La restauration des églises paroissiales en France après la guerre de Cent ans
p. 443-452
Texte intégral
1A. Lesort, en traitant de la « reconstitution des églises après la guerre de Cent ans » estimait en 1936 que la question était encore à peu près vierge1. Mais depuis cinquante ans les travaux se sont multipliés et l'on ne peut plus se satisfaire d'un constat aussi alarmant. Il reste cependant que le problème plus restreint de la restauration après la tourmente des églises paroissiales (car l'on ne gagne rien à mêler avec elles cathédrales, collégiales, abbatiales, chapelles et prieurés) n'est guère envisagé autrement qu'à l'occasion de monographies diocésaines générales ou d'études consacrées au commentaire d'une visite pastorale2. En prenant appui sur ces travaux, mais surtout sur deux essais révélateurs en la matière, il m’a semblé qu'il n'était pas prématuré de revenir sur la question, d'abord pour redéfinir la méthode qu'il convient de suivre pour de telles enquêtes, ensuite en faisant le point sur quelques-uns des résultats déjà obtenus.
LA METHODE D'ENQUETE
2A. Lesort en a déjà établi les grandes lignes, en décrivant l'ensemble des sources ; il suffit donc d'en reprendre l'examen.
- Les sources narratives. Inutile d'y insister. Leurs mentions sont brèves et de bien peu de profit en l'occurrence.
- Les procès-verbaux de visites épiscopales ou archidiaconales. Documents de premier ordre, ils ont le double avantage d'envisager toute une circonscription ecclésiastique et de présenter particulièrement, sinon même exclusivement, le résultat de la « visitation des choses »3. Cependant rien ne nous dit que les injonctions qu'ils contiennent sur les travaux à faire, aient été réellement suivis d'effet. En outre il est patent que les visiteurs, quels qu'ils fussent, se contentaient d'un regard rapide, au cours d'un bref passage, et portaient ensuite un jugement essentiellement subjectif4.
- Les comptes de fabriques. A. Lesort ne les mettait guère en valeur. Eux seuls pourtant nous informent sur la réalité et l'étendue des travaux effectués. Leur seul gros inconvénient, mais il est de taille, c'est leur extrême rareté. Pour la période considérée, généralement ils se comptent pour un diocèse sur les doigts d'une seule main et comportent de grosses lacunes. Il est donc impossible d'en tirer autre chose que des études de cas.
- L'étude archéologique et stylistique. Bien qu'elle ait inspiré à A. Lesort de justes réserves, il faut au contraire en souligner l'intérêt, dès lors que l'on possède pour les églises actuelles des inventaires descriptifs faits par d'excellents connaisseurs de l'histoire de l'architecture ; mais le cadre choisi par eux est, en général, le département et non l’ancien diocèse. Premier inconvénient. Le deuxième est que leur chronologie, fondée sur l'étude des styles, ne peut être très fine, sauf présence d'inscriptions datées. Cependant, par rapport aux autres sources, l'enquête archéologique présente le grand avantage de permettre une vue globale, non des travaux qui ont été ordonnés, mais de ceux qui ont été effectivement accomplis, du moins dans les édifices actuellement subsistants.
3Pour aborder le problème dans son ensemble, force est donc de combiner, quand on le peut, tous ces moyens d'investigation. L'expérience a été tentée à titre d'essai dans le cadre départemental qui était celui des inventaires archéologiques utilisés5. Ne cachons pas que dans une large mesure les conclusions toute provisoires ici présentées s'en inspirent fortement.
