Chapitre I. 1936 : Les syndicats féminins dans la tourmente
p. 167-181
Texte intégral
1La période qui va de l’avènement du Front populaire en 1936 à la guerre de 1939 représente une étape importante dans le développement de la centrale chrétienne. L’historien Michel Launay a bien montré le choc que constituent pour les militants chrétiens, d’une part l’unification des centrales CGT et CGTU et, d’autre part, l’accroissement important du nombre de militants au sein de la CFTC à compter de 19361. Sans entrer dans les détails, rappelons combien les événements de mai-juin 1936 prennent de court les dirigeants des syndicats chrétiens. Ceux-ci n’ont d’autre choix que d’entériner une situation de fait, c’est-à-dire la participation effective de nombreux syndiqués chrétiens aux grèves et aux occupations d’usines. À cette occasion, un comité de vigilance est mis sur pied par le Bureau confédéral. Il compte parmi ses membres des syndiqués, mais aussi des représentants du catholicisme social. Après discussion, le comité se déclare favorable aux revendications des travailleurs mais recommande aux syndicats de contrôler le mouvement de façon à éviter les dérapages dangereux. La CFTC n’est d’ailleurs pas la seule centrale à vouloir contrôler l’explosion sociale de juin 36. Selon Georges Lefranc, Léon Jouhaux et ses camarades du Bureau de la CGT manifestent la même volonté de contrôle et considèrent ces manifestations dangereuses2. Aussi, pour endiguer le mouvement de protestations, les militants chrétiens encouragent-ils la dialogue avec le patronat ainsi que la participation active des représentants des travailleurs lors des discussions concernant les conventions collectives. Mais si les dirigeants de la CFTC appuient le mouvement revendicatif, ils demeurent néanmoins hostiles au Front populaire comme la majorité des catholiques sociaux3.
2En ce qui concerne les syndicats féminins, les bouleversements consécutifs aux mouvements grévistes de l’été 1936 sont fondamentaux pour comprendre leur inscription nouvelle au sein de la CFTC. Il faudra examiner plus particulièrement leur action dans le cadre du mouvement revendicatif et évaluer l’impact des changements survenus durant cette période sur les rapports entre le syndicalisme féminin et la Confédération chrétienne. En effet, selon Launay, la crise de 1936 renforce la tutelle de la Confédération sur les fédérations nationales et sur les organisations de base4. Dans cette perspective, on peut supposer que les fédérations féminines n’ont d’autre choix que de s’intégrer davantage dans une structure confédérale plus centralisée. Cette volonté centralisatrice se manifeste, entre autres, par l’obligation pour les organisations féminines de préciser le cadre structurel de leurs relations avec les organisations masculines tout en protégeant au mieux leur autonomie organisationnelle. Même s’il s’agit d’un exercice nécessaire, il n’en demeure pas moins périlleux et il sera intéressant d’analyser la capacité d’adaptation des syndicats féminins chrétiens face à leur nouvel environnement social. Toutefois, il faut d’abord retracer le contexte dans lequel s’inscrivent les transformations issues des événements de 1936.
3En ce début d’année, les syndicats féminins chrétiens sont tout entier tournés vers les questions du chômage et du retour de la mère au foyer. Le travail féminin, c’est-à-dire la place des femmes sur le marché du travail demeure le thème principal de réflexion au sein des organisations féminines. Suite à la réunion féminine précédant le congrès de la CFTC de 1935, les militantes poursuivent leur réflexion en vue d’une action concertée pour la défense des droits des travailleuses. Les militantes des syndicats féminins multiplient les réunions, les enquêtes et les articles pour la défense des conditions de travail des femmes qui ne cessent de se détériorer depuis la crise. C’est ainsi qu’au mois de janvier 1936 les syndiquées de la Ruche de Bordeaux, une organisation affiliée à l’Union centrale de l’Abbaye, entreprennent une vaste enquête pour connaître les salaires moyens effectivement versés aux travailleuses de la région. Mais avant tout, elles proposent d’établir le budget d’une femme vivant seule. Faut-il rappeler que l’établissement du budget d’une travailleuse vivant seule demeure un trait caractéristique des organisations féminines formées à la méthode des cercles d’études et de l’École normale sociale ? Selon, les militantes chrétiennes, le calcul du budget est essentiel pour mener à bien leurs revendications en vue de l’établissement de conventions collectives. Contrairement aux organisations masculines, où le budget est d’abord familial et calculé en fonction du maintien de la mère au foyer5, ce budget-type n’est jamais établi en fonction du « salaire d’appoint » d’une femme mariée mais toujours en fonction de celui d’une travailleuse vivant seule. Après une comptabilité serrée, les militantes de Bordeaux arrivent aux chiffres suivants : 450 F pour vivre en foyer, 600 F pour vivre chez soi et 650 F si la travailleuse prend ses repas au restaurant. D’après les renseignements qu’elles ont recueillis, la moyenne des salaires est de 400 F par mois pour les ouvrières, 500 F pour les employées de commerce et 600 F pour les sténo-dactylographes. Dans tous les cas, les salaires moyens des travailleuses de Bordeaux sont en dessous du minimum vital. Conclusion : « défense d’être malade, d’être au chômage et de vieillir !6 ».
