Saint Odon et le mal dans la société de son temps
p. 301-310
Texte intégral
1En France et en Italie, la figure dominante dans le monde monastique au deuxième quart du Xe siècle est Odon de Cluny qui a pris en charge l'abbaye bourguignonne à la mort de Bernon en 926, en vertu des dispositions testamentaires de celui-ci, et la gouverna, ainsi que les autres monastères qui lui furent confiés, jusqu'à sa propre mort à Saint-Julien de Tours en 9421.
2Son œuvre monastique est considérable dans la France au sud de la Loire, et dans l'Italie au nord de Rome2 ; mais il a tenu aussi une place de premier plan par ses écrits ; avec Pierre le Vénérable au XIIe siècle, il est l'auteur clunisien le plus fécond ; pour s'en tenir aux écrivains de son époque, il n’est que de consulter les titres choisis par Migne pour les volumes de sa Patrologie consacrés au Xe siècle : Région de Prüm (tome 132,) Odon de Cluny (tome 133), Atton de Verceil (tome 134), Flodoard (tome 135), Rathier de Vérone (tome 136) et Hrotswiha (tome 137) ; viennent ensuite Richer et Gerbert (tomes 138 et 139).
3Musicien3, poète4, abréviateur des Moralia de Grégoire le Grand5, habiographe6, homéliste, il est surtout l’auteur des trois livres de Conférences composés peu avant son accession à l'abbatiat de Cluny, à la demande, dit-il, de l'évêque de Limoges Turpion7.
4Dans ces Conférences8, il traite du problème du mal dans la société de son temps, non en théologien ou en philosophe, mais en moine et en moraliste. Sa pensée mérite d'être présentée, car elle permet de connaître quelque chose de sa propre personnalité et de l'enseignement qu'il a donné à ses moines ; cet enseignement a eu un certain retentissement dans le monde monastique français du Xe siècle et au-delà par le seul fait même du rayonnement de Cluny en son temps.
5Quelle que soit l'origine de sa famille, Odon appartient par sa vie et par le plus clair de son activité à l'Aquitaine. Par sa mère, il est apparenté, semble-t-il, à la famille des vicomtes d’Aubusson ; par ailleurs, il existe plusieurs indices tendant à montrer que les domaines de la famille paternelle se trouvaient à la limite de la Touraine et du Poitou, entre l'Ile-Bouchard, le Grand-Pressigny et Preuilly-sur-Claise9.
6Cette appartenance à la France du sud de la Loire signifie que, dans son œuvre, Odon traite principalement de la société de l'Aquitaine où l'emprise des souverains francs a toujours été plus lâche et où l'ordre carolingien n'a jamais pris vraiment racine10.
7Les Conférences peuvent donc être considérées comme une longue réflexion sur le problème du mal dans la société en tant que telle, mais d'abord dans la société de l'Aquitaine carolingienne du début du Xe siècle, celle où vont naître soixante ans plus tard les premières institutions de paix11.
8Les deux principaux guides de la réflexion d'odon sont saint Augustin dans La Cité de Dieu et saint Grégoire le Grand dans les Moralia. Mais il fait référence à de nombreux autres auteurs, témoins de ses lectures étendues et de l'utilisation judicieuse qu'il a faite des cent volumes manuscrits qu'il apporta avec lui de Tours à Baume vers 90312, et des fonds qu'il a consultés avant ou après sa conversion à la vie monastique.
9Il cite explicitement des écrits du monachisme ancien : Athanase dans la Vie de saint Antoine, Pachôme, Sulpice Sévère dans sa Vie de saint Martin, le Gerontikon, la Vie de Jean l'Aumônier, Cassien ; il se réfère aux historiens, comme Eusèbe de Césarée, Hégésippe, Paul Orose ; aux Pères comme Grégoire de Nazianze, Ambroise de Milan, Jérôme, Paulin de Noie ; à des auteurs postérieurs comme Grégoire de Tours, Bède le Vénérable et Paschase Radbert.