LE FAIT HISTORIQUE
4La première question qui se pose est donc simple et capitale. Y-a-t-il eu véritablement en France un phénomène massif de reconstruction des églises paroissiales après la guerre de Cent ans ? On l'a cru longtemps6, parce que l'on avait dans l'esprit la grande « désolation » détaillée naguère par le P. Denifle7. Or, tant dans le Rouergue qu'en Blésois-Vendômois ou en Touraine, le cas d'églises paroissiales détruites par la guerre semble avoir été tout à fait exceptionnel8, sauf dans les zones suburbaines, où il peut s'agit des conséquences d'un siège, ou plus fréquemment de destructions volontaires faites pour renforcer la défense9. En fait la désolation des églises paroissiales, que l'on ne peut nier, doit être considérée comme l'un des aspects de la longue dépression démographique et économique qui a sévi de 1350 à 1450 environ. Les églises en ont pâti, certes, mais plutôt moins sans doute que les autres édifices. On voit dans le Rouergue que la proportion de celles qui sont en très mauvais état après les hostilités ne dépasse pas 10 % ; il en va de même dans le diocèse de Lyon10 et en Touraine (27 églises dans ce triste état sur 317 prises en compte).
5Peu de situations catastrophiques au total, mais une masse considérable de réparations à faire. En effet, si l'on considère dans leur ensemble les travaux réalisés, on voit qu'en Indre-et-Loire 41,9 % des églises actuelles en ont été l'objet dans la seule deuxième moitié du XVe siècle et 81,5 % en Loir-et-Cher en poussant l'étude jusqu'au milieu du XVIe siècle. Pas de reconstruction des églises paroissiales après la guerre donc, mais bien une vaste entreprise de restauration générale.
6L'exemple du Rouergue permet même d'en préciser le déroulement logique en trois temps, qui n'implique pas, du reste, trois phases chronologiques : d'abord, si nécessaire, clore l'édifice, ce qui concerne les fenêtres, la vitrerie et la couverture, puis le consolider ou l’agrandir, par exemple par l'adjonction d'un collatéral ou de chapelles et enfin l'embellir. Ce schéma permet de comprendre que cette restauration des églises paroissiales, n'étant pas exclusivement relèvement de ruines, appartient plus à l'histoire de la dévotion populaire qu'à celle de la reconstruction économique. Elle illustre le besoin qu'ont des populations devenues nombreuses et aisées de faire plus et mieux pour la maison de Dieu, celle où se manifeste en permanence sa présence sous la forme du Saint-Sacrement et celle du rassemblement dominical. L'attention vigilante des visiteurs pastoraux et même leurs excessives prétentions n'ont pas d'autres motifs. C'est un aspect de la piété et de l'aspiration à la réforme que l'on peut en l'espèce vraiment dire flamboyantes.
7Voilà aussi pourquoi la chronologie de ces travaux et leur distribution dans l'espace sont si difficiles à saisir. Hormis les réparations les plus urgentes de clôture ou de consolidation, rien de significatif n'a été entrepris avant 1440. Mais ensuite tout s'accomplit en l'espace de deux générations, de 1460 à 1520/30. Impossible d'être plus précis ; en effet, qu'il s'agisse de réparation ou d'embellissement, les travaux s’étirent toujours longuement dans le temps. En Loir-et-Cher au moins pendant dix ans et souvent trente. Il est évident toutefois que toutes les régions ne marchent pas au même rythme. Dans le diocèse de Lyon, au moins d'après la visite de 1469, le gros du travail a été fait par la première génération. En Loir-et-Cher au contraire 23 % des restaurations actuellement observables se situent au XVe siècle, 66 % entre 1500 et 1530 et 7,6 % seulement entre 1530 et 1550. A l'intérieur d’un même pays, en revanche, rien que des nuances très faibles entre les lieux ; ainsi en est-il dans le Rouergue et dans le diocèse de Lyon. En Loir-et-Cher, la pauvre Sologne n'est pas moins prompte à embellir ses églises que la plantureuse Beauce. La Touraine semble faire exception : le Chinonais, où le gros de la restauration se fait entre 1460 et 1490, s’oppose à l'Outre-Loire, très ravagé, où elle date des deux premières décennies du XVIe siècle.
8En fait c’est surtout entre la ville et la campagne que s'observent les plus fortes différences, non de chronologie, mais de nature des travaux. Car en milieu urbain, l'on hésite rarement à entreprendre la reconstruction intégrale des églises paroissiales. Ainsi à Rouen les onze anciennes encore subsistantes ont toutes été reconstruites à l'époque flamboyante11 et à Tours sur les quinze qui existaient à la fin du Moyen Age, dix ont été alors entièrement reconstruites12. Comme il ne s’agit évidemment pas en ville close de relever des ruines, c’est manifestement l'ampleur des moyens disponibles et le désir de magnificence qui ont joué un rôle décisif dans la décision prise.