4Quelques semaines plus tard, au congrès de la Fédération des employés, qui regroupe les syndicats féminins et masculins, c’est au tour de Jeanne Lunard du syndicat féminin de Nantes de tirer la sonnette d’alarme. Devant la situation difficile des travailleuses, elle recommande l’établissement de minima régionaux et professionnels. Les déléguées de la Fédération française des syndicats féminins en arrivent au même constat lors de leur congrès annuel. Elles protestent vivement contre la diminution des salaires des travailleuses et favorisent une réduction du temps de travail pour endiguer le chômage. Finalement, compte tenu de la « régression sociale incontestable amenée par la crise économique »7, elles émettent le vœu que les pouvoirs publics accordent aux syndicats – quelle que soit leur tendance – une part de plus en plus importante dans la discussion en vue de l’établissement de contrats collectifs de travail. À la même époque, le Syndicat des dames employées de Lille affilié à l’Union du Nord et réuni en assemblée générale, établit le même bilan : le chômage frappe un grand nombre de femmes alors que l’avilissement des salaires rend les conditions de travail très pénibles. Les déléguées à l’assemblée proposent deux mesures. La première est de retarder l’âge de l’entrée au travail d’une année soit de 13 à 14 ans. La seconde est d’appliquer dans toutes les entreprises la journée de huit heures et de réglementer la durée de travail dans le commerce de l’alimentation au détail8.
5Au mois d’avril, Marcelle Berdin, présidente de la commission féminine de la CFTC, annonce l’amorce d’une enquête approfondie sur la mécanisation du travail féminin depuis le début des années trente. D’emblée, les syndicats féminins prennent position puisque le but de l’enquête – à laquelle sont associés le corps médical et les services d’hygiène sociale – est de mettre en relief les conséquences néfastes du travail aux machines pour la santé des travailleuses et, par le fait même, pour celle de leurs enfants. Cette enquête doit orienter l’action des syndicats féminins en vue d’obtenir des conditions de travail plus humaines notamment en mettant un frein aux abus du machinisme, qui ne frappent pas de la même manière les hommes et les femmes9.
6Comme on peut le constater, à la veille du mouvement gréviste de 1936, les syndicats féminins demeurent très préoccupés par la question du travail des femmes dans le cadre de la crise économique. Les militantes multiplient les enquêtes sur les conditions de travail à Paris et en province alors que, depuis le congrès de 1935, elles poursuivent leur réflexion sur la place des femmes dans le monde du travail. L’établissement de budgets, les discussions autour de la signature de contrats dans la couture, la formulation de revendications précises en ce qui a trait à la durée de travail, les problèmes liés à la mécanisation du travail, représentent autant de dossiers pour lesquels les militantes syndicalistes chrétiennes ont développé une connaissance approfondie. Il y a gros à parier qu’avec le développement sans précédent des discussions autour de conventions collectives, les syndicalistes chrétiennes ont su mettre à profit leur expérience ainsi que les connaissances théoriques et pratiques acquises au cours de leur formation et de leur vie militante. Mais encore faudra-t-il que les syndicalistes chrétiennes soient en mesure de s’inscrire de façon significative dans ce vaste mouvement revendicatif et qu’elles puissent ainsi participer activement aux discussions entourant les conventions collectives dans les secteurs où elles sont présentes.
7Il est difficile, voire impossible, de connaître les réactions à chaud des militantes des syndicats féminins au moment où se déroulent les grèves de mai et juin 1936. En effet, nous ne disposons d’aucun compte rendu de réunion ou de déclarations datant des mois en question. Même les journaux des syndicats féminins cessent de paraître pendant un mois dans le cas de La Ruche syndicale et jusqu’à septembre pour La Travailleuse. La mobilisation des militantes les plus actives en vue des négociations des conventions collectives expliquent cette interruption. En revanche, nous savons que dès le 4 juin, la plus importante fédération chrétienne, celle des employés, ne revendique aucune responsabilité quant au mot d’ordre et à la façon dont s’organise le mouvement revendicatif. Mais elle considère que la situation actuelle aurait pu être évitée si les pouvoirs en place et le patronat avaient pris en considération les demandes légitimes des travailleurs. La Fédération rappelle le souci qu’elle a toujours manifesté en faveur des conventions collectives et estime qu’elle doit participer à leur élaboration10. De son côté, la Confédération n’a d’autre choix que d’entériner un mouvement qui engage bon nombre de ses militants sur le terrain. Comme il a déjà été souligné, plusieurs militants syndicalistes chrétiens participent aux mouvements revendicatifs ainsi qu’aux occupations des lieux de travail. Il en est de même des militantes chrétiennes, particulièrement dans les secteurs de la nouveauté, de la métallurgie, mais aussi et surtout, dans le secteur des banques et des assurances11. Après l’effervescence des premières semaines, les militantes ont analysé les événements de l’été 36 et commenté l’action menée sur le terrain par les syndicats féminins.
