse de victoire », chantée par l'archipoète et par G. de Viterbe, redevient lance de Longin au XIVe siècle. Apparaissent alors des étendards de saint Maurice. Le vexillum magdebourgeois mentionne dès 1250 gagne en importance lors des cérémonies d’ostension à la fin du Moyen Age. Mais Vienne s'enorgueillissait de posséder l’authentique bannière des Thébains volontairement confondue, dès avant 1400, avec la lance mauricienne. N'est-ce pas déjà parce que la cathédrale prétendait conserver le vexillum qu'elle se disait « semper victrix » ou que G. de Basoche prenait soin d'indiquer, lors de son passage, que Maurice était dux et signifer de la sainte légion ? Le dernier titre était dans la Passion anonyme celui d’Exupere. L’insistance de Bertrand de Bar-sur-Aube sur « l'enseigne Saint Moris » va également dans ce sens. Le vexillum viennois ne serait donc pas beaucoup plus récent que l'oriflamme « exaltée » par Suger.
53 No 9 (in secundo ordine) de l'inventaire de l'abbé Jean Miles (1550-1572), E. Aubert, Le trésor, op. cit., t. II, p. 238-239.
54 « Monseigneur » pour le premier, « vénérable prince et duc » suivi de sa chevalerie pour Hans von Waltheym...
55 L'acte d'octobre 1400 (A.N., X la 47, f. 173) est cité par J. Le Lievre, Histoire de l'antiquité et saincteté de la cité de Vienne en la Gaule celtique, Vienne, 1623, p. 103. Maurice est « dux primicerius illustrissimus » dans le Liber chronicarum de 1493 (f. 124) ; pour A. Du Rivail (de Allobrogibus, ed. cit.), dux encore pour F. Guilliman (De rebus Helvetiorum sive antiguitatum libri V, Fribourg, 1598, p. 141), Archeduc pour S. Berody (Histoire du glorieux sainct Sigismond, op. cit.).
56 Cette évolution a été soulignée par J. Devisse, Un noir sanctifié, op. cit. t. II, pp. 148 sq. 168, 187 etc., et par A.E. Stuckelberger, Die schweizerische Heiligen des Mittelalters, Zurich, 1903, p. 83 sq. ; elle est évidente à Cologne dans les œuvres de S. Lochner ou celles de son atelier (Rétable des patrons de la ville de Cologne, rétable de saint Géréon etc.) comme à Payeme, Sion, Zurich etc.
57 Information aimablement communiquée par D. Thurre.
58 R. Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens, Paris, 1901, p. 357 sq, Appendice X, L'obit de Boson et le reliquaire de Saint-Maurice de Vienne. E. Kovacs, « Le chef de saint Maurice », op. cit. ; E.P. Schramm, Herrschafteszeichen und Staatssymbolik, t. II, Stuttgart 1955 pp. 398-404 ; J. Talaron, « Les arts précieux », dans Le siècle de l'an mille, Univers des formes, Paris, 1973, pp. 261-330. Rappelons que la couronne de sainte Foy de Conques est un ajout de la fin du Xe siècle.
59 Guigues le Vieux, comte d'Albon (mort le 22 IV 1075) avait en effet, d'après son obit, offert à Saint-Maurice « meliora candelabra et ad restaurationem circuii capitis sancti Mauricii tres libras auri... ».
60 Souvenons-nous que Vienne fut, aux Xe et XIe siècles, une « forge de Vulcain » presque aussi productive que l'atelier de Saint-Denis. Rappelons également ce fait singulier : la Chronique d'Adon, pourtant largement interpolée sous l'épiscopat d'Othramne, ne mentionne nullement la possession par la cathédrale du chef de saint Maurice... Le texte connu sous le titre de Fundatio Viennensis Ecclesiae (publié par U. Chevalier avec l'hagiologe viennois) rappelle l'insigne jocale qui protégeait le chef de saint Maurice, mais sans l'attribuer à Boson. Les deux seuls documents sur lesquels les historiens se sont fondés pour dater ce chef couronné restent donc l'épitaphe du roi et l'« obituaire » de la cathédrale.
1/ L’épitaphe (A. Almer et A. De Terrebasse, Inscriptions antiques et du Moyen âge de Vienne en Dauphiné. Inscriptions du Moyen âge antérieures au XVIIe siècle, t. I, Vienne, Girard, 1875, p. 129 sq.) n’est connue que par un infime fragment d'une inscription primitive, bien difficile à dater paléographiquement, et surtout par la reproduction qu'en fit faire l'archevêque J. de Bernin au XIIIe siècle ; on peut toutefois aisément conclure à l'identité des deux textes épigraphiques, au moins pour l'essentiel.
