Atlas des hommes du collège de la Sorbonne au Moyen Âge
p. 575-584
Texte intégral
1Depuis des années, l'historiographie des universités de l'Occident médiéval s'intéresse beaucoup à la géographie humaine et à la prosopographie des universitaires. Le but en est clair, c'est de savoir quel rôle les universités médiévales ont joué dans la promotion ou l'instabilité sociale, et dans l'expansion des idées, ainsi que de savoir l'influence ou l'étendue culturelle d'une université. Les recherches dans cette direction nous ont déjà apporté des fruits précieux1. Se trouvant sur la ligne prolongée des recherches poursuivies jusqu'ici, le présent article n'a pour but que de mettre en évidence des personnages qui ont eu des relations intimes ou éloignées avec le Collège de la Sorbonne, et qui ont vécu dans ou autour de ce grand collège médiéval2.
2Il est certain qu'il faudrait pour faire un inventaire et une prosopographie des hommes qui vivaient à l'intérieur ou autour de la Sorbonne des documentations et des travaux pénibles et patients, qui se fondent sur les documents relatifs aussi bien à l'organisation et au fonctionnement de l'Université de Paris et de ses Facultés, qu’aux événements auxquels elle fut mêlée et sur des œuvres intellectuelles que ses membres ont produites. De surcroît, la Sorbonne possède elle-même ses sources particulières3.
3Nous pouvons poursuivre nos recherches grâce aux travaux importants de Mgr. P. Glorieux, basés sur quatre sources particulières du Collège : l'Obituaire4, les documents relatifs à la bibliothèque, le Registre du prieur, le Missel et le Cartulaire. L'auteur nous présente, au chapitre consacré aux premiers sociétaires, avec notices biographiques, 312 personnes qui entrèrent en rapport avec le Collège5. A ces personnes, nous en ajoutons 17, qui vivaient ou sont morts au XVe siècle. Le nom de celles-ci étant porté à l'Obituaire, Glorieux ne les a pas inclues à la liste des premiers sociétaires.
4C'est donc quelque 330 personnes qui nous attendent. En reconnaissant bien que l'étendue chronologique et numérique des personnes considérées ici est très restreinte, nous essaierons d'éclairer le cas de celles qui avaient rapport avec la Sorbonne au Moyen Age.
5Nous commençons par faire l'état de la dispersion chronologique de ces personnes. Nous en comptons 78 (dont 30 étaient socii) vivantes ou mortes au XIIIe siècle, 211 (dont 150 socii) au XIVe, 11 au XVe siècle, et 3 au XVIe siècle.
6Pour clarifier, il conviendrait de diviser ces 330 personnes en deux : socius, et non-socius. Le socius, il va sans dire, est pensionnaire du Collège, sa subsistance est assurée et lui est allouée une bourse, somme hebdomadaire ; enfin, ce sont les socii eux-mêmes qui administrent la vie du Collège6.
7Cherchons les socii dans l'Obituaire. Parmi ceux qui sont mentionnés, nous trouvons en tête de liste, Robert de Douai, dont le décès est le premier constaté, en 1258, et en fin de liste apparaît Elisabeth, épouse de Charles IX, dont la mort est confirmée en 1574. Ainsi l'inscription des personnes portées à l'Obituaire s'étend sur à peu près trois siècles. Nous y trouvons au total 137 personnes, socii ou non (tous les saints exclus sauf saint Louis). Parmi eux, il y en a certains dont l’anniversaire est célébré plus de deux fois. Charles V, roi de France a été quatre fois l’objet d'une mention de l'anniversaire, et 12 personnes l’ont été deux fois. Nous rencontrerons donc en réalité 122 personnes7. Nous mettons volontiers de côté les 15 proviseurs du Collège, et les 2 personnes qui vivaient au XVIe siècle : Elisabeth et Claude Roignard, chanoine d'Amiens8. C’est parmi les 115 personnes restantes qu’il nous faut chercher les socii.
8Dans la notice de l’Obituaire, nous pouvons distinguer facilement le socius des autres. Car la notice mentionnant l’anniversaire d’un ex-socius porte l’expression suivante : Obitus magistri Johannis de Morvia,... quondam sodi huius domus (Obituaire, le 18 mars), ou plus simplement Obiit magister Petrus de Avernia socius domus (Obituaire, le 30 mars).