8En 1936, les grèves et les occupations d’usines demeurent des sujets délicats et les militantes chrétiennes hésitent à les aborder directement dans leurs articles. À l’instar de la majorité des dirigeants de la CFTC, elles déplorent que des solutions basées sur des ententes collectives ainsi que des mécanismes de négociation n’aient pas été mises en avant plus tôt. Le témoignage de Léonie Vion, dirigeante des syndicats féminins du Nord, rend compte de l’intransigeance du patronat jusqu’aux événements de 1936 :
Lorsque, au cours des réunions de la Commission mixte, je me trouvais discutant des conditions de travail des Employés de banque avec les principaux adhérents de l’Union syndicale des Banquiers, je jetais un regard en arrière, je me disais : « Est-il possible que les même personnes n’aient pas voulu causer en 1925, lors de la grève des Banques, qu’elles aient voulu ignorer les Syndicats, pour ne pas leur donner d’importance ? »12
9Si la grève sur le tas leur paraît une méthode déplorable, les militantes se montrent cependant sensibles et favorables aux revendications ouvrières. La lecture que font les militantes de la situation se résume en quelques lignes : les revendications formulées par les travailleuses sont justes puisqu’elles sont très semblables à celle définies par leurs organisations depuis des années. Quant aux moyens employés pour les obtenir, les syndicats chrétiens les réprouvent. En effet, l’occupation des usines est une atteinte à la propriété. Quant à la grève générale, elle entraîne l’anarchie et le désordre13. Au-delà de ces condamnations, il faut noter combien les militantes chrétiennes sont conscientes de l’importance des changements en cours. C’est ainsi que dans un article intitulé « Après l’orage » paru dans le journal La Ruche syndicale, Jeanne Aubert, présidente de l’Union des syndicats de l’Abbaye, parle du mois de juin 1936 comme d’un mois historique dans les annales du syndicalisme français14. La description brossée par Aubert ne laisse aucun doute sur l’état d’esprit qui règne alors au sein de la fédération féminine. Qualifiées de « journées sombres15 », les grèves de juin ont été vécues comme une épreuve sans précédent par les militantes chrétiennes :
Grèves, occupation forcée des locaux de travail, pressions inqualifiables pour obtenir des adhérents nombreux à d’autres organisations syndicales. Fatigues physiques, souffrances morales, tel est le bilan de ce mois16.
10Aux méthodes déplorables employées par les ouvriers pour obtenir gain de cause, les syndicats féminins opposent le rôle pacificateur de leurs militantes qui ont soutenu les revendications justes. Aubert insiste d’ailleurs sur cet aspect particulier des événements de 1936 : les travailleuses ont obtenu des améliorations appréciables et les syndicats féminins sont fiers d’y avoir collaboré. Selon Aubert, les résultats obtenus vont dans le sens de ce que la CFTC revendique depuis sa naissance. Elle est satisfaite de les voir enfin aboutir « tout en constatant avec une certaine tristesse qu’elles auraient pu l’être auparavant et dans des circonstances moins orageuses »17.
11À la Fédération du boulevard des Capucines, le ton est sensiblement différent. Dans un texte qui propose un premier bilan des événements de juin, Madeleine Tribolati insiste sur la part importante prise par les travailleuses dans le vaste mouvement revendicatif. Loin de l’orage annoncé dans La Ruche, c’est sous un ciel plus clément et avec une évidente satisfaction que Tribolati mesure l’ampleur du travail qui a été réalisé durant cette période. Elle apprécie positivement le chemin parcouru depuis le mois de juin tout en soulignant le travail intense fourni par les syndicats féminins en vue d’obtenir de meilleures conditions pour les travailleuses18.