10Les citations sont nombreuses : les Conférences se présentent à la manière d'une Anthologie ; mais Odon conduit lui-même son ouvrage, utilisant les citations qu’il fait ; son triple livre ne peut être classé purement et simplement parmi les Deflorationes.
11Les Conférences forment une sorte de longue méditation à la lumière de la Bible, Ancien et Nouveau Testament ; il n'y a pas de titre, mais l'on pourrait en proposer qui définiraient les axes majeurs. Pour le premier livre : Pourquoi le mal ? Pour le second : Les racines du mal ; et pour le troisième : Le petit Reste des serviteurs de Dieu (en référence à la notion définie par Isaïe).
12Mais une analyse plus complète de l'ouvrage est nécessaire pour faire comprendre plus exactement la perspective d'Odon de Cluny ; le plan ne se développe pas d’une manière rigoureusement logique, puisqu'il s'agit de conférences, c'est-à-dire d'entretiens, un genre littéraire emprunté à Cassien, qui laisse place à l'intérieur des sujets traités à de nombreuses et longues digressions ; le fil est ensuite renoué, en sorte que la pensée reste cohérente.
13Il ne faut pas oublier que le premier livre a été rédigé isolément, à la manière d'un tout qui se suffit à lui-même ; les deux autres livres sont des additions, d'où l'impression de reprise et d'un certain désordre.
14Le premier livre traite du problème du mal en général : ses causes. Odon, dans son Prologue suppose le fait du péché originel tel qu'il est rapporté par le récit de la Genèse.
15Il ajoute que la vie sur terre, loin du Jardin d'Eden, est encore si belle qu’elle exerce sur l'homme une trop grande séduction ; Dieu permet donc le mal causé par les hommes, tant les oppresseurs proprement dits, qui abusent de la puissance dont ils disposent, que d'autres qui sont théoriquement au service de Dieu, mais en fait sont à la recherche d'eux-mêmes et de leur propre excellence. Le remède pour les uns et pour les autres se trouve dans l'Ecriture.
16Ensuite la pensée se développe de cette manière :
chap. 1-5 : le but réel du mal permis par Dieu est d'accéder à la joie authentique ; le mal aide l'homme à s’arracher à la séduction d'un monde trop beau qui arrête son retour à Dieu.
chap. 6-7 : le mal est la conséquence du péché d'Adam.
chap. 8 : il y a un mal qui est envoyé directement de Dieu comme une épreuve ;
chap. 9-13 : il y a un mal qui vient du démon ;
chap. 14-18 : il y a un mal qui vient des hommes. On peut distinguer deux lignées parmi eux, les fils de Caïn qui font souffrir, chap. 14-30 (également 35-37) ; les fils d'Abel, ceux qui pâtissent des premiers, chap. 31-34 (également 38-40) ; au nombre des fils de Caïn, Odon place les mauvais chefs de l'Eglise que l'on doit néanmoins respecter, car ils restent chefs légitimes de l'Eglise, (chap. 19-28).
17Le deuxième livre est consacré aux racines du mal moral et aux remèdes qu'il faut y apporter ; on pourrait le schématiser ainsi :
chap. 1-2 : les fils d'Abel et le bon usage des maux.
chap. 3-27 : les séductions qui s’exercent sur eux par les trois tentations majeures :
chap 3-6 : convoitise de biens terrestres ;
chap. 7-10 et 19-21 : orgueil ;
chap. 11-18 et 22-27 : impureté et luxure.
18Le développement sur l'impureté et la luxure amène un excursus sur le respect dû à l'Eucharistie : chap. 28-34.
chap. 35-42 : concluent le livre en déclarant que le monde est malade, que le mal va se multipliant et que la charité se refroidit, selon ce qui avait été annoncé pour la fin des temps.