2/ L'obituaire, ou « martyrologe », ou Registre des bienfaits, perdu, n'est connu que par des copies très partielles dues aux historiens dauphinois des XVIIe et XVIIIe siècles. La notice-obituaire la plus ancienne est justement celle de Boson retranscrite par Charvet et Le Lièvre, et plus récemment par R. Poupardin (Royaume de Provence, op. cit., p. 363) : « III idus januarii obiit Boso rex qui, caput sancti Mauricii auro et gemnis preciosissimis fabricavit et coronam auream ei imposuit ». La même notice repelle le don fait par Louis empereur d'une villa au bord de l'Ozon ; cette notice est chronologiquement isolée, puisque la plupart des obits concernent des personnages du XIe siècle.
Le problème est donc de dater l'épitaphe de Boson. R.H. Bautier, « Aux origines du royaume de Provence, de la sédition avortée de Boson à la royauté légitime de Louis », dans Mélanges offerts à la mémoire d'E. Baratier, Provence historique, 1973, pp. 41-68, a montré comment le royaume, légitime, du jeune Louis avait été destiné à contenir le royaume illégitime de Rodolphe Ier élu et consacré en 888 à Saint-Maurice-d'Agaune. C’est après la malheureuse aventure italienne, que Louis exalte la mémoire de son père et accole à son propre nom la qualification de « filius Bosonis » ; il paraît donc vraisemblable que l'éloge fut composé et la pierre gravée après 905, quand Louis l'Aveugle ne sortit pratiquement plus de ses palais viennois (un seul acte viennois antérieur à 900, au surplus, douteux). L'épitaphe daterait alors, au plus tôt des années 905-927. E.P. Schramm pensait que le roi Hugues (d'Arles) avait pu offrir la seconde couronne entre 945 et 948. Le double couronnement du chef de saint Maurice est donc contemporain du flux de préceptes royaux en faveur de l'Église de Vienne : domaines fiscaux, abbayes, privilèges d'immunité, droits de monnayage (puisque l'on conserve des deniers frappés au nom de l'archevêque Sobon) ; flux couronné par la concession rodolphienne de 1023. L'Église de Vienne, dépositaire des traditions royales, put bientôt reprendre, à son profit, le symbolisme des deux couronnes du Kamelokion de « Boson » et de la couronne royale d’Hugues...
61 A. Lombard-Jourdan, Montjoie et Saint Denis ! op. cit., p. 217. R. Folz, Le couronnement impérial de Charlemagne, Paris, 1964, p. 255. En 1124 de son côté Louis VI dans un acte rédigé par Suger, place le « chef du royaume » auprès des saints martyrs.
62 Bulletin de la société d'agriculture, sciences et arts de la Lozère. Mémoire relatif au paréage de 1307, t. I, Mende, 1896, ed. A. Maisonobe, p. 335. « De sceptro regali « quod ratione et in signum regalium et majoris dominationis, Episcopus habeat et ab antiquo habuerit ceptrum regale, quod in signum regalium stat et stare consuevit in altare beati Privati et in manu ymaginis beati Privati et in solempnitatibus ante caput beati Privati coram epicopo portari consuevit et etiam portatur adhuc ».
63 A. Begule et Bouvier, L'Église Saint-Maurice, ancienne cathédrale de Vienne, Paris, 1914, p. 3 fig. 3. Coïncidence ? Au XIe ou au XIIe siècle (notice de l'obituaire déjà cité) on attribuait à l'archevêque Sobon la composition du grand sceau de la cathédrale...
64 A. Villard, La monnaie viennoise, Gap, 1942, p. 37 sq. ; les monnaies au chef de saint Maurice apparaissent au plus tard après 1023 (diplôme d Orbe) sous la forme que conserve la monnaie viennoise — malgré quelques courtes interruptions — jusqu'au XIVe siècle. E. Kovacs retrouve sur ces deniers un dessin de couronne reproduisant schématiquement celle du roi Hugues... Sur l'ostension rituelle du chef-reliquaire, cf. U. Chevalier, Étude historique sur la constitution de l'Église métropolitaine et primatiale de Vienne, t. I, Vienne, 1922, pp. 327-329.