12Au-delà de l’occupation des lieux de travail que réprouve la majorité des dirigeantes des organisations féminines chrétiennes, ce sont les rapports souvent houleux entre les syndiquées chrétiennes et cégétistes qui donnent lieu à des commentaires acérés. Une courte rubrique intitulée « Les Grèves : les faits vécus » paraissant dans La Ruche syndicale retrace le quotidien des syndiquées chrétiennes lors des événements de 1936. Évidemment, le récit magnifié de ces « faits vécus » ne peut être que celui des victoires du syndicalisme féminin chrétien plongé dans la tourmente, résistant avec courage aux assauts répétés des cégétistes déterminés à imposer le monopole syndical sur les lieux de travail. C’est ainsi que dans un atelier de confection, une jeune midinette « n’écoute ni les promesses, ni les menaces de la CGT et reste seule syndiquée chrétienne sur 400 travailleurs »19. Scénario encore plus dramatique pour cette ouvrière âgée de 21 ans qui « insultée et battue parce qu’elle ne veut pas adhérer à la CGT »20. Quant à leur présence lors des occupations d’usine, le vocabulaire utilisé par les militantes chrétiennes ne fait aucun doute : elles ont bel et bien été captives dans leurs locaux de travail et contraintes – on ne sait trop par qui ou par quoi – à demeurer sur place. Voilà une présentation qui contraste fortement avec les descriptions que nous offrent des journaux comme Le Populaire et L’Humanité. Quoi qu’il en soit, leurs actions demeurent vertueuses et moralisatrices puisqu’elles « exigent une meilleure tenue et font quitter les locaux la nuit pour les femmes »21. Toutefois, il faut noter que les chrétiennes ne détiennent pas le monopole de la vertu et de l’ordre. Comme le souligne un article paru dans Le Populaire, le comité de grève a rappelé aux femmes grévistes qu’elles pouvaient rentrer chez elles le soir venu22.
13Selon leurs témoignages, les chrétiennes réussissent tout de même à s’imposer dans ce milieu hostile grâce à leur bravoure, leur bon sens et leur courage :
Prisonnières dans leurs locaux de travail, certaines des nôtres ont fait des quantités d’adhésions, ont discuté les contrats, se sont fait nommer à la délégation du personnel, se sont révélées chefs dans toute l’acceptation du mot, en s’imposant non seulement à nos amies, aux indifférents, à leurs sœurs de travail, mais à tous. Noble exemple de courage et de fermeté, qui servira d’exemple23.
14À plusieurs reprises, si l’on se fie aux récits publiés dans les journaux, il semble que leur claustration involontaire ait permis aux militantes chrétiennes de faire du prosélytisme syndical avec quelques succès. À les en croire, leur ténacité devant l’adversité a convaincu bon nombre de travailleuses d’adhérer aux organisations féminines :
De tous côtés, les travailleuses sont venues se rallier à nos organisations féminines. Pressées par les faits, elles ont compris que leur isolement faisait leur faiblesse, qu’elles avaient besoin d’appartenir à un groupement qui parlerait en leur nom et défendrait efficacement leurs intérêts24.
15Le style épique, les propos triomphalistes ainsi que les nombreuses anecdotes dont les textes sont truffés, laissent songeur quant au crédit qu’il faut leur accorder. Mais s’il est difficile de juger de la véracité des témoignages qui nous sont rapportés par la presse syndicale, ceux-ci n’en demeurent pas moins intéressants à bien des égards. Car au-delà des faits, ces récits traduisent certaines perceptions qui inspirent aux militantes chrétiennes ce qu’elles considèrent déjà comme une révolution sociale. Ils nous permettent également de saisir non seulement leurs peurs mais aussi leurs espoirs, au moment même où les organisations féminines se trouvent à un tournant de leur histoire. La grande peur qui anime les dirigeants des syndicats chrétiens – masculins et féminins – en cet été de 1936 est, bien sûr, la force croissante de la CGT unifiée et sa volonté manifeste d’imposer le monopole syndical. Rappelons que la centrale chrétienne est écartée lors des accords Matignon alors que sa représentation au sein des délégations du personnel n’est jamais acquise et que sa présence lors des discussions des conventions collectives n’est assurée qu’après de chaudes luttes. La hantise de se voir évincées des nouvelles structures qui se mettent en place est sensible dans le discours des dirigeantes chrétiennes. Toutefois, elles n’en célèbrent pas moins l’éclosion d’un nouveau régime, celui des contrats collectifs qu’elles considèrent conformes aux thèses fondamentales du syndicalisme chrétien. En effet, la loi de juin 1936 propose une procédure d’extension qui permet de rendre une convention obligatoire pour tous les employeurs et les travailleurs dans le champ professionnel et géographique de la convention. Ce qui signifie concrètement un développement extraordinaire des conventions collectives. Dans cette perspective, les militantes chrétiennes manifestent l’espoir de voir le mouvement syndical féminin chrétien émerger comme un partenaire majeur au sein d’une organisation sociale basée sur de nouveaux rapports de force. Comprenons-nous bien, pour elles, ce rôle nouveau ne peut être tenu que par les syndicats féminins puisque ceux-ci constituent les seules organisations capables d’apprécier et de défendre les intérêts des travailleuses. C’est ce qu’il faut retenir de l’analyse proposée par Madeleine Tribolati :
Partout où la chose a été possible, nos syndicats féminins sont intervenus dans la discussion des accords et conventions collectives. Dans la majorité – on pourrait dire dans la totalité des cas – les femmes ont été représentées et défendues par les dirigeantes de nos syndicats féminins. On conçoit aisément que des collègues masculins – aussi désintéressés qu’on les suppose – ne peuvent connaître à fond les questions qui nous concernent spécialement et prendre notre parti lorsque les intérêts des travailleurs et des travailleuses sont en concurrence25.