19Le livre troisième est consacré au petit Reste, il a davantage le caractère d’un recueil d'anecdotes ; on peut proposer un plan approximatif :
chap. 1-4 : l'apostasie générale et le petit Reste ;
chap. 5-17 : les épreuves particulières des évêques et leur devoir de corriger et de redresser ce qui est mal ;
chap. 18-23 : le monde et ses faiblesses ;
chap. 24-35 : l'exploitation des pauvres et les responsabilités encourues à leur endroit ;
chap. 36-53 : le rôle éducatif et médicinal de la souffrance.
20Odon de Cluny a une vision des maux de la société en partie livresque, à travers Augustin et Grégoire le Grand, mais il est principalement le témoin immédiat de son temps et de son milieu ; lorsqu'il lit, il interprète ce qu'il a lu par ce qu'il connaît directement ; il est étranger à la société qui était celle d'Augustin ou de Grégoire le Grand, mais il a des idées très précises sur l'époque où il évolue, certaines reçues de sa famille, de son éducation, certaines reçues de ses maîtres, d'autres de son milieu monastique, d'autres qui lui sont propres ; il n'est pas possible de distinguer avec certitude ; mais les idées reçues ou acquises sont confrontées à sa propre expérience.
21Le mal pour lui n'est pas une réalité abstraite ; il s'incarne dans un comportement ; il a des causes personnelles visibles ou invisibles. Les acteurs cachés sont le démon et ses auxiliaires, les anges déchus ; les acteurs visibles sont les hommes que le démon a réussi à séduire et à entraîner à sa suite.
22Les plus coupables des fauteurs du mal sont les hommes investis d'une autorité quelconque qu'ils mettent non au service de Dieu et des hommes, mais au service d'eux-mêmes et du démon ; ils encourent une responsabilité très spéciale13. Par sa culture biblique, Odon a été conduit à opposer les orgueilleux-riches-puissants aux humbles-pauvres-oppressés ; il est imprégné par sa lecture de l'Ecriture Sainte de la doctrine des pauvres de Yahvé qui a trouvé son expression sublimée dans le Nouveau Testament sous la forme du Magnificat, du Benedictus et des Béatitudes.
23Lorsqu'ils se montrent infidèles à leur mission, les responsables de l'ordre temporel n'ont plus de titre à posséder le pouvoir dont ils sont investis ; leur rôle était de faire appliquer la loi de Dieu, d’en imprégner la vie et les structures de la société.
24Refusant eux-mêmes de conformer leur vie à l'enseignement de la Bible et de l'Evangile, leur puissance est mise au service du mal. L'équivalence militia14 — malicia se vérifie alors.
25Odon de Cluny place souvent dans la même catégorie et tend à confondre les puissants, les oppresseurs, les hommes armés (de préférence ceux qui sont à cheval), les pillards, les brigands, les meurtriers. Ils tiennent les petits et les faibles, les désarmés, à leur merci et abusent d'eux, les faisant souffrir et leur infligeant des maux15.
26L'abbé de Cluny compte, certes, de nombreux amis et protecteurs parmi les grands ; il a vu plusieurs d'entre eux se mettre au service du bien et il les donne en modèle : Géraud d'Aurillac et son propre père entre autres ; Cluny est peuplé pour une part d'anciens hommes de guerre venus à la conversion monastique, mais dont le passé n'est pas toujours irréprochable.
27Une analyse plus poussée des Conférences va apporter quelques précisions sur la pensée d'Odon quant à la nature, l'origine, la diffusion du mal et donc des maux qui affectent la société de son temps.
28Les Conférences débutent par l'affirmation de la déchéance de l'homme que son Créateur et Juge a justement expulsé de la joie du Paradis terrestre ; mais la vie loin du Paradis est encore très belle et très douce du fait de la bonté de Dieu, et, comme l'homme s'attache trop à ce bonheur insuffisant et précaire, indigne de sa grandeur et de sa vocation, Dieu se voit comme dans l'obligation de réduire en morceaux ce bonheur qui est une illusion, sans quoi l'homme s’endormirait sur sa route et oublierait la grande œuvre du salut, le bonheur transcendant vers lequel il doit tendre.