LES AUTEURS DE LA RESTAURATION
9Qui donc a conduit cet ample mouvement de restauration dont on ne peut contester l'ampleur ? La réponse à une telle question ne va pas de soi. Les évêques y tiennent leur place, quand ils accomplissent leur devoir de visite pastorale ; plus encore leurs auxiliaires, archidiacres ou archiprêtres, dont les visites fréquentes et sans doute plus efficaces, restent sous-estimées, parce qu'elles ne donnent lieu que très rarement à la rédaction de procès-verbaux13.
10Voilà pour les ordonnateurs, mais ce ne sont pas les payeurs. La charge revient selon la règle usuelle pour deux tiers aux fabriques paroissiales, pour un tiers aux patrons décimateurs. Les injonctions des visiteurs sont adressées directement aux fabriciers et par eux à l'assemblée paroissiale qui sait bien aller au devant de leurs ordres, quand il en est besoin14. C'est elle ensuite qui s'arrange avec le patron, au risque d'avoir à lui faire un procès, quand il se montre récalcitrant, ce que durent faire les paroissiens de Preuilly-sur-Claise en Touraine contre l'abbaye du lieu, de 1470 à 1481.
11Quand l'ouverture du chantier est décidée, il appartient aux fabriciers, maîtres d'œuvre, de passer les commandes de matériaux et d'embaucher les ouvriers. On voit par l'exemple des églises du Loir-et-Cher que les ressources locales sont suffisantes pour les petits travaux ; pour les grands, il faut faire appel à des hommes de l'art plus compétents, recrutés dans la ville voisine, en l'occurrence à Blois.
LE FINANCEMENT DES TRAVAUX
12C'est bien le principal souci des fabriciers. Car ce que l'on perçoit bien à partir des cas traités, c'est que les ressources dont ils disposent, tout en s'accroissant au rythme même de la reprise démographique et économique, restent sans commune mesure avec le coût d'un chantier de quelque importance. Ainsi voit-on les revenus de la paroisse de Chaumont-sur-Loire en Loir-et-Cher tripler de 1477 à 1508, passant de 27 livres à 85, mais dans le même temps à Mer, non loin de là, la couverture de l'église est estimée à 153 livres t. et la construction d'un nouveau collatéral à 1300 l.
13En gros à la campagne une paroisse ne peut disposer pour couvrir l'ensemble de ses charges de plus d'une centaine de livres et en ville de plus de trois cents15. Si donc elle ne peut compter que sur ses propres moyens, faute de pouvoir recourir au crédit immobilier, il faut bien qu'elle fasse comme les bonnes villes en pareil cas, c'est-à-dire épargner les excédents accumulés sur plusieurs exercices et répartir les travaux en campagnes largement espacées. Ainsi à Rouen les paroisses Saint-Laurent et Saint-Vincent arrivent-elles à engloutir dans la reconstruction de leurs églises respectivement 9 000 et 11 000 livres, mais l'une de 1444 à 1482 et l'autre de 1511 à 1529 (316 livres par an en moyenne pour la première, 611 livres pour la deuxième).
14Comme il n'est pas toujours possible de fractionner les travaux en toutes petites tranches, surtout à la campagne, force est bien de recourir à la taille paroissiale, ordonnée, répartie et collectée par les fabriciers sous le contrôle de l'archidiacre ; ce que l'on observe par exemple aussi bien à Mer en 1481 qu'à Souvigné en Indre-et-Loire en 1482. Autre procédé : la fourniture bénévole de travail ; le chœur de l’église de Souday en Loir-et-Cher, rebâti de 1520 à 1534, n’a coûté que 1 000 livres grâce aux journées fournies par les paroissiens.
15Aux ressources propres, à l'impôt local extraordinaire, s'ajoutent les dons : les menues offrandes déposées dans les « boîtes », ou bien encore les petits legs, marques touchantes de dévotion plus que moyens de financement.
