Annexe VII. B.I.P. no 357 mai 1911
p. 223-227
Texte intégral
CIRCULAIRE RELATIVE A L'ENSEIGNEMENT DE LA MARSEILLAISE DANS LES ECOLES
1- du 23 février 1911-
2Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts à Monsieur l'Inspecteur d'Académie d
3Je vous adresse sous ce pli un certain nombre d'exemplaires de La Marseillaise, paroles et musique, d'après la version que j'ai fait établir à l'usage des écoles publiques. Elle est précédée d'une courte note explicative rappelant l'historique de ce chant dont la République a fait notre hymne national.
4J'estime que cet hymne, qui est non seulement le plus célèbre de tous par les souvenirs qu'il consacre, mais encore le plus beau par la flamme patriotique qui l’anime, doit être appris et chanté dans toutes les écoles où le chant est compris parmi les matières obligatoires de l'enseignement.
5Vous remarquerez que la version ci-jointe ne comporte l'adaptation des paroles à la musique que pour trois couplets qui sont les parties les plus populaires de notre chant national. Quant aux autres strophes, il suffira qu'elles soient lues et commentées.
6Je vous invite à faire insérer la version officielle de La Marseillaise dans le plus prochain numéro du Bulletin départemental.
NOTICE
7Le chant national français, universellement connu sous le nom de La Marseillaise, a été composé en 1792, le jour même de la déclaration de guerre qui mit aux prises la France de la Révolution avec les puissances coalisées pour la défense de l'ancien régime.
8Depuis que Louis XVI avait tenté de fuir pour se mettre sous la protection de l'étranger et qu'après son arrestation à Varennes le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche s’étaient par la convention de Pillnitz, concertés pour entreprendre l'invasion de la France, cette guerre nationale était devenue inévitable. L'Assemblée législative, relevant le défi, la déclara dans sa séance du 20 avril 1792.
9La nouvelle en arriva à Strasbourg le 25 avril. Dans la nuit qui suivit, un officier de la garnison, poète et musicien à ses heures, le capitaine du génie Rouget de Lisle, exalté par les discours patriotiques qui avaient retenti autour de lui tout le jour, composa, en une heure d'inspiration soudaine, les six strophes et le chant d'un hymne qu'il nomma : Chant de guerre pour l'armée du Rhin.
10Quelques temps après, les soldats du bataillon de volontaires marseillais qui se disposaient à partir, ayant connu cette chanson, l'adoptèrent comme chant de ralliement. Partout où ils passaient, dans leur longue étape à travers la France, ils la chantaient avec enthousiasme ; ils la rendirent populaire à Paris, d'où elle se propagea bientôt par tout le monde. Ce fut ainsi que le chant de Rouget de Lisle fut désigné sous le titre d’Hymne des Marseillais, puis, par abréviation, La Marseillaise.
11Chantée d'abord dans les batailles de la République par les soldats, que son rythme ardent entrainait à la victoire, La Marseillaise fut décrétée chant national par la Convention, dans sa séance du 26 messidor an III (14 juillet 1795), et confirmée comme tel à la suite d'un débat à la Chambre des députés, le 14 février 1879.
12Depuis lors, en dépit des paroles belliqueuses que les circonstances de sa création avaient inspirées et qui, en une ère de paix, n'ont plus d'autre raison que d'affirmer l'esprit d'indépendance et de fierté du peuple qui les prononça, elle n’a pas cessé, en toute circonstance importante, au dedans comme au dehors, de symboliser harmonieusement la patrie.
13L'on donnera ci-dessous le texte des six couplets écrits par Rouget et Lisle, ainsi que d’un septième couplet dont la popularité a égalé celle des strophes primitives, celui des Enfants. Ce dernier fut ajouté à l’occasion d’une fête nationale célébrée à Paris, le 14 octobre 1792, en l'honneur des premières victoires républicaines ; l'auteur en est, selon toute probabilité, un écrivain de Lisieux, Louis Du Bois ; on l'a attribué, aussi, mais avec moins de vraisemblance, à un professeur du collège de Vienne, Antoine Pessonneaux1.
14Pour l'exécution scolaire, on recommande de chanter de préférence trois couplets : le premier et le dernier de Rouget de Lisle, "Allons, enfants de la Patrie" et "Amour sacré de la Patrie", et entre eux, le couplet des Enfants, "Nous entrerons dans la carrière". Ces trois couplets sont spécialement notés ici, avec les paroles adaptées au chant conformément au meilleur accord possible de la prosodie des vers avec l'accent de la mélodie.
15Le ton le plus favorable au chant en choeur à l'unisson est celui de sol (noté ci-après). Dans le cas où le choeur pourrait être accompagné par un orchestre, particulièrement par la musique militaire, les chefs de l'exécution musicale devraient se concerter au prélable afin que le ton de l'accompagnement fût le même que celui du chant.
LA MARSEILLAISE. CHANT NATIONAL FRANÇAIS Paroles et Musique de ROUGET DE LISLE
1
16Allons, enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé.
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent, jusque dans vos bras,
Egorger vos fils, vos compagnes !
17Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
2
18Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français ! pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !…
19Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
3
20Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu !… par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !…
21Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
4
22Tremblez, Tyrans ! et vous, perfides,
L'opprobre de tous les partis.
Tremblez !… vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix, (bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.
23Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
5
24Français ! en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups.
Epargnez ces tristes victimes
A regret s'armant contre nous. (bis)
Mais le despote sanguinaire !
Mais les complices de Bouillé !
Tous ces tigres qui sans pitié
Déchirent le sein de leur mère…
25Aux armes. Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
6
26Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie !
Combats avec tes défenseurs, (bis)
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents ;
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !…
27Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
28couplet des Enfants
29Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus.
Nous y trouverons leur poussière
Et l'exemple de leurs vertus. (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
30Aux armes, Citoyens !
formez vos bataillons !
Marchons (bis),
qu'un sang impur abreuve nos sillons.
Notes de bas de page
1 La musique de La Marseillaise est de la composition de Rouget de Lisle tout aussi certainement que le sont les six couplets primitifs de la poésie ; mais elle a subi, du fait de la tradition populaire, quelques modifications dont on a dû tenir compte pour établir cette version définitive.
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