Conclusion
p. 365-375
Texte intégral
1Notre exploration ethnographique a permis d’aborder la conjugalité gay sous des angles divers. Les différents lieux de la vie commune ne sont pas séparés par des cloisons étanches et la méthodologie mise en œuvre, malgré des moyens qui ont favorisé une relative uniformité du corpus, a permis d’élargir l’angle de vue de la vie conjugale et de la considérer dans son ensemble. Au terme de ce travail, revenons à notre questionnement de départ. Qu’est-ce qu’un couple gay ? Y a-t-il un mode de vie conjugal spécifique aux couples gay ? Ceux-ci sont-ils différents ou non des couples hétérosexuels ?
2L’observation du monde social, et en particulier des débats sur la reconnaissance légale des couples de même sexe et sur leur accession à la parentalité et à la filiation, ainsi que la vision délivrée par la presse destinée aux homosexuels confirment que l’idéal de vie parmi les gays a changé au cours des quinze dernières années en France, avec certes dix ans de retard sur les États-Unis (Gagnon, 2008, p. 107). Le désir de former un couple n’est bien sûr pas nouveau. Ce qui l’est véritablement, c’est la visibilité sociale de ce désir et le fait qu’il soit, suppose-t-on, de plus en plus largement partagé. Le parcours sentimental des gays tend ainsi, depuis le début des années 1990, à se rapprocher du parcours amoureux des hétérosexuels ; processus que Martin P. Levine a qualifié, il y a presque vingt-cinq ans, d’« hétérosexualisation du désir gay » (1988). De son côté, le sociologue brésilien Luiz Mello constate que les lesbiennes et les gays brésiliens aspirent à la reconnaissance juridique de leur couple et ne veulent plus être cantonnés, dans la famille, dans les rôles d’oncles et de tantes. Et Luiz Mello de s’inquiéter des conséquences de ces revendications qu’il qualifie d’« intégrationnistes », qui conduiraient à reproduire sans le critiquer le modèle de la famille dans les relations entre personnes du même sexe (2005 a ; 2005 b). Je me suis vu reprocher un jour d’user de termes tels que « couple » et « conjugalité » et de calquer ainsi des catégories hétérosexistes sur des vécus homosexuels certainement très différents. Une heure plus tard, l’auteur du reproche, un gay très investi dans le tissu associatif parisien, parlait à ses amis de son « mari ». Outre le caractère politique du détournement du terme « mari », on constate que lui non plus n’avait pas trouvé de mot plus approprié pour évoquer les « relations stables » entre hommes, pour reprendre l’expression consacrée par l’épidémiologie. Dans le même temps, il faisait montre, c’est vrai, d’une certaine distance critique vis-à-vis du vocabulaire consacré.
3Au terme de cette enquête, les analyses de la relation que les couples d’hommes entretiennent avec les normes conjugales et le système de genres ne peuvent être que nuancées. Il est indéniable que les couples composés d’hommes et de femmes constituent des modèles, imposent des normes à suivre. Mais ces modèles, souvent réduits dans la littérature sur l’homosexualité à des « modèles hétéronormatifs », sont en réalité divers : de la relation fondée sur une organisation traditionnelle des rôles de genre à la relation démocratique soucieuse d’équité et de réciprocité, on peut certainement compter de nombreux paliers. Dans son enquête sur la part de la sexualité dans le féminin et le masculin, la sociologue Marie-Laure Déroff a observé « des manières de négocier, de composer entre une identification à des catégories prescrites, reconnues socialement, et leur contestation » (2007, p. 186). Par ailleurs, les gays en couple ne sont pas dépourvus d’esprit critique, nous venons de l’évoquer, et sont souvent amenés à bricoler d’innombrables formes relationnelles qui peuvent aussi se transformer au fil du temps. Enfin, le monde hétérosexuel n’est pas le seul à produire des normes ; le monde gay en produit d’autres, tantôt convergentes, tantôt divergentes : de nombreux hommes en ont témoigné.