16Les offrandes ne rapportent vraiment que lorsqu'elles sont liées à une concession d'indulgences, à un « pardon ». Concédées par le pape ou par l'évêque du lieu, elles sont loin d'être exceptionnelles16, loin aussi d'être sans valeur ; Bueil en Touraine, à partir de 1488, en retire 15 livres en moyenne par an, soit en gros, d'après le même compte de fabrique, la valeur d'une fenêtre avec son vitrail.
17Mais l’essentiel en ce domaine reste encore le mécénat. Celui des confréries est très rarement attesté, mais il n'en va pas de même de celui des seigneurs locaux. Dans la plupart des cas pourtant, n'étant ni patrons ni décimateurs, ces notables n'ont aucune obligation de droit, mais ils sont les plus éminents des paroissiens et partagent l'amour de tous pour l'église17. Leur participation à la restauration de l'édifice est recherchée par les habitants18 ; elle est souvent accordée, avec évidemment une certaine recherche d'ostentation, car les armes de ces généreux mécènes figurent sur la partie de l'édifice qu'ils ont bien voulu aider à bâtir : signature qui est souvent du reste la seule trace subsistante de leur intervention19.
18L'action des seigneurs locaux, dont on ne saurait surestimer l'importance, comme l'avait pressenti A. Lesort, mérite que l'on s'y arrête un peu. Car elle pose la question du rôle effectif des patrons dans la restauration des églises. L'on serait tenté, en effet, de les oublier, faute de comptes, de visites pastorales ou de délibérations qui fassent foi de leur activité. Reste tout de même un élément d'appréciation globale, qui, sans être très sûr, n'est pas sans valeur et c'est, une fois de plus, l'observation archéologique qui nous le fournit. On sait, en effet, que la répartition coutumière des dépenses ne se faisait pas en proportion de leur masse, mais selon une règle qui laissait en général aux patrons l'entretien du chœur et aux fabriques celui du reste de l'édifice. Or en Loir-et-Cher, dans 33 des 43 églises qui ont été l'objet d'une reconstruction partielle à l'époque considérée, le chœur seul a été rebâti et dans 10, seulement la nef. Preuve que les patrons n'ont pas manqué totalement à leurs obligations.
19Cependant il ne faut pas trop se laisser abuser par cette remarque. En effet huit de ces chœurs reconstruits sont dûs, au moins en partie, non pas aux patrons, mais à la générosité des seigneurs locaux ; un quart du total, ce n'est pas rien. Bien mieux certains faits ponctuels aident à nuancer encore un peu plus l'observation. Quand on voit, par exemple, l’archevêque de Tours participer à la restauration de Saint-Etienne de Chinon, se charger de celle de Vernou ou d’Artannes, c'est en tant que seigneur châtelain qu’il agit, non comme patron. On peut donc tirer de ces observations limitées la conclusion, ou du moins l'hypothèse, que le mécénat des seigneurs, pris évidemment par les bonnes gens comme il se présentait, était surtout souhaité pour pallier les déficiences des patrons ecclésiastiques ; car ceux-ci, souvent des abbayes très éprouvées par la guerre, ne pouvaient se soucier beaucoup de leurs églises rurales. Mais en laissant les seigneurs jouer leur rôle, les patrons créaient à leur détriment de redoutables précédents. Les plus avisés d'entre eux le sentaient bien. A Saint-Avertin près de Tours, par exemple, les Coningham, qui avaient acquis la seigneurie voisine de Cangé en 1489, avaient fait peindre leurs armes dans le chœur de l'église, mais c'était, nous dit-on, « en grande fraude des droits de l'église Saint-Martin et des doyens, trésoriers et chapitre d'icelle, fondateurs et patrons de la dite église »20.
20En revanche, en certains cas, ce qui facilitait l'intervention seigneuriale, c'était que la restauration de l'église paroissiale se faisait en même temps que la construction ou la reconstruction du château21. Economie de moyens et gros avantage artistique pour l'église qui bénéficiait du talent et du goût des équipes rassemblées par le châtelain munificent.