65 D. Thurre, « La châsse de l'abbé Nantelme du trésor de Saint-Maurice d'Agaune », dans Annales valaisannes, 1987, p. 193, « La position de saint Maurice rappelle curieusement celle d'un chevalier figurant dans un des panneaux de la châsse de Charlemagne à Aix... L'attitude donnée au saint est généralement réservée au Christ trônant ». A.A. Schmid, « Un reliquaire roman du Bourg-Saint-Pierre », dans Genava nlle série, t. XI, 1963, pp. 197-208 ; ce buste, coiffé du Kamelokion byzantin (coiffe impériale) appelé regnum dans l'ordo romanus de la fin du IXe siècle, aurait, selon l'auteur, inspiré le sculpteur du chef de saint Candide (dernier quart du XIIe siècle).
66 S. Champier, Les fragmans de la chronique du royaume des Allobroges que l'on dit Bourgogne, depuis le commencement jusques à ce qu'il fust réduit à la couronne de France, B.M. Lyon, Res. 355987, f. 5. Texte repris par César de Nostredame, Histoire et Chronique de Provence, Lyon, 1614, p. 48, avec une légère variante : saint Maurice « souffrit le martyre avec plusieurs princes et autres nobles d'Orient et de la maison des roys de Bourgoigne ». César de Nostredame tire sa généalogie « d’un ouvrage imprimé à Genève par un G. Pomar de nation espagnole, en l'an 1535 » (ibid. p. 48). Champier lui, prétendait s'inspirer « de la légende dudit sainct Sigismond qui est à Vienne en l'église sainct Maurice » et d'un « escript à sainct Mauris en Chamblay ».
67 G. Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne, Paris, 1909. Les mises en prose des épopées et des romans chevaleresques du XIVe au XVIe siècle, Bruxelles, 1939. Y. Lacaze, « Le rôle des traditions dans le genèse d'un sentiment national au XVe siècle. La Bourgogne de Philippe le Bon », B.E.C., 1971, pp. 303-385. Selon l'Historia tripartita (L. XII, ch. 4) les Bourguignons avaient été convertis, bien avant leur établissement définitif en Gaule. Dès 1433 pour l'évêque J. Germain, l'évangélisation de la Bourgogne remonte à saint Lin, disciple de saint Pierre ; et les miniaturistes représentent la Madeleine assistant, à Aix-en-Provence, au baptême de Trophime, premier roi de Bourgogne.
68 Il a selon S. Champier fondé XXII églises ; c'est encore lui qui, selon M. Thomassin (Registre f. 129 c°) « fist à Vienne le monastère de sainct Muris et de ses compagnons » ; il a selon J. Simler bâti les murailles de Saint-Maurice d'Agaune. Pour H. Schedel (Liber chronicarum, 1493, f° 139 v°) Sigismond, prince du royaume de Constance a mis en fuite Attila. G. Paradin (Annales de Bourgogne, Lyon, A. Gryphe, 1556, p. 10) rend compte d'une victoire sur les Hongrois. Les pouvoirs guérisseurs de Sigismond sont rappelés par M. Thomassin (Registre f. 29 V.) : « les malades qui vont audit monastère et font sacrifice à Dieu pour l'amour dudit saint Sigismond tantost sont garis de leurs maladies ». J. Lemaire De Belge (Illustrations de Gaule et singularités de Troyes, Louvain, 1882, t. II, p. 407) évoque « les grands miracles que Dieu lui a donné grâce de faire ».
69 E.A. Stuckelberger, S. Sigismund Köning und Martyrer, Bâle, 1924 ; et L. Reau, Iconographie de l'art chrétien, t. III, Paris, 1959, pp. 1214-1216.
70 Les reliques de Sigismond étaient conservées dans l'église paroissiale de Saint-Maurice ; cf. F.O. Dubuis, « La cure de Saint-Sigismond à Saint-Maurice », dans Vallesia, t. XXXVI, 1976, p. 193 sq. Hans von Waltheym et le curé de la paroisse attribuent à Sigismond ce qui doit l'être, en grande partie, à Charles IV.
71 W. Deonna, « La fiction dans l’histoire ancienne de Genève et du Pays de Vaud », dans Mémoires et documents publiés par la société d'histoire et d’archéologie de Genève, t. 35, 2e série, t. 15 Genève 1929-1935, p. 79 sq. Je tiens à remercier B. Andenmatten qui m’a aimablement communiqué une photocopie du manuscrit conservé à Turin. La Bibliothèque municipale de Lyon possède un exemplaire de la première édition de cette chronique, Histoire ou chronologie du pays de Vaux et lieux circonvoisins, tirés du latin de Monsieur L. Da Monti Bourboni, Lyon, 1614 ainsi qu'une copie manuscrite du XVIIe siècle (Fonds général ms. 920) offrant quelques variantes.
Auteur
Université Lumière-Lyon 2
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