16On trouve ici l’affirmation forte et tangible d’un discours féministe au sein du mouvement syndical chrétien. Il faudra méditer la portée d’un tel propos et surtout le situer dans son contexte historique. Mais, d’ores et déjà, on peut mesurer l’importance des événements qui se sont déroulés en cet été 1936, notamment la négociation de centaines de contrats collectifs de travail dans les grands secteurs de la vie économique. C’est pourquoi, avant d’aborder l’impact des changements intervenus sur les syndicats féminins, il est utile de tracer un bref tableau des secteurs dans lesquels les militantes ont participé aux négociations des conventions collectives.
17Les militantes chrétiennes sont surtout présentes dans les secteurs de la métallurgie, de la couture, du textile, des banques et assurances. Notons que sauf dans la couture et dans une moindre mesure dans le textile, il s’agit essentiellement du monde des employés, car dans le secteur de la métallurgie, les syndicalistes chrétiennes se retrouvent surtout dans les emplois de bureau. Les discussions vont être menées autour de trois grandes revendications : le relèvement des salaires, l’application du principe « à rendement égal, salaire égal », et le travail des femmes aux machines. En 1936, la question du relèvement général des salaires constitue une des grandes revendications du mouvement gréviste. Lors de la discussion entourant les accords Matignon, les délégués de la CGT demandent une hausse générale de salaires de 10 à 15 %. Les patrons demeurent réticents et offrent une augmentation de Tordre de 5 à 10 % en faisant valoir que la semaine de 40 heures et les congés payés augmentent sensiblement les charges financières des entreprises26. C’est Léon Blum, président du Conseil, qui intervient finalement comme arbitre : l’augmentation sera de 7 à 15 %, c’est-à-dire d’une moyenne de 12 %. Mais les délégués ouvriers exigent aussi que le texte des accords Matignon insiste sur la nécessité d’un relèvement important des salaires les plus bas, un élément qui concerne tout particulièrement les femmes.
18Les militantes chrétiennes prétendent être les mieux préparées pour défendre les revendications des travailleuses dans les secteurs où elles sont actives depuis des années. Comme on l’a vu, les questions salariales ont fait l’objet de plusieurs enquêtes depuis le début des années trente et l’établissement d’un budget-type constitue une des forces des organisations féminines. Déjà en 1930, la Fédération du boulevard des Capucines inaugure une série de grandes enquêtes sur les salaires féminins, qui donnent lieu à l’établissement d’un budget-type de l’employée et de l’ouvrière vivant seule à Paris. Le portrait général est celui de salaires nettement insuffisants compte tenu du coût de la vie dans une grande ville. On y dénonce également une disparité considérable entre les salaires des hommes et des femmes. Selon Tribolati, l’ensemble des informations accumulées par les syndiquées a permis « de proposer des barèmes de salaires soigneusement étudiés et établis par catégorie »27.
19Les banques et les assurances constituent un des secteurs où les syndicats chrétiens représentent une force non négligeable en termes d’effectifs et d’influence. Dans le cadre des accords Matignon, le groupement des banques et assurances ainsi que celui des grands magasins – où la CFTC a été exclue des négociations suite à une entente entre la CGT et le patronat – ont reçu l’autorisation de discuter eux-mêmes des conditions de rémunération de leur personnel. Les bases de traitement ont finalement fait l’objet d’accords passés entre le 8 et le 16 juin après l’arbitrage du ministre des Finances, Vincent Auriol. La convention des banques a été signée par les représentants cégétistes ainsi que par Marcel Poimboeuf et Préterre pour les syndicats masculins chrétiens et par Marguerite Lafeuille, Jeanne Aubert, Léonie Vion pour les syndicats féminins chrétiens. Sans entrer dans les détails d’une convention fort complexe, retenons ce qui touche directement les femmes employées dans ce secteur. Les augmentations salariales obtenues s’échelonnent de 4 à 10 % mais les rajustements ne permettent pas aux femmes d’obtenir des salaires égaux à ceux de leurs collègues masculins. Cependant, Tribolati rappelle que grâce à l’intervention des syndicats chrétiens, les travailleuses ont obtenu une atténuation de cet écart. Malgré tout, elle est consciente des préjugés tenaces qui empêchent les femmes d’avoir gain de cause en la matière28. À propos des congés de maternité, on note une nette amélioration puisque l’article 46 de la convention accorde aux employées titulaires et auxiliaires un congé de 45 jours avant l’accouchement avec plein salaire. Après l’accouchement, l’employée reçoit intégralement son salaire pour les trois premiers mois et la moitié de celui-ci pour trois mois supplémentaires. En outre, les femmes qui le désirent peuvent bénéficier d’un congé sans solde de 6 mois pour allaiter leur enfant tout en ayant la garantie de réintégrer leur emploi avec les mêmes avantages qu’auparavant. La convention accorde également aux femmes des congés pour soigner un enfant malade.