29On ne peut donc parler ici de dépréciation du monde et de ses joies ; la séduction est telle que le monde devient dangereux ; il risque à tout moment de ne plus être perçu comme un don de Dieu, mais dans sa consistance propre et pour lui-même ; au lieu d'être un chemin qui conduit à Dieu, il devient opaque.
30Le rappel divin est d'autant plus nécessaire que la pente qui conduit à l'oubli de Dieu et des réalités spirituelles est insensible ; il en va comme pour l'homme qui ne se sent pas grandir, ou qui ne voit pas la mutation insensible qui le fait passer de la beauté de la jeunesse à la vieillesse. On se laisse conquérir par le monde ; on glisse dans l'oubli total de Dieu.
31Dieu ébranle donc ce bonheur, mais, de peur que les ébranlements destinés à rappeler l'homme à lui-même ne le dépriment outre mesure, l'homme a reçu le don des Ecritures qui le confortent, qui lui permettent de lire l’action divine dans le monde et en lui-même. Il en sort affermi ; il peut, grâce à elles, tirer parti de l'épreuve lorsqu'elle survient, pour son plus grand bien ; il y découvre le sens de la souffrance, son caractère rédempteur.
32Le mal permis par Dieu est le chemin vers la vraie joie, une aide pour se déprendre de la séduction du monde ; et cela est vrai de tout mal, qu'il vienne directement de Dieu, qu'il vienne du démon ou qu'il vienne des hommes.
33Cette perspective est fort éloignée du pessimisme radical. Le mal existe dans le monde ; le mal est très profond, il atteint toutes les couches sociales ; mais l'abbé de Cluny ne démissionne pas devant ce constat ; il ne rend pas les armes en jugeant le combat trop inégal ; il s'applique à découvrir les raisons providentielles de cet état de choses, son aspect bénéfique pour l'homme dans sa destinée ultime. Dieu peut faire entrer toutes choses dans son plan de salut, tourner en bien ce qui semble même directement opposé à ce plan de salut : en l'espèce le mal voulu par Satan et le péché des hommes.
34Pour cette lecture des dispositions providentielles, l'Ecriture est indispensable ; elle fournit la clé ; la lectio divina est le moyen de prendre conscience de ce mystère de miséricorde.
35Aux patriarches qui étaient encore proches de lui, le Seigneur parlait directement par le moyen de paroles qu’ils pouvaient percevoir ; mais le monde s'est enfoncé dans son péché ; les hommes se sont éloignés chaque jour un peu plus de lui ; il envoie donc des lettres pour les inviter à revenir vers lui, comme l’on fait pour rappeler à soi des amis qui ont été infidèles16 ; l'image vient de saint Augustin, mais elle a évolué depuis qu'elle a été utilisée pour la première fois.
36L'optimisme se trouve à tous les niveaux de la pensée de saint Odon : optimisme quant à la destinée surnaturelle de l'homme ; optimisme quant à l'appréciation de la bonté et de la beauté foncière de la création, même après la chute ; optimisme quant à la signification et l'efficacité des épreuves envoyées par Dieu pour le bien des âmes, ou permises par lui, car bien des maux sont causés volontairement par les démons ou par les hommes.
37La voie de retour au Paradis perdu passe par la souffrance, mais celle-ci est un chemin vers la joie ; elle perd son caractère absurde ; l'Ecriture vient projeter sa lumière sur le mystère, apportant la clarté au sein de l'obscurité où se débat l'homme en proie à la souffrance, elle lui rend cœur ; elle aide à porter l'épreuve et le fortifie17.
38Mais l'homme reste libre d'utiliser les souffrances pour son salut ou au contraire de se laisser blesser mortellement par elles et de sombrer dans le désespoir ; il est placé à une croisée de chemins ; il faut qu’il opte pour l’espoir, pour la signification positive de la souffrance, au lieu de s'engager sur la route du désespoir et de l'absurdité18.
