II. Les aspirations des Modernes
p. 55-64
Texte intégral
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1La projection utopique de l’Antiquité dans l’avenir, qui nourrit l’imaginaire politique des conventionnels à l’époque de la Révolution, survit aux événements en s’inversant en amère reconnaissance de l’impossibilité d’ériger, dans le présent, une nouvelle Sparte ou une nouvelle Rome.
2Le projet antique, d’ailleurs, n’avait jamais fait l’unanimité et, bien qu’il fût profondément enraciné dans l’univers mental des révolutionnaires, sa réalisation s’était heurtée, dès 1789, à des obstacles considérables dans le développement même des événements. Le mouvement révolutionnaire est anti-despotique, on peut dire – pour reprendre les catégories définies par Benjamin Constant – qu’il représente l’aspiration à la pratique quotidienne de la souveraineté populaire, ce qui est conforme à la conception de la liberté qu’avait l’Antiquité ; mais il est également anti-nobiliaire, il revendique la liberté des terres et des carrières, selon une conception fondamentalement moderne de la liberté. Le drame de la seconde révolution repose sur le conflit inévitable de ces deux tendances. En l’an II, l’une et l’autre se trouvent neutralisées : la souveraineté populaire par cooptation inaugurée par les fauteurs de la Terreur n’est pas la liberté des anciens ; le projet de parcellisation forcée des terres et la paralysie du système électoral ne correspondent pas à la conception moderne de la liberté. De Thermidor à l’Empire enfin, on assiste à l’affirmation progressive des conceptions modernes contre le modèle antique.
3Les historiens du dix-neuvième siècle ont crédité les révolutionnaires d’un projet théorique parfaitement élaboré de liberté moderne. Sans prétendre traiter ici1 une question aussi importante d’historiographie et d’histoire des idéologies, on peut remarquer qu’il s’agit là d’une déformation de la pensée politique de la période révolutionnaire ou, tout au moins, d’une exagération de ses tendances modernes ; exagération qui est due, sans doute, à l’importance prise par la conception moderne de la liberté au cours du dix-neuvième siècle et à la nécessité qui en découle pour la pensée révolutionnaire de se placer elle aussi sur le terrain des valeurs bourgeoises2.
4Le présent chapitre se place dans l’optique de cette problématique de la modernité. On se propose ici de relever, dans les Mémoires des conventionnels, les occurrences des aspirations modernes : mise en question des aspects les plus caractéristiques du projet antique – citoyenneté, refus du luxe, etc –, revendication plus ou moins marquée des droits de l’individu et du droit à la propriété privée, exaltation du progrès. Une première évidence s’impose : la moisson n’est pas abondante. Le parti moderne ne compte pas plus de trois noms : Bailleul, Baudot, Thibaudeau ; encore faut-il user de prudence dans l’attribution à certains d’entre eux des caractères de la modernité.
5C’est un fait cependant que les voix modernes ne sont rien moins que timides. Celle de Joseph-Charles Bailleul domine les autres ; on ne saurait trop insister sur l’importance de l’Examen critique qu’il publie en 1818, dans les premières années de la Restauration3. L’œuvre frappe par son radicalisme. Nous envisagerons ici la façon dont elle appréhende l’expérience jacobine dans la perspective moderne. Pour Bailleul, la célèbre affirmation de Mme de Staël selon laquelle la liberté est antique et le despotisme moderne, est totalement erronée4. Le despotisme est en réalité une constante fondamentale de l’histoire, la liberté, en revanche, a toujours été mal comprise et malmenée ; elle n’a jamais eu cours dans l’Antiquité. Rien n’est donc plus contraire à la raison que la volonté, commune à de nombreux révolutionnaires, de faire un gouvernement à la romaine, sur le modèle si peu exemplaire de l’Antiquité5. Bailleul souscrit à l’avertissement de Barnave : « Vaines imitations6 » ; comme il est absurde de prendre pour modèle l’Angleterre, si différente de la France, il l’est encore plus d’imiter des nations appartenant à des périodes reculées de l’histoire. Bailleul conclut avec fermeté que les lois doivent correspondre à la réalité des choses et des personnes, non à des principes abstraits7.
6Le jacobinisme – dont Bailleul entendait assurer la survie – ainsi privé de tout fondement absolu, droit de nature ou vertu, n’est-il pas vidé de son contenu le plus authentiquement révolutionnaire ? Une page parmi les plus denses de l’Examen paraît confirmer cette impression, elle met en lumière la contradiction interne qui mine le projet de réhabilitation du jacobinisme :
Qu’est-ce que la liberté des anciens ? du tumulte.
