De la commune rurale a la commune industrielle de banlieue : les premières formes urbaines 1880-1914
p. 11-12
Texte intégral
1C’est aux alentours de 1880 que s’esquisse le passage de la commune rurale à la banlieue ouvrière constituée comme une excroissance du développement lyonnais sur la rive gauche du Rhône. Jusque là le centre de la commune se situait à bonne distance des confins lyonnais : il s’agissait de l’ancien bourg rural établi sur la terrasse de Cusset. A partir de 1880 c’est dans la partie communale jouxtant les 3e et 6e arrondissements que la croissance urbaine connaît sa plus rapide extension supprimant toute solution de continuité avec Lyon. Cet essor provoque d’ailleurs un débat passionné sur l’opportunité d’un rattachement de la commune à Lyon, combattu par les partisans de l’autonomie qui proposent de déplacer le centre urbain au milieu du territoire communal, afin de rapprocher la mairie du centre de gravité démographique de la commune.
2L’analyse du passage du rural à l’urbain, et de ses circonstances, relève certes de l’histoire urbaine ; mais elle est indispensable si l’on veut comprendre la structure urbaine actuelle qui s’est mise en place pour l’essentiel avant 1914 ainsi que de très nombreuses formes urbaines encore présentes. Cependant pour rapide qu’elle ait été, cette évolution a laissé subsister l’ancien mode de production aux côtés du nouveau, et la structure spatiale qui est apparue s’est aussi superposée à celle qui préexistait. Cette disparité caractérise la période 1880-1914 et la commune malgré l’irruption brutale de l'industrie fait plutôt figure de banlieue industrielle et ouvrière que de centre urbain autonome.
3Il nous a paru indispensable de consacrer une partie de cette analyse historique à la description des différents éléments du mode de production tels qu’ils fonctionnaient avant 1914. Ce rappel pourra sembler superflu mais il s’impose si l’on veut bien considérer que la matérialité urbaine est produite en conformité avec l’état des rapports sociaux. Elle n’est pas simplement le support de pratiques ou de rapports sociaux, définis ailleurs, elle est elle-même un rapport de production, élément déterminant du système urbain. Dès lors on ne peut esquiver l’analyse du fonctionnement local du mode de production, si l’on veut situer correctement la production de l’espace urbain.
4Plus particulièrement on cherchera à éclaircir la nature des liens existant entre les exigences de la production (élément dominant de l’urbanisation) et la production immobilière avant 1914. Celle-ci fonctionne-t-elle comme un simple épiphénomène soumis aux exigences de la reproduction de la force de travail aux moindres frais ? Détient-elle une autonomie dans la sphère de la reproduction sociale, permettant d’affirmer que la ville qui apparaît à la fin du XIXe siècle n’est pas réductible au seul capital (ne serait-ce qu’en raison du maintien de secteurs précapitalistes) ? Ces questions ainsi posées, montrent bien qu’il est nécessaire d’élargir l’analyse au-delà de celle de la production de la matérialité urbaine. Elles doivent nous permettre de préciser le point de départ d’une évolution que l’on peut suivre jusqu’à nos jours.
Plan de Villeurbanne en 1870

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