CONCLUSION
21Peut-être la part prise par le mécénat seigneurial dans la restauration des églises paroissiales après la guerre de Cent a-t-elle été grossie par le champ d'observation choisi. Mais ce qui ne l'est certainement pas, c'est l'énorme effort fourni par les fabriques, c'est-à-dire par les paroissiens eux-mêmes. Oui, comme l’avait pressenti L. Gillet naguère, c'est bien la moitié, bien plutôt même les trois quarts des églises paroissiales qui, en France, ont été, de 1450 à 1530, l'objet de réparations importantes et à tout le moins de travaux d'embellissement. Voilà qui suffit à montrer que la paroisse n'est pas une institution morte en ce « temps des réformes ». Tout le paradoxe est même là. La première réforme, celle que l'on est convenu d'appeler grégorienne, avait eu pour effet de constituer solidement la paroisse avec son territoire délimité, ses prérogatives et son église arrachée à la propriété laïque, mais aussi de la placer sous la seule direction de son recteur. Maintenant ce que l'on voit se développer au cours de la deuxième réforme, c’est une sorte de patriotisme paroissial qui amène la communauté chrétienne des laïcs, seigneurs en tête, à prendre en main le lieu sacré, en faisant pour sa beauté les plus lourds sacrifices. Ils en font pour ainsi dire la reconquête en ne laissant que bien peu de place au curé, le grand absent de cette vaste entreprise, et, bon gré mal gré, bien peu aussi au patron, sans revenir pour autant au régime de l'église privée, puisqu'ils agissent sous le contrôle ou même l'impulsion de l'autorité épiscopale.
22Il faut dire plus. Ces obscurs et grands rebâtisseurs d'églises, par l'ampleur de l'œuvre accomplie, ont singulièrement contribué à la diffusion du gothique flamboyant et renaissant. Mais heureusement pour l'histoire de l'Art, ils n'ont eu que rarement les moyens de tout reconstruire en style moderne ; bien souvent ils ont dû se contenter de consolider le vieil édifice en le restaurant partiellement. C'est ce qui nous vaut de pouvoir admirer encore, et surtout dans tant de nos églises rurales, la puissance de l'art roman alliée aux subtilités ornementales et à la fine élégance du gothique flamboyant.
Notes de bas de page
1 V. Carriere, Introduction aux études d'histoire ecclésiastique locale, t. III, Questions d'histoire générale à développer dans le cadre régional ou diocésain, Paris, 1936, p. 81 s. ; sur la restauration matérielle des édifices, p. 93-123. Son pessimisme, qui était incitation au travail, n'est plus tout à fait de mise ; voir par exemple les pages d'E. Delaruelle dans Histoire de l'Eglise, A. Fliche et V. Martin dir., t. XIV/2, 1964, p. 729-734, et Histoire de la France religieuse, t. II, 1988, p. 17-28 et 193.
2 En dernier lieu, voir d'une part L. Binz, Vie religieuse et réforme ecclésiastique dans le diocèse de Genève, Genève, 1973, et N. Lemaitre, Le Rouergue flamboyant, le clergé et les fidèles du diocèse de Rodez, 1471-1563, Paris, 1988 ; de l'autre M.-T. Lorcin, « Des commandes pour les orfèvres : la visite pastorale du diocèse de Lyon de 1469 », dans Cahiers d'histoire, t. XXIV, 1979, p. 21-43.
3 N. Coulet, Les visites pastorales, Turnhout, 1977, (Typologie des sources du Moyen Age, 23).
4 N. Lemaitre, op. cit. (n. 2), p. 121, souligne à juste titre que les injonctions du visiteur dépendent de l'idée qu'il se fait d'une église digne du culte que l'on y rend et des possibilités de financement qu'il constate chez les paroissiens ; ce n'est pas un rapport d'expert qu'il dresse.
On peut, de ce fait, se demander quelle est la portée exacte de la mention ecclesia est quasi inhabitabilis que l'on trouve par exemple dans J.-M. Alliot, Visites archidiaconales de Josas, Paris, 1902, no 120, p. 39 et no 231, p. 75.