Qu’est-ce que peut-être la liberté des modernes ? de l’ordre et de l’harmonie.
Qui réglait la destinée des États et des individus chez les anciens ? des volontés.
Qui peut et qui doit les régler chez les modernes ? des lois.
Quelle était l’égalité des anciens ? une égalité appuyée sur l’esclavage, une égalité de fait, une égalité absolue.
Que peut être l’égalité dans les États modernes ? l’égalité, parmi nous, ne peut être qu’une faculté8.
7En d’autres termes, c’était faire fausse route que de faire de l’Antiquité un avenir.
8L’échec de l’entreprise de réhabilitation du jacobinisme est-il la conséquence inévitable d’une opposition radicale entre les conceptions des anciens et celles des modernes ? Toute tentative de récupération des valeurs de l’Antiquité est-elle frappée d’ambiguïté ? Les choses ne sont pas si simples en réalité ; il faut éviter de raisonner de manière schématique et superficielle en opposant de façon manichéenne l’Antiquité et la Modernité. La complexité de la pensée d’un révolutionnaire comme Saint-Just doit nous mettre en garde9 ; les mémorialistes qui font l’objet de la présente étude fournissent également des exemples significatifs. Bailleul, qui condamne les anciens, se place à l’extrême gauche des groupements politiques de la Restauration ; Marc-Antoine Baudot, qui est l’un des plus progressistes parmi les modernes que nous avons signalés, est aussi un montagnard irréductible. Il est impossible d’établir un lien direct entre le radicalisme de la référence théorique à l’Antiquité et le radicalisme de la pratique politique.
9On retrouve dans les Notes historiques de Baudot tous les éléments du débat sur la liberté des anciens et la liberté des modernes qui avait passionné la période pré-révolutionnaire10, à cette différence près que les modèles théoriques, autrefois objets de spéculations abstraites, ont pu, au cours de la Révolution, être confrontés à la réalité. Baudot regrette que la Révolution ait fait revivre Sparte et non Athènes ; la Sparte frugale, égalitaire, morale, sur laquelle tant de philosophes du dix-huitième siècle ont élaboré le mythe du bon gouvernement, n’a rien de séduisant pour lui : « Les lois de Lycurgue étaient du reste du despotisme »11. Les lois, en effet, n’ont pas à être les meilleures lois possibles, mais bien les lois qui conviennent le mieux à un peuple donné – la trace de la pensée de Montesquieu est ici évidente –. Les institutions républicaines étaient certes devenues nécessaires pour la France, il n’en reste pas moins que les lois républicaines ne s’identifient pas plus aux lois de Lacédémone que les pratiques religieuses à la rigidité de la règle trappiste. A Sparte, les neuf dixièmes de la population étaient constitués d’esclaves ; c’était la république de Périclès, l’Athènes du cinquième siècle, ses extraordinaires productions artistiques, scientifiques, commerciales, qu’il fallait prendre pour modèle12.
10Baudot renchérit en critiquant la conception rétrograde de la liberté de Babeuf et de Buonarroti. La liberté ne saurait découler de la volonté d’un magistrat13 ; la liberté est nécessaire en tout, en religion, en philosophie, en littérature, dans l’industrie, dans la politique, « et par liberté j’entends le triomphe de l’individualité, tant sur l’autorité qui voudrait gouverner par le despotisme que sur les masses qui réclament le droit d’asservir la majorité et la minorité »14. Dans cette exaltation de l’individu, par rapport aux masses aussi bien qu’à l’autorité despotique, on peut voir le triomphe de la tendance modérée de la Montagne sur la tendance jacobine.
11L’intérêt des Mémoires d’Antoine-Claire Thibaudeau – qui donnent des gages au parti de la Modernité – réside précisément dans la lucidité avec laquelle cette opposition intestine est perçue comme cause fondamentale des déchirements de la Montagne. C’est la dualité de nature de la Montagne qui a causé sa perte. Les hommes qui entendaient reconduire la France à la simplicité des républiques antiques, ces hommes qui ne rêvaient que de pain et de fer, avaient le regard fixé sur les austères chimères de Sparte ; d’autres parmi les montagnards envisageaient des républiques plus douces, Rome ou Athènes15. Thibaudeau a une conscience aiguë de la distance fatale qui sépare les masses de l’avant-garde jacobine ; « je sentis bientôt que notre goût particulier ne devait pas être une loi pour la France, et je pensai que, représentants de la nation, nous devions faire des lois pour elle et non pour nous »16. Cette remarque n’a pas seulement l’avantage de justifier les compromis et les reconversions politiques auxquels Thibaudeau s’était laissé aller à l’époque de Thermidor17, elle résume le problème fondamental de tout jacobinisme, qu’il s’agisse de la Révolution française ou de toute période historique plus récente18.