39L'Ecriture permet à l’homme de bien comprendre le sens des difficultés qu'il a à traverser et de les accepter pour ce qu'elles sont réellement. Le scandale ou la révolte ne servent de rien, car le problème du mal est universel et nul n'y échappe depuis la chute originelle.
40Le péché ayant introduit le mal, l'homme est pour ainsi dire dés-unifié, il est tiraillé entre une multitude de séductions et d'amours divergents ou opposés ; son monde intérieur dérive depuis son enfance, il a besoin de retrouver l’unité, d'y être ramené. Dieu s’y emploie par une multitude de procédés divers, parmi lesquels il utilise le mal et la souffrance19.
41La souffrance a donc un rôle éducatif ; elle est un instrument entre les mains de la miséricorde de Dieu ; l’on trouve une grande sécurité à découvrir Dieu attentif à tout, « châtiant ceux qu'il aime », les élevant jusqu'à la participation aux souffrances de son Fils incarné20.
42L'homme n'a plus la capacité de s'élever par la voies ordinaires, d'aller tout droit à Dieu par la simple contemplation de la beauté créée, « l'échelle des créatures » ; son chemin doit être plus rude21.
43Quelle que soit la profondeur de la réflexion chrétienne sur la souffrance, il restera des zones d'obscurité ; mais ces zones elles-mêmes sont éclairées par l'exemple du Sauveur qui a voulu se soumettre à la souffrance pour l'amour des hommes22.
44Rien ne résiste en face de la contemplation de la Croix ; si l'on ne comprend pas, on peut toujours adorer les jugements de Dieu. Tout ce qu'enseigne la Bible conduit l'homme dans cette direction, lui donne la confiance, la certitude que les purifications sont bonnes et nécessaires et qu'elles ne pèsent pas lourd quand on les compare à l'enjeu : la vie éternelle.
45Au milieu de la souffrance, la joie jaillit de l'espérance ; viendra le temps où le Christ essuiera les larmes de tous les yeux et brisera les instruments qui ont fait souffrir les siens ; le temps des bourreaux passera.
46Quant aux souffrances qui viennent directement de Dieu, elles sont aimées comme des marques de la tendresse divine, attentive à éduquer paternellement les siens.
47Béatitude et souffrance semblent deux contraires qui s'excluent, mais Jésus a proclamé la béatitude de ceux qui souffrent ; c'est donc ainsi que la vraie vie se développe23.
48Les trois livres des Conférences s'achèvent par une citation des Moralia de Grégoire le Grand qui sont un appel à l'espérance : si au milieu des détresses du temps présent, les fils de Dieu ne jouissent pas de la liberté qui leur appartient du fait de leur adoption divine, dans la gloire à venir aucune trace de servitude ne paraîtra plus en eux ; ils seront entièrement libérés.
49La vision du monde et du mal qui l'habite donnée par le grand moine ne paraît pas particulièrement sombre ; il est conscient de la présence d'un grand nombre de désordres, d'injustices, d'oppressions ; mais il ne se réfugie pas dans une attitude négative de « contemptus mundi ».
50Il ne prononce pas de condamnation contre les biens matériels, la création, les joies de la vie ; il se préoccupe d'aider ses contemporains à tirer le meilleur parti des difficultés qu'ils traversent, des souffrances qui naissent d’un monde où règne la violence ; il préconise des remèdes à cette violence en proposant des modèles de comportement chrétien hors du monde et au sein du monde, dans l'univers monastique et dans les conditions de vie qui sont celles des chefs temporels : tel est le sens de l'œuvre de réforme qu'il a étendue partout où un appel s'est fait entendre24 ; tel est le sens aussi de sa Vie de saint Géraud, comte d’Aurillac25.