20Concernant les conditions de travail, une des principales revendications des syndicats chrétiens a trait au travail des femmes aux machines. Déjà dans les années 1920, les syndicats féminins demandaient aux employeurs de tenir compte de la fatigue et des inconvénients inhérents à l’exécution de certains travaux sur des machines. Ils recommandaient également l’organisation d’un roulement de personnel et la réduction du nombre d’heures passées sur les machines29. En 1929, les syndicats féminins commandent une première grande enquête sur le travail aux machines dans les bureaux et particulièrement sur le matériel mécanographique. Les vœux adoptés au congrès de la Fédération du boulevard des Capucines font état des préoccupations qui animent les syndiquées en ce qui concerne les fatigues engendrées par l’utilisation excessive des machines et concluent à la nécessité d’un examen médical sérieux pour juger de la force et du degré de résistance de leurs utilisatrices30. En 1936, l’ensemble de la connaissance acquise, leur permet d’obtenir des améliorations notables à l’exemple de ce qui se passe dans le secteur de la métallurgie où les syndiquées chrétiennes bataillent fort durement « pour obtenir [que le travail aux machines] soit organisé de telle sorte qu’il ne nuise plus à la santé31 ». Dans le secteur bancaire, cette bataille pour une meilleure organisation du travail des mécanographes permet d’abolir les primes au rendement, d’accorder des pauses aux travailleuses et d’en exempter les femmes trop âgées et celles qui sont enceintes.
21La couture est le deuxième grand secteur où les syndicats féminins chrétiens sont parties prenantes lors des négociations pour la signature d’une convention collective. Après quelques jours de discussions entre le représentant patronal, le délégué de la CGT ainsi que les deux déléguées des syndicats féminins, Eugénie Beeckmans et Gilberte Pivert, un accord intervient le samedi 13 juin reconnaissant un tarif minimum garanti pour 40 heures de travail. Par ailleurs, le contrat établit de manière précise et détaillée la classification professionnelle de façon à ce que, lors de l’embauche et dans tous les cas, la valeur professionnelle soit prise en considération. Le contrat stipule également que le déclassement d’un ouvrier et d’une ouvrière dans une catégorie moins rémunérée est désormais interdit. Cette pratique était vivement dénoncée par les syndicats chrétiens depuis le début des années trente. Désormais, les deux parties s’entendent sur l’affichage d’un tableau d’avancement dans chaque atelier mentionnant les noms de tous les ouvriers et les ouvrières qui se trouvent en attente d’un reclassement dans une catégorie supérieure. Quant à la durée des stages pour l’obtention d’une qualification supérieure, elle varie de deux ans pour une apprentie, à neuf mois pour une deuxième main qualifiée. En ce qui concerne le travail aux pièces, autre point litigieux, il est totalement supprimé pour les ouvrières de la couture mais il demeure présent dans plusieurs autres branches de la profession32.