12Avec Bailleul, Baudot, Thibaudeau – un non-régicide gagné au radicalisme, un montagnard bon teint, un extrémiste affadi – la Modernité révèle toute son ambiguïté ; de plus, des divisions internes la minent. Les flèches les plus acérées qui sortent du carquois de souvenirs de Baudot ont pour cible Thibaudeau19. Peut-être ne s’agit-il que de frottements sans importance dont la cause est à rechercher dans l’ennui de l’exil. Nous aurons l’occasion de montrer, en effet, comment 1830 et le retour en France soulagent les cœurs et resserrent les liens entre les conventionnels survivants20. Pourtant, les dissonances ne s’effacent pas totalement. Si 1789 suffit à ces révolutionnaires modernes – comme la réédition de 89 en 1830-, pourquoi s’acharnent-ils à défendre 1793 avec autant de vivacité dans le discours de la mémoire ?
13Toute l’ambiguïté de la modernité des ex-conventionnels apparaît dans le jugement qu’ils portent sur Napoléon Bonaparte. Bailleul, Baudot, Thibaudeau, seuls modernes parmi les mémorialistes de la Convention, sont aussi les seuls qui ne considèrent pas l’expérience impériale comme totalement négative. Ils en soulignent avec lucidité, et de manière cohérente, les éléments progressistes et la fonction historique21. Ils ne parviennent pourtant pas à cacher certaines réserves ; l’optimisme de fond de leur interprétation du passé national récent est obscurci, à chaque pas, par l’ombre de la désillusion qu’éveille en eux l’échec de l’« égalité par la justice »22. S’ils sont plus modernes que leurs collègues anciens, ils sont encore trop attachés aux conceptions de ces derniers pour être vraiment modernes et pour reconnaître dans le dix-neuvième siècle naissant, le monde nouveau pour lequel ils s’étaient battus et pour lequel ils avaient sacrifié leur existence.
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14L’égalité n’est pas l’objectif des modernes véritables ; elle ne constitue pas pour eux le pivot de la vie sociale. Des trois termes qui composent le célèbre slogan révolutionnaire – liberté, égalité, fraternité – seul le premier reste actuel après 1815 ; la fraternité a été piétinée sur les champs de bataille de l’Empire, à moins qu’elle n’ait péri dans les marais de Vendée.
15Bien que l’histoire du libéralisme soit étrangère à la recherche que nous avons entreprise, nous nous intéresserons ici aux origines de la pensée libérale, dans la mesure où elles sont liées au nom de Pierre Daunou, révolutionnaire non régicide et donc non exilé. Cet ancien girondin écrit, en 1816, un Essai sur les garanties individuelles sur lequel les ouvrages d’histoire du libéralisme passent plus ou moins rapidement23. Nous l’analyserons brièvement dans la perspective qui est la nôtre : moins pour apprécier son apport aux idées libérales qui se développent au dix-neuvième siècle que pour rendre compte de sa signification par rapport à la carrière politique antérieure de l’auteur. Daunou formule en quelques mots un véritable manifeste du libéralisme : « La liberté est la pleine jouissance des garanties individuelles [...]. Quant à l’égalité, si elle est autre chose que la liberté même, je ne conçois aucunement en quoi elle peut consister »24. Mais ce qui est surtout remarquable dans ce texte, pour l’historien de la mémoire, est la condamnation sans réplique – on pourrait presque dire le refoulement – des aspirations qui ont caractérisé toute une période de la Révolution.