Notes de bas de page
1 La source narrative principale pour la biographie est la Vie par I. De Salerne : PL. c. 43-86 ; cf. G. Arnaldi, « La Vita Odonis di Giovanni Romano e la spiritualità cluniacense », dans Spiritualità Cluniacense, Convegni del Centro di Studi sulla Spiritualità Medievale II, 12-15 ottobre 1958, Todi, Presso L'Academia, 1960, p. 245-249 ; id., « Il biografo Romano di Oddone di Cluny », dans Bulietino dell'Istituto storico italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, no 71,1959, p. 19-37.
2 J. Evans, Monastic Life at Cluny, 910-1157, Oxford-London, 1931 ; rééd. Archon Books, 1968 ; S. Berthellier, « L'expansion de l'Ordre de Cluny et ses rapports avec l'histoire politique et économique du Xe au XIIe siècle », dans Revue archéologique, t. 11,1938, p. 319-326 ; R. Morghen, « Riforma monastica e spiritualità cluniacense », dans Spiritualità Cluniacense, p. 31-56 ; J. Leclercq, « L'idéal monastique de saint Odon d'après ses œuvres », dans A Cluny, Congrès scientifique, fêtes et cérémonies en l'honneur des saints Abbés Odon et Odilon, 9-11 juillet 1949, Dijon, 1950 ; G. Antonelli, « L'Opera di Oddone di Cluny in Italia », dans Benedictina, t. 4, 1950, p. 19-40 ; H. Dauphin, « Monastic Reforms from the Tenth Century to the Twelfth », dans Downside Review, t. 70, 1952, p. 62-74 ; A. H. Bredero, « Cluny et le monachisme carolingien, continuité et discontinuité », dans Benedictine Culture, 750-1050, Medievalia Lovaniensia, series I, studia IX, Leuven, University Press, 1983, p. 50-75.
3 J. Laporte, « Saint Odon et ses œuvres musicales », dans A Cluny, p. 171-180 ; P. Thomas, « Saint Odon et son œuvre musicale », ibid.
4 Odonis Abbatis Cluniacensis, Occupatio, éd. Svoboda, Leipzig, Teubner, 1900.
5 J. Laporte, « Saint Odon, disciple de saint Grégoire le Grand », dans A Cluny, p. 138-143 ; G. Braga, « Problemi di autenticità per Oddone di Cluny : L'Epitome dei Moralia di Gregorio Magno », dans Studi Medievali, ser. 3,18,1977, p. 45-145.
6 Traduction de la Vie de Céraud d'Aurillac : G. Venzac, « Vie de Géraud, comte d’Aurillac », dans Revue de la Haute-Auvergne, t. 43,1974, P ; 211-238 ; V. Fumagalli, « Note sulla Vita Geraldi di Oddone di Cluny », dans Ballettino dell'Istituto storio italiano per il Medio Evo, t. 76, 1964, p. 217-240 ; P. Rousset, « L'idéal chevaleresque dans deux Vitae clunisiennes », dans Etudes de civilisation médiévale (IXe-XIIe siècles), Mélanges offerts à E. R. Labande, Poitiers, Centre d’Etudes supérieures de Civilisation médiévale, Poitiers, 1974, p. 623-633 ; F. Lotter, « Das Idealbild Adliger Laienfrömmigkeit in den Anfänge Clunys : Odos Vita des Grafen Gerard von Aurillac », dans Benedictine Culture, 750-1050, p. 76-95.
7 J. Becquet, « Les évêques de Limoges au Xe, XIe et XIIe siècles », dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. 104, 1977, p. 63-90 ; M. Aubrun, L'ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Clermont-Ferrand, 1981, p. 134 s.