22Au fil des mois, les syndicats féminins vont poursuivre leur action en vue de l’établissement de nouvelles conventions collectives. Certaines entreprises demeurent toutefois réticentes à engager des pourparlers avec les déléguées syndicales. D’autant que pour plusieurs patrons, les accords Matignon ont été acceptés dans un moment de faiblesse. Comment ne pas se rappeler dans ce contexte la remarque faite en novembre 1937 par l’un des grands patrons de la métallurgie, Lambert-Ribot, pourtant l’un des signataires des accords Matignon, reprochant au gouvernement d’avoir trop élargi la notion de salaires anormalement bas33 ? Dans de nombreuses entreprises de type familial, les accords Matignon paraissent une concession excessive accordée par un organisme plus ou moins représentatif du patronat français – la Confédération générale de la production française, la CGPF – dont il faut limiter l’impact. Dans ce contexte, les discussions qui se déroulent en août et septembre 1936 dans les secteurs les moins concentrés de l’économie française sont parfois très délicates. C’est ainsi que pour le Syndicat des ouvrières de l’habillement de Rochefort, les négociations engagées durant la morte-saison sont très ardues. L’objet principal du litige concerne précisément le relèvement des salaires les plus bas. À compter du mois de juillet, les déléguées chrétiennes ainsi que ceux de la CGT multiplient les rencontres et les discussions avec le patronat. C’est à la fin septembre et suite à la présentation de deux cahiers de revendications, que le contrat collectif est signé34. Un autre exemple des difficultés de représentation rencontrées par les syndicats féminins est celui de la parfumerie. Mais cette fois, c’est la CGT qui se montre très hostile à la présence des déléguées CFTC. Au courant du mois d’août lors de la négociation, une représentante des syndicats féminins parisiens, Mlle Gateblé, elle-même ouvrière dans ce secteur, est invitée à titre d’auditrice lors des pourparlers qui se déroulent au ministère du Travail. Elle assiste à toutes les séances portant sur la nouvelle convention et son avis est sollicité à plusieurs reprises à propos de divers aspects de la convention. Cependant, à aucun moment les représentants de la CGT et ceux du patronat n’ont jugé bon de lui accorder le droit d’apposer sa signature au bas du contrat35. Le Syndicat des dames employées de Lourdes rencontre lui aussi des difficultés lors des négociations avec le patronat catholique, particulièrement âpre au gain. Mais si les syndicats féminins réussissent à faire quelques percées dans le secteur des magasins d’objets de piété, les résultats demeurent tout de même plus que modestes. Les premières discussions engagées au mois de juillet sont qualifiées de « déconcertantes36 » par les déléguées syndicales. Aussi, ce n’est qu’après force réunions et pourparlers qu’une entente intervient le 15 août donnant naissance à un contrat qui accorde la journée de 10 heures de travail et en précisant que les employées ne pouvaient être occupées avant 7 h 30 le matin et après 22 h 30. Ce qui, au dire des déléguées, constitue un grand progrès pour les employées de Lourdes mais laisse songeur quant aux conditions de travail qui prévalaient avant l’entrée en vigueur de la convention.
23Des conventions sont également établies pour les gens de maison. Elles portent sur la durée de travail, l’hygiène, les conditions de repos et le logement. Comme le souligne Geneviève Fraisse, il s’agit d’une date significative car dans ce secteur la syndicalisation s’est révélée très ardue. Pour la première fois, les gens des maisons sont inscrits « dans le monde du travail37 » et considérés comme des employés au service d’un employeur. Cependant, la secrétaire générale du syndicat féminin des gens de maison, Mlle Plouhinec, admet qu’il faudra beaucoup d’efforts pour obtenir que les ententes négociées soient réellement appliquées38.
24Malgré les succès enregistrés à la suite de la mobilisation ouvrière, il demeure des ombres au tableau dont les syndiquées sont bien conscientes. C’est ainsi que dans La Ruche syndicale, l’auteur d’un court texte intitulé « Ce qu’il faut savoir »39 insiste sur la nécessité pour les travailleuses de parfaire leur formation professionnelle car même si les conventions ont permis un redressement salarial ce sont surtout les ouvrières qualifiées qui profitent de bons revenus. De la même façon, une syndiquée de Douai critique les conventions collectives qui demeurent trop inégalitaires pour les femmes. Elle souligne que dans le commerce, les salaires des femmes sont souvent moitié moindres que ceux des hommes. Avec beaucoup de lucidité, elle note que « les organisations syndicales féminines ont beaucoup à faire sur ce point »40. Ces critiques sont reprises dans un rapport étoffé présenté par Madeleine Tribolati lors du congrès des syndicats féminins en juin 1937. Tribolati déplore le fait que les écarts demeurent trop souvent exagérés entre les salaires féminins et masculins. Comme le rappelle Sylvie Schweitzer, les écarts de salaires entre les femmes et les hommes d’un même secteur demeurent de Tordre de 20 à 30 % après 193641. Quant à Tribolati, elle constate que les raisons évoquées pour justifier une pareille iniquité constituent un parfait sottisier. Mais elle déplore également le fait que les travailleuses demeurent réticentes à se battre pour ce principe car elles craignent de perdre leur emploi si les salaires sont équivalents pour les hommes et les femmes42.
25Malgré les critiques, il est clair que la majorité des textes parus dans les journaux syndicaux féminins demeurent très positifs dans l’appréciation des accords intervenus en 1936. Avec les conclusions des accords de la couture et des banques, pour ne citer que ces deux exemples, les militantes se félicitent des gains obtenus. Deux éléments semblent leur donner tout particulièrement satisfaction. Premièrement, après des années de difficultés et de misère, les salaires et les conditions de travail des femmes ont été sensiblement améliorés, ce qui n’est pas négligeable. Deuxièmement, la capacité des militantes chrétiennes à maîtriser les problèmes spécifiques au travail féminin grâce aux méthodes et aux connaissances acquises au fil des années a permis à ces dernières de légitimer leur présence lors des négociations des contrats collectifs. Dans un article écrit en 1938, Tribolati fait un retour sur les événements qui se sont déroulés deux ans auparavant et conclut que l’action menée par les militantes chrétiennes a permis un réel progrès en ce qui a trait aux conditions de travail des femmes. Ces améliorations, précise-t-elle, ont été rendue possibles grâce à la présence aux tables de négociation de déléguées des syndicats féminins chrétiens. Ces dernières, de par leur sensibilité et leur formation, ont été à même de défendre avec vigueur les intérêts spécifiques des travailleuses. Les cégétistes, affirme Tribolati, « n’ont pas de femmes parmi les dirigeants ; c’est sans aucun doute la raison pour laquelle ils sont si peu au courant des questions intéressant spécialement les travailleuses »43.