16L’Essai de Daunou s’offre à la lecture, page après page, comme l’antithèse critique des projets et des réalisations du jacobinisme. Le but déclaré de l’auteur est, d’une part, de démontrer qu’il est nécessaire de limiter toute définition des droits au domaine des intérêts individuels, d’autre part, de mettre en garde contre toute autorité qui constituerait, dans son essence, une menace contre les droits des individus alors même qu’elle prétendrait les garantir25. Dans la droite ligne de cette conception, la cible privilégiée des attaques polémiques de Daunou est la cité antique et l’« abstraction fatale » qui la fonde, en d’autres termes, le sacrifice total des intérêts particuliers à des intérêts généraux distincts des intérêts individuels et souvent en contraste avec eux26. La liberté politique ou exercice des droits du citoyen n’a de sens pour Daunou que dans la mesure où elle est un moyen de garantir efficacement la liberté civile et le bonheur individuel ; elle n’est, autrement, qu’une arène pour les ambitieux27.
17L’interrogation sur les origines du pouvoir politique, la discussion qu’elle engendre sur le meilleur gouvernement, les spéculations sur le contrat social qui avaient nourri le débat politique pendant tout le dix-huitième siècle, ne sont pas moins vaines que spécieuses aux yeux de Daunou. « La force du pouvoir est dans les bienfaits qu’il répand, dans les sentiments qu’il inspire, [...] non assurément dans je ne sais quelle idée vague et mystérieuse qu’il prétend nous donner de son origine »28. La question du contrat et des institutions ainsi reléguée au second plan, on passe, avec une rapidité surprenante, à une conclusion qui sanctionne l’inutilité du débat parlementaire. Dans certaines pages de l’Essai, la théorie moderne du gouvernement minimum paraît calquer, dans son expression, la grogne réactionnaire contre les parlements d’ancien régime ; Daunou déclare explicitement ne pas concevoir l’intérêt d’une opposition dont le rôle principal et l’unique but sont de contredire les ministres et de les renverser29.
18Chez Daunou, cependant, la méfiance à l’égard de la politique, si courante dans les Mémoires des révolutionnaires, ne débouche pas sur un pessimisme sans espoir. Sans doute, les charges publiques ne sont-elles plus qu’un pénible devoir, une sorte d’« impôt » dont chacun doit acquitter sa quote-part, mais il reste les « affaires domestiques », plus gratifiantes, et le soin qu’on leur porte devient « le véritable patriotisme »30. Aux dires de Daunou, il n’est jamais bon que les débats politiques envahissent les conversations : « Les gens qui se portent bien ne parlent pas perpétuellement de médecine, lors même qu’ils sont médecins »31. On est loin du chirurgien-démiurge de Billaud-Varenne, il n’est plus question de croire en ses extraordinaires capacités de guérison des maladies sociales.
19Des conclusions aussi nettement conservatrices découlent-elles nécessairement d’une position de départ anti-égalitaire ? Ceci reste à vérifier. Certains textes sont moins conservateurs que l’Essai de Daunou, ainsi l’ouvrage de Lanjuinais, autre conventionnel non exilé, Essai sur la Charte, sorte de manuel théorique32. On peut donc penser que la position de Daunou représente le point-limite d’adhésion au courant contre-révolutionnaire de la Restauration, puisqu’aussi bien il déclare vouloir se placer « en-deçà » de la Charte33. Quoi qu’il en soit, les girondins – comme Daunou, Lanjuinais mais aussi Boissy d’Anglas – qui sont parfaitement insérés dans la France moderne, ont un comportement cohérent. Le silence relatif qu’ils observent dans le domaine de la mémoire est la contre-partie de leur engagement politique : l’héritage de la Révolution est pour eux une donnée concrète de leur existence quotidienne et de leur vie publique ; ils le rejettent ou le défendent dans les journaux, à l’Institut, au Parlement ; ils n’ont que faire de revenir inlassablement sur le passé et de se bercer de stériles souvenirs.
Notes de bas de page
1 Pour quelques développements, cf. infra, p. 188-190.
2 La pensée de Karl Marx offre un exemple notable de cette dynamique intellectuelle : voir F. Furet, Marx et la Révolution française, Paris, Flammarion, 1986.
3 Voir les articles que lui a consacrés A. Omodeo en 1943, repris in Id., Studi sull’età della Restaurazione, Torino, Einaudi, 1970, p. 233-252.
4 Voir Bailleul, Examen critique..., op. cit., vol. I, p. 34 (pour la phrase de Mme de Staël, voir Considérations sur la Révolution française [1818], Paris, Tallandier, 1983, p. 70).