4L’image de la conjugalité des gays a été en partie déterminée par leur appartenance au genre masculin ; or nous savons combien la manière d’envisager le sentiment amoureux et la sexualité diffère selon que l’on est un homme ou une femme – bien sûr, je ne parle pas là de catégories biologiques. Le fait que les couples gay unissent deux hommes implique qu’ils ne peuvent pas invoquer la différence des sexes dans sa dimension physiologique pour justifier une répartition sexuée des responsabilités, des tâches et des rôles. Dans une société où socialisation féminine et socialisation masculine se distinguent à bien des égards, le fait même que ces couples soient composés de deux hommes n’est donc pas sans effet sur leurs manières de faire leur couple. Le travail domestique et la sexualité, au sujet desquels les représentations sociales et individuelles sont fortement marquées par la distinction des sexes, sont l’objet de toutes les attentions : les rôles traditionnellement associés au genre dans les couples hétérosexuels ne peuvent être répartis de manière identique dans les couples homosexuels. La relation de nos interlocuteurs avec leur compagnon actuel et avec ceux qui l’ont éventuellement précédé, le fait d’assumer des responsabilités et des tâches d’ordinaire plutôt ancrées du côté du féminin et l’expérience même de l’orientation homosexuelle amènent leur croyance de ce qui fait un homme à bouger et à se recomposer. Loin d’inventer un troisième sexe par de multiples transgressions aux modèles stéréotypés masculins, les gays ouvrent et empruntent différentes voies possibles pour être des hommes. Comme l’écrit l’anthropologue Françoise Douaire-Marsaudon, « il n’existe pas une manière unique de ne pas être conforme au modèle “homme” ou “femme” » (2008, p. 295). Le regard porté sur ces domaines met en lumière tant des similitudes avec les couples hétérosexuels que de vraies particularités : les manières de faire sont encore largement influencées par les représentations individuelles liées au genre et, dans le même temps, l’appartenance des deux membres du couple au même sexe les pousse à s’interroger sur leur conception de l’organisation du monde social. Notre analyse confirme par conséquent que les couples de même sexe, « loin de se situer en dehors de la distinction masculin/féminin, [y] participent directement » (Théry, 2007, p. 608). Le désir d’un homme pour un autre homme et la conjugalité homosexuelle peuvent, dans certains cas, questionner ses propres représentations de la masculinité. Voilà qui contribue grandement à la spécificité de la conjugalité gay. L’interrogation sur soi-même et sur son identité sexuée que l’on croit souvent, et certainement à tort, fixe et immuable, est notamment générée par le fait que les individus homosexuels ne disposent dans l’espace social d’aucun modèle de couple de même sexe. Ils se trouvent obligés de faire cohabiter leur désir de conjugalité ou leur vie de couple avec les seuls modèles à leur disposition, ceux de couples composés de deux individus de sexe opposé, ce qui les amène, au moins en leur for intérieur, à bricoler et à fabriquer de nouvelles manières d’être un homme.
5Selon les normes amoureuses contemporaines, la vie en couple doit contribuer au bonheur de chacun. Or les attentes individuelles sont diverses. L’entrée en conjugalité oblige donc à trouver un équilibre. Le choix de la vie commune, l’investissement de l’espace domestique et la sexualité sont autant de lieux où l’importance d’un équilibre respectueux des aspirations individuelles se fait jour. Les couples d’hommes se sont vu transmettre le modèle conjugal de leurs parents ou de leurs proches et ont côtoyé tout au long de leur vie nombre de couples hétérosexuels, plus ou moins semblables, plus ou moins différents, qui eux aussi ont contribué à forger dans leur esprit un scénario de la conjugalité. Du point de vue de l’organisation matérielle de la vie à deux, l’expérience des couples qui composent notre corpus évoque bien souvent celle de leurs homologues hétérosexuels. Gérer ensemble une partie des finances du couple et envisager le Pacs comme l’officialisation et la mise en forme symbolique du couple, cela ne conduit pas pour autant chacun des hommes interviewés à renoncer à son indépendance. Parallèlement, l’idéologie amoureuse dominante valorise grandement la dimension relationnelle et réciproque du couple. La sexualité conjugale apparaît, et cela n’est pas nouveau, comme le lieu où l’attention réciproque revêt une importance capitale. Parce qu’elle est une forme d’expression privilégiée du sentiment amoureux, qu’elle fait se rencontrer deux intimités et qu’elle est extrêmement codifiée, chacun conçoit à son égard des attentes fortes. Pour les couples gay aussi, la sexualité dans le couple doit exprimer au mieux le sentiment. Au fond, la norme d’une relation conjugale égalitaire, flexible et démocratique, recherchée tant dans la matérialité de la vie commune que dans la relation sexuelle, conserve une influence importante chez les couples gay. Mais, rejoignant certains travaux menés à l’étranger (Carrington, 1999 ; Weeks et al., 2001 ; Pichardo Galán, 2010), les résultats de notre enquête montrent que la réalité est plus complexe. Cette norme égalitaire est, pour tous les couples, un objectif à atteindre. Simplement, elle demande un travail émotionnel important (Weeks et al., 2001, p. 112). Elle ne se traduit pas par une égalité stricte en tous lieux et à tous moments, mais par la garantie donnée à chacun que ses attentes et ses désirs sont pris en considération ; lorsque ce n’est pas le cas, la vie conjugale se trouve en péril.