26Comme on peut le constater, le ton a changé et on est très loin du scénario dramatique décrit dans les premières semaines d’agitation. Le tableau présenté dans les mois suivants rend compte selon leur juste valeur des résultats obtenus par les travailleuses. La situation paraît somme toute rassurante pour les syndicats féminins puisqu’ils ont réussi à assurer leur présence dans le cadre d’une action revendicative qui dépassait largement tout ce qu’ils avaient connu jusque-là. Toutefois, un certain nombre de questions doivent être posées en regard du problème plus vaste de la transformation du syndicalisme chrétien en France après 1936. Ainsi en quoi l’évolution générale de la CFTC affecte-t-elle l’avenir des organisations féminines ? Et qu’en est-il du développement de ces organisations eu égard aux rapports historiques établis entre les syndicats féminins et masculins au sein de la centrale chrétienne ? Il faut analyser l’ensemble de ces phénomènes en évaluant leur influence sur le devenir du syndicalisme féminin chrétien jusqu’à la guerre.
Notes de bas de page
1 M. Launay, La CFTC, op. cit., p. 301-379.
2 G. Lefranc, Juin 36, Paris, Éditions Julliard, coll. Archives, 1966, p. 130.
3 P. Christophe, 1936, les catholiques sociaux et le front populaire, Paris, Éditions Ouvrières, 1986.
4 M. Launay, La CFTC, op. cit., p. 323.
5 Pour un exemple voir : G. Tessier, « Rapport au 2e congrès international de La Mère au Foyer », La Femme dans la vie sociale, 10e année, no 102, juill.-août 1937.
6 Jeunesse et Travail, 7e année, no 71, janv. 1936.
7 La Travailleuse, no 184, mars 1936.
8 Le Nord social, 17e année, no 428, 29 mars 1936.
9 Syndicalisme, lère année, no 4, avr. 1936.
10 L’Employé, no 453, 10 juin 1936.
11 Entrevues réalisées à Paris en 1989 et 1990 avec Madeleine Tribolati et Simone Troisgros.
12 Le Nord social, 17e année, no 440 bis, numéro spécial, juill. 1936.
13 Ibid. « Une réponse à vos questions », La Ruche de Saint-Brieuc, no 2, 25 oct. 1936.
14 La Ruche syndicale, 34e année, juill. 1936.
15 Ibid.
16 Ibid.
17 Ibid.
18 La Travailleuse, no 188, sept.-oct 1936.
19 La Ruche syndicale, 34e année, juill. 1936.
20 Ibid.
21 Ibid.
22 Le Populaire, 18 juin 1936.
23 La Ruche syndicale, 34e année, juill. 1936.
24 La Travailleuse, no 188, sept.-oct. 1936.
25 Ibid.
26 G. Lefranc, Juin 36, op. cit., p. 147-151.
27 La Travailleuse, no 188, sept.-oct. 1936.
28 Ibid.
29 « Extraits des cahiers de revendications envoyés aux directions des banques », La Travailleuse, no°110, nov. 1928.
30 La Travailleuse, no 114, mars 1929.
31 La Travailleuse, no 188, sept.-oct. 1936.
32 « Règlement intersyndical de la couture », La Ruche syndicale, 34e année, juill. 1936.
33 Cité dans G. Lefranc, Juin 36, op. cit., p. 276.
34 APGT « Rapport dactylographié de l’Union des syndicats professionnels du Sud-ouest ». Dossier Correspondances des villes du sud.
35 La Ruche syndicale, 34e année, oct.-nov. 1936.
36 APGT Dossier Correspondances des villes du sud.
37 G. Fraisse, Femmes toutes mains. Essai sur le service domestique, Paris, Seuil, 1979, p. 211.
38 Le Lien syndical, organe fédéral des syndicats chrétiens des gens de maison et similaires, 3e année, no°6, janv.-mars 1939.
39 La Ruche syndicale, 34e année, août-sept. 1936.
40 Le Nord social, 19e année, no°511, 16 janv. 1937.
41 S. Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé, op. cit., p. 112.
42 Syndicalisme, 2e année, no°18, numéro spécial, juill. 1937.
43 M. Tribolati, « Le rôle des femmes dans les conventions collectives », La Femme dans la vie sociale, 11e année, no°111, juin 1938.
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