5 Voir Bailleul, Examen critique..., op. cit., vol. I, p. 164 ; vol. II, p. 67.
6 A. Barnave, Introduction à la Révolution française, Paris, Colin, 1960, p. 19.
7 Voir Bailleul, Examen critique..., op. cit., vol. I, p. 317.
8 Ibidem, p. 425.
9 Voir supra, note 111 du chapitre I. Sur la question, voir L. Canfora, Ideologie del classicismo, Torino, Einaudi, 1980, p. 14-16, et J.L. Talmon, The Origins of Totalitarian Democracy, dont je cite l’édition italienne, Le origini della democrazia totalitaria, Bologna, Mulino, 1977 [prem. édit, anglaise 1952], p. 152 et suiv.
10 Voir Guerci, Libertà degli antichi..., op. cit.
11 Baudot, Notes historiques..., op. cit., p. 121.
12 Voir ibidem, p. 121, 165, 15, 127, 312.
13 Voir ibidem, p. 17.
14 Ibidem, p. 27.
15 Voir Thibaudeau, Mémoires, op. cit., vol. 1, p. 72.
16 Ibidem, vol. II, p. 106.
17 Voir ibidem, vol. I, p. 128.
18 La remarque admirative de Pierre-Joseph Proudhon est significative : « C’est dans les Mémoires des hommes à opinions modérées, tels que Thibaudeau, dans leurs aveux, leurs jugements qu’il faut chercher le véritable sens de l’histoire » (voir D. Guérin, Proudhon oui et non, Paris, Gallimard, 1978, p. 131 ; Guérin situe les textes inédits de Proudhon – qu’il publie p. 55-144 – dans les années 1849-1852).
19 Voir Baudot, Notes historiques..., op. cit., p. 191, 207, 267.
20 Cf. infra, p. 127 et suiv.
21 Voir Bailleul, Examen critique..., op. cit., vol. II, p. 434 et 468 : Napoléon « pensa, je crois avec raison, qu’une monarchie au milieu de l’Europe était le seul système qui pût répondre aux besoins d’un vaste territoire, et d’une population nombreuse » ; il avait compris que « l’ancien [ordre des choses] ne devait pas revenir ; malgré son despotisme, il se trouvait donc entre le passé et l’avenir, comme une digue qui laissait au moins l’espoir, s’il ne le réalisait pas ». Voir, par ailleurs, le passage suivant de Baudot, qui donne à la fois une appréciation historique et un jugement politique (Notes historiques..., op. cit., p. 126) : « Caton, Cicéron, Brutus défendaient l’aristocratie ancienne, et, à tout perdre, si César n’eût été le type d’un pouvoir unique et absolu, il y aurait eu plus de démocratie de son côté que dans les phalanges de Brutus et de Cassius » ; et, de la part du même Baudot, le passage suivant, plus explicite (ibidem, p. 107) : « Après tout, l’un [Bonaparte] était la Révolution, l’autre [Louis XVIII] la Restauration ». Voir, enfin, le mot de Thibaudeau (op. cit., vol. I, p. 101) selon lequel Napoléon et les siens « ont fini la Révolution, mais ils ne l’ont pas tuée. Bonaparte en avait conservé les intérêts ; et malgré son despotisme, les principes n’en vivaient pas moins dans les cœurs ».
22 Voir Bailleul, Examen critique..., op. cit., vol. II, p. 456. Ou la plainte de Baudot (op. cit., p. 107), d’après lequel, sous l’Empire, « tout ce bonheur et ces institutions pour le peuple se réduisaient à des créations de corporations aristocratiques, chevalerie, des titres de noblesse », etc.
23 Je renvoie à deux ouvrages parmi les plus récents, L. Girard, Les Libéraux français, 1814-1875, Paris, Aubier, 1985, p. 31-33, et A. Jardin, Histoire du libéralisme politique de la crise de l’absolutisme à la constitution de 1875, Paris, Hachette, 1985, p. 226-228.
24 P. Daunou, Essai sur les garanties individuelles que réclame l’état actuel de la société, Paris, Bobée, 1816 (je cite d’après la troisième édition, parue en 1822, à peu près identique à l’édition originale), p. 236.
25 Voir ibidem, p. II et 4.
26 Ibidem, p. 147.
27 Voir ibidem, p. 67.
28 Ibidem, p. 85.
29 Voir ibidem, p. 212.
30 Ibidem, p. 234.
31 Ibidem.
32 Voir J. D. Lanjuinais, Œuvres, Paris, Dondey-Dupré, 1832, vol. II.
33 Daunou, Essai sur les garanties..., op. cit., p. III.
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