9Parmi les 115 personnes tirées de l’Obituaire, nous trouvons 54 socii9. De plus, il y a le cas d’un socius non mentionné avec l’expression déjà citée, mais qui l’est assurément d'après un autre document. C’est le cas de maître Gilles d’Audenarde, dont l'anniversaire est fixé le 28 septembre10. 55 personnes, soit environ 48 % de ceux dont l’anniversaire est inscrit à l’Obituaire, vivaient et passaient une partie de leur vie à l’intérieur de la Sorbonne.
10A côté de ces 55 personnes, nous pouvons présenter 148 socii apparus dans les recherches de Glorieux. Il reconnaît comme socii ceux qui sont mentionnés dans les actes qu’il a consultés soit en tant que procureur, soit en tant que prieur, ceux qui sont mentionnés en tant que socius, dans les actes relatifs à la Sorbonne et dans le registre de prêts de livres de la bibliothèque de la Sorbonne, dans une note de manuscrit. Nous avons donc au total 203 socii.
11Dans certains cas, la notice de l’Obituaire montre l’origine géographique de l'intéressé. Mais, reste assez rare le cas où la notice de l’Obituaire indique directement son origine géographique11.
12Nous ne connaissons qu'environ quatre-vingts cas confirmés avec l'origine géographique, même à l'aide des recherches de Glorieux. Mais nous voudrions ici remarquer que les socii sont venus d'une vingtaine de diocèses, et nous pourrions dire que les socii des anciens diocèses qui composaient la Nation picarde12 sont les plus nombreux. On en compte 22, et bien que nous ignorions le diocèse d'origine, nous voyons apparaître un Flamand, 2 Picards et un qui appartenaient à la Nation picarde. Ensuite, nous rencontrons 25 socii venus des régions qui couvrent la Nation de France, et ces 25 (y compris 2 Italiens et 2 Catalans) se dispersent en plus de 10 diocèses. L'Angleterre, quant à elle, compte 5 socii et la Normandie en a 8. Enfin, l'Allemagne se voit compter 7 socii, à qui on pourrait ajouter un socius venu du diocèse de Prague, un d'Olomuc (Moravie) et un autre de Dacie.
13D'après ces chiffres nous serions amenés à signaler que les gens venus des régions que couvre la Nation picarde, régions du Nord de la France, sont dominants en Sorbonne. Etaient-ils plus acharnés, ou avaient-ils du goût à l'étude théologique ? L'exemple suivant nous paraît intéressant : un évêque de Tournai, Michel Warenghien fit en Sorbonne une fondation pour deux maîtres wallons originaires de Tournai. Il a acquis rue Bordette un hôtel devenu ensuite la résidence de ces étudiants du diocèse de Tournai. Le même évêque, mort en 1291, a légué au Collège de la Sorbonne un volume de Sentences à l'usage de ses Flamands13.
14Or, à côté des socii qui n'ont laissé que leur nom, ou qui ont été mentionnés dans des documents, il y a des socii dont la carrière est plus ou moins claire. De nos 203 socii, 65 socii ont laissé trace distincte de leur carrière. Nous remarquons tout d’abord qu'ils étaient tous clercs. Ici nous désignerons la carrière d’un socius par son titre ecclésiastique, même si un socius le portait pendant ses séjours en Sorbonne et même s’il le trouvait après son passage en Sorbonne14.
15Le titre ecclésiastique porté par les socii du Collège de la Sorbonne va du simple prébendaire d'une paroisse jusqu’à l'archevêque. Si nous montrons ici la carrière des socii par le nombre, nous comptons 1 archevêque, 6 évêques, 7 doyens, 1 chancelier, 2 écolâtres, 1 pénitencier, 26 simples chanoines, 1 chanoine régulier, 6 chapelains, 5 curés, 1 simple prêtre titulaire, 6 prébendaires et 1 moine. Nous allons essayer de considérer un peu plus en détail leur carrière.
16Certains socii sont montés au premier rang de l'Eglise. Nous voyons ainsi au XIIIe siècle deux ex-socii accéder au rang de prélat : Nicolas de Bar-le-Duc a été nommé évêque de Mâcon, déjà en 1286, une vingtaine d'années après la fondation du Collège. Quant au seul archevêque venu de la Sorbonne, Thomas Anglicus, il est arrivé au siège archiépiscopal d'York en 1300. Après eux, Pierre d'Auvergne est devenu évêque de Clermont en 1302. Alain Gonthier, nommé évêque de Saint-Malo en 1317, est devenu celui de Quimper en 1333. Geoffroy Lemaresch parvient à son tour au siège épiscopal du même lieu en 134715. Et une notice de l'Obituaire nous fait savoir qu'un socius, un Pierre de Limoges, chanoine de Lisieux, bachelier en théologie, magnus astronomus, a refusé deux fois l'épiscopat (Obituaire, le 3 novembre).