De même M.-T. Lorcin, op. cit., (n. 2) se demande à bon droit à propos des objets de culte comment les artisans et les fabriques paroissiales en 1469 auraient pu satisfaire à des injonctions portant au total sur 183 vases sacrés, une cinquantaine de reliquaires, 280 livres, 67 chasubles, etc.
5 R. Veron, La reconstruction des églises paroissiales en Touraine après la guerre de Cent ans, Mém. de maîtrise, 102 p. dactyl. 1970 ; M.-C. Oudin, La reconstruction des églises paroissiales après la guerre de Cent ans dans le Blésois et le Vendômois, id. 128 p. dactyl. 1977 (Université de Tours, U.F.R. Arts et sciences humaines, dép. d'histoire). Que les auteurs de ces travaux restés inédits soient ici vivement remerciés de leur concours. Ils s'appuient, outre les séries G des Archives départementales et les comptes de fabrique, sur R. Ranjard, La Touraine archéologique, 4e éd., 1968, et F. Lesueur, Les églises de Loir-et-Cher, Paris, 1969, mais n'ont pas eu de procès-verbaux de visites pastorales à utiliser.
Il ne sera pas fait plus ample référence à ces mémoires pour tous les faits concernant les églises de ces deux départements.
6 L. Gillet par exemple, auteur de l'Histoire des Arts dans l'Histoire de la nation française, dr. G. Hanotaux, estimait que la moitié des églises rurales de Touraine, Champagne, Picardie et Ile-de-France remontait à cette période ; A. Lesort relève le trait qui lui semble excessif, op. cit. p. 106. Il ne l'est en fait que par manque de nuances.
7 La désolation des églises, monastères... en France, Paris, 1899. Lieu commun repris tel quel dans Histoire des institutions françaises au Moyen Age, t. III, Institutions ecclésiastiques, Paris, 1962, p. 382.
8 Cf. N. Lemaître, op. cit. p. 122 ; en Loir-et-Cher, seul cas attesté à coup sûr celui de Montlivault (ar. Blois, c. Blois N.E.) ; aucun en Touraine.
9 Exemples à Vendôme, Romorantin, Blois et Tours sans parler d’Orléans ou de Saint-Florentin, P. C. Timbal, La guerre de Cent ans vue à travers les registres du Parlement, Paris, 1961, p. 188-200.
10 N. Lemaitre, op. cit. p. 123, et M.-T. Lorcin, op. cit.
11 V. Tabbagh, « Trésors et trésorerie des paroisses de Rouen, 1450-1530 », communication au colloque L'Eglise et la vie religieuse au début de la Renaissance, (Tours, juin 1990) dans Revue de l'histoire de l'Église de France, t. LXXVII, 1991, p. 125-135 ; texte aimablement communiqué par l'auteur que je remercie vivement de son obligeance.
12 B. Chevalier, La ville de Tours et la société tourangelle, 1356-1520, Université de Lille III, 1974, t. II, p. 348, n. 141.
13 A Souvigné, en Indre-et-Loire, les comptes de la fabrique montrent qu’au cours de la seule année 1481 la paroisse a été visitée successivement par l'archidiacre, par le vicaire de l'archevêque et par l'archiprêtre et ce n'est pas un cas unique, loin de là ; C. Chevalier, « La fabrique de l'église de Souvigné, 1477-1761 », dans Mém. Soc. Archéol. Touraine, t. XIII, 1860, p. 239-259.
14 C'est encore Souvigné qui en apporte un exemple ; mais tout le monde voit bien l'importance symbolique et pratique que prend la restauration de l'église paroissiale. En Quercy, les seigneurs ecclésiastiques dans les baux d'accensements collectifs passés entre 1440 et 1470 ne manquent pas de la mettre à la charge des nouveaux preneurs ; J. Lartigaut, Les campagnes du Quercy après la guerre de Cent ans, vers 1440-vers 1500, Toulouse, 1978, p. 267.