8 Vita Odonis, 1,3.
9 Les indices sont peu nombreux, mais significatifs, croyons-nous : tout d'abord la Vita Odonis II, 12 raconte l’histoire de deux moines de Cluny envoyés pour une affaire aux limites de la Touraine et du Poitou où ils sont pris par un parti de Normands, en provenance de la Basse-Loire, en razzia ; les deux moines Archambaud et Adelais sont sans doute là pour négocier les biens patrimoniaux d'Odon. Le vicomte Atton de Tours dont le nom ressemble à celui du père d'Odon, Abbon, a échangé des terres en 937 avec Hugues-le-Grand, agissant comme abbé séculier de Saint-Martin, et parmi ses terres se trouve Preuilly où Atton avait déjà construit un château, cf. Paris, B.N., ms. Touraine-Anjou (coll. Dom Housseau), t. 1, n. 166. Enfin les Normands de la Basse-Loire emmenèrent en captivité le neveu d'Odon avec sa nourrice (Vita Odonis II, 16), à huit jours de marche de là, distance que la nourrice, en s'échappant avec l'enfant, couvrit en trois jours seulement : or il y a 180 kilomètres par voie de terre entre le sud de la Touraine et le Marais breton autour du Lac de Granlieu ; dans le premier cas les étapes seraient de 20 kilomètres, et pour le retour de 60.
10 C. Lauranson-Rosaz, L’Auvergne et ses marges (Velay-Gévaudan) du Ville au XIe siècle. La fin du monde antique ?, Les Cahiers de la Haute-Loire, le Puy-en-Velay, 1987 ; A.-R. Lewis, « Count Gerald of Aurillac and Feudalism in South-Central-France in the early Tenth CenCentury», dans Traditio, t. 20,1964, p. 41-58 ; G. Devailly, Le Berry du XIe au milieu du XIIIe siècle. Etude politique, religieuse, sociale et économique, Paris-La Haye, Mouton, 1973 ; A.-R. Lewis, The Development of Southern French and Catalan Society, 718-1050, Austin, Texas, 1965.
11 Sur les institutions de paix, voir C. Lauranson-Rosaz, L’Auvergne, p. 409-411 ; G.-M. Oury, « Le frère de Geoffroy Grisegonelle » : Guy II d'Anjou, moine et évêque du Puy (t av. 998) », dans Actes du Colloque médiéval de Loches (1973), Mémoires de la Société archéologique de Touraine, série in-4, t. IX, Tours, 1975, p. 61-68 ; B.-H. Rosenwein « Feudal War and Monastic Peace, Cluniac Liturgy as Ritual Aggression », dans Viator, t. 2, 1971, p. 129-157 ; Essays on the Peace of God : the Church and the People in Eleventh-Century France, ed. T. Head et R. Landes, Historical Reflection/Réflexions Historiques, vol. 14, 1987 (Univ. Waterloo, Ontario, Canada).
12 Vita Odonis I, 22.
13 C. Violante, « Il monachesimo Cluniacense di Fronte al Mondo Politico ed Ecclesiastico (secoli Xe-XIe) », dans Spiritualità Cluniacense, p. 155-242 ; rééd. dans C. Violante, Studi sulla christianità, Milano, 1972, p. 3-67.
14 P. Van Luyn, « Les milites dans la France du Xe siècle », dans Le Moyen Age, 1971, p. 5-51, 193-228.
15 B.-H. Rosenwein, Rhinoceros bound, Cluny in the Tenth Century, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1982.
16 Collationes I, Prol.
17 Collationes I, 1.
18 Collationes I, 2.
19 Collationes I, 4.
20 Collationes I, 5.
21 Collationes III, 49.
22 Collationes III, 52.
23 Collationes III, 53.
24 G. De Valous, « Cluny », dans Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastique, t. XIII, 1956, c. 169-174 ; id., Le monachisme clunisien des origines au XVe siècle, Ligugé-Faris, 1935, rééd., Paris, 1970 ; M. Pacaut, L'ordre de Cluny, 909-1789, Paris, Fayard, 1986, et bibliographie.
25 J.-C. Poulin, L'idéal de sainteté dans l'Aquitaine carolingienne, Québec, 1975, p. 80-98 et supra n. 6.
Auteur
Westfield Priory, U.S.A.
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