17Il nous semble que l'on voit peu de socii entrer dans la fonction de l'enseignement institutionnel de l'Eglise (1 chancelier et 2 écolâtres). Voici deux exemples qui montreront que n'était pas étrangère à la carrière future du socius la fonction de responsable de l'enseignement du diocèse : Un certain Jean Blankart, socius ayant deux canonicats, l'un à St-Pierre de Douai et l'autre à St-Jean de Liège en 1349, est chanoine de Paris et maître en théologie en 1362 ; il est devenu chancelier de Notre-Dame de Paris en 138116. Un autre exemple : Albert de Bohême, clerc du diocèse de Prague, après s'être chargé de la procuration de la Nation anglaise (en 1349) et du rectorat de l'Université (en 1355), a obtenu un canonicat à Breslau en 1363, puis à Prague en 1366, tout en continuant ses études théologiques à la Sorbonne, et se voit nommer écolâtre de l'Eglise de Prague17. Et nous pourrons signaler quelques cas intéressants qui témoignent de l'enthousiasme que des socii gardaient à l'égard de l'enseignement : un Nicolas Bouquillon, originaire de St-Omer, qui avait déjà obtenu la charge d'écolâtre de St-Omer, l'a ainsi demandée à vie en 1343. Un autre ex-socius, Wallo Cadelli, a demandé la même fonction à vie de l’Eglise de Thérouanne18. Et un Philippe de Mara a sollicité un canonicat au Mans pour y résider afin d'y enseigner la théologie19.
18Nous trouvons un socius qui est devenu moine. C'est Jean de Ydreghem, mentionné comme docteur en théologie et doyen de Notre-Dame de Courtrai, et entré dans un monastère de O.S.B., St-Pierre de Gand20. Un Jacques de Padoue était un fameux médecin21. Un Henri Goethals était doyen de Liège, prévôt de Saint-Pierre de Lille et chanoine de Tournai, et on sait qu'il occupait aussi la charge de conseiller des ducs de Bourgogne, Jean sans Peur et Philippe le Bon ; il se vit d'ailleurs envoyé en 1416 par celui-là auprès du roi d'Angleterre22.
19Nous avons un groupe de personnes qui ne sont pas socii, mais qu'il conviendrait de considérer comme membres du Collège. Ce sont les proviseurs du Collège. Le proviseur, dont le premier était Robert de Sorbon, avait la haute direction de l'ensemble, entérinait les décisions prises aux divers degrés et décidait en appel lorsque des contestations surgissaient. Il régissait les affaires temporelles et représentait la maison devant toutes les autorités extérieures23.
20Après le premier proviseur et jusqu'au provisorat de Jean Lhuiller, mort en 1500, une quinzaine se succèdent24. Une chose à noter : à partir du provisorat d'Annibald Caetani de Ceccano (1320-26), la charge fut occupée dans la plupart des cas par d'actuels ou futurs grands personnages de l'Eglise, évêque, cardinal, et même pape. Annibald, neveu de Boniface VIII, nommé archevêque de Naples le 5 mai 1326, le 18 décembre de l'année suivante créé cardinal de Saint-Laurent in Lucina, et en décembre 1332 cardinal-évêque de Tusculum25. Un ex-proviseur, Pierre Roger (son provisorat était de 1326 à 1342) parvient à monter à la tête de l'Eglise catholique. Nous le voyons proviseur en juillet 1328. Puis, nommé évêque d'Arras en décembre de la même année, en 1329 archevêque de Sens, en 1330 celui de Rouen, et en 1338 cardinal-prêtre des SS. Nérée et Achille, il accède finalement au siège pontifical en 1342 sous le nom de Clément VI26. Nous serions tenté de dire que la fonction du provisorat en Sorbonne est remarquablement estimée, et considérée comme une étape de la promotion dans l'Eglise depuis les premières années du XIVe ; il est probable que cette pratique, quant à la fonction, a été cause d'un certain absentéisme.
21A côté des socii qui vivaient à l'intérieur du Collège, nous remarquons un monde composé de non-socii. Nous en voyons au total 116, dont 51 sont mentionnés dans l'Obituaire et le reste dans d'autres documents.
22Qui étaient-ils ? Signalons tout de suite 2 personnages de la famille royale : saint Louis, Charles V, tous deux sont mentionnés dans l'Obituaire.
23Du point de vue socio-professionnel, viennent tout d'abord les hommes d'Eglise, au nombre de 67. Nous ne manquons pas de prélats : apparaissent 1 cardinal-légat27, 1 cardinal-évêque, 1 cardinal-prêtre, 7 évêques28. Et en plus de 6 doyens, 3 pénitenciers, 1 chantre, 1 chancelier, 1 écolâtre, 2 prévôts, 19 chanoines, nous trouvons 9 archidiacres, 1 chapelain, 9 curés, 1 prêtre, 3 clercs et 1 prébendier.
24A ces hommes, nous ajoutons 1 maître du diocèse d'Autun, Clarin de Saulieu et 3 médecins : Robert de Douai, médecin de l'épouse de saint Louis ; Jean de Clermont, médecin de la comtesse d’Artois, probablement Mahaut, morte en 1329 ; et Barthélemy de Bruges, attaché à Gui I de Châtillon, comte de Blois29 ; enfin 2 locataires d'une maison de la Sorbonne30.
25En dépouillant l'Obituaire, nous découvrons 5 personnes laissant leur nom et leur rapport avec la Sorbonne par l'intermédiaire d'un des membres de la famille qui se trouvait dans les milieux scolaires : l'oncle de Radolph de Breton, deuxième proviseur du Collège, et son épouse voient celui-ci fonder l'anniversaire pour chacun d'eux (Obituaire, le 1er février pour l'oncle, et pour son épouse le 26 mars) ; et Nicole et Marie Noblet, parents du magister Jacques d'Arras (Obituaire, le 14 novembre).
26Une veuve du magister Pierre de Gardie voit son anniversaire apparaître dans l'Obituaire (le 16 février). Enfin la même mention pour une certaine Maria dicta Loucarde de Atrebato (Obituaire, le 24 juillet), et un cervisarius Thomas de Garlande (Obituaire, le 13 juin), dont nous ignorons tout.
27Parmi les non-socii, surgit un intéressant groupe de collaborateurs de Robert de Sorbon, lors de la fondation du Collège, un groupe que nous serions tenté de qualifier de cercle d'amis de Robert de Sorbon, et qui se composait principalement de l'entourage de saint Louis. Il va sans dire que le roi Louis était un grand promoteur de la fondation du Collège. Guillaume de Chartres, chanoine de Saint-Quentin, clerc du roi, a passé, entre juillet 1254 et janvier 1255, plus de quarante achats de maisons dont une bonne partie feront retour à la Sorbonne31. Jean de Saint-Amand, clerc du roi saint Louis, a légué 200 livres parisis à l'œuvre de Robert de Sorbon32. Robert de Douai, clerc, déjà mentionné ci-dessus, a légué 1500 livres parisis pour la fondation du Collège33. Hugues, évêque d’Apros, réfugié sous saint Louis et chanoine de la Sainte-Chapelle, a donné une maison pour réaliser le programme de Robert de Sorbon34. Geoffroy de Bar, doyen de l'Eglise de Paris, ami et exécuteur testamentaire de Robert de Sorbon, et Guillaume de Bray, archidiacre de Reims, cardinal, aidaient Robert de leurs conseils et de leur bourse35. Et Milon de Corbeil dont un des exécuteurs testamentaires fut Robert de Sorbon, a légué 100 livres parisis36. Enfin Gérard d'Abbeville, collègue de Robert de Sorbon, a légué au Collège près de 300 manuscrits, ses vases, ses ornements et la moitié de l'argent qui demeurerait après l'exécution de ses legs37. Un autre Robert de Douai, par l'intermédiaire de Gérard d'Abbeville, son exécuteur testamentaire, a donné le surplus de sa succession38.
28Un autre groupe est digne de mention : celui des titulaires du titre de magister. Nous avançons que, même s'ils n'étaient pas tous universitaires, ils étaient au moins hommes savants, ayant donc des rapports avec les milieux scolaires.