15 Pour ce dernier chiffre voir V. Tabbagh, op. cit. ; comme il s'agit de Rouen, l'on est bien sûr de ne pas avoir affaire aux plus pauvres paroisses urbaines du royaume. Curieusement c'est la meme somme qu'indiquent les comptes de fabrique d'une paroisse de Bourges à la même époque ; M.-H. Gonnet, La paroisse Notre-Dame du Fourchaud de Bourges aux 15e et 16e siècles, Mém. de maîtrise, dactyl., univ. Tours, Arts et sciences humaines, dép. histoire, 1974. Ce ne sont pas de petits revenus, du reste ; bien des bonnes villes du temps n'ont guère plus par an.
16 Quelques exemples dans P.-F. Fournier, « Affiches d'indulgence manuscrites et imprimées des XIVe, XVe et XVIe siècles » dans Bibl. Ec. Chartes, t. LXXXIV, 1923, p. 116-163. Mais on peut citer aussi les cas d'Huisseau et Romorantin en Loir-et-Cher, d'Athée, de Sainte-Maure ou de Bueil en Touraine ; sur cette dernière église également collégiale cf. J.-J. Bourasse, « Notice historique et archéologique sur l’ancienne collégiale de Bueil », dans Mém. soc. arch. Touraine, t. VII, 1855, p. 183-200.
17 Ce qui le prouve, c'est le grand nombre des chapelles privées édifiées dans les églises paroissiales : 25 en Indre-et-Loire antérieures au XVIe siècle, 54 en Loir-et-Cher avant 1550.
18 Les habitants sollicitent ainsi le sire de Bueil ; Bourasse, op. cit.. A. Lesort, op. cit. p. 92 et 107, cite de même le cas des habitants d'Hérouville qui requièrent en 1443 l'aide de Jeanne de Laval pour la reconstruction de leur église et obtiennent d'elle le don du terrain.
19 Le choix des pays ligériens comme terrain d'observation risque en la matière de fausser les perspectives, tant la région compte à l’époque de gentilshomme de fraîche date, issus du service du roi, et avides par conséquent de se faire reconnaître. Ainsi en Touraine J. Briçonnet dit Patron, receveur général des finances, fait rebâtir à Tours l'église Saint-Clément, T. Bothier, général des finances et seigneur de Chenonceaux, la nef de l'église du lieu et le chœur de celle de Francueil ; en Loir-et-Cher. P. Bérard, trésorier de France, se charge de la reconstruction de l'église de Chissay et ses descendants, de celle du chœur, J. Hurault fait de même à Cour-sur-Loire et Cheverny : et un Cottereau à Saint-Bohaire, F. Robertet à Bury.
Le cas de Commynes qui finance en partie le portail ouest de Saint-Etienne de Chinon ou celui d'Imbert de Batarnay à Bridoré en Touraine sont-ils si différents ?
Les interventions du roi ou de la reine, assez rares du reste, sont de même nature. A Montrichard (Loir-et-Cher, ar. Blois), la générosité de Louis XI et celle de la reine Charlotte de Savoie s'expliquent d'autant mieux qu’ils étaient devenus seigneurs du lieu. A Blois, Anne de Bretagne fait faire le portail et une partie de la tour de Saint-Saturnin. Les libéralités nombreuses des Bourbon, comtes de Vendôme, sont semblables.
20 F. Bosseboeuf, « L'église de Saint-Avertin », dans B.S.A.T., t. XXVI, p. 109. Cette simple communication établit que Pierre de Coningham, l'auteur de ces insolentes peintures au XVIe siècle, n'avait pas financé la restauration du chœur, mais assurément il voulait le faire croire au détriment des droits du patron.
21 On a vu le cas de T. Bothier à Chenonceaux, mais on peut citer aussi à l’appui l'œuvre menée dans des conditions identiques par L. de Ronsard, le père du poète, à Chissay et Couture en Vendômois, par Philippe du Moulin à Lassay-sur-Croisne (Loir-et-Cher, ar. Romorantin), par les Montgomery à Lorges, Nicolas de Foyal, surintendant des travaux de Chambord, à Neuvy (idem, ar. Blois, c. Bracieux), etc.
Auteur
Université François Rabelais, Tours
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