6La nature de l’orientation sexuelle des gays et leur proximité plus ou moins grande avec ce qu’ils appellent eux-mêmes le milieu gay prennent part à la détermination de leur façon d’être en couple. Les couples homosexuels se trouvent à la croisée de normes parfois contradictoires en matière de gestion de la vie privée. Pour les gays, comme pour les autres d’ailleurs, la vie de couple constitue aujourd’hui une forme d’idéal. Cependant, dans leur carrière d’hommes homosexuels, ils ont été confrontés à des représentations parfois peu favorables à la conjugalité et ont suivi un parcours spécifique de ce point de vue. L’idéal d’une relation cohabitante et exclusive est massivement répandu dans l’espace social. Mais en même temps, la socialisation masculine et plus encore la socialisation homosexuelle valorisent le multipartenariat sexuel. À l’opposé de la norme de l’exclusivité conjugale socialement valorisée, ce schéma particulier conduit souvent la sexualité conjugale gay à s’ouvrir de manière plus ou moins revendiquée à d’autres partenaires.
7Les changements dans les mouvements homosexuels qui ont fait la part belle à la revendication de l’accès au mariage et à celle de la reconnaissance des liens entre les parents gay et lesbiens et leurs enfants, témoignent de modifications profondes dans le statut social de l’homosexualité comme dans la manière de la vivre. Ils dénotent aussi un changement de culture dans le monde homosexuel qui divise parfois les gays entre eux, les uns revendiquant un mode de vie marginal qu’ils imaginent sans contrainte, les autres souhaitant être perçus comme des hommes comme les autres. Cependant, à y regarder de plus près, il n’est pas certain que ces deux options soient aussi nettement séparées que l’on veut bien le croire. Aujourd’hui, s’investir dans la drague et dans une sexualité avec des partenaires multiples n’exclut pas de vivre une relation amoureuse durable et de l’inscrire dans la cohabitation. Le passage d’un mode d’organisation de la sexualité à un autre, d’un investissement dans un réseau d’échanges sexuels à une sexualité conjugale peut s’opérer dans un même parcours biographique – parfois à plusieurs reprises au cours d’une vie.
8Si de nombreux gays sont amenés, par leur vécu conjugal, à s’interroger sur ce qui fait un homme, quelques cas montrent à l’évidence que d’autres questions que celles liées au genre traversent les couples d’hommes et provoquent en leur sein des négociations et des relations de pouvoir : les ressources que chacun amène à la relation amoureuse (en termes de sociabilité, d’apports socio-culturels et matériels), les niveaux de revenus, le temps et l’attention consacrés à l’autre, l’état de santé, les sentiments, etc. En particulier, l’économie conjugale se révèle complexe et son organisation ne s’explique pas par les seuls conflits de genre, même si ce sont eux qui sont immédiatement retenus et mis en avant.
9Malgré les nouvelles dispositions juridiques et la médiatisation contemporaine de l’homosexualité, elle demeure en partie stigmatisée. La vie de couple, particulièrement lorsqu’elle est cohabitante, agit donc comme un « révélateur » (Adam, 1998, p. 237), et même comme un fixateur de l’orientation sexuelle. Tout ce qui ne pouvait se voir qu’en filigrane apparaît au grand jour. Et il devient difficile, pour l’individu qui ne disait rien de son homosexualité, de continuer à se taire. L’investissement d’un individu dans la vie conjugale fait passer son homosexualité de la sphère privée à la sphère publique. Ce glissement ne s’opère pas brutalement mais par des paliers (la rencontre, la cohabitation, le Pacs, l’achat d’un appartement, la paternité) qui accroissent la visibilité du couple et, par ricochet, de l’homosexualité des individus qui le composent et qui l’avaient parfois peu évoquée jusque-là.