29Nous signalons d'après le dépouillement de l'Obituaire que les non-socii qui sont montés au plus haut rang épiscopal sont mentionnés sans titre de magister, mais avec le titre de la fonction ou bien dominus. Une exception cependant : Guillaume de Gresseio porte le titre de magister avec quondam episcopus bevacensis (Obituaire, le 23 février), et notons aussi que les 22 non-socii qui possédaient le titre ecclésiastique, hiérarchiquement du doyen le plus haut au simple prébendaire le plus bas, tous sont mentionnés avec vocable de magister, sauf trois cas. En fait, 34 sur 52 non-soc » laissant leur nom dans l'Obituaire soit presque les trois quarts, portent le titre de magister39. En plus, nous avons d'autres 74 non-socii mentionnés ailleurs, dont de nombreux ont donné ou légué des livres, outils des intellectuels d'après Le Goff40. Parmi eux nous comptons 10 maîtres en théologie, 1 docteur en médecine et 2 maîtres ès arts. Ces faits nous révèlent que le monde des non-socii avait un caractère scolaire, se trouvait proche du monde des socii qui vivaient, bien entendu, dans les milieux scolaires bien que nos recherches soient limitées au dépouillement de l'Obituaire, et que les documents auxquels nous ayons recours soient restreints.
30Nos conclusions sont très modestes. Parmi les socii, nous en avons trouvé comparativement beaucoup venus du Nord, surtout des régions que couvre la Nation picarde. Le socius dont l'origine est la plus lointaine venait du diocèse de Prague. Et un quart de socii laissant leur carrière, tous sont entrés dans la charge ecclésiastique. Dès les années 1280, un socius a accédé au siège épiscopal. Nous ne voyons que peu de socii qui se chargeaient de la fonction de responsable de l'enseignement diocésain. Quant au proviseur, nous avons remarqué qu'à partir des années 1320, la charge avait tendance à être occupée par un grand personnage de l'Eglise.
31Parmi les non-socii, nous avons vu l'existence d'un cercle d'amis formé autour du fondateur du Collège, lors de sa fondation et pendant ses premières années. Et nous pourrions noter que le monde des non-socii n'était pas si étranger au monde où vivaient les socii.
32Notre recherche étant limitée au monde du Collège de la Sorbonne, il nous est nécessaire de faire l'étude du monde des autres collèges parisiens du Moyen Age, afin de faire mieux apparaître ceux qui vivaient dans les milieux scolaires, et qui avaient des rapports avec ces milieux. Nous avons déjà l'édition des Obituaires de 26 collèges parisiens, à côté de celle de la Sorbonne41, et pas mal d'études sur les collèges42. Ainsi, le monde des hommes des collèges médiévaux à Paris nous attend.
Notes de bas de page
1 Ici nous nous limitons à émunérer les travaux suivants : S. Stelling-Michaud, Les juristes suisses à Bologne, Genève, 1960 ; H. De Ridder-Symoens, D. Illmer et C. M. Ridderikhoff, Premier livre des procurateurs de la Nation germanique de l'ancienne Université d'Orléans, t. II, Biographie des étudiants, Leiden, 1978 ; J. Verger, « Recrutement géographique des universités françaises au début du XVe siècle d'après les Suppliques de 1403 », dans Mélanges d'Archéologie et d'Histoire de l'Ecole française de Rome, t. LXXXII, 1970, p. 855-902 ; Idem., « Noblesse et savoir : Etudiants nobles aux universités d'Avignon, Cahors, Montpellier et Toulouse », dans P. Contamine (éd.), La Noblesse au Moyen Age XIe-XVe siècles, Paris, 1976, p. 289-313 ; C. Renardy, Les maîtres universitaires dans le diocèse de Liège. Répertoire biographique (1140-1350), Paris, 1981. Et il ne faudrait pas oublier deux répertoires de Mgr. P. Glorieux.
2 Sur les études de l'histoire du Collège de la Sorbonne, voir Hasting Rashdalle, The Universities of Europe in the Middle Ages, nouvelle éd. par F. M. Powicke et A. B. Emden, vol. I, p. 497 sq., et surtout P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, I, Robert de Sorbon, Paris, 1966, p. 71-74. Nous citons cet ouvrage en abrégé tout simplement Aux origines, sans mentionner l'auteur.
3 Voir Aux origines, p. 78-84.
4 Nous avons deux éditions de l’Obituaire de la Sorbonne. L'une est due à A. Mounier Les Obituaires de la Province de Sens, t. I, Paris, 1902, p. 737-753. L'autre éditée par P. Glorieux, Aux origines, p. 295-329. Dans la présente étude, nous nous référons au texte édité par Glorieux. Pour la définition et les intérêts historiques de l'Obituaire, voir N. Huyghebaert, Les documents nécrologiques (Typologie des sources du Moyen Age Occidental), Turnhout, 1972, p. 35-40.
5 Aux origines, p. 293-333.
6 Aux origines, p. 94-97 et A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque, Paris, 1875, p. 18-19.
7 Nous comprenons les socii dont l’anniversaire est supprimé ou reste avec la note non fiat.
8 Aux origines, p. 153 et p. 180, p. 167 et p. 181.
9 Dans ces 55 socii un hospis est compris : le magister Christianus Cot (Obituaire, le 22 mai). Ici nous le traitons purement et simplement comme socius pour la commodité.
10 Aux origines, p. 174 et p. 303.
11 On ne compte que 14 cas qui montrent expressément l'origine géographique, ou la nation d'un socius.
12 La Nation picarde se compose des diocèses de Tournai, de Cambrai, de Laon, de Thérouanne, d'Arras, d'Amiens, de Noyon, de Beauvais, d'une partie de celui d'Utrecht, et de Liège (C. Samaran et E. Van Moe. Auctarium Chartularii Universitatis Parisiensis, t. IV, Paris, 1938, p. 9).
13 Aux origines, p. 319.
14 Si un socius a eu plusieurs titres ecclésiastiques durant sa carrière, nous privilégions le dernier titre, autant que nous en ayons connaissance.
15 Sur ces 5 personnages, voir Aux origines, p. 320, p. 328, p. 321-322, p. 295 et p. 301.
16 Aux origines, p. 313 et Renardy, op. cit., p. 330-331.
17 Aux origines, p. 295-296.
18 Aux origines, p. 320 et p. 329.
19 Aux origines, p. 321.
20 Aux origines, p. 319.
21 Aux origines, p. 312 et E. Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Age, t. I, Genève, 1979 (réimpression), p. 334.
22 Aux origines, p. 184.
23 Aux origines, p. 98.
24 Sur la liste des proviseurs, voir Franklin, op. cit., p. 222-229. La manière de l'élection a été réglée par la bulle de Clément IV du 23 mars 1268 (H. Denifle et E. Chatelain, Chartularium Umversitatis Parisiensis, t. I, Paris, 1898, réimpression Bruxelles, 1964), p. 475.
25 Aux origines, p. 137.
26 Aux origines, p. 323.
27 Mounier dit qu'il s'agit sans doute du cardinal Jean Lagrange, mort en 1402 (op. cit., p. 751, note 4).
28 Dont un est mentionné dans l'Obituaire episcopus abricensis, et Glorieux suppose qu'il s'agit de R. Langlais, mort en 1269 (Aux origines, p. 163 et p. 181).
29 Sur ces 3 médecins, voir Aux origines, p. 326, p. 297 et 314. Voir aussi Wickersheimer, op. cit., tome II, p. 709-710, t. I, p. 383-384 et p. 60.
30 Ce sont G. Scot et P. Mayllard (Aux origines, p. 308 et p. 323).
31 Aux origines, p. 33.
32 Aux origines, p. 33 et p. 317.
33 Aux origines, p. 33 et p. 326.
34 Aux origines, p. 34 et p. 310.
35 Franklin, op. cit., p. 9. Aux origines, p. 122, et à la p. 305, Glorieux note que Guillaume de Bray a donné une grande somme pour la fondation du Collège.
36 Aux origines, p. 319.
37 Aux origines, p. 302.
38 Aux origines, p. 326.
39 Du vocable magister, nous pouvons consulter un compte rendu de M-.J. Paquet sur l'ouvrage de Renardy (Le Moyen Age, t. LXXXIX, 1983, p. 133-134).
40 J. Le Goff, Les intellectuels au moyen âge, Paris, 1985, p. 69. Il faudrait signaler que c'est par la nature du document qu'utilise Mgr. Glorieux que nous trouvons un bon nombre de non-socii donnant ou léguant des manuscrits ou des volumes à la Sorbonne.
41 Mounier, op. cit., p. 755-783.
42 S. Guenee, Bibliographie de l'Histoire des Universités françaises des origines à la Révolution, t. I, Paris, 1981, p. 269 et sq.
Auteur
Université d'Oïta (Japon)
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