10Les couples pacsés ont pour leur part décidé que, s’il ne constituait pas un dispositif idéal, le Pacs leur offrait tout de même l’occasion d’acquérir des droits nouveaux et de manifester leur volonté de s’engager. En l’absence de véritable mariage, certains couples gay voient dans ce partenariat le moyen de donner à leur union un caractère officiel et symbolique. Reprenant à leur propre compte certains rituels matrimoniaux destinés à solenniser ce moment, ils mettent en œuvre des pratiques qui traduisent le désir de donner à leur Pacs la couleur d’un véritable engagement mutuel. Ces tentatives de ritualisation sont parfois investies d’une très forte dimension symbolique. Sans doute parce qu’ils n’y ont pas accès, le rite matrimonial conserve un rôle signifiant aux yeux des homosexuels. Il constitue une référence socialement partagée, un modèle dont ils s’inspirent pour donner à leur union devant le tribunal d’instance un caractère plus noble. La manière dont certains couples homosexuels organisent leur Pacs s’inscrit dans une dynamique d’appropriation d’un dispositif d’enregistrement perçu comme exclusivement administratif. Ces ritualisations peuvent être interprétées comme autant de tentatives pour effacer le stigmate que le dispositif du Pacs continue de porter en lui, malgré de nombreuses dispositions favorisant la reconnaissance des couples de même sexe. Les usages des couples gay, les débats sur le Pacs et, plus récemment, sur le mariage homosexuel, montrent bien que le mariage institue toujours la différence entre les mariés et les célibataires (dont les pacsés font légalement partie). Le processus de démocratisation reste « inachevé » (Rault, 2005 a, p. 33-34), puisque les dispositions matérielles et symboliques liées aux conditions d’enregistrement du Pacs instaurent une hiérarchie entre le mariage et le Pacs. Parce que les homosexuels ont l’impression que l’État leur a dénié une stricte égalité avec les hétérosexuels, parce que le Pacs conserve un caractère incomplet voire « inférieur », peut-on entendre parfois, le mariage revêt un caractère enviable pour certains homosexuels (Verdrager, 2007, p. 307 ; Hull, 2006). De fait, le Pacs se distingue du mariage sur bien des points. Il s’inscrit notamment dans un processus de « hiérarchisation des sexualités » (Rault, 2005 a, p. 260) et produit une distinction hautement significative entre les couples hétérosexuels et les couples de même sexe. Une différence fondamentale entre ceux qui peuvent se marier et ceux qui ne le peuvent pas perdurerait donc toujours dans la société française. Ainsi l’analyse que Pierre Bourdieu (1980) a faite des rites d’institution est encore particulièrement efficiente en ce qui concerne le mariage. Les discours politiques contemporains centrés sur la fameuse égalité des droits, réclamée par certains, décriée par d’autres, nous feraient presque oublier que le mariage n’est pas seulement un dispositif juridique, avec son cortège de droits et de devoirs. C’est aussi un ensemble de rituels riches de traditions ou réduits à leur plus simple expression, selon les individus et leur appartenance sociale, économique et culturelle ; des rituels dont on se rappelle aujourd’hui qu’ils ont un « rôle politique et social » (Bozon & Héran, 2006, p. 171). Le mariage conserve une fonction institutionnalisante et reste à ce titre une référence importante dans l’imaginaire collectif comme dans les représentations individuelles. Les revendications politiques homosexuelles en faveur de l’ouverture du mariage aux gays et aux lesbiennes, de même que les pratiques rituelles reprises ou inventées par les couples homosexuels qui signent un Pacte civil de solidarité, confirment que « le rituel du mariage se maintient, parce qu’il se charge d’enjeux nouveaux et de significations nouvelles de plus en plus variées » (Bozon & Héran, 2006, p. 22). Le Pacs et ses usages illustrent la récente « tension entre deux formes concurrentes de modernisation » dans la gestion de la vie privée (Fassin, 2005, p. 192, je traduis) : d’une part, une individualisation des formes d’organisation de la vie privée ; d’autre part, une rénovation de l’institution matrimoniale face à l’exigence d’une reconnaissance légale et d’une réappropriation de la forme de vie conjugale de la part des couples de même sexe (Fassin, 2005).
11Au terme de cette réflexion, l’analyse de la conjugalité gay révèle l’ampleur des modifications récentes dans la façon d’être homosexuel. La révolution n’est pas survenue où on l’attendait. Nombre de militants homosexuels espéraient voir dynamiter la famille. La reconnaissance sociale des couples de même sexe, sur le modèle des couples hétérosexuels, révèle au contraire que les modes de vie homosexuels et hétérosexuels se rejoignent. La nouveauté réside en réalité dans le fait que les couples de même sexe puissent accéder à une forme d’union légalement reconnue et prétendre fonder une famille et élever des enfants. L’accession des homosexuels à la vie de couple et à une médiatisation nouvelle participe certainement à la diversification des modèles conjugaux à disposition de nos contemporains. Il restera, dans une génération, à mesurer ses effets éventuels sur la biographie des hommes homosexuels, sur leurs modes de vie, sur les façons hétérosexuelles comme homosexuelles de faire son couple.
12Ressemblance ou spécificité ? « On est un couple comme les autres », m’a-t-on dit parfois. Et c’est certainement vrai à bien des égards. Toutefois, il subsiste des lieux où la conjugalité homosexuelle masculine présente d’importantes particularités liées à la socialisation sexuée des personnes d’une part et au statut social de l’homosexualité d